Je te vois regarder par la fenêtre. Crois-moi, petite sœur, le silence et le froid, je connais par cœur, j'y suis passé avant toi.

TW/ La coloc est bousculée.
Depuis quelques semaines, l'équilibre fragile a chaviré.
Encore.
Un nouvel ange est arrivé.
Une femme enfant. Une douce Innocente.
Reflet bien trop parfait d'un ange aux ailes brisés, d'une âme égarée, d'une enfant abîmée. Et depuis qu'elle est là Sena, tout semble devenir difficile. Rebelle et Râleur ne cesse pas de déconner. Secret se renferme. Tu ne supportais pas ta vie avant et à présent c'est bien plus compliqué. Tu as la sensation que cette saleté qui colle à ta peau à chaque dois que tu fais une passe, s'y accroche avec plus de rage. Tes clientes toujours affamées de ton corps le marque de galaxies plus douloureuses, et toi tu laisses faire. Prisonnier de cet enfer dans lequel tu t'enfonces. Cette souffrance qui fait que même respirer devient compliqué.
Pourtant tu gardes en tête son visage.
Son sourire, son regard.
La douceur de ses baisers.
La mac a ajouté cette fleur à peine éclose et il l'a jeté dans l'arène en offrande vous demandant de la guider. Il pense à quo ? Il croit quoi ? Que parce que les années s'accumulent tout est moins ardu ? Que votre expérience pourra rendre la sienne plus douce ? Et ça te rend fou. Parce que le dégoût il ne te quitte jamais. Même si depuis quelques jours tu as une nouvelle force.
Un secret que tu protèges de toute ton âme.
Mais ce secret va t-il t'aider à accepter ce qu'il imposera à Sena ?
Tu ne sais pas. Quand tu la regardes tu te dis que tu dois la protéger. Mais quand elle sera seule face à un client tu ne pourras pas ? Comment peut-il exiger cela de toi ? Te demander de t'attacher en te la mettant dans les pattes en sachant que tu vas la voir souffrir. Dépérir. Et finir par se faner. Dois tu lui ouvrir les yeux vraiment sur ce qu'il l'attend ? Ou bien Sena le sait déjà et elle accepte en silence ? Comme vous le faites tous.
Ce silence rendant votre lien plus puissant.
Même si face au mac, il s'effrite.
Parce que vous savez qu'il peut tout faire s'achever.

Alors tu acceptes. As tu le choix de toute façon ? Non. Tu acceptes de faire sortir Sena de sa chambre. De lui faire faire le tour du quartier. De la surveiller. De la réconforter si elle en a besoin. Devant la porte close tu frappes. « Sena c'est Ziggy. Je peux entrer ? » Tu écoutes le silence qui te fait frissonner. N'ayant aucune réponse, doucement tu pousses la porte. « Il ne faut pas que tu restes enfermée. Prendre l'air te feras du bien. Le quartier est sympa, tu veux que je te le fasse découvrir ? » Tu parles calmement, t'approchant d'elle. Tu la regardes cherchant à capter son attention. Cherchant à lire dans ses traits sa tristesse, sa détresse. Tu te doutes qu'elle est encore perdue.
Tu l'as été longtemps.
Tu l'es encore de temps en temps.
Tu le seras toujours.
Même si un jour tu sors de cet engrenage, un part de toi ne s'en remettra jamais. Même si Ash se trouve à tes côtés. Tu sais qu'il apportera dans ta vie des étoiles, un ciel entier. Des centaines, des milliers. Mais ce qui est mort en toi depuis des années ne ressuscitera pas. Cette par là, elle restera ici au milieu des anges, comme une ombre fantôme qui hantera les futurs anges. Tu ne la quittes pas des yeux, la couvant avec tendresse. Te demandant comme tant de pureté va pouvoir survivre dans cette noirceur profonde. Même si vous l'aidez, même si elle y met toute sa bonne volonté. « A vrai dire il veut que tu sortes. Je me doute que tu n'en as pas envie. Mais rester enfermer n'arrangera rien. Et il obtient toujours ce qu'il veut. » Aveux sordide qui sort de ta bouche. Mots qui te font trembler. Tu sais que si toi tu n'arriveras pas à lui faire franchir la porte de l'appartement. Ton univers s'agrandira de quelques tonalités de bleus.
Alors tu pries intérieurement.
Des dieux qui te t'écoutent jamais.
Tu pries qu'elle relève les yeux.
Et qu'elle accepte de te suivre.
Pour son bien.
Et pour le tien.
Même si pour elle, tu es prêt à tout accepter.

♡ busan vibe ♡

Les secondes passent pour devenir des minutes qui s’allongent en heures.
Elle ne sait pas vraiment depuis quand elle n’a pas sorti le nez de cette pièce. Pas plus qu’elle ne sait depuis combien de temps exactement elle s’est assise en tailleur aux pieds de son lit pour fixer une fenêtre qui n’offre pas de réelle distraction.
Il y a pourtant sans doute quelque chose à faire ici pour que le temps passe plus vite.
Mais en vérité, elle espère curieusement l’arrêter.
Parce qu’il semble encore plus impossible de le reculer.

Est-ce que c’est si idiot que ça de penser que si elle ne quitte pas cette chambre… si elle reste là sans bouger à laisser les secondes s’allonger, le temps se figera et il ne pourra rien lui arriver.
ça l’est Sena et tu le sais non ?
Reculer pour mieux sauter, il lui semble bien qu’il y a une expression comme ça.
Un instant son regard se perd sur une porte qu’elle n’envisage pas réellement d’ouvrir. L’idée doit pourtant bien trotter quelque part dans sa tête.

Oui… c’était bizarre, un peu paradoxale… ne pas oser quitter cette pièce quand, en vérité, elle aimerait pourtant être à des années d’ici…
Oui, mais où ?
Elle n’en sait rien.
La réponse à cette question, elle ne l’a pas et la chercher ne lui apporterait rien.
Tout ce qu’elle sait, c’est que la vérité... sortir de cette chambre lui fait peur
… et qu’elle ne possède malheureusement pas le pouvoir de disparaître en se faisant oublier.

Elle n’a pas tellement envie d’être courageuse.
Pour avouer totalement sa lâcheté, elle se retenait de plonger la pièce dans le noir et de se mettre sous la couette pour vainement espérer un mauvais rêve.
Son regard dérive pour balayer la pièce.
Elle pourrait aussi ranger, elle n’avait jamais pris le temps de déballer son sac. Il ne contenait pas grand chose, il n’y en avait pas pour longtemps.
Mais le faire c’était faire un pas qu’elle n’était pas prête à faire. C’était lâcher enfin ce foutu déni auquel elle s’accrochait un peu trop fort.

Alors la porte était revenue dans son champ de vision.
Oui, elle pouvait aussi sortir et tenter de mettre le nez à l’extérieur de cette chambre…
...Croiser le regard de quelqu’un et trouver quelque chose d’un peu intelligent à dire. Faire un effort. Elle n’avait pas envie un peu de le faire ? Un sujet de conversation, ce n’était pas si difficile à trouver.
Ils ne vont pas te manger Sena
Oui…
Sauf que, dans le fond, ce n’est pas vraiment eux qu’elle cherche à fuir… mais son propre reflet dans leurs yeux.

Et puis, comme si elle avait fini par l’invoquer, la décision vient frapper à sa porte et la fait sursauter.
Comme une enfant prise en flagrant délit, elle détourne aussitôt le regard vers la fenêtre et fait bêtement la morte. Elle l’entend rentrer et la salutation qui se forme dans sa tête ne vient pas briser son silence tandis qu’elle trouve un intérêt soudain au sol qu’elle gratte de son index.
Dehors ?
Evidemment dehors. Où est-ce que tu veux prendre l’air autrement ?
ça ne marchera pas, cette vaine tentative de se transformer en statue. Pourtant, elle n’ose pas tout de suite relever les yeux vers lui malgré des efforts qu’il n’est pas obligé de fournir.

Elle s’en veut. Elle n’a pas envie de le fatiguer.
Nerveuse, elle se mord la lèvre.
Sortir, elle n’en n’a pas tellement envie.
Pourtant, ce serait peut-être l’occasion de discuter un peu avec Ziggy. C’est peut-être ce qu’elle aurait fini par faire après quatre heures de plus assise sur le parquet.
La suite lui fait au moins abandonner ce dernier des yeux et elle tourne enfin le regard pour le poser sur son colocataire.
Plusieurs questions défilent dans ses yeux et si la peur s’y lit, sa bouche n’en traduit aucune.
Elle n’a peut-être pas envie qu’il y réponde.

« .... »
Bravo Sena, mais en général, quand on ouvre la bouche, c’est pour formuler des sons, des mots qui font une phrase c’est encore mieux.
« Oui… d’accord, je viens. »
L’avantage c’est que, si un jour le ridicule tue, elle sera la première à y passer.
L’inconvénient c’est que les mots finalement prononcés, il avait fallu rassembler ses forces et se lever pour attraper la veste sur le dossier d’une chaise.
Une action de routine.
Un exploit pour elle.

Une inspiration. Une expiration. Et l’exploit s’était fait encore plus grand quand elle avait franchi le seuil de sa chambre.
Quelques pas vers l’entrée, pas de demi-tour, pourtant elle y pense un instant. Elle s’entend même proposer à Ziggy de faire autre chose.
Ce n’est pas plus mal tout compte fait de se retrouver à enfiler ses chaussures sur le seuil.
C’est vrai, dans le regard qui croise celui de Ziggy, il y a de l’hésitation qui se lit. On pourrait presque traduire ses traits par la phrase d’une enfant “L’extérieur, ça ne mord pas ?”.
Mais à la place, elle attend que Ziggy franchisse le seuil et elle se dit qu’à 10 elle se lance.
Tragique victoire personnelle de le faire à 8.

« Mais… t’avais peut-être autre chose à faire alors.... » pourtant c’est bien la phrase qui tombe alors que la porte de l’appartement se referme. A deux doigts d’ajouter sans doute qu’ils peuvent remettre ça à une autre fois. A moins qu’il lui prenne la folie d’y aller seule mais les mots étaient encore plus stupides que dans la première version « Je veux dire, c’est gentil… mais j’veux pas t’embêter... » son dialogue ne doit pas faire vraiment de sens. Lui dire qu’il était gentil alors qu’elle n’avait aucune envie de sortir de toute évidence, c’était à résumer d’un point d’interrogation.
Pourtant, pour cet ajout, et malgré l’hésitation évidente de sortir… il y avait bien une tentative d’être… gentille ?

Je te vois regarder par la fenêtre. Crois-moi, petite sœur, le silence et le froid, je connais par cœur, j'y suis passé avant toi.

TW/ Hésitation devant cette porte close.
La main suspendue entre le vide et l'objet. Tu te dis que peut être Sena ne veut voir personne. Tu peux comprendre ce besoin qui est certainement viscéral vu ce qui lui tombe dessus. Et aller la déranger t'embête. Mais d'un l'autre côté tu as ton mac, votre mac, qui t'a demandé de t'occuper de la petite nouvelle et de la faire sortir. Et tu sais que si tu ne le fais pas et bien tu en prendras plein la tronche ou qu'encore une fois il te menacera de te jeter en pâture à des hommes affamés. Et cette idée te donne la nausée. Jamais tu ne supporteras qu'un homme te touche de cette façon. Tu te sentirais encore plus sali, plus détruit. Le seul homme que tu laisseras te toucher c'est Ashley. Il remet tout en question. Il perturbe ton être tout entier jusqu'au tréfonds de ton âme.
Mais Ash il est différent.
Ash il n'est que douceur, que tendresse.
Ash il a la saveur de l'amour.
Du pur, du vrai.
Tu secoues la tête. Il ne faut pas que tu penses à lui maintenant. Tu es un peu triste car tu ne pourras pas le voir aujourd'hui. Ton moment de liberté étant offert à une autre. Mais tu pourras lui envoyer un message en passant devant ta cachette secrète pour récupérer ton vieux portable.
Et tu ouvres la porte.

