OUTFIT

les regards, les sourires. absents.
soyoun te fuit, tu le sais, tu l’as remarqué. le maknae venait de rentrer il y a quelques semaines et alors que tu te faisais une joie de pouvoir profiter de chaque minute, chaque heure, chaque jour avec lui, ton amant t’évitait sans que tu n’y voies aucune raison. tu avais bien essayé de lui parler, mais malheureusement vous n’aviez jamais eu l’occasion de vous retrouver seuls, pas que tu n’avais jamais essayé que ça se fasse, mais surtout parce qu’il faisait en sorte que ça n’arrive pas. dans l’appartement, en voiture, tu cherchais ses prunelles, en vain. il t’ignorait presque, mais tu savais qu’il ne pouvait pas ne pas avoir remarqué ton insistance. et ça commençait à t’agacer légèrement, plus le temps passait et plus tu y pensais sans cesse.

est-ce que tu devais te reprocher quelque chose ?
est-ce que c’était un mot que tu avais dit, une remarque tu avais faite ?
peut-être que sans t’en rendre compte tu l’avais blessé d’une manière ou d’une autre. et tu repassais dans ta tête tes paroles, tes actes. mais rien. pourquoi est-ce que tu n’arrivais pas à trouver ce qui mettait soyoun dans cet état ? pendant un temps tu t’étais dit que c’était peut-être les gars, et pas toi, que soyoun voulait éviter. mais l’évidence te rattrapa rapidement en remarquant qu’il semblait n’avoir aucun problème avec le reste du groupe.

et ça t’était venu ce matin, en arrivant sur le plateau. un membre de l’équipe de tournage t’avait posé une question sur ta supposée relation avec la mannequin yi salem, et c’était tout d’un coup devenu plus clair. est-ce que c’était par rapport à ça ? tu en doutais un petit peu. tu n’avais jamais pensé à salem dans une optique autre que celle de l’amitié, elle était même au courant de la relation que le maknae et toi entreteniez. soyoun savait très bien qu’il n’y avait rien entre vous, pas vrai ? alors pourquoi est-ce qu’il serait énervé ? tu ne pouvais pas nier le fait qu’en ce moment, depuis votre apparition tous les deux à une soirée d’inauguration, les articles sur votre supposée relation amoureuse secrète étaient de plus en plus nombreux et sur tous les réseaux. des rumeurs circulaient déjà avant votre dernière apparition, mais depuis quelques jours elles étaient partout et plus nombreuses. est-ce que c’était pour ça ? tu te sentais idiot de ne pas y avoir pensé plus tôt. les autres membres du groupe te taquinaient parfois, mais l’idée de couple avec la jeune fille te paraissait tellement impossible que tu n’avais pas pris en considération l’avis et les sentiments de celui qui détenait réellement ton cœur.

le tournage de l’émission venait de se terminer. votre manager vous avait laissé la possibilité de prendre une pause et tout le monde s’était fait une joie de pouvoir sortir prendre l’air. tout le groupe semblait être du même avis avant que soyoun ne décide finalement de rester un moment dans la loge, prétextant une excuse que tu savais fausse. tu le regardas simplement s’éloigner, avant d’à ton tour prétexter une excuse pour faire demi-tour et retourner dans le bâtiment. tu pressas le pas jusqu’à la loge et tu toquas deux fois avant d’entrer. « soyoun ? » tu voulais lui parler, mais surtout qu’il te parle. qu’il te dise ce qui le dérangeait, qu’il t’explique pourquoi il t’évitait. tu passes la porte en refermant derrière toi. tu ne lui laisserais pas la possibilité de s’en aller cette fois. tu t'approches, hésitant encore sur la façon de procéder. « finalement je me suis dit que j'allais rester ici moi aussi. les autres sont partis. » tu commences normalement. arrivé à son niveau, tu voudrais au moins déposer tes lèvres sur la joue du maknae, mais tu restes prudent. tu voulais d'abord briser la glace. « tu m'évites, pas vrai ? » tu demandes sans passer par quatre chemins. tu connais déjà la réponse, mais tu poses la question quand même.  

