L’autopsie d’aujourd’hui était des plus horribles. Entre les asticots agglomérés qui grouillaient sur les plaies, sous la peau et les quelques muqueuses découvertes, et le fait que les multiples mutilations que le corps avaient subis pas étonnant que beaucoup tournèrent de l’œil ou furent pris de nausées en découvrant le cadavre. Seojun était resté longuement dans la salle à l’observer sans être dérangé par l’odeur. Il en avait l’habitude maintenant. En dehors des nombreuses conclusions qu’il put en tirer pour expliquer comment ce pauvre John Doe s’était retrouvé à manger les pissenlits par les racines, le médecin. Non, le maquilleur, l’artiste voyait aussi le potentiel créatif pour ses prochains projets. Se levant de son tabouret, il alla vers son sac pour récupérer son carnet de croquis, et quelle ne fut pas sa surprise en l’ouvrant de constater que ça n’était pas le sien. À la place des esquisses plus atroces les unes que les autres se trouvaient quelques dessins et motifs certainement destinés à décorer des chairs. L’homme fronça les sourcils. Mince ? Comment ça avait atterrit dans son sac ? Et surtout où était son carnet à lui ?

Il fit un gros effort de concentration pour se souvenir quand et comment ça serait arrivé. Un jeune homme, oui. Mais quoi d’autres ? Ils s’étaient percutés en tenant tous deux des affaires dans les mains. Puis tout devint plus clair. Dans la précipitation, chacun avait prit les affaires des l’autre. Comment avait-il fait pour ne pas s’en rendre compte ? Ses yeux feuilletèrent les quelques pages jusqu’à s’arrêter sur le nom du propriétaire. Jihoon . Aucun doute, ils se reverraient bientôt. Le temps que ce dernier réalise aussi son erreur. Chose qui ne tarda pas trop puisque sa secrétaire vint le chercher en lui apprenant qu’une personne serait au poste de police avec un objet lui appartenant. Seojun quitta alors son havre de paix pour partir vers la zone policière où l’attendait sa nouvelle connaissance. Un sourire dévoilant une rangée de dents alignés, digne des publicités pour dentifrice, il arriva dans la pièce où le policier, blasé par cette situation sans doute un peu trop récurrente à son goût, s’efforçait de convaincre le jeune homme en face de lui qu’il ne s’agissait pas du carnet d’un psychopathe.

— Oh ! Je le cherchais partout ! Il dit en s’avançant vers la personne qui devait être Jihoon. À en constater votre réaction, vous avez regardé ce qu’il y avait à l’intérieur ?