Plaisir inouï que de vivre une vie sans attache, de pouvoir se laisser aller à des actes insouciants sans craindre le jugement des autres. Délinquance assumée pour ces jeunes en quête d'identité, ceux qui la nuit se retrouvent pour refaire le monde comme il l'aurait voulu. Ô, comme les choses semblent simples lorsqu'elle arpente les rues avec lui, Gamin et Gamine qui se perdent dans les méandres de la nuit. Les rires assumés, les décisions impulsives, cette liberté qui leur colle à la peau et ces frissons dont ils sont si friands, que c'est amusant de jouer les canailles dans les allées calmes de Busan. Les bombes empruntées à Gene repeignent les murs de graffitis prétentieux et gribouillages expressifs, les miroirs abandonnés sur le trottoir sont brisés, les voitures des riches rayées, les poubelles du trottoir renversées.
Et tu pourrais crier jusqu'à t'en arracher les cordes vocales et te fendre le cœur pour que le monde puisse entendre ton bonheur.
Les briques de lait sont glissées sous la veste, Alex se fait discrète jusqu'à ce que la voix du vendeur qui se réveille résonne à ses oreilles. VOLEUSE ! La demoiselle remonte un peu plus la capuche de son sweat avant de se mettre à courir, atteignant la sortie avant que l'autre ne puisse faire quoi que ce soit. Accueillie par le vent frais hivernal, elle s'élance sur le parking de la supérette jusqu'à atteindre la silhouette de celui qu'elle ne connaît pas vraiment. « On dégage ! » Elle lui saute dessus, l'attrape par-derrière et se baisse avec lui dans un élan d'affection trop brutal, son sac menaçant de les faire basculer. « Oh shiit ! »
La voix du vendeur résonne de nouveau à travers la nuit. J'appelle la police ! Dit-il de sa voix qui fait peur. Alex lui fait signe au loin avant de se mettre à courir de nouveau, emportant l'autre avec elle cette fois tandis que leurs rires s'élèvent, portés par la brise.
enfance perlée, gamin perdu dans le labyrinthe d’hadès. et ils se cherchent sans pouvoir jamais se trouver, se posent toutes les questions du monde sans jamais y répondre. les émotions à l’unisson et tous les sens qui se décuplent. une adolescence plus longue encore, pour ceux qui refusent de grandir, pour ceux qui refusent de se faire bouffer par le monde.
levi qui attire les dangers comme s’il aimait ça, faire entendre sa voix et crier au monde son existence. destin qu’il voudrait écrire lui-même quand les mots lui manquent, quand le souffle lui est coupé et qu’il vit. pour de vrai, pas comme tous ceux qu’ils regardent de loin. et dans cette aventure cacophonie, il s’attache des astres parfois pour un bout de chemin. et les lèvres s’étirent dans des rires joyeux quand rien d’autre ne compte plus que l’instant présent.
alex était l’une de ces âmes chaos dans lesquelles tu te retrouvais assez bien. vous partagiez sans doute les mêmes goûts du danger, « go !! » tu dis en la suivant sans poser de question. la jeune femme venait de sortir de la supérette en courant et tu savais ce que ça voulait dire, elle s’était faite remarquée. ce n’était pas votre première fois, raison de plus pour ne pas vous faire avoir. et le sourire aux lèvres, les éclats en échos vous partez sans vous soucier des conséquences la jeunesse idiote de votre côté. tu cours, tu cours, au vent gelé, et te retournes un instant pour voir l’employé du magasin s’écrier des menaces dont tu te moques un peu.
« tu t’es fait prendre alex ? je t’ai connu plus discrète que ça. je suis déçu. » tu feins la déception dans ta moue surprise en ralentissant le pas, vous croyant assez loin pour être tranquilles. « t’as les briques au moins ? » tu demandes en regardant ton amie ou coéquipière, complice surtout. « ce que je retiens de cette expérience, c’est que je suis meilleur que toi à ce jeu-là en tout cas. » sourire satisfait et fier, les prunelles provocatrices.
