aujourd'hui est une merveilleuse journée printanière et sanha a invité son petit ami à passer la journée chez lui. cependant, il n'avait pas prévu passer la nuit à peinturer, trop perdu dans son inspiration. il avait disposé des bâches sur le sol, comme à son habitude pour ne pas salir le plancher et s'était changé pour enfiler des vêtements qu'il pourrait sans problème salir. il avait fait une grande toile de woogyeom avec ses yeux pétillants et son sourire étincelant. car il ne faut pas oublier que ce dernier reste sa muse malgré leur relation amoureuse. ce n'est pas parce qu'il peut maintenant l'avoir pour lui seul à tous les jours qu'il en perd son obsession artistique à son endroit. il s'était donc endormi sur le sol de son appartement, la peinture tachant ses habits, sa peau et son visage. c'est un sursaut qui le fait se réveiller, sans comprendre qu'il s'agit de quelqu'un qui toque à la porte. le sommeil consume ses traits et il peine à garder les yeux ouverts. se souvenant soudainement que son aimé venait le rejoindre, l'artiste se lève précipitamment à la deuxième série de coups sur le battant. le plastique de la bâche lui colle à la peau et il doit s'en débarrasser pour pouvoir aller ouvrir au petiot. son visage lui apparaît soudainement et sanha sourit de façon niaise avant de l'enlacer en posant sa tête contre son épaule et fermant les yeux. "mon amouuuuuur." il peine à se redresser, venant frotter son visage pour tenter de se débarrasser des traces de sommeil qui persistent. "pardon, j'ai passé la nuit à peinturer, c'est pour ça que je t'accueille comme ça." petit rire gêné qui lui échappe. "je vais ranger rapidement." et l'aîné entreprend de tout ramasser avec, naturellement, l'aide de son aimé. "je vais rapidement me doucher et après, on mangera un peu, d'accord?" il avait déjà l'air plus réveillé que quelques instants plus tôt. il s'approche du cadet pour déposer un baiser contre son front avant de disparaître se nettoyer. quelques minutes plus tard, il revient à la cuisine, les cheveux encore humides. "que voudrais-tu manger?" sourire qui lui est offert sous les paroles prononcées. sanha entreprend de sortir quelques aliments du frigo ainsi que du garde-manger. "oh, d'ailleurs, tu voudrais pas aller voir sur mon téléphone si je n'ai pas des messages, s'il-te-plaît? pendant que je prépare tout ça." après un petit moment, il se rend compte que woogyeom se tient debout au milieu de la pièce, le téléphone de l'aîné en main, à ne rien faire. "woogyeom? ça va?" il s'approche doucement de lui pour poser sa main sur son épaule, intrigué et inquiet.

Véritable ressort sur pattes, Woogyeom ne tient pas en place depuis son réveil. Et celui-ci est arrivé relativement tôt, même avant l’alarme de son téléphone. Il faut dire que l’idée de passer une journée complète en présence de son petit-ami l’enchante particulièrement. Excitation qu’il peine à canaliser. Ainsi après une longue douche et plusieurs minutes à hésiter sur sa tenue, il ne prend qu’un rapide petit-déjeuner. Pas besoin de trop se remplir l’estomac puisqu’ils vont manger ensemble ce midi. Coiffure ajustée, le petiot vérifie que tout est impeccable. Il veut être le plus beau pour Sanha. Même s’il est persuadé que sale, avec des vêtements pouilleux, son ainé continuerait de le trouver magnifique. Stylo en main, il rédige un petit mot à Minjun, pour l’informer de son départ. C’est ainsi qu’il quitte l’appartement, le cœur léger et le sourire au visage. Les transports en commun l’aident à arriver rapidement chez son petit-ami. Premiers coups sur la porte. Rien. Woogyeom fronce quelque peu les sourcils, vérifiant l’heure. Il n’est pas si tôt, pourtant. Nouvelle tentative, cette fois-ci fructueuse. Gamin qui se retrouve dans les bras d’un Sanha à la tenue bien particulière. « Aucun soucis monsieur l’artiste ! C’est un tableau que tu as fait ou bien la déco de ton appartement ? ». Rire qui s’envole sous cette douce blague, alors qu’il entreprenant bien évidemment d’aider son aimé à tout ranger. « Pas de soucis, vas-y, je termine ! ». Sourires échangés, tendre baiser sur son front, et Woogyeom joue donc par plaisir à la petite fée du logis. Quand le plus âgé revient, la question le fait réfléchir tout en se saisissant du téléphone de ce dernier. Quoi manger ? Mh. Neurones qui mettent en marche, avant un blackout. Sensation d’absence, puis de vertige. Tête qu’il secoue, avant de fixer ses mains. Ce téléphone. Ce n’est pas le sien. Moue perplexe qui s’affiche sur son visage, la main sur l’épaule qui le surprend et qu’il repousse vivement. Face à face avec un inconnu, qui connaît visiblement son prénom. « … Ca va. ». Voix sèche. Pas en arrière pour créer une distance entre eux. Qui est cet homme ? Pourquoi est-il si familier envers lui ? Iris qui vont et viennent alors autour de lui, sondant alors son environnement. Ce n’est pas chez lui. Visage qui pâlit, main légèrement tremblante qui repose le smartphone sur la table. « J’ai besoin… d’un verre d’eau. ». Que fait-il ici ? Ce jeune homme, est-il son ami ? Probablement, sinon pourquoi serait-il chez lui ? Regard fuyant, Woogyeom cherche désespérément un point d’accroche, une explication à tout cela.