OUTFIT

le soir où soyoun était rentré après deux ans de service militaire, tu avais eu l’impression que ton monde se remettait à tourner, qu’il était la pièce manquante du rêve que tu vivais déjà depuis que le groupe avait débuté. tu étais heureux avec le reste du groupe, mais sans lui c’était différent. tout était un peu moins bien, tout était un peu moins complet, parfois même trop vide. il te manquait chaque jour, et les semaines, et les années. il te manquait dans chacune de vos activités, de vos lives, de vos émissions. son regard, son sourire, son toucher, sa voix. tu les imaginais parfois, souvent, tout le temps. comment est-ce que soyoun aurait réagis s’il avait été là ?

et il était revenu.
et ton monde recommençait à tourner.
la joie, le bonheur.

il était à nouveau à tes côtés. et c’est peut-être ce trop-plein d’émotions qui t’avait fait oublier une évidence qui se dévoilait de plus en plus depuis son retour. vous aviez vécu séparés l’un de l’autre pendant deux longues années, et tous les deux vous aviez grandis à votre manière.

deux longues années où tu avais vécu des épreuves ; sans lui.
deux longues années où il avait vécu des épreuves ; sans toi.

l’amour que vous partagiez n’avait pas disparu, il t’avait même semblé plus fort encore, contre sa peau, contre ses lèvres ; vous l’aviez vécu à nouveau le premier soir où vous vous étiez abandonnés au plaisir de retrouver le corps de l’autre. mais quand l’effervescence s’estompait, il y avait le retour à la réalité. vous vous étiez aimé il y a deux ans, mais maintenant ? est-ce que soyoun avait toujours les mêmes sentiments pour toi ? est-ce que toi tu avais changé ? est-ce que tu n’étais plus celui qu’il avait quitté avant de partir faire son service militaire ? celui dont il était tombé amoureux. s’il t’aimait, pourquoi est-ce qu’il t’évitait au juste ? et puis de toute façon, pourquoi est-ce que tu te posais ce genre de question ? le voir te fuir te rendait nerveux en réalité, te faisait perdre la confiance que tu avais en toi. et tu pensais à toutes ces choses, les pires scénarios.  

a ton avis ? aie. tu tiques, touché. tu ne t’attendais de toute façon pas à ce qu’il t’accueille les bras ouverts quand il passait le plus clair de son temps à éviter ton regard. et puis ta question était stupide aussi, mais tu avais tout de même voulu la poser. soyoun n’avait rien à te dire et il avait cette expression agacée que tu n’arrivais pas à prendre aisément. les mots durs, les paroles froides. tu ravales néanmoins ta fierté, t’adossant au mur. « je m’y attendais, mais ça fait mal quand même haha. » tu dis, n’empêchant pas un rire nerveux de franchir tes lèvres. « soyoun… » tu tentes encore une fois après avoir laissé un court silence s’installer. il regarde son téléphone, désinvolte. « je peux au moins savoir pourquoi ? » tes yeux ne quittent pas le maknae. « j’ai dit un truc qu’il fallait pas ? » tu essaies d’abord. « ou alors c’est quelque chose que j’ai fait ? » est-ce que c’était cette histoire avec salem ?

« tu m’en veux au point de ne pas vouloir croiser mon regard ? » tu reproches presque, ton mauvais caractère refaisant un peu surface. c’est vrai quoi, t’étais pas devin. s’il y avait quelque chose à dire, pourquoi est-ce qu’il ne le disait pas pour que vous puissiez le régler ? retrouvant ton courage infernal, tu t’approches jusqu’à t’installer à côté du plus jeune dans le canapé. « je te laisserai pas m’éviter plus longtemps. » tu décides à haute voix, prunelles sur ce visage que tu aimes tant.

« parle-moi, soyoun. »
parle-moi pour que je comprenne. parle-moi pour que je sache.
dis-moi ce qui ne va pas soyoun.    