Fuite de ces âmes frivoles, le vent qui siffle à leurs oreilles tandis qu’ils arpentent les rues vides, riant sous la lune mère qui semble les observer de là où elle est. Alex lève les yeux vers l’astre brillant, le regard rempli d’étoiles alors qu’ils ralentissent le pas, insouciants de ce qui risque de leur tomber dessus. Une moue boudeuse se dessine sur son visage alors qu’elle écoute les mots du garçon, tirant sur le pan de sa veste pour révéler les deux briques inoffensives à son compagnon. « Bah écoute poto, tu t’en occupes la prochaine fois, mh ? » Car elle ne le contredira pas. Piètre performance de celle qui accepte les défis sur un coup de tête sans jamais réfléchir vraiment. L'Alex maniaque est comme ça, insouciante, imprudente, impulsive et irréfléchie. Et elle ne sait pas ce qu’elle préfère la gamine, vivre sous les impulsions divines ou dans la tristesse posée des jours moroses. On pourrait facilement penser que la première situation est plus heureuse, mais c’est quand elle brûle que la maudite se retrouve dans les pires emmerdes.
« Mais en vrai avoue, une go rentre avec sa capuche dans une épicerie à cette heure-ci, elle repart sans rien acheter, à quel moment c’est pas suspect ? » Expose-t-elle en déchirant le coin de sa brique avant de se mettre à boire avec passion, la course ayant considérablement asséché sa gorge.
Sautant sur un muret, elle s’accroupit dessus et vide le reste de son lait avant de serrer la brique dans sa main. « C’est deg ce truc quand même, mais genre, c’est deg, mais bon, t’vois ce que je veux dire ? » Et ils ne sont pas assez proches pour parler de choses plus personnelles, alors ils se contentent de ces réflexions futiles, et ça leur va très bien comme ça. Coup d’œil rapide vers le blond, elle lui sourit avant de soupirer lourdement, reportant son visage vers l’horizon. C’est alors qu’un bruit caractéristique vient troubler le silence de la nuit, alarmant les deux jeunes qui se redressent, le nez tourné vers les lumières bleues et rouges qui se dessinent sur les murs des maisons. « Putain Levi, il a vraiment appelé les flics ! »
garnement en guerre contre tout et n’importe quoi, en quête d’adrénaline parfois là où ils pourraient s’en passer. et ils s’enlisent dans des desseins fortuits.
il provoque le destin et s’en plaint volontiers, audace insolente de laquelle finira par s’en mordre les doigts. enclin de liberté factice, impression volage et sans attache qui cache un besoin de reconnaissance et d’attention. levi en veut au monde pour des raisons qu’il ne pourrait lui-même pas donner. enfant porteur d’un des péchés capitaux essence des tourments des hommes.
il rigole moqueur, trouvant de ses mots habiles une éternelle répartie sarcastique dont il se vente parfois. culot qu’on lui connaît bien, il critique et pique par affection pour la jeune femme dont les desseins ne sont pas plus glorieux. « ah, aurais-je toucher un point sensible ? » tu t’amuses de sa réaction, forçant sur les bonnes intonations pour rendre ton propos plus ironique encore, « ok, la prochaine fois j’irai. je te montrerai l’exemple. » tu n’attends pas davantage avant d’ouvrir ta brique volée par l’acolyte. tu l’écoutes et reste silencieux un instant en descendant d’une rapide aisance ta boisson, tu t’essuies ensuite le coin des lèvres en riant. « ouais, pas faux. c’est pour ça que t’aurais dû faire genre t’es qu’une gentille étudiante innocente. c’est la base les apparences. » de cette mine faussement déçue et donneuse de leçon, comme si chaque mot était pensé pour provoquer ton amie.
