Griffin sortait à peine du bureau, le besoin de voir quelqu'un, de ne pas rentrer tout de suite, le poussa à sortir son téléphone et à taper sur l'écran pour demander à la belle Muse où elle était. Avec un peu de chance, elle était à Busan et ils pourraient se revoir. Le baiser enflammé échanger quand il l'avait raccompagné avait marqué son esprit. Grand romantique qu'il était. Que Muse le veuille ou non, c’était sa première fois et elle garderait toujours une place spéciale dans son coeur. Il ne regrettait et ne le ferait jamais, d'avoir sauté le pas avec elle. Griffin savait qu’après cet instant éphémère, il n’y aurait pas de suite sérieuse Muse étant trop libre pour ça, cela ne l'a pas empêché de penser souvent en s'endormant à une vie ensemble. Grand rêveur qu'il est. On ne le changera pas de sitôt.

Ne s'attendant pas à recevoir une réponse aussi vite, il sourit comme un idiot en s'arrêtant au beau milieu de la rue. Il répondit sans plus attendre et entra les coordonnés de l'endroit. Ce n'était pas loin de là où il était. Quelques stations de métro le séparaient de Muse. Il lui indiqua d'ailleurs ce détail avant de rebrousser chemin pour aller vers l'arrêt le plus proche. Pour sûr que si la roue était montée, Muse allait tenter de le persuader de se laisser accrocher. Cela ne dérangerait pas forcément Griffin… S'il n'était pas peureux pour un sous ! Et pourtant… Si Muse continuait de lui demander : il finirait pas accepter. Il était trop bon et voulait faire plaisir aux gens, même si cela le mettait dans une position délicate à ses yeux.

À l'entrée du Casino, il se présenta à la sécurité et montra ses papiers d'identités. Comme convenus par Muse, ils étaient au courant de son arrivée. Très peu porté sur les jeux d'argents ou tout ce qui implique la chance, il se laissait guider dans le dédale de couloirs jusqu'à accéder aux coulisses. Se sentant tout petit, l'enfant qu'il était toujours était émerveillé par l'envers du décor. Et tandis que son regard se posait sur littéralement tous les détails, il ne se rendit pas compte qu'il était arrivé à destination. La troupe de Muse était encore en train de répéter. Alors, sagement, il posa son attaché de caisse et enleva la veste de son costume trois pièces bleu marin pour s'installer dans un coin. Attendre n'était pas un problème. Surtout quand cela voulait dire qu'il pouvait admirer de loin cette femme incroyable qui avait été sienne pendant quelques heures. Aucun doute qu'elle reconnaîtrait sa présence, son regard sur les tours exercés n'avait pas changé au cours des années.

Quand la troupe eut finit, il applaudit discrètement avant de faire signe à Muse et se lever pour s’approcher d’elle : “Toujours aussi incroyable tu es. Comme un bon vin, tu te bonifies avec l’âge.” Il rigola : “J’aurai put utilisé l’exemple du fromage, mais une part de moi à trop peur de toi pour faire une telle chose.”

Admirant silencieusement Muse, le cœur de Griffin ne peut s’empêcher de faire des bonds dans sa poitrine : maltraitant sa respiration et tout son corps qui se languissait de retrouver celui de l’artiste. Il n’avait rien oublié de leurs soirées, ni même de leurs ébats. Elle restait une femme qui avait marqué sa vie. Jamais il ne pourrait un jour effacer ce qu’elle avait déclenché, créé chez lui. En un sens, Muse avait été celle qui avait insufflé dans son cœur le courage et la confiance qui manquait cruellement à ce jeune homme sans racine. C’était, après tout, cette jeune femme qui lui avait donné envie de chercher ses origines, ou de plutôt confirmer ce désir croissant. À peine la répétition finit que le conservateur fit savoir sa présence en applaudissant. Il en avait pris plein les yeux… Et ce n’était même pas le tour final. Muse n’avait rien perdu de son talent et personne ne pouvait le nier. Il serait prêt à lever ses poings si jamais on lui affirmait le contraire !

