Raining Tears

w/ @Bae Munhee
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Take me in your embrace,
Help me find the light.

N

uit étoilée, mer déchaînée, et les vagues noires qui envahissent son âme à l’étroit dans cette cage de porcelaine fissurée.
Les mots sont douloureux, gravés en elle pour qu’elle s’en souvienne, jusqu’à ce que l’esprit se ternisse et que le cœur ne devienne que poussière. Le feu ne brûle plus, mais dans ses yeux se reflètent les réminiscences d’un incendie, colère apaisée par la pluie qui coule sur son visage poupin, laissant place à une tristesse qui la brise toujours plus. Et les cendres recouvrent le myocarde éraflé alors que s'abat sur ses épaules la cruauté d'une société.

Yize s’avance seule, écrasée par la pénombre de la ville endormie, elle a laissé son masque au dortoir pour faire face à ce qu’elle est réellement, cet enfant au rêve illusoire, dissimulant ce qu’il y a de plus sombre par des courbettes et des paroles maîtrisées.

La brune a le visage qui se peint du désespoir des cieux.

Et lorsqu’elle peut enfin toucher les nuages, peut-être que son cœur retrouve un peu de sa joie perdue, car celle qui vit en haut de cette tour a le don de pouvoir la guérir de ses tourments avec une facilité qui dépasse l’entendement. Elle est son pilier sur Terre, celle qui la raccroche à la réalité, son ange gardien, sa providence.

Et lorsque ses yeux vides se posent sur le visage de celle qui ne l’attendait pas, les blessures s’ouvrent à nouveau et les larmes s’échappent. La cadette vient alors chercher le réconfort aux creux des bras de celle qu’elle considère plus comme sa famille que ceux pour qui elle ne compte plus.

« Unnie… » Murmure étouffé par un sanglot, elle s’agrippe aux vêtements de celle qui doit la prendre pour une chose bien pathétique sur le moment, mais elle n’est pas comme elle, Yize, pas comme cette tigresse aux crocs aiguisés, cette femme plus forte qu’un million d’hommes, ce diamant qui jamais ne se brisera sous la pression du monde.   

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w/ @Yao Yi Ze
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L

a nuit lui semblait morne, lorsqu'elle devait la passer chez elle. Une fois de plus, elle avait eu droit aux reproches de son mari, pour avoir voulu laisser l'enfant à une baby-sitter quand lui-même dînait avec des collègues - rester seule avec Juri lui faisait peur, parfois. D'autres, elle culpabilisait tout bêtement de ne pas porter à sa fille l'intérêt qu'elle lui devait. Mais quoi ? pensait-elle alors, puisqu'elle était femme, elle devait forcément porter, en elle, cet instinct illusoire que l'on accordait sans leur demander à toutes ses semblables ? Si elle aimait sa fille, elle n'en avait jamais voulu. Voilà sûrement pourquoi le lien restait friable, et son envie de passer sa soirée à pouponner, inexistant.

Remuant tristement sa tasse de thé, Munhee soupira, l'œil perdu par la grande fenêtre du salon. Busan était bien triste, quand elle avait rêvées les étoiles ailleurs...et pourtant, elle ne rêvait que d'une chose : s'offrir à ses rues, à sa nuit et à tout le divertissement qu'elle aurait pu lui offrir, pour s'évader un peu d'un quotidien étouffant. Juri dormait à poings fermés - un soulagement -, et elle ? Oh, elle dépérissait d'ennui, ce soir. Elle en avait presque hâte de voir revenir Hyungwon : la liberté se troquait aisément contre la conversation avec un adulte, aussi éloignés soient-ils l'un de l'autre. C'est un autre visage qui se présenta à elle, pourtant. Si elle fut d'abord surprise d'entendre la sonnerie de l'interphone, puis d'y apercevoir le visage de Yize, c'est sans réfléchir qu'elle l'accueillit dans ses bras - l'instinct maternel, à défaut de l'avoir envers sa propre fille, c'était envers les gens comme la cadette qu'elle le dirigeait. Cette enfant était un reflet plus fragile de la personne qu'elle avait été, l'aspirante étoile aux ailes brûlées - et puis, elle possédait ce petit quelque chose de douceur qu'elle ne pouvait ignorer, auquel elle n'avait jamais su résister.

"Hey...qu'est-ce qui ne va pas ?" Parce que demandait si ça n'allait pas aurait été tout à fait superflu, inutile. Munhee perdait rarement de temps bêtement. "Il s'est passé quelque chose ?"

Après tout, ce n'était pas forcément le cas. La tristesse avait le don de vous prendre à la gorge sans crier gare. Elle en savait quelque chose.

