Il y a des soirs où les étoiles s'alignent à l'envers, des soir où le monde s'arrête de tourner, où l'on se sent vidé, désespéré, comme si les choses s'arrêtaient pour ne plus jamais recommencer. La belle, affalée sur le comptoir, ne compte plus les verres qu'elle enchaîne dans le but inutile de noyer sa peine. Espère-t-elle guérir de lui ainsi ? Liya n'est pas idiote, elle sait très bien quels sont les ravages de l'alcool sur le corps et l'esprit, mais de cette manière, elle parvient à ne plus regarder la réalité en face, et même si les pensées se perdent dans les souvenirs de cet union désastre, elle a l'impression d'aller un peu mieux.

Souffrance indescriptible, Liya en veut au monde entier, elle voudrait s'arracher les cheveux, sauter dans le vide ou s'enterrer dix pieds sous terre pour ne pas avoir à sentir la peine la traverser tel un couteau affûté. Ils ne sont plus, et ça la détruit, de savoir que la seule personne à qui elle a ouvert son cœur a préféré l'abandonner pour les bras d'une femme plus belle, plus grande, nourrissant son complexe d'infériorité en la brisant en même temps. L'amour est aussi fragile que les ailes d'une fée, et Liya n'est pas sûre de pouvoir un jour les réparer.

Le regard perdu sur le bois du comptoir, la Chinoise attend. Quoi ? Que les aiguilles tournent, que les astres se déplacent, et surtout, elle l'attend elle, à qui elle accepte encore de faire confiance, Qiqi, gamine  aux enchantements miracles qui a toujours su l'apaiser de sa présence rassurante. Jouant avec le bord de son verre, elle renverse sa tête sur son bras et se met à chantonner doucement, aveugle aux regards compatissants des autres clients.

tick tock,
tourne les aiguilles,
bruit épouvantable dans le crâne.
à en enchainer douleur insupportable, et pourtant toujours s'en relever, ne pas se laisser abattre. car elle doit être la meilleure qiqi, tous les surpasser, être au-dessus ( flotter dans les nuages ) pour ne pas les décevoir. même quand ils ne sont plus à ses côtés, il y a toujours leur présence qui ondule dans les airs, à ne jamais la laisser tranquille.
anxiété parasite,
à venir la clouer au sol.
mais jamais elle ne s'arrête, à continuer les entrainements, à se cramponner jusqu'à ce que le souffle la quitte. et peut-être enfin pourra t-elle respirer à nouveau normalement. sans en sentir les poumons engoncés. à se maudire d'avoir peut-être mal choisi sa voie ( culpabilité ) avant de se dire qu'elle n'est bonne qu'à ça, qiqi.

comme si le repos ne l'attendait guère,
comme s'il fallait qu'elle se pousse à bout pour s'arrêter.
de ce message reçu qui la fera tilter, qu'elle doit partir de la patinoire pour en rejoindre l'amie ( la sauver ) vagabonder dans ces lieux inconnus, auxquels elle n'apporte aucun intérêt, là où les vices perfides s'échauffent, où les âmes solitaires se brisent. et liya en fait partie, de ce monde auquel elle n'a jamais pu prétendre. qiqi trop douce, qiqi trop pure ;
à l'en tenir éloigner de ces louanges désenchantées.
voiture mise en branle,
après avoir revêtu une tenue plus adéquate,
à s'empresser de rejoindre l'adresse reçue, prendre peur de l'état dans lequel elle pourrait la retrouver. à devoir en recoller chaque morceau, de ce coeur brisé en mille. et l'amour lui fait peur, quand elle sait que son couple n'est qu'illusion vacillante — est-ce que tu continueras à m'aimer encore quand l'éloignement se soustrait à sa personne. lui aussi à sa vie, et elle le sent qui lui échappe.