Descendant les marches pour marcher vers Muse, il ne peut empêcher ses yeux d’admirer un peu plus la tenue aguichante de la dame ; tout comme il ne peut pas réprimander un sourire d’illuminer son visage. Elle lui avait manqué. Il le comprenait un peu plus maintenant. “Je n’ai pas oublié.” Évidemment qu’il était intimidé par cette femme, même si la fascination et une forme d’amour avaient pris le pas. Passant son bras autour de Muse quand elle déposa un baiser sur sa joue, Griffin se permettait cette familiarité avec elle, car ils ne s’étaient pas connus sur le sol coréen et avaient partagé bien plus que de simples discussions. Si le baiser ne suscita pas un frisson, sa main dans sa nuque termina d’achever le tout. “Moi aussi, je suis content. Je vais bien et toi ? Vous êtes prêts pour le spectacle ?”  Comment le cacher ? Tout sur son visage témoignait de ce bonheur. Un rire sincère et amusé sortit de sa gorge alors qu’elle affirmait que Griffin aurait aimé être à la place de son assistant. “Je ne suis pas aussi courageux et tu le sais très bien !”  Pour sûr qu’il ne serait pas du genre à faire une telle chose. Sortir des sentiers battus était trop dangereux pour le froussard qu’il était. “Je risquerai de me faire dessus, même si tu as toute ma confiance et que je sais au combien, tu es douée.” Cependant, il ne dirait pas non à se faire convaincre, Griffin aimait tester de nouvelles choses même si la peur et l'appréhension l'empêchait bien souvent de suater le premier pas.

Il ne pouvait qu’applaudir ce que faisait Muse. Il avait toujours été admiratif de son travail, des artistes en général. Il faisait lui-même des dessins et un peu de peinture, mais il n’avait rien d’un Leonardo Da Vinci. Et puis, de toute façon pour savoir comment était réellement ses œuvres : il devrait se mouiller et les montrer. Une chose qu’il ne comptait pas faire de ci-tôt, voir jamais. En attendant, Griffin préférait admirer et mettre en valeur le travail des autres. Ce qu’il avait fait silencieusement car arrivé un peu en avance. Il n’était pas déçu du spectacle. En s’avançant vers elle et une fois certain d’avoir son attention, c’est un flot de compliments qui sortit de sa bouche. Il y avait de la bienveillance dans sa voix, ce n’était pas du tout forcé ce qu’il disait. Il pensait chaque mot qui sortait de sa bouche. Griffin se retenait d’ajouter qu’il serait difficile d’oublier quelque chose quand il était question de Muse. Il se le refusait d’ailleurs et si les détails de leurs moments n’étaient plus clairs : il s’en voulait et cherchait ardemment dans sa mémoire pour les retrouver. Son corps près de celui de l’artiste à le don de faire tourner sa tête, mais il se concentra sur l’instant présent pour ne pas perdre pied. L’organisateur était surpris que malgré tout ce temps de séparation, ils agissaient comme s’ils s’étaient quittés hier.

“Vraiment ?” Demanda-t-il avec un sourire malicieux. “Vrai que te revoir rends tout mieux.” Il en oublierait même la magnifique Phoenix et l’exposition qu’il devait organiser à la perfection. Enfin non… Il ne pouvait pas faire abstraction de cette pression qu’il acceptait en vue de l’aura qu’avait Chang. Elle rivalisait sérieusement avec Muse, même s’il connaissait bien plus la seconde et se sentait plus à l’aise. “Je ne me fais aucun souci, tu seras prête et tu vas faire briller les yeux de tous les spectateurs. En espérant qu’aucun ne soit cardiaque.” Un rire sincère sortit de ses lèvres : c’est que le spectacle de Muse n’était pas pour ceux qui ont le cœur mal accroché.

Ne s’attendant pas à la sentir si proche de lui, un frisson le prit en sentant son souffle au creux de son oreille. Bon sang qu’il avait oublié qu’elle jouait constamment avec le feu. Pour un Griffin d’une nature réservée, cela était aussi exaltant qu’intimidant. Il était intrigué par ses mots, pour sûr qu’elle trouverait une façon de titiller ses sens et de le pousser à faire quelque chose qui le terrifie. Il n’avait jamais douté de ses capacités.

