Les fêtes de fin d’année auraient lieu dans un mois, l’hiver ferait son entrée au passage et le froid devenait de plus en plus dur à supporter. Pourtant, il adorait cette saison car elle était pour lui propice d’envoûtement. Ce n’était pas non-plus les meilleurs instants inscrits à sa mémoire, le passé revenait à la charge l’assaillir et les émotions étaient en exubérance, bien qu’il y ait un point positif dont il ne se lassait pas. Sa boîte d’intérim recevait des offres de petits emplois chaque jour et il en profitait de renflouer ses poches dans l’espoir d’offrir des cadeaux à la bonté de son entourage lors de ses instants les plus pauvres. C’était des heures mieux payées et moins de sommeil mais il avait appris à gérer. Il continuerait de persévérer et il espérait au creux de son être être capable d’offrir cette année à Haryu un cadeau qui le comblerait.
Il passait du temps chez lui, il avait d’abord taper un peu l’incruste sans le vouloir. Ils n’avaient pas reparlé d’Halloween et de ses farces. Ils avaient gardé ça au fond d’eux, rangés dans un tiroir, étaient devenus proches autrement. Il aidait par exemple Haryu dans ses exercices de mathématiques quand celui-ci lui préparait à manger. Ils s’étaient faits à la compagnie l’un de l’autre et c’était devenu comme une routine. Agréable, chaleureuse, dont il se préservait quand les émotions l’assaillaient. Ce soir, peut-être passerait-il. En attendant, il devint comme une statut de glace en découvrant d’où venait le bruit d’appareil photo car il avait accepté de travailler dans le but d’offrir de la publicité à une petite boutique avec les accessoires en relation aux fêtes à venir.

« Aucun commentaire. », lança-t-il à Haryu.

ootd - Et quand Haryu le surprit avec le peu de ses affaires accumulé à son logement, transi de froid à une heure tardive dans la rue, aurait-il désiré qu’il se taise ? Il n’avait pas bougé d’un pouce et évitait son regard. Il avait quitté son logement trois jours avant et s’était retrouvé abattu à la rue. Il avait refusé les propositions d’aides de ses ami(e)s en attendant qu’il ne retrouve quelque chose. Il se connaissait assez capable à profiter de leurs pitiés et s’engloutir auprès d’eux. Ils ne méritaient pas qu’il leur fasse ça et il avait feint un sourire. Les rassurer avec des mots qu’il regretterait plus tard. Ce n’était pas la première fois qu’il était à la rue, il aurait juste aimé que la dernière fois soit la toute dernière fois.

@na haryu

Les fêtes de fin d’année étaient propices de rapprochements, les gens revoyaient de vieux amis ou leurs familles. Leurs proches aimants, les relations qu’on oubliait parfois tout au long de l’année et et qu’on retrouvait en ces saisons froides autour d’une douce boisson chaude. En soi, il n’aurait pas dû apprécier cette saison, elle ne lui rapportait que regrets et remords des décisions passées. Il fêtait Noël avec son entourage et la nouvelle année avec ceux qui n’avaient pas la chance de trouver leurs proches. Cette année serait un peu différente parce qu’il n’avait personne avec qui faire la nouvelle année et probablement serait-il seul sans que cela ne l’atteigne. Que les gens profitent de ces instants dont ils s’étaient délestés intentionnellement, ils avaient raison. Haryu avait prévu certainement la même chose et il ne lui souhaitait que de se réchauffer le coeur auprès de ces personnes aimantes à son âme. Peut-être le retrouverait-il avec une nouvelle lueur plus résistante dans les yeux, peut-être.
À l’instar des flocons de neige recouvrant lentement mais sûrement la capitale en ces jours festifs à venir, ses sentiments envers l’archer prenaient de l’ampleur avec une note acidulée. Il aimait se lever le matin, le croisait dans le couloir et qu’ils ne fassent le chemin ensemble jusqu’à l’université. Il adorait le retrouver par surprise comme aujourd’hui et sentir son être se revigorer de sa présence protectrice. Il sourit à ses côtés à cette photo prise, en rit, gêné, et lui fit signe de le suivre à la boutique à quelques pas de là.

