La nuit tombait sur Busan, le quartier Nam se vidait, les employés rentraient chez eux, l’endroit était calme, les ruelles étaient presque vides, la pluie tombait, présage de l’arrivée de l’automne, rideaux d’humidité entre les néons et l’asphalte.
Le garage était vide, seuls les néons clignotaient, laissant en écho un bruit sec au-dessus des belles voitures motorisées une par une. Au milieu, entre les voitures une grosse enceinte lançait des sons hip-hop aléatoires qui allaient se rependre dans tous les interstices avant de se cogner contre les murs à les faire vibrer. Devant un écran Kyung Chul était en train de régler les alignements des roues. Cette Triumph devait être rendue à son propriétaire le lendemain matin. Ici, on pouvait chouchouter toutes les voitures, de n’importe quel modèle, mais surtout, on savait comment les moderniser, alors KC avait ajouté un tout un système numérique au tableau de bord sans avoir changé le design intérieur, maintenant la propriétaire pourrait mettre sa musique et téléphoner à bord de son beau vaisseau vintage. Tant mieux pour elle. L’important aux yeux du garagiste, c’était qu’elle paye et bien, et il ne rechignerait pas à ajouter un zéro s’il le fallait.
Kyung Chul n’entendait pas la pluie, il était concentré sur son travail, sa tête dodelinant au rythme de la musique tendit qu’il finissait de coder les accès externes de la voiture afin qu’elle ne tombe pas en panne à la première mise à jour de Vice. Il se sentait à l’aise, concentré, ce genre de moment était rare, habituellement il avait besoin de fumer pour sentir ce confort, mais pas ce soir.
L’alarme sonna, une notification s’affichât sur son téléphone et la caméra extérieur se mit en route, regardant son écran, il se rendit compte qu’il pleuvait. Il pleuvait et il n’en avait rien entendu.
Sous les gouttes de pluie, elle était là, frêle, observant devant elle cette porte de garage fermée. KC observa encore un instant son téléphone puis se précipita vers la porte en la déverrouillant sur son interface de téléphone. Il sentit soudain son souffle devenir court, il ne prit pas en compte son habit, son éternel bleu de travail noué par les manches au niveau de ses hanches et son t-shirt noir couvert de taches de gasoil. Il ne ressemblait à rien, ses cheveux bleu gris décolorés en bataille et ses lunettes transparentes de soudure sur le nez, il était la pire loque, celle même qu’il croyait être. Quel type d’efforts aurait-il fait s’il avait su ? Pas le temps de se poser cette question, après des semaines à se parler par messages elle était là.
Sur Dark Vice, vous pouvez tomber sur n’importe qui, sur n’importe quoi, et parfois sur des personnes qui ont un don unique, le don de vous prendre par le cœur parce qu’ils vous comprennent, parce qu’ils partagent ce bout de tristesse en commun ; des êtres dont la moindre notification vous fait sentir bien, même quand le sujet est grave, parce que la confiance accordée mutuel est réelle au-delà de la froideur de l’application.
Elle était donc là, celle avec qui il communiquait depuis des semaines, petite étoile dans sa galaxie qui brillait un peu plus fort que les autres. Vêtements inappropriés, regards se posant l’un sur l’autre, Kyung Chul avança d’un pas vers elle, perdu, paniqué, ne sachant que faire. Il l’attrapât par la manche sans rien dire et la tira à l’intérieur du garage pour la mettre au sec, prenant soin de ne pas être trop prêt d’elle, prenant soin de baisser la tête pour qu’elle n’observe pas son visage à lui trop longtemps. Il relâchât sa manche sans rien dire ; le bruit de la pluie se mêla aux mots sortant de l’enceinte, des paroles qui parlaient d’une société en déclin dans laquelle erraient les âmes. Comme eux, à l’instant. KC appuya sur une touche sur son téléphone et la musique se tue. Il n’y avait plus que le bruit de l’eau sur la taule et la route, plus qu’eux sous les néons blancs.

La pluie battante, impossible de voir à plus d'un mètre. La nuit est tombée depuis un moment sur Busan. La circulation est peu dans les rues. En y regardant de plus près, sur un trottoir, une silhouette mal accoutré, essaye d'avancer doucement entre la pluie et les larmes. Un sac à dos contenant quelques affaires et sa peluche, et entre ses bras la plante offert par son père des années avant que tout bascule vraiment dans sa vie avec juste une idée en tête rejoindre Nova Night. Qu'importe si ils ne se connaissent que par écran, qu'importe si elle ne sait réellement rien de lui. Mais elle ne connaît que lui dans cette ville où elle a grandi. Bien entendu, Yune sait qu'elle est folle, qu'elle va certainement tomber sur un psychopathe. Qu'importe, elle doit mettre une distance, s'éloigner de sa mère avant que cette dernière la tue.

Le GPS de Vice lui indique encore 500 mètres d'arriver. Yune s'arrête, pose le pot de l'orchidée sur le trottoir, fouille dans la poche de son sweat, trempée, après un masque. Il ne doit pas voir la lèvre fendue. Elle en profite pour attacher la capuche à l'aide des cordons, laissant juste ses cheveux dépassé un peu.

Le vent chasse, la pluie frappe les jambes nues. Comment arrive-t-elle a marché sans tomber ? Pourtant en regardant l'état de ses genoux, on aperçoit des ecchymoses, des bleus virant aux jaunes, et surtout des traces de sang. Partir sans se changer, ne porter que les mêmes vêtements depuis des heures. Car Yune est dehors depuis le matin, frigorifiée et trempée.

"Vous êtes arrivés à destination." Un regard sur la porte du garage devant elle. Elle hésite longtemps. Et la pluie ne s'arrête pas, le frisson est bien présent. Tremblante, prenant sur elle, Yune appuie sur la sonnette. Quelques secondes, juste le temps de remonter le pot de fleur sans ses bras pour qu'il ne glisse pas. La porte s'ouvre, entre les gouttes, elle aperçoit une silhouette qui lui attrape la manche.

Comment dire que cette situation est étrange, aucune des règles apprises depuis l'enfance, lui donne le droit de rentrer ainsi quelque part, si ce n'est pas un magasin. Frigorifié, le regard baissé sur ses pieds, dont l'une des baskettes est trouée, Yune ne sait quoi dire ou quoi faire. Juste qu'elle est devant celui qui lui redonne doucement l'envie de vivre, grâce à leur discussion sur le dark vice. Et qu'elle est totalement perdue.

