Ce qui ne devait être qu’un apéro entre collègues et employés c’était transformé en déambulation nocturne dans les rues de Haeundae. L’alcool circulait dans leur veine, poison qu’ils avaient tous ingéré de leur plein gré pour faire tomber les barrières. Il n’était pas rare qu’après une dure semaine de boulot assez intensif pour la sortie d’un produit, Yuda offre à ses subordonnés une tournée des bars pour décompresser et briser l’image de patron inaccessible pour les nouveaux arrivants. Cela dit, il était loin de s’imaginer que la soirée allait devenir une forme de babysitting avec l’un des petits newbie qui ne voulait pas rentrer chez lui. Alors que les plus anciens avaient profité de l’occasion pour tirer leur révérence, la part responsable du patron ne pouvait pas laisser le plus alcoolisé flâner. Déjà dans un premier temps pour l’image de sa compagnie, et d’un autre pour sa propre conscience. Le souci était que lui-même n’était pas plus en état de le surveiller. Il pouvait déjà commencer à ressentir la future migraine qui allait suivre. Enfin, il n’eut pas vraiment le temps d’y penser, puisque pendant qu’il avait détourné son attention pour se masser la racine du nez le petit malin avait sauté sur l’occasion pour se faire la malle. Pas très loin certes, il pouvait le voir courir en direction de la plage. Le pauvre PDG imaginait déjà le scénario et le nom de sa compagnie dans le prochain journal pour annoncer avoir retrouvé le corps sans vie d’un jeune employé, puis la famille du défunt qui demanderait des comptes.

Alors sans réfléchir plus longtemps il se lança à la poursuite du plus jeune, non pas sans avoir insulté tout son arbre généalogique avant. Des groupes de personnes étaient encore présents sur la plage à cette heure de la soirée et l’employé se fondait sans mal parmi eux, ne rendant pas la tache plus facile pour le patron qui passait son temps à excuser le comportement de ce dernier partout où il passait. Puis, pendant un bref instant, Yuda eut un espoir.  Sa main avait, pendant quelques secondes, réussi à attraper l’individu par l’épaule pour le ramener vers lui, mais ce dernier le repoussa brusquement pour se libérer. Malgré lui, le trentenaire bouscula quelqu’un qui se trouvait derrière lui et qu’il n’avait visiblement pas vu. Si ça ne pouvait s’arrêter qu’à là tout irait bien, seulement tout cela c’était passé au bord de l’eau. Il pouvait sentir la personne le tirer en arrière en essayant de se retenir à lui, l’entraînant indéniablement dans sa chute dans l’eau froide et salée.

— Nonnonnonnonnonnonnon

outfit )) Pérégrinations nocturnes qui, vraisemblablement, ne sont que les vices exponentielles du garçon. Souvenirs ardents de cette douleur qui, encore parfois, lance dans son poignet droit, il est affaibli de ne guère pouvoir s’adonner à l’art de peindre. Juste à peine, du bout des doigts ; l’infirmier lui a dit qu’il devrait attendre d’être tout à fait certain de ne plus avoir de peine. Ah bon ? C’est mal barré.
Soupir qui s’étire sur ses lippes rosées, les prunelles dirigées vers cette eau glacée dont les remous viennent faire battre le sang dans ses pieds. Haram a abandonné ses chaussures un peu en retrait. Seul au milieu de plusieurs groupes qui sont venus fêter, s’amuser, se détendre. Il en a l’habitude ; de la solitude. Celle qu’il se crée. Parce que personne hormis lui-même n’arrive à se supporter – et encore. Il se mord la lèvre inférieure, songe parfois à s’enfuir loin de tout ça. Nom maudit qu’il hait.
Dans son autre main, il tient une bière qui ne lui donne pas vraiment envie. Comme à chaque fois, il boit pour oublier. Avec les médicaments, ça doit faire un drôle d’effet, là-dedans. Il s’en moque. Ainsi, peut-être qu’il pourra revoir cet agréable infirmier ? Haram déglutit, se dit qu’il pourrait aussi appeler Tao, lui demander de passer la nuit avec lui pour éteindre leurs démons le temps d’un instant (éphémère).
Néanmoins, la soirée paraît prendre un tournant différent quand, dans le dos, Haram se fait bousculer. Il chancelle un peu, n’est pourtant pas saoul avec quelques gorgées. Ses phalanges, par réflexe, cherchent à se raccrocher quelque part à quelqu’un. L’éternel recommencement d’un tout perpétuel. Sa bouteille de bière a roulé dans le sable et le jeune homme grimace en saisissant un vêtement avec vigueur. Jure plusieurs fois à cause de son poignet abîmé et de ses habits mouillés.
— Mais t’es qui, toi ?! Trempé jusqu’à la taille, éclaboussé jusqu'à ses cheveux blonds, le Myo peine à se redresser avec le courant de l’eau qui semble le tirer en arrière. — Aïe ! Il grimace, veut s’appuyer sur l’inconnu pour se hisser sur ses deux pieds. La mer est froide et il ne manque pas grand-chose pour qu’il commence à claquer des dents ; claquer tout court. — Allez, bouge, tu sens pas qu’elle est glacée ? L’eau, et son humeur. Haram soupire encore, l’observe finalement en se doutant bien qu’il lui a déjà manqué de respect. Tant pis, au moins, ça fera un peu passer le temps ce soir. Pataugeant dans l’océan, il tente comme il peut de s’en extraire, tout dégouline et colle à sa silhouette.

