▬ @na hyean et @na haryu

Journée qui s'annonçait paisible. À laisser le corps errer entre les rayons. Recherche de décoration, envie fugace de changer d'air. Magasin qui semblait être le bon endroit pour s'aérer l'esprit. Car la pluie avait décidé de s'inviter à l'extérieur, orage grondant et éclair vrombissant dans les cieux grisonnants. Ce n'était sans compter sous une décharge plus forte qu'à l'habitude, à venir frapper contre les carreaux. Lumières s'éteignant les unes après les autres, portes automatiques se retrouvant bloquées.

Ce qui devait être une journée détente, se retrouve à devenir un calvaire sans nom. Comment sortir de là à présent ?

La situation vous est totalement libre, et vous pouvez la modifier si l'envie vous en prend, du moment que vous vous faites plaisir et que vous vous amusez    

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▬ @na hyean et @na haryu

Et s’il se retrouve là, enfermé dans cette boutique à maudire cet orage qui a fait sauter tous les fusibles, Haryu songe davantage aux membres de son club de tir à l’arc qui auraient pu s’occuper d’acheter eux-mêmes la décoration. Il a dit qu’il était occupé, qu’il devait réviser, s’entraîner, partir travailler au restaurant ; tout le monde s’est désisté. Evidemment, lui et son oreille, ils n’ont pas tout à fait entendu la partie où cette tâche lui a été incombée. Alors il soupire, tente de conserver son calme quand le noir ambiant fait tressaillir plus d’une personne. A l’évidence, il n’est pas tout seul dans ce problème.
Optant pour déposer ses achats au sol, Haryu extirpe ensuite son téléphone portable de sa poche pour en allumer la lampe torche. Avec la pluie assourdissante qui cogne sur le toit, le jeune homme a l’impression qu’il va devenir fou d’une minute à l’autre. Une légère grimace s’étend sur son visage alors qu’il aperçoit quelqu’un qu’il pense être un vendeur de la boutique. “Excusez-moi ? Vous travaillez ici ? Est-ce qu’il y a un moyen de sortir ?” Il n’entend pas bien sa propre voix qu’il a la sensation d’être pâteuse. Le faisceau de son portable braqué sur la silhouette, il glisse une main à son oreille gauche, touchant de la pulpe de son doigt son appareil auditif.
Est-ce que cette situation ne peut pas être pire que ça ?
Si.
L’orage éclate de nouveau en le faisant sursauter et lui causant l’obligation de s’appuyer contre l’étagère la plus proche. Son téléphone est tombé au sol quand ses deux mains se sont abattues sur ses oreilles. C’est trop fort. C’est beaucoup trop fort. Et, dans sa poitrine, les battements de son cœur s’accélèrent aussi. Haryu tente de respirer quand l’unique chose qu’il a envie de faire est de tout dévaster. Il déteste cette faiblesse qui s’accroît de jour en jour. Il déteste ce handicap qui va finir par le rendre complètement sourd.

outfit | Hyean n'était pas du genre à fréquenter les magasins de décoration ; simplement car il n'était pas familier avec ce concept là. Son appartement, ou plutôt, son studio, ne dépassant pas les trente mètres carré, était du plus simple acabit, arborant peu de décoration. Sa seule exigeance avec été de trouver un appartement avec un grand velux pour pouvoir regarder le ciel la nuit. Ca ouvrait grandement son espace, et finalement, ça lui plaisait beaucoup.

Le jeune homme avait cependant mis les pieds dans ce magasin de décoration dans l'espoir de trouver de quoi caler ses livres, ceux-ci ne cessant de tomber.

Il déambule lentement dans les allées, tombe sur un cale-livre plutôt enfantin. Il fait la moue. Il aurait préféré quelque chose de plus sobre, ou en tout cas, peut-être moins coloré.

Hyean relève la tête doucement, laissant échapper un "oh" d'entre ses lèvres qui ne témoigne guère de sa surprise. Il reste étrangement calme et ne se sent pas vraiment concerné par la tempête qui semble avoir lieu dehors, et continue son shopping comme si de rien n'était.

Jusqu'à que quelqu'un l'interpelle pour savoir s'il travaille aussi. Nouvelle surprise pour Hyean, qui ne pense pas avoir la tenue de quelqu'un qui travaille dans une boutique comme celle-ci, tout vêtu de noir.