"Je …" Que dire, quoi faire. Dans sa tête le scénario est écrit, lui donner l'orchidée en lui promettant qu'elle viendra vite la chercher. Sauf qu'il en est tout autre. Yune a froid, Yune à peur. Elle est totalement perdue, et la seule pensée qu'elle devrait rentrer chez elle, un sanglot sort de derrière son masque. Doucement, elle lève son regard vers l'homme. "Je.. cherche Nova Night." Et son corps tremble de froid, les larmes continuent à couler sur les joues alors que ses dents s'entre choque à cause du froid.

Assourdissant, c’était le terme qui convenait le mieux pour décrire la sensation des battements du cœur de KC dans sa poitrine, faisant remonter le sang jusque dans ses tympan. Son cœur prenait toute sa place à cet instant. Derrière son apparence assurée provoqué par son style vestimentaire affirmant une personnalité anticonformiste et ses connexions aux milieux les plus ténébreux de Busan, Kyung Chul n’en resterait pas moins quelqu’un qui ne se mettait pas en avant et qui avait parfois du mal à analyser les situations correctement. Pas qu’il soit idiot, au contraire, il se protégeait de ce qu’il pouvait découvrir la plupart du temps. Mais c’était là, au bord de ses lèvres, que les mots butaient et avaient du mal à sortir.
« C’est…moi…Nova Night. C’est moi. » dit-il en posant la main sur sa propre poitrine en hochant doucement de la tête afin de signaler que c’était bien lui. Derrière ce pseudonyme se cachait toute sa rage contre la société, toute sa haine de ce que le monde infligeait à l’Homme et à la nature. Dans le réel, il cachait cette rage derrière de nombreuses heures à fumer. Fumer pour oublier toutes ses cicatrices et toutes ses souffrances ainsi que celles du monde.
A la lumière crue du garage, il observa la demoiselle qui se trouvait face à lui. Elle était frêle et trempée. Combien d’heures avait-elle passer dehors pour finir dans un état pareil ? Elle portait une plante dans ses bras. KC lui tendit les mains, petite chose précieuse dans ce pot qui avait lui aussi prit beaucoup trop la pluie et devait certainement être drainé. Drainé… comme l’énergie dans les yeux de la fille qui lui faisait face.
« Je peux te décharger. » dit-il ne sachant quoi ajouter. Il n’attendit pas sa réponse et lui prit doucement, avec grande délicatesse le pot qu’il allait poser sur une table en inox ou se trouvait tout un tas d’outils. Là, elle ne le risquait rien et elle pèserait moins sur les dernières forces de la jeune femme.
KC disparut un instant, s’efforçant de ne pas se retourner, la mâchoire serrée il se dirigeât dans l’arrière-boutique, là où se trouvait les vestiaires de ses employés et son appartement, il se précipita dans la petite salle de bain qui sentait le solvant et le savon. Dans une des armoires il trouva la plus grande serviette qu’il possédait, elle n’était plus de la première jeunesse et certainement pas aussi moelleuse que la publicité de sa lessive le prétendait, mais elle ferait l’affaire. Ne perdant pas un instant, il retourna dans le garage. Et tendis la serviette, son regard ne quittant pas les deux yeux qu’il devinait au milieu de se visage couvert d’eau et encapuchonné.
« Tiens. » lui dit il en remuant la serviette.
Les vêtements gouttaient sur le sol. Il y avait dans la silhouette de la nouvelle arrivante quelque chose qui donnait irrépressiblement envie à Kyung Chul de la prendre dans ses bras, qu’elle puisse pleurer, se laisser aller, rompre la force de ses muscles qui semblaient tremblants et tendus ; juste quelques minutes, le temps de souffler.

Les coups sont tombés aux petitrs heures du matin, l'odeur d'alcool chatouillant les narines de Yune encore endormie. Sa mère a bu toute la nuit comme si souvent, mais cette fois-ci en cherchant après les bouteilles, elle est tombée sur l'argent que la jeune femme cachait pour un jour pouvoir s'enfuir. Pas idiote, le trois quart de l'argent étant caché dans le terreau de son orchidée. Et sa mère souhaitait avoir l'argent. Elle l'a tira hors du lit pour pouvoir mieux la toucher avec les coups de pied. En pleure Yune la repoussé, elle s'est levée sans regarder sa génitrice. Sa plante dans les bras, elle prie son sac à dos contenant des affaires, mit un sweat et ses baskets troués et quitta l'appartement sans un dernier regard.

Et c'est seulement maintenant qu'elle est au sec, que Yune sent ses jambes presque lui lâcher. Mais elle doit trouver Night Nova juste pour qu'il s'occupe de son orchidée. Et elle allait partir loin. Enfin, c'est ce qu'elle se disait depuis ce matin. Sauf que debout dans le garage, ses jambes, son corps se met à trembler. Et les larmes ne s'arrête pas.

Un autre moment, le comportement de l'homme lui aurait arraché un sourire, timide, mais un sourire. Là, elle ne bouge pas tenant le pot entre ses bras. Pot qu'il lui prend pour déposer non loin d'eux. Avant qu'il parte. Debout Yune, essuie les larmes sur son visage, essayant de voir plus loin que le bout de son nez. Mais elles continuent d'inonder ses joues et son masque, butant contre son masque, glissant sur la blessure contre ses lèvres.

Doucement, elle sort son téléphone de sa poche, cherche après l'application de messagerie. Le message terminé, elle va pour lui envoyer mais il est de retour avec une serviette qu'il lui tend. Sans un mot, Yune l'attrape d'une main, appuie sur le bouton envoyer de son portable. Avant de détacher sa capuche, laissant ses cheveux tremper descendre en cascade. La serviette allait lui servir à les éponger.

Message :"Je suis Yun. Désoléede vous deranger mais je ne savais pas où aller. Pouvez-vous vous occuper de mon orchidée? Je viendrai la rechercher quand jaurai trouvé un endroit où vivre."

Elle ne s'est pas rendu contre qu'elle lui en disait trop ou pas assez dans son texto. Yune a juste écrit ce qui lui passait par la tête, ne voulant pas le déranger plus que nécessaire. La serviette quitte ses cheveux pour descendre sur son visage, son masque toujours devant ses lèvres.

Puis soudainement, sans avant coureur, à cause du fruit et de son poid, Yune tombe. Elle sent ses jambes la lâcher, chose qui lui arrive assez souvent. Elle se retrouve sur le sol du garage, à genoux. Son ventre quand à lui gargouille lui rappelant qu'elle n'a ni mangé ni bu depuis sa fugue. Elle n'ose pas regarder en direction de KC, par gêne. Doucement, elle essaye de se relever. Mais le poid du sweat ingorger d'eau, la fatigue de la journée, la douleur des coups, l'empêche de se relever.