L’action s’était déroulée beaucoup trop vite pour que son esprit embrumé par les vapeurs du poison n’ait le temps de réagir. Mais pour quoi faire ? Son équilibre déjà précaire se retrouvait défier par le poids qui le tirait en arrière. Une poigne désespérée de ne pas sombrer dans l’eau indubitablement glacée. Manque de chance pour la pauvre âme qui espérait trouver un soutien chez l’homme éméché. En l’espace de quelques secondes son corps rencontra les eaux les eaux froides, désagréables. Ah putain… Ce fut un comme un réveil brutal. La sensation des vêtements froids qui se collaient contre sa peau, couplé de la légère brise le firent grimacer, jurer celui qui l’avait emporté dans la chute qu’il avait partiellement provoqué lui-même en y réfléchissant bien. Pas le temps pour ça, de toute manière il en serait incapable à l’instant T. La voix masculine derrière lui attaquait ses tympans qui bourdonnaient déjà. Yuda aurait pu faire profile bas. Peut-être même s’excuser et reconnaître qu’il était en partie fautif pour leur trempette indésirée. Mais l’attitude agressive de son homologue le rendait peu enclin à la discussion. L’Américain n’eut pas le temps de répliquer grand-chose qu’à nouveau un poids s’appuyait sur ses épaules, suivit d’une plainte.

— Hé !  

L’autre essayait de se relever en l’utilisant comme appui, le faisant d’autant plus basculer vers l’arrière puisque lui-même était encore abasourdi. L’eau froide grimpa le tissu qui recouvrait son dos, lui arrachant un sifflement strident entre ses dents qu’il serrait pour ne pas insulter plusieurs générations d’ancêtres. Ça y est. Son humeur dégringolait à toute vitesse. Repire, Yuda. Respire. . Il était déjà suffisamment agacé de devoir poursuivre un employé qui tient mal l’alcool alors littéralement tomber sur une teigne ne faisait rien pour arranger la donne. Une nouvelle protestation contre ses oreilles et un sourire crispé étira les lippes qui bleuissaient déjà.

— Nan ? Sans rire ? Je la trouvais bonne, moi.

Comme à son habitude le CEO usait de sarcasme pour ne pas totalement devenir agressif, même si en soi, il tombait tout juste dans le passif-agressif. Quoi qu’il en soit, il était déjà trop tard pour ne plus pester l’un contre l’autre. Tout ce qu’il espérait maintenant était d’avoir la paix une fois extirpé de l’eau qui lui glaçait les os. Oscillant lorsqu’il se relevait. Est-ce que son corps avait-il toujours été aussi lourd ? Ou était-ce juste le poids de ses vêtements totalement trempés qui lui donnait l’impression que sortir ses fesses était un défi ?

— Si déjà tu arrêtais de me prendre pour un rocher, peut-être que oui là je pourrais bouger.

Il arrivait tout juste à s’extraire de la mer glacée, titubant à cause du remous des vaguelettes contre ses genoux. Sa veste l’alourdissait et il la retira pour la jeter vers le sable. Elle était déjà ruinée de toute façon. Yuda se risqua à lancer un coup d’œil derrière lui pour découvrir la tête blonde qui avait vociféré contre lui tantôt. Son expression était clairement contrariée et il avait juste envie de le laisser dans son pétrin avec son poignet visiblement abîmé. Néanmoins sa part de bon samaritain un poil opportuniste lui souffla de quand même lui tendre une main aidante. Principalement pour avoir la conscience tranquille.

— On est quittes ?

outfit )) Sensation d’ivresse qui lui serre la gorge. Mais elle n’est pas agréable. Elle est plutôt tout le contraire. La peur est là, s’insinue, vicieuse, dans toute son âme, glaçant à la fois son corps et son cœur. Souvenirs du passé, ignorances du passé ; Haram ne se rappelle pas, pourtant, l’étendue immense de cette eau est plaisante à observer de loin, juste comme au début, les pieds dedans. Jamais plus. Jamais. Et maintenant il y est en plein à l’intérieur, à grelotter et à sentir la douleur à son poignet se raviver sous le froid mordant, sous ses gestes disparates et vains de s’agripper à cet homme pour ne pas chuter.

Mais n’est-ce pas trop tard ?
Haram a déjà chuté.