Tu remarques la silhouette frêle à même le sol. Et tu n'as pas besoin de croiser ses yeux pour savoir qu'elle est égarée, perturbée, paumée, traumatisée, perdue.
Et plus encore.
Il n'y a pas assez de mots pour qualifier ses maux.
Tout ce qu'elle doit désirer c'est la solitude même si elle est tout autant douloureuse que ta compagnie. Et tu vois ses gestes signes évident de tout son questionnement. Vous êtes tous passés par cette phase ou vous vous disiez que vous rêviez. Que vous alliez vous réveiller. Certains crient dans ces moments là, d'autres se murent dans le silence, d'autres se font souffrir, d'autres ne pensent qu'à fuir, d'autres se laissent mourir. Tu as tout vu. En dix ans tu ne comptes plus les émotions que tu as partagé avec les anges qui sont passés. Tu préfères oublier. Même si tu sais que jamais tu n'oublieras.
On oublie pas ces choses là.
Ces visions d'horreur face à la détresse humaine.
Et Sena ne sera qu'une vision de plus de sa grande palette.

Tu lui offres ton plus doux sourire. Parce qu'il est certainement plus rassurant qu'un beau sourire. Tu essaies de rendre tes pupilles plus claires, elles qui sont si souvent faites de noirceur profonde. Tu essaies de renvoyer une image du bonheur pour la mettre en confiance. Pour lui montrer que même si c'est dur, vous serez là, vous les âmes perdues et brisées. Tu seras là à ses côtés comme un grand frère. Titre honorifique que tu tiendras de ton mieux. Parce que cette Innocente vous devez la protéger, quitte à y laisser des plumes.
Tu n'es plus à ça prêt.
Et tu écoutes ses silences détenteurs de ses secrets. Et puis dans un souffle un son sort, puis un autre.
Un pas pour elle.
Une toute  petite minuscule victoire pour toi.
« C'est bien. Cela te fera du bien. » Tu lui laisses le temps de se lever, le temps de dompter l'espace, de sortir de sa chambre, d'avancer vers cette porte. Horizon vers l'extérieur. Tu sais que la première fois, elle est compliquée à franchir. Être ici fait peur, mais sortir peut devenir terrifiant dans ce genre de circonstance. Tu mets tes chaussures et tu ouvres la porte. Le froid du couloir caresse ton échine, tu frissonnes et tu lui tends ta main. Pour l'aider à franchir le seuil comme s'il s'agissait de sauter par dessus une rivière. Comme s'il s'agissait de gravir un gros rocher. Comme s'il s'agissait de passer un pont bancal.
Ta main pour lui dire qu'elle est en sécurité.
Ta main pour lui faire comprendre que tu  ne la laissera pas tomber.

Et voilà que ses pieds se retrouvent à côté des tiens. Le seuil est franchie et  tu refermes la porte de la coloc. Ouvrant celle du monde qu'elle va pouvoir un peu plus découvrir à tes côtés. Il est petit mais durant cet instant de liberté il ne sera fait que de tranquillité. « Non j'avais rien de spécial de prévu. »
A part de retrouver Ash.
Et de l'embrasser pour respirer.  
Mais ça attendra demain .. ou après demain .. ou ..
Tu ne préfères pas y penser.
« Tu ne m'embêtes pas .. c'est normal cela fait parti de mes engagements envers les anges .. » De ce serments muets que vous vous êtes promis sans jamais le prononcer. « Dis toi qu'un ange n'embête jamais un autre ange .. on doit s'entraider pour survivre .. et je ne fais que ce qu'un grand frère ferait pour sa petite sœur . » Tu poses un regard doux et protecteur sur Sena et tu commences à descendre les escaliers. « Tu vas voir le quartier n'est pas trop mal .. » C'est mieux que la rue. Mieux que ce que vous pourriez vivre ailleurs  .. enfin dans un ailleurs comme vous en connaissiez avant. « Faudra juste qu'on passe par un endroit mais faudra que ça reste entre nous .. garder les secrets des âmes perdues ça aussi cela fait parti de nos engagements .. d'accord .. » Un peu d'impatience dans ta voix, tu auras certainement des tas de messages de Ash à lire. Avec des photos de tout ce qu'il aura fait. Et cette idée suffit à adoucir la douleur que le fait de ne pas le voir cause. Et vous descendez tranquillement. Puis tu ouvres la grande porte du hall. Et plus l'ouverture s'agrandit et plus les brouhahas de la rue se font entendre. « N'aies pas peur. Je te protège promis. »
De tout ce qui lui fera peur.
De tout ce qui lui donnera envie de fuir.
De tout et surtout de LUI.
Et un nouveau seuil à franchir, une rivière un peu plus grande à enjamber, un rocher un peu plus haut à escalader, un pont un peu plus bancal à passer. Mais tu es sur que Sena va y arriver.

♡ busan vibe ♡

Prendre l’air. Lui faire du bien ?
Un doute la traverse et pourtant…
Pourtant, elle se souvient qu’elle était de ce peuple là autrefois. Un autrefois qui n’était pas si éloigné d’aujourd’hui en réalité.
Sortir. Simplement se perdre quand elle le pouvait. Même celle qui se faisait passer pour Min Ji aimait ça. C’était pour elle l’occasion de souffler un peu de la comédie, ne plus avoir besoin de faire tant d’efforts et être un peu seule avec Sena…
… celle qu’elle était réellement mais qu’elle perdait trop souvent au point de se demander souvent Qui est Sena ?

ça lui ferait peut-être du bien.
Oui, peut-être que Ziggy avait raison et qu’il était à cet instant le héros à la proposition parfaite.
Elle se revoyait trier des cailloux pour sélectionner ceux qui feraient les meilleurs ricochets.
Elle se souvenait du temps où elle s’asseyait, les yeux levés vers le ciel, à chercher des formes aux nuages, à leur inventer des histoires. Faire travailler son imagination pour rêver un peu plus grand demain.
Ou simplement guetter la pluie qui menaçait et qu’elle n’avait jamais fuit de son côté.
A l’orphelinat, elle était celle qu’on venait chercher parce qu’elle n’était pas rentrée malgré l’averse.
Elle préférait la pluie à 4 murs. Elle préférait la pluie au silence pesant qui venait déranger ses pensées en trop grand nombre.

Respire Sena, l’air n’a jamais tué
Elle le ferait. Elle avait accepté. Et si elle regrettait déjà sa chambre, elle ne s’en n’était pas moins retrouvé prête à franchir le seuil d’un appartement.
D’avoir les pieds si lourds maintenant était une sensation étrange.
Normalement, ils auraient dû être tout l’inverse. Légers. Prêts à courir pour partir le plus loin d’ici sans jamais se retourner.
Vers où ?

Pourquoi cette question revenait ?
Elle n’était pas si importante.
Avait-elle seulement su un jour où elle allait quand elle ne faisait qu’attendre inlassablement ?
Les choses arrivent. Et elle n’avait jamais été de ceux à les provoquer.
Parce qu’un jour on lui avait demandé d’attendre, elle avait figé sa vie entièrement pour quelque chose qui n’était jamais venu.
Aujourd’hui encore, elle avait attendu un encouragement au lieu de prendre la décision par elle-même.
Une main tendue dont elle s’était saisie doucement pour faire le pas de plus.

Merci
C’était bien le mot qui avait dû lui venir à l’esprit. C’était en tout cas celui qui s’était lu dans son regard hésitant. Un regard qui avait fini par amener un “mais” à ses lèvres.
Ridicule. Et pourtant si simple. Si cette première expérience de l’extérieur n’avait été qu’un pas sur le palier avant de retourner dans sa chambre.
Demain ils feraient deux pas, puis trois le jour d’après. A ce rythme là, elle n’aurait pas besoin de respirer l’air frais avant quelques mois au moins.
Ridicule. Et stupide oui. Parce que c’était bien la sortie la plus simple qu’on lui demandait de faire maintenant.
“Prendre l’air”, il y avait d’autres manières de le faire ici et aujourd’hui elle devrait remercier l’instant de lui permettre de respirer peut-être pour de vrai en attendant ceux qui l’étoufferaient davantage.

Ziggy n’avait rien. Et elle ne l’embêtait pas.
Tu sais pas à quel point je peux être un boulet
C’est la pensée qui traverse sa tête « Oui ? D’accord... » mais une partie d’elle doit vouloir qu’il l’apprécie un minimum pour ne pas lui avouer à quel point elle peut être une catastrophe. A quel point elle peut être collante et pénible quand on lui donne un peu d’attention.
Ziggy devrait faire attention. Si elle s’attache, elle va lui donner des envies de fuir à l’autre bout du pays.
Une spécialité chez elle, et si elle y pense une fraction de seconde, l’idée est remplacée par celle plus forte qu’il semble vraiment gentil.
Les termes familiaux viennent soutenir la pensée et peut-être aussi qu’ils font un truc bizarre à son coeur.

En silence, elle le suit vers les escaliers dans des pensées confuses. Son regard se pose sur son dos et l’idée de lui dire quelque chose l’effleure à nouveau.
Sur le quartier peut-être.
Rebondir en parlant de son quartier à elle
« Hum.... Tu habites ici depuis longtemps ? » mais c’est une question qui l’emporte et elle ne se rend pas vraiment compte sur le moment qu’elle peut être maladroite, que Ziggy n’a probablement pas envie de parler du nombre de bâtons qu’il a tracé sur son mur depuis qu’il est arrivé ici.

La suite a le mérite d’être plus facile. ça ne lui demande pas de réfléchir. ça n’amène même pas une seule question alors qu’elle devrait pourtant en poser au moins une pour connaître la lourdeur du dit secret
« Je dirai rien, c’est promis. » et le plus curieux, c’est que c’est sans doute le truc le plus simple qu’on lui demande depuis qu’elle est arrivée ici. Ziggy, elle ne le connaît pourtant pas assez. La carte pass’ pour faire véritablement partie de la petite famille, elle n’est sans doute pas encore en droit de l’avoir. Et pourtant, il lui semble inconcevable de trahir ce fameux secret dont elle ignore tout.
ça lui semble juste… normal.

Comme il semble si normal à Ziggy de lui faire cette promesse tandis que l’extérieur se rapproche dangereusement en laissant apercevoir. Une promesse qui lui pique un peu des yeux qu’elle ose poser dans ceux de son baby-sitter.
Pourquoi il est aussi gentil ?
Sa tête finit par se hocher. L’idée que, finalement, c’est plus rassurant s’il est là la pousse à ne pas reculer et elle se laisse entraîner malgré son coeur qui s’accélère sous l’angoisse.
Ziggy est là. Tu n’es pas toute seule
… sont des mots que le jeune homme vient probablement de glisser dans sa tête.
Et pourtant, cette voix devrait lui souffler un peu de méfiance, à elle qui a toujours été trop naïve et s’en est trop souvent mordu les doigts.

ça ne mord pas l’extérieur. Elle pourrait le noter. Mais elle est trop occupée à attendre la sentence, ce truc qui va lui tomber dessus, complètement crispée comme si la prédiction ne pouvait que se réaliser.
Pourtant, les premières secondes passent et il ne se passe rien.
Les suivantes s’enchainent et elle ose tourner le regard à gauche, puis à droite.
Quand elles approchent de la minute, elle se souvient qu’elle doit respirer et à la première inspiration le son de la rue pénètre sans ses oreilles comme si elle était parvenue à se couper de tout.
Oui Sena, il y a bien un monde derrière cette fenêtre que tu as fixé pendant des heures

Je te vois regarder par la fenêtre. Crois-moi, petite sœur, le silence et le froid, je connais par cœur, j'y suis passé avant toi.