N’osant pas regarder la demoiselle dans les yeux, Kyung Chul détournât son visage imaginant au plus profond de lui-même que c’était la meilleure manière de lui donner une intimité dont elle avait peut-être besoin. A voir ce comportement on pourrait se dire qu’il n’avait pas l’habitude de passer du temps avec la gente féminine, au contraire, des filles qui passaient par ici il y en avait toujours eu, mais pas ce genre de filles, le genre de fille qui entrainent la conversation avec elle et avec qui il a le droit de garder le silence car ce qu’elles attende de lui c’est pas bien intellectuel. Au fond ça lui va, cœur moue qu’il était. Il ne se posait pas trop de question, trop content qu’elles acceptent de partager avec lui un peu de qui elles étaient. Cœur trop mou peut-être ? Qui se laisser tomber en amour pour le moindre regard de velours. Il aimait bien qu’elles lui parlent, qu’elles lui racontent leurs journées tandis qu’il faisait autre chose. Il les laissait aller et venir, le plus souvent elles disparaissaient, telle la fumée qu’il rependait derrière lui.
Le poids de la serviette disparut de ses mains. Les moments semblaient flotter dans les airs, suspendus au bruit de la pluie. Une notification apparut sur le téléphone de KC qui s’empara de l’appareil dont le « ding » reconnaissable le fit finalement bouger. Le message s’affichât. Il tournât doucement son regard vers l’expéditrice. Il le savait. Au fond il avait compris, elle n’avait pas besoin d’expliquer qui elle était, les gens comme eux, ils se reconnaissaient même dans la tempête.
Elle s’effondra, en une seconde son corps s’écroula sur lui même devenant un tas de vêtements mouillé. Kyung Chul se précipita vers elle, ne sachant quoi faire, comme l’aide. Elle essayât de se relever et ses forces se firent encore plus faible. Il s’accroupit devant un et l’entourât de ses bras. Ainsi prostré sur le sol, il couvrait sa tête de son bras, la protégeant de la lumière et aussi un peu du monde. D’une main il tapât à toute vitesse sur l’écran de son téléphone à côté de lui, comprenant qu’elle n’aurait certainement pas la force de se relever seule. « Ça va aller, je t’emmène t’asseoir. Ne t’inquiète pas. »
Rassemblant ses propres forces, il passa une main sous les jambes de la jeune fille et l’autre derrière son buste. Sans rien dire il l’a soulevé. Elle était légère, trop légère. Kyung Chul grimaçât, pas à cause de l’effort mais de ce qu’il savait de Yun.
Doucement, il l’amena dans l’arrière-boutique où se trouvait son appartement. Véritable jungle de plantes diverses, de tables jonchées de diverses composants électroniques, le salon du garagiste sentait le cannabis et l’eucalyptus. Il déposa Yun sur le canapé et décida de s’écarter pour la laisser respirer.
Sans dire un mot de plus, il retournât dans le garage, ferma l’entrée, récupéra la plante et les affaires qui étaient tombées sur le sol. Un instant, il se demanda si il devait la laisser lus longtemps seule, puis il se rappela du message et d’a quel point elle tenait à son orchidée et il décida de le lui ramener.
Retournant dans la pièce il déposa la fleur près de la demoiselle sur la table basse et s’assit non loin du canapé en essayant pour la première fois depuis son arrivée de capter son regard.
« Tu … Yun… tu veux dire quoi pas un endroit pour vivre ? Si … si tu veux pas parler, tu peux m’ecrire…» articulat-il avant de se mordre la lèvre à l’endroit où se trouvait son piercing, son regard inquiet transparaissant derrière sa mèche décoloré.
La pluie pouvait s’entendre sur le toit et le long de la gouttière, c’était une nuit à ne pas rester dehors. Une nuit d’automne.

A genoux, tirée par les lourdeurs de son sweat trempé, la serviette toujours dans sa main, Yune ne sait que faire. Ça lui arrive souvent ce genre de situation, mais pourquoi maintenant ? Les larmes qui s'étaient un peu calmées reviennent sur ses joues. Elle pose ses mains au sol, essaye de se relever. Mais impossible. Ses forces l'ont totalement lâchées en ce début de soirée. Gênée, elle n'ose pas le regarder, sachant très bien ce qu'elle va voir sur son visage. Avant quand elle sortait encore et avait une 'vie sociale', les gens rigolaient de son malheur et l'abandonnaient à son sort.

Et pourtant, y a une chaleur qu'elle n'a plus ressentie depuis longtemps qui lui entoure les épaules. Il la sert contre lui. La dernière personne a avoir eu ce geste envers elle est son père. La lumière ne l'éblouit plus. Yune ne sait que dire que faire de ce comportement si gentil à son égard.

L'écran du telephone devant elle, elle ne peut que hocher la tête à ce qu'il est écrit. Et elle ferme les yeux en se sentant soulever. Y a juste cette envie de poser la tête contre le torse de Nova Night, et de se laisser becer par les battements du cœur de l'homme mais elle ne le fait pas, et ne le fera jamais, puisque quand elle sera de nouveau marché, elle partira lui laissant seulement son orchidée.

L'odeur d'eucalyptus lui fait ouvrir les yeux et la pièce est sortie tout droit d'un de ses rêves. Des plantes partout, quoi qu'il y a d'autres choses dans la pièce. Mais ce sont les plantes qui attirent son intention. Et une autre odeur qu'elle n'arrive pas à identifier. Elle cherche du regard dès que ses fasses sont posés sur le canapé, surtout pour cacher son air d'enfant contrarié suite au fait qu'elle ne se sent plus en sécurité. Les yeux rougient par les larmes, le masque toujours sur le visage, son regard balaie la pièce. Jusqu'à l'apparition de son orchidée, et son sac à dos dont elle n'avait même pas remarqué l'absence de son dos.

Entourant son corps de ses bras, refermant les yeux en sentant une main se poser sur son épaule. Intriguée, elle lève la tête.

Yune ne le quitte pas du regard avant de sortir son téléphone de la poche du sweat trempée, elle aurait pu parler mais la blessure à sa lèvre est trop présente pour essayer pour le moment.

Message : Je suis partie de chez moi, et je n'y retournerai plus jamais. A vingt-quatre ans, c'est bien de prendre son indépendance. Et chez elle, c'est bien un grand mot. Elle ne s'est plus sentie chez elle depuis des années, si pas depuis sa naissance. Être loin de sa mère, vivre comme elle le souhaite, ne plus avoir peur des coups, des brimades. Elle n'aurait pas eu la force de partie avant les discussions interminables avec celui qui est près d'elle. Le message est envoyé. Jamais plus sa mère lèvera la main sur elle.

Pour ne pas qu'il lui demande la raison, ne souhaitant pas en parler surtout, Yune ouvre son sac à dos et en sort monsieur Pan, sa peluche panda, qui est aussi son avatar sur différent salon de discussion, décapité. Dernier cadeau de sa mère. Elle reprend son téléphone et pianote sans le regarder.