OUTFIT

soyoun se braque, il évite ton regard. il n’avait pas envie de te voir ici et ne manquait pas de te le faire ressentir. et pourtant tu refuses de partir, tu refuses que le conflit dure plus longtemps. c’était l’occasion rêvée pour vous expliquer. les autres n’étaient pas là, le manager non plus. vous pouviez parler honnêtement, et tu ne le laisserais pas s’enfuir encore une fois. tu lui demandes ce qui le met dans cet état. en réalité tu avais une idée des raisons, mais tu voulais que ça vienne de lui, et ça ne lui plaisait pas. le maknae répond sur la défensive, ses mots durs et son ton glacial. il se relève du canapé où tu l’avais rejoint. cette fois il n’évite plus la confrontation, te regarde droit dans les yeux. il t’accuse de lui mentir, tu fronces les sourcils dans l’incompréhension. à quel moment est-ce que tu lui avais menti ? c’était quoi cette histoire ? « je ne t’ai jamais menti soyoun. qu’est-ce que tu racontes ? » tu essayes, mais il n’écoute pas. il s’éloigne encore, s’énerve davantage. chacune de ses paroles t’atteint durement. le voir dans cet état te déstabilise, tu voudrais répondre encore. lui dire de se calmer, qu’il racontait n’importe quoi, que c’était sans doute un malentendu. mais avant même que tu n’aies le temps de le faire, soyoun balance un journal à tes pieds.  la violence te surprend et t’agace, mais tu ne dis rien tout de suite, tu ramasses le journal pour y voir la première de couverture. salem et toi. c’était donc bien ça. le maknae était dans cet état à cause de rumeurs débiles sur un soi-disant couple totalement faux. il s’énervait contre toi, t’ignorait depuis plusieurs jours, à cause de stupides photos et stupides rumeurs. sérieusement ? la tension monte.

soyoun ne s’arrête pas, visiblement décidé à se déchainer sur toi. « tu les crois ? tu préfères croire un bout de papier plutôt que moi ? » tu lui craches, les paroles s’emmêlent, personne ne s’écoute vraiment. « depuis quand est-ce que ma parole n’a plus d’importance pour toi, hein ? » toi, aimer quelqu’un d’autre ? toi, lui mentir ? lui dire que tu l’aimes, lui faire l’amour, et à côté de tout ça aimer quelqu’un d’autre ? une femme en plus ? est-ce que c’était vraiment l’image qu’il avait de toi ? tu voulais t’énerver parce que ton caractère n’était pas forcément le meilleur dans ces moments-là, mais soyoun ne termine pas sa phrase et son expression fait redescendre ta pression d’un coup.
il allait craquer.
il était sans doute à deux doigts de craquer. les perles qui menacent de couler le long de ses joues. il se retourne d’un coup et tu ne dis plus rien. tu tentes de te calmer, tu inspires en passant ta main dans tes cheveux. tu n’aimais pas le voir comme ça, tu détestais le voir comme ça. surtout lorsque tu étais la cause de son état. tu te frappes intérieurement alors que le maknae renifle, essuies ses larmes. tu voudrais le prendre dans tes bras, t’excuser, mais lorsque tu fais un pas vers lui, il recule. il se retourne à nouveau et tu l’écoutes sincèrement, accroché à chacun de ses mots et pendu à ses lèvres.
« je me préoccupe de toi soyoun. » tu lui réponds pour contredire ce qu’il semblait visiblement penser. « pas de soucis si j’aime quelqu’un d’autre… ? c’est vraiment ce que tu penses ? » tu t’avances vers lui ; s’il recule, alors tu ferais un pas de plus.
toujours. à chaque fois. parce que tu n’avais aucune intention de le laisser s’éloigner de toi.

« tu sais que ce n’est pas vrai. il n’y a que toi, il n’y a jamais eu que toi. ce que raconte les journaux n’a aucune importance, on s’en fout. » tu continues en lui chuchotant presque. peut-être que c’était trop simple dit comme ça, mais tu lui confiais tes sentiments comme on confie un secret. « soyoun. » tu prends le visage du maknae dans tes mains. « je t’aime. je t’aime tellement. avant ton départ il y a deux ans, et encore aujourd’hui. » prunelles miroirs, tu cherches ses yeux pour t’y plonger.  

tu recules un peu et sors ton téléphone de la poche arrière de ton téléphone. tu pianotes un instant après l’avoir déverrouillé, puis recroises le regard de soyoun.