« Voilà, lui dit-il en lui désignant l’entrée, D’ailleurs, où est-ce que tu fêtes Noël ? Est-ce que tu comptes passer toutes les fêtes dans ta famille ? »

Petite étincelle d’espoir qui naquit dans ses prunelles d’une réponse négative pour Noël, lui donnant l’occasion de l’inviter à le passer avec lui.

ootd - Il ne l’avait pas vu venir. Le propriétaire ne lui avait pas laissé le temps, il l’avait appelé un matin et lui avait annoncé qu’il devait partir du logement la semaine qui suivait. Il avait des travaux à y faire et il avait l’intention de le vendre après. C’était comme ça que ça se passait ici et il n’avait pas eu le temps de se trouver un autre toit. Dejà-vu. Mis à la porte avec ses quelques affaires, il avait passé sa première nuit affreusement et avait dû reprendre de vieilles mauvaises habitudes. Quand les vêtements ne réchauffaient plus, l’alcool le faisait légèrement et un sourire sur le visage suffisait à faire croire que ce n’était qu’une mauvaise passe. Il y croyait, il y avait cru avant et ça avait porté ses fruits. Il toquerait aux portes d’associations, il se battrait et mettrait plus cher s’il le faudrait dans le simple but d’avoir un chez soi.
Et la deuxième était presque de trop. Larmes qui sillonnèrent les joues et creusèrent des trous à son être dévasté et émotions mises en désordre dans les esprits encombrés. Les années passaient et il était plus difficile de se faire entendre. On proclamait, qu’on proclame ! Personne ne l’aiderait et le froid était vicieux à l’approche de l’hiver. C’était pour cette raison qu’il évitait de s’encombrer, ça évitait d’avoir à se trimballer derrière lui toute une quincaillerie. Il n’avait que son sac de cours et qu’un gros sac, c’était amplement suffisant. Le reste avait été jeté. Tout à refaire, encore quand une main s’agrippe à son bras.

« Lâche-moi…, dit-il d’une voix blanche, Lâche-moi !, dit-il fermement, Pourquoi est-ce que tu me lâches pas ?! Tu me fais mal ! Haryu ! Haryu… Haryu, lâche-moi… »

Et sa voix se mourut dans sa gorge où une boule se forma et l’empêcha de continuer à parler. Yeux mouillés qui gardèrent contenance durant le trajet, il baissa la tête et porta sa main à son estomac qui subissait les contrecoups de la malnutrition depuis trois jours. Il avait envie de vomir. À l’intérieur de cette salle de bain, il se revit la toute première et unique fois où il s’en était servi et il se recroquevilla sur lui-même. Il avait honte, il avait excessivement honte. De toutes les personnes sur lesquelles il aurait pu tomber, c’était lui qui était apparu sous ses yeux. Il s’exécuta malgré lui, se mordit la lèvre pour ne pas craquer et renfila ses vêtements trempés sous la mordeur du froid. Debout au seuil de la porte de la chambre de Haryu, il l’observa et se dirigea vers ses affaires.

« Je ne vais pas rester ici, dit-il précipitamment, Je ne vais pas venir vous déranger quand vous galérez autant que moi. »

Tant qu’il lui restait de la force, du courage, il devait partir.

@na haryu

Ça n’allait pas en s’arrangeant, leurs maux décrues. Il n’était pas dupe, il voyait bien que l’ouïe de Haryu déclinait lentement mais considérablement. Il tendait plus l’oreille, il plissait les yeux et paraissait plus gêné de la situation. Quant à lui, c’était différent qu’au début. Il appréhendait mieux ses émotions mais c’était plus difficile à gérer. Excessivement violent, poigne emprisonnante qu’il peinait à se détacher et il suffoquait. Jusqu’à quand suffoquerait-il ? Il n’y avait qu’auprès de Haryu qu’il réussissait à respirer correctement et c’était encore là un grand exploit quand on songeait aux sentiments éprouvés en décadence. Il n’en dit rien, il se contenta de répéter et de répondre à ses attentes comme il répondrait aux siennes. Il lui sourit, rougit à sa proposition.

« Oui, j’aimerais qu’on le fête ensemble. »

Avec leur entourage, paisiblement. À apprécier de se côtoyer et à manger avec délice les pâtisseries sucrées de Noël.