il est heureux, l'artiste. de se retrouver en compagnie de son amoureux pour passer la journée ensemble. ils sont rares, ces moments, puisque les deux jeunes gens sont encore étudiants, donc leur horaire est plutôt chargé. néanmoins, ils trouvent toujours un moment pour pouvoir profiter de la présence de l'autre. sourire aux lèvres sanha entreprend de commencer à préparer un repas léger. au passage, il a demandé à woogyeom de vérifier ses messages sur son téléphone, mais le petiot semble complètement ailleurs. c'est pourquoi il comble la distance les séparant pour poser sa main sur son épaule et s'enquérir de son état. sauf qu'il ne s'attendait certainement pas à ce que ce dernier repousse violemment sa main avant de reculer. l'aîné reste stupéfait, complètement figé face au geste, mais aussi face à la réponse sèche qui lui est fournie. son coeur se serre douloureusement et son souffle se fait court. qu'est-il en train de se passer? est-ce que ça serait en lien avec sa mémoire? car sanha a bien remarqué au fil des semaines, les petits oublis fréquents de son aimé pour certaines choses. honnêtement, il n'y a pas trop fait attention, se disant que c'est normal pour tout le monde, mais devant cette situation, il n'est plus certain. l'inquiétude déforme ses traits, alors qu'une boule anxieuse se forme au creux de son ventre. il a l'impression d'être un inconnu et n'ose plus bouger. il note le changement de son teint et sa main qui tremble et voudrait aller vers lui pour le serrer dans ses bras et le rassurer. l'artiste retourne aussitôt à la cuisine pour remplir un verre d'eau et se rend compte qu'il tremble. il a mal, mais il a aussi très peur. qu'arrive-t-il? son angoisse est énorme et lorsqu'il revient vers son petit-ami, sanha lui tend le verre à deux mains en se courbant. il attend qu'il le prenne avant de reculer de quelques petits pas. sa main vient frotter sa nuque et franchement, il ne sait pas quoi dire. "woogyeom... tu... tu ne me reconnais pas?" le souffle se coince dans sa gorge et il déglutit difficilement. "c'est moi... c'est sanha, je... j-je suis... ton petit-ami..." dernière partie dite presque pour lui-même, alors que son regard est obstinément planté sur le sol. il est perdu et ne sait absolument pas quoi faire.

Elle devait être si douce cette journée. Passée au creux des bras de son petit-ami, à remplir l’appartement de ce dernier de son doux rire, à vouloir arrêter le temps pour ne jamais le quitter. Moments à deux qui sont extrêmement précieux, et qu’il chérit de toute son âme. Ô qu’il aurait aimé, Woogyeom, que tout se passe aussi bien. Uniquement bercés par un bonheur amoureux. Mais ce démon qui le ronge depuis quelques années maintenant l’a rattrapé. Il l’étreint avec un sourire de fierté, froideur qui lui glace le sang. Maladie qui se réjouit de cette expression qui naît sur le visage du petiot. Il est perdu. Puis perplexe. Il a appris à détecter les crises. Ces légers vertiges doublés de cette main quelque peu tremblante sont des preuves irréfutables. Alors oui, il repousse peut-être trop franchement ce garçon qui semble s’inquiéter. Mais comprenez-le. Mettez-vous à sa place. En une fraction de secondes, vous retrouvez dans un appartement qui vous est complètement étranger, avec un inconnu à vos côtés. Cela a de quoi vous rendre nerveux. Verre d’eau rapporté, Woogyeom se contente d’un petit mouvement de tête pour le remercier. Il s’en saisit à deux mains, et commence lentement à boire. Naïvement. Comme si cela allait être d’une quelconque aide. Et le plus grand ose enfin prendre la parole. Sanha ? Son petit-ami ? Sourcils qui se froncent. « J’ai… un petit-ami ? ». Aucun jugement dans sa voix, juste de la surprise. Iris qui se posent sur l’artiste, et que le gamin sonde un instant. « Alors… c’est chez toi ici ? ». Il ne reconnait rien. Absolument rien. Aucun meuble, aucun objet. Serait-ce sa première fois dans cet appartement ? « C’est joli, j’aime bien. » qu’il lâche comme tentative de détendre l’atmosphère, devenu bien lourd. « Tu… On est… Enfin, c’est quoi ton prénom déjà ? ». Mémoire qui refuse d’ancrer l’identité de ce beau jeune homme. Comme un bug dans la matrice. Un virus qui l’empêche d’authentifier son interlocuteur. Woogyeom ne sait plus. Ne sait pas. Doit-il lui faire confiance ? Doit-il faire comme si tout était normal ? Devrait-il s’excuser pour quelque chose qu’il ne maîtrise même pas ?