« ouais j’avoue, c’est genre pas ouf, mais en même temps ça va. » des mots auxquels tu ne penses pas vraiment avant de les laisser s’échapper. c’était étrange comme vous vous compreniez facilement sans avoir à vous confier davantage. ta relation avec alex était de celles-ci, celles qui ne prenaient pas la tête et dans laquelle tu pouvais simplement te laisser aller.
et alors que tu t’apprêtais à jeter ta brique désormais vide, les paroles d’alex t’alarment en même temps que les lumières et les sons bien connues de tes habitudes stupides. « mais nooooooon, putain jure ? » et elle n’en avait pas besoin, parce que tu voyais très bien ce qu’il se passait. « vas-y on se barre. » tu lances ta brique dans une poubelle un peu plus loin et te met à courir avec ta complice espérant que la voiture ne vous avaient pas encore repéré. tu avais pris les devants, passant par des ruelles labyrinthes que tu pensais parfaites pour semer les agents. mais alors que tu passes une énième rue, un agent duquel tu étais familier fait son apparition comme s’il connaissait bien vos jeux favoris. « on n’a rien fait. » à peine crédible. « c’est vrai ou pas ? » tu lances à alex pour qu’elle confirme ta version.
Les gamins s'élancent à la fuite des moralisateurs, Alex qui embrasse le ciel sans trop craindre de se faire arrêter. Après tout, elle peut voler, non ? Elle est avec Levi, rien ne peut leur arriver. Ils ont les joues qui rougissent sous le vent frais des nuits d'hiver, eux qui de leurs habitudes malicieuses ont oublié de faire attention. Ils entendent les agents leur crier de s'arrêter, mais ils n'écoutent que les battements de leur cœur qui s'excite sous l'adrénaline. Alex ne réfléchit pas, elle rit presque alors que les âmes se poursuivent pour des futilités. Des agents déployés pour une brique de lait, alors que quelque part, un enfant souffre des coups d'un parent. Et où étaient-ils, eux les serviteurs de la loi, lorsqu'elle se faisait détruire par les vices de cette femme en colère ? Que faisaient-ils, lorsqu'elle ne voyait plus rien, s'accrochant au fil fragile de sa vie en attendant qu'on vienne la sauver ? Personne ne se soucie des malheurs des miséreux, mais on s'alarme de deux briques volées dans une épicerie des beaux quartiers. Ironie du sort, Alex voudrait bien leur en toucher deux mots, mais elle se contente de fuir avec lui, car après tout, elle non plus ne fait pas grand chose pour aider les plus défavorisés, trop obnubilée par sa quête d'un bonheur fantasmé. Elle a eu la chance d'être sauvée, qu'ils disent ceux qui croient savoir mieux que les autres, mais pour Alex le combat n'est pas terminé, et il ne le sera peut-être jamais.
Ils slaloment entre les ruelles au sens à peine compréhensible, elle le suit aveuglement sans même réfléchir à la direction choisie. Levi, elle ne le connaît pas tant que ça, mais elle lui fait confiance, une erreur peut-être d'ailleurs, puisqu'ils sont coincés en un rien de temps. « Aish, putain. » Qu'elle jure sans classe alors que l'homme se dresse fièrement devant eux, le regard déçu de voir qu'il n'y a qu'eux. Et oui grand dadais, ce soir, tu ne seras le héros de personne, ce soir, tu auras arrêté deux gosses pour des briques de lait dérobées.
« Rien du tout ! »
Elle passe sa tête au-dessus de l'épaule de son ami pour planter son regard moqueur dans celui du policier, sa langue sortant sans gêne comme une provocation malvenue. Et c'est le geste de trop, de toute évidence, car voilà qui chuchote dans son talkie-walkie avant de les attraper par le col pour les forcer à le suivre. « Aller, direction le commissariat. » Une voiture apparaît au bout de la rue, des agents rejoignent celui qui les attraper pour l'aider à embarquer les deux garnements qui ne se débattent pas vraiment. Alex jette un coup d'œil en direction de Levi, elle lui sourit, se sent rassurée. « On va pas aller en prison là quand même ? » Demande-t-elle avant de passer sa tête dans la voiture. « On verra bien, maintenant sois sage et tais toi. » Visage qui grimace sous les ordres, la ceinture est bouclée, les deux gosses ne peuvent plus s'échapper. « Rholala, je me faire gronder encore moi... »
l’insolence était idiote quand dans les actes les volontés n’étaient pas si profondes que ça. levi garnement des temps modernes aux teintes pourtant des révolutionnaires -des bacs à sables, il court et il s’enfuie le sourire aux lèvres et la respiration coupée. il rirait presqu’aux éclats devant l’euphorie des situations qu’il provoque volontiers, quand les regards complices s’échangent et que les pas s’emboitent avec le compère.