« allume la tienne. » tu lui demandes en faisant référence à cette fameuse fonctionnalité qu’en temps normal tu détestais utiliser. tu tournes ton écran vers le plus jeune pour qu’il puisse voir ce dont tu parlais. la love alarm. on.

mais cette fois tu voulais l’entendre sonner, autant de fois qu’il serait nécessaire pour appuyer ta déclaration. tu pensais intimement que le monde n’avait pas besoin d’une technologie pour appréhender les sentiments qu’on éprouvait les uns pour les autres. l’amour était plus subtile que ça, et surtout plus compliqué qu’une sonnerie qui retentit.
mais parfois, c’était plus simple.
parfois il suffisait d’une mélodie.


▬ Love Alarm : ON

OUTFIT

les mots sont durs, pleins de reproches. soyoun avait gardé tout ça pour lui pendant longtemps, il avait ruminé, tu le savais, tu le comprenais maintenant. toutes ces fois où il avait évité ton regard, évité de te croiser dans l’appart ou de se retrouver seul avec toi dans les loges. il n’avait pas arrêté de penser à toi, et c’était visiblement ça son problème. il ne t’ignorait pas en réalité, au contraire, tu étais tellement dans ses pensées qu’il cherchait à te fuir.

ce qui te paraissait anodin et sans intérêt prenaient un tout autre sens pour le maknae. il n’avait pas été là pendant deux ans, et beaucoup de choses s’étaient passées. les médias peignaient une image de toi et de ta vie privée fausse, et à laquelle tu n’avais jamais vraiment prêté attention avant. et puis soyoun était revenu. tu l’aimais, tu n’en doutais pas le moins du monde, mais votre secret était devenu compliqué à gérer avec son retour. sa réaction était normale, tu aurais sans doute fait pire si les rôles avaient été inversés. et pourtant tu ne peux pas t’empêcher de lui en vouloir aussi. il y avait cette incompréhension entre vous deux que le temps avait bâti contre votre volonté. tu ne comprenais pas comment il pouvait douter de toi, douter de vous, après tout ce que vous aviez déjà traversé. est-ce que c’était ce qu’il pensait vraiment de toi ? et tu le vois craquer, les perles naissantes puis dévalant ses joues porcelaines. tu veux le rassurer, reconstruire ce que vous aviez et débâtir les murs qui s’étaient créés avec le temps et l’absence.

tu l’aimes. tu l’aimes tellement, et tu ne le dirais jamais assez. mais tu serais prêt à lui répéter le nombre de fois qu’il faudrait pour qu’il l’entende. il n’y avait que lui, bonheur ou malédiction d’un amour interdit et contraint par tant de règlements. déclaration, tes pouces essuyant les larmes du plus petit. soyoun semblait rétissant au début, mais il abandonne finalement accroché à tes mots, et les sanglots reprennent de plus belle. tu prends alors une nouvelle initiative, sors ton téléphone et lui demande de faire de même. tu actives ta love alarm constamment éteinte d’habitude et lui dit de faire de même.

et elles sonnent. elles sonnent et c’est magique. rien n’échappait à vice, pas même le plus grand de vos secrets ; l’amour que vous aviez l’un pour l’autre. « soyoun… » tu cherches tes mots. pourquoi est-ce que tu ne fais pas taire ces rumeurs ? tu soupires doucement. « je sais, je sais… » tu lui dis lorsqu’il avoue ne pas aimer te voir avec salem, ne pas aimer entendre toutes ces rumeurs sur elle et toi. ses derniers mots te font mal et tout à coup tu te sens terriblement coupable. « je suis désolé… » tu murmures en le prenant dans tes bras, réduisant la distance déjà mince entre vous. tu resserres ton étreinte sur ton amant et tes doigts viennent se perdre dans ses cheveux. « je pensais pas que… que ce serait aussi important pour toi. j’aurais dû m’en rendre compte. » tu confesses sincèrement. tu n’avais pas pensé à cette situation et c’était sans doute de ta faute. il était amoureux de toi et toute la société faisait en sorte qu’il soit jaloux. tu comprenais sa réaction, comment tu étais censé lui en vouloir plus de deux secondes ? « mais soyoun, tu sais comment ça fonctionne… l’agence aime bien ce genre de truc. je peux pas juste tout envoyer valser. » triste vérité, c’est le monde dans lequel vous vivez désormais. ce genre de buzz et de rumeurs alimentaient les réseaux et l’agence ne se gênait pas pour surfer dessus. que ce soit vrai ou faux n’était qu’un détail, tant qu’il y avait des clics, des vues et des achats derrières. et puis de toute façon, tu avais signé un contrat et il n’était pas question d’avoir une relation amoureuse officielle. « je pensais que tant que toi et moi on connaissait la vérité, alors ce serait pas si important. » mais visiblement tu avais eu tort. « je ne suis rien qu’à toi. » tu desserres ton étreinte pour refaire face au maknae.