TW/ Sortir.
L'effort demandé est surhumain.
Car une fois dans le piège des anges, la vraie vie semble devenir compliquée. Elle n'est plus qu'une vague notion et il faut du temps pour se faire à celle qui est imposée. Mais la gamine n'a pas le choix. Tu sais que si elle reste là, tout deviendra pire. Pour elle. Pour toi. Tu sais aussi combien faire un pas vers l'extérieur est une épreuve. Mais elle en verra d'autres Sena, autant qu'elle s'y prépare doucement. Tu seras son guide quoi qu'il arrive.
Si elle hésite tu la pousseras.
Si elle chute tu la relèveras.
On l'a fait pour toi. Il y a longtemps. Trop longtemps. Tu as arrêté de compter les années. Évitant ainsi de penser à ce temps qui est à présent qu'un souvenir flou. Enfin c'est ce que tu te dis. Mais penser au passé ne sert à rien. Tu ne reviendras pas en arrière et tu ne changeras pas ta destinée. Alors autant accepter. Au départ c'est difficile. On se rebelle. On laisse tomber. On se dit qu'on fait un mauvais rêve.
Et puis ..
On réalise et on avance sans se retourner. Et Sena faudra qu'elle fasse pareil. Bien sur tu seras là à ses côtés tout comme Dawn et Ari, tout comme les autres anges, ces âmes perdues qui jamais ne se retrouveront. Jusqu'au moment de leur dernier souffle. Là ils redeviendront qu'ils étaient avant cette vie en enfer. Mais si la mort tu la souhaites souvent, elle n'est jamais venue frapper réellement à ta porte. Même dans les moments ou les coups sont tombés plus forts, tu hurlais pour l'appeler et en même temps tu luttais pour ne pas la voir débarquer.
Une envie de vivre malgré la noirceur de ton existence.
Pourquoi ?
Parce qu'il y a parfois des bouts de bonheur. Et que ces bouts là ils valent toutes les souffrances. Et la belle Innocente aussi le verra de cette façon, enfin tu l'espères. Tu sais que parfois certains anges déraillent et qu'ils perdent définitivement leurs ailes. Mais tu feras tout pour que jamais Sena ne déchire les siennes.

Tu la sens hésitante, tremblant, alors ta main vient chercher la sienne. Guide muet pour la soutenir dans ce pas vers l'extérieur. Geste remercié dans un regard qui n'a pas besoin de mot. Tu comprends que tout soit effrayant. Tu te fais rassurant et dans les escaliers vous partez. Nouvelle étape vers le dehors, dehors qu'elle va devoir ré-apprivoiser mais tu vas rester à ses côtés. Comme un grand frère. Comme un pilier sur lequel elle pourra compter dans ses moments d'incertitude ou de perdition. Il y en aura des plus profonds que d'autres et même si parfois dans ces instants là vous vous murez dans le silence. Une présence peut souvent apaiser la souffrance qui s'empare de vos âmes égarées.
Et vos âmes elles s'égarent souvent.
Vers le côté obscur de la force.
Vers la noirceur du monde.
Une à une les marches se descendent tantôt dans le silence, tantôt dans les mots. Tu rassures encore pour bien lui montrer qu'elle ne dérange pas ton emploi du temps. Même si voir Ash t'aurait mis plus d'étoiles dans les yeux. Mais il le sait que rien n'est écrit pour vos rencontres. Qu'un souffle de vent peut les envoyer à des jours de la dernière. Tu stoppes dans les marches quand Sena te demande depuis quand tu es là. Ton cœur s'arrête, et une question vient envahir ton esprit.
Dois tu lui dire ?
Lui dire que tu es là depuis plus de dix ans.
Dois tu lui dire ?
Lui dire que …
Tu es là depuis ..  
Longtemps .. Trop longtemps ..
« Cela fait un petit moment .. les années passent vite ... » Tu restes vague pour ne pas l'effrayer. Pour qu'elle ne pense pas que son innocence va être broyée. Pour ne pas qu'elle pense que les chaînes qui sont à présent autour de ses chevilles, jamais ne se cassent. « Et puis ce n'est pas trop mal ici .. on a un toit sur la tête, des repas chauds, des fringues propres et des colocs
adorables .. » Ne citer que le positif pour en diminuer le négatif. Et tu reprends la descente. Abordant un sujet plus délicat.
Parce que tu as besoin de donner des nouvelles à Ash.
Parce que tu as besoin de lire ses messages.
Parce que tu as besoin de savoir qu'il pense à toi.
Et tu souris quand Sena promet de garder ton secret. « Merci. » Tu ne dévoileras pas le réel fond de ce secret pour vous protéger. Tu sais que le mac est tordu et tu ne veux pas mettre la gamine en porte à faux. Et puis Ash tu veux le garder que pour toi.
Personne ne sait.
Trop peur d'avouer.
Que ton cœur bat pour lui.
Toi qui ne sait pas ce qu'aimer veut vraiment dire.

Et puis vient la nouvelle porte. Celle qui ouvre sur le monde réel. Celui où les bruits règnent en maître. Celui que vous frôlez plus que vous ne touchez. Dehors vous n'êtes plus des anges, juste des gens. Comme ceux que l'on croise et sur lesquels on ne s'attarde pas. Tu voudrais que cela soit toujours comme ça. Mais cette réalité là, elle devient virtuelle quand ta vie te rattrape et que tu te retrouves devant celles qui te mettront à nu pour dévorer ta peau de leurs soupirs décadents, indécents. Mais là tu ne veux pas y penser. Tu ne veux surtout pas penser que Sena va devoir vivre ce genre de choses. Que des hommes vont abîmer sa peau de leurs souillures.
Un instant alors que tu franchis la porte.
Tu te dis que vous pourriez fuir.
Mais où ?
Et puis Dawn et Ari.
Tu ne peux pas les laisser.
De toute façon il vous retrouverait.
Et vous détruirez d'avantage.
Alors ton envie de fuir s'envole alors que la lumière vient caresser tes pupilles. Et que les brouhahas s'invitent dans ton esprit. Te faisant oublier ce que sera ta nuit. « Aller vient. Le temps passe vite si on veut profiter un peu faut pas traîner. » Parce qu'une heure c'est court. Trop court. Et tu gardes sa main dans la tienne, rempart face à tout ce qui se présente à vous. « Là tu as une petite épicerie si tu veux te payer des extras. La plus part des courses sont faites pas lui. Là bas tu as un parc, j'aime aller m'y poser .. pour dessiner .. » Tu pointes du doigt l'endroit. « Mais ça aussi c'est un secret .. » Et tu mets ton index sur tes lèvres. Elle va penser que tu as beaucoup de secrets. « Il dit que dessiner c'est des trucs de filles .. » Tu n'as jamais compris pourquoi, mais avec votre mac fallait pas chercher à comprendre juste accepter. «  Par là bas c'est la plage. On a un endroit à nous mais on sera juste pour y aller aujourd'hui. Je t'y amènerais la prochaine fois. » Promesse d'une future sortie. Tu marches doucement pour lui laisser le temps de se repérer. Ce n'est pas demain que Sena sortira seule mais elle doit mémoriser tranquillement le quartier dans lequel elle va vivre à présent.  
Quartier qui deviendra son espace de liberté.
Avant de retrouver les murs de la coloc.
Et la prison de son existence.

♡ busan vibe ♡

Est-ce qu’elle a vraiment envie de connaître la réponse à cette question ?
Est-ce qu’il n’y en aurait pas eu de meilleures à poser ?
Comme lui demander ce qu’il aimait faire pour passer le temps, sa couleur préférée et le film qu’il avait regardé assez de fois pour en connaître les répliques par coeur.
Éviter bien sûr de lui demander ce qu’il rêvait de faire quand il était enfant et préférer connaître sa saison préférée ou son moment favori dans une année.
Oui, des questions, il y en avait facilement une centaine à poser sans trop se torturer le cerveau.
Alors pourquoi il avait fallu que ce soit celle-là qui vienne en premier franchir ses lèvres ?
Pourquoi sa curiosité s’était demandée intérieurement à quoi pouvait correspondre un petit moment exactement.

Et si de son côté elle trouvait que les années passaient lentement, elle n’avait pas ouvert sa bouche pour le contester.
Non, c’est en silence qu’elle l’avait laissé énumérer quelques lignes de la liste des choses positives à vivre ici.
La réflexion était passée sur son visage, elle l’avait forcée un peu, puis elle s’était découragée trois marches plus bas.
Voir les choses d’une manière un peu plus claire comme semblait vouloir le proposer Ziggy, ce n’était pourtant pas si mal.
Elle le faisait tout le temps avant non ?

Oui, c’était vrai.
Mais de son côté, les choses étaient bien moins réalistes que la liste de Ziggy.
On parlait tout de même d’une enfant qui s’était imaginée que sa mère déterrait des dinosaures dans des endroits fantastiques pour ensuite les chevaucher.
Alors, ce serait quoi ? La version colorée de leur petite coloc’ ?
Ziggy, Ari, Dawn, elle, les autres… deviendraient les membres d’une troupe de cirque ? Elle ferait la diseuse de bonne aventure, Ziggy le magicien, Ari le dompteur tigres mais version douce sans maltraitance et Dawn serait un cracheur de feu ?
Est-ce qu’elle serait seulement encore capable de voyager dans sa tête ici ?
Cette défense qui lui avait tant servie autrefois serait-elle toujours utile ?

« Oui… à propos… je suis désolée de faire un peu ma sauvage... »
Ermite plus que sauvage Sena. T’es à deux doigts de dresser une muraille contre la porte de ta chambre
« J’ai pensé plusieurs fois à venir vous voir mais… j’ose pas.... »
C’était sans doute un aveu grotesque face à la gentillesse dont Ziggy faisait preuve à son égard.
Il était bien loin de ressembler à une terrible menace…
… quand, en réalité, il prenait plutôt des allures de bouclier… un bouclier déjà symbolisé par cette main que la sienne avait fini par serrer doucement.

Bien normal de garder son secret.
Bien normal de garder les suivants s’il venait à en avoir d’autres.
L’homme avait accompli l’exploit de la sortir dans cette rue. Il accomplissait désormais celui de voir sa tête se hocher pour se laisser entraîner vers ce nouveau monde.
Ses pas avaient suivi ceux de son aîné. Sa main toujours dans la sienne. Son regard se perdait parfois sur son dos ou discrètement sur ses traits tandis qu’elle écoutait avec une attention scolaire les mots qui pouvaient sortir de sa bouche « Je dirai rien aussi alors... » le voilà déjà le second secret à garder qui amène une question « Qu’est-ce que tu aimes dessiner ? » ce n’était pas si compliqué d’en poser sans qu’elles soient gênantes…

Mais quand son regard s’était tourné dans la direction de la plage, cette plage qu’elle avait toujours adoré « Tu as… vous avez le droit de sortir souvent ? » la question semble plus étrange et le déni s’y lit.
Le nous est chassé et pourtant elle sait bien qu’elle commet une erreur de formulation.
Elle sent aussi qu’elle se lance à poser l’une des nombreuses questions qu’elle doit poser… et qu’elle a bien envie de prétendre encore un peu que le sujet n’existe pas… alors son regard fuit vers un autre point.
La plage, c’est pour un autre jour de toute manière. Et peut-être qu’elle n’aimera plus autant ça.