Il n'a pas le temps de répondre que l'orage gronde de nouveau. L'inconnu vers lequel il s'est tourné, dans le but de lui répondre, laisse tomber son téléphone au sol alors qu'il couvre ses oreilles de ses deux mains. Il ne comprend pas le hacker, loin de comprendre toutes les subtilités de ce monde.

Hyean s'approche doucement, ramasse le téléphone au pied de l'inconnu. Il reste planté là, ne sachant pas comment réagir dans une situation comme celle-ci.

— Tout va bien ? Il demande platement.

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Il fait noir et on y voit à peine quand les éclairs zèbrent le ciel de l’autre côté des fenêtres. Les deux mains plaquées sur chacune de ses oreilles, Haryu a l’impression que son appareil auditif glissé dans celle de gauche n’offre qu’une douleur lancinante quand l’orage gronde. Est-ce normal ? Non. Cela ne lui est jamais arrivé à cause d’un temps pareil. Alors il grimace un peu, certain de savoir qu’il a bien trop attendu pour le faire régler ; ou changer.
L’autre garçon non loin de lui son téléphone portable qu’il a fait tomber entre ses doigts. L’archer ne le récupère pas tout de suite, apercevant à peine les lèvres de l’inconnu bouger quand il n’entend pas les mots qu’il prononce. Il les devine. Parce qu’il ne doit pas faire bonne figure dans cette situation. Ses achats abandonnés plus loin, sa maladresse et cette posture peu à son avantage… Haryu déteste ce moment, aimerait tout fracasser autour de lui alors qu’il en est l’unique responsable. “ça va.” Il balaie ses propres mots en se redressant un peu, lui tend la main pour lui faire signe de lui rendre son portable dont le faisceau lumineux de la lampe torche l’aveuglerait presque en plus du fait qu’il soit à moitié sourd. “Je peux le récupérer ?”
Il plisse légèrement les yeux avant de se tourner vers les autres étagères du magasin, se demande combien de clients ils sont à y être enfermés. “On ne peut pas sortir d’ici, pas vrai ?” Il n’y a aucun vendeur qui vient les voir, car Haryu a bien compris que son interlocuteur ne fait pas partie de l’établissement. Ils devraient peut-être se diriger vers la sortie de secours ? Ou se contenter d'attendre ici que quelqu'un se préoccupe de leur sort ? Haryu triture son oreille gauche, nerveux. Se retrouver enfermé ne lui procure que d'affreux souvenirs dont il ne veut pas.

outfit | Hyean est calme, posé. Rien ne semble le perturber. Mais cela ne semble pas être le cas de l'autre garçon face à lui.

Le jeune homme lui rend le téléphone à sa demande, ne se fait pas prier ; il n’est pas venu pour voler après tout. Il avait appris bien assez tôt qu'il fallait pas voler ; même s'il l'avait appris durement.

— Je ne sais pas.

Il dit après que l'autre lui ait demandé s'ils pouvaient sortir du magasin. Ce n'est pas comme le jeune homme avait eu le temps de poser la question.

Mais l'idée de sortir ne lui paraissait pas prometteuse ; vu l'orage qu'il y avait, il y avait de grandes chances qu'il pleuve également, et plutôt à torrent. Ils n'auraient pas fait 100 mètres dehors qu'ils seraient dehors trempés.

Il entend un employé du magasin qui crie de garder son calme et de se diriger vers la porte de secours, signalée par des panneaux vert en l'air. Ceci étant dit, les conditions actuelles les obligent peut-être à évacuer plutôt qu'à faire selon le bon vouloir de chacun.

Hyean observe un instant vers le haut, cherchant le fameux panneau vert lumineux, avant de pointé la bonne direction à son interlocuteur, dont il tapote l'épaule pour attirer l'attention.