« Est-ce que… est-ce que tu veux quelque chose de particulier pour Noël ? »

Après tout, c’était l’occasion ou jamais de savoir ce qu’il pourrait lui offrir. Il avait des petites idées, il préférait s’assurer à cette opportunité qui se présentait à lui.

ootd - Il avait choisi. Il avait choisi de quitter sa famille qui possédait une fortune assez conséquente et de vivre dans l’inquiétude des jours à venir. Il y avait eu des moments difficiles, il avait persisté et il avait réussi à s’en sortir. S’il faisait montre d’assez d’efforts, il n’aurait aucun mal cette fois-ci à remonter la pente et ce n’était pas quelques jours à la rue qui le démoraliserait. Les températures avaient chuté, le froid l’empêcherait d’agir comme il le souhaiterait et il serait obligé de se contenter de moyens douteux en quête de chaleur mais dont la seule fin serait de retrouver un toit. Ne pas déranger les autres, pas plus qu’habituellement et particulièrement en cette période de fêtes de fin d’année. Chacun avait ses problèmes, il n’avait pas envie de leur en rajouter. Mais, Shōta, comment est-ce que tu crois t’en sortir alors que tu es incapable d’y mettre les formes pour tes véritables rêves ?
Presque arrivé près de ses affaires, réchauffé, le coeur au bord des larmes, il regarda Haryu et écouta ses suppliques. Il avait fait mine de ne pas entendre les siennes, pourquoi prendrait-il en compte les siennes ? Il serra les poings et s’apprêta à s’insurger, les émotions se mélangeant dans un fracas assourdissant à l’intérieur de son être. Il referma la bouche en sentant ses doigts se poser sur sa peau, frais mais chaleureux malgré tout et il détourna les yeux.

« Toi, arrête. »

Ils avaient passé du temps ensemble. Ils s’étaient embrassés et la love alarm de Haryu avait sonné. Est-ce que cela faisait-il d’eux des personnes proches ? Il l’espérait, il aimerait sauf que ça ne marchait pas comme ça.

« Et pourquoi est-ce que je t’en aurais parlé ?, planta-t-il son regard dans le sien, Mets-toi à ma place !, dit-il en le repoussant, Je ne pouvais pas venir vers toi, pas plus que vers les autres ! »

Sais-tu que ce que je combats à l’intérieur de moi ?

« Ce n’est pas à toi de décider pour moi, grimaça-t-il en serrant son ventre qui recommença à lui un peu mal, C’est trop facile de profiter comme ça, ça ne m’apprendra pas à m’en sortir par moi-même quand un jour je n’aurais pas d’autres choix que de le faire. Je…, commença-t-il, Je ne pouvais pas venir te voir, Haryu, répéta-t-il, Je ne le pouvais pas, je ne pouvais pas. »

Il secoua la tête et il la garda baisser en ravalant ses larmes. Une osa s’écraser au sol et il chercha du courage dans les yeux de l’archer. Ce qu’il y vit lui fit peut-être pousser des ailes car il s’approcha de lui et saisit son haut avec force tandis que ses lippes recherchaient les siennes. Il l’embrassa une première fois avec timidité, une deuxième fois avec plus d’avidité. Il ferma à demi les yeux et à ces baisers volés passionnés, il colla son front au sien. Ses doigts ne se détachèrent pas de lui et à sentir son souffle se mêlant au sien, de nouvelles sensations enflammèrent son corps et le rendirent fébrile.

@na haryu

Ses joues le chauffaient mais dans la brise hivernale il appréciait cette nouvelle source de chaleur. Elle lui apportait un réconfort inattendu, bien qu’il ne sache pas si à l’avenir il serait capable de gérer correctement ce genre de sentiments. Il ne l’avait pas éprouvé, c’était la première fois et envers Haryu, il pressentait qu’il s’en causerait bien des tracas. Ils étaient différents tous les deux, quel était ce petit quelque chose que possédait son interlocuteur qui le mettait dans tous tes états ? Il le lui demanderait bien outre cette idée de cadeau inespéré et cette promesse d’un moment passé en la compagnie l’un avec l’autre autre qu’au logement respectif de l’archer. C’était une sortie, une simple sortie oui, mais aux allures féeriques.