Alors il préfère s’agacer, ne rien montrer à l’inconnu qui, à cause de cette proximité, lui permet de sentir les effluves bien connues de l’alcool collées à sa silhouette. Est-il saoul ? L’a-t-il consciemment bousculé ? Le jeune homme déteste cette présomption à se croire supérieur alors que lui-même ne parvient pas à se redresser. Haram insiste, les pieds nus enfoncés dans le sable mou et les légères vagues qui tirent en arrière. Il a l’impression de suffoquer, alors il peste. Il s’exclame et le répondant de l’autre le convainc de poursuivre dans cette voie. Qu’y a-t-il à perdre ? Rien. Plus rien. — Tu te crois malin ? Pousse-toi, pousse-toi, bon sang ! L’adrénaline monte chez l’étudiant aux prunelles doucement dilatées à cause de cette peur qui le submerge probablement plus que l’eau elle-même.
Haram ne parvient pas à se sortir de là. Il macère dans cette limpidité au clair de lune. C’aurait pu l’inspirer – s’il avait été au sec de l’autre côté. Il entend à peine l’inconnu reprendre la parole, mais il le voit s’approcher du bord avant lui et retirer sa veste qui, probablement, doit peser lourd sur ses épaules. — Hey, reste habillé ! Si t’es bourré, c’est pas le cas de tout le monde. Il l’invective encore, progressant enfin, l’eau ne lui arrivant plus qu’au niveau des genoux.
Il déteste cette soirée, il déteste cette idée ridicule d’être venu se perdre sur la plage au beau milieu de tout le monde, il déteste voir sa bouteille de bière renversée à quelques mètres de là, conscient qu’il ne pourra plus la boire. Conscient d’être qu’une étoile éteinte parmi tous les astres qui scintillent.
Une main se tend devant lui et Haram la suit des yeux, remonte jusqu’au visage de l’homme plus âgé. Être quittes ? S’il aurait pu lui sourire, c’est une expression différente qui se peint sur le faciès du blondinet. Sa main gauche, non blessée, s’y accroche avec fermeté et tant pis pour la droite. De cette dernière, il saisit l’avant-bras du brun pour le remettre dans l’eau sans trop de difficulté. — Là, on est quitte ! Sirène qui ne sait pas nager, sirène qui poursuit ses invectives, sirène qui barbote encore, chancelle et ne se méfie pas assez des intentions de l’autre.

Crédulité du gamin à la mélodie entêtante.
( ça ne sert à rien, hormis te faire du mal. )

Peut-être était-ce une erreur de vouloir répondre aux provocations de l’autres. Peut-être devrait-il le laisser cracher son venin ? Après tout qui était-il pour lui ? Personne. Un énième inconnu qui croise sa route. Un individu parmi tant d’autres que sa conscience devrait ignorer. Il avait d’autres préoccupations. Pourtant, il accusait l’alcool, ses vociférations l’atteignait. Lui, qui se croyait un homme que peu de chose pouvait atteindre. Yuda ne voyait pas la détresse dans laquelle baignait son homologue, il était aveugle à elle. La nuit et les vapeurs empoisonnées n’aidaient guère à prendre conscience de la situation. Il plissait alors les yeux, serrait les mâchoires, agacés par la voix masculine qui ne s’arrêtait pas de parler. Une migraine naissante avec l’inquiétude ne plus avoir dans son champ de vision, la personne pour qui il s’était malgré lui retrouvé dans ces beaux draps. Ses yeux cherchaient paniqués le visage familier, essayant d’ignorer les paroles furieuses à son encontre. Le problème ? Elles le parasitaient. Son esprit était pourtant beaucoup plus éclairé suite au bain glacé dont il venait tout juste de sortir. Tais-toi, bon sang ! Il avait envie de lui hurler, mais sa propre voix aurait un effet désagréable sur sa personne. Il chancelait, peinait à trouver son équilibre entre le sable qui s’enfonçait sous chacun de ses pas, et les obstacles des coraux et coquillages pire que des Lego. Il ne savait pas s’il devait s’estimer heureux d’avoir ruiné ses chaussures en cuir ou s’il devait réclamer à l’autre de les lui rembourser.

Le CEO jeta un nouveau regard vers la rive. C’était définitif, il l’avait perdu. Trop de monde autour et le temps qu’il se dégage du piège aqueux, l’autre avait déjà pris la poudre d’escampette. Il pesta contre lui-même. Il pesta contre le blondinet qui était la cause de sa chute. Il pesta contre le fugueur. Il aurait dû rentrer chez lui tout de suite après avoir terminé le get-together. Enfin, ses yeux sombres se tournèrent vers son nouveau problème. Il était l’adulte ici, en comparaison avec la bouille blonde. Alors en bon adulte, mâture il avait finalement décidé d’assumer ses responsabilités envers lui. Mais, il s’attendait à tout sauf ce qui allait suivre. La réplique du jeune homme sonna le glas de la bonne foi de l’Américain. Ses yeux rencontrèrent les siens avec la même expression que quelqu’un qui viendrait de se faire trahir. Un coup bas.  Voilà ce qu’il venait de lui faire. Voilà ce que lui coûtait un acte de sympathie. Fausse, certes. Mais il n’était pas obligé de le faire. Il était maintenant totalement, indéniablement trempé jusqu’aux os. Il se redressa vivement hors de l’eau, secouant la tête pour dégager sa vue de ses cheveux noirs, mouillés. Le sel lui piquait les yeux