pourquoi est-ce que tout doit se passer ainsi? sanha est complètement désemparé. il ne sait ni quoi dire ni quoi faire. c'est la première fois qu'il est confronté à une telle situation et franchement, il n'aime pas ça du tout. ce qui le rend surtout très nerveux et mal-à-l'aise, c'est de ne pas comprendre. pourquoi woogyeom ne lui a-t-il jamais parlé d'un détail aussi important? souffre-t-il d'une maladie? en vérité, l'artiste se sent un peu sur la touche. il est son petit-ami, comment se fait-il qu'il ne soit pas déjà au courant qu'une telle situation peut survenir? combien de temps cela fait-il depuis le début de leur relation? neuf mois? un peu plus? c'est long pour ne pas être au courant d'une chose si importante. alors que le conflit règne dans sa tête, le cadet prend à son tour la parole, mais il ne lève toujours pas son regard vers lui. les doigts joints se triturent nerveusement et la boule anxieuse au creux de son ventre prend de l'ampleur. son aimé a oublié qui il est et ça en est trop. sanha explose silencieusement, baisse encore un peu la tête pour cacher les larmes qui roulent doucement sur ses joues. il n'est plus qu'un inconnu pour le petiot et ça lui fait très mal. il ne répond même pas à la tentative de woogyeom de détendre l'atmosphère, car il est dévasté, tout tremblant et tentant de retenir ses sanglots déchirants. néanmoins, il arrive à se contenir assez pour inspirer profondément et pouvoir répondre à la question du plus jeune. "sanha..." la voix est quelque peu enrouée et sa gorge est tellement nouée qu'il peine à pouvoir déglutir. c'est probablement la première fois de sa vie qu'il ressent une telle douleur. quelque chose de bien pire que ce qu'il a ressenti dans ses relations précédentes ou même, lorsque nana a été expulsé de chez leurs parents. il arrive même à se trouver idiot de rester planté là comme un piquet. mais il avoue ne pas arriver à rassembler assez sa volonté pour bouger. il se sent tellement petit, en cet instant. tellement qu'il voudrait bien disparaître pour échapper à ce sentiment horrible. mais il se contente de rester là et d'attendre la suite.

Ô qu’il déteste du plus profond de son âme ce sentiment d’impuissance. Ne pas reconnaître des lieux, des personnes. L’impression de se réveiller dans un monde différent, où rien ne se raccroche à ce qu’on croit pourtant connaître. C’est toujours une peur qui envahie Woogyeom pendant ses crises. Un peu comme ses enfants qui perdent ne seraient-ce que cinq minutes leurs parents de vue. L’être humain à besoin de repère, ou tout s’effondre. Ne pas savoir si ce que l’on vous dit est véridique, ne pas savoir qui l’on est, craindre que les autres nous prennent pour des fous. Handicap invisible bien difficile à assumer. Alors si Sanha se sent particulièrement mal, ce sentiment est partagé. Derrière son sourire, le cadet est au plus mal. D’autant plus en constatant que le bel homme face à lui perd pied, et s’effondre en larmes. Woogyeom ne lui a jamais parlé de sa maladie. Non pas par pudeur, mais par naïveté. A vouloir protéger son aimé de ce démon qui le ronge depuis quelques années à présent. Mais ne pas le reconnaître prouve qu’il a eu tort. Qu’il aurait dû évoquer le sujet bien plus tôt. Il a envie d’aller le réconforter, l’aider à sécher ses larmes. Mais à l’instant T, Sanha n’est qu’un inconnu. Et qui irait s’occuper ainsi qu’un être qu’on ne connait ni d’Eve ni d’Adam ? « Je… Je te dois des excuses, je crois. ». Lèvres qui se pincent, Woogyeom lui montre alors le canapé. « Tu devrais t’asseoir. ». Un malaise ne serait pas vraiment une bonne idée. Le plus âgé acceptant et prenant place sur le sofa, le petiot lui tend alors une boîte de mouchoirs qui se trouvait là. « Je ne suis pas certain de comprendre ce qu’il se passe mais… ». Regard qui se tourne vers la fenêtre, iris se posant sur la mer à l’horizon. « Oh. Depuis chez mes parents, on ne voit pas la mer. Nous sommes dans quel quartier ? Dong-gu ? Nam-gu ? ». Il se croit à Incheon, sa ville natale, le gamin. Complètement désorienté. Mais les sanglots de Sanha lui attirent de nouveau son attention. Ils lui tordent l’estomac. Ils doivent sincèrement s’aimer, pour qu’il se mette dans un tel état… Comment faire, pour le calmer ?