“Je vais finir par croire à nouveau que tu es une sorcière.” Son sourire en coin se voulait séducteur, même s’il n’en avait pas les épaules. Il n’avait jamais été doué dans ce jeu contrairement à Muse. “Une récompense ?” Un air intéressé illumina son visage : “Comme quoi ? Tu m’intrigues…” Et par-là, encore plus que d’habitude disons. Et quand elle suggéra de donner un aperçu, son cœur s’emballa un peu plus. Il ne s’attendait pas à la suite, mais il y répondit sans hésitation.

Collant son corps au sien, il glissa ses mains sur ses hanches pour accentuer le geste qui n’était pas anodin. Griffin n’hésita pas à répondre avec encore plus d’envie à cet échange inespéré. Si on lui avait dit qu’il embrasserait Muse en se levant ce matin, il aurait rit aux éclats. Remontant sa dextre le long de ses cotes, il la logea dans le cou de l’artiste. S’éloignant de quelques centimètres, il la dévora du regard :

“Tu sais comment me parler…” Il caressa de son pouce la joue de Muse : “C’est donc ce genre de récompense que tu parlais… Intéressant, intéressant.” Il ne pouvait plus s’empêcher de sourire alors qu’il embrassa le bout de son nez : “Si je passe sous tes couteaux… Tu me laisses t’inviter à manger quelque part après ?”

Lui qui était un grand timide avait depuis longtemps fait tombé la barrière pour Muse. Il l’avait gardé pendant de longs mois avant de céder et maintenant, il ne voulait plus jamais la mettre. L’artiste était bien trop incroyable pour refuser qu’elle soit dans sa vie. Griffin était heureux de la retrouver, il ne savait pas combien de temps, elle resterait à Busan, mais il comptait bien garder contact avec elle tout le long de son séjour. Il savait que la Belle avait la bougeotte et ne restait pas en place. En attendant qu’elle reparte vers d’autres aventures sans lui et le laisser dans sa vie pas réellement palpitante, il la serra contre lui. Il semblerait que sa soirée fût réservée pour des plaisirs en tout genre, même si cela n’était que la chance de lui parler et de passer du temps avec elle. Griffin ne demandait pas plus, il n’oserait jamais.

“Il ne faut pas que tu brises cette tradition, c’est parce que tu mets des sentiments dans tes tours que les gens adorent venir te voir.” Il était sincère en disant ces mots. “Si tu ne mettais ce petit je ne sais quoi, les spectateurs passeraient leur chemin.” C’est que toute façon à ses yeux personne ne pouvait réellement critiquer le travail de ces personnes incroyables. Il avait toujours admiré les artistes, toute catégorie confondue, qui mettait dans leur travail leur cœur avant de le présenter à un public qui pouvait être exécrable. “Vraiment ?” Il était surpris d’entendre qu’elle comptait l’inviter. “Je serais plus qu’honoré.” Mais il payerait sa place, hors de questions qu’elle lui offre. Tout travail mérite salaire comme disait son père. “Même si je l’étais, te voir une dernière fois performer serait quelque chose de pas trop mal comme dernier souvenir hm ?”

Évidemment qu’il serait et allait encore être tenté par Muse. La preuve étant du baiser qu’elle lui donna et auquel il répondit avant même que son cerveau comprenne la situation. Son corps connaissait la mélodie et il voulait à nouveau la jouer. Pianoter sur la peau de l’artiste, caresser sa peau, la faire vibrer à chaque baiser : comme cette sensation grisante ouvrait de nouvelles possibilités. De nouvelles voies.

“J’ai eu un excellent professeur qui m’a donné de bonnes bases.” Muse l’avait dévergondé pour sûr. “Mais aucune n’a su bâtir autre chose.” Pourquoi ressent-il le besoin de lui dire ? Il ne le sait pas. Griffin n’avait pas trouvé une autre chaussure à son pied, il ne fermait jamais la porte à cette possibilité, mais elle ne s’était encore jamais présentée. Alors il attendait et quelle meilleure façon que de le faire avec Muse ? À sa question, il savait qu’il devrait répondre.