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L

es mots lui sont alors susurrés au creux de l’oreille, la plus douce des caresses, voix qu’elle a tant rêvé d’entendre. Le cœur se réchauffe, mais les larmes ne s’arrêtent pas de couler, car elle ne veut soudainement plus quitter les bras de celle qui l’accepte alors que le monde entier la rejette. Les mots jaillissent à nouveau dans son esprit, lorsque la plus vieille cherche à comprendre la raison de sa détresse. Les lignes de textes, blessantes, chaque insulte égale à la pointe d’un couteau qui se plante dans sa peau, elle les voit défiler alors qu’elle était si heureuse d’annoncer son retour sur le devant de scène. 

« Je- » Elle renifle, se perd dans le fil de sa pensée, car maintenant, ce sont les souvenirs qui s’agrippent à son âme déchirée, les souvenirs de celle qui n’est plus là aujourd’hui, celle qu’on leur a dit d’oublier, mais qui reste gravée au fond des cœurs, cicatrice d’un passé funeste, fissure première qui les propulsa en enfer. 

Les sanglots se bousculent, la belle ne parvient plus à aligner deux mots, elle hoquette, s’étouffe, mais se force à rester debout, car elle ne veut pas être un fardeau pour celle qui l’accueille à une heure si tardive, alors que les dernières lumières de la ville se battent en duel. Dis-moi, dis-moi pourquoi le monde est si cruel.  

La patience de l’aînée reçue comme une bénédiction, la brune finit par calmer ses émotions, elle ne ressemble plus à rien mais accepte de paraître si fragile devant son ancre. « Je n’en peux plus…» La gorge est sèche, la voix chevrotante, les larmes perlent encore, mais elle peut à nouveau parler. « Unnie, je ne voulais pas, tu sais ? Je ne voulais pas regarder, mais je l’ai fait… » Elle l’a fait, ce qu’on lui a toujours interdit. Elle les a lus, les commentaires. Et lorsque les la vie semble terne, un rien peut vous en faire perdre le sens. 

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N

on, Munhee n'avait jamais voulu être mère, responsable d'un être en dehors d'elle-même : après tout, l'égoïsme était une grande part de qui elle était, nécessaire pour survivre dans un milieu où on avait toujours voulu l'effacer. Il y avait pourtant, chez quelques rares élus, un petit quelque chose, un soupçon d'une tendresse oubliée ou de coeur fragile qui poussait une part d'elle à vouloir les couver du regard, et les protéger contre les crevasses que la vie dressait sur leur chemin. Yize était de ces gens-là - au fond, elle rappelait à l'étoile déchue ce qu'elle avait été, cette enfant pleine de rêves, née peut-être dans un univers trop étroit pour elle. L'un de ces astres que l'existence essaie d'éteindre...oh, Munhee ferait en sortes qu'elle continue de briller dans son ciel, voilà une promesse qu'elle s'était faite en silence, sans s'en rendre compte, peut-être, mais bien présente au fond d'un cœur qui se fendait un peu, à la voir ainsi, vulnérable, pleurant sur sa poitrine. Réconfortante, sa main glissait le long de la colonne de la jeune femme qui se tenait dans ses bras, son menton appuyé au haut de son crâne.

"T'as regardé..." Il suffisait d'un instant pour comprendre ce dont elle parlait. Une moue désolée se dessina au bout de ses lèvres. Elle savait comme le monde pouvait être dur avec ceux qui attiraient le regard. Parfois justifiés, d'autres non, les mots avaient le don de se glisser comme des poignards, aiguilles sous les ongles de ceux à qui ils étaient destinés. Heureusement pour elle, son propre groupe n'avait jamais attiré assez d'attention pour qu'elle soit la cible de trop nombreuses critiques - en revanche, les mots de son manager avaient su la frapper, bien qu'elle n'en ait jamais rien montré. "Je ne t'en veux pas. Je sais à quel point c'est tentant."

Elle-même vivait un téléphone greffé à la main. La technologie était tellement présente, à leur époque, et la tentation si forte...le savoir, c'est le contrôle, se disait-elle souvent. Plutôt ironique, pour une femme qui mentait sans arrêt à celui qui était censé avoir le plus d'importance dans sa vie, et à celui qui en avait.

"Mais Yize...peu importe ce que disent les gens, ça définit pas ta valeur, tu sais ? S'ils sont capables d'aller te cracher dessus comme ça, en se cachant derrière leur écran, c'est qu'ils valent pas un centième de toi - t'es une fille en or, mets-toi bien ça dans le crâne." Un regard sérieux. Elle n'était pas du genre à laisser les autres se complaire, même si elle savait écouter. "Mais...c'est vraiment à ce point ?"

