Ô gamin trop ambitieux, à la poursuite d'une vie qui ne lui correspond pas, à vouloir se brûler les doigts face aux divines tentations, passions oubliées, écartées, pour ne plus voir qu'elle et ses millions d'épines attendant de se planter dans les chairs immaculées. Les esprits marionnette dansent ensemble sous un ciel gangrené, Sahan prisonnier de sentiments trop puissants.

Croisée il y a tant d'années, à lui laver l'esprit, Sahan la reconnaîtrait entre mille, celle qui, petit, l'a guidé sur la voie de la danse, le forçant à défier les préjugés de ses parents, à affronter les foudres d'un père violent qui refusait que son fils se trimballe en collants moulants. Amour d'une vie, aveuglé par ce qu'elle dégage, jusqu'à décider de la suivre là où elle irait.

Taux de compatibilité critique
Je vous attends sur le parking

Les battants qui dansent ensemble, ronde qui s'installe aux limites des toxicités. Les fréquentations récurrentes, sans jamais pourtant affirmer qu'ils s'aiment, qu'ils veulent être ensemble. Les courbes s'alignent, puis se croisent, au rythme des valses, des tangos, des fox-trots, passions partagées des amants insouciants. La pression monte, elle est si puissante qu'il a l'impression de voler.

Il a dit qu'il la suivrait, alors il l'a suivie. Ultime affront de ses parents, quitter la toxicité d'un foyer pour embrasser celle de l'amour, et il se retrouve à Busan, car elle a de l'ambition, elle veut s'élever dans leur milieu, et Sahan, il est prêt à tout pour elle. Tandis qu'elle l'utilise comme tremplin, lui est trop naïf pour comprendre qu'elle ne fait que se servir de lui. Et quand il rentre seul le soir, car elle lui dit qu'elle veut faire la fête, il ne peut pas la retenir, ne sait pas comment faire.

Crash du système, retour à l'état initial

Il est dans le déni Sahan, il ferme les yeux sur les marques qui habillent la nuque de sa belle, se laisse envahir par la dépression, sans jamais oser se séparer d'elle, car il l'aime, si fort, il a tant sacrifié, qu'il n'a pas d'autres options que la mort. Et pour affronter la vie, il sort aussi, goûte aux atrocités, baissant la tête quand elle se met à le réprimander. Elle ne le laisse presque plus la toucher, Sahan sait qu'elle trouve son bonheur ailleurs, mais il ferme les yeux, parce qu'il ne peut pas la perdre.

Se sentir couler, submergé, menacé, société qui ne convient plus à l'être forgé, le cœur trop brûlant, il explose, creuse un trou béant dans sa poitrine, et lui, il plonge, se laisse envahir par la tranquillité des profondeurs maritimes, pour ne plus rien entendre, ne plus rien sentir. L'appel du repos éternel, les lumières vacillent au-dessus de lui, les bulles d'air remontent, les poumons se serrent. Busan sera son tombeau ce soir, elle sera le croque-mort aux allures de sirène, elle le repêchera lui, pour tuer un peu plus ses émotions.

« Meurs pas pour moi Sahan, tu vaux mieux que ça. »

Donc j'sors un soir sur deux,
J'bois au goulot toute la liqueur
Pour avoir l'air sûr de moi,
Juste un peu plus qu'eux

Il ne comprend plus, se sent dépassé. Et malgré les fleurs pour ornementer ses discours, elle refuse, le rejette, piétine son amour d'une cruauté malsaine. Elle est comme toujours et pourtant, Sahan semble la regarder pour la première fois. Elle ne pose plus ses yeux sur lui, sourit à tout le monde sauf lui, il est perdu, désemparé.

J'ai vu tes fleurs, et ça ne m'a fait... Aucun effet.

– Pourquoi tu m'fais ça?
– Tu le sais, tu cherches la réponse, mais c'est la question qui m'inquiète.
– Tout c'qu'on a vécu, c'était réel au moins?

Elle aura fini par le jeter Sahan, désormais livré à lui-même et ce qu'il redoute le plus au monde, la solitude. Dans un pays qui n'est pas le s'ien, il ne sait pas où aller, il finit par s'égarer, au pied d'un supermarché. Sous les lumières vacillantes, il ouvre enfin les yeux, et quand la silhouette d'un autre homme s'approche, il lève ses prunelles vers son visage, lui tend sa bouteille, le sourire aux lèvres.