Le silence revient à nouveau hanter ses lèvres tandis que ses yeux se perdent sur ce qui compose les environs.
Et quand ils finissent par revenir à Ziggy « Dis… Ziggy ? » si ses yeux osent détailler ses traits à la recherche de la réponse à une question qu’elle n’ose pas tout de suite poser, il faut qu’elle se torture un instant la lèvre de ses dents pour l’encourager à former des mots « Pourquoi t’es aussi gentil ? »
C’est un truc qui arrive parfois aux gens la gentillesse Sena
Alors pourquoi est-ce qu’il l’était autant avec elle ?
Non. Elle n’avait pas vraiment l’impression de mériter un ange gardien.

Je te vois regarder par la fenêtre. Crois-moi, petite sœur, le silence et le froid, je connais par cœur, j'y suis passé avant toi.

TW/ Et la question tombe.
Alors que les pieds se posent sur les escaliers.
Un instant tu hésites à parler de ce temps passé entre les murs de la coloc. Comme dire à Sena que lorsqu'on franchit cette porte c'est souvent pour toujours. Ou du moins tant que les anges peuvent rapporter de l'argent au mac.
Après ..
Après ..
Tu n'as pas vraiment penser à ce qui pouvait se passer après. Retour à la froidure de la rue ? Ou pas de retour du tout ? Parce qu'il ne vous laissera pas en vie. Cette pensée te fait frissonner. Tu approches de la trentaine et peut être que tu devrais approfondir l'après. Juste au cas où. Juste pour savoir si tu …
Si tu quoi ?
Si tu auras une vie après. Une vie que tu pourrais offrir à Ash s'il veut toujours de toi. Et si toi tu arrives à oublier les souillures déposées tant de fois sur ton corps broyé, sur ta peau bafouée. Et ton cœur se serre de ne pas savoir. Et ton cœur se serre de peur de savoir. Tu ne dois pas lui dire la vérité. Elle, elle est trop belle pour l'entendre. Trop pure. Même si cette pureté ne va pas durer. Même si cette pureté va se vendre à prix d'or. Tu les imagines les affamés. Et ça te donne la gerbe.
Vous devriez tous trouver le courage de fuir.
D'arrêter de regarder par la fenêtre et juste sauter.
Et tant pis si c'est le vide après.
Le vide c'est mieux que l'enfer.
Même si ça fait flipper.
Mais en attendant tu dois lui répondre et tu le fais, restant évasif pour ne pas éveiller des craintes, pour que la vérité reste cachée encore un peu. Quelques fractions de secondes. Le temps de son instant de liberté. Le mac lui montrera bien assez tôt la couleur de son enfer.
Et son blanc immaculé deviendra rouge sang.
Et toi comme les autres vont ne pourrez rien faire. Et pour ajouter une touche agréable tu lui vantes les mérites de cette coloc pas comme les autres. De cette coloc ou les cœurs ont fini par se fermer et ne s'ouvrent que dans les moments de perditions extrêmes. Ou les âmes se sont verrouillées par peur d'être plus abîmées, même si là elles sont complètement lacérées. Ou les corps ne bougent que parce qu'ils doivent survivre. Tu lui vantes ces avantages là pour que Sena s'accroche à ce positif qu'il vous fait miroiter.
Avant  ….
Avant de vous faire arracher chaque nuit une à une …..
Les plumes de vos ailes brisées.

Et tu lui souris quand elle s'excuse de jouer les sauvages. « Ne t'en fais pas. On est tous passer par là. Certains y passent encore. » Dawn quand il en veut à tout le monde et que sa rébellion a été étouffée dans l’œuf par votre mac. Ari quand il râle et que personne ne le supporte. Et toi .. Toi quand les galaxies bleutées de ton corps deviennent insupportable. Quand le vide saisit ton cœur et le glace. Quand tu penses à  … RIEN. Juste à mourir. « Et on ne t'en veux pas. On comprend. Faut le temps de s'habituer à tout ça. » A cette nouvelle vie plus noire que rose. « Il faut oser Sena. Tu peux pousser la porte de n'importe quelle chambre si tu as besoin. Jamais on ne te le reprochera. On a chacun nos blessures mais on se serre les coudes. »

Parce qu'importe les souillures, les souffrances, les anges, les âmes perdues, font face ensemble quand il le faut. Ils ne sont pas bien forts. Ils ont tous leurs points faibles, leurs cassures. Mais ils sont une famille.

« Alors n'hésite jamais Sena. Jamais. » Les anges ils sont là les uns pour les autres, comme ils gardent les secrets. Et l'Innocente accepte de garder le tien. Parce que la confiance elle n'attend pas des jours pour se mettre en place, elle se tisse dans les premiers regards de détresse. Et cette cachette que tu n'avais plus utilisé durant des années, parce que la consigne te convenait. Elle se doit de ne pas être divulguée. Car s'il savait, s'il lisait les messages de Ash. S'il voyait cette trace d'espoir. D'amour. Tu ne serais plus qu'un pantin entre ses mains. Il finirait par souiller le seul endroit de pureté qu'il te reste. Et tu ne le supporterais pas.
Pas maintenant que tu as Ash dans ta vie.
Et enfin la rue s'offre à vous avec toute sa lumière et tous ses bruits. Toute son essence de vie. Et tu lui parles encore, divulgue un peu les lieux. Et un nouveau secret. Celui qui te permet de t'évader depuis des années. Celui que tous les anges partagent. Certains t'achètent même du matériel pour te donner l'opportunité de faire naître sous tes doigts les rêves que jamais tu ne partages. Enfin que jamais tu ne partageais. Ash a eu ce droit. Il a un de tes dessins. Mais en donner aux anges est une chose impossible, car votre mac les profanerait de déchirures. « Des paysages surtout des paysages irréels, des lieux que j'invente et dans lequel j'aimerais me perdre. Des plages, des forêts, des jardins, des endroits ou je pose des animaux extraordinaires … je te les montrerais un jour .. mais pas à la coloc il ne le tolère pas. » Il ne tolère pas grand chose quand il s'agit des choses que vous aimez. Quoi que Ari a sa guitare.
Peut être que c'est le dessin qu'il ne supporte pas.
Ou ton âme d'artiste qui t'éloigne trop de ton rôle de pute.
Et tu continues de lui montrer d'un geste de la main, la direction des divers endroits où vous allez. « En principe on peut sortir un peu tous les jours. Au moins une heure. Mais parfois si un déconne et bien il bloque tout le monde à la coloc. Et on ne sort que pour le … » Hésitation. « Pour le boulot et même dans ces moments là un chauffeur nous mène et nous ramène .. cela peut durer plusieurs jours à la suite. » Il n'y a pas longtemps vous en avez été victime et tu as du te priver de Ash plusieurs jours. Quand tu l'as retrouvé ce fut comme un feu d'artifice. Ce jour là vous êtes allés à la plage. Et il t'a donné ton premier vrai baiser. Il t'a offert tes premières vraies caresses. Et il a fait naître en toi des émotions que tu ne pensais pas un jour ressentir. Et ces pensées te font sourire, et illuminent ton regard.
Ash il est ton été dans ton sombre hiver.
Alors pouvoir lui envoyer des messages c'est comme retrouver le goût de ce mélange de glace au caramel et à la menthe chocolat sur tes lèvres. Et tu avances un peu plus vite. L'impatience au creux des tripes. Oubliant un instant Sena même si vos doigts sont toujours entremêles. La dernière fois que tu as tenu une main de cette façon c'était celle de Ash. La voix de la gamine ramène tes pensées dans la réalité. « Oui. » Tu la regardes surpris par sa demande. « Euh !! On se doit d'être gentil entre frères et sœurs tu ne penses pas ? Et pourquoi je serais méchant avec toi ? Et puis tu verras que parfois je suis un vrai démon. » Quand tu rentres d'une nuit sombre et que le mal ronge tout en toi comme un acide vorace. Quand tu as envie de hurler mais qu'aucun son ne sort parce que tu es trop détruit pour les pousser. Quand les horreurs ont rendu ton corps impur et que tu ne sais pas comment t'en débarrasser. « Et je suis sûr que toi aussi tu es gentille. » Et tu lui offres un nouveau sourire. « Viens c'est par là. » Avant de la tirer un peu à l'écart pour l'entraîner vers ta cachette.

♡ busan vibe ♡

Oser.
Oui, oser.
Est-ce que Ziggy l’avait mangé ?
Non. C’était même tout le contraire. Il était là avec ses pincettes et ses mots rassurants. Elle était là, dans la sienne, sa main pour la guider. Et si elle avait toujours peur, dire que c’était pire que l’isolement de sa chambre aurait été un mensonge bien injuste.
A la suite de cette sortie, c’était bien un merci qu’elle lui devrait.
Et, si elle ne le savait pas encore, elle regretterait de ne pas en avoir profité.
Bientôt, elle aussi, elle se mettrait à guetter cet instant de liberté. Bientôt, elle aussi elle regretterait la fin de la dernière minute, de l’instant où il fallait rentrer et attendre que ce soit l’heure pour un autre genre de sortie.
Elle aussi, elle affectionnerait probablement ces petits moments avec les autres habitants du logement. Comme des pauses au milieu d’une vie, comme des instants auxquels s’accrocher sans pouvoir jamais les retenir.

Qu’est-ce que ça lui coûterait de faire les premiers pas maintenant ?
Selon les mots de Ziggy, pas grand chose. Elle n’y lisait en tout cas aucune forme de rejet… ce rejet dont elle avait toujours eu peur et qu’elle avait sans doute mérité parfois.
« C’est noté… je vais faire des efforts. »
Des efforts oui. Sortir le nez de sa chambre, essayer de faire connaissance… et peut-être se faire une raison. Admettre qu’elle ne pouvait pas disparaître de toute façon et que figer le temps dans sa chambre n’était pas une fuite de la réalité très prometteuse.
Et s’ils la détestaient… ?
Si au final, elle se retrouvait toute seule là-dedans ?
Cette idée était venue assombrir les jolies paroles de Ziggy…
… mais c’est en silence et en promesses qu’elle avait fait le choix de continuer.

Endormie depuis des jours, son regard s’était éveillé avec curiosité quelques minutes plus tard à la description des dessins de son camarade.
Un réel intérêt et pas quelque chose de feint comme la Sena qui prétend avoir les mêmes goûts, les mêmes passions, pour être comme on veut qu’elle soit.
Si elle avait été seule, son regard se serait fermé pour tenter d’imaginer.
Ici, elle s’était contenté de voir quelques brides des rêves irréels dans lesquels elle pouvait se perdre parfois.
L’envie de lui demander de voir avait été trop lente, Ziggy l’avait devancé et l’hésitation ne s’était pas lue dans sa voix à sa réponse « C’est vrai ? J’aimerais beaucoup… ça me plaît… ces trucs-là... » quels trucs ? Les animaux pas franchement très réalistes ?
Rêver. Voyager dans un monde où tout semblait pourtant être impossible. Et dans sa tête, elle pensait déjà que c’était avec talent que Ziggy savait le faire sur du papier.

La question suivante est bien moins joyeuse mais il faudra bien la poser un jour comme d’autres beaucoup plus sombres.
« Vous devez… tu sais… travailler souvent ? » toujours ce vous, toujours la solution de facilité.
Si elle fuit, elle prend au moins note dans un coin de sa tête que si l’un d’eux fait ce que lui nommerait une bêtise, ou plutôt une erreur, tous peuvent payer. Elle le note même trop bien sans en avoir véritablement conscience.
Sena. Tu ne veux pas parler de ça. Et peut-être que Ziggy non plus.