La demoiselle renchérit même le prix, de quoi allécher un peu plus le conservateur qui ne pouvait décemment plus refuser. Imaginer s’il le faisait… Non il ne se pardonnerait pas. Griffin voulait apprendre à connaître Muse, à découvrir un peu plus son univers et se brûler les ailes avant de devoir retrouver le Phoenix et renaître de ses cendres en travaillant à ses côtés.

“La fameuse caverne hein ?” Il sourit : “Intéressant… Intéressant…” Le sourire malicieux sur son visage trahissait le fond de sa pensée. Cela était une excellente idée. Et ce baiser dans son cou… Griffin ferma les yeux et soupira de plaisir alors qu’un frisson s’emparait de son corps à la traître. “Avec tous ces arguments… Comment dire non hein ?” Il rouvrit ses yeux, sourit : “C’est entendu. Martyrise-moi sur ta roue infernale.”

Il rigola et enleva sa veste de costume pour aller la poser soigneusement dans un coin avec son attachée de caisse. Habillement, il défit les boutons de sa chemise pour être plus à l'aise. Remontant ses manches, il passa tout de même nerveusement sa main dans ses cheveux en suivant Muse. Se mettant devant la cible, il la regarda :

“Sois clémente eh ? Je suis encore vierge dans le métier.” Griffin sourit et la laissa faire : “J’ai le droit de fermer les yeux et de serrer les fesses hein ?” Parce qu’il commençait déjà à sentir le stress monter et ne pourrait pas se promettre de garder un visage brave devant le danger et l’inconnu.

Il y avait ce genre de personne avec qui le temps ne semblait pas avoir de l’effet. Oui, ils étaient restés en contact, mais pas de façon soutenue. Un message parfois un appel, mais rien de plus. Pourtant, rien ne semblait avoir changé entre eux et cela faisait plaisir à Griffin qui avait toujours aimé avoir une certaine stabilité avec ses amis. Loyal et fidèle, Muse avait compté et garderait toujours dans son cœur une place spéciale alors évidemment qu’il voulait la garder près de lui et avoir avec elle la meilleure des relations possibles. N’espérant, ne demandant, rien de plus que de passer du temps avec l’artiste : il était bien trop heureux de la revoir pour demander plus. Si par le hasard, il pouvait venir partager d’autres moments plus intimes avec elle : cela était encore mieux, un bonus sur lequel il ne cracherait pas.

“Ai confiance en toi hm ? Ton corps, ton esprit savent quoi faire : repose-toi sur eux et profite de l’instant.” Son sourire appuyait ses paroles.

Griffin pouvait comprendre l’anxiété de son ami. Lui-même, à moindre échelle, avait ce genre de sentiments tenaces dans ses entrailles quand il devait organiser des expositions ou bien rencontrer des artistes, comme Phoenix. Il croyait en les capacités de Muse pour faire rêver tous ceux qui feraient partie de l’audience quand elle ferait son spectacle. Il n’avait aucun doute dessus et il voulait transmettre cela à la jeune femme.

“Je sais juste que tu as la bougeotte et rester au même endroit n’est pas ton forte, je me trompe ?” Ce n’était pas une critique, loin de là. Griffin l’admirait de pouvoir voyager comme ça et partir à l’aventure sans avoir peur. Lui ne serait certainement pas aussi confiant. C’est certain. “Je sais qu'où tu ailles, j’aurai de tes nouvelles, c’est bien pour ça que je te “laisse” t’éloigner de moi.” Il rigola en disant cela, il savait que jamais rien, ni personne ne pourra contrôler les allées et venues de Muse. Elle était bien trop indépendante et forte d’esprit pour se laisser enchaîner comme une lionne en cage.

Le baiser laissa un goût étrange, il en voulait plus, mais il avait d’autres choses à faire avant. Comme probablement finir sur la roue tournante pour laisser Muse lancer ses couteaux. Griffin n’était pas un homme courageux, il était même lâche sur beaucoup de points alors l’idée d’être à la merci d’un potentiel danger ne l’enchantait guère, mais comme dans beaucoup de situations : il se laissa entraîner : incapable de dire quoi que ce soit, n’ayant aucune volonté à refuser ce plaisir à la demoiselle qui lui faisait face et qui le regardait avec ses grands yeux pétillants. Elle était encore plus belle que dans ses souvenirs, c’est certain, et pourtant, il avait laissé ses iris regarder Chung quand elle était occupée à autre chose.