« Une paire de gants pour le tir-à-l’arc, répéta-t-il étonné, Avec plaisir. Je n’ai pas envie de me tromper et de t’acheter ceux qui n’iraient pas. »

Ce seront des gants que Haryu portera souvent et à cette pensée, il ne put empêcher à son coeur de rater un battement. C’était précieux, attachant et il était ravi que ce soit à lui qu’il propose de lui offrir ce genre de cadeaux. Il y ferait attention jusqu’à ce qu’il puisse les lui offrir et le voir les essayer.

« Je te laisse à tes achats, lui dit-il, Si tu veux, je peux passer après. Je ne finis pas trop tard, je devrais même avoir le temps d’aller acheter à manger. Est-ce que Harin sera là ce soir ? »

Parce qu’indubitablement il avait commencé à connaître son colocataire. C’était devenu un peu leur quotidien et c’était agréable de passer du temps dans ce refuge bienveillant.

En avait-il le droit ? En ai-je le droit ? Qu’il en ait le droit ou non, il s’était penché vers son interlocuteur et il l’avait embrassé sans se faire repousser. Au contraire, Haryu y avait répondu et les baisers étaient devenus plus passionnés que les premiers échangés à la soirée de Halloween. Son corps réclamait le sien inlassablement et il n’était pas sûr d’avoir la force de le repousser une nouvelle fois s’il revenait vers lui. Haryu avait ce pouvoir attractif qui agissait sur lui sans avoir à claquer des doigts et tant pis pour les conséquences. Elles étaient déjà là à la preuve à l’appui. Lèvres scellés quand la love alarm continuerait de sonner à son approche. Peut-être bien qu’il n’y avait pas de sentiments mais les sensations, elles, n’étaient pas absentes et enflammaient son être de mille émotions. Il ne s’en irait pas.
Allongé sur ce lit aux prises avec leurs envies étincelantes, il ne s’en irait pas. Il répondit d’abord au baiser avec une nouvelle timidité excessive avant que cela ne devienne plus prenant de le savoir si près de lui. Il s’accrocha à lui de ses bras entourant sa nuque et inversa les positions. Ce n’était pas pour avoir plus d’emprise sur ce qui était en train de se dérouler, c’était pour y avoir plus clair. Haryu ne le lâchait pas du regard alors ses yeux ne quittèrent pas les siens quand ses doigts fébriles retirèrent son appareil auditif. Il le posa à un endroit sécurisé et partit retirer la veste de Haryu après avoir retiré la sienne. Ça ne changeait pas grand-chose, son sweat continuait de lui coller à la peau mais il n’avait rien en dessous. Et il ne savait pas.
Il repartit ravir ses lippes, faufila ses mains tremblantes à la peau de son cou et se pressa un peu plus contre lui. Il osa les descendre sur le tissu de son t-shirt, tirer dessus avec une certaine impatience et de sa voix émettre un gémissement inaudible. Ce n’était pas une bonne idée, ça ne les aiderait pas à aller mieux. Il était bien placé pour le savoir, Haryu aussi sauf que, plus le temps s’écoulait, plus la température grimpait. C’était maintenant ou jamais s’ils désiraient arrêter. Le feras-tu, Shōta ?

Jamais de la vie.

@na haryu

Haryu ne lui demanda pas ce qu’il pourrait bien avoir envie pour Noël et il en fut sceptique. Il n’irait évidemment pas lui proposer un cadeau qu’il pourrait souhaiter, la surprise serait plus attrayante… et qu’est-ce que cela pouvait-il être ? Il avait hâte d’être à ce jour et de passer un instant supplémentaire avec lui. Sa compagnie était à la fois source d’ennui face aux émotions propagées et agréablement réconfortante. Il termina son travail sans trop d’encombres, remercia son employeur de son salaire joliment gagné dont il profita pour leur acheter de bons mets. Rien de trop cher mais délicieux à leurs estomacs. Il sentit l’odeur sur le palier de l’appartement du sportif et en eut l’eau à la bouche.
Il entra et n’eut pas le temps de s’occuper lui-même de disposer les plats sur la table que Haryu les lui prit lui-même des mains afin de s’en occuper. Il rougit au contact de ses mains, ne s’en alerta pas. Plus besoin, il en avait l’habitude désormais et ce n’était pas comme si son interlocuteur ne savait pas. Il porta plutôt son attention sur l’adorable félin à ses pieds et le prit dans ses bras.

