Parfois tu te dis que c'est toi qui aurait du mourir sur cette route ce jour là. Pas lui. Lui il était si parfait, il faisait la joie de tes parents. Toi tu es si insignifiant à leurs yeux. Tu n'arriveras jamais à la cheville de ton jumeau, même en écorchant ton cœur et  ton âme. Tu n'es pas lui et tu ne le seras jamais.
Et dans leurs silences tu lis toute leur déception.
Comme à cet instant quand tu te retrouves face à ton père silencieux, qui t'observe un temps avant de te reprocher ton manque d'attention. Il t'accuse de ne pas avoir été capable de bien ranger les boites de bobines. Mais tu n'en as rien à foutre des boites de bobines, comme tu en as rien à foutre de l'entreprise familiale.
Hyun-Su il aurait tout fait pour la faire fleurir.
Toi tu as juste envie de la faire exploser. Et chaque jour tu imagines des plans diaboliques pour voir partir en fumée cette héritage dont tu te moques. Ce n'est pas à quoi tu aspires.
Et dans ces instants là tu as juste envie d'aller semer ta rage, de la voir prendre racine dans les cerveau de ceux que tu mettras à mal de tes mots malsains. Ceux que tu abîmeras comme il t'abîme. La seule différence c'est que ton père ne semble pas prendre conscience de ce fait. Alors que toi tu es parfaitement conscient du mal que tu distilles à petite ou à forte dose, selon tes envies.
Et lui dire que tu n'y es pour rien, ne le fera pas changer d'avis, il a décidé que c'était toi et rien ne le détournera de cette idée. Alors tu capitules et tu coupes cours à cet échange.
« C'est bon tu as fini. »

TW / Et tu n'attends pas qu'il te réponde, tu sors en claquant la porte, l'entendant hurler ton prénom. Tu pousses ceux qui se trouvent dans les couloirs de l'entreprise. Grognant comme un animal enragé, tu dévales les escaliers. Ne voulant qu'une chose fuir. Tu accélères le pas pour atteindre la porte que tu pousses.
Une fois dehors tu prends une grande respiration et tu mets à marcher droit devant toi. Tu entres dans le premier bar qui se présente, tu commandes un soda et tu vas te réfugier dans les toilettes. Foutant dehors ceux qui s'y trouvent.
«Tirez vous putain. Tirez vous. »
Et tu te retrouves face au  miroir. Face à ce reflet que tu haies autant que tu chéris.
« Tu vois comme il me déteste. Il ne supporte rien et en plus il m'enfonce et m'accuse même quand je ne suis pas responsable. »
Et tu regardes ce visage, le tien, le sien. ( Mais non il ne te déteste pas. Il est juste maladroit. )
« Arrête de lui chercher des excuses. Il n'a même pas chercher à savoir qui avait fait l'erreur. Pour lui c'est toujours moi et rien que moi. »
Et tu serres les poings. Frappant une fois le miroir. (Eunji frapper ce pauvre miroir ne servira à rien.)
« C'est toi qui ne sert à rien. Tu m'embrouilles juste la tête. Tu devrais comprendre qu'il me déteste et tu devrais me soutenir au lieu de lui chercher des excuses. »
Et ta voix monte s'échappant de ta gorge comme un hurlement. (Je ne lui cherche pas des excuses. N'oublie pas que c'est toi et uniquement toi qui fais le jeu des questions réponses.)
Et tu frappes avec tes deux poings la glace. Une fois. Deux fois
« Tais toi. Tais toi. »
Trois fois. (Tu vas finir par te faire mal.)
« Ta gueule Hyun-Su disparais disparais de ma vue. »
Parce qu'à cet instant tu te détestes et tu détestes le reflet que renvoie le miroir. Et le dernier coup est plus fort, brisant la glace, entaillant tes mains. Le sang coule rougissant l'espace.
« Tu vois ce que tu me fais faire. »
Tu attrapes du papier et tu l'enroules autour de tes mains. La porte s'ouvre à cet instant sur un visage interrogateur.
« Tu veux quoi ? »
Arrogance et provocation dans la voix, alors que le sang colore de rouge le papier autour de ta main.
« Fais chier. »
Tu as envie de te barrer, mais tu n'en as pas la force. Tu n'as la force de plus rien à cet instant. Même pas de soigner tes mains.