“Tu sais aussi bien que moi que je ne suis pas le genre à faire le premier pas, ce n’est certainement pas avec les années que ça va s’arranger…” Alors sa vie amoureuse était désertique. Il ne comptait pas à son actif un grand tableau de chasse, mais cela n’était pas pour lui déplaire. Il ne voulait pas être ce genre d’homme de toute façon. “Tu ne serai accepté pas un non et moi je suis bien incapable de te résister, on est mal barré hein ?” Dit-il en rigolant. “Enfin… Je suis mal barré, toi tu vas savourer chaque instant et te repaître.” Et il savait qu’il n’était pas loin de la vérité la concernant. Rougissant au sous-entendus, il hocha la tête : trop perturbé pour répondre quoi que ce soit avant de commencer à se mettre à l’aise : “Tu serais jalouse et je ne voudrai pas te déconcentrer.”

Griffin se mit devant la cible, regarda l’objet qui deviendrait bientôt son objet de supplice. Il espérait que Muse tienne sa parole et soit clémente avec lui. Bien qu’il ne soit pas cardiaque, il ne voulait pas tenter le diable. Cet exercice, une fois finit, prouverait au final de toute la confiance qu’il avait en son amie. Se mettant dos contre le bois, il frissonna en la sentant déboutonner un peu plus sa chemise :

“Si on continue comme ça… Ça sera un autre numéro qu’on va faire.” La température montait en lui, il se faisait violence pour ne rien montrer, mais les faits étaient là. Et les gestes de Muse se font de plus en plus osés à son grand damne. Il s’exécuta cependant et suivit les indications de l’artiste. Hors de questions de bouger de cette position.

La laissant s’éloigner, son regard ne quittait pas celui de Muse. Il se dévorait, littéralement et si la soirée se profilait comme ils l’escomptaient… L’organisateur saurait comment montrer toute la fougue qu’elle créait en lui.

“Je pense que je ne serais jamais prêt tu sais ?” Et c’était un fait indéniable. “Qu’on en finisse…” Il rigola : “Je veux que ça soit ces mots qui soient gravés sur ma pierre tombale si jamais je ne survis pas.” Des dernières paroles probablement déjà utilisées.

Levant ses yeux, il vit le manche du couteau. Quand ce dernier s’est planté dans la cible en bois, son cœur et corps avaient sursauté en même temps. Il reporta son attention sur Muse et avala sa salive. En sentant un courant d’air près de ses genoux, il baissa la tête : heureusement qu’elle n’avait pas visé sa virilité.

“Mal…” Il était pâle, stressé, mais il ne bougeait pas cependant et laissait Muse se concentrer.

Un autre couteau se planta dans le bois, cette fois-ci près de son cou : le faisant déglutir par pur automatisme.

Quand tout fut terminé, qu’elle s’approcha de lui pour enlever les couteaux : “Je ne sais pas comment ton assistant fait pour ne pas se faire dessus !” Il était terrorisé et elle n’avait même pas lancée les couteaux prêts. “Je pense que pour une première fois… C’est pas trop mal non ?” En sachant qu’il n’était pas du métier. Fébrile, il descendit de la cible et mit ses mains sur ses genoux pour se remettre de ses émotions. “Je suis déjà beaucoup sortit de ma zone de confort.” Griffin se redressa et prit de longues inspirations pour retrouver des couleurs : “Mais te voir sous cet angle a été un vrai privilège. Merci.”