mais elle doit en balayer chaque pensée,
ne s'attardait que sur liya et ce mal être constant,
lui procurer l'aide dont elle a besoin, être cette main tendue.
celle qu'elle refuse pourtant parfois de saisir, à croire que rien ne pourra s'arranger. qiqi à l'optimiste flagrant ( insolent ) quand elle ne connait pas la situation de la demoiselle. à n'avoir jamais connu ces peines de coeur fracassantes, à n'être qu'entourée de cette bulle d'amour frivole ( imaginaire ) dont elle n'a pas encore été sortie. et se presser jusqu'à elle, dans ce bar où les regards se posent sur sa frêle silhouette. boule nerveuse qui s'enfonce dans le creux des entrailles, à venir en secouer les épaules de la douceur. liya. liya faut qu'on sorte de là à tenter d'en relever les corps, lourdeur causée par l'alcool qui la fait vaciller. liya, tu dois m'aider, je pourrais pas te porter jusqu'à la voiture à se dire qu'elle ne sera jamais suffisante, jamais assez.
pour réparer les fissures qui se noient.

Elle semble porter sur elle le poids du monde, Liya, elle se perd, elle se noie, et elle se demande s'il lui déjà arrivé de se trouver, même lorsque les étoiles ne paraissaient pas si sombres, même lorsqu'il était là pour essuyer ses peines, car au final, l'histoire se répète, on la jette après l'avoir essayée, tel un t-shirt bas de gamme commandé sur Internet, on le porte, on le tâche, on le troue, puis on le met à la poubelle. La Chinoise est fatiguée de cette réalité, elle ne veut plus être le sujet d'expérience des autres, elle en a assez de vivre comme un produit sur lequel on aurait collé une date d'expiration. Son cœur se ferme un peu plus chaque jour, bientôt, elle cessera de voir les autres, elle ne sera plus que seule dans son monde, sa réalité, histoire de ne plus avoir à souffrir de l'égoïsme et de l'hypocrisie. Les perspectives imaginées n'arrangent pas sa condition, elle se sent encore plus déprimée, au bord du gouffre. Un sourire amer, s'apparentant plus au rictus, déforme son visage posé contre son bras frêle, elle ricane doucement, se moque de la vie, de sa situation, comme si cela allait l'aider à mieux l'accepter.

Et lorsqu'elle sent la douceur de Qiqi sur ses épaules, miséricorde attendue, elle ferme les yeux, essaye de se convaincre qu'il existe tout de même des âmes décentes dans cet univers, et ce même si la patineuse n'est pas sa plus proche amie. Grognement sourd, la jeune femme cherche à la tirer de sa passivité, Liya ne semble pas encline à bouger d'elle-même, et pourtant, elle se redresse mollement, se tourne vers sa sauveuse et vient passer ses bras autour de sa nuque frêle pour la tirer vers elle. « Mei meiii » Elle enfouie son visage contre elle, respire son parfum avant de reculer sa tête et de la lever vers elle. « Je pense que je vais devenir lesbienne. Les filles, c'est sûrement mieux ? Non ? » Et elle ne se dit pas que les paroles peuvent sonner déplacées, elle est trop alcoolisée pour se rappeler que, dans leur société, certaines choses ne se partagent pas si simplement, surtout lorsque les relations demeurent fébriles, aussi fragiles que le film fin au-dessus d'un pot de pâte à tartiner.

Le visage retrouve les fragrances enivrantes, elle se remet à chanter tristement, contre la peau de celle qui n'a rien demandé, elle descend une jambe de son tabouret, puis l'autre, s'appuie bien trop contre la patineuse qui l'aide à se maintenir debout comme elle peut. Elle n'est pas encore désolée de s'afficher ainsi devant elle, mais la raison a depuis longtemps quitté son corps, elle est restée avec les dix-huit verres qui jonchent le bois du comptoir. Durant combien de temps Liya compte jouer les inconscientes et les misérables ? Tout ça pour un homme qui n'en vaut finalement même pas la peine, tout ça parce qu'elle a décidé de faire confiance à son prochain alors qu'elle s'était juré de ne pas s'attacher. Risée des cieux, Liya se dit, une fois de plus, qu'elle aurait dû écouter sa tête au lieu d'écouter son cœur.