bientôt, l'artiste a l'impression d'étouffer. de ne plus savoir comment respirer et il panique. si bien que ses sanglots éclatent finalement, emplissant la pièce de ce son déchirant. mains qui se posent sur son visage, il ne peut rien faire d'autre que de pleurer. épaules secouées et il titube sous la force de sa tristesse et de sa douleur. il entend une voix qui s'élève, mais ne comprend pas la signification des paroles émises. alors il se concentre, retire ses mains de son visage ravagé pour poser les yeux sur woogyeom qui lui montre le canapé au même moment. s'asseoir. bonne idée. l'aîné acquiesce doucement avant de se rendre audit canapé pour s'effondrer dessus. boîte de mouchoirs qui lui est tendue et il hésite un instant, le regard obstinément fixé sur la main qui tient l'objet. gestes tremblants alors qu'il accepte cette dernière pour se moucher et sécher ses larmes. il est déjà un peu plus calme, sanha. plus apte à réfléchir. début de phrase qui reste en suspend lorsque le plus jeune pose le regard vers l'extérieur. dong-gu? nam-gu? l'artiste ne comprends pas et fronce les sourcils. ne serait-ce pas des quartiers d'incheon? il est vrai que c'est la ville natale du petiot et il est donc normal qu'il pense y être. raclement de gorge. "c-c'est haeund-dae. n-nous sommes à b-b-busan." bégaiements qui reviennent le hanter comme au tout début de leur relation et ce moment de nostalgie ne fait qu'empirer les choses, lui arrachant un nouveau sanglot. l'artiste s'adosse au canapé, posant sa tête contre celui-ci. il a terriblement mal au crâne à force de pleurer toutes les larmes que contient son corps. infime gémissement de douleur qui lui échappe alors qu'il soupire pour tenter de se calmer encore un peu plus. lui qui avait prévu une journée de plus douce en compagnie de son petit-ami, le voilà qui se retrouve pris au dépourvu par une information manquante. woogyeom ne lui fait-il pas confiance? mille et une questions se bousculent dans son esprit, sans leur trouver de réponses. fermant les yeux, sanha voudrait s'endormir pour enfin se réveiller de ce cauchemar. main qui vient se poser contre son front, alors qu'un nouveau soupir tremblant lui échappe. comment se débarrasser de cette douleur?