« Coucou toi, sourit-il, j’ai vu un copain à toi en rentrant. »

Il frotta son nez contre sa frimousse et en rit avant de le déposer au sol. Ils se mirent à table avec Haryu une fois le repas disposé dans des plats et il se servit sagement. Harin n’était pas tout le temps là et il doutait un peu que ce soit fait exprès, même si ce n’était pas lui qui irait s’en plaindre.

« Les examens approchent, est-ce que ça va aller en mathématiques ?, lui demanda-t-il, J’ai un tas de dossiers à rendre. La nuit va encore être longue. »

Il ferait de son mieux comme à chaque fois dans des études qui ne l’intéressaient pas plus que cela. Il avait terminé de s’en formaliser, se contentait de remplir les convenances.

Ce n’était pas dû à la love alarm, c’était tout le reste. Ils s’étaient rencontrés dans de drôles de circonstances, ils s’étaient tapés dessus sans avoir de remords. Pas une seule fois l’un d’eux n’avait prononcé des excuses à ce sujet depuis qu’ils se côtoyaient comme si cela devait avoir lieu et que leurs ressentiments puissent être exorciser d’une certaine manière. Shōta ne lui demanderait pas son pardon et il n’en attendait pas moins de Haryu. Il ne le désirait pas, il ne souhaitait que son affection envers lui et qu’ils s’embrasent l’un avec l’autre. En conséquence, cela avait débuté à cet instant et continuer mieux ce soir avec toutes ces sensations qui résidaient en leurs êtres et qui prenaient de l’ampleur différemment. Bien plus pour lui, pour Shōta, qui voyait grandir, se décupler les émotions en des parcelles d’étincelles.
Je ne m’en irais pas. Parce qu’après tout, il ne lui avait pas répondu. Il n’avait fait qu’agir et il espérait que la réponse était assez clair. Je ne partirais pas, d’accord ? Il n’aspirait qu’à son regard transperçant son âme et emportant avec lui tous ses doutes. Accroché à lui avec fermeté, l’hésitation se fit souveraine présence et la maladresse rendit ses gestes indélicats. Il fut surpris en le voyant se redresser, son corps plus près du sien, et l’envie de fuir qui revint soudainement à la charge parce qu’il n’était pas convaincu d’avoir la force nécessaire d’accomplir ses convoitises. La peur enserra le myocarde qui battit à plus vive allure et son corps se crispa sans qu’il ne bouge pas. Il ne reviendrait pas sur sa parole, il était peut-être effrayé à ce qui se déroulait sous leurs yeux mais plus encore à s’imaginer ce qui serait capable d’arriver s’il le laissait. Je ne m’en irais pas, Haryu.
Fragments d’étoiles tombés en filatures, il fit chatoyer leur environnement lorsque son sweat rejoignit sa veste précédemment enlevée. Il ferma à demi les yeux et ses doigts trouvèrent refuge dans sa douce chevelure. Il ne les rouvrit qu’à ses lèvres ravissant une nouvelle fois les siennes et plaqua ses mains sur ses joues dans l’espoir de le dévorer avec plus d’avidité. Il les fit glisser à son torse, son regard se troubla d’oser ces caresses appuyées pleines de signification et quand ses doigts dénichèrent la boucle de la ceinture de son pantalon, il le taquina. Il effleura ses lèvres, mit plusieurs secondes à retirer cette foutue ceinture. Sa respiration se fit plus saccadée et il leur retira leurs pantalons à tous les deux. En était-il capable ? Son corps se colla contre le sien mais son regard se perdit ailleurs, sur un point qui n’existait pas et ses doigts joueurs ne le furent plus trop.

Émotions denses qui dansent sur le coeur en vrille.
Émotions amplifiantes qui se plantent en se heurtant à leurs dédoublements.

C’était pourtant la première fois qu’on lui portait autant d’attention.

En es-tu sûr ?