et toi, me porteras-tu aux portes de mes espérances ?

et qu'est-ce qu'ils diraient,
s'ils la voyait là entre ces murs délabrés,
à en dénicher les âmes tourmentées ( balayées )
pour venir les sortir des torpeurs engoncées ; elle les décevraient.
elle le sait qiqi, qu'elle a toujours dû être princesse émerveille à leurs yeux, à ne jamais baisser la garde, à rester droite et fière. à en suivre les étiquettes, à en énoncer les codes, qiqi enfant parfaite de ces sculptures que l'on admire sans jamais pouvoir venir les toucher.
à s'en dégoûter elle-même
de ce qu'elle façonnait de l'intérieur.
comme une enfance volée, comme des ardeurs créées. elle ne les satisferaient jamais, et elle finirait comme ce frère et cette soeur ; oubliée de tout un chacun. à se morfondre dans les profondeurs, à s'emporter dans les abysses souveraines. qiqi deviendrait chat noir. et le temps finirait d'en effacer chaque trace.

pourtant elle ne se demande pas
pourquoi elle est là, à une heure si tardive,
dans un endroit où elle n'a jamais posé un pied avant.
qiqi c'est la bonté merveilleuse ( amusante ) à venir frôler les étoiles de sa présence doucereuse, elle sait comment parler à ces coeurs morcelés ; elle tente de les apprivoiser. comme des comètes invisibles, de ces astres qu'elle a longuement admiré dans les cieux perlés. c'est qu'elle voudrait pouvoir tous les sauver, qiqi. qu'importe si elle doit sombrer dans les épouvantes.
elle n'a jamais réellement compter,
personne n'y prêterait attention si elle disparaissait.
à venir en toucher les silhouettes, tenter de ne pas en sembler effrayer. qiqi elle a cet organe qui se serre quand elle la regarde, parce qu'elle voit bien, la tristesse qui esquisse les traits tirés. à la sentir venir s'affaler sur elle, poids chambranlant quand elle tente d'en maintenir l'amie. mei mei ? d'un haussement de sourcil, à en laisser sourire délicat se vernir. t'es vraiment bien bourrée toi à en rigoler faiblement quand elle voulait garder le cap.

ne pas perdre pied,
ne pas s'enfoncer dans l'obscurité,
c'est qu'elle finirait bien par y tomber la gamine
( douceur oubliée ) quand le pulsant s'en retrouvera brisé à son tour.
mais elle n'y pense pas, qiqi. parce qu'elle n'a que la joie qui entoure son épiderme, quand le visage s'illumine à chaque vision de cet homme pour qui le battant bat un peu plus chaque jour. à en rire des chatouillements que liya vient créer quand elle s'évade de ses pensées. aaah ça chatouille liya alors qu'elle fini par s'en retirer pour l'observer ;
pourquoi tu fais ça liya
qu'elle voudrait lui demander
mais elle préfère se taire, ne pas remuer le couteau dans la plaie.
car tout est encore trop frais. alors elle se contentera juste de hocher la tête, quand elle-même cache ces attirances pour ces demoiselles rayonnantes. à ne jamais s'en avouer qu'elle aime à les regarder, qu'elle pourrait vite s'en amouracher. ah euh je sais pas qu'elle fini par tressauter quand la voix craque légèrement. je suppose qu'on choisi pas réellement qui on aime car si c'était aussi facile, surement qu'elle n'aurait pas besoin d'en taire les sentiments.