Découvrir le quartier en silence serait toujours mieux.
Mais puisqu’elle peut oser, elle le fait finalement.
« ... » et elle médite la réponse de son aîné de longues secondes, elle la médite encore alors qu’il l’entraîne vers un autre coin. Elle marche quand elle souffle en direction du sol « T’as l’air plus gentil que d’autres… » à l’orphelinat, ils n’étaient pas tous si gentils. Et pourtant, ils étaient supposés être un peu comme des frères et sœurs eux aussi.
Ziggy, lui… il a cette espèce de douceur rassurante qui se lit jusque dans sa voix. Dans sa tête, elle se dit que ça doit être difficile de ne pas l’aimer.
C’est dans cette rue, ce jour-là, qu’elle commence à l’admirer.
« J’ai un peu de mal à t’imaginer comme un démon... » doucement, elle resserre sa main sans s’arrêter, son regard s’égare un peu sur les choses qu’ils peuvent croiser.
Un ange. C’est ce que Ziggy doit vraiment être. Mais la définition est maladroite… parce que c’est la leur et elle ne voudra pas dire la même chose alors elle se tait et dans sa tête elle revient au cirque et au magicien qui sort la douceur d’un chapeau pourtant si sombre qu’on ne pensait pas y voir apparaître la moindre note de blanc.

Je te vois regarder par la fenêtre. Crois-moi, petite sœur, le silence et le froid, je connais par cœur, j'y suis passé avant toi.

TW/ Y aller pas à pas.
Doucement pour ne pas se faire encore plus mal.
La vie qui attend Sena à présent.
Sera souvent synonyme de chaos.
De déferlantes effrayantes.
Mais dans toute cette peur vorace, sauvage et angoissante, il y aura ces petites parenthèses. Trop courtes c'est certain. Mais elles seront là et elles lui permettront de garder la tête hors de l'eau. Rien ne sera rose, tu le sais, tu es passé par le même chemin. Mais tu sais aussi qu'elle pourra y arriver si elle ne reste pas cloîtrer entre les murs de sa chambre.
Et puis il y a les anges.
Dawn comme Ari feront tout comme toi, malgré leur caractère compliqué, ils couveront de leurs ailes la belle Innocente dans ses moments de détresse. Rien ne sera évident mais ne pas essayer c'est déjà renoncer. Et c'est faire gagner une autre bataille à leur mac. C'est lui donner plus de pouvoir. Plus de facilité pour détruire le peu qui vous permet de survivre. Toi même si ta rage a fini, au cours des années, par devenir aussi docile qu'un agneau, elle reste là blotti à attendre au fond de tes tripes.
Et un jour.
Un jour elle explosera et tu réussiras à briser les chaînes qu'il t'a mise.
Un jour  …
Pas de date fixe, juste l'espoir de voir CE jour venir.
Peut être même que CE jour là vous vous sauverez tous ensemble.
Loin de cette vie et surtout loin de lui.

En attendant tu ne peux donner que des conseils, délivrer les nouveaux codes de sa nouvelle vie. Tu ne peux qu'essayer d'apaiser ses craintes, de rendre ses angoisses plus douces en distillant un peu de miel. Ce n'est pas grand chose, mais tu sais que c'est précieux dans un moment pareil. Ce sera comme une petite étincelle dans tous les moments sombres qu'elle va devoir vivre. « C'est bien. Et si tu oublies je serais toujours là pour venir frapper à ta porte et te faire sortir. » Une promesse pour ces instants où même si Sena en aura envie, elle ne le fera pas, trop abîmée par les hommes qui vont la salir. Parce que tu le sais combien l'envie de franchir la porte peut être là, mais que la raison fait que cette porte on a pas la force de l'ouvrir si personne ne la pousse.
Mais pour le moment c'est la lumière qui vous tend les bras.
Celle de la rue et de son agitation.
Celle des mots échangés, des confidences dévoilées.
Celle qui lentement va être emprisonnée dans vos êtres.
Pour éclairer les moments ou vous en serez privés.
Et tu parles de dessin, secret que tu partages avec tous les anges. Votre mac aussi sait mais il ne tolère pas ce talent. Pour lui il n'a pas sa place dans ta vie, il pollue ton esprit et l'empêche de se concentrer sur les actes concrets que tu dois faire.
Le dessin rend ton esprit trop libre.
Et ton esprit se doit être muselé.
« Super alors. On va avoir un sujet sur lequel débattre. Tu pourras peut être même me donner des idées sur les futurs animaux ou paysages à inventer. Le dernier dessin que j'ai fais .. » Ton regard se perd au loin car tu ne peux t'empêcher de penser à Ash. « C'était une plage avec des fleurs extraordinaire  .. » Et ce jour là tu avais envie de t'y perdre sur cette plage et c'est dans les yeux de Ash que tu t'étais perdu. Ton cœur accélère en pensant à ce coup de vent qui avait fait voler ta feuille pour la poser dans les mains du jeune homme.
Ash qui en quelques secondes est devenu le nouveau souffle de ta vie.
Le seul souffle de ta vie.

Mais la réalité s'enchaîne comme un étau et elle revient dans les mots de Sena, et ça te serre le cœur. Elle ne s'inclut pas encore dans le lot. Mais elle comprendra  vite que ce vous qu'elle emploie deviendra un nous. Le moment de répit que le mac lui laisse c'est juste le temps de se faire à son nouvel environnement. Bientôt elle goûtera à la noirceur de ces rendez vous plus sordides les uns que les autres. Avec à chaque fois une saveur d'amertume dans la bouche. Avec l'envie de crever coller au corps. Et l'âme à chaque fois plus souillée.
Mais tu seras là pour lui tendre la main dans cette perdition.
Et tu ne seras pas le seul à l'aider la gamine.
« Tous les jours quand tout va bien. On bosse pas mal la nuit, après parfois cela peut tomber en journée tout dépend les ... » Tu la regardes, cela te tord les tripes d'exposer à son regard d'enfant les lignes de sa nouvelle réalité. « Tout dépend les choix de nos clients. Personnellement je bosse souvent la nuit .. » Des nuits entières ou les belles abusent des absences de leurs maris pour jouer de leurs désirs insolents sur ton corps soumis. Tu as parlé doucement murmurant plus qu'autre chose. Pas par crainte d'être entendu, juste par crainte que tes mots soient douloureux en entendre. Mais elle doit se douter de l'enfer dans lequel elle est tombée. « Sena tu sais ce que tu vas devoir faire ?? Il t'a expliqué ?? » Pas que tu es envie de parler à cet instant de cette facette de la vie des anges, mais si elle est innocente, il faudra la préparer à l'horreur d'un acte qu'elle ne partagera avec un inconnu avide de la candeur de son corps.
Candeur qui sera arraché sans ménagement.
Ils sont toujours tous affamés lors des premières fois.
Faut dire qu'elles se monnaient cher.

Et tout en parlant vous avancez vers ta cachette, tu accélères car l'idée de lire les messages de Ash tapisse ton cœur d'une douceur intense. L'idée de pouvoir lui répondre rend ton palpitant plus vivace. Ce sera la récompense de cette sortie, même si elle aurait été bien meilleure si tu avais pu le serrer contre toi. Mais tu as appris à te contenter de peu. Alors voir une photos de lui souriant et lire ses mots c'est toujours mieux que rien. Et tu lui réponds toujours avec gentillesse. « Plus gentil que les autres ?? Quels autres ? Des gens n'ont pas été gentils avec toi dans le passé ? » Tu sais que vous avez tous des histoires de vécu difficile et pas souvent dévoilés.
Parce que les mots éveillent les maux.
Et que les silences les enfoncent dans votre mémoire.
Tu sais aussi que parfois la douleur te caresse avec plus de force et que dans ces moments là, le visage que tu offres à Sena est bien loin. Que sur tes traits ne restent que la violence de leurs caresses, que l'insolence de leurs baisers, que l'horreur de l'acte. Et la honte d'être faible et de courber toujours l'échine au lieu de te rebeller. « Et pourtant parfois .. j'en suis un .. quand je ne supporte plus celui que je dois être .. » Et tes yeux se voilent un peu de tristesse. Parce que tu sais que cela lui arrivera aussi à cette gamine. Cette caresse puissante du dégoût au point qu'on en oublie toute bien séance. « Tiens c'est là. » Tu montres un vieux bâtiment abandonné et vous y entrez. Et tu te stoppes devant un trou dans le mur adroitement caché. Tu en sors un boite à chaussure.
Coffre secret de tes trésors.
Il n'y a plus grand chose, depuis que tu as la consigne, mais au moins tu as pu y glisser ton téléphone. « Si tu as besoin de planquer des trucs on pourra les mettre là. Il n'aime pas trop qu'on est des choses trop personnelles avec nous. » Longtemps cette boite à renfermer l'alliance de ta mère attachée à ce bout de ruban bleu, là elle est autour du cou de Ash. Et tu ouvres le clapet pour découvrir les merveilles envoyés.
Tes yeux d'un coup scintillent.
Ton cœur palpite.
Tu frissonnes et tu as eu chaud.
Tu te sens en vie.
Il y a des photos, des messages. Il y a un peu de Ash qui passe en toi. Il te manque. Atrocement. Énormément. Horriblement. « Je fais vite. » Et tu réponds.


Et tu envoies. Tu ne sais pas si tu auras une réponse en suivant. Selon ce que fait Ash il ne pourra peut être pas. Tu serres entre tes doigts ton téléphone comme si tu cherchais à transmettre ce contact à ton ami. Et tu restes silencieux un instant, fermant les yeux juste pour garder sa dernière photo en mémoire.
Ce soir c'est son visage que tu verras quand la noirceur t'enveloppera.

♡ busan vibe ♡

Oublier oui…
ça risquait bien de lui arriver… “oublier” cette douce résolution qui ne semblait pourtant pas si compliquée à l’oral… simplement plus difficile à mettre en pratique oui…
Une main qui hésite trop près d’une poignée.
Un regard qui ne pousse pas ses jambes vers la porte.
Ou rien de tout ça, juste des idées noires et pas de quoi amorcer la volonté de faire des efforts.
Heureusement “tête de linotte” ou pas, la vie avait mis sur sa route quelqu’un pour lui rappeler qu’elle pouvait… et que pousser une porte n’était plus si difficile quand on avait une autre main que la notre pour le faire.
Alors, avec timidité, sa tête s’était hochée et si elle avait pensé oui, ça vaut mieux les mots qui avaient franchi ses lèvres s’étaient fait différents « ça marche… merci… t’es pas obligé de faire tout ça.... »

A son sens, il n’était pas plus obligé de jouer les baby sitter maintenant. Il avait beau ne rien avoir de mieux à faire, elle ne pouvait s’empêcher de penser qu’il y avait forcément mieux que de se traîner le boulet qu’elle devait représenter aujourd’hui.
Et pourtant, Ziggy faisait ça avec tellement de gentillesse.
Il s’ouvrait même à elle pour lui parler un peu de lui…
… il accomplissait l’exploit de réveiller un peu sa curiosité et de faire travailler son imagination à la description du dessin qu’il venait de lui offrir
« ça a l’air joli... » et un instant, elle avait même fermé les yeux pour tenter de s’y imaginer. Elle avait fait un effort supplémentaire pour visualiser quelques fleurs… et son coeur avait eu envie d’y fuir sans même avoir vu une ombre de ces fleurs sur le papier.
ça devait être forcément très beau… le talent de Ziggy, de toute évidence, elle n’avait pas pensé à en douter « Mais oui… on peut faire ça... » ce serait même une bien trop bonne idée pour elle, ou plutôt un bien trop joli cadeau… voir sur le papier ce qu’elle se perdait souvent à imaginer « Je t’envie un peu… j’aurais adoré savoir dessiner comme toi… mais j’ai que ma tête pour voyager.... »

Tu n’as pas de talent Sena.
Elle le savait bien. Elle volait toujours aux autres et s’essayait à plein de choses sans vraiment se pencher sur ce que la Sena au fond d’elle pouvait faire… ou avait envie de faire…
La coiffure… écrire…
ça ferait toujours deux pistes qu’elle trouverait en se concentrant.
Mais là encore, elle devait davantage baragouiner dans le domaine que produire quelque chose de fantastique…
Alors que les dessins de Ziggy… elle en était certaine, ils devaient faire rêver encore plus grand….