— Raah, son of a b-

Sa vision encore brouillée en plus de la sensation de brûlure le forçaient à cligner des yeux pour retrouver un confort fugace. Mais il pouvait discerner la silhouette chancelante qui s’éloignait de lui, sans le moindre regret dans son acte. C’était qu’il avait la rancœur facile, Yuda.  Et le contexte actuel lui permettait amplement d’assouvir sa pulsion rancunière. Il faisait nuit noire, les personnes autour suffisamment alcoolisés ou trop occupés à faire la fête pour faire attention aux deux antagonistes. Alors il se leva, non pas sans difficulté mais l’adrénaline vindicative rendait ses pas moins lourds, moins hésitant. Arrivé à sa hauteur, juste derrière lui son bras vint entourer sa taille pour le trainer brusquement avec lui en l’arrière, Là où l’eau arrivait à mi-cuisse. Cet acte vicieux ne ferait qu’alimenter l’animosité entre eux, mais il n’en avait plus rien à faire, elle faisait du bien.  Il profita de l’effet surprise et du manque d’équilibre du jeune homme pour l’avoir à sa merci. Juste avant de plonger le corps de ce dernier dans l’eau, il exprima clairement son intention avec un plaisir froid non-dissimulé.

— J’espère que ça va te remettre les idées en place.

Il abattit le corps du blondinet dans l’eau glacée, sans oublier la tête bien évidemment. Pourquoi serait-il le seul à avoir bu la tasse ? Sa main le rattrapa ensuite par le col pour l’en sortir, le tenant fermement pour le replonger au besoin.

— C’est bon t’es calmé ?

outfit )) Attaquer, provoquer, pour se protéger. N’est-ce pas idiot ? N’est-ce pas profondément dénué de sens ? Pourtant, tout en le sachant, Haram n’a de cesse d’agir de la sorte. Il ne reculera pas devant la silhouette pourtant plus carrée de cet inconnu qui l’a bousculé le premier. Qu’est-ce qu’il est, au juste ? L’un de ces millions d’hommes d’affaires qui courent dans les rues pour ne pas être en retard ? L’un de tous ces moutons de la société parce que, sans eux, elle serait incapable de tourner convenablement. Mais ce n’est pas à lui qu’il en veut, Haram, il ne le connaît pas. C’est à son père, à sa famille, qui désire le rendre comme ça.
Alors il continue de parler, de cracher ces mots de rage pour le faire réagir. Pour lui montrer qu’il n’a pas fait attention et qu’il doit en payer les conséquences ; les actes ne viennent jamais sans rien en retour. Le jeune homme est toujours là, à baigner dans cette eau transparente, à voir ses orteils cogner contre les coraux, les petits coquillages. Il déteste ça, ça lui donne des frissons dans le dos. D’où vient vraiment le problème à tout ça ? Haram soupire, assène à l’autre de rester habillé – il n’a pas envie de faire d’autres cauchemars ce soir.
Les cheveux blonds collent au front, à la nuque, un peu éclaboussés des instants plus tôt à se débattre dans l’eau glacée. Mais Haram ne le laissera pas croire qu’ils sont quittes, non. Malgré le fait qu’il accroche sa main à la sienne, il l’attire dans l’eau avec plus de force qu’il ne le pense – ou grâce à l’alcool trop présent dans les veines de son interlocuteur. Un léger rictus peint sur les lèvres rosées teintées de bleu d’Haram, l’étudiant en droit est presque de retour sur le sable quand il est saisi à la taille.
Les yeux qui s’ouvrent en grand, la panique qui surgit de manière décuplée, il n’a toutefois pas le temps de s’apercevoir de quoi que ce soit. Gelée, la mer s’infiltre sous sa veste, sous son tee-shirt, mordant son dos avec une vigueur qui le saisit, le raidit et lui fait boire la tasse en toussant, toussant, toussant. Le sel emplit sa bouche et lui donne envie de vomir quand la peur le tétanise et ne lui permet pas de se hisser vers le haut.
Haram retrouve pourtant l’oxygène peu de temps après, la poigne de son aîné au col de son vêtement trempé. Guenilles qui ne possèdent plus la moindre chaleur. Et les paroles, mauvaises, se superposent au-dessus de tout cela. Coup sur coup. Haram a mal au poignet, frotte ses yeux qui rougissent aussitôt à cause de l’iode. — Tu… Il a du mal à reprendre son souffle, se débat pour repousser les épaules de son vis-à-vis. — LÂCHE-MOI ! Il crie, peut-être un peu fort, tant pis, il s’en fiche si on finit par les remarquer. Les autres sont sûrement bien plus saouls.
Ses mains s’abattent sur le torse de cet homme et il le frappe en grimaçant. — C’est quoi ton problème au juste ?! Haram n’est pas tellement plus petit que lui, mais leurs carrures sont bien distinctes et il a l’habitude de se faire passer à tabac par des types de son genre. Néanmoins, sa phobie décuplée par la rage d’être tout mouillé, d’apercevoir son portable qui flotte tout près, les esprits vrillent et Haram se moque de se tourner en ridicule. Il continue de taper du plat de ses mains contre la poitrine de l’autre qui n’a pas l’air de bouger. L’avoir mis dans l’eau tout à l’heure a été un coup de chance. — Ramène-moi, t’entends ? Ramène-moi là-bas ! Son maquillage coule sur son visage, dans son cou, les gouttes d’eau accrochées à ses cheveux surprennent sa nuque avec fraîcheur. — J’serai jamais quitte avec quelqu’un comme toi. T’es comme les autres, retourne plutôt boire avec eux. C’est gratuit, et tant pis. Tant pis. Haram est tétanisé. Il se protège – il essaie ; mal.
Il a froid, il frissonne de la tête aux pieds. Il déteste cette soirée.

