MARTINI BLUE


les fenêtres ouvertes, il roule à pleine vitesse vers un lieu inconnu, dont il n'avait pour principale information que l'adresse entrée sur son gps et une maigre description envoyée par une toute aussi lointaine et vague connaissance. un bar bien en dehors de la ville supposé avoir une ambiance meilleure que tout ce qu'ils avaient à busan, et même si milan doute fortement de l'authenticité de ces paroles et peine à y croire, il n'hésite pas plus de quelques minutes avant de se décider à prendre la route et partir à la découverte de ce lieu aux allures presque mystique au dire des gens.
évidemment, il ne comptait pas y aller seul. nana à ses côtés avait ainsi l'honneur d'être son invitée, le choix inexistant puisqu'il l'avait presque trainé à sa suite, lui faisant les mêmes promesses alcoolisées. et s'ils se retrouvaient dans un repère de malfrats, au moins sa dépouille ne sera pas la seule à être retrouvée le lendemain. milan pouvait accepter une mort douloureuse, mais jamais il n'accepterait qu'elle ne se fasse en solitaire. il prend une rapide gorgée de sa bouteille de vodka, indifférent au goût amer qui n'avait plus d'effet sur lui depuis des années. tu veux? qu'il propose à sa belle en posant la bouteille sur ses genoux avant de rediriger son attention sur la route. on devrait être bientôt arrivé.

MARTINI BLUE


Reine est la nuit ; on en voit à peine les lumières quand la vitesse avale tout ; elle dévore tout sur son chemin ! Et elle s'enfonce toujours plus dans l'fond du siège, Nana, ne sait pas où il l'emmène, confiance aveugle ! A le suivre les yeux fermés, car si elle devait mourir ce soir, elle voudrait que sa soit grandiose ; de l'alcool, de la drogue, des corps à dévorer, tâcher, souiller, autant que le sien. Son coeur bat dans sa poitrine, fort, si fort qu'il pourrait tout envoyer valser, briser ses côtes, ses os, en faire de la poussière, mais elle n'a pas peur, Nana. Jamais. Elle a hâte, elle brûle d'un impatience qui consume tout son être. Le regard qui le toise dans le coin de ses yeux quand elle admire surtout la bouteille qu'il soulever pour en boire quelques gorgées. Tu demanderas pas deux fois. Qu'elle l'attrape pour en coller déjà le goulot à ses lèvres, laissant l'alcool qui n'a plus grand effet sur elle, descendre jusque dans son estomac. J'espère qu'on va pas crever avec tes conneries. Enfin, au moins pas d'une mort à chier. Les ongles frappent le cuir de la voiture alors que la tête se retourne vers l'extérieur, tentant d'en deviner les paysages, en connaître cette destination soudaine. J'ai de l'herbe sur moi. De la poudre aussi, au cas où ça serait trop à chier. Même si ça l'est pas, c'est toujours utile.
Serpent aux tentations trop forte ;
L'amertume s'efface de nouveau avec le liquide qui glisse une nouvelle fois entre ses lèvres.

MARTINI BLUE


nana a ses côtés, milan se sent pousser des ailes.
la peur n’est déjà qu’une ombre lointaine et méconnue, mais aux côtés de sa meilleure amie, elle cesse encore plus d’exister. ils sont sans doute nocifs l’un pour l’autre ; lui plus qu’elle, à ne cesser de la trainer dans toutes ses dérives pour ne pas être le seul à chuter. et milan ne veut pas se dire égoïste, encore moins se croire réellement mauvais. puisque nana continuait à le suivre et l’accompagner, c’est que sa présence n’était pas tant maudite. nana semble attraper avec plaisir la bouteille qu’il lui tend. « espère surtout qu’on finira pas en légumes vivants. au moins si on meurt, on ne le réalisera même pas. » qu’il corrige presque d’un sourire, mais au fond, il s’assurera qu’ils reviennent tous les deux sains et saufs, et en une seule pièce.

« oh, parfait, t’es parfaite ! » qu’il clame avec bonheur, même s’il savait qu’il pourrait toujours faire jouer ses nombreux contacts pour trouver de la drogue ici ou là, il est heureux de savoir que nana est déjà bien organisée.
après d’autres minutes, le gps semble lui dire qu’ils sont arrivés mais devant lui tout est noir, sans lumières. « tu vois quelque chose toi ? » le souffle suspicieux.