@na haryu

Il avait vite fait la connaissance du petit chaton noir que Haryu avait adopté un beau jour. Il commençait à venir souvent à leur appartement et il ne fut pas surpris d’y découvrir enfin le félin adorable qu’était cette frimousse. Haryu les adorait et devenait une toute autre personne face à ces animaux. Lui n’avait pas eu d’animaux durant son enfance et n’avait pas les moyens d’avoir un aujourd’hui alors cela lui avait davantage de bien de venir à cet appartement et de profiter de tous ces petits côtés chaleureux en plus de la boule de poils s’égayant à ses pieds. Il le laissait agir à sa guise, allant et venant quand bon lui semblait sur ses jambes alors qu’il évitait de perdre patience face à l’incompréhension de ses explications en mathématiques à Haryu. Sa présence était rassurante comme l’était celle de Haryu.

« Ah oui, pourquoi pas, lui répondit-il, je m’y retrouverais mieux que sur ma petite table. »

Son logement n’était qu’à peine plus grand qu’un placard, bien que celui de Haryu et ses colocataires ne soit pas non-plus aussi grand qu’il ne laissait paraître. Cependant, c’était plus aisé pour y faire ses devoirs et ce n’était pas la première fois qu’ils s’organisaient ce genre de soirée. Il regarda le chat et le gratouilla derrière l’oreille en appréciant son ronronnement.

« On dirait qu’on va passer la soirée ensemble, sourit-il tandis que son hôte sortait les cookies du four, Mmh, ça sent bon. »

Une vraie fée du logis, mais il s’abstint de le lui dire. Il l’avait prononcé une fois, le taquiner était de temps à autre facile, mais le sportif n’avait pas eu l’air d’apprécier celle-ci. Pourtant, il réalisait des mets délicieux.

Il n’avait pas voulu s’égarer. Il avait réfléchi, trop pensé comme à chaque fois dans une situation qui lui subtilisait ses défenses. Et ça, Haryu n’en avait que trop bien compris le principe. Mais depuis quand son interlocuteur éprouvait-il le même désir que lui ? Il était surpris, il croyait n’être que le seul à ressentir ces sensations qui le prenaient de part en part sans qu’il n’ait de contrôle dessus. Il parlait de leurs désirs sexuels, il ne prenait pas en compte tout ce qui était sentimental parce qu’il n’y avait que lui qui en éprouvait quelque chose… n’est-ce pas ? Il n’était plus sûr, les gestes de Haryu se présentaient à lui d’une fragilité incontestable. Ils étaient empreints de cette douceur qui s’étaient plusieurs fois reflétés ces derniers jours car il y avait prêté attention de son regard ne se détachant pas de sa silhouette. Et de cette peur sans équivoque qui rendaient chacun de ses mouvements. Ne puis-je n’être que le seul ?
Alors les émotions s’entrechoquèrent. Elles émirent d’abord un soufflement avant que l’implosion ne ravage tout sur son passage. Il revint à lui mais la respiration irrégulière. Il attrapa cette main déposée sur sa joue et eut envie de s’effondrer contre lui. Le seul problème était qu’il n’avait aucun pouvoir sur ces nouveaux troubles se propageant à l’intérieur de son être. Cela était à la fois grisant et déplaisant parce que pareil amour naissant n’aurait pas dû avoir lieu. Il n’était concentré que plus sur un point quand ses sens exacerbés n’auraient dû voir que l’essentiel. De nouveau allongé sous lui, il se cacha le visage pendant que Haryu cherchait à nouer un contact visuel. Ne me regarde pas, je suis laid. Cela ne l’arrêta pas de ses doigts tenaces venant récupérer les siens.

« Je… »

Mais il ne termina pas sa phrase, ses lèvres se faisant ravir. Il glissa sa main libre dans ses cheveux et le rapprocha plus près de lui. Tu en as envie, et sache que tu ne le briseras pas plus que tu n’es brisé.

« Haryu, murmura-t-il, touche-moi, s’il-te-plaît, encore plus, plus fort, dit-il en élevant la voix en se rappelant qu’il le devait pour qu’il l’entende, Je sais qu’on n’est pas obligé mais ça va aller, sourit-il en tremblant, Parce que c’est toi. »

Il lui était déjà arrivé d’être pris de court par les émotions lors d’une aventure d’un soir. Il y coupait court et il laissait derrière les exclamations vociférantes. Il n’avait à faire subir ça à personne mais, ce soir, c’était différent. Ce qu’il ressentait au fond de lui, ce n’était pas pareil et étonnamment, l’archer avait la main mise dessus comme il ne l’avait pas. Il fut à son tour la proie de ses prunelles et gardant sa main dans sa chevelure à laquelle il souhaitait se raccrocher, il récupéra l’autre dans l’espoir de graver ses baisers aux siens pour l’éternité.

