|	lean on me ; @cassidy shea

☽ Il n’avait rien prévu pour l’après-midi et aussitôt rentré de son rendez-vous, yeon woo s’est déconnecté. Il n’avait pas envie de grand-chose aujourd’hui et n’a pris la peine de se changer que pour s’enterrer sous un plaid. Le soleil lui sourit à travers la baie vitrée pourtant, mais il n’a pas daigné lui accorder un regard. Il est bien trop tenté par une sieste pour penser à autre chose, son téléphone délaissé quelque part dans l’appartement. Il n’a même pas le cœur à consulter ses messages manqués ni les réactions sur son dernier post instagram, pas le cœur à interagir avec le monde. C’est une de ces journées où il voudrait se vider l’esprit, mais ainsi allongé sans même la compagnie de son portable, il ne peut que laisser ses pensées le tourmenter d’une façon ou d’une autre. Il repense au déjeuner avec son agent, aux offres refusées et celles mises de côté, aux longues journées qui l’attendent. Il est à peine quinze heures lorsqu’il trouve le sommeil et son corps devait lui en vouloir pour toutes les heures manquées, car il ne se réveille qu’au bruit de la porte. Mélodie entêtante qui l’avertit d’une visite, mais la confusion est visible sur ses traits lorsqu’il sort de son plaid - non sans virer l’un de ses chats au passage, par mégarde. Il est dix-sept heures quand son regard croise l’horloge et bon sang, il était bien parti pour ruiner sa nuit. Soupir. Alors que derrière la porte, quelqu’un sonne à nouveau, Yeon Woo prend le temps de réajuster son hoodie et se recoiffer pour avoir l’air présentable. Il est si confus qu’il en oublie de vérifier qui sonne à sa porte avant d’ouvrir, mais on a peut-être essayé de l’appeler.. Il espère que ce n’est pas important au vu de son état, l’homme tout sauf réveillé jusqu’à ce qu’il tombe sur un visage très familier. « Shea? » La voix râpeuse lui rappelle qu’il dormait encore cinq minutes plus tôt, et l’embarras teinte ses joues à l’idée que son ami l’ait deviné aussi. « What brings you here? Not that I’m complaining though. » Il rit avant de lui prendre la main et de le tirer à l’intérieur, refermant la porte. Puis il se frotte les yeux, sourire aux lèvres et se dirige vers la cuisine pour lancer sa machine à café. « Coffee? Or anything? » Lui a besoin de se donner un coup de boost pour se concentrer sur son ami, qui d’ailleurs n’a pas l’air au plus haut de sa forme. « You okay? » Il tente, inquiet tandis que son attention est tournée vers ses placards.

|	lean on me ; @lim yeon woo

☽ « It’s okay. » Murmure. Il se le répète. Encore. Encore. Et encore. Ça va aller. Ça va aller. Vraiment. Et pourtant le corps qui tremble. S’agite. Et la notification sur le grand écran de son salon qui lui rappelle que non. Peut-être que non. Peut-être que … La respiration qui s’agite, l’écran qui lui bouffe la rétine, asphyxie sa vue, la brouille. Notifications violentes qui s’enchainent. Demandant des réponses. Demandant, exigeant. Non. Garçon agité. Les fenêtres qu’il ferme avec hâte, hystérie. L’écran qu’il éteint, l’ordinateur renversé et le téléphone jeté dans la pièce. Non. Cassiopeia. Non. Cassiopeia. Cassiopeia !! Vanité doucereuse, et les réclamations qui s’enchainent. L’enchainent. L’impression de voir encore leurs mots, maux, de les entendre. Non. Et pourtant l’ordre immuable. Leurs regards qui ne l’ont jamais quitté, et l’humiliation qui glisse dans ses veines. Qu’il ne se cache plus. Identité qu’on veut voir révélée dans les ombres. Non. L’air qui manque et les pleurs qu’il retient. Le regard sur le crucifix et la honte de ce qu’il est. Pardon. Oh pardon. Les poings qui se serrent, soleil qui le nargue dehors et son propre cocon qui devient comme scandaleux. Il n’ose pas Shea. Rallumer les écrans, se reconnecter et la coupure pèse. Sonne. Résonne. Geignement affable retenu. Il ne peut que contempler ses propres péchés. Transgression de sa foi contre une lumière, contre l’acceptation, contre l’envie dans les orbes des autres. Stupide. Stupide. Et le téléphone qui vibre. Encore. Et encore. Pression sans fin. Il lui faut pas moins de dix minutes pour se lever. Dix de plus pour oser récupérer l’objet de ses angoisses. Messagerie sombre. Dark vice. Vicieux messages. Et son nom qui se répète. Encore. Encore. Encore. Jusqu’à ce qu’il apparaisse en ligne. Hangeul tremblants. Et sa réponse fatale. Acceptation sans choix, réalité qui lui échappe, encore et encore. Et cette envie de fuir qui pèse ses os, lourdeur de ses écarts qui rend son corps lourd, maladroit. Téléphone laissé sur le canapé, il peine à s’échapper de son propre confort devenu étau. Le manteau qu’il prend à la dernière minute, la porte qui claque, se verrouille et lorsqu’il est enfin dehors, les escaliers dévalés, la respiration est hachée. Lourde. Les pas qui le guident d’abord à la plage, le regard vers l’horizon. Et la réalisation qu’il n’y arrivera pas seul. Mais le secret bien gardé. Trop. Les horreurs qu’on cache derrière de jolis sourires. Mais ça n’ira pas. Non. Non. Non. Et ses doigts qui hésitent, avant de sonner chez Yeon Woo. Quand est-il arrivé là ? Il ne sait pas. Plus. Une fois. Deux fois. Angoisse montante. Qu’on l’aide. Son prénom prononcé, le regard qui peine à rester posé sur les traits rassurants de son ami, il se laisse entrainer dans l’appartement. Les lippes closes pourtant. La crainte de laisser échapper les sanglots longtemps retenus. Le regard qui ne quitte pas le dos du modèle qui s’active dans sa cuisine, les questions qui se poursuivent tandis qu’il baisse un peu plus les yeux. Sans artifice, le masque noir couvre une partie de son visage. Pourtant les cheveux oranges brillants, comme un rappel de ce qu’il est. Un soleil noir. Les rayons faux et outrageants. Il y a quelque chose de satisfaisant à regarder Yeon Woo s’agiter, de relaxant, mais lorsque la question résonne. S’il va bien, la respiration se bloque et le sourire se fige sous le masque. Et dans l’éclat de ses yeux une étoile meurt. « I … » Non. Honte sinueuse, dévorante. Ne dis-rien. « Yeah … Just …» Juste quoi ? Fatigué ? Non. Lassé ? Non. Perdu. Perdu. « It’s okay … »