et tenter de ne pas la lâcher
quand le poids se fait bien plus fort
sur ses frêles épaules ; je te tiens comme une promesse muette.
alors que les silhouettes s'enfoncent au travers les lieux pour venir en savourer air frais. qiqi respire à nouveau, à laisser les poumons s'enivrer de cette pureté qu'elle ne connait que trop bien, quand le corps glisse sur la glace. ma voiture est garée là-bas qu'elle pointe fébrilement du doigt, par peur de la voir basculer en arrière.
mais elle finira par serrer l'étreinte,
la collant au plus près d'elle pour ne pas la perdre.
à avancer un pas après l'autre, dans cette direction établie. à parfois en apposer onyx pour détailler les rougeurs sur les joues. à en avoir le sourire hagard, c'est qu'elle voudrait parfois connaitre cette même insouciance. hm je sais pas si tu seras en état de rentrer chez toi, comme ça à vouloir la ramener avec elle, jusqu'à ce que les liqueurs quittent son corps, qu'elle soit en meilleure condition. faudra qu'on passe par un konbini pour te prendre de quoi décuver. sinon demain tu risque d'être dans un sale état à être encore là, tendre cette main, sans jamais réellement savoir, si elle viendra l'en saisir en retour.

La souffrance s'oublie dans les parfums de fleur et d'alcool, la tête cherche désormais les premières âneries à dire, à commettre. C'est qu'elle la retient fort Qiqi, pour ne pas la laisser se montrer en spectacle, à la tirer avec elle jusqu'aux portes pour l'éloigner des liqueurs. Que ferait-elle sans personne pour la protéger Liya ? Et pourtant elle est si convaincue de son indépendance. Les rires de Qiqi lui paraissent lumineux, de cette insouciance innocente qui la ramène au temps où elle n'écoutait pas tant son pulsant.

Les réponses n'apaisent pas, elles disent la vérité, mais Liya n'aime pas la vérité, celle qui lui dit qu'elle n'a pas choisi Edwin, qu'elle s'est amouraché du prince comme dans les livres d'histoire, pensant qu'elle aussi, héroïne de sa propre vie, elle aurait droit à son idylle. Ô naïveté cruelle, qu'il l'a lâchement laissée, abandonnée, comme tant d'autre avant. La confiance brisée, elle a volé en éclats, et Liya n'est pas prête de réparer les dégâts. « Qiqi... » Soupiré à travers ses lèvres velours, il n'y a pas de suite, elle oublie déjà ce qu'elle voulait dire.

Bientôt la fraîcheur de l'air maritime vient caresser les porcelaines, poupées esseulées face à l'immensité de cette ville que Liya ne considère toujours pas comme la sienne. Que ces buildings l'oppressent, elle ne se sent à sa place nul part, ne s'est jamais sentie quelque part chez elle, sauf avec lui, mais il est parti. Elle hoche mollement la tête aux paroles de sa comparse, s'agrippant un peu plus pour ne pas terminer sur les graviers. Les pas sont lourds, elle ne facilite pas la tâche à sa partenaire, mais elles avancent, et bientôt, la silhouette du véhicule se dessine à travers la nuit, invitant les demoiselles à s'installer en son sein. « Oui, allons-y, allons-y... » Mais à la vue de la voiture, demoiselle est prise d'un tournis qu'elle n'avait pas vu venir. Elle recule lorsque l'autre avance, résistance entêtée jusqu'à ce que les prunelles se croisent. « Ahh Qiqi, je pense pas pouvoir monter. » Lâché avant de se détacher. Et sans explication plus concrète, la voilà assise par terre, la tête dans les bras, à essayer de faire passer le malaise.

Les secondes s'écoulent et voilà que la Chinoise est prise d'une nouvelle envie. Redressant son minois vers sa cadette, c'est un sourire béat qu'elle lui adresse avant de tendre ses bras. « On va à la plage Mei mei ? Mh ? Dit, dit ! » À l'appeler petite sœur quand, des deux, elle paraît plus insouciante. Et entre elles il n'y a jamais eu xe genre de proximité, car Liya ne laisse pas facilement entrer les gens dans sa vie, elle conserve toujours une part de distance, qui ce soir ne semble plus exister. « On va au Konbini, puis à la plage ! Comme ça, c'est mieux, oui. » Entêtement, et sans attendre de réponse, elle se lève, se met à courir dans une direction sans savoir que la plage se trouve dans l'autre sens.