mais il y avait quelque chose derrière tout ça. tu avais déjà eu l’occasion de voir chacun des membres de ton groupe dans une mauvaise passe, triste voire en pleurs, mais cette fois avec soyoun c’était différent. tu sentais qu’il y avait quelque chose d’autre. « depuis quand est-ce que t’en doutes ? » question sérieuse, tu le regardes dans les yeux tandis que tu lui laisses le temps de se calmer. tu n’avais jamais eu l’occasion d’en parler depuis son retour, mais maintenant c’était inévitable. « qu’est-ce qui s’est passé là-bas ? » tu lui murmures. « ne prend pas tout ça sur toi. je suis là, on est ensemble maintenant. »      

OUTFIT

soyoun et son contact angélique. comme deux âmes qui se retrouvent à chaque fois qu’elles se croisent et ne font qu’un par un simple contact. même loin des yeux, elles ne sont jamais l’une sans l’autre. et quand bien même le temps, la distance, lorsqu’elles se croisent, elles s’enlacent et plus rien ne compte.

tu t’excuses sincèrement. tu voudrais que tout soit plus simple, que l’évidence de vos sentiments puisse juste vivre au grand jour. tu voudrais pouvoir lui éviter tout ça, ne plus jamais le faire pleurer pour ce genre de raisons, mais tu n’y pouvais rien. c’était plus puissant que toi, plus grand que toi. c’était l’agence, la société, c’était le monde.
mais votre amour y survivrait. tu le savais. parce que c’était trop fort pour n’être que passager. parce que tu l’aimais comme tu n’avais jamais aimé personne d’autre, et que tu n’imaginais pas vivre un jour sans cet amour. tu n’es rien qu’à lui. tu voudrais que tes mots le réconfortent, qu’il y croit comme toi tu y croyais.

soyoun s’éloigne un peu pour te répondre, et tes yeux ne quittent pas ceux du maknae. tu sais qu’il ne te ment pas, mais tu sais aussi qu’il y a quelque chose derrière tout ça. tu pouvais sentir depuis son retour que soyoun avait changé. c’était peut-être subtile pour les autres et une évidence d’un retour du service militaire, mais toi tu sentais quelque chose. il avait grandi, certes, mais il avait vécu quelque chose d’important. et tu voulais qu’il t’en parle. et lorsqu’il passe aux aveux, chacun de ses mots vient blesser ton cœur.

« pas pour moi soyoun. » tu commences doucement. « pour moi il n’y a personne qui soit meilleur que toi. » tes doigts passant encore dans ses cheveux tendrement. et tu sais qu’il peut lire dans tes yeux que tu ne laisserais pas tomber, qu’il aurait beau dire ce qu’il voulait, tu serais là et tu encaisserais pour lui. tu voulais savoir. tu voulais qu’il te raconte.

alors tu le suis sur le sofa de la loge. il prend ta main et tu exerces une petite pression dans la sienne, qu’il ressente que tu étais avec lui. tu n’allais pas le presser, tu voulais qu’il prenne le temps qu’il lui fallait pour trouver ses mots et reconstruire son récit. et quand soyoun commence son histoire, il ne te regarde pas. toi, tu ne le quittes pas des yeux. il parle et tes pensées tentent d’imager ses mots. et tu détestes tout ce qui t’apparaît. tu voulais hurler, retourner en arrière, avoir été présent. tu savais que ce genre de chose arrivaient parfois, bien trop souvent sans doute, lors des services militaires. tu avais déjà vu des commentaires ou entendu parler de certaines expériences, mais les imaginer arriver à la prunelle de tes yeux était insupportable. tu voudrais tous les retrouver et leur faire payer d’avoir eu le cran d’oser toucher à celui qui t’était tellement chère.

et soyoun pleure à nouveau, et ton cœur se brise encore.
tu le laisses enfouir son visage contre ton cou et ta main vient instinctivement se perdre dans ses cheveux pour ensuite caresser doucement. prenant sur toi pour ne pas exploser, pour ne pas t’énerver. il allait mal, il l’avait mal vécu et le vivait encore difficilement, alors tu ne voulais rien brusquer.
prends sur toi jihan.