mais il a ses raisons au fond, un malaise, celui qu’il taira à jamais, qu’il gardera pour lui parce que trop effrayé de l’avouer au monde, de faire tomber ses barrières et d’accepter de montrer sa vraie personne aux autres. parce qu’il ne veut pas qu’on le rejette, parce qu’il a peur d’être tout seul et qu’il envie la terre entière pour ce dont il se trouve trop en manque. et c’était peut-être sa façon à lui d’appeler à l’aide, sa façon de se faire remarquer, de se faire exister, de ne pas se faire oublier,
comme il est stupide.
les ruelles labyrinthes pour tenter de semer la loi à leurs trousses. mais certains sont habitués des escapades que tu diriges parfois, et tu reconnais bien les prunelles que tu croises. trop familières. tu ne tentes pas de fuir cette fois, tu capitules en sortant tes dernières cartes : le déni. alex te suit en confirmant que vous n’avez rien fait, mais vous saviez bien qu’il ne vous croirait pas. quelques mots échangés par la radio des officiers et tu comprends que cette fois tu n’échapperas pas au poste. tu souffles. « quoi ? » faussement choqué comme si tu ne l’avais pas mérité. ce n’était que des briques de lait après-tout, non ? ni toi, ni alex ne tentez de vous débattre quand des collègues arrivent pour vous embarquer dans une voiture. « mais c’est pour de vrai ? ajeossi, vous allez nous conduire en prison ? » tu tentes de faire les yeux doux à l’officier que tu connaissais un peu, malheureusement.
« qu’est-ce que je vais dire à mes parents si je rate l’heure du dîner ? » presque sarcastique. « hâte de le savoir aussi quand je les ferai venir au poste du coup. » et tu souris légèrement amusé par sa répartie -mais légèrement inquiet aussi, tu espérais que c'était une blague. restant sagement assis à l’arrière de la voiture. « bon, alex… » tu chuchotes pour ta complice seulement, les deux officiers à l’avant. « c’est quoi le plan maintenant ? » tu demandes innocemment. tu avais déjà été plusieurs fois au poste au police, à chaque fois il s’agissait de petits délits pour lesquels tu finissais toujours par réussir à te rattraper, mais peut-être qu’aujourd’hui tu n’échapperais pas à des travaux d’intérêt général ou quelque chose du genre. avec un peu de chance la vendeuse déciderait de laisser tomber si vous vous trouviez une bonne excuse, quelques larmes et une moue triste. vous ne pouviez en tout cas plus nier les faits, même si les preuves matérielles étaient déjà loin, et vides. « je propose que tu te mettes à pleurer. » tu murmures encore pour que seule la jeune femme entende.
Les yeux ronds, elle observe autour d'elle, à moitié émerveillée par la situation qu'elle n'a pu voir que dans les films. Et c'est étonnant de savoir que c'est la première fois qu'Alex se fait prendre, quand on sait dans quel genre de merde la gamine traîne... Ramenée à la réalité par la voix du garçon, elle tourne sa tête vers lui et écoute sa question en se pinçant les lèvres, la tête vide alors qu'elle essaye de réfléchir à un plan pour se sortir de là. Alex n'est pas la plus douée lorsqu'il s'agir de réfléchir, elle agit par instinct, par impulsion, suivant bien souvent les autres sans se poser de question. Elle ne sait même pas ce que ça représente, de se faire arrêter pour vol à l'étalage, vont-ils réellement les mettre en prison pour des briques de lait ? Et s'ils décident de creuser un peu plus dans sa vie, que découvriraient-ils ? Elle commence seulement à s'inquiéter la gamine, mais aux dernières paroles de Levi, ses angoisses disparaissent, car elle ne reste jamais longtemps dans un état la jeune femme, pas dans sa phase de manie. « Eh ? Tu penses vraiment que ça marche ça ? On n'a pas douze ans zebi. »
Elle redresse son minois vers les officiers, fait mine de les analyser, alors qu'en réalité elle ne fait qu'admirer. « Mais en vrai Levi, on risque pas grand chose en soit, ils ont des preuves même ? » Et la vérité, c'est qu'elle n'y connaît rien la gamine, mais elle ne semble pas s'inquiéter plus que ça, même si elle le devrait, car ce n'est pas avec un sourire que son père ou sa mère viendra la récupérer. Devront-ils venir d'ailleurs ? Payer une caution, comme dans les films. L'ignorance est frustrante, trop de questions se bousculent dans son esprit hyperactif. « On a le droit à des avocats ? » Demande-t-elle tout haut d'une voix innocente. Pour toute réponse, Alex reçoit des éclats de rire. La Kwon grimace, elle s'enfonce un peu plus dans son siège en jouant avec sa ceinture. « Je peux essayer de pleurer, mais pas sûre que ça les attendrisse hein. » Murmure-t-elle à son acolyte.