Tu aurais du file et une aiguille, s'il te plaît. le message envoyé, quelle se met a éternuer. L'automne est après tout, la saison de la pluie et des rhumes...

Recroquevillée ainsi, elle ne paraissait pas beaucoup plus grande qu’une enfant. Elle avait l’air si petite et si menue dans son grand hoodie trempée qu’il avait une nouvelle rage sourde qui se mettait à bouillonner au creux de son ventre. KC se félicitât de ne pas avoir consommé ce soir, il restait nerveux et attentif, beaucoup moins relaxé qu’à son habitude et c’était ce qu’il fallait à ce moment précis, pour elle comme pour lui. Bien sûr, cela aurait été tellement plus facile émotionnellement à endurer s’il avait pris quelque chose avant, mais non, c’était mieux ainsi.
Kyung Chul attendit qu’elle tape sa réponse, gardant son regard sur elle. Il n’avait toujours pas aperçu l’entièreté de son visage, il ne décelait que ses yeux qui avaient finis par se poser sur lui. Il avait honte, de lui-même, de ce à quoi il ressemblait dans son bleu de travail noué sur les hanches et son vieux t-shirt, de sa décoloration passée depuis des mois et de son visage, de son être entier. Il avait toujours un peu honte, mais elle n’avait personne d’autre à regarder dans la pièce. En lisant les mots définitifs qui s’affichèrent sur le téléphone, une partie du garagiste avait déjà prit une décision, l’autre la soumettrait en temps venu à la fugitive, car c’était à elle que reviendrait la décision finale.
L’appartement n’était pas des plus accueillant en soit, mais il n’était pas des plus vétustes. Hormis le salon un peu en bordel et remplit de plante, il y avait une toute petite cuisine américaine, une salle de bain et une grande chambre avec une fenêtre au plafond. La baie vitrée du salon partiellement obstruée par les monsteras et les fougères donnait sur le garage. D’ici on pouvait voir tout l’atelier. Ce n’était pas bien lumineux, ni correctement décoré, mais c’était assez grand pour deux, du moins pour elle si elle le souhaitait.
Acquiesçant à ses propres pensées, le Kwan observa du coin de l’œil la demoiselle fouiller dans son sac pour en sortir une peluche mal en point. Il se mordit de nouveau la lèvre, reflexe de gène avant de lire le message sur son téléphone. Il acquiesçât et commençât à se redresser quand elle éternua. Une nouvelle panique s’installa dans sa poitrine. Elle avait besoin de changer de vêtements et vite.
Se dirigeant dans sa chambre sans rien dire, il sortir un sweet-shirt blanc et un pantalon de survêtement noir. Ce serait mille fois trop grand pour elle, mais il n’avait rien d’autre. Ça sentait la lessive bon marché et son eau de Cologne bien trop cher, mauvaise habitude qu’il avait d’en asperger toute son armoire à chaque nettoyage.
En retournant dans le salon il prit soin de fouiller dans un tiroir et d’en sortir un gros fil rouge, qu’il utilisait habituellement pour rapiécer son bleu de travail, et une aiguille. Il les brandit victorieux de sa trouvaille devant lui avant de les cacher derrière son dos en secouant la tête de droite à gauche, droit comme un « i » devant la jeune fille.
« Tu me laisses m’occuper de la peluche et toi tu vas te changer. J’ai mis des affaires sur le lit. Tu prends autant de temps que tu as besoin. Tu peux même dormir … il y a un verrou sur la porte, tu peux te changer tranquillement. Je vais m’occuper de réparer ce qui a été déchiré d’accord ? »
Pour la première fois depuis leur face à face physique KC montrait qui il était, sa voix était neutre, aucune animosité ni aucun ordre ne sortait de sa bouche, il disait avec la plus grande simplicité ce qu’il pensait profondément. Elle avait besoin d’être rassurée, et certainement de repos, lui avait besoin de lui montrer cette partie de lui qu’elle n’avait qu’entre aperçut sur le Dark Vice.
« Au faite… » ajoutât-il avec douceur. « Ici je ne suis pas Nova Night. Je m’appelle Kyung Chul, tous le monde m’appel KC. »
Ainsi il venait de se présenter. De lui donner tous ce qu’il était, ou presque, car c’était comme ça qu’il fallait faire face à la détresse, se montrer et être patient, il en savait quelque chose.

Comment peut elle être aussi vulnérable ? Vivre avec sa mère lui a appris à être forte. Et pourtant à cette instant, la chaleur de celui qui la portée lui manque. C'était la première fois depuis des années que des bras l'avaient serrés.

Le regard de Yune posé sur Kyung Chul quand elle tira Monsieur Pan de son sac, rappelait un peu trop la candeur d'une enfant. C'est ce qu'elle est, une enfant qui a dû grandir trop vite, qui n'a pas pu s'amuser et profiter de son enfance. Les doigts qui piannote le message, presque comme un supplice et son regard à moitié caché par la capuche de son sweat se posant sur la silhouette devant elle. Yunie ne le dira certainement jamais, mais à cet instant, il est la représentation parfaite du prince charmant. Peut être qu'un jour, elle aurait les joues rougies à force de le regarder, et qu'elle le détaillera sans gêne, quand tout ira mieux, quand elle aura un chez elle.

Et un premier éternuement se fait entendre dans la pièce, un deuxième arrivé. La jeune femme a le temps de pincer son nez. Sa bouche s'ouvre derrière son masque, et une douleur fugace se repend dans son visage. Un goût de sang dans la bouche. Il faut qu'elle demande pour se rendre à la salle de bain pour regarder les dégâts.

Son regard ne quitte pas Night Nova, elle le voit se rendre dans une pièce durant quelques instant avant qu'il revienne dans le salon, ou  plutôt dans la serre. Elle voudrait bien y faire un tour, examiner les différentes plantes. Chercher après l'autre odeur qui flotte aussi, cette odeur qu'elle ne connaît pas.

Son regard ne le quitte pas, elle ne rate pas une miette de son comportement. Une envie étrange de pouffer lui vient quand il brandit ses bras  d'un air victorieux, avant qu'il se mette debout devant elle, comme un militaire, au garde à vous.

Une voix neutre, une voix calme. C'est ce qu'elle retiendra. Pas d'autres questions sur le pourquoi elle est là. Un soulagement énorme pour la demoiselle. Et il a préparé des vêtements. Mieux il va s'occuper de sa peluche. Elle hoche la tête, quand ses vêtements seront secs, elle partira.