Griffin était réellement surpris d’entendre Muse dire qu’elle avait rangé ses affaires et que ses valises vides. Vraiment ? Allait-elle rester ici pendant un moment ? Il ne voulait pas trop espérer de peur d’être déçu, pourtant son cœur se gonflait déjà de joie à cette idée. Cela serait incroyable de la garder près de lui. Il n’avait pas beaucoup d’amis en général alors Muse était une privilégiée d’autant plus qu’elle était une des seules femmes qu’il avait connues dans sa vie d’homme adulte. Alors forcément… Muse avait une place particulière et personne ne pourrait un jour la détrôner pour sûr. Il sourit en l’entendant. Griffin pouvait sentir dans ses paroles qu’elle était comblées et il ne pouvait rien demander de plus. L’artiste méritait le meilleur et une réussite incontestée. À Busan, il espérait qu’elle trouve autant de gloire que dans les autres pays où elle est allée. Il lui tardait d’entendre ses récits d’ailleurs et d’en savoir plus sur ce qui s’est passé depuis leur dernière rencontre. Il ne peut pas s’empêcher de se sentir rassuré quand elle affirme sans sourciller qu’elle ne le laisserait pas s’éloigner. Il y avait quelque chose de réconfortant dans cette pensée : il ne serait donc jamais seul au fond ? Lui éternel mélancolique et personne qui se sentait de trop avait besoin entendre ces paroles quand elles étaient dites sincèrement. Le baiser qui s’en suivit appuyèrent ce sentiment, et même un aveugle pourrait sentir l’alchimie entre eux : ce lien si particulier qui s’était renforcée avec les années. Des amis comme Muse, on n’en faisait pas beaucoup.

Les allusions de la dame font monter rapidement le rouge à ses joues. Comment réagir autrement, il faut dire ? Griffin n’avait rien d’un tombeur et ce n’était certainement pas un séducteur. Il laissait la place à d’autres : il se contentait volontiers de ne pas rentrer dans l’arène. En l’entendant parler de sa tête, il passa lentement sa main autour de son cou dans un geste purement instinctif.

“T’es sûr que ton nom de scène ce n'est pas la Reine de Coeur ?” Non parce qu’il n’avait pas envie de perdre sa tête, même si pensées étaient difficilement rationnelles quand il était question de l’artiste qui l’attachait à la cible. “Un numéro sans couteau ?” Dit-il quelque peu terrifié soudainement d’avoir poussé le bouchon trop loin. Muse était prête à tout, il le savait. Elle ne semblait avoir peur de rien et c’est ce qui faisait encore plus son charme selon lui ! “Oh ce n’est pas un manque de confiance en toi, juste en moi. Je serais bien incapable de faire ce que ton assistant fait c’est sûr et certain !” Il ne cherchait pas d’ailleurs à prendre sa place.

Dans un laps de temps qui lui avait semblé être une éternité, Griffin faisait son possible pour ne pas sursauter à chaque fois qu’il entendait le bruit sourd de la lame qui pénétrait le bois. Il s’efforçait également de ne pas trembler et de pousser des petits cris de surprise en voyant les larmes fusées vers lui. Quand le supplice fut terminé, il demanda avec plein d’espoir s’il avait maintenant le droit à sa récompense. Qu’importe la nature de celle-ci : tant que cela voulait dire qu’il allait retoucher la terre ferme. Muse n’attends pas plus longtemps, en sentant ses mains sous sa chemise, il frissonna et ses pupilles se dilatèrent : pas parce qu’il avait eu peur, mais parce qu’elle lui faisait de l’effet.

“En même temps… Je le savais en venant que tu trouverais un moyen pour me perturber à nouveau et reprendre ce manège que tu as toujours fait avec moi.” Cela n’était pas pour déplaire à Griffin, il connaissait juste assez Muse pour savoir qu’ils n’avaient pas encore terminé. “Si un jour l’envie me reprends, tu seras la première au courant, mais n’est pas trop d’espoir hm ? Je ne sais pas si je serais à nouveau assez fou pour retenter l’expérience, même si c’est à faire une fois dans sa vie pour sûr !”

L’embrassa fougueusement, ses mains se posèrent sur les hanches de Muse et il serra le costume de scène de la belle d’ailleurs pour l’attirer un peu plus à lui. Hors de questions de laisser de l’espace entre eux alors qu’il pouvait l’avoir pour lui. Il n'attendait que ça. De se faire électrisé, mais surtout :

“Tant que je peux passer du temps avec toi, tu sais que je ne suis pas du genre difficile.” Souffla-t-il, même si Muse devait savoir que c’était bien plus que le plaisir charnel entre eux. Il y avait autre chose, même si Griffin savait que jamais il ne pourrait dompter et faire sienne pleinement celle qui rangeait soigneusement ses couteaux. Pauvre amoureux transit et fleur bleue qu’il était : l’organisateur se contentait de ramasser des miettes et d’être heureux de pouvoir juste la regarder.