La voiture se gare réveillant les deux voleurs. Alex glisse son museau au-dessus de la vitre, observant le commissariat qui se dresse devant eux. La portière est ouverte, les garnements forcés à sortir. Alex grogne, mais elle suit docilement les officiers jusqu'au bâtiment. « Woah n'empêche que je suis jamais rentrée dans un commissariat de ma vie, c'est trop stylé ! » Elle s'adresse à tout le monde, attirant leur attention alors qu'ils pénètrent dans l'enceinte de l'établissement. « Les photos sont interdites. » Lui répond-on d'un air trop solennelle. Alex lève les yeux au ciel, elle cherche juste à détendre l'atmosphère.
Il fallait bien que ça arrive. Depuis le temps que tu cherchais, gamin qui ne respectait pas les règles, toujours le premier à trouver des idées plus folles les unes que les autres. Tu l’avais cherché, et puis à force disons qu’aujourd’hui ça avait payé. La situation en était presque drôle, assis sur la banquette arrière d’une voiture de police avec ton acolyte, passant dans ta tête des scénarios qui pourraient vous sortir de tout ça, presque excité à cette idée. C’était stupide, tu étais stupide, sans doute trop inconscient de ce qui pourraient vraiment t’arriver à force de tenter la loi, de flirter avec les limites et de toujours en demander encore. Mais qu’est-ce que tu risquais ? Pas grand chose tu te disais. Il ne s’était pas passé quelque chose de fou, au pire tu rembourserais les briques de jus, des excuses, des remontrances, mais tu savais que ça ne pouvait pas aller plus loin.
Tu proposes à Alex une solution, un brin amusé en réalité, c’était ce qui te semblait la solution de facilité, même pas sûr que les agents de police croient à votre mascarade. Des pleures et des regrets, tu demandes à ce que se soit Alex qui s’en charge, parce que toi tu ne pouvais clairement pas t’imaginer en train de jouer cette comédie. Plutôt passer des heures au poste que de laisser couler des larmes sur tes joues. « Je sais pas, mais on peut tenter ? » Tu réponds, tu n’en savais pas bien plus qu’elle. « Hm, peut-être qu’ils ont des témoins ou des images ? J’espère que non. » Peut-être que quelqu’un vous avait vu, qu’il y avait des caméras qui vous avaient pris en flagrant délit ou bien que la propriétaire du magasin se souvenait très bien de vos visages. Tu ne savais pas trop quoi imaginer, mais tu savais que les officiers ne seraient pas tellement coopérateurs.
Quand les rires s’élèvent face à la question de la jeune femme, tu lui apportes ton soutien en tapotant légèrement sur son épaule, presque amusé toi aussi. « Ouais, je pense qu’ils en auront rien à faire à ce rythme. » Triste réalité.
Tu presses le pas en arrivant, les prunelles presque émerveillées par ce lieu qui avait subi des travaux depuis la dernière fois que tu étais venu. « Ça a changé non ? La couleur des murs ? » Tu étais déjà passé quelques fois, pas forcément pour toi et certainement pas dans le rôle que tu avais aujourd’hui. « C’est mieux comme ça, j’aime bien. C’est plus lumineux et accueillant. » Aucun pour rattraper l’autre, les officiers exaspérés par les garnements. « En tout cas très jolie bâtiment. » Tu ajoutes alors que certains soufflent, d’autres retiennent leur rire.
