Si mignon, enfant, c'est à travers tes yeux innocents que Naeri se sentait exister. Chaque fois que tu la suivais, chaque fois que tu buvais ses paroles, la petite fille devant toi étincelait d'une couleur bien différente de celle qu'elle offrait sur scène. C'était la sienne, sa couleur à elle, chaude, enchanteresse, dangereuse. Tu ne pouvais pas savoir, et au fond, aurais-tu su ne pas t'y brûler les doigts?

Rapidement, tu es devenu son repère. La jeune adolescente voyait les flammes des sentiments chatoyer tes iris mais elle n'avait pas conscience d'à quel point tu t'abandonnerais pour elle. Ou alors, peut-être qu'elle l'espérait, au fond. Elle pouvait influer ta vie d'un battement de cils et à chacune de tes décisions, elle te voyait devenir plus fort, plus libre. Mais en callant tes envies aux siennes Sahan, c'est elle qui devenait forte, libre. Elle devenait enfin importante pour quelqu'un. Assez pour être la -ta- numéro 1. C'était dangereux, mais avant même qu'elle ne le remarque, elle jouait déjà avec ton cœur.

Prison dorée, futur tracé, tu n'étais pas assez Sahan. Toi seul ne pouvait lui offrir cette liberté tant de fois rêvée. Tu n'étais décidément pas assez pour la faire sentir vivre. Alors une fois majeur, elle t'a embarquée dans ses projets et tu as tourné le dos à San Diego. Ne mens pas. Il n'y avait pas de choix à faire. Tous les deux saviez très bien que tu n'aurais jamais su lui dire non. Cela fait bien longtemps maintenant que ta Trinity grave sa marque sur tes chaires.

Busan. Nouvelle vie, carrière choisie. Naeri était bien décidée à devenir maîtresse de son propre destin. À ses pieds, tu étais accroché comme un boulet, et chaque fois qu'elle croisait cette flamme dans tes yeux, le poids sur son cœur s'affaissait. Tu étais tellement bon pour elle, que tu en es devenu une entrave à sa liberté. Tes sentiments traînaient dans ses pattes. Chaque fois qu'elle rentrait à l'appartement après une soirée, ou au petit matin, c'était pour être prise de nausées. Mais pourquoi, hein? Pourquoi devait-elle souffrir d'une chose qu'elle ne t'avait jamais réclamée? C'est toi qui avait décidé de l'aimer, pas de sa faute à elle si tu as voulu croire aveuglément tous les mots d'une adolescente paumé. Je ne peux pas t'aimer alors laisse moi respirer.  

Naeri, elle t'aimait. Du fond de son cœur. Juste pas comme il fallait. Pas comme tu le méritais.

Mais Sahan, tu sais, toi, tu ne peux qu'aimer qu'elle.

Même si je te repousse, s'il te plait, ne me laisse pas seule.