Munhee se mordit la lèvre. L'idée lui déplaisait grandement. Sans rompre totalement le contact avec la cadette, elle se détacha légèrement d'elle, une main dans son dos pour la diriger doucement dans le salon.

"Allez, entre, reste pas dans l'entrée. Tu veux boire quelque chose ? T'as bien fait, de venir ici."

Pour elle, elle serait toujours prête à entendre, écouter, consoler. Si Yize pouvait voir sa demeure comme un refuge, un endroit où elle serait toujours en sécurité, alors, Munhee en était heureuse - elle-même ne parvenait à y trouver qu'une morne routine, une prison dorée.

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Ô

souffrance quotidienne qui chagrine son âme abîmée, les prunelles se perdent dans la noirceur étonnamment réconfortante du regard de son aînée pour y trouver de quoi s'accrocher, car elle a toujours besoin de s'accrocher la brune, et lorsque ce n'est pas à son son rêve, ce sont les autres qui la maintiennent debout. Qu'elle aimerait être plus forte, la poupée de chiffon, qui plie à chaque parole déplacée, à chaque jugement qu'on décide de lui porter. Mais peut-être que la raison de sa détresse ne s'arrête pas aux phrases malveillantes des fantômes de la toile, peut-être est-ce là le résultat d'années de malheur qu'elle est enfin parvenue à expédier. Crever l'abcès, tout déverser pour se sentir mieux après. Yize a le cœur plus léger en écoutant Munhee parler. 


Sa petite tête remue frénétiquement de haut en bas alors que ses larmes cessent de dégringoler. Une main glisse dans son dos, douce présence qui la rassure. Elle s'avance, guidée par la bonté de celle qui en a bavé par le passé. Qu'elle se sent ridicule la gamine, venir se plaindre d'une condition qu'elle a choisi, mais elle avait tant rêvé la Yize, tant espéré. « Merci... » Murmure étouffé, elle s'assoit finalement sur le canapé, se débarrassant de la veste trempée qu'elle n'ose pas déposer. Ses yeux se baissent sur ses doigts fins qui jouent nerveusement avec le tissu trempé. « Ils ont dit... » Elle veut parler la danseuse, mais les mots sont difficiles à prononcer, insécurité qui la ronge alors qu'elle devrait se tenir fière. « Ils ont dit que j'aurais dû mourir à la place de... Dina... » Soupir étranglé, son cœur agonise lorsqu'elle repense à celle qui est tombée trop tôt. « Que je devrais avoir honte de mon comportement irrespectueux envers l'audience. » Parce qu'elle ne sait plus sourire la mignonne, on le lui a arraché comme on a pris sa voix à la petite sirène, et que les caméras l'effrayent de plus en plus. « Tu as du lait Unnie ? Du lait chaud... » Car ça lui rappelle quand sa mère la consolait, cette femme pour qui l'affection physique était étrangère, celle qui a préféré la laisser se débrouiller seule face à la noirceur du monde. Celle qui lui manque plus que ce qu'elle oserait admettre. 

« Juri dort dans sa chambre ? Je peux aller la voir pendant que tu prépares ? » La question s'échappe si facilement, le désire de voir un être encore insouciant, un être ignorant tout des difficultés de la vie, un être qui peut encore jouir de son innocence. 

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'instinct maternel se présentait sous des formes diverses et variées. Chez elle, il était fort lorsqu'il s'agissait d'amis qu'elle souhaitait protéger. N'aurait on pas pu supposer qu'il en serait de même quant à sa propre progéniture ? Probablement, mais un enfant non désiré, elle ne pouvait s'en occuper comme il fallait.

Yize, elle, était arrivée dans sa vie parce que la brune avait choisi de la laisser y entrer. Une lueur étouffée, que Munhee souhaitait voir briller pleinement. Elle le méritait bien, après tout ce qu'elle avait traversé, et parce qu'elle était une personne bien plus valeureuse que certains, que l'existence n'avait pourtant pas abîmés ainsi.