Nécrose sale du monde, à s'en déposer sur ses doigts brisées, à force de tout casser, tout gâcher ; Nana n'est reine que dans les limbes où le chaos est roi !
Nana ne trouve sens à son existence que lorsque le monde s'effondre, à jouer dans cette merveilleuse mascarade, toujours faire semblant ;
Toujours prétendre.
Alors que le masque lentement se brise, le coeur devient trop lourd à supporter, quand elle en fait que le noyer encore et encore sous des litres d'alcool, dans la drogue qui lui fait perdre la tête ! Et la raison s'en va trop souvent, lors de ces nuits où elle n'entend que ses propres démons.
Nana n'est qu'un trou noir qui avale tout sur son passage.
Nana n'est qu'une supernova qui s'apprête à tout écraser sur son passage.
Elle est la violence, elle est la colère personnifiée ! La haine quand dans ses entrailles brûle le feu ardent d'un enfer dont elle est seule reine.
Et il n'y a personne pour l'apaiser.
Elle finira par les tâcher eux aussi.
Cette famille.
Elle finira par les détruire !

Et Nana, elle s'efface avec le temps, devient fade ; sans âme.
Sans but.
Sans sens.
Quand ses chants ne transpercent plus les infinités du monde ! Pourtant elle a rêvé, elle a rêvé jusqu'à s'en mordre la langue, jusqu'à ce que le feu l'embrase. Elle a rêvé, mais tout ne fait que s'effondrer, il n'y a rien de joyeux, rien de lumineux. Elle n'en voit plus la lumière.
Elle attend dans le silence.
Une rédemption.
A pourtant persister, parce qu'il y a quelques joyaux pour la maintenant encore ici, il y a peut-être, au fond, encore un peu d'espoir. Quand ses journées sont chargées, à jongler entre les jobs qu'elle collectionne, les répétitions de son groupe, chercher des contrats jusqu'à signer quelques bails pour des concerts ici et là. Elle n'a jamais le temps de se réposer ;
Se demande combien de temps elle pourra supporter cette vie qui l'épuise, pèse sur ses épaules trop fines ; parce qu'elle n'est pas forte.
Elle ne le sera jamais à ses yeux.
Les bras chargés de quelques cartons qu'elle déplace dans le bar, les oreilles se laisser aller aux sons qui proviennent d'un peu plus loin, soupir quand elle croit à une bagarre, mais la voix est solitaire. Biens abandonné à leur place, les mains frottées entre elles alors que sa patience arrive à ses limites, les yeux inquiets des clients. Elle se fiche bien, Nana, que ces toilettes ne lui soient pas réservés, quand elle ouvre la porte en grand, les sourcils froncés ; que la scène qui se peint devant elle. I swear to god, these fucking kids. Remarque pas même cachée, elle se fiche bien d'être entendue alors que les yeux détaillent l'homme face à elle, définitivement plus jeune. Main cachée derrière le papier déjà rougeâtre, elle passe une main dans ses cheveux avant qu'elle ne descende sur son visage. C'est quoi ton problème à hurler déjà ? Tu te crois chez toi ? Si tu veux crier, enferme toi dans un bunker, ma migraine te remerciera.
Sans jamais avoir peur, quand elle ne voit en face d'elle qu'un gamin un peu perdu ; probablement trop prétentieux. Et en plus t'as pété le miroir ? J'espère que t'as de l'argent pour repayer ça. Purée les gosses de nos jours. Montre ta main là, sinon ça va s'infecter. Tendant vers lui sa propre main, patience qui ne tient qu'à quelques fils, elle soupire déjà d'avance de devoir s'en occuper.