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Plus les minutes passent et plus Haryu se dit qu’il n’aurait jamais dû y venir. Les autres sportifs du club auraient pu s’en charger et, pour lui, ce sera la dernière fois qu’il ne prêtera pas vraiment attention à ce qu’ils pouvaient raconter – parce qu’il ne peut pas avouer que la faute quasi entière revient à son ouïe qui s’échappe, déraille. Il se frictionne d’ailleurs l’oreille encore quelques secondes, soupirant au vue de l’atmosphère peu encline à l’aider à sentir son cœur battre tranquillement sous sa poitrine. Il n’a clairement pas envie de céder à la panique, encore moins face à son interlocuteur qui paraît bien plus serein que lui.
Soudain, ils peuvent entendre un employé crier des consignes, appuyer les paroles d’Haryu avancées un peu plus tôt à l’autre client. Trouver les sorties de secours et s’y diriger dans le calme. La même interrogation revient à l’esprit du sportif : combien sont-ils enfermés dans ce magasin devenu un véritable labyrinthe dans l’obscurité ? L’archer triture son téléphone portable entre ses doigts, respire le plus paisiblement possible quand les images du passé s’imposent et se superposent. Il déglutit, sursaute même en sentant le contact instauré par l’autre jeune homme à ses côtés. Il suit son index, acquiesce. “Allons-y. Je n’ai pas très envie de rester coincé ici…” Un bref murmure abandonné avec les achats qu’il ne fera pas.
A l’extérieur, le temps ne semble pas encore près à se calmer et lorsqu’un éclair résonne jusqu’à eux, Haryu s’agrippe par automatisme à la silhouette non loin de lui. Sa main enserre le poignet de l’inconnu et il lui faut quelques secondes avant de s’en apercevoir. Aussitôt, il le relâche, gêné. “Désolé, les bruits trop forts ne sont pas ceux que je préfère.” Il se sent un peu idiot, détourne la tête et retrouve le chemin à travers une allée. Vivement qu’il soit sorti de là.

outfit | Hyean n'est pas connu pour faire preuve d'une grande empathie ; il est plutôt mauvais dans ce domaine. Il ne sait pas comment agir dans ces cas-là. Ce n'est pas sa faute, pourtant, mais on lui reproche quotidiennement de ne pas être dans la norme. C'est souvent que son comportement génèrent des malentendus et qu'on lui prête des intentions qu'il n'a absolument pas. Le jeune homme s'occupe de ses affaires, sans se préoccuper de celles des autres. Il a même parfois du mal à s'occuper des affaires de ses propres amis. Hyean n'intervient seulement que quand la vie d'autrui est en danger ; parce qu'il ne veut plus jamais se sentir impuissant dans ce genre de situation.

Le jeune homme est détendu – habitué au chaos peut-être. Ou alors l'absence d'émotions dans son coeur. Pour autant, malgré ce qu'il inspire, Hyean se retrouve être bien souvent une figure rassurante pour beaucoup.

Paradoxes bien nombreux qui amènent à ne pas savoir quoi penser du coréano-japonais.

Pourtant, l'inconnu sursaute quand il tapote son épaule – il se dit qu'il n'aurait peut-être pas dû faire ça et en même temps, il ne sait pas comment il aurait pu faire d'autre.

Il lui indique de prendre la sortie dans un soupir, ce à quoi il acquiesce. Pourtant, ils ne bougent pas immédiatement ; un éclair tonne et Hyean sent l'autre l'empoigner et serrer son bras. Il le regarde lui, puis l'endroit où leurs corps sont reliés, peut-être étonné, puis regarde de nouveau l'inconnu. Quand il s'en rend compte, il le relâche immédiatement, non sans une émotion que l'étudiant ne parvient à identifier, tout en s'excusant.

— Pas de problème.

Hyean range alors ses mains dans ses poches et se met alors en chemin de la sortie, suivant de près par son compagnon d'infortune.

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Oui, l’infortune, c’est bien cela le problème actuel. Haryu tente de faire le vide dans son esprit pour se concentrer sur les pas qu’il avance devant lui. Les rares lueurs qui éclairent les rayons lui permettent de ne pas avoir à ressortir son téléphone de sa poche, de peur que ses doigts glissent encore et le fassent tomber au sol. Il suit son interlocuteur tout en se demandant si la façon dont il vit cette situation est vraiment sereine ou si elle n’est qu’une façade. Il ne lui posera toutefois pas la question, ayant auparavant remarqué qu’il n’est pas très bavard. Dans sa tête, Haryu maudit encore une fois ses coéquipiers de l’équipe de tir à l’arc qui ne lui ont pas donné d’autres choix que de venir se perdre dans cette boutique de laquelle, au final, il risque bien de sortir sans rien avoir acheté. Il jettera l’éponge et laissera les autres y revenir. Lui n’a pas envie de rester encore coincé dans un endroit pareil. Nul part, d’ailleurs.
Parce que les souvenirs font écho en lui et Haryu ne se sent pas particulièrement à l’aise dans l’obscurité. Ne dit-on pas que les démons s’y tapissent ? Il aimerait que son chat soit là. Et Shôta, aussi. Bien qu’il n’ait encore jamais eu l’occasion de le voir dans un état différent. Haryu conserve bien souvent ses émotions en lui, toutefois, en ces quelques minutes, il pourrait presque avoir envie de s’enfoncer entre deux étagères et de s’y recroqueviller en attendant que tout cela cesse. Est-ce que la lumière va revenir ? Combien de temps va durer cet orage ? Ils ne vont tout de même pas les garder enfermés ici toute la nuit. Quelle plaie… L’archer abandonne un soupir tandis qu’ils finissent par rejoindre le point de rendez-vous annoncé par les employés un instant plus tôt.