C’était sans doute un acte extrêmement immature venant de lui. Il aurait très bien pu se relever, pester contre lui et ça se serait arrêté à là. Chacun serait reparti chez soi, trempé et pas loin d’attraper la mort mais ils auraient oublié leur existence respective. Cependant, non. Son sang mêlé à l’alcool ne fit qu’un tour et la patience qu’il pensait avoir acquise après de longues années à être testée venait de disparaitre. La sécurité avait sauté. Comme si plusieurs décennies de frustration étaient en train de se libérer sur la pauvre âme qui avait versé la goutte de trop, le CEO de HAIBOTS se laissa emporter par la gangrène déjà installée depuis trop longtemps. Gangrène purulente. Gangrène qui le rongeait. Pour la première fois, ça n’était pas à lui-même qu’il faisait du mal pour se soulager. Ses doigts se crispaient sur les tissus par lesquels il retenait le jeune inconnu, le froid de l’eau les glaçait mais au point où il en était, ça lui passait au-dessus de la tête. Comme une pulsion urgente et nécessaire, il le replongeait inlassablement dans les eaux sombres et salées. Le regard placide, froid ne se détachait pas de la silhouette qu’il distinguait à peine pendant qu’il lui faisait boire la tasse. 1… L’iode et le vent froid lui brûlaient le visage 2… Il détestait sa soirée 3… Il détestait cet employé qui ne tenait pas l’alcool 4… Il détestait cet inconnu avec son complexe d’infériorité. Parce que oui, il était inférieur à lui sur tous les points. C’était lui qui avait tendu la main. C’était lui en position de force. Il avait réussi sa vie. Il était patron d’une grande entreprise. Et l’autre qu’est-ce qu’il pouvait bien être ? Un pauvre gars aigri par sa vie insipide ? Un mec à l’égo suffisamment fragile pour se venger d’une bousculade accidentelle ?  

Il tira son visage hors des griffes glacées de l’ondée, l’agrippant fermement même si ce dernier se débattait comme un acharné. Il pourrait sourire, se moquer tout simplement de lui pour être incapable de se libérer de sa poigne. De ses coups sans vigueurs contre ses épaules. Mais le visage du trentenaire restait fermé, les mâchoires serrées, éclaboussé par ses gestes décousus. Il l’observait s’époumoner devant lui, regrettant presque de lui avoir laissé reprendre sa respiration. Peut-être aurait-il mieux fait de réellement le noyer.

— Mon problème ? MON PROBLEME ??

Yuda roulait des yeux. C’était bien l’hôpital qui se foutait de la charité. Sans aucun remord, ni l’ombre d’une hésitation, il replongea vivement la tête de l’inconnu sous l’eau pour l’en ressortir à nouveau. Visiblement, l’eau froide ne lui avait pas remis les idées en place. Il pouvait sentir son sang battre dans ses tempes. Tant pis si les autres devenaient témoins de ce rif, de toute manière ça n’était pas comme s’ils y voyaient grand-chose. En plus, preuve que l’inconnu était bien seul, personne n’avait daigné lever le petit doigt pour lui venir en aide. Alors pourquoi faisait-il le caïd ?

—T’es qui pour m’parler comme ça ?! Hein ? Mon problème ? Tu veux savoir c’est quoi mon problème ? Il sifflait entre ses dents, prêt à le couler une nouvelle fois. C’est les types comme toi ! Les gosses pourris gâtés à l’égo tellement fragile qu’ils ont besoin de jouer les gros durs.