“Commandons à manger, je suis certain qu’on a beaucoup à rattraper et ce n’est pas pour des oreilles chastes hm…?” Sourire malicieux. “C’est qu’on a des choses à se dire.” Il voulait volontiers rentrer avec elle dans ce plaisir. Il alla remit correctement sa chemise, puis son veston avant d’enfiler sa veste. Le reste de ses affaires trouva rapidement ses mains : “Je te laisse ouvrir la marche Bella.”

Sa timidité presque maladive bien souvent avec les femmes ne s’appliquait plus à Muse. Elle avait depuis longtemps ébranlé cette muraille pour poser son camp. C’est pourquoi il rougissait oui, mais il répondait à cette provocation avec un désir qu’il ne pouvait pas cacher. “Je suis certain que tu mens, je suis persuadée que peu de personnes peuvent résister à ton charme.” Le faire serait presque un blasphème. Elle avait ce charisme, ce charme qui ne pouvait pas laisser les gens qui la rencontraient indifférent. “Tu peux avoir qui tu veux sur ta roue infernale… La preuve, j’en suis une victime.” Car Griffin avait cédé oui, même s’il était terrorisé. Cela ne lui ressemblait pas de faire une telle chose. “Bon tant mieux… Je vais juste me contenter d’admirer votre duo.” Leur complicité évidente ne laissait pas de doute à l’organisateur d’expositions sur leur lien. En était-il jaloux ? Oui et non. Il savait que personne ne pourrait amarrer Muse à un seul port.

Sur la roue, Griffin fait son possible pour ne pas fermer les yeux et donc laisser le loisir à Muse de voir sa peur, mais aussi son admiration. Après tout… Elle n’avait pas fait couler son sang même s’il pouvait sentir le léger courant d’air qui effleurait sa peau à chaque fois que la lame se plantait dans la cible. Quand enfin, il fut autorisé à se redresser, ce fut pour sentir les doigts aventureux de l’artiste qui le laissa évidemment tout chose. Avait-il réellement besoin de se justifier de l’effet qu’elle lui faisait ? Absolument pas. Ils n’en étaient plus là.

“Hm…” Il n’en était pas convaincus non, même sage comme une image : elle pouvait être létale. Le baiser qu’il lui donna ne laissait pas de place au doute. Il était bien trop enivré par elle. “Ma foi… Si tu veux… Je te promets de faire en sorte que tu sois éveillée toute la nuit.” Entre tout ce qu’ils avaient à se dire et tout le temps qu’ils avaient à rattraper : il y avait de quoi faire. Mais pas pour les oreilles qui les entouraient. “Je suis certain qu’on trouva le temps de faire plusieurs pauses. Pour retrouver nos forces.”

Griffin se rhabilla, histoire d’être encore un peu présentable. Juste le temps d’être en privée. Il savait qu’en disant cela, Muse n’était pas sérieuse, il regarda donc avec envie les formes qui bougeaient sous ses yeux. La nuit s’annonçait des plus torrides. Suivant la belle, il sourit doucement :

“J’utilise beaucoup le métro, très peu la voiture.” Meilleur pour la planète et pour la santé : “Je garde la forme comme ça.” Il réfléchit : “Pas vraiment, je découvre encore cette ville.” Une fois chez Muse, il sourit : “Tout ce qui peut me permettre de te découvrir : j’accepte.” Cela était tellement exaltant. Il avait hâte d’en savoir plus sur la mystérieuse artiste.

En passant la porte de la demeure familiale, le regard de Griffin se posait sur tous les objets, tous les détails possibles s’imprimaient dans son cerveau. Dans la pièce, il est illuminé par tout ce qu’il voit. Cela lui faisait tellement plaisir d’apprendre à la découvrir encore plus. Il s’approcha de la roue, il sourit :

“Elle a beaucoup servi… Tout est si beau.” Il se tourna vers elle, agrandissant sa risette : “C’est incroyable. Ta collection est magnifique et je n’ose pas même pas imaginer au combien tout est beau en journée quand le soleil rentre à l’intérieur.” Griffin continua de tout admirer, de tout toucher avec les yeux : ses mains dans ses poches l’empêchaient de toucher quoi que ce soit de peur de casser. “Tu as trouvé tous ces couteaux où ?” Demanda-t-il. “Et ces costumes de scène, tu les as tous portés ?” Parce qu’ils étaient incroyables. “Ton monde est tellement riche en couleur. Tellement beau.” Griffin était admiratif. “Et je ne dis pas ça, car je suis un amateur d’art, il y a des pièces magnifiques.”