outfit | Hyean, sans savoir réellement pourquoi, se retrouve à être le meneur de cette marche vers la sortie. Alors qu'il est loin d'être le premier à vouloir s'en aller de cet endroit, bien au contraire. Il resterait bien jusqu'à que la tempête se calme, pour éviter la pluie et ses conséquences ; celle d'arriver chez lui trempé jusqu'aux os.

Le jeune homme semble confiant, son téléphone maintenu du bout des doigts pour éclairer l'allée devant lui et éviter tout obstacle éventuel ; un panier abandonné ou encore un caddie désoeuvré... Bref, Hyean est véritablement serein dans cette situation il semblerait. Et à dire vrai, quand on prend le temps d'y réfléchir, il ne semble pas que Hyean puisse avoir peur de quelque chose. Son panel d'émotion est extrêmement faussé, et la peur, s'il la ressent, ne lui apparaît pas comme tel. La plupart de ses émotions lui apparaissent même comme émoussées, inexistantes. Mais il y a bien une chose qui l'effraie, une seule : c'est de perdre à nouveau quelqu'un qu'il aime. Si tenir l'être aimé dans ses bras au moment de sa mort est quelque chose de traumatisant pour n'importe qui, ça l'a particulièrement été pour le jeune homme qui n'avait jamais été confronté à un tel flot d'émotions.

L'étudiant en cybersécurité est donc loin de comprendre son compagnon d'infortune. Aussi parce qu'il a longtemps vécu enfermé dans sa chambre d'enfant. Cet épisode a été assez long pour qu'il ne ressente plus rien à l'idée d'être enfermé. Au contraire, aujourd'hui il se sent même presque plus à l'aise de vivre dans un miniscule studio, où une personne lambda peinerait très probablement à faire rentrer le minimum syndical pour vivre. Une chance que Hyean est un style de vie très minimaliste malgré lui.

Les deux compères finissent par rejoindre le lieu de réunion indiqué. C’est la pluie torrentielle qui les accueille. Hyean se stoppe net avant de dépasser la porte. Il n’a pas envie de se mouiller ; sûrement parce qu’il n’a rien prévu pour se couvrir de la pluie et qu’en conséquence, la pluie, ça mouille, et qu’il n’a pas envie de se mouiller. Ça n’a rien de confortable.

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Si Haryu n’est pas franchement du genre à se morfondre dans des situations qui le dépassent, il faudra aujourd’hui repasser pour ce qui en est de son côté téméraire. Heureusement, son interlocuteur paraît bien plus serein dans ce problème et, quelque part, cela permet aussi à Haryu de se détendre et de faire le vide dans son esprit. Il lui est bien inutile de ressasser le passé.
Éclairés par la lampe torche du téléphone portable, ils peuvent ainsi progresser à travers les rayonnages. Haryu imagine déjà les expressions de ses camarades du tir à l’arc lorsqu’il avouera n’avoir rien acheté bien qu’il se soit rendu au magasin. ça ne fait rien, il haussera les épaules et les laissera se débrouiller entre eux.
Les mains enfoncées dans les poches de son pantalon, sous le bruit d’un nouveau coup de tonnerre, l’archer n’a pas pu s’empêcher de grimacer un peu. Est-ce à cause de ce maudit appareil accroché à son oreille ? Certainement. Il sait que le dispositif devient de plus en plus désuet et qu’il faudrait qu’il aille consulter… Malgré tout, Haryu choisit de faire comme si rien de tout cela n’existait vraiment. C’est bien plus aisé de poursuivre sa petite routine en imaginant qu’aucune différence ne l’a surpris.
"Vous ne sortez pas ?” Il s’est penché vers son vis-à-vis avant de comprendre qu’il s’agit peut-être du problème de la pluie. Problème qui le concerne tout autant mais pour une autre raison. Il fronce les sourcils en observant autour de lui, visant les caisses et quelques parapluies en vente au bout. Haryu se permet d’en attraper un pour l’ouvrir sous la pluie et fait signe à celui qui l’a aidé jusqu’ici. “Je le rendrais à un vendeur une fois qu’on aura traversé. Vous venez ?” Plusieurs autres clients sont déjà en train d'évacuer et, malgré la pluie qui continue de tomber, l'orage semble à présent s'être déplacé.