Ses doigts se resserraient un peu plus autour du col qu’il tenait avec la ferme intention de recommencer le manège infernal dans lequel il l’avait fait entrer de force, mais il ne fit rien. Le jeune patron n’avait pas envie de lui donner raison sur ce point-là.  Alors, sans lâcher la prise qu’il avait sur lui, il le ramena vers la berge où l’eau était beaucoup moins profonde avant de le libérer dans un geste brusque.

Comme eux ? Si dès le départ t’avais pris la main que je te tendais au lieu de te venger comme un gamin avec complexe d’infériorité, on n’en serait pas là. Grandis un peu, les actes ne sont pas sans conséquence.

outfit )) Cette situation est ridicule et Haram le sait bien. Elle ne ressemble à rien. Seulement, comment s’en tirer ?
La mâchoire crispée, transi par le froid qui mord sa chair, colle ses vêtements à sa peau, le jeune homme n’a pas toujours été comme ça ; à provoquer. Longtemps, il s’est plié aux règles, il a courbé l’échine et, malheureusement, dès lors que la voix paternelle résonne à ses oreilles, son courage s’évapore comme neige au soleil. Empreinte marquée sur son âme, Haram n’est qu’un pitoyable reflet d’une société mal faite – à quoi bon se battre alors que l’avenir est tout tracé ?
Ses membres tremblent à cause de l’eau glacée, à cause de la terreur qui est pourtant visible au creux de ses yeux. Il ne se rappelle pas des raisons à cette peur de l’océan quand son plaisir est de venir s’y perdre pour l’observer, le dessiner, rêver. Mais si cet inconnu le tient, est-ce que ça ira ? Peut-être pas. Pas vraiment. Ils n’ont de cesse de se provoquer, de s’envoyer des palabres désuètes qui ricochent les unes contre les autres. ça non plus, ça n’a pas le moindre sens. Ils sont aussi idiots l’un comme l’autre. Mais tant pis.
Il parait que ça rend vivant.
Alors Haram boit encore la tasse, se débattant de toutes ses forces malgré la stature de son interlocuteur. Haram suffoque, a l’impression que toute cette eau s’infiltre dans son corps, dans ses veines. Il craint sans fondements que l’inconnu le libère et qu’il soit incapable de revenir toucher le sable – Haram ne sait pas nager. Ses mains frottent ses yeux rougis par l’iode avant qu’elles ne viennent s’agripper à ce poignet qui le maintient avec une fermeté peut-être exagérée. Il lui faut quelques secondes supplémentaires pour parvenir à respirer plus ou moins normalement. — Et toi alors ? Tu te crois meilleur que moi à jouer les gros bras ? Vas-y, coule moi encore. Pourquoi t’hésites hein ? Tu vois bien que personne ne viendra nous chercher ! Haram esquisse une grimace en sentant la prise se renforcer sur son vêtement.
Parce qu’en effet, parmi tous les fêtards demeurés au sec sur la plage, personne ne tourne la tête dans leur direction. Tous voguent à leur occupation et cet homme et Haram pourraient bien s’entretuer sans qu’ils ne lèvent le petit doigt. Ils sont seuls. Seuls et pourtant entourés. L’étudiant en droit a un drôle de rictus peint sur les lèvres. — On manquera à personne. Il le crache presque, comme une évidence non-dite, tandis qu’il s’affale dans le sable après avoir été relâché sans douceur. Il foudroie toujours l’autre du regard à moitié à quatre pattes dans une position peu valorisante, toutefois rassurante. Haram serre les grains entre ses mains, aurait presque envie de vomir. Mais à la place, il soupire et se laisse tomber sur le dos. — Tu sais quoi ? Vas te faire foutre. T’aurais pu me tuer. Il exagère un peu, à peine. La vérité est pourtant là, n’est-ce pas ?
Et derrière ses paupières qu’il clôt une seconde ou deux, il aimerait être capable d’apercevoir la voie lactée. D’imaginer les nébuleuses, chatouiller les étoiles, créer des centaines de nuages de formes différentes. Son bras vient recouvrir ses yeux ; il est gelé, grelotte, et ne bouge pas. — Si moi j’ai un complexe d’infériorité, c’est quoi ton problème à toi ? Finalement, Haram s’est redressé, assis dans le sable humide qui s’imprègne de l’eau qui dégouline de ses habits. Il repousse ses cheveux blonds en arrière. Parce qu’à l’évidence, cet homme aussi en a un, problème. Le plus jeune hausse les épaules, vient croiser les bras sur sa poitrine et ramener ses jambes contre son torse pour apporter un peu de chaleur à ses membres transis. Il n’en revient pas vraiment que son vis-à-vis ait agi de la sorte envers lui. Haram choisit de mettre ça sur le compte de l’alcool et puis, de toute façon, il songe qu’il l’a sûrement un peu cherché. C’est une habitude désormais. Seulement, ce qui l’embête le plus, c’est la décharge électrique qui court à son poignet ; le bandage est mouillé à l’instar de tout le reste.
Les pansements ne sont toujours que factices.