“Tu sais très bien que c’est faux, Muse.” Sourit-il : “Jamais rien ne m’arrêtera de te voir.” Ils commençaient à se connaître, Griffin avait toujours eu un bon flaire pour détecter de potentielle personne toxique et l’artiste ne faisait pas partit de ce groupe d’individus : il ne serait donc jamais loin de ses grands yeux sombres même si une mer les séparait. “Si je suis une victime quand même.” Et il lança sa main sur son front dans un geste dramatique avant de rire et de se plier à la règle pour se mettre sur la roue infernale. Les minutes qui suivirent furent les plus longues de sa vie, mais cela valait la peine. La vue qu’il avait d’ici été aussi terrifiante qu’excitante. Surtout qu’il pensait à l’après bien malgré lui.

Une fois délivré, l’air reprit possession des poumons de Griffin qui se sentait à nouveau revivre. Il en était bien heureux oui. Ce supplice était terminé et ce n’était pas pour un mal ! Maintenant, ils pouvaient tous les deux penser aux réjouissances. S’il ne disait jamais non pour recevoir de l’attention, il était le premier à le redonner à la moindre occasion. Un échange de bon procédé en outre, quelque chose de complètement normal à ses yeux. Le toucher de Muse l’électrise, lui donne des envies peu catholiques et qu’il ne pouvait pas faire ici : en public. Il ravala donc toute cette envie, notant bien que plus tard il pourrait la titiller tout aussi impétueusement qu’elle ne le faisait à l’heure actuelle.

“Pourquoi je voudrais m’endormir et perdre une seule seconde à ne pas profiter de toi ?” Souffla-t-il plein de désir alors qu’il la dévorait du regard : “Tu n’es pas débarrassé de moi facilement.” Posant sa main sur sa joue, il la caressa : “Même si me réveiller à tes côtés va être un moment que je savourais tout autant.” Il n’y avait pas qu’une question d’acte charnel avec Muse, cela était bien plus pour Griffin.

C’est avec de belles promesses de lendemain et de nuits enflammés que l’organisateur suivit l’artiste vers le taxi qu’elle avait commandé. Direction la maison de la belle où il allait pouvoir explorer une autre partie de sa personnalité pour son plus grand plaisir. Passant la porte du domaine secret, ses yeux caressent tous les objets qui s’offrent à lui. Impressionner, il se sentait tout petit face à temps d’histoire et de choses à regarder. Déjà transporter, il hocha la tête en entendant Muse confirmer qu’avec la bonne lumière l’endroit devient encore plus magique. Il n’avait aucun mal à le croire. Presque religieusement, Griffin écoutait l’artiste parler, partager son histoire. Hochant la tête de temps en temps pour montrer qu’il n’était pas seulement perdu dans ses pensées, il ne perdait pas une miette des paroles prononcées.

“Ils sont tous plus beau les uns que les autres, ils ont leur propre charme.” Il avait passé sa vie d’adulte à étudier des œuvres d’arts. “Ils sont vraiment magnifique.” Et il disait cela d’un œil professionnel. Enfin… Jusqu’à sentir les lèvres de Muse dans son cou. “Je ne pensais pas plus pouvoir t’admirer, tu viens de me prouver le contraire.” Reportant son attention sur la propriétaire des objets qui auraient leur place dans des musées tant ils étaient beaux, Griffin se perdit dans ses yeux. Tournant la tête pour admirer les sabres, il sourit en coin : difficile de se concentrer sur la beauté des objets quand il y avait une telle tentatrice à votre portée. “Mais une femme comme toi ne fais jamais rien par hasard et tu sais calculer les risques…” Avalant sa salive, il réalisa que cela était peine perdue : il perdait pied. Encore plus quand elle s’installa et écarta ses cuisses.