ft @Im Dawn

“Même les rencontres de hasard sont dues à des liens noués dans des vies antérieures.”

Les jours sont passés trop vites. Ils se sont enchaînés sans que je puisses vraiment en savourer les secondes. Pour certains cela pourraient paraître épuisant, voir effrayant. Pour moi cet enchaînement de journées rapides n'a  été qu'une façon d'avoir l'esprit occupé. Ainsi je me suis focalisée que sur les préparatifs de l'exposition de Phoenix. Griffin m'a bien aidé, même si rien n'a été facile, sa ressemblance avec Jihun a serré mon cœur plus que de raison.
Comment réellement oublier son premier amour quand on se trouve face à son sosie tous les jours ?
Mais j'ai pris sur moi et j'ai fini par y arriver. Bon je ne lui ai pas facilité la vie et parfois la froideur a caressé mon être avec une violence ravageuse. Il a du dans ces moments là me trouver vraiment bizarre. Mais il n'a jamais rien dit, il a juste accepté et fait son travail comme si de rien était.
Exemplaire en quelque sorte Griffin.
Mais l'essentiel c'est que nous y sommes arrivés. Demain c'est la soirée d'ouverture, soirée ou ne sera invité que des personnalités triés sur le volet, pas de presse pour éviter trop de questions. En tout cas sur le papier tout semble parfait. Mais la perfectionniste que je suis ne peux s'empêcher de retourner à la galerie pour jeter un dernier coup d’œil.
Rien de doit être laisser au hasard. Jamais.

Comme à chaque fois que je me rends sur les lieux de l'exposition de Phoenix, j'use de discrétion. Personne ne doit faire le lien. Personne ne doit savoir que je suis l'artiste, même si parfois ce secret est lourd à porter, surtout face à mes amis.
Se sentiront-ils trahis le jour ou ils l'apprendront ?  
Sûrement.
Mais j'y penserais le moment venu. Sac sur l'épaule, habillée simplement, un jean, une chemise et une veste je marche. L'esprit aux aguets, un peu ailleurs aussi. L'imagination en action. Mon carnet est dans le fond de mon sac.  On ne sait jamais si je veux noter des détails, faire un changement de dernière minute. Si j'ai des idées pour une œuvre future. Je presse le pas, alors qu'il y a un peu plus de monde et voilà que je me fais bousculer. Le mouvement fait glisser mon sac de l'épaule, il tombe au sol et s'ouvre. Certains des éléments se retrouvent éparpillés. « Et flûte ce n'est pas le moment. » La personne qui m'a bousculé ne s'est même pas excusé et elle a filé. Je la cherche des yeux mais je préfère me concentrer sur le ramassage de mes affaires, avant qu'elles ne finissent sur la route. Une fois tout ramassé, je reprends ma marche, encore quelques pas et je serais à la galerie.
Mais dans l'agitation je n'ai pas vu que mon carnet était tombé.

Je m'arrête devant la galerie, j'admire un instant les œuvres mises en avant dans les vitrines, l'affiche géante avec le nom de Phoenix dessus, nom écrit dans les flammes pour rappeler cet animal mythique. Et aussi la partie éclairée par des bougies. Je m'attarde, comme d'autres curieux. J'essaie d'entendre les commentaires que déjà cette vision fait naître. Toujours curieuse de savoir ce que pensent les gens qui regardent mon travail. Qu'ils viennent ou non à l'exposition, je sais que pas mal passeront devant ces vitrines décorées. Je souris heureuse avant de mettre ma main dans un geste naturel contre mon sac.
Et là ..
« Mon carnet ?? » Stupeur dans la voix. Et j'enfonce la main dans mon sac. « Non ce n'est pas possible. » Je me mets sur le côté et le vide pour bien vérifier. La panique s'empare de tout mon être. Mon carnet que depuis des années je nourris de toutes mes créations. Certaines ont vu le jour, d'autres sont restées à l'état de croquis. Des photos y sont glissés, photos prises dans les précédentes expositions. Tout le tracés de ma carrière est déposé dans ce carnet. Un lien entre l'artiste et la jeune femme simple que je suis. Et il a disparu.
Je vais pour revenir sur mes pas.
Me disant qu'il a pu échapper à mon regard quand j'ai ramassé mes affaires. Ce qui serait le mieux. Parce que je n'ose pas imaginer ce qui pourrait se passer si une personne le trouver. Ce qu'il pourrait en faire s'il comprenait son importance. S'il comprenait qu'il tient le moyen de dévoiler au monde l'identité de Phoenix.
Et cette pensée me panique au plus haut point.
J'accélère le pas quand je vois un jeune homme m'observer. Est mon esprit qui me joue des tours ? Ou c'est bien à ma silhouette que ses yeux sont accrochés. Volonté ou simple hasard ? Je devrais me concentrer sur la recherche de mon carnet mais je m'arrête à sa hauteur. « Vous n'auriez pas vu un bloc note traîner dans le coin ? » Après tout je risque quoi à demander. J'essaie de rester calme pour que ma voix ne trahisse pas l'angoisse que cette perte sur l'instant me cause.  