Il était difficile pour Yuda de savoir si sa réaction avait été exagérée ou non. Après tout, pourquoi le serait-elle ? Il avait tendu la main en guise de trêve à cet inconnu, et c’était lui qui l’avait refusé. Le reste de vapeur d’alcool qui lui embrumait l’esprit commença à se dissiper peu à peu à cause du l’eau glacée qui mordait sa chair. Peut-être avait-il bu un peu plus, il aurait capable pu commettre l’irréparable ? Cette simple idée suffisait à remettre l’homme sur le droit chemin et ne pas replonger une énième fois la tête du gamin sous l’eau s’il ne devenait pas plus docile. Au final, c’était par pure égoïsme et sans doute couardise, qu’il ne recommençait pas. Et si réellement il lui claquait entre les doigts ? Il ne pouvait pas se permettre d’en arriver à là.  Alors l’auto-entrepreneur lui tira la tête hors de l’eau, et là suivirent un flot de paroles qui, ironiquement, le rassuraient presque. Il avait l’énergie pour continuer à répondre avec autant de véhémence même s’il semblait reprendre son souffle.

— On ne t’a donc jamais appris à la fermer ?

Puis sa dernière phrase eut l’effet d’une gifle pour Yuda. Une violente vérité qu’il n’avait même pas pris le temps de voir. Depuis tout ce temps où ils étaient dans l’eau, pas une âme ne s’était levée pour comprendre ce qui se passait. Certes, il avait au départ mis ça sur le fait qu’il s’agissait majoritairement de fêtards, mais tout de même. Il avait mal à la tête entre le froid qui lui glace les os et l’alcool qui rendait difficile de penser clairement, sans parler du blondinet qui crachait des paroles qui résonnaient peut-être un peu trop pour lui. Fuck, fuck, fuck. Il le frustrait plus qu’autre chose. Yuda comprenait qu’il s’était habitué à un monde tout lisse avec les bords arrondis, où personne ne chercherait à le contrarier. Pourquoi, après tout ? L’argent ? Le minimum de poids qu’il pouvait avoir avec l’entreprise familiale ? Il savait bien que dans le monde dans lequel il vivait, tous portaient des masques, lui compris. Il avait juste oublié. Rancœur mise de côté, le bourreau traina sa victime hors de l’eau salée avec nonchalance.  Une fois relâché, il s’assit sans aucune délicatesse ni quoi que ce soit. Pourquoi faire après tout ? Le masque était tombé. Il n’avait rien du business qu’il prétendait être devant les caméras. Il le savait. Non, il le réalisait. Qui blâmer dans tout ça si ce n’est les personnes qui l’avaient élevé ? Non pas ça non plus. Ils avaient fait quoi au juste ? L’homme se massait doucement les tempes pour essayer de faire sens et se focaliser sur autre chose que les pensées intrusives qui lui matraquaient la tête. Pour une fois la voix du garçon à côté de lui servit à quelque chose. Un soupir franchit ses lèvres et il dégagea ses cheveux au goût iodé de sa vue pour regarder celui étendu pas trop loin de lui.

— Oh… Ce n’est pas l’envie qui m’a manqué.

Mensonge, encore une fois. Il essayait de se faire passer pour quoi au juste ? Ridicule rôle que le CEO tentait de revêtir comme si ça allait le rendre plus crédible. Il aurait été le premier à être malade si le garçon n’avait pas expiré ses vociférations. Si à la place des mots, il y aurait eu un silence. Mais à quoi bon essayer de passer pour une personne en réalité plutôt sympathique quand le mal est déjà fait ? Au moins il l’avait ramené au rivage. C’était ce qu’il se disait pour se rassurer. Finalement, l’homme retira son manteau qui en plus d’être trempé et ne plus servir sa fonction première, pesait lourd. Ils n’étaient tous deux pas prêt à sécher de sitôt, et auraient vite fait de se choper la mort à l’allure où ça allait.  Son corps était attaqué par des frissons, mais pas ceux étant agréable. Et l’autre à côté qui ne lâchait pas l’affaire. Un pincher… ça aboit, c’est hargneux. On aimerait shooter dedans mais c’est mal vu. Il souffla, exaspéré, en lançant un regarde de côté au blond.

— T’as fini de chouiner ? Ou tu continues de te plaindre parce que ça t’aide à te tenir chaud ? Aiish…

Bien sûr qu’il avait un problème. Et pas qu’un d’ailleurs, c’était bien ça le pire. À nouveau la bise vint mordre douceur ses vêtements imprégnés, rendant la température encore moins supportable. Ses yeux s’arrêtèrent sur les bandages défaits qui entouraient encore un peu le poignet du jeune homme, mais qui de toute évidence étaient foutus. Un peu à cause de lui, cela dit. Le blond l’avait aussi cherché, s’il lui avait seulement pris la main, il ne l’aurait pas emporté avec lui et essayé de le noyer. L’homme grimaça. Même comme ça, ça ne sonnait pas glorieux. Il finit par se relever, ramassant son manteau trempé avant de jeter un regard vers celui qui avait fait office de souffre-douleur pour la soirée.