« Attendez ici qu’on s’occupe de vous. » Pointant deux chaises libres. « Et préparez vos pièces d’identité. Ne me dites pas que vous n’en avez pas, tout est sur smartphone aujourd’hui. » Et tu souffles, t’asseyant bruyamment sur l’un des sièges. « Par contre il faudrait faire quelque chose pour le mobilier, pas très confortable ! »
Qu'ils oublient bien trop simplement qu'on les a amenés ici pour un délit, pris la main dans le sac, tels deux gamins qui seraient venus voler les biscuits de la jarre en verre. Techniquement, Levi est innocent, ce n'est pas lui qui a pris les briques sur l'étagère, mais vu les antécédents judiciaires du blond, elle doute que la police fasse la différence. C'est étonnement la première fois pour Alex, et Dieu sait qu'elle en a fait des conneries, mais elle a toujours été protégée dans un sens. Elle ne sait pas vraiment à quoi s'attendre. Un interrogatoire ? Dans la salle vitrée comme à la télé ? La jeune femme est à moitié excitée, là, dans son ventre, ça serre et ça chatouille, mais peut-être que c'est juste son envie soudaine d'aller aux toilettes. Elle glousse aux mots du garçon, il n'y en a pas un pour rattraper l'autre, et c'est ça qui est marrant avec Levi, c'est qu'il est toujours là pour la suivre dans ses idioties. Vingt-cinq ans et toujours aussi imprudente, un jour peut-être Alex grandira. « C'est vrai que c'est vachement lumineux et accueillant pour un commissariat. » Se permet-elle de glisser à la suite du garçon, histoire d'ennuyer un peu plus leur escorte qui ne réagit qu'à l'aide de regards peu amusés. Ils ont vraiment besoin de se détendre ici, mais bon, d'un autre côté, ils sont obligés de travailler la nuit, de jouer au chat et à la souris avec la vermine du quartier, des gens qui, en définitive, n'ont pas grand-chose à cacher.
Les deux amis rejoignent les chaises indiquées, mais Alex ne s'assoie pas tout de suite, elle retient un policier pour lui demander le chemin des toilettes. « I mean... Le lait à la fraise tout ça... » Elle tente un sourire, l'efface rapidement sous le regard noir du brigadier. Elle finit par obtenir l'information, et quitte alors les côtés du blond pour vadrouiller jusqu'aux WCs. Dans le couloir, elle croise un bonhomme d'allure très peu accueillante, maintenu par un agent de police qui s'occupe de le ramener à sa cellule. Alex les regarde avec curiosité, suivant leur avancée jusqu'à ce qu'elle pénètre à l'intérieur des toilettes. Elle ressort quelques minutes plus tard, regagnait prestement la chaise où Levi attend. Elle fouille dans ses poches avant de s'asseoir, dégainant son portable et son portefeuille. Elle s'installe ensuite et se penche vers son ami. « Je crois que j'ai vu un criminel ? » Lui murmure-t-elle, impressionnée. Un agent s'occupe alors de les rejoindre, Alex se penche vers lui, plongeant ses grands yeux noirs dans ceux du brigadier. « Vous avez des profilers ici ? » Nouvelle question impertinente, elle ne récolte qu'une aspiration agressive lui ordonnant de la fermer. Alex se range au fond de son siège et baisse les yeux sur son portefeuille. « Si le problème, ce sont les briques, je peux les payer monsieur, hein ? » Comme si la vie était aussi simple. L'homme redresse un regard toujours très peu amusé vers la demoiselle. « Vous êtes accusés de vol à l'étalage et dégradation de bien madame. Comptez-vous également repayer toutes les voitures rayées ce soir ? » Alex ferme son clapet, elle envoie un regard inquiet à son partenaire. En définitive, Levi est aussi concerné qu'elle.
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