En ce moment précis, il a l’impression d’être le pire être sur Terre. Car les sanglots si sincères du jeune homme à ses côtés lui brisent le cœur ; estomac qui se noue, lui donnant presque la nausée. Maladie invisible qu’il aimerait garder pour lui, enfouir sous son tendre sourire. Woogyeom veut protéger ses proches de ce cerveau qui déraille petit à petit. Mais il n’a sans nul doute pas la meilleure méthode. La preuve même. S’ils sont effectivement en couple, amoureux, il aurait dû lui dire. Le prévenir de ces crises où tout n’est que page blanche. Car c’est une épreuve bien difficile qui s’annonce, les années à venir ne seront pas toutes roses. Même avec les médicaments. Alors oui, il se déteste. De faire pleurer ainsi Sanha, qui semble être d’une douceur infinie. Il tente de dédramatiser la situation, en vain. Quand le regard du petiot se pose sur l’horizon, sur le soleil qui se reflète sur la mer, il croit reconnaître sa ville natale. Celle où il a passé une tendre enfance. Mais il se trompe, Woogyeom. Et c’est le mot Busan, qui raccorde tous ses neurones entre eux. Busan, l’université, Sanha, leur soirée en amoureux. Se retournant alors subitement, ses iris se posent sur l’homme qui fait battre son cœur. Et l’état bien pitoyable de celui-ci a raison de lui. A son tour, des torrents de larmes perlent sur ses joues, avant qu’il se jette dans les bras de son petit-ami. Tant pi pour le canapé. Bras autour du plus âgé, il le serre. Fort, si fort contre lui. Tout en lui trempant le chandail de ses larmes chaudes. « Pardon… pardon… Sanha… Pardon… ». Seuls mots qui réussissent à s’extirper de sa gorge, voix tremblante. Il s’effondre, s’accrochant à son aîné comme si sa vie en dépendait. Et de nouvelles excuses se fraient un chemin entre les sanglots douloureux, petit corps qui frissonne tant ce tsunami d’émotions le chamboule. Honte, embarras, haine, désespoir, peur. Tant de négativité pour un Woogyeom d’habitude si solaire. Il a mal. Mal dans son esprit, dans son corps, dans son cœur. Impression d’avoir trahit l’homme qu’il aime, panique à l’idée que celui-ci le rejette.

enfin calmé de sa crise de sanglots, sanha repose contre son canapé, soupirant parfois pour retenir un nouveau flot de larmes de l'envahir. main toujours contre son front, il déprime un peu, à vrai dire. se penser spécial aux yeux de son aimé pour au final découvrir qu'il lui cachait encore un secret si important... ça fait un mal de chien. tellement que son coeur se comprime et sa main libre vient se poser à son niveau pour enfoncer ses doigts dans sa chair en espérant probablement que de cette façon, la douleur s'apaisera un peu. mais ça n'est pas le cas. yeux fermés, l'aîné se contente de rester là, alors même qu'il ignore que woogyeom est revenu à lui. ce n'est que lorsque ce dernier se jette contre lui qu'il ouvre les yeux et relève la tête. il est un peu stupéfait, à vrai dire. geste inattendu en cet instant de détresse, mais les sanglots et les excuses que petiot lui font comprendre qu'il vient probablement de reprendre ses esprits. le cadet s'accroche si fort à lui que son coeur lui fait encore plus mal qu'auparavant. bras qui se referme sur lui, souffrant de le voir si désespéré et décontenancé. c'est comme des retrouvailles après trop longtemps sans s'être vus. alors sanha ne le lâche pas. jamais. il a beau se poser mille questions, lui en vouloir un peu pour l'avoir ainsi blessé, il ne pourra jamais laisser son aimé dans une telle détresse seul avec lui-même. "woogyeom, mon amour, calme-toi." caresses dans les cheveux, tendre étreinte, l'artiste patiente le temps que celui-ci se calme enfin un peu. "tu n'aurais pas quelque chose à me dire, par hasard?" caresses continuelles, alors qu'il ne le lâche pas. il s'en fiche bien que son t-shirt soit trempé à cause des larmes du plus jeune. il n'aime simplement pas le voir dans cet état. surtout que ça crève les yeux qu'il s'en veut, en cet instant. maintenant calme, l'artiste comprend que son geste n'était pas malintentionné à la base. non, il a sûrement dû lui cacher l'information pour éviter de le blesser. alors que ça a eu l'effet inverse. ne pas se confier à lui n'a fait que les détruire tous les deux.