Doucement, elle se redresse sur les jambes, attrapant son sac. Jamais elle n'osera son montrer demaquiller. Jamais elle n'a montré à quelqu'un les cicatrices de son visage. Elle avance vers la pièce qu'il a quitté quelques instant avant. Son regard envoie à KC, une douceur, avant qu'elle dise d'une voix calme et perdue Yune mais on mappelle Yunie. Quoi que le surnom n'a plus été utilisé depuis longtemps.

La porte verrouillée, la coréenne enlève le masque dèsque son regard se pose sur un miroir. L'état de sa lèvre n'est pas si grave, juste qu'elle saigne encore. Sortant de son sac des lingettes demaquillantes et sa brosse à cheveux. Yune se change, se prépare, se remaquille pour cacher le fait qu'elleest un monstre.

Les cheveux relever en un chignon lâche, le sweat blanc trop grand, le survetement noir. Cest la premiere fois qu'elle porte des vetements ne lui appartenant pas, et ce ne sera pas la dernière. Elle doit serrer a laide de la cordelettele bas qui se met à glisser, elle doit remonter les manches du sweat mais ne remonte que le côté droit, cachant l'inscriptionsur son bras gauche. Et elle remet son masque pour cacher la blessure de sa lèvre. Il n'a pas besoin de le savoir, comme lzs bleus sur son corps, tout disparaîtra d'ici quelques jours.

A pied nu, ses pieds recouverent du bas du training, Yune reouvre la porte, son sac a dos sur le dos, et ses vêtements trempée contre elle. Elle hume l'odeurqui dégage du sweat tout en ne bougeant pas de l'entréedu salon, regardant juste Kyung Chul. Totalement perdue, c'est ce qu'elleest. Et pourtant, elle a envie de le faire rire. De marcher comme un mannequin pour lui montrer la manièreque les vetements lui vont.

Je peux faire sécher mes vêtements. voix timide, elle ne tremble plus de froid. Son regard est plus doux. Dit elle en montrant le tas dans ses mains.

Yune. Kyun Chul sourit, pour la première fois depuis qu’elle est arrivée. Il connait son prénom, elle connait le sien. Ils se connaissent depuis des mois sans se dire cette simple chose, leurs noms. Maintenant ils sont à égalité. Il a envie de répéter son prénom mais il le garde pour lui un instant, se disait qu’elle est donc une mélodie, bien qu’elle ait mis si longtemps à parler. Sa petite voix ne l’avait pas surpris, elle lui allait bien, ce timbre lui allait bien. Il aurait aimé l’entendre parler plus.
La jeune femme se dirigeât dans la chambre et il entendit le bruit du loquet. Jetant un regard à la peluche décapitée sur la table basse Kyung Chul eu de la peine. Comment cela avait pu arriver ? Et surtout, si elle se baladait avec en pleine nuit, c’est que cela devait avoir de la valeur, alors pourquoi avait-il le mauvais présentiment que cet objet avait subit autant que sa propriétaire ?
Serrant les lèvres, le garagiste laissa l’aiguille et le fil un instant se dirigeant vers le petit espace qui lui servait de cuisine. C’était pratique et plutôt bien aménagé mais suffisamment grand pour qu’une seule personne puisse cuisiner. Il sorti une bouteille de lait de riz du frigidaire et du sirop d’érable d’une armoire et mit le lait à bouillir sur le feu. Elle avait éternué, elle avait besoin de boire quelque chose de chaud et à cette heure il n’allait certainement pas lui donner un thé ou du café. A Jeju, il avait l’habitude qu’on lui prépare du lait sucré avant d’aller dormir lorsqu’il faisait trop humide dehors, la réminiscence de ce souvenir le perturba un instant avant qu’il ne décide de se concentrer sur l’instant présent. Il avait envie de se rouler un joint …
Le lait commença à frémir après moins de deux minutes sur le feu et il le servit dans une tasse avant d’y ajouter une cuillère de sirop d’érable. Laissant la tasse sur le bord du comptoir de la cuisine, il se dirigeât vers la peluche et commençât à essayer de replacer correctement la tête du panda. Un exercice plus difficile qu’il n’y paraissait.
La porte s’ouvrit à nouveau tendit qu’il n’avait eu le temps de faire que trois points et elle apparut, les vêtements du garagiste sur le dos. Elle avait l’air plus petit encore avec ses vêtements à lui, mais il ne pu s’empêcher de sourire en la voyant ainsi. Il remarquât à quel point son cou était frêle avec ses cheveux relevés et se demanda pourquoi elle portait toujours un masque, mais n’osa pas lui demander.
La petite voix demanda si elle pouvait faire sécher ses vêtements, faisant se lever précipitamment le jeune homme qui lui prit les vêtements des mains.
« J’ai un étendoir dans la salle de bain. » dit-il comme si cette information était de premier ordre. Puis en se dirigeant vers ladite salle de bain il pointa du menton la tasse qui attendait la demoiselle sur le comptoir.
« C’est pour toi, ça va t’aider à ne pas tomber malade et aussi … c’est plutôt bon. » Il esquissa un sourire de ses dents pas toutes alignées sur son visage à fossettes et alla étendre le linge rapidement afin de revenir terminer son ouvrage avec la peluche le plus rapidement possible.

Mes vetements sont trop grands mais Yune s'en moque. Déjà elle est au sec, et surtout y a cette odeur qui émane du sweat qui titille ses narines. Un peu comme si quelqu'un la serrait dans ses bras. La seule ombre au tableau est la blessure à ses lèvres qu'elle cache avec son masque. D'ici quelques jours, elle n'aura plus rien, elle le sait, elle l'a déjà subit.

Ouvrant la porte de la chambre doucement, serrant dans ses bras ses vêtements mouillés,  Yune ne peut s'empêcher de poser son regard sur Kyung Chul. Et ce qu'elle voit lui fait rater un battement. Il est mignon quand il sourit. Pire, elle a envie de poser son doigt sur sa fossette, sans parler du rugissement soudain qui prend ses joues. Pour garder contenance, la demoiselle demande où elle peut sécher ses affaires.

A peine sa phrase prononcée, que les vêtements ont disparu de ses mains. Elle le regarde se diriger vers la salle de bain, tout en en hochant la tête de cette affirmation de première ordre. Sauf qu'elle ne sait pas où est la salle de bain.

Son regard est attiré par la tasse qu'il lui montre sur le comptoir. Intriguée, elle s'approche doucement, marchant sur le bas du pantalon noir pour ne pas que ses pieds gèlent.  Elle l'attrape des deux mains et le porte à son nez. Une odeur de sucre en emmène. Son estomac décide à ce moment là de lui rappeler qu'il n'a rien eu de la journée. Elle regarde la tasse durant de longue seconde avant de defaire son masque pour porter la boisson chaude à ses lèvres tout en restant debout devant le comptoir.