"Put all your worries away in the falling rain
So that I don't get immersed in my self more deeply
Baby, it's fallin'
To the last drop
Let it go with a smile
Everything until the end of our fingertips"

@na haryu

C’était amusant comment la connexion s’était-elle établie entre eux et avait tout doucement fait son chemin. Il se revoyait le découvrir l’attendant au point de rendez-vous donné via l’application Tinder et être prêt à faire demi-tour. Si Haryu ne serait pas venu le rattraper, où en seraient-ils aujourd’hui ? Il se le demandait, il ne regrettait pas un instant qu’il ait décidé de ne pas tenir compte de leur altercation désastreuse. Ils n’avaient souhaité que défendre leurs amis respectifs mais au fond ils n’avaient rien l’un contre l’autre. Quoique, de temps à autre s’étonnait-il de leurs différences. Haryu avait cette force qu’il aimerait avoir et il l’enviait au-delà du fait qu’il le désirait. Tous les deux seuls, qu’est-ce qui l’empêcherait de l’embrasser comme l’autre soir ? Son corps était attiré par lui comme un aimant vers le métal.
Il le regarda revenir avec les cookies et sourit. C’était là qu’ils étaient les meilleurs. Chauds et moelleux à souhait. Il attendit quelques secondes et en attrapa un. Il en prit un morceau et l’enfourna dans sa bouche. Un délice des papilles.

« Je crois bien que ce sont les meilleurs que tu aiess fait. »

Haryu n’avait qu’à les laisser poser là, il grignoterait un pendant qu’ils travailleraient. Cependant, la chaleur réconfortante du lieu finit par avoir raison de lui et caché derrière son ordinateur, ses livres ouverts devant lui, il s’endormit. Les cernes se feront ainsi moins désireuses.

Et Haryu le toucha. De ses doigts méticuleux d’archer, il parcourut son corps autre que par le regard. Presque dévêtu, il avait l’impression qu’il serait capable de sonder son âme. Il ferma à demi les yeux et se mordit l’intérieur de la joue quand ses gémissements ne cherchaient plus à s’extraire hors de sa bouche. Le désir gonflait, il gonflait et les sensations se décuplaient. À tout moment, il se sentait prêt à exploser une nouvelle fois comme à imploser et ça continuait de l’effrayer. Il tremblait mais s’évertuait à ne pas le laisser transparaître. Ils étaient lancés, il ne souhaitait pas que ça s’arrête.
De quoi étaient-ils capable tous les deux ? Leurs âmes avaient subi les contrecoups de l’univers mal placé. Enfin, de ce qu’il en déduisait. Il ne savait pas, Shōta, comment Haryu avait perdu l’ouï. Et Haryu ne connaissait pas la vérité sur ses émotions surréalistes. Il n’y avait que leurs corps en émoi, pressés l’un contre l’autre, en quête du peu de douceur des émanations de ce monde inconfortable. Le sien en réclamait plus, se cambrait sous les caresses déposées avec finesse. Ses mains s’invitaient sur la peau du dos de Haryu, y traçait des lignes invisibles comme si cela l’aiderait à y voir plus clair du chemin à suivre face à l’obscurité qui émiettait son âme épuisée.
L’une d’elles osa à prendre la tangente. Elle se fit rebelle à ses heures revêches et trouva toute seule le chemin jusqu’au boxer de l’archer. Ses prunelles cherchèrent les siennes et elles s’étincelèrent quand elles les trouvèrent. Il tira sur l’élastique à son tour, se redressa et mordilla sa lèvre inférieure. La taquinerie le regagna et de sa main libre, il partit passer la pulpe de son pouce sur sa joue. J’aimerais voir au travers de tes yeux que la pitié de ce monde n’est pas dû qu’à nos erreurs.

Oh, Haryu, je ne suis qu’un égoïste. J’ai l’impression d’avoir perdu la partie quand elle ne fait qu’être suspendue. Je peux la reprendre à mes envies et espérer d’avoir évolué. J’aimerais être capable de tendre assez la main et de te voir m’écouter à mes maux torrentiels. Tu sais, j’ai mal au coeur et ça ne s’échappe pas.