Pourquoi n’avait-elle pas forcé alors pour mieux s’imaginer sur cette jolie plage ?
Pourquoi avait-il fallu qu’elle pose l’une des trop nombreuses questions qui mordaient ses lèvres autant que son coeur depuis qu’elle était arrivée.
Il faudra bien savoir un jour. Tu le sais.
Oui… mais le déni, à défaut d’être véritablement réconfortant, il donnait l’illusion de pouvoir reculer la nuit… un temps… rien qu’un peu plus.
La réponse de Ziggy, elle l’avait pourtant attendue.
Evidemment, son coeur aurait préféré un joli mensonge… même s’il sonnait trop faux.
L’espace d’un instant, elle aurait presque pu s’accrocher à espérer… à attendre qu’il lui dise que c’était rare… que dans le fond, ils n’étaient qu’une joyeuse colocation et que le loyer se payait grand maximum une fois dans l’année.
La belle plaisanterie…
Tu le sais Sena… ouvre un peu les yeux…
« Oh... »
Tous les jours
…
Pas tous les jours, elle…
… rien qu’une fois… ça la terrifiait… alors penser qu’après la première fois, il faudrait recommencer le lendemain.
Son poing s’était serrée pour planter ses ongles dans sa peau… un soupir lui avait échappé malgré ses efforts… et elle n’avait rien trouvé de mieux à dire que ce pitoyable « D’accord... » mais Ziggy lui pose une question et son teint prend la coloration de la gêne « Oui… un peu... » un peu ? Elle savait que ce qui était à elle hier n’était plus vraiment à elle… elle savait que son corps n’était plus vraiment le sien et qu’elle ne décidait plus vraiment… oui… les grandes lignes… c’était sans doute suffisant… malheureusement pas assez pour faire taire une curiosité qui la torturait mais… est-ce qu’elle avait besoin de tout savoir ? Est-ce qu’elle voulait tout savoir ?
« Je veux dire… l’essentiel… tu sais... »
Oui, de toute évidence, Ziggy sait mieux que toi

Est-ce que parler d’elle est une meilleure option ?
« ... »
Ce n’est sans doute pas un sujet très intéressant.
Ou plutôt, c’est peut-être un sujet qui donnera envie à Ziggy de partir en courant.
Adieu la main tendue. Elle se retrouvait à nouveau seule, héroïne de la fameuse histoire avec un canard bien vilain… qui n’avait rien d’un cygne dans son cas.
« Ah euh oui… mais des fois, ça m’arrive d’être insupportable… ou ennuyante alors… tu verras, dans trois jours, t’es fatigué de moi. » si elle tâche de faire sonner la fin comme un trait d’ironie, dans le fond… elle espère un peu sur le moment qu’il lui dise qu’elle est ridicule.

Ziggy en démon, c’est un sujet qui la rend plus perplexe…
« Alors… un gentil démon... » Ziggy qui ne se supporte plus… Ziggy qui se déteste… les mots sont retournés dans sa tête alors qu’ils arrivent à cette fameuse cachette qu’elle détaille jusqu’à l’intérieur, jusqu’à ce trou sur lequel son regard reste posé de longues secondes.
La moue songeuse tandis qu’elle se demande si elle a des “trucs” qui devraient être cachés…
Les objets lui viennent en tête presque aussitôt pourtant elle ne voit pas le mal qu’il peut y avoir à les posséder.
Ce n’est pas grand chose.
Elle n’a pas grand chose
« Des choses personnelles comme quoi ? Même pas grand chose ? Même si ça n’a pas de valeur… ? »

ça n’a pas de valeur mais, de toute évidence, ça en a assez pour elle, pour qu’elle craigne devoir y renoncer.
Ses lettres…
Une peluche d’éléphant…
Des bricoles…
Vraiment pas grand chose…
Mais pour elle, de précieux trésors auxquels elle s’accroche depuis toujours.
Irremplaçables dans son coeur.

Mais quand son regard dérive sur Ziggy, il se détourne quelques secondes plus tard comme si elle venait de surprendre un moment trop intime pour elle.
C’est son jardin secret
Sa petite bulle à lui, oui….
C’est ce qu’elle se dit…
Un monde dans lequel elle ne peut sans doute pas jeter un coup d’oeil sans vraiment savoir à quoi il ressemble.
Alors, elle se recule de quelques pas et son regard prétend être occupé à détailler les alentours.
A ton avis, c’est quoi la boîte aux lettres de Ziggy ? C’est avec quel peluche éléphant qu’il dort les soirs où ça ne va pas ?
C’est forcément très joli… ce monde dans un téléphone…
Peut-être plus joli qu’une plage avec des fleurs qu’on ne trouve nul part ailleurs.

Je te vois regarder par la fenêtre. Crois-moi, petite sœur, le silence et le froid, je connais par cœur, j'y suis passé avant toi.

TW/ Obligé de faire tout ça.
Non en effet tu ne l'étais pas. Enfin si un peu car votre mac veille et vu qu'il t'a chargé de Sena, il vaut mieux que tu veilles aussi sur elle. Mais c'est vrai que tu y mettais tout ton cœur. Que peut être même tu ferais plus parfois que ce qu'il faudrait. Que tu pousserais cette main tendue jusqu'à prendre des remontrances voir des coups pour cette jeune Innocente. Mais tu fais parti des plus anciens et tu sais combien la route dans l'enfer des anges est ardue. Tu sais qu'une étincelle peut faire tout basculer et mener au drame. Alors oui tu n'es obligé en rien, mais tu le feras parce que perdre des anges c'est toujours une terrible déchirure. Une qui pare ton cœur de souffrance qui jamais ne s'estompe même quand la douceur si pose.
Obligé de faire ça.
Non tu ne l'étais pas.
Mais ton palpitant encaisse assez pas la peine d'en rajouter. Et puis Sena semble si douce, si fragile. Tu seras comme sa terre d'asile, celle sur laquelle elle pourra se réfugier quand tout partira en vrille. Quand elle sera perdue plus que jamais. Quand ses larmes n'auront que des saveurs amères, elle viendra chercher le goût du miel contre ton torse.
Oui tu n'étais pas obligé.
Mais ta conscience te le dicte.
Et ton cœur l'écrit dans tes entrailles.

Et à l'extérieur la vie hurle. Et tu lui parles du quartier, de ce que Sena pourra y trouver. Et tu lui parles de dessin, de tes rêves griffonnés prisonniers des feuilles de papier. Tu ne lui parles pas de l'espoir que tu mets dans tes coups de crayon, juste de cette évasion dans la tête qui te permet de ne pas couler. Et tu lui montreras un jour ces couleurs disloquées qui prennent vie quand elles sont accordées.
Tout est éphémère, un coup de gomme.
Et plus rien ne reste.
Mais se sont tes souffles de vie.
Tes espoirs enfouis.
Et tu la vois fermer ses yeux, après t'avoir dit que cela avait l'air joli. Tu te doutes qu'elle cherche à imaginer tes descriptions étalées sur le papier. Et dans cette discussion se met en place une idée, vous pourriez collaborer. Sena pourrait te donner d'autres paysages à créer. Qui sait tout pourrait devenir encore plus magique. « C'est déjà bien de voyager dans sa tête. Et je t'apprendrais si tu veux. Certaines choses ne sont pas difficile à maîtriser. » Pour toi dessiner n'a jamais été une difficulté, c'est même venu tout seul. Naturellement. Comme si cet art coulait dans tes veines. Et tu lui souris, sûr que ses doigts pourraient maîtriser quelques arabesques, quelques lignes. Sûr que ses doigts pourraient donner naissance à des merveilles.
Et l'instant se fait douceur avant que la noirceur ne revienne.
Tu aurais pu lui mentir. Cela aurait été peut être la solution pour que ses yeux ne perdent pas leurs étoiles. Mais tu n'en as pas la force. Et puis Sena a le droit de savoir. De savoir que l'enfer a sonné à sa porte. Que cet instant est juste une parenthèse. Et qu'elle se fermera rapidement avant que ne s'ouvre vraiment l'important. Tu ne t'étales pas. Tu donnes juste les mots qu'il faut, tout en lui demandant si elle a compris le rôle qu'elle va avoir à tenir. L'Innocente va être souillée toutes les nuits. Et cette idée te fait horreur et serre ton cœur.
Mais c'est la destinée des anges.
« L'essentiel c'est déjà bien .. » Tu avales difficilement ta salive. « On parlera un peu plus de tout ça .. si tu veux plus tard .. » Parce que là tu ne voulais pas prendre le risque de salir votre instant de liberté. Tu ne voulais pas noircir ce bout de ciel bleu offert. Plus tard .. Quand le sombre de la situation viendra se faire morsure violente. Et les questions en entraînent d'autres. Se dévoiler un peu, tout en gardant une part secrète, la part la plus douloureuse. Et tu ris à ses mots. « Je te jure qu'avec les caractères des habitants de la coloc on passe par toutes les formes d'émotions. On est tous par moment insupportables ou ennuyants. Alors je ne serais jamais fatigué de toi. Sinon je serais aussi fatigué de Dawn et de Ari. Parce que ces deux là et bien se sont des cas .. » Et ton rire se fait un peu plus raisonnant, ils t'en font voir des vertes et pas mûres mais ils comptent beaucoup pour toi. Comme les frères que tu n'as jamais eu. Il a fallut que se soit le côté chienne de la vie qui te les offre. « Être un gentil démon me convient très bien. »

Et vous arrivez à ta cachette que tu dévoiles sans crainte à Sena. Lui proposant même qu'elle s'en serve si elle en avait besoin. Une manière de garder en sécurité les choses aux quelles elle tient. « Oui même pas grand chose et moi je parle de valeur sentimentale, pas de valeur financière. C'est ici que je mettais mes crayons et mes dessins avant de récupérer une consigne à la gare. J'y mets mon téléphone, celui qu'il ne doit pas voir. » Même s'il y a très peu de contact dessus, c'est un lien avec la vie en dehors de l'univers des anges. « Des photos enfin des trucs persos. Des trucs que tu ne veux pas qu'il voit pour qu'il n'abîme pas les souvenirs aux quels ils sont liés. » Puis tu prends quelques minutes pour envoyer un message à Ash.
Tes doigts se font impatients sur le clavier.
Et ton cœur aussi en attendant la réponse.
Ne pas le voir c'est comme manquer d'oxygène. Comme ne pas pouvoir respirer. Cela te fait peur comme cela t'enivre. Jamais personne ne t'a fait cet effet. Remarque tu as peu de monde dans ta vie. Jardin secret que tu préserves tu te mets dans ta bulle le temps de cet échange. Ne voyant qu'un seul visage, celui de Ash. Et quand ses mots répondent aux tiens, tu ne peux empêcher une larme de venir se glisser dans tes yeux. Larme que tu essuies avec douceur de ta main. Ton cœur lui s'éprend d'une course folle. Et un sourire idiot s'étire sur tes lèvres. Tu embrasserais presque ton téléphone et la photo qui apparaît dans le message suivant. Tes doigts viennent frôler les traits de cette beauté figée. Et tu fermes les yeux les imaginant se posant sur ses joues.
Et puis tu reviens à la réalité .
Et tes yeux partent à la rencontre de ceux de Sena qui s'est un peu éloigné de toi. « Désolé. » Tu lui en dirais bien un peu plus mais tu as déjà dévoilé pas mal de secret. Et puis celui là, tu ne veux pas le partager.
Pas encore ..
Pas tout de suite ..
« Du coup n'hésite pas si tu veux venir déposer des choses. » Tu regardes l'heure. « On a encore un peu de temps. » Parce que pas question d'arriver après l'heure. Et tu viens lui reprendre sa main. « Il y a un petit parc pas loin, on va se poser sur un banc. » Se laisser bercer par la douceur du vent, par le bruit des arbres, par les odeurs des fleurs.
Par la liberté avant qu'elle ne s'achève.