Dès que Kyung Chul revient, la jeune femme  évite de tourner la tête en sa direction, ne souhaitant pas l'inquiéter plus que possible. Elle reste donc à côté du comptoir, savourant le liquide chaud ne grimaçant même pas quand la chaleur touche la blessure. Puis son esprit se met à vagabonder dans la pièce, son regard se pose sur les plantes et autres objets avant de s'arrêter sur lui qui recoud Monsieur Pan.

Silencieusement, Yune s'approche, la tasse à la main, le masque toujours sur son menton. Elle est intriguée par la couleur du file mais surtout de la manière qu'il le recoud. Et sans comprendre comment ni pourquoi, elle se met à rire.

Le stresse, la peur de la journée sont bien ancré en elle. Les images de sa mère l'a battant marqué sur son corps frêle. Elle rigole d'un rire amer, d'un rire jaune avec cette note cristallin quand une image fugace de Kyung Hul fait irruption dans son esprit, plus mignonne plus drôle même, lui recousant la tête d'une poupée en chiffon alors qu'une enfant sortant de l'imagination de Yune tire sur son bleu de travail pour l'avoir plus vite.

Quand elle remarque enfin qu'elle a rigolé alors que rien n'est drôle, elle baisse la tête comme prise en faute, murmurant un simple " Désolée" à peine audible

KC était concentré à son ouvrage. Il avait beaucoup de questions, mais elles n’étaient pas urgentes, et puis il lui avait promis de réparer la peluche alors il fallait bien qu’il le fasse. Leur dernière conversation sur le DARK VICE lui revint en tête, il se souvenait qu’ils avaient parlé de véganisme mais aussi de plante, elle lui avait dit qu’elle aimait les plantes mais que pour une raison ou une autre, elle n’en avait pas beaucoup. En ne plaisantant qu’à moitié il lui avait dit qu’un jour il lui en offrirait des dizaines si elle le souhaitait. Maintenant il se retrouvait assis sur son canapé, avec la plante de la jeune femme posée non loin de lui. Il y avait une forme d’humour à la situation qu’il n’arrivait pas à définir.
Yune prit enfin le temps de boire un peu, elle marchait dans la pièce, prenant un peu plus de place. Elle semblait s’être détendu et n’était plus recroquevillée sur elle-même. Kyung Chul la laissa naviguer dans cet endroit sans rien dire. Il n’avait pas vraiment de sentiment de propriété privé sur son appartement, ici tout le monde pouvait aller et venir, il n’y avait que sa chambre qui était un endroit plus privé, où il y mettait tous ce qui ne devait pas être à la vue d’autrui, mais elle y était déjà entrée de toute façon.
Sa tache était presque terminée, les files rouges étaient quelque peu visible malgré le fait qu’il y avait mit du cœur. Il ne lui restait que quelques points de croix à faire quand il senti la jeune femme s’approcher et poser son regard sur lui. Une excuse flotta dans les airs et le garagiste redressa sa tête un peu abasourdie d’entendre ce mot.
« Pourquoi tu … » son visage s’assombri immédiatement, il remarqua l’état du visage de la jeune fille et sauta sur ses jambes pour lui prendre le menton entre les doigts. « Yunie… tu saignes ? » cette question était plus rhétorique qu’autre chose. Bien sur qu’elle saignait, il voyait la coupure de ses propres yeux.
Retenant une boule de rage qui montait dans sa poitrine il ferma les yeux et ne demanda rien de plus. Il avait eu ce genre de blessure, il n’avait jamais aimé qu’on lui demande comment cela lui était arrivé, parce qu’après tous les gens n’avaient pas à savoir.
Sans s’en rendre compte, il lui avait attrapé sa main libre et la serrait dans la sienne, comme pour assurer sa présence à la jeune femme autant pour lui que pour elle.
« J’ai ce qu’il faut pour ça… » il lui arrivait encore de se retrouver dans des coups foireux quand il descendait au Ground Zero par exemple, alors sa trousse de secours ne devait pas être très loin. Mais son regard restait planté dans celui de la demoiselle, il voyait son visage en entier pour la première fois et elle était jolie, très jolie.

Son regard regardant le sol, gêner, bien entendu qu'elle l'est. Elle a rigolé, chose qui lui est interdit. Qui lui était interdit même. Les nerfs ont lâchés suite à tout ce qui s'est passé dans la journée. Et voir Kyung Chul recoudre Monsieur Pan avec un air si appliqué lui a permit de relâcher la tension.

Et ce qu'elle ne voulait pas qui arrive arriva. Il venait de voir la blessure sur sa lèvre. Yune veut détourner la tête mais sentir sa main dans la sienne, sentir cette chaleur étrange comme si elle n'était plus seule, qu'elle allait pouvoir vivre la fit juste sourire idiotement, ce qui accentua le saignement.

En vrai, à cet instant précis, elle en avait cure de tout ça. Y avait juste le regard de celui qui lui tenait la main qui comptait. De sa main libre, elle fit juste semblant de découvrir la blessure, touchant de l'index sa lèvre qu'elle porta devant ses yeux entre eux deux. Surprise, elle sait jouer si bien la comédie. Ça a toujours fonctionner avec les gens et puis elle ne sait pas que KC risque de savoir que c'est un mensonge.


"Je me mordille les lèvres souvent." ce qui n'est pas un mensonge. Quand elle est stressée, réfléchissant ou simplement sans s'y rendre compte.

Elle lui sourit faiblement, tout en essayant de ne pas rougir sous le regard scruteur. Pas besoin de soigner. Et son sourire se fane, les larmes reviennent aux bords yeux. Elle recule d'un pas, laissant glisser sa main dans celle du mécano. Car elle ne doit pas s'attacher, elle est rien. Sa mère lui a assez répéter qu'elle était la seule à tenir à elle. Après tout qui a envie de côtoyer un monstre. Pourtant dans son regard, elle a cru desceller autre chose que de la pitié. Et dans leur conversation sur le dark, ils ont rigolé si souvent. Elle secoue la tête pour chasser toutes les idées qui lui traversent l'esprit. Son chignon lache, l'élastique se retrouve à ses pieds entre eux deux, ses cheveux mouillés par la pluie tombe casacade dans son dos alors que sa frange lui cache son visage. Et là, cacher par le rideau, elle se permet simplement de fermer les yeux et de laisser couler une larme sur sa joue. Et elle recule encore jusqu'à se retrouver contre le comptoir de la cuisine.

" Dés que mes vetements son secs, je vais y aller." Pour aller où ? Elle en sait rien. Le plus important est que son orchidée est quelqu'un pour s'occuper d'elle. Le reste ça n'a pas d'importance. Elle est même prête à laisser Monsieur Pan. [color=#cccenter"Je ne veux pas dérange.[/color] murmure t elle encore.