Les crises sont heureusement relativement très espacées. Rythme pas vraiment régulier, mais distance tout de même plus que convenables. Voilà pourquoi il ne s’est jamais inquiété plus que cela Woogyeom. Rares moments de détresse arrivés en présence de ses parents, ou bien de sages inconnus. Il a toujours été aidé, et quelque chose, un détail, lui a fait retrouver toute sa tête assez rapidement. Alors pourquoi faut-il que la première fois que ca arrive en compagnie de son petit-ami, cela dure aussi longtemps ? Comme si le destin leur jouait un mauvais tour. Ou plutôt, une leçon de vie. Comme une punition envers le cadet pour avoir garder sous silence ce secret. Alors il pleure. Ô qu’il pleure, dans les bras de Sanha. Comment a-t-il pu oublier, durant ces minutes, cet être si important dans sa vie ? Fort heureusement, la tendresse infinie de son aimé l’enveloppe dans une bulle. Ses sanglots se calment, peu à peu, grâce aux nombreuses caresses qu’il reçoit. Il doit faire peine à voir, Woogyeom. Les yeux désormais bien rouges, avec le dessous un peu gonflé. Restant encore un peu ainsi, collé à son amoureux mais surtout caché dans le cou de ce dernier, le petiot relâche progressivement son étreinte. Silence qui anime alors la pièce. Il cherche ses mots. Ne voulant pas brusquer Sanha, même si ce dernier doit très bien se douter de ce qu’il s’est passé. « Je… Je suis malade, Sanha. » qu’il réussit à dire, à voix basse. Presque étouffé contre la peau du plus âgé. Il a honte, cœur meurtrit. Alors il reste là, incapable de lui faire face. « Je suis au stade 3… de la maladie d’Alzheimer… ». Woogyeom se crispe alors, serrant dans ses mains le haut du beau brun. « Tu sais, mes parents… Ils sont médecins… C’est eux, qui ont compris. On le sait depuis… presque deux ans. Peut-être. ». Il ne sait plus exactement. « Pardon Sanha… Pardon… Je sais que j’aurai dû t’en parler mais… mais… Pardon… ». Et le voilà qui se confond de nouveau en milles excuses. Larmes qui reviennent dans ses yeux malgré lui. « Je t’aime… Je t'aime tellement... Je ne veux pas t’oublier Sanha… » qu’il murmure, d’un désespoir déchirant.

il y a des choses incontrôlables dans la vie et la maladie en fait malheureusement partie. si certaines peuvent être guéries, d'autres ne le peuvent pas. par absence de remèdes ou par défaillance mentale. tout ce qui touche la mémoire ne peut être guérit et franchement, sanha redoute ce que lui dira woogyeom dans les prochains instants. il voudrait ne pas l'entendre, mais il devra accepter la réalité en face. cadet toujours contre lui qui relâche progressivement son étreinte, mais l'artiste n'arrête pas ses caresses, le coeur battant. surtout lorsqu'il lui affirme être malade. son sang se glace dans ses veines et il imagine le pire. ce n'est tout de même pas...? si. c'est bien de l'alzheimer dont il souffre. et cette révélation le fige sur place. non seulement, il est pétrifié de terreur, mais il ne sait pas comment prendre cette information. nouvelles excuses qui ne parviennent pourtant pas à percer ce mutisme horrifié dans lequel il est enfermé. son aimé est destiné à l'oublier un jour... ça fait mal. très mal. ce qui l'achève, c'est probablement la dernière chose que lui dit le petiot. qu'il ne veut pas l'oublier. respiration rapide, larmes coulant abondamment sur ses joues. il pleure en silence et la tête lui tourne. des nausées l'assaillent et une complainte douloureuse quitte ses lèvres. il va être malade tellement il est nerveux et apeuré. rapidement, il repousse le plus jeune pour pouvoir se lever et atteindre la salle de bain et y régurgiter son repas dans la toilette. réelle détresse qui l'assaille en cet instant, alors que les haut-le-cœur le torturent. il e doute pas un instant que l'autre jeune homme viendra le rejoindre. et pourtant, il voudrait que ce ne soit pas le cas. il ne veut pas que woogyeom le voit réagir aussi violemment à cette information. après de douloureuses minutes, son corps se calme enfin, même si les larmes, elles, ne cessent de couler. il s'étale sur le sol frais de la pièce et sanglote tel un bébé, tout tremblant. il n'arrive pas à dire ou faire quoi que ce soit, tentant de digérer l'information. sanha ne sait pas comment il parviendra à le faire. comment il pourra continuer de vivre dans cette douleur énorme qui l'envahit à la simple pensée que son aimé l'oubliera un jour ou l'autre. mais ce qui est le plus terrifiant là-dedans, c'est que ça peut être dans 30 ans, comme ça pourrait être demain. de toutes les maladies, pourquoi doit-il avoir celle-là?