« je suis là bébé. » tu dis en te tournant légèrement pour pouvoir le prendre dans tes bras. « ce sont des connards qui profitent du service militaire pour s’inventer une nouvelle personnalité. ils s’en prennent aux plus jeunes pour ne pas penser à leur complexe d’infériorité dans leur vie de tous les jours. » et tu penses chacun de tes mots avec haine, voulant pouvoir tous les retrouver et leur faire regretter. « mais toi t’es tellement plus que ça soyoun. » tu souffles contre son oreille. « tu toi donnes de l’espoir aux gens, à travers la musique, tes paroles, ta voix. tu leur apportes tellement… tu m’apportes tellement… »  

tu recules un peu, mais tu ne le lâches pas pour autant. une question brûle tes lèvres. tu voulais être sûr. tu n’avais pas envie de le rendre plus triste encore en te donnant plus de détails, mais tu ne pouvais pas ne pas poser la question. « est-ce qu’ils t’ont touché ? » presque comme un murmure, puis tu précises ta question rapidement. « je veux dire est-ce qu’ils ont été violents physiquement… ? » dans tous les sens du terme, mais cette fois tu n’osais pas le préciser parce que tu ne voulais pas imaginer ça possible.

« je sais que ça doit être difficile d’en parler, mais tu peux tout me dire. » tu l’embrasses affectueusement sur son front, ne rompant jamais le contact entre vous.      

OUTFIT

tes mots attendrissants, tu veux qu’il se sente spécial, qu’il sache qu’il est spécial. pas seulement pour toi parce que tu pouvais ne pas être objectif, tu l’aimais tellement après-tout, mais pour tous les autres. le groupe, les fans. soyoun était tellement plus que ce que ces coéquipiers du service militaire lui avaient fait croire qu’il était. tellement plus. « oui, bien sûr que c’est vrai ! » tu lui réponds pour le rassurer encore, resserres ton étreinte. sourire qui dessine tes lèvres qui se posent sur son front. tu n’avais pas besoin de remerciements, tout ce que tu disais était normal et sincère. s’il avait besoin que tu lui répètes alors tu le ferais jusqu’à ce qu’il soit rassuré, jusqu’à ce qu’il ne pleure plus jamais en repensant à tout ça.

et une question qui brule tes lèvres, toutes les interrogations qui fusent dans ta tête. tu voudrais plus de détails, mais tu sais que chacun d’entre eux ne ferait qu’augmenter ta colère. et pourtant tu demandes quand même. est-ce qu’ils avaient été violent physiquement ? est-ce qu’ils l’avaient touché ? tu poses la question prudemment, tu ne veux pas le brusquer ou faire ressurgir de mauvais souvenirs. mais tu as besoin de savoir. et cette fois c’est toi que ses mots rassurent, tu respires à nouveau. ils prononcent les mots que tu ne voulais pas dire, mais t’assure que ça n’est pas arrivé. et tu ne sais pas comment tu aurais réagi si ça avait été le cas. tu ne pensais pas être capable de leur pardonner ni même de passer à autre chose. tu te voyais déjà tenter de les retrouver pour leur faire payer les souffrances infligées à l’amour de ta vie, et tu ne savais pas dans quoi tu t’embarquerais. tu ne lui réponds rien, te contentant du contact de tes lèvres sur son front et de ta main dans ses cheveux. tu recules encore un peu lorsqu’il ajoute d’autres informations. « comment ça ce n’était rien ? si on t’a frappé alors c’est quelque chose, babe. » les surnoms que tu ne restreins plus, seul à seul il n’y avait personne à qui cacher votre relation.