outfit | Le reste du trajet dans le magasin, l'autre homme semble le suivre sans broncher davantage, ignorant que c'est son calme qui rassure son vis-à-vis. Surtout qu'il ne réagit pas vraiment au tonnerre qui gronde à l'extérieur. La peur n'est pas quelque chose qui lui est extrêmement familier. La majeure partie du temps, il vit sans se préoccuper et s'inquiéter de quoi que ce soit. Une liberté d'esprit que n'importe qui envierait – mais qui est problématique poussée à l'extrême.

La pluie lui rappelle toujours aussi le jour où il a perdu Sieun. Ca ne faisait plus aussi mal qu'au début, mais il est toujours un peu amer quand les souvenirs de cette soirée lui reviennent en mémoire. C'est peut-être la seule fois de sa vie où il a vraiment eu peur, mais aussi où il a ressenti de choses en même temps. Hyean avait ressenti des émotions qu'il n'aurait pas soupçonné chez lui. Sa soeur adoptive avait été d'un grand soutien pour l'aider à mettre des mots sur tout ça quand il n'y parvenait pas. En parler l'avait beaucoup aidé à aller mieux, même si certaines choses demeuraient.
Et puis il avait encore des choses à faire dans ce magasin. Ca perturbe ses projets et il ne sait pas bien trop quoi faire de sa peau s'il ne peut pas atteindre son objectif.

Les yeux de Hyean s'écarquillent quand il voit le jeune homme se saisir d'un parapluie, qui est au magasin, et s'éloigner, l'ouvrant comme si celui-ci lui appartenait. L'étudiant ne voit pas les choses sous cet oeil.

— Il ne faut pas voler, il fait remarquer, comme si son vis-à-vis ne le savait pas.

L'autre se justifie en disant qu'il le rendra plus tard. Mais tout de même, ce ne sont pas des façons de faire, il se dit. Il est vraiment bizarre – dixit le mec qui a hacké une énorme entreprise pour s'entraîner et vérifier que ses systèmes d'informations sont bien sécurisés.

— Non ça ira, merci, il tranche finalement.

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La main sur le parapluie, Haryu ouvre la bouche comme pour dire quelque chose, mais ne le fait pas tout de suite. Il déporte son attention de l’objet à son interlocuteur, conscient que son idée peut paraître un peu étrange, mais, bien qu’il n’ait pas l’envie de se justifier, il possède un appareil auditif qui sera encore moins efficace s’il le laisse prendre l’eau. Puis, d’une certaine manière, même si ce garçon l’a aidé à l’intérieur du magasin, il ne lui doit plus rien. “Je ne suis pas un voleur sinon je n’aurais rien dit.” Il resserre les doigts sur le manche du parapluie, s’avançant hors de l’auvent qui les abrite jusque-là. “Entendu, mais pour ma part, je ne prendrais pas le risque de bousiller un appareil que je ne pourrais pas me repayer. Je pense que les vendeurs le comprendront.” Haryu n’est pas du genre à se montrer désagréable, malgré tout, il ne se laisse pas non plus faire. Il n’apprécie pas tellement le fait de se faire traiter de voleur quand ses intentions ont été claires et énoncées dès le début.
Au cas que son interlocuteur change d’avis, il lance un dernier regard par-dessus son épaule avant de s’aventurer sous la pluie et de parcourir les plusieurs mètres qui le sépare du point de rendez-vous des employés. Manifestement, les clients ne vont plus tarder à pouvoir rentrer chez eux, une fois qu’ils seront assurés que tout le monde est en sécurité et va bien. Haryu se sent épuisé alors qu’il n’a finalement fait aucun achat. Cela dit, ça grésille un peu à son oreille, à cause de l’orage, de la pluie, de cette ouïe, à l’évidence, qui s’efface à mesure que les jours de l’année progressent. Il abandonne un soupir en glissant une main dans ses cheveux, prenant place parmi les “rescapés” de cette mésaventure. Il espère que tout cela ne va pas prendre plus de temps pour qu’il ait, lui, assez de temps pour étudier avant de s’octroyer un repos bien mérité.