—  T’as l’intention de rester crever de froid ici ?

Pourquoi se sentait-il à ce point coupable de la situation du garçon ? Certes il l’avait mis dans cet état, mais ça ne s’était pas fait gratuitement. Finalement, il se sentait plus responsable de lui que de son employé qu’il avait perdu. Quelle ironie.

outfit )) Il l’a toujours détesté, cette eau. En l’observant pourtant, des heures durant, il a toujours cru qu’elle finirait par l’absorber. Qu’elle l’emporterait dans des endroits inconnus. Elle serait la seule capable de l’emmener et de le faire disparaître de la surface de la terre sans que jamais personne ne le retrouve assez. Et ce sont les abysses, noires, profondes, qui l’effraie tout autant. Qu’y a-t-il sous ses pieds ? Ses mains s’agitent, son souffle n’est plus vraiment là. Haram suffoque et craint de mourir dans l’océan qui engloutit sa silhouette à mesure que l’autre n’a de cesse de vouloir le couler ; encore, encore, encore. Son cœur bat à fond sous sa poitrine. L’eau s’est infiltrée partout. Sur ses vêtements, sur sa peau, dans sa gorge. Il a froid, il a peur, mais il ne se laissera pas faire par cet inconnu qui se croit supérieur. Ses mots s’échappent de ses lèvres violacées et ripostent qu’il n’y a personne qui viendra leur porter secours – ils ne sont rien ni personne, ils peuvent bien disparaître au fond de la mer.
ça semble faire quelque chose à son aîné qui les a ramenés sur le sable. Haram a les yeux rougis par le sel, ou peut-être par des larmes qu’il ne se permettra pas de laisser couler. A quoi bon ? Il lui lance un regard sombre quand l’autre déclare que l’envie de le tuer ne lui a pas manqué. Recroquevillé sur lui-même, le poignet meurtri, il songe qu’il le déteste. Il le hait pour avoir gâché sa soirée, pour n’avoir fait que le mettre devant des faits accomplis. Il le déteste parce qu’il n’est même pas capable de s’excuser et qu’il ne le fera probablement pas ; à quoi s’attendre des autres ? Haram devrait avoir appris la leçon depuis le temps.
Mais, au fond de lui, le jeune homme n’est qu’un petit garçon qui n’a pas vraiment grandi. On l’y a forcé, pour les apparences. Jouer dans la cour des grands, offrir ce dos droit et ces épaules solides. Malheureusement, l’enfant Myo est bien plus sensible qu’il ne veut l’avouer. Carapace créée de toutes pièces afin de s’emprisonner, de se protéger. Haram est le premier, le nez levé vers le ciel, à croire en la bonté, en la beauté, en l’amour. Des concepts qui n’existent pas dans le monde dans lequel il a été et continue d’être élevé. Vingt-quatre ans, et le gamin est bloqué dans cette mélasse qui le dégoûte et lui donne envie de vomir. — Et toi, t’as fini de faire ça ? Tu te crois meilleur et plus important ? Haram, transi par le froid, se redresse en chancelant un peu sur ses pieds. Une goutte d’eau glisse sur sa colonne vertébrale et un mauvais frisson le secoue. Pour sûr qu’il risque de tomber malade.
Il finit par avancer un peu dans le sable plus ou moins meuble, les vêtements tout aussi trempés que les chaussures. Son téléphone portable a sûrement absorbé tout ça et Haram déteste l’idée qu’il va falloir qu’il en rachète un. Il soupire et, une fois à la hauteur de l’autre, il le fixe dans les yeux. — Porte-moi, j’ai mal à mon poignet. Tu me dois bien ça. Il n’attend pas sa réponse pour se hisser sur son dos, tapote sur son épaule. — T’attends quoi ? Avance. J’habite pas loin. En face, ou presque, serait la réponse la plus exacte. Appartement luxueux avec vue sur cette mer qu’il aime autant qu’il déteste. Juché là-haut, peut-être à la recherche d’un peu de chaleur, Haram a encadré la taille de son interlocuteur de ses jambes. Il le guide jusqu’à chez lui où ce n’est qu’une fois devant la porte de son logement qu’il descend de son perchoir.
— Vas-y, entre. Il se retourne, bref coup d'œil, avant de filer dans la salle de bain pour jeter une serviette au visage de son invité. — Je vais me doucher, t’as pas intérêt à t’asseoir partout et de tout mouiller. Il s’éclipse rapidement, revient moins de cinq minutes après, enveloppé de vêtements secs et confortables, un plaid sur les épaules. — Tu peux y aller. Et Haram se recroqueville sur le canapé, s’attelant à refaire un bandage correct à son poignet droit.