tu fronces les sourcils lorsqu’il se relève et le suit du regard jusqu’à la porte. tu l’entends tourner la serrure et s’assurer qu’elle est fermée avant de revenir vers toi. il s’arrête cependant en plein milieu de la pièce et tout va ensuite très lentement. tu l’observes remonter sa chemise, et tes prunelles se posent sur son torse porcelaine où cette fois tu remarques tout de suite une cicatrice sur son abdomen. c’est quoi ça ? tu te lèves doucement, les sourcils toujours froncés.
pourquoi tu n’y avais pas fait attention la nuit de vos retrouvailles ? sans doute que tellement de sentiments se bousculaient dans ta tête que tu n’avais pas pu observer tous les détails de ce corps qui t’avait tant manqué.
et tu t’en voulais d’avoir loupé ça.
pourquoi est-ce que tu merdais autant en ce moment ?

tu t’approches, captiver par les mots du maknae et les orbes fixes sur le souvenir douloureux. puis tu relèves ton attention vers lui. lui coûter la vie ? ton cœur se serre et ta poitrine te brûle. et même si soyoun tente de te rassurer ensuite, le mal est déjà fait et tu ne peux t’empêcher de ne pas te sentir bien. tes doigts hésitent un instant avant de se poser délicatement sur la peau laiteuse où ils caressent jusqu’à la cicatrice qu’ils n’osent pas toucher. « je suis tellement désolé… » tu chuchotes d’une voix presque tremblante. « tellement désolé, soyoun… » tu pinces tes lèvres, tentant de trouver tes mots. « j’aurais dû être là… »

et il a dû se sentir tellement seul là-bas pendant deux ans.
toutes les épreuves qu’il a dû traverser, le harcèlement, la violence,
et peut-être même que tu n’aurais pu jamais le revoir.
et tu n’étais pas là.
celui que tu disais aimer de tout ton être avait vécu tant de choses difficiles,
et tu n’avais pas été là.

et s’il n’était pas revenu ? si la blessure avait été sévère et qu’il n’avait pas survécu ? sa voix, son regard, son toucher. soyoun, ton amour, ton teammate. tu n’osais pas imaginer une vie sans lui.
et tout te paraissait sans importance à cet instant.
les fans, l’agence, les autres et leurs jugements.
si tu avais perdu soyoun, alors tu aurais tout perdu.

tu mords ta lèvre inférieure, presque frénétiquement pour empêcher les larmes invisibles de dévaler tes joues. parce que tu voulais encaisser, tu voulais être fort pour lui. prendre sur toi pour ne plus qu’il ait à devoir supporter tout ça tout seul. et tes doigts courageux cette fois passent sur la cicatrice avant d’être remplacés par tes pulpeuses légèrement humides. tu embrasses le torse chéri, adoré, alors que tu te mets doucement à genou devant l’amour. et tu parsèmes la cicatrice de baisers comme s’ils avaient le pouvoir magique d’y faire disparaître la peine. « je t’aime tellement. » paupières closes, mots susurrés contre la peau chaude. « si tu n’avais plus été là… » tu ne finiras pas ta phrase, tu aimerais ne jamais avoir à la finir. « je ne veux pas que tu me quittes soyoun… »  

jamais
jamais
jamais
jamais.

et le reste du monde pouvait bien essayer.

et tu ne savais pas si tu avais le droit de prononcer ces mots, mais la vision d’horreur d’un futur sans lui à tes côtés te rendait vulnérable. s’il s’était vidé de son sang ce jour-là… et tu remerciais de tout ton cœur ceux qui avait été là pour le secourir, parce qu’ils avaient sauvé l’amour de ta vie.
et qu’au passage ils t’avaient sauvé aussi.  
   