Tu sais que si tu sors de son bureau, il y aura des retombés. Elles te pendent au nez depuis des années. Te foutre dehors de la maison familiale n'est pas un geste qui gênerait ton père, il t'en menace chaque jour un peu plus. Tu attends juste l'échéance, sachant qu'un jour elle tombera comme la lame d'une guillotine sur ta nuque trop fragile. Mais accepter la punition est aisé quand la culpabilité est montré et tu es loin d'être un ange. Tu le sais, ton côté sombre n'a fait que se renforcer.
Depuis que Hyun-Su s'en est allé.
Mais quand tu es innocent, là c'est difficile à avaler. Ses silences violents et ses regards assassins. Qui résonne de ta faute commise le 17 novembre 2036. Comme tu voudrais effacer cette date. Comme tu voudrais remonter le temps et inverser les rôles. Le sauver lui. Et toi mourir.
Tu finis par te foutre des conséquences. Et tu choisis de partir. Commettant une nouvelle fois l'irréparable, une fois de plus.
Mais Hyun-Su n'est plus là pour te soutenir, pour faire barrière.
Mais museler ta colère, ta rage, tu ne peux pas. Et hurler dans son bureau, n'est pas la solution miracle. Tu as besoin de le voir. Même si tu sais que ce ne sera que le reflet de ton propre visage que tu regarderas. Triste réalité de ce manque que sa mort a causé et que tu n'arrives pas à combler.

Et tu finis dans la rue, marchant le regard dans le vide. Ne sachant pas trop ce que tu cherches. A part le fait de vouloir un miroir en face de toi. Besoin qui se fait vorace car tu sens que ta tête est prête à exploser de ses mots. De tes mots que tu glisses entre tes lèvres comme si Hyun-Su les disait.
Tu finiras par en perdre la tête, mais le faire taire c'est la perdre aussi. Alors il n'y a pas de solution miracle, juste le besoin urgent de vider ton cerveau des paroles qui s'amoncellent.
De l'entendre te dire que votre père a eu tort.
Oui tu as besoin de son soutien, son soutien inconditionnel. Celui qui te donnait le sourire et qui mettait des morceaux de soleil dans tes sombres pensées. Et tu finis dans les toilettes d'un bar face au miroir.
Trouble de l'esprit qui voudrait rendre ce reflet plus vrai. Inconscience de ton conscient qui aimerait pouvoir le toucher, le serrer. Mais il n'y a rien à part toi. Et tu le sais.
Mais Hyun-Su finit par parler.
Tes mots deviennent ses mots. Mais ils n'ont pas la couleur que tu voudrais. Alors tu frappes cette image que tu veux chasser. Le voir devient insupportable. Te voir devient insurmontable.
« Tu me manques tellement. » (Tu me manques aussi.)
Mais le manque crée le vide. Et le vide appelle le besoin de te faire souffrir et de l'effacer de ta tête. Et les coups sont portés sur la glace qui se fracasse et qui ouvre tes chairs. Le sang perle, coule et roule. Des gouttes comme des larmes. Ton sang. Pas le sien.

Et elle débarque en pleine tempête.
« Tu sais ce qui te dis le putain de gamin. »
Arrogance dans le regard. Menace brûlante d'un acte que tu ne maîtrises pas. Dans ta tête c'est le silence.
Hyun-Su c'est tue.
Regrets immenses qui te submergent. Alors que tes mains laissent apparaître tes faiblesses. Celle que tu ne causes qu'à toi même.
« Mon problème il ne te regarde pas. »
Tu te moques qu'elle est quelques années de plus que toi. Pas question d'écorcher tes lèvres de politesses.
« Et là tu cries plus fort que moi. »
Et tes yeux en même temps que les siens partent en direction du miroir. Tu soupires dévasté. En voyant ton visage morcelé dans la glace cassée. Ce reflet t'arrache un crie dans le cœur. Encore une fois tu l'as abîmé, tu l'as brisé.
Et l'image de Hyun-Su sur le sol froid revient.
Violence de l'impact, bruit qui s'écrase dans ta tête avant de se taire. Nausée qui arrive et enflamme ta gorge. Tu le tues depuis tant d'année. Puis tu reviens sur elle sans réellement la regarder.
« Mon père en a. Monsieur Kim tu auras qu'à lui envoyer la facture. »
Épaules qui se soulèvent, avant de reposer tes yeux sur l'image fracturée. (Il sera heureux de payer.)
« Tais toi Hyun-Su. »
Ils reviennent ensuite sur tes mains qu'elle se propose de te soigner.
« Pas grave si ça s'infecte. Comme ça on me les coupera et je ne le frapperais plus. »
Indifférence dans la voix sur ce qui pourrait arriver à tes mains si elles étaient mal soignées. Plus de mains, plus de coups dans les miroirs. C'est l'addition ou la soustraction parfaite. (Tu serais capable d'y aller avec ta tête.)
« Je ne t'ai rien demandé. »
Le sang continue de couler, tachant le sol de son vermillon acéré.
« Ok mais un truc vite fait. »
De toute façon si tu sors dans cet état tu vas te faire repérer. Et tu finiras aux urgences comme souvent. Là tu pourras directement rentrer. Sachant que ton père sera à un moment donné mis au courant de tes frasques. Repousser le plus longtemps possible ce moment là, te conviens. (Sage décision frangin.)