@na haryu

Oui, ce n’était pas la première fois qu’il s’endormait ici. En général, il avait l’instinct de se réveiller au bout maximum d’une ou deux heures. Pas ce soir, pas cette fois-ci. La fatigue l’avait emporté sur tout le reste et même installé sur cette chaise moins confortable que son lit au matelas usé, il réussit à sommeiller durant plusieurs heures. Lorsqu’il se réveilla, il cligna des yeux avant de réaliser où il se trouvait. Il sursauta légèrement et fit glisser la couverture posée avec douceur sur ses frêles épaules. Il ne l’entendit qu’au bruissement qu’elle fit en touchant le sol et se sentit rougir de la tendresse faite à son égard par Haryu. Ne me rends pas plus fou de toi.
Il s’étira les bras et se leva. Il vit à son téléphone portable qu’il était très tôt mais qu’importe. Il laissa une note à Haryu - un remerciement éphémère - et prit ses affaires entre ses bras pour gagner son propre logement. Le seuil franchi, il se cala contre la porte et ferma les yeux. Officiellement, c’était sa love alarm qui avait sonné et proclamé qu’il avait des sentiments pour lui. Et il se rendait compte jour après jour que ce n’était que pure vérité. Cependant, il ne le lui avait jamais dit ouvertement et les petites attentions de Haryu envers lui commençaient à faire battre plus fréquemment son coeur lors de leurs rencontres. Il serait bien incapable aujourd’hui de ne plus le voir.

C’était délicat et torrentiel. Les émotions pleuvaient sur leurs âmes courbées et sur la sienne plus particulièrement en particules fines et promptes à s’incruster via les pores de sa peau en combinaison multiple. Il ne se cachait plus et il se laissait entrevoir, bien qu’au début ce ne soit pas toujours plaisant. Il s’accrochait à lui comme s’il avait peur à tout instant de ne le perdre avant que ça ne le submerge et qu’il n’en réclame plus. La tension se relâcha et il se fit plus envieux, lui lança des coups de bassins suggestifs parce qu’il ne servait à rien de faire durer ce qu’ils s’étaient évertués à rendre invisible ces derniers jours.
Ses gémissements se firent intensifs et frôlèrent les lèvres de Haryu dont il était bien incapable de se détacher. Ses mains avaient trouvé refuge à son visage jusqu’autour de son cou et il gardait les yeux ouverts, ne les détachait pas des siens. Cela était plus excitant et il s’amusait à lui mordiller la lèvre inférieure. Quel était son don à rendre cet instant aussi unique que les toutes premières fois accomplies ? Il se laissa entraîner autant qu’il prit soin à l’emmener là où le plaisir était inexprimable. Il enfouit son visage au creux de son cou et eut envie d’y laisser sa marque sans oser aller jusqu’au bout. Haryu ne lui appartenait pas, pas plus que lui ne lui appartenait. Ce n’était qu’un échange charnel et demain serait un tout autre jour. Alors pourquoi au moment d’atteindre l’idéal se sentit-il envahi d’un apaisement innommable dû à la douceur de sa voix parvenu à ses oreilles ? Ce n’était pas anodin.
Il fixa le plafond, son corps en désira plus, même si son âme était repue. Il se tourna vers lui et bien qu’en temps normal se serait-il abstenu d’agir comme il le ferait, il se blottit contre lui et glissa ses doigts sur son torse. Il ferma les yeux et le caressa de leurs pulpes en espérant y aspirer un peu plus de vitalité à travers lui.

J’ai envie de te dire merci comme d’autres mots moins complaisants brûlent à mes lèvres. Je subis chaque jour les effets indésirables de l’évolution de notre monde à double effondrement et toi, tu as tout chamboulé autour d’un simple malentendu. Maintenant, c’est plus intense et je préférerais t’éviter, de peur de ce que cela peut engendrer mais regardes-toi. Comment veux-tu que je me détache malgré les défauts conçus des nouvelles douces émotions ? Elles peuvent se dédoubler, elles, je crois que je n’aurais aucun mal à les contrecarrer avec ta tendre rationalité.

@na haryu