OUTFIT

les regrets qui t’embrasent et la raison qui s’estompe. tu savais bien que tu n’avais pas à t’excuser, à vouloir prendre tout ça sur toi, et pourtant c’était plus fort que toutes les pensées saines qui pouvaient te passer par la tête. l’idée que celui que tu aimes aient pu souffrir sans que tu n’aies pu rien y faire t’est insupportable. injustice, méchanceté gratuite, tu détestais imaginer soyoun dans ce genre de situation.
si seulement tu avais pu lui apporter ton aide, ou simplement été là pour le soutenir.
tu t’en voulais.
tu t’en voulais alors que tu n’avais pas à t’en vouloir.

les imaginaires sans soyoun sont insoutenables. s’il t’avait quitté, s’il t’avait quitté alors que tu n’étais pas à ses côtés. tout ça t’angoisse, tout ça t’effraie. « c’est pas de ta faute soyoun ! » et ce n’était pas de la tienne non plus. « t’es coupable de rien… » tu ajoutes plus fermement, tu voulais qu’il le croie vraiment, qu’il le comprenne. et à genoux devant l’amour tu embrasses la cicatrice comme à la recherche d’une connexion.

et les mots magiques n’ont jamais été aussi sincères, aussi vrais. vous vous aimiez tellement, vous vous aimiez envers et contre tout. et le monde entier pouvait bien tout tenter, ces sentiments étaient infinis, les liens incassables. jalousie, quiproquos, médisance. tous les défis qui vous faisaient face et qui vous feront fasse dans l’avenir n’étaient que des passages compliqués sur votre chemin céleste. vous étiez plus que ça, tellement plus que ça.  
soyoun se baisse à son tour, à ton niveau, yeux dans les yeux. et chacun de ses mots est merveilleux, déclaration d’amour. sourire communicatif, les lèvres miroir de leurs âmes sœurs.  
et tu avais besoin de ça,
de les entendre, toutes ces paroles.

et tu viens resserrer l’étreinte, les bras dans le dos du maknae. le sentir proche de toi, avec toi, et nulle part ailleurs. et ces moments-là t’avaient tellement manqué, et ils te manquaient toujours comme si tu ne pouvais jamais t’en passer. tu laisses soyoun embrasser ta joue, et tu profites de cette chaleur de vos deux corps l’un contre l’autre.
et ça te calme.
doucement, tendrement, sûrement.
tu te reprends petit à petit.

les minutes passent comme ça, belles, agréables. puis soyoun se relève et tu le suis instinctivement. il avait raison, vous étiez censé profiter de votre de moment libre et les autres se demanderaient sans doute où vous étiez. tu n’avais pas regardé ton téléphone depuis que tu étais revenu pour voir le maknae, mais tu pouvais déjà imaginer les messages des deux autres se demandant où est-ce que vous étiez passés.
tu le savais tout ça.
tu savais qu’il ne fallait pas rester enfermé ici, que ce n’était sans doute pas une bonne idée.

mais est-ce que n’en avoir rien à faire faisait de toi quelqu’un de mauvais ?

« tu veux rejoindre les autres ? » tu demandes avec ce ton dans ta voix. celui qui attend une réponse spécifique à sa question. « je veux rester ici encore un peu avec toi. » tu avoues volontiers venant poser ta main sur la joue adorée. et tu déposes ensuite un baiser chaste sur les lèvres rosés. « j’ai envie de profiter de chaque minute qu’on peut avoir rien que tous les deux. » tu souffles contre son oreille avant de les embrasser elles aussi. et tu cherches son regard, son attention même si tu sais que l’a pleinement. et tes pulpeuses viennent encore cueillir les siennes, « je suis tellement heureux que tu sois rentré. » orbes les unes dans les autres.
et tu savais qu’il pouvait aisément lire le désir dans tes yeux et l’envie de le monopoliser encore, juste un peu ou tellement plus. « restons ici jusqu’à ce qu’ils reviennent… » tu murmures, une main venant se nicher sur la hanche du plus jeune pour le rapprocher encore de toi. tu t’attaques ensuite à son cou où tu viens mordiller doucement la peau sensible. « soyoun, tu – »

quelqu’un frappe à la porte, t’arrachant à ta rêverie romantique. attention détournée sur celle-ci, encore fermée à clé. " soyoun ? jihan ? " et la poigné s’abaisse, en vain. " pourquoi la porte est fermée ? " le manager demande derrière. regard lancé à ton amant, tu réponds rapidement, relâchant l’étreinte et passant tes mains sur ton visage.
avoir l’air normal, pas comme s’il venait de gâcher un moment important.
« oui on est là ! » tu ouvres la porte. « on voulait se reposer alors on avait fermé la porte à clé. » tu expliques calmement.

mensonge,
parce que c’était pour l’instant ce à quoi votre couple était destiné.