S’il a toujours idéalisé ce sentiment qu’est l’amour, grâce ou à cause des nombreuses séries et nombreux livres qu’il a dégusté, rien n’est à la hauteur de ce qu’il ressent actuellement pour Sanha. C’est si puissant, si sincère. Peut-être car il s’agit de son premier couple, de son premier petit-ami. Qu’importe. Le petiot sait qu’il veut fonder sa vie avec ce jeune homme si extraordinaire. Devenir un adulte accompli à ses côtés. Finir sa vie dans le creux de ses bras. Woogyeom est un amoureux transit. C’est pourquoi il lui est si difficile de parler de sa maladie. Triste élément qui finira tôt ou tard par intervenir et interagir dans leur quotidien. Les mots sortent difficilement de sa bouche, cadet qui peine à les prononcer. Il est quelque peu déstabilisé par le silence de Sanha, bien qu’il ne le juge nullement. Après tout, c’est une nouvelle particulièrement sérieuse et lourde qu’il vient de lui apporter. Pourtant, quand l’aîné se lève, Woogyeom a l’espace d’un instant peur qu’il quitte l’appartement. Mais non, il se rend dans la salle de bain. Cœur qui se serre dans sa poitrine, tête qui se baisse. Il se sent mal, dans son être. D’imposer ça à l’homme de sa vie. Alors après quelques minutes, il se lève à son tour pour le rejoindre, jouant nerveusement avec ses doigts. Et voir ainsi Sanha au sol lui fait couler de nouvelles larmes silencieuses. Cependant, le jeune instituteur se doit d’être fort. Pour eux. Pour prouver à son petit-ami qu’il ne se laissera pas sombrer. Woogyeom s’installe donc à ses côtés par terre, et vient glisser la tête de son amoureux sur ses cuisses. Avec tendresse, ses doigts se perdent dans la chevelure de ce dernier, pour des caresses. « Tu sais, on est en 2041. Je prends des médicaments, je fais des exercices tous les jours pour stimuler ma mémoire, et je suis bien suivi par les amis médecins de mes parents. ». Il tente de rassurer Sanha du mieux qu’il peut, même si bien évidemment, la peur d’oublier un jour son aimé le ronge. « On a encore de longues années devant nous. Et puis… ». Woogyeom lui adresse un sourire emplit de douceur. « Je suis certain que je retomberai amoureux de toi. ». Sincère réalité, tentant un léger brin d’humour pour détendre cette atmosphère bien trop tendue.

il ne pensait honnêtement jamais être aussi dévasté par quelque chose dans sa vie. surtout depuis qu'il a rencontré woogyeom. amour improbable pour eux qui ne sont pourtant pas tournés vers les hommes. improbable, mais ô combien bienvenu. sanha, il en a aimé des femmes. beaucoup. véritable coeur d'artichaut, tombant presque au premier regard. il se rend compte avec le temps et le recul que c'était pareil avec le cadet. qu'il l'a aimé dès les premiers instants. et pour en faire sa muse, c'était bien plus fort que tout ce qu'il avait pu ressentir auparavant. simplement, il ne l'a pas compris tout de suite. probablement tentait-il de se convaincre que ça ne pouvait pas être le cas. parce que la personne que son coeur a choisi à ce moment-là était un homme et l'artiste est bel et bien hétérosexuel. seulement, woogyeom est une exception. la seule exception qui peut exister en ce monde. il est unique et l'aîné l'aime bien plus qu'on peut le penser. alors la nouvelle le frappe telle une massue. comment pourrait-il en être autrement? corps tremblant affalé sur le sol de sa salle de bain. le carrelage froid le fait frissonner, mais apporte un peu de réconfort à sa peine immense. larmes qui inondent toujours son visage et gouttent doucement sur le sol. il a l'air pitoyable, mais avec raison. l'information est difficile à digérer. son aimé apparaît finalement dans le cadre de porte et s'approche de lui. cependant, sanha n'a pas la force de le regarder pour l'instant. non pas parce qu'il lui en veut, mais chaque fois que son regard se pose sur ses traits, il ne peut s'empêcher de se dire qu'il va l'oublier un jour. et c'est douloureux, ça fait redoubler ses sanglots qui s'étaient pourtant calmés. tête qui se retrouve sur les cuisses du petiot et ses doigts se perdent dans la chevelure ondulée de l'artiste. et le geste l'apaise un peu. des paroles lui parviennent et il se concentre sur leurs significations. woogyeom a raison, il leur reste plusieurs années, alors pourquoi s'en faire ainsi maintenant? il n'a pas le temps de trouver une réponse que les nouveaux propos du plus jeune le frappent. ils le laissent d'abord hoquetant avant de provoquer de nouvelles larmes, de nouveaux sanglots. main qui vient couvrir ses yeux un instant, avant qu'il ne se redresse pour pouvoir enlacer son aimé. "j-je ne veux pas que tu m'oublies, m-mais... je veux encore m-moins que tu oublies n-notre histoire..." c'est probablement ce qui lui fait le plus mal dans tout ça. que le cadet oublie comment tout a commencé entre eux.