Nana étonne et détonne de toute son existence. Bombe à retardement, les secondes passent, les minutes s'écoulent dans le grand sablier, et la peau tremble, le coeur s'agite à l'idée de pouvoir imploser à tout instant ! Ca fait peur, c'est à la fois nouveau, effrayant, et elle l'attend ;
Cette libération qui changera tout en elle. Elle l'attend, ce moment funeste où elle pourra enfin renaître de ses cendres, un jour, elle y croit ;
Elle y croit si fort,
Que l'espoir d'un avenir plus beau s'est déjà envolé.

Et elle l'attend, ce diable, faucheuse qui viendra l'étreindre dans ses bras. En épouser ses lèvres de désespoir. Elle fera tout gronder en elle, elle le sait. Elle le sent. Elle n'a jamais eu grand volonté de se battre, de s'en sortir, pourtant Nana est là,
Frappe du poings contre chaque table.
Ouvre des portes à coup de genou, sans se soucier des douleurs,
Des règles, des lois.
Elle fait ce qu'elle veut, ça a toujours été ainsi.
Reine pourtant si loin d'être libre ! Prisonnière de tous les principes du monde.
Elle est rongée par la culpabilité, par ces âmes qui comptent trop pour elle. Elle est rongée, par le monde, par leur monde, et ses souvenirs d'antan qui refusent de la laisser en paix. Elle a peur, aussi, souvent. Comme gamine encore effrayé sous les draps, elle se donne un genre, fait croire que tout va bien ;
Qu'elle est la plus forte de tout l'univers pour émerveiller les yeux des gamins ; mais ils ont grandi, Nana, ils finiront par ne plus croire à tes mensonges.

Yaah ! La voix s'élève, elle n'aime pas l'insolence, pas quand elle sort d'une autre bouche que la sienne. Son regard le toise comme on regarderait un moins que rien, un fou dans la rue, qui hurle des offrandes aux dieux. Nana ne croit pas en la gentillesse, toujours méfiante, pourtant elle est celle qui l'offre encore une fois aujourd'hui, malgré les soupirs qui frôlent ses lèvres, la mâchoire serrées aux paroles de du gamin. Il est culoté. Monsieur Kim aurait mieux fait de t'apprendre la politesse à toi, élever un moins que rien comme ça... Tsstsstss... Et elle jure dans ce vieux coréen qu'elle a appris à trop user entre deux bouteilles de Soju, ou quelques verres de bière blonde. En plus voilà qu'il parle tout seul. Aigo, ça tombe vraiment toujours sur moi ce genre de cas.
Les bras qui retombent le long de son corps,
Elle est désemparée.
Elle a envie de le gifler, bien sûr, elle pourrait, mais elle risquerait peut-être un peu gros, comme se faire virer ou des poursuite. Elle ne connaît pas l'enfant qui lui fait face, mais elle reconnaît très bien quel type de personne il s'agit. J'aurais des problèmes si on te retire ton bras ou que sais-je, après un accident arrivé sur MON lieu de travail. Sale égoïste. Elle hausse les épaules alors qu'elle se dirige vers un placard réservé au personnel dans le fond de la pièce, en sort une trousse de soin avant de revenir vers lui, attrapant sa main sans douceur ; il n'en mérite aucune. Plaie qu'elle vient nettoyer d'abord sous l'eau avant de prendre un coton pour la recouvrir de désinfectant. Hurle pas si ça pique, à ton grand âge on fait plus de caprice. Mon frère en faisant déjà plus à 8 ans, tu devrais prendre exemple. Elle ne relève pas le regard vers lui, occupée à s'occuper des dégâts. Le miroir, c'était quoi son problème pour que tu le frappe ? Tu te trouvais moche ? La tête se redresse, elle observe quelques secondes. Oui, je comprends. Désolé pour toi gamin. Et le rire vient gronder dans sa gorge ;
Vipère au sale venin.