La main de Yune quitta celle de KC et il reculât en même temps que la jeune femme, conscient qu’elle avait certainement besoin d’espace et que cela faisait beaucoup pour elle. Arrivée en pleine nuit, se sentir faible, devoir changer de vêtements et se rencontrer enfin. Ils n’étaient pas des étrangers, et pour Kyung Chul il y avait comme une évidence à ce qu’elle se trouve là face à lui ; mais aux vues des marques sur son visage, elle devait avoir vécu une très longue journée. Elle répondit du bout des lèvres avant de se cacher à nouveau le visage derrière son rideau de cheveux. Le garagiste se penchât pour ramasser l’élastique qui était tombé par terre et le garda dans sa main ne sachant quoi en faire. Elle ne s’était clairement pas faite cela en se mordant les lèvres, il comprenait pourquoi elle cherchait à lui cacher la vérité, elle ne lui devait rien après tout, ni la vérité ni d’explication.
Acquiessant à sa dernière phrase, il ne sut quoi lui dire et parti fouiller dans les tiroirs d’un bureau remplit de plantes diverses, dans des pots de formes et de couleurs différents coincé entre des ordinateurs plus ou moins anciens et en bon état. Là il trouva une petite trousse de secours où se trouvait des pansements et du désinfectant. Il retournât sur le canapé et posé la trousse à côté de la peluche avant de nouveau reporter son attention sur son ouvrage après avoir passé l’élastique autour de son poignet sans s’en rendre compte.
« Tu as raison, j’ai un autre patient à soigner. Mais il ne faudrait pas qu’il te voit mal en point en se réveillant après l’opération tu ne penses pas ? Il veut certainement que tu prennes soin de toi. »
Tenant le fil dans une main et le panda dans l’autre, KC s’appliquât sur ses derniers points, laissant à Yune l’occasion de prendre soin d’elle-même sans qu’elle ne se sente oppressée ou sous le contrôle de son regard. Non loin de lui l’orchidée observait la danse de ces deux presque inconnus, seule plante à fleur de toute la pièce. Kyung Chul avait plutôt l’habitude de s’occuper des plantes grâces et fougères ainsi que de quelques cactus ; hormis ces derniers qui donnaient une fleur une fois par ans, il n’avait pas l’habitude d’entretenir tant de couleur dans son quotidien, les dégradés de vert lui allant parfaitement.
« Elle est belle ton orchidée, c’est une plante difficile à entretenir. » ajoutât-il tandis qu’il finissait le nœud sur la dernière jointure du coup du panda en peluche.
« Voilà ! J’ai fini. Il est comme neuf… enfin … presque. » il leva l’objet devant ses yeux, le regard du panda plongeant dans le sien. La tête était un peu bancale, et on voyait les points de la couture, mais il ne s’en sortait pas trop mal et du moins la peluche était en un seul morceau. Il grimaçât un instant et laissa un petit rire gêné sortir de ses lèvres tandis qu’il tournait son visage vers la jeune femme tenant le panda à côté de lui puis le lui tendant avec un sourire.

Un enfant, Yune, ressemble à une gamine qui a trop vite grandie. Apeurée, mais en même temps soulager de ne pas être dehors sous la pluie battante durant un instant. Car elle va repartir, l'orchidée en sécurité. Où ? Faire quoi ? Elle en sait rien. Rien ne la retient dans cette ville après tout. Rien ne la retient nulle part.

Y a le mensonge qui fuse, ils savent tout les deux que ce n'est pas vrai. Une blessure à cause d'un mordillement n'est pas ainsi. Kyung Chul ne dit rien, acceptant les paroles de la jeune femme. Et y a le regard dans le sien, la main dans la sienne, qui est étrange, chaleureux, comme si elle pouvait lui faire confiance, comme si il se préoccupait vraiment d'elle. Et les paroles de sa mère lui reviennent à l'esprit.

Cachée derrière le rideau de cheveux, elle parle, elle murmure, apeurée, triste. Il faut qu'elle parte, c'est la seule solution.

Et Kyung Chul parle de cette voix neutre. Elle l'écoute en essayant la larme unique sur sa joue. Elle l'observe caché derrière ses cheveux.

La trousse sur la table basse du salon, il retourne s'occuper de son doudou. Les paroles la font réagir. Monsieur Pan doit s'inquiéter. Alors doucement, à pas de souris, elle s'approche de cette trousse. Elle farfouille à l'intérieur et trouve une pommade. Délicatement, Yune déposé la pâte blanche sur sa blessure, en tournant le dos à son sauveur.

Et y a des paroles qui font réagir. Elle hausse les épaules en mettant sa frange au-dessus de son crâne pour arrêter de se cacher. "Je la change de place pour qu'elle est beaucoup de lumière. Comme son père lui a expliqué en lui offrant l'orchidée.  

Et puis y a un vrai sourire qui éclaire le visage de Yune en voyant monsieur Pan de nouveau avec sa tête sur les épaules. Un rire léger, à peine audible quand elle voit la grimace de Kyung Chul quand ce dernier remarque que la tête est bancal. Et dès qu'il lui tend la peluche, elle se retrouve devant lui, un sourire sur les lèvres. Récupérant son doudou, elle ne fait pas attention au geste, et se penche vers lui pour poser un simple baiser sur la joue de l'homme ou plutôt du médecin de sa peluche. " Merci " murmure t elle à son oreille avant de se redresser et de serrer la peluche dans ses bras quelques secondes avant de la regarder tout en la mettant devant elle. "On dirait un pirate. Y a que la jeune femme pour avoir l'imagination aussi débordante en pareille situation.

Et puis y a cette odeur melanger à l'eucalyptus
qui continue à titiller son nez. Toujours debout, elle se retourne vers Kyung Chul, pose son regard dans le sien. "Cest quel plante qui sent si fort ?" Yune découvre doucement le monde avec du retard.

" Pas l'eucalyptus, l'autre odeur, j'arrive pas à reconnaître la plante. Elle tourne sur elle même pour chercher la plante tout en parlant. Et perd l'équilibre la faisant atterir sur les jambes de son sauveur.