c'est qu'il faudrait comprendre,
le monde dans lequel elle évolue.
à tenter d'en découvrir chaque partie cachée,
à vouloir quelque peu s'en évader dans les lointains.
qiqi, elle a beau grandir, elle n'en voit pas les laideurs engoncées. elle n'en garde que dans la mémoire souvenirs émerveilles. parce qu'elle est ainsi, gamine qui a souffert de cette pression constante, mais qui pourtant s'imagine que l'arc-en-ciel s'illumine. il n'y a rien de tel, jeune enfant quand c'est cette silhouette écorchée vive qu'elle retrouve. c'est dans ces instants qu'elle réalise, que la douleur est puissante, vrillant dans les organes. elle pulse jusqu'à l'asphyxie. mais moi je comprend pas à se dire qu'elle essayera plus tard ; quand à son tour, les blessures suinteront sur l'épiderme. mais ça n'a pas son importance, quand l'attention lui est entièrement dédiée. liya a besoin d'elle, pour y déverser tous les maux qu'elle porte. hm ? tête retournée, à tenter d'en capter les attentions. mais seul le vide demeure.

silence personnifié,
elle n'en a plus peur.
à tenter d'en maintenant les caps. elle lui doit bien ça. ou alors n'est-ce donc là que de la charité d'en entrevoir les âmes lacérées. parce qu'elle y aperçoit les silhouettes de ce frère et de cette soeur, longtemps délaissés sur le bas côté. tente-t-elle d'en rattraper les erreurs commises par ces pairs, car elle n'est pas responsable qiqi. ce n'est pas moi qui ai choisi qu'on la maintienne sur ce piédestal, qu'on la pousse vers le sommet des gloires. ô elle aurait préféré que tout soit fait différemment.
car elle n'est pas étoile, qiqi,
elle ne brille pas dans les nuit noires.
elle n'est que luciole qui peu à peu s'éteint au vent. à en avoir finalement brisé les chaines qui la retenait prisonnière. à s'en demander, si son amie saura faire de même quand le coeur ne saignera plus. à rester droite et fière pour ne pas la laisser tomber. mais est-ce que cette petite main tendue sera suffisante. à la faire aller mieux, à la faire oublier les souffrances exonérées. tiens bon, on y est presque quand c'est elle au fond qui s'écroule lentement.
mais elle ne dit rien, qiqi,
parce qu'elle refuse faiblesse docile.
pourtant elle se heurte à des pensées maladroites, liya qui n'aide en rien. corps projeté quand elle la sent lui échapper. panique soudaine qui vient frôler les lèvres. qu'est-ce... qu'est-ce qui ne va pas ? et elle voudrait suffire, qiqi. qu'on ne lui dise pas ; tu es inutile mais elle n'en sait que trop rien. car tout est difficile. point affublé sur ses frêles épaules. je vais lâcher jusqu'à ce qu'elle la voit atterrir au sol. liya, est-ce que ça va ? s'empresser, toujours plus, c'est elle la victime du destin.

c'est qu'il faudrait comprendre,
ces êtres qui l'entourent chaque jour.
car elle est perdue, la gamine. dans ces envies qui n'ont rien de similaires. elle ne comprend rien. à la voir sourire grandement quand les paroles se mélangent. faut-il lui dire, que ce n'est pas une bonne idée. faut-il obéir aux caprices qui s'évadent des lippes. hein ? la plage ? et elle tente d'assimiler les données, d'en comprendre chaque aboutissant. mais c'est trop lui demander, quand liya est déjà partie vers le large. liya attend il y a deux secondes elle tenait à peine debout. la voilà à présent en pleine forme pour courir dans tous les sens.
qiqi est fatiguée,
ce monde n'est pas fait pour elle.
elle le sait, qu'elle n'y a pas sa place,
mais elle s'entête à y faire son petit nid.
liya, où tu vas la plage n'est pas dans sa direction, et les vagues pourraient l'emporter si elle s'y glissait dedans. alors elle n'a d'autre choix que de se mettre en mouvement, à la rejoindre rapidement pour en saisir les bras et la stopper dans sa course effrénée. on ne va nul part liya, t'es pas en état c'est que la voix s'élève, nerfs torturés. t'es complètement à l'ouest, déjà la plage c'est pas dans ce sens et de deux il fait beaucoup trop froid pour rester dehors elle a peur qiqi, car si elle attrape un rhume, qui prendra soin d'elle. liya a-t-elle donc une famille ? un entourage pour lui venir en aide. ou était-elle la seule qu'elle puisse contacter quand tout va mal. et le konbini est beaucoup trop loin à pieds. je suis pas rassurée qu'on se balade que nous dans les rues comme ça peur agrippée aux entrailles, elle ne connait pas busan et ses ruelles sauvages. viens avec moi à la voiture, s'il te plait plainte silencieuse. elle devra abdiquer si liya s'y refuse.