♡ busan vibe ♡

Lui apprendre.
Dans sa tête, elle repense à sa boîte à chaussures sur laquelle elle a griffonné des dessins. Des dessins commencés à un jeune âge et pas mal enfantins. Rien de très fantastique mais beaucoup de couleurs pour réchauffer un peu son monde. Quelque chose de joyeux, de chaud… une boîte pour renfermer de beaux souvenirs qu’elle a parsemé d’un peu plus de douceur dans son imagination pour certains. Quelques mensonges, rien de bien grave selon elle, mais des mensonges qui la rendent parfois triste quand elle pense que son petit monde n’est que l’illusion d’un rêve qu’elle aurait aimé vivre.
Si elle avait eu le talent de Ziggy, cette boîte aurait été bien plus jolie. C’est ce qu’elle se dit sur le moment quand elle l’imagine avec une fibre artistique un peu plus développé. Pourtant, si elle pouvait faire une seconde boite, rendue peut être plus jolie par les leçons de Ziggy, savoir qu’il n’y aurait peut-être que des mensonges dedans cette fois la rend un peu triste.
Qu’est-ce qu’elle allait pouvoir sauver de sa réalité aujourd’hui ?
Eux.
Peut-être.
Ses colocataires.
Des gens qu’elle verrait peut-être comme de jolies rencontres avec le temps.
Des amis ?
Une nouvelle famille….

« Alors, si jamais, j’essaierais d’être une élève appliquée. » traduction pas trop chiante ?
Concentrée, pas dissipée… et pas toujours la tête ailleurs ?
Défaut qu’elle portait depuis l’enfance mais il n’était peut-être pas si gênant quand on se perdait sur une feuille. Il ne l’était pas quand elle l’écrivait… ça devenait parfois plus beau quand on se perdait. Surtout quand on se perdait bien loin de la réalité.
Quand on devenait une personne qu’on avait envie d’être.
Quand ceux qui n’avaient pas tant aimé celle qu’elle était l’aimaient davantage par magie.
Quand le monde avait un peu plus de couleurs et moins de réalisme.

Faire face à la réalité aujourd’hui…
… ça deviendrait de plus en plus compliqué. Elle le savait. Et pourtant, elle aurait aimé être plus naïve là-dessus. Elle aurait aimé croire qu’elle était rien qu’un peu “pessimiste” et qu’au final ce ne serait pas si terrible.
Le problème pour dresser cette barrière faite de jolis rêves… c’est qu’elle savait… l’essentiel oui.
Elle le savait du moins assez pour hocher la tête maintenant.
Plus tard. Ou jamais. Tu préfères ?
Oui…
Jamais. Ce n’est pas possible.
Et elle le savait aussi ….
« D’accord. Plus tard. »
… elle le savait bien assez pour penser qu’elle devait mettre en ordre dans sa tête les questions qu’elle se devait de poser….

Des questions remises à plus tard sous les portraits de ses autres colocataires.
Des cas qu’elle ne connaissait encore pas assez et qu’elle ne savait pas trop comment aborder
Elle ne sait pas si Ziggy exagère pour la rassurer, mais le gentil démon mérite de toute évidence un petit ajout qui finit par franchir ses lèvres « Un gentil démon patient. » c’était quoi le but ? A chaque fois qu’elle lui découvrirait une qualité, elle le rajouterait à la liste et le terme démon finirait par se retrouver noyé au milieu d’un tas de qualités ?
Elle ne trouverait pas ça si gênant sans doute si on venait à en arriver là. Rien à lui pardonner là-dessus, elle avait du mal à voir son “nanny” comme une mauvaise personne quand il prenait de son temps pour la forcer à remplir un peu ses poumons d’air frais.

Ou quand il lui proposait de partager sa fameuse cachette… dont elle aurait besoin au final ?
Oui…
C’est en tout cas ce qu’elle se dit quand Ziggy parle de valeur sentimentale. Elle refuse de se faire priver de ses possessions trop précieuses à son sens même si leur valeur globale ne lui assurerait pas de manger pendant plus d’un jour.
Quand elle écoute sa petite liste, l’évidence qu’elle doit accepter son offre amène sur ses lèvres une phrase qui sonne sans doute plus angoissée qu’elle ne l’aurait voulu « Alors, dans ce cas, j’ai bien quelques trucs à y mettre... » quelques trucs qu’elle planquerait mieux dans sa chambre en rentrant « … si ça ne te dérange vraiment pas. » … quand à l’idée d’avoir un second téléphone… la conclusion qu’elle n’en n’a pas besoin vient rapidement dans ses pensées. Elle ne parle pas à grand monde
Il y a pourtant bien eu quelques messages… mais des messages auxquels elle n’a pas osé répondre.

Une part de curiosité en elle se demande quels sont ceux que Ziggy attendait de lire avec impatience.
L’autre reste en retrait, pensant sans doute qu’envahir ce petit monde qui semble être le sien le gâcherait un peu.
Voilà pourquoi son regard finit toujours par se promener sur les murs et laisse son aîné tranquille jusqu’à ce qu’il ait terminé.
Sa tête s’était secouée dans un geste qui voulait dire qu’il n’avait pas à s’excuser d’avoir pris un moment pour lui. Les questions ne franchissent pas ses lèvres et restent dans sa tête et elle se contente de faire quelques pas vers son camarade « Merci... » … avant d’accepter son offre, puis celle qui vient ensuite dans un simple hochement de tête et quelques mots « Je te suis. » … vers ce parc qui marquerait peut-être le point de fin de la promenade.
Les premiers pas en silence. Les mêmes idées de devoir, et peut-être aussi un peu vouloir, entretenir la conversation et sa voix se faisait entendre à nouveau « Au fait… comment tu préfères que je m’adresse à toi… ? » question peut-être un poil trop solennelle. Elle aurait dû choisir le manque d’originalité et lui demander son âge… c’était pourtant une interrogation légitime pour ne pas fauter. Son prénom, quelque chose de plus respectueux, oppa ou un titre plus distant… puisqu’ils étaient amenés à vivre ensemble, autant savoir plutôt que de continuer à formuler ses phrases pour éviter de prendre parti.

Je te vois regarder par la fenêtre. Crois-moi, petite sœur, le silence et le froid, je connais par cœur, j'y suis passé avant toi.

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Tu n'as pas trop eu la chance de le faire enfant.
Pas de frère ou de sœur avec qui t'amuser.
Peu d'amis surtout quand il est entré dans vos vies.
Vivre avec les anges te permet de rattraper ce manque, même si ce n'est pas toujours dans des conditions idéales. Parce que le mac il vous surveille et il tranche le fil quand il le sent trop tenace. Mais c'est toujours mieux que rien. Apprendre à dessiner à Sena bien sur que ça te plairait, parce que tu es un passionné et que cette passion tu veux la voir danser dans d'autres regards. Tu veux la transmettre. Vous devrez juste jouer la prudence, pour éviter les emmerdes. Il ne déchirera pas les dessins de la belle Innocente, ne lui criera pas dessus, tu en es certain, si par hasard il tombait sur un. Mais tu sais que tu morflerais s'il savait que tu avais osé. Si un jour il capte, tu prendras tout sur ton dos. Jamais tu n'accepteras qu'elle paie pour ce genre de chose, même si tu la connais à peine, le besoin de la protéger est déjà vorace et violent. « Tu seras ma première élève. Et je suis sûr que tu seras appliquée. » Tu lui souris, heureux de pouvoir lui montrer ce que tes doigts peuvent faire et où ils peuvent vous embarquer.
Se sera autant salvateur pour elle que pour toi.
Une évasion à deux dans un autre univers.
Dans un univers qui vous sera propre.

Dans un univers où la réalité de vos vies sera un peu oublié. Parce qu'elle revient toujours très vite cette réalité, elle glisse dans vos veines comme le sang qui alimente vos êtres. Comme le souffle qui gonfle vos poumons. Et contre elle lutter est compliquée. Même si à cet instant tu la chasses un peu, parlant d'un plus tard qui vous frappera de plein fouet à un moment. Et devant lequel ni elle ni toi ne pourraient reculer. Mais ce plus tard à cet instant tu le veux loin, pour lui donner le temps de respirer. Sena a compris l'essentiel, pas la peine de gâcher ses secondes de liberté.
Elles le seront assez tôt.
Elles le sont déjà, tu le sais.
Tu lui souris quand elle acquiesce pour plus tard, te voulant toujours rassurant pour la suite. « C'est sur qu'il faut des doses de patience pour vivre en coloc avec tous ces petits diables ... » Petit rire discret. « Enfin avec tous ces petits anges » Cela t'amuse de la voir ajouté des qualificatifs après le mot démon. Tu as hâte de savoir celui qui se collera ensuite. Car tu es certain qu'elle en trouvera des mots doux pour rendre le mot démon moins violent. En attendant tu lui montres ta cachette secrète, lui proposant même de s'en servir. On a toujours des petites choses précieuses que l'on veut mettre à l'abri des mains du mac. Des souvenirs, des pas grands choses, qu'on veut protéger. Alors si elle le souhaite, elle pourra déposer ses trésors là où tous ceux des anges sont déjà posés. « Si je te le propose c'est que cela ne me dérange pas. Mets ce que tu veux. » Même ton cœur si tu le souhaites. Après tout le tien y est un peu depuis que ta route à croiser celle de Ashley. Même si c'est juste au travers d'un vieux téléphone que les impulsions que le jeune homme réveille passent.
Des battements si forts.
Que tu te demandes si Sena ne les attend pas à cet instant.

Et durant quelques secondes tu t'isoles. Lisant les messages de Ash, des précieux qui te donnent presque du rouge à tes joues. Des précieux qui donnent à tes lèvres l'envie d'être embrassées encore et encore. Des précieux qui donnent à ta vie la lumière. Et tu réponds impatient et gourmand d'en lire d'autres. Seule chose que tu pourras te contenter car le voir aujourd'hui est impossible. Mais Sena est ta priorité. Tu sais que Ash comprendra et qu'il ne t'en voudra pas. Le prochain moment tous les deux n'en sera que plus intense.
Le manque augmentant le désir d'être avec lui.
Mais le temps file vite et tu veux que Sena profite un peu. « De rien. » En attendant les réponses de Ash, vous pouvez aller passer les minutes qui vous restent dans le parc pas loin. Vous parlerez de dessins ou d'autres choses, peut importe. Tu lui prends à nouveau la main et vous retrouvez la lumière du jour. Tu la regardes un peu étonné par sa demande. « Euh .. ce n'est pas le genre de chose à laquelle j'ai réfléchi. » Il est vrai que Sena est jeune, mais entre les anges il n'y a pas de titres par rapport à la différence des années. Chacun se respecte et le reste se fait naturellement. « Tu peux m'appeler Ziggy comme tout le monde. Je n'ai pas de surnom contrairement à Dawn et à Ari. Après si tu veux m'en trouver un du genre gentil démon patient .. » Tu ris. « Cela ne me dérange pas. » Et vous arrivez au parc. « Voilà un de nos petits paradis. Il y en a d'autres en ville. Je te les montrerais au fur et à mesure. Ce qui est bien c'est que celui ci n'est pas loin de l'appart et quand l'enf  .. » Tu te retiens de dire le mot enfoiré. « Le mac nous donne une heure c'est le coin parfait pour se poser. » Et tu l'entraînes vers un banc, la tirant doucement par la main.
Il faut qu'elle savoure les dernières minutes Sena.
Qu'elle les mette dans son cœur.
Pour qu'il ait moins mal dans les moments sombres.