Première certitude, Kyung Chul aime son rire. Il l’entend à travers ses mots, à travers ses yeux, et maintenant qu’il cet accès troublant à son visage il se rend compte à quel point elle est jolie, jolie par rapport à lui, parce qu’elle rayonne de douceur, quelque chose qu’il n’a que rarement l’occasion d’approcher. Lui il est entouré de tous ce qui est factice, de tous ce qui est chimique et électronique ; l’organique, la nature et la douceur, il doit se la créer, chez lui, dans son antre, véritable jungle qu’il a construite patiemment pour combattre ses propres insécurités.  Là, face à son regard il se sent démunie, mais il essaye de garder son calme, d’être serein et patient, parce que c’est ce dont elle a besoin pour le moment. Lui il verra plus tard, il ira planer ailleurs pour se détendre enfin.
Elle accepte de se soigner et elle regarde son ouvrage réalisé avec le peu de doigté qu’il possède pour ce genre de choses mais qui jusqu’alors avaient largement suffit. Il a bien envie d’aller acheter out de suite un cache-œil et un chapeau pour le panda, pour al faire rire encore et encore. Alors il a une idée, il se lève, mais il n’a pas le temps de partir qu’elle lui pose une question qui l’arrête immédiatement.
Quelque chose vient de se fissurer en lui, une vieille douleur qui n’était pas réapparut depuis longtemps. La honte. Ce sentiment qui l’avait fait fuir ses anciens tauliers, cette boite détestable VICE pour laquelle il avait travaillé. Et la raison de sa honte à l’instant présent était ce qui lui avait servit de bouée pour ne pas se noyer dans sa honte passée. Si Yune ne connaissait pas l’odeur c’est qu’elle ne devait pas être familière avec cet univers de l’interdit, de l’illégalité, et il n’avait pas envie de la mêler à ça, pas ce soir …
Alors il se tenait là, mettant lentement les mains dans ses poches et rentrant son menton entre ses épaules comme un enfant que l’on vient de gronder.
« Je ne suis pas sûre que tu veuilles savoir … il vaut mieux pour toi que tu ne sache pas … »
Il regarde autour de lui pour trouver quelque chose à ajouter puis se dirige vers sa plus belle et grande fougère, il en attrape une branche avec délicatesse et sans s’en rendre compte sourit au touché de la plante.
« Tu savais que la fougère mâle à pleins de propriétés ? Elle aide à lutter contre les parasites intestinaux si tu mange ses feuilles, et son huile aide contre les maux de têtes et les rhumatismes. Bah ce que tu sens … ça aide encre plus à se détendre que la fougère mâle… »
Se mordant la lèvre là où se trouvait son piercing, il ne savait pas quoi ajouter. Il se sentait idiot et en même temps toucher la plante l’avait calmé. Il reporta son attention sur l’orchidée et vint s’accroupir devant et observer la plante par en dessous, les bras croisés sur la table basse son menton posé dessus.
« Je ne connais pas bien les fleurs par contre… tu peux me parler de ton orchidée ? » Il essayait de changer de conversation tout en étant véritablement intéressé par cette si belle plante qui avait fini par atterrir chez lui. Son regard lâchât enfin les fleurs et se reporta sur Yune, le garagiste ne pu s’empêcher de lui sourire avec toute la douceur et la franchise dont il était capable. Elle semblait avoir reprit des couleurs et se sentir plus à l’aise. Ce fut à cet instant qu’il sentit le petit élastique sur son poignet roulé sous son menton et qu’il se précipita pour l’enlever et lui tendre.
« oh … tu as fait tomber ça tout à l’heure. » se redressant d’une main sur la table basse il se penchât vers elle, bras tendu, l’élastique au bout des doigts.

Y a des gestes, des mots qui ne trompent. Yune est en confiance, comme si personne ici ne pourra lui faire du mal et la détruire. Un sourire sur les lèvres, Monsieur Pan dans ses bras, elle regarde ce file rouge tout autour de son cou. Elle n'a jamais eu quelqu'un qui s'occupe d'elle, de ses affaires de cette façon là. Heureuse, durant un moment. Après... leurs chemins vont se séparer, Yune elle souhaite pas être un poid pour les autres. Elle veut réussir à survivre, se battre de toutes ses forces pour ne pas sombrer encore et encore.

Puis, y a la question qui trottine dans son esprit, la recherche de l'odeur qu'elle ne connaît pas. Et y a cette manière que Kyung Chul a quand il est nerveux, stresser, qui lui donne un air mignon. Elle voudrait lui dire d'arrêter de jouer avec son percing, qu'il risque de se blesser. Sauf qu'aucune mots ne sort de ses lèvres pour ça. A la place, elle l'écoute, fonçant les sourcils. Pourquoi ne peut-elle ne pas savoir ? C'est une plante non. L'odeur à l'air appesante. Elle va pour ouvrir sa bouche, lui dire qu'elle veut savoir. Et il change de sujet, pas complètement, juste il lui parle de la fougère mâle.

Non, elle ne savait pas tout ça. Yune elle connaît que les orchidées et encore. Sa mère n'a jamais voulu avoir des plantes, et même si la demoiselle a lu sur les diverses variétés de plantes en tout genre qui peuplent la planète, la fougère pour elle a toujours été classé dans la catégorie qui ne l'intéresse pas.

Assise, Monsieur Pan dans ses bras, KC accroupie de l'autre côté de la table, l'orchidée posée dessus, les séparant. Yune touche l'un des sabots, réfléchissant à ce qu'elle peut dire. "Quand on offre une orchidée, il faut faire attention à la signification de la couleur. Celle-ci est blanche, rappelant l'innocence et , Yune murmure le dernier mot "pureté" Elle relève la tête plantant son regard dans celui de Kyung Chul, tout en rougissant. "Comme pour toutes les couleurs des fleurs, y a toujours une significations. " Le nombre de rose à une signification, la couleur des pétales aussi. C'est ce que son père lui a expliqué enfant. Elle pourrait parler des heures des couleurs, de la manière de s'occuper d'une orchidée ou même de toutes plantes.

Sauf que les paroles se meurent, son élastique, il lui tendait. Surprise, Yune passe sa main dans ses cheveux qui sont lâchés à la place d'être en chignon. Elle s'en est même pas rendu compte. Timidement, elle bouge un peu du divan, se penchant. Elle frôle les doigts de Kyung Chul. La manche du sweat trop grand remonte, laissant entre apercevoir des traces de mutilation. Elle le remarque pas. Reprenant seulement l'élastique. "Merci"

Et un premier bâillement, Yune elle est fatiguée. Elle ne se souvient plus depuis quel heure, elle est dehors. Depuis quand, elle était mouillés par la pluie. Elle se souvient plus trop de rien. Elle plaque juste sa main contre ses lèvres, préférant rester encore un peu au chaud avant de subir de nouveau la drache de l'automne. Alors, elle remonte légèrement  le colle sur son née, humant l'eau de cologne du propriétaire. On ne voit plus que ses yeux. Il ne voit pas la moue qu'elle fait. "Je vais y aller. murmure t elle. Ses vêtements doivent être secs, non ?