Gloire aux actions désespérées de l'une qui cherchait à maintenir l'autre les pieds sur Terre. Elle doit la trouver bien misérable de l'avoir appelée elle dans une telle situation, car Liya et Qiqi, elles ne sont proches que par façade, et derrière ces jolis sourires, ces délicates attentions, elles ne savent rien de la vie de l'autre, de ce qui peut les torturer, ou au contraire, les calmer. Il doit y avoir une raison à ça, peut-être que demoiselle cherche à se rappeler qu'il y a des fois où l'on n'est pas forcé de penser à la profondeur des choses, que parfois, on peut se contenter d'une façade un peu fragile mais légère, s'abandonner aux fausses joies de voir un être qui ne vous demandera pas forcément d'expliquer, qui se fichera peut-être même de savoir ce qui vous tracasse.
Liya se demande, derrière cette image si docile et gracieuse, qu'est-ce que Qiqi a bien pu expérimenter ? Qu'a-t-elle vécu ? Des questions qui resteront au fond de sa gorge pour le moment, car ce soir, elle est trop concentrée à réussir à courir droit, sans trébucher.

La main de son homologue vient entraver son chemin, elle se referme sur son poignet fin, la force à ne plus avancer. C'est un visage agacé qui se tourne vers la patineuse, qui, elle, ne paraît pas plus enchantée. La voix se fait dure, une facette qu'elle n'a pas vue souvent chez la plus jeune. Les réalités frappent enfin, Liya voit ses rêves d'évasion s'écrouler, et elle ne sait pas si elle a envie de pleurer ou de rire de sa propre bêtise. « AaaaAh ! Tu t'inquiètes vraiment de la température ? On dirait une grand-mère. » Qu'est-ce qu'elle peut bien savoir d'une grand-mère Liya ? Ce n'est pas comme si elle en avait déjà eu une. Elle boude, enfantillages assumés. « On va au Karaoké alors. » Parce que Liya n'a aucune intention de rentrer chez elle, que cela plaise à Qiqi ou non. Ce qu'elle ne comprend pas vraiment ce soir, la Chinoise, c'est que peu importe ses intentions, les décisions seront prises par sa cadette, de toute manière, mais elle croit à la bonne foi de son amie, et se dirige, sans se poser de question, jusqu'à la voiture qui attend depuis trop longtemps. Chauffeur agacé, elle lui fait un signe de la main avant de s'affaler sur son siège, laissant assez de place pour que Qiqi puisse entrer. Sans lui demander, elle s'allonge, la tête sur ses genoux.

« J'ai froid. » Annonce-t-elle subitement, à croire que l'autre avait bien raison. « J'ai faim aussi. » Elle n'a pas fini de se comporter comme une enfant ce soir, car elle doit s'occuper d'elle-même depuis trop longtemps, et Edwin n'est plus là pour le faire à sa place. L'équilibre d'un couple lui avait apporté du répit lui permettant de se concentrer sur ses études, mais maintenant que tout était fini, elle devait retrouver sa situation préalable, celle où elle vivait fermée, seule avec elle-même, sans parvenir à demander de l'aide. Une fille comme Qiqi pouvait-elle comprendre la nature de ses sentiments ? De sa détresse ? Une fille comme elle, avec une famille derrière pour la pousser, la porter. Non, Liya ne savait rien des sentiments de Qiqi, tout comme Qiqi ne devait rien savoir de ses sentiments à elle, mais ça lui plaît sur le moment, de faire comme si elle était la plus malheureuse des deux. « J'aimerais bien voir la plage... » Souffle-t-elle avant de fermer les yeux, se laissant bercer par les mouvements du véhicule qui s'est mis en route.