♡ busan vibe ♡

« D’accord…. » une réponse simple et courte prononcée dans un souffle.
Une réponse à une déclaration dont elle ne mesure pas exactement la valeur pour l’instant.
Plus tard. Quand elle y repensera.
Quand elle y repensera et qu’elle se fera la promesse une deuxième fois d’être au moins une élève attentive… ce serait un début oui.
Plus qu’avec d’autres avant eux au final, elle aurait cette peur de décevoir ceux qui partageaient le même appartement qu’elle, et plus justement son sort.
ce ne sera qu’une fois de plus
Voilà ce que lui répéterait sans doute cette petite voix souvent bien plus réaliste qu’elle…
Et pourtant, ce serait bien différent.

Ce sentiment d’avoir trouvé enfin sa maison étant pour l’instant encore inconnu dans son coeur, elle n’avait pas enchérit avec plus de chaleur qu’un « Merci…. » la perspective des cours de dessins avec son aîné.
Dans sa tête, elle avait tenté de s’imaginer une nouvelle fois les dessins de son camarade, la curiosité l’avait piquée de manière un peu plus certaine.
Oui, quelque part, malgré son désir de s’enfermer et de se faire oublier dans sa bulle, il y avait bien la tentation de jeter un petit coup d’oeil à l’extérieur.
Oui, même si maintenant les probables ennuis annoncés étaient les responsables de sa sortie.

Au rire de son aîné, une légère esquisse parvient à effleurer ses lèvres. Des petits diables un peu anges…
La question de savoir si elle parviendra à s’entendre avec eux, ou plutôt se faire accepter, se pose. Elle en a envie. Oui, ça, elle le sait déjà dans le fond. Ce serait….
Pas si mal ?
Oui. Pas si mal. C’est ça.
« ça fait longtemps… que vous vous connaissez ? » ou plutôt, qu’ils sont là eux aussi. Mais la question sonne sans doute plus douce comme ça dans sa bouche.
Plus tard
Elle s’en souvient, et dans le fond ça lui va bien. Une conversation forcée vers la légèreté… quand tout aura bien assez le temps de peser plus lourd sur son coeur.

Beaucoup plus lourd si elle doit perdre des possessions sans valeur mais trop précieuses dans son coeur.
Alors qu’elle n’avait pas soupçonné l’idée qu’on puisse lui retirer, elle se sent soulagée que Ziggy lui propose de partager une cachette où lui dissimule visiblement un secret qui lui fait détourner les yeux de son côté.
La curiosité retenue, elle se retrouve quelques instants plus tard avec la main de Ziggy dans la sienne.
Une main douce, qu’elle trouve déjà étrangement rassurante, une main qu’elle se laisse aller à resserrer doucement dans la sienne en le suivant vers une nouvelle hésitation.
Y’a beaucoup de gens qui doivent l’aimer Ziggy
Comment ne pas être d’accord avec ça ? Bizarrement, alors qu’elle ne le connaît que depuis peu, elle en est certaine.
Et tandis qu’elle se dit que beaucoup doivent s’estimer chanceux de le compter en ami, une question peut-être trop solennelle vient franchir ses lèvres.

Ziggy. Ou comme elle veut. Avec un surnom.
Elle s’imagine un surnom de démon, certains un peu idiots, d’autres sans doute trop doux pour leur niveau de connaissance de l’autre… « Alors, ce sera Ziggy en attendant…  » sans rire ? Elle compte vraiment lui trouver un surnom ? « Il est joli ton prénom, ce serait dommage que je le gâche tout de suite. »
Sena… est-ce que tu viens de lui faire une blague ?
ça y ressemblait bien. Et ce serait sans doute le bel exploit de la journée que Ziggy pourrait s’approprier sans avoir à le voler.

Le parc est joli. Elle se le dit dans la seconde où Ziggy lui présente. C’est un endroit qui pourra lui plaire. Peut-être celui où elle viendra se perdre de temps en temps pour souffler un peu.
Les fesses sur le banc choisi par son camarade, son regard se perd encore un instant sur les alentours offertes par Ziggy sans qu’elle ne prononce un mot.
De nouvelles limites à son nouveau monde.
Bien loin de son quartier d’avant à Busan, elle ne peut toutefois pas dire qu’il lui manque réellement. Si elle venait à s’y promener aujourd’hui, ça l’angoisserait en vérité… de croiser quelqu’un de sa vie d’avant
« C’est joli, je comprends que vous y veniez….  » … et ça n’avait pas été si pénible d’être sortie de son antre ?
… non, mais pour ça, ça n’avait rien à voir avec le joli parc. C’était davantage grâce à celui vers qui elle avait tourné les yeux à présent
« Merci d’avoir pris le temps de me faire visiter votre quartier….  »
notre
C’était notre qu’il faudrait dire désormais.

Je te vois regarder par la fenêtre. Crois-moi, petite sœur, le silence et le froid, je connais par cœur, j'y suis passé avant toi.

TW/ Parler dessins efface.
La lourdeur de la réalité.
De celle auquel vous devrez faire face.
Une fois rentré.
Là il vous faut profiter de l'instant présent. De ces secondes restantes qu'il vous offre car il a été gentleman. Il ne l'est pas toujours, surtout quand la rage l'habite quand les anges ne font pas comme il veut. Mais là tu ne veux pas y penser, tu ne veux pas que Sena y pense. Tu as tellement peur qu'elle n'est pas conscience de ce qui l'attend vraiment. Même si votre mac lui a déballé les grandes lignes. Une fois face aux clients tout risque de lui faire horreur. Là elle a encore la timidité de son arrivé, le fait qu'elle ne vous connaît pas, qu'elle doit tout apprivoiser.
Vous apprivoisez.
Même si vous n'avez rien de sauvage.
Que la distance que vous mettez est juste là.
Pour vous préserver.
Alors tu essaies de lui changer les idées, de lui promettre des cours de dessins que tu lui donneras quand vous serez dehors. Pas question d'exercer cet art dans la coloc, même dans la plus grande des prudences. Le mac ne supporte pas te voir griffonner des feuilles blanches. Alors qu'il laisse Ari jouer de la guitare. Va comprendre. Le dessin doit être sa bête noire. Tu fais avec. De toute façon tu n'as pas le choix.

Tu t'arrêtes un instant dans ton endroit secret, endroit que tu as retrouvé pour avoir ton vieux portable plus prés de toi. Pour pouvoir échanger avec Ash, des messages qui te donnent le sourire et qui font naître l'espoir. Car Ash il illumine ta vie, tes jours, tes nuits de cet espoir que tu découvres. De cette folie que tu respires depuis que ses yeux se sont posés dans les tiens. Depuis que ses lèvres ont enivré les tiennes.
Douce folie dont tu ne veux plus te priver.
Doux rêve qui berce la noirceur de tes craintes.
Et tu te perds un instant dans cette bulle que cet échange crée. Loin de tout. Loin de lui. Loin de l'horreur de la vérité de ta vie. Avant de revenir sur terre et de retrouver Sena qui t'a attendu sagement pendant ce temps. Tu lui proposes de venir mettre, si elle en a, ses trésors précieux. Parce qu'il aime briser tout ce qui peut vous ramener vers votre ancienne vie. Tout ce qui peut vous faire croire en la lumière. Alors que votre mac ne sait que déposer des ténèbres dans vos existences.

Puis les anges reviennent dans la discussions. Tu souris toujours dans cet espoir fou d'apaiser ses peurs, même celles qui n'ont pas encore vu le jour. « Pas mal d'année. Tu sais je suis là depuis que j'ai à peine 15 ans … et j'en ai 27 à présent ... » Tu soupires, tu évites de faire le calcul de ces années écoulées, de ces années que tu lui as offert pour échapper à un autre enfer. « Alors pour certains cela fait un bail qu'on se connaît, même si je ne suis pas le plus ancien c'est Secret. Les autres arrivent quand ils arrivent. Certains partent vite. » Et tu demandes ce qui leurs arrivent car ce n'est pas toujours dans de bonnes conditions, mais le silence s'impose toujours dans ces conditions. « Et d'autres comme Dawn ou Ari font comme moi restent. Et ce n'est pas par choix c'est qu'on a pas d'autres solutions. On est a lui, on a tous une dette à lui payer ... » Et elle semble plus augmenter que diminuer malgré le boulot effectué. « Enfin on parle pas du temps passé dans la coloc. On ne vit pas au jour le jour. Mais le passé comme l'avenir sont souvent des sujets qu'on évite. Ils peuvent être douloureux. Mais on sait écouter si besoin et garder des secrets. Et on en veut à personne si à un moment il a besoin de parler de telle ou telle chose. On essaie juste quand on est tous ensemble de rester positif et d'apprécier les moments offerts, même si ce n'est pas toujours facile. »
Vous vous voilez souvent la face sur la triste réalité.
Mais cela vous évite de trop sombrer.

Tu souris à Sena quand elle cherche comment t'appeler. Ta véritable identité n'a jamais été dévoilé, et ne le sera certainement jamais. Parce que tu ne veux pas penser à ce qui t'a fait fuir ton foyer. Du moins ce qu'il en restait. « Oui Ziggy c'est bien. Et quand tu trouveras tu me le diras. Je suis sur de toute manière que se sera parfait. » Après tout elle venait juste d'arriver l'Innocente, elle avait largement le temps de te trouver un surnom qui résonnerait entre ses lèvres comme un bonbon sucré. Et vous partez au parc, espace de liberté que tu veux qu'elle apprenne à connaître et à apprivoiser. Elle pourra s'y réfugier quand son temps sera compté et qu'elle ne pourra pas trop s'éloigner de l'appartement. Vous vous pouvez sur un banc tranquille, et tu lui laisses le temps de découvrir l'endroit.
Le temps de le faire sien.
Le temps de ce dire que c'est chez elle.
A présent.
« Oui cela fait du bien de pouvoir se poser ici de temps à autre. Même s'il y a d'autres endroits. Je te les montrerais au fur à et mesure. Tu pourras aussi demander à Dawn ou à Ari, ils font les râleurs et les rebelles mais au fond ils ont un grand cœur. » Et d'un œil discret tu regardes ton portable, l'heure vous est comptée. Tu attends la réponse de Ash et tu espères qu'elle arrivera avant que vous ne rentriez. « C'est aussi ton quartier à présent. Et de rien c'est cool de ne pas y venir seul. » Au moins les pensées sombres ne prennent pas le dessus. Parce que Sena c'est un peu un rayon de soleil qui vient d'entrer dans votre coloc. Et les anges en ont bien besoin de cette lumière.
Et les secondes s'égrainent.
Doucement.
Vous rapprochant de l'heure du retour.
« En tout cas il ne faut pas que tu hésites à venir nous voir, qu'importe l'heure on sera toujours là pour te soutenir si ça ne va pas. Ou juste pour parler ou rire. » Parce que tu ne lui souhaites pas que des moments sombres à la douce Sena. « Comme ça tu connais un peu plus ton nouveau quartier. J'espère qu'il te plaît, ce n'est pas le grand luxe mais on a pas mal de choses à porter .. enfin niveau commerces. » Parce que les cinémas, les boites de nuit, les musées, ce n'est pas le genre d'endroit que vous fréquentez. Parce que ça coûte de l'argent et que le votre est compté. Et que vos sorties nocturnes se résument à votre travail. Rarement à des plaisirs futiles comme vous direz votre mac. « Il va falloir qu'on commence à penser à rentrer. »
Sans se presser.
Mais tu dois reposer ton portable.
Et lui laisser le temps de se dire que l'instant liberté.
Est terminé.

♡ busan vibe ♡