Woogyeom, il a plutôt l’habitude d’être celui qui est réconforté. Gamin sensible qui prend tout à cœur, véritable éponge à émotions, il est souvent submergé au point que seul un câlin puisse le ramener à la raison. Être présent pour les autres, trouver les bons mots, réussir à soigner leurs maux… il n’a jamais été confronté à cela. Enfin si, peut-être avec Minjun. Mais ce fut différent, car dans ce cas-là, il était énervé contre quelqu’un et se devait de changer les idées à son colocataire. Dans le cas présent, il s’agit de son petit-ami. Que l’être qu’il aime plus que de raison, et qu’il vient de briser en morceaux. Tout cela car il n’a jamais eu le cran de lui parler plus tôt de sa maladie. Lui qui croyait protéger Sanha, tout le contraire est en train de se passer. Il a honte, Woogyeom. Il s’en veut terriblement. Mais son amour pour le fils Jo est plus fort que tout. C’est une épreuve qu’ils font surpasser. Il le sait. De toute façon, aucune autre fin n’est envisageable. Alors il se fait tendre, un peu espiègle même pour tenter de détendre l’atmosphère. Ce qui ne fonctionne absolument pas puisque Sanha fond de nouveau en larmes. Le jeune instituteur se pince les lèvres et lutte pour ne pas faiblir à son tour, continuant ses caresses. Son petit-ami vient finalement le serrer dans ses bras, et c’est avec un plaisir non dissimulé qu’il s’y blottit. « C’est impossible pour moi de t’oublier. La preuve, j’ai vite retrouvé la mémoire. Je t’aime beaucoup, beaucoup trop pour ça. ». Ses mains frottent lentement le dos du plus âgée, et Woogyeom vient lui coller un baiser sur la joue. « Mon état peut rester ainsi jusqu’à mes vieux jours. La médecine, c’est un domaine bien flou, avec parfois des choses surprenantes. Je ne veux pas qu’on soit négatifs Sanha. Je fais tout, vraiment tout pour entretenir ma mémoire. Alors ça va aller. Et puis, ça peut être bon pour toi en fait, imagines j’oublie qu’on vient de faire l’amour, hop, tu peux revenir à l’attaque ! ». Ô qu’il est doux, ce rire qui s’échappe d’entre ses lèvres.

a-t-il déjà fait les frais de tant d'insécurités auparavant? probablement pas. il n'a pas non plus un jour été si pessimiste. le contrechoc de la nouvelle, possiblement. il s'imagine le pire, sanha, parce qu'il ne peut pas faire autrement. et il n'a pas envie que la seule personne à lui rendre son amour parfaitement ne se souvienne pas de lui un jour. le garçon a beau être un véritable coeur d'artichaut, il ne pense pas un jour aimer quelqu'un d'autre que woogyeom. qui aurait pu deviner que son âme soeur amoureuse soit en réalité un homme? certainement pas lui. mais au final, il n'est ni dégoûté ni déçu. ça lui convient très bien, alors il n'a pas envie de perdre ce qui est unique entre eux. ses pensées virevoltent dans son esprit, incapable de les arrêter. alors il serre ce jeune homme contre lui comme si sa vie en dépendait, lui confie ses peurs non sans bégayer. le cadet se blottit contre lui, à son plus grand bonheur, mais il a de la difficulté à reprendre ses esprits, larmes roulant encore doucement sur ses joues, laissant derrière elles des yeux rougis. la voix de son aimé qui s'élève lui sert d'ancrage et il le serre un peu plus fort lorsqu'il dit l'aimer beaucoup trop pour pouvoir l'oublier. sanha ne peut s'empêcher de se dire qu'il l'a quand même oublié l'espace d'un instant et ses pensées replongent. cercle infernal duquel il n'arrive pas à se sortir. mains dans son dos et baiser contre sa joue, il lâche un soupire tremblotant. yeux qui se ferment alors qu'il l'écoute attentivement. c'est vrai. woogyeom a parfaitement raison. il doit être optimiste. ça sera probablement un peu difficile au début, mais il fera tous les efforts possible pour ne pas se laisser envahir par le désespoir. le plus jeune termine ses propos par une blague et l'artiste esquisse un sourire amusé tout en fondant face à ce rire si doux. "c'est plus avantageux pour toi que pour moi, tu ne penses pas?" il fait évidemment référence à l'appétit sexuel insatiable du petiot qui est toujours en train de le secouer pour en avoir plus. jusqu'à épuiser complètement le plus âgé. ce dernier s'écarte légèrement de celui qu'il tient contre lui pour pouvoir le regarder en face. coins des lèvres encore redressés en un sourire doux et amusé. "je vais essayer de rester positif. je te promet que je vais vraiment essayer." il pose son front contre le sien et ferme les yeux en soupirant presque timidement. bon sang qu'il l'aime.