comme des décors flous,
à venir jouer les troubles faits.
qiqi avait du mal à réaliser avec amertume, que le monde qui l'entourait était un vaste engrenage. à se nourrir des faiblesses de ces autres, à être avide de ces malheurs ambiants. quand elle voudrait le voir devenir meilleur, le rendre un peu plus respirable pour ses semblables. qiqi avait cette douceur inébranlable dans le coeur, à toujours tenter d'en rassurer les frayeurs. tout va bien se passer quand personne ne lui répondait. à la laisser dans un suspens insolent. liya n'était pas différente des autres, à accentuer les remords. qiqi voulait prendre soin d'elle, mais à quel prix fallait-il qu'elle y laisse des miettes d'elle.
un peu partout,
à s'éparpiller sur le goudron.
et les consciences n'en seraient jamais apaisées, à ne pas savoir rester tranquille. car la liqueur coulant dans les veines, venait empoisonner le jugement de l'ainée. à se demander, s'il y avait des solutions miracles pour en retirer tourmentes des âmes.

à l'observer,
lentement se perdre.
il n'y avait pas d'illusions à entrevoir. simplement un semblant de désespoir. quand liya n'était pas elle-même, à vouloir s'enchaîner aux effluves de ce monde. qiqi tentant de la maintenir, d'éviter les chutes fatales. et demain, est-ce que ça ira mieux traversant les pensées. espoir floué, fine pluie d'un soleil qui ne parvient plus à rayonner. quand les reproches résonnent dans les airs. ça vient lentement appuyer là où ça fait mal, à s'enfoncer un peu plus sous la chair. la lame du poignard pénètre l'épiderme. quand le soupir pousse la porte de ses lippes, à venir en plonger regard dans celui de sa comparse. si je m'inquiétais uniquement pour la température, ça serait beaucoup plus simple quand elle ne pouvait pas en avouer les ressentiments.
à mentir aveuglément.
elle ne se le permettrait pas.
d'en laisser échouer les réelles abominations calomniant le crâne. à laisser tempes cogner, à faire vrombir un battant hors de sa cage thoracique. à vouloir contrôler les faits et gestes, à tenter d'en abreuver les folies. pourtant elle se devait de la stopper, de l'empêcher d'aggraver les circonstances davantage. liya, s'il te plait. est-ce qu'on peut rentrer. t'es vraiment dans un sale état. on aura toujours d'autres occasions de retourner faire un karaoké. hm ? quand le visage se fermait peu à peu. traits tirés, être las. fatigue venant imbibée les pores, à se faire ressentir quand les paupières luttent pour ne pas se clore.

à finalement gagner,
alors que liya abdique.
qiqi l'emmenant jusqu'à la voiture, à la laisser s'installer sur le siège passager. lentement en refermer la porte quand les regards se croisent alors qu'elle entre dans l'habitacle à son tour. attend, je te file ma veste quand elle la récupère à l'arrière pour la poser sur son corps frêle. à l'observer lentement perdre conscience de ce qui se déroule autour. je m'arrêterais te prendre de quoi manger en chemin quand elle laisse le moteur démarrer. à laisser la route venir défiler sous les onyx. à l'entendre murmurer paroles délicates. moi aussi, je voudrais la voir pour en oublier les démons dansants. simplement en garder en mémoire, les embruns salés. alors qu'elle la voyait dans un ultime regard, sombrer dans les bras de morphée.
elle l'emmènerait chez elle pour ce soir,
à ne pas la laisser dormir seule avec la faucheuse.
liya avait besoin d'une main tendue. qiqi lui offrirait volontiers.