ft @Im Dawn

“Même les rencontres de hasard sont dues à des liens noués dans des vies antérieures.”

Clope au bec, tu errais dans les rues comme tu aimais tant le faire durant tes instants de liberté. T’avais qu’à partir. T’avais rien de toute façon. Pas même une valise à emmener. Il suffisait de disparaître. Mais t’avais connu le froid, la faim qui faisait gronder ton estomac au point de te rendre fou. Tu connaissais les dangers de la rue et t’avais pas envie de revivre cet enfer. Mieux avait avoir un toit et quelques amis sur qui se reposer dans les moments les plus difficiles. T’avais pas encore eu le temps de mettre en place un plan pour ta fuite. T’avais besoin d’argent. De beaucoup d’argent pour t’assurer un avenir correct. Parce que t’avais personne sur qui compter, personne pour t’aider à te sortir de toute cette merde. C’était ta faute. Incapable de te lier. Incapable de faire confiance après la trahison de ton mac. De cette homme que t’avais eu l’audace d’aimer et que peut-être, t’aimais toujours un peu malgré tout. Fallait vraiment être au bout du rouleau pour avoir des sentiments pour un tel monstre, mais tu pouvais pas oublier cette main tendue, la chaleur de ses bras quand t’en avais eu le plus besoin. T’avais accepté de vendre ton corps pour ses beaux yeux. Idiot et naïf que t’étais. Tu savais plus comment te sortir de cette engrenage et quand tu baissais le regard sur un carnet, tu pensais pas que ce serait un pas de plus vers une vie meilleure. Par curiosité tu l’ouvrais, observant les différents croquis. T’y connaissais pas grand-chose en art. Rien de plus que ce que Ziggy t’avais appris quand tu prenais le temps de l’écouter. T’hésitais à lui ramener. Peut-être qu’il pourrait en faire quelque chose ? Ou qu’il reconnaîtrait certaines esquisses ?

Et tu fronçais les sourcils en voyant cette fille te foncer dessus avant de glisser le carnet dans la poche arrière de ton jean. T’étais pas un prince charmant, alors les demoiselles en détresse c’était pas ton truc. Tu la regardais de haut, de ton air toujours arrogant alors que t’étais personne. « Bonjour.» Parce que t’étais poli maintenant ? Juste un chieur qui prenait un peu trop plaisir à se délecter de la souffrance des autres pour se sentir moins seul. On pourrait dire que t’avais sûrement besoin d’un psy. Mais t’en avais déjà vu plusieurs. Des incapables. « Un carnet ? Et si je l’avais vu ? » T’avais envie de savoir si tu pouvais en tirer quelque chose. Une petite somme d’argent pour faire gonfler tes économies. Tu rendais pas service gratuitement. Jamais. Et tu te fichais bien de ses problèmes, t’avais déjà les tiens à régler. Mais tu sentais la panique dans sa voix. Une panique que tu pourrais exploiter, alors tu demandais « Il vaut cher ? » Après tout, t’étais qu’une pute, y’avait que l’argent qui comptait pour toi. Et t’assumais ton égoïsme. Tu l’avais pas été assez avant. Voilà pourquoi tu te retrouvais dans cette situation. Voilà pourquoi t’avais laissé le monde entier te marcher dessus. Tu voulais plus de ça. Tu voulais devenir quelqu
 

ft @Im Dawn

“Même les rencontres de hasard sont dues à des liens noués dans des vies antérieures.”