"Ne t'excuse pas. C'est normal..." Un léger sourire vint s'apposer à son visage, tandis qu'elle attrapait la veste détrempée que tenait la cadette. "Attends, je vais mettre ça ailleurs, pour que ça sèche." La fin du mois d'octobre était encore assez clémente ici pour ne pas justifier d'allumer le chauffage, mais elle se dépêcha d'activer celui qui trônait dans la pièce d'à côté, afin d'y déposer le vêtement mouillé. Cela fait, Munhee traversa le salon d'un pas rapide, rejoignant son amie sur le canapé, et l'incitant à venir contre elle. "Ils ont dit ?" Elle se voulait encourageante. Ne savait pas ce qui l'attendait. "Ils ont dit QUOI ?" Elle était de retour, Munhee la colère, Munhee faite de flammes - elle aurait voulu incendier tous ces êtres immondes, si elle l'avait pu. L'air sévère, mais le regard profondément peiné pour cette gamine qui n'avait rien demandé, elle tendit la main devant elle. "Donne moi ton téléphone." Qu'elle ne pense même plus y toucher, tant qu'elle serait ici. "Ces gens ont un sérieux problème," pesta-t-elle, "pour dire des choses pareilles. Tu ne leur doit rien, ok ? Je sais que les agences veulent vous voir souriantes en toute occasion, mais si ça ne va pas, on devrait s'inquiéter pour toi plutôt que de te blâmer. Et en aucun cas...en aucun cas, tu m'entends, ça ne veut dire que tu mérites quoi que ce soit du genre." Elle ne voulait même pas le dire. Effarée. L'impuissance qu'elle avait sur la situation la dérangeait grandement - au moins pouvait-elle tenter de réconforter Yize, à sa manière. "Du lait chaud ? Je te fais ça de suite. Tu veux du miel, dedans ?"

Un peu de douceur pour oublier la dureté du monde extérieur, aussi lugubre que le ciel, que la pluie qui continuait à s'abattre dru sur le carreau de ses fenêtres. Demain serait un autre jour : à nouveau, le ciel serait clair au-dessus de la mer qu'elle pouvait admirer depuis sa cuisine. Une vue qui ne l'impressionnait plus, tout comme cet appartement, dans lequel elle mourrait à petit feu.

"Oui, vas-y. Fais attention, par contre...si elle se réveille, elle va plus arrêter pendant des heures." Un sourire amusé autant qu'épuisé vint tracer ses lèvres. Une mère faussement attentionnée, qui souhaitait seulement un peu de répit, lorsque l'enfant dont elle s'occupait déjà peu dormait.

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L

a voix de la plus vieille s'emporte, Yize sursaute légèrement avant de lever ses yeux noirs vers le vidage de son aînée qui lui demande son portable. D'une main tremblante, elle attrape l'appareil, fruit du démon, tentation vile et le sort de da poche. « Mais, mais si j'ai un appel important ? On est en pleine préparation de comeback Unnie, je dois pas faire n'importe- » La voix s'éteint dans sa gorge alors qu'elle remarque le regard furieux de Munhee. Sans rien dire de plus, elle fait glisser l'appareil dans sa main et retire la sienne qu'elle repose sur sa cuisse. L'autre s'attelle ensuite à lui rappeler sa vraie valeur, celle qui n'a pas de prix, celle qui ne peut pas être contestée, discutée, insultée, et alors Yize laisse sortir Yiren de sa tête, l'alter ego se fane dans le réconfort d'une amie, d'une sœur et d'une mère. « Merci... » soupir-t-elle tout bas alors qu'elle baisse la tête, le temps de retrouver un peu confiance en elle. À vrai dire la Chinoise est quelque peu embarrassée, débarquer dans un tel état chez Munhee qu'elle n'a jamais vu plier. Même quand le sort s'est abattu sur les épaules de cette femme de feu, elle a gardé la tête haute, a trouvé un moyen de se hisser au sommet. Admiration presque aveugle de la cadette pour son aînée, elle voudrait être comme elle, plus forte que le reste du monde. « Oh oui du miel s'il te plaît ! » Elle a l'attitude d'une enfant désormais, l'enfant disparue qui s'émerveillait des choses simples de la vie sans se soucier de la noirceur du monde adulte.

« Promis je la réveille pas ! » Et elle retrouve un peu de son sourire si rare tandis qu'elle se lève pour rejoindre la chambre du bébé. La brune se glisse discrètement dans la pièce faiblement éclairée. Bébé dort à poings fermés, si jolie dans son habit de nuit. Les yeux de la belle s'adoucissent alors qu'elle vient prendre appui sur les barreaux du lit. Elle paraît si sereine, dans son sommeil l'enfant des cieux, protégée de l'horreur par les barreaux de son lit-cage. Yize s'autorise à faire glisser son doigt le long de son petit visage, traçant les reliefs de son nez, de sa bouche jusqu'au menton. « 好脆弱...( hao cui ruo ) si fragile... » Murmuré dans sa langue natale, Yize a le cœur qui se vide de la crasse de son monde maudit alors qu'elle observe le petit être endormi.