Instant panique.
Cœur qui s'affole.
Respiration qui accélère.
Ma vision se trouble et je perds quelques secondes mes repères quand je remarque l'absence de mon précieux carnet. La bousculade avait vidé mon sac sur l'asphalte et j'avais été attentive à tout ce qui se trouvait au sol. Mes yeux n'ont nullement vu mon carnet. J'ai pensé qu'il n'était pas tombé. Mais là l'évidence se fait maître et je me rends compte que j'aurais du porter plus d'attention au fond de mon sac. Vérifier d'avantage au lieu de me montrer sûre.
Qu'arrivera t-il si quelqu'un le trouve ?
S'il l'ouvre ?
La vérité n'est pas criante au premier abord, mais elle se dévoile rapidement liant Phoenix à mon identité. Et cette idée me fait paniquer bien plus. Réfléchir. Ne pas me laisser emporter par toutes les idées qui me submergent et m'empêchent d'avoir les idées claires.  Tant bien mon carnet et toujours au sol, caché et il attend que je revienne le chercher. Alors j'oublie ce que je venais faire dans la galerie et je refais le chemin inverse.
Espoir présent au creux de ma poitrine.
Se battant contre la peur que tout s'écroule.

A peine sur le lieu de la bousculade je remarque un jeune homme. Et sans réfléchir je m'approche et je demande. Impatiente j'en oublie les formules de politesse. Pressée de savoir si cet homme a pu découvrir mon précieux. Et bien sur il me rappelle gentiment à l'ordre. Faut quand même que je garde un minimum la tête sur les épaules. Me précipiter pourrait aiguiller sur une voie que je ne souhaite pas prendre. « Excusez moi je me montre malpolie. Bonjour. »
Rester calme.
Bien respirer.
Tant bien mon supplice va vite prendre fin. Mais mon impolitesse et mon impatience semblent faire que les choses se retournent contre moi. « Comment ça si vous l'avez vu ? » Je fronce un peu les sourcils ne sachant pas dans un premier temps où veut en venir l'homme. Même si j'ai ma petite idée. Idiote que je suis à mettre si vite emporter. Et bien sur la réponse suit et me fait écarquiller les yeux.
Serais-je tombée sur un profiteur ?
A t-il mon carnet ? Ou bien joue t-il l'esbroufe pour me déstabiliser d'avantage ? Pour voir s'il peut faire monter les enchères s'il a l'objet en sa possession. « Euh !! C'est un carnet tout simple acheté en commerce. J'y note mes rendez vous. Il n'a pas de valeur. » Mensonge que je dis droit en le regardant dans les yeux. Bien sur il y a bien d'autres choses. que des rendez vous. de notées. Il y a les croquis de mes sculptures, des anciennes comme des récentes. Un détail des ressentis qu'elles portent. Des écrits sur les diverses expositions de Phoenix. Enfin bref des détails bien plus importants que des jours, des heures et de noms de personnes à rencontrer. Mais s'il gobe ce fait et qu'il est mon carnet cela pourrait facilité les choses. « Dites moi juste si oui ou non vous l'avez vu s'il vous plaît. »
L'erreur commise une fois ne le sera pas deux.
« Je sais que je devrais noter ce genre de détails dans mon agenda téléphonique, mais j'aime bien l'odeur du papier et la glissement de la plume sur celui ci. D'où un carnet. Et le perdre serait relativement embêtant je devrais revoir toutes les personnes notées. »
J'essaie de me montrer convaincante tout en lui souriant. Un sourire ça adoucit toujours un beau garçon. Bien sur parfois je doute du mien, ayant la sensation qu'il a perdu, depuis ma rupture, son éclat, mais là pour mon carnet je suis un peu prête à tout. Même à donner de l'argent s'il le faut. Mais avant j'essaie la manière douce.
Et jouer de mon sourire me semble évident.