crumble

-- ft haru

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( outfit ) Et juste comme ça, tout peut s’effondrer. La famille Seomun, qui se remettait à peine du décès de son patriarche, accuse un nouveau coup dur, comme si le sort s’acharnait à les maintenir à terre. Ce sont d’abord les cinq enfants qui ont dû passer des examens – et puis ce qu’il redoutait a fini par arriver, on a appris à Shin que bien que n’étant pas les enfants du défunt, sa mère et lui partageaient tout de même des gènes avec lui, et qu’alors le risque ne pouvait être de zéro. Et tout de suite, le jeune homme est devenu plus soucieux – car après Haru et lui-même, sa mère est la troisième personne qu’il aime le plus sur cette Terre ; qu’il est trop tôt pour la quitter. Que lui-même n’a pas encore accompli ses objectifs de vie, alors pour lui aussi il est trop tôt – bien trop tôt. Alors les examens ont été passés – et c’est finalement presque la pire partie de tout ce processus qui débute alors : l’attente. L’attente qui laisse impuissant. L’attente qu’on ne peut que subir, sans savoir précisément quand elle prendra fin. L’attente qui s’étire inexorablement, laissant à l’esprit tout le loisir de se figurer les pires scénarios possibles et imaginables.

Il dort mal, en ce moment, Shin. Fait des mauvais rêves qui le réveillent au milieu de la nuit, à base d’annonce tragique et d’hôpitaux, de perfusions et d’enterrements. Comme tout un chacun, il n’a pas la moindre envie de revivre l’enfer connu l’an dernier – ni en tant que spectateur, ni en tant qu’acteur, cette fois-ci. Et bien égoïstement, si cette maladie devait bien tomber sur quelqu’un – car ils sont tout de même sept à avoir passé le test, aussi ça lui semblerait être une véritable grâce du Ciel s’ils devaient tous être épargnés –, il préférerait mille fois que ce soit sur un autre de ses cousins que sur Haru, sa mère ou lui-même. Il en sacrifierait un sans hésiter si cela pouvait lui permettre de garder à ses côtés ceux dont il a besoin pour vivre ; pour fonctionner correctement dans ce monde qui n’a été que trop cruel avec lui.

Et c’est cette attente poisseuse, étouffante qui a envahit ce duplex au cœur du quartier des affaires. Assis sur le large canapé noir, Haru à ses côtés, le regard de Shin ne peut s’empêcher de revenir sans cesse au smartphone dernier cri posé entre eux deux. A se demander s’il sonnera aujourd’hui, ou s’il devra se coucher ce soir encore la peur au ventre, sans aucune idée de si sa vie devra basculer dès le lendemain.

Il a toujours adoré l’inconnu, Shin,
Le goût du risque, et rompre le quotidien.
Mais là, le jeu il est plus marrant, d’un coup.

- Ils m’ont dit c’était aujourd’hui, lâche-t-il de but en blanc, mais ces connards de l’hôpital, ça fait déjà trois jours qu’ils me disent ça.

Il passe une main fatiguée sur son visage, demande à Haru :

- S’ils t’appellent pour te dire de venir c’est que ça pue, non ? Quand y a rien ils t’envoient juste un SMS c’est ça ?

crumble

-- ft shin

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( outfit ) Rebelotte, encore et encore cette même rengaine que tu commences à connaitre par cœur. C’est pas faute d’haïr le moment pourtant, pas faute d’être toujours autant angoissé quand vient le moment d’attendre les résultats. T’as l’impression d’être au bord du précipice, frôler de justesse la chute à chaque fois. Quand le téléphone sonne c’est le cœur qui s’arrête de battre le temps d’un instant, les méninges qui se mettent en route à inventer toute sorte de scénario catastrophique.

Et aujourd’hui c’est le tour de Shin,
Aujourd’hui t’es encore plus stressé que d’habitude.

C’est horrible à dire, une façon de penser qui te dégoute au plus haut point mais au fond tu te dis « pas lui, tout mais pas lui. » car il est trop important pour toi. Important pour cette famille. Il est le plus réfléchis de vous tous, celui qui sait quoi faire quand l’heure est grave. Il est celui qui ressemble le plus à ton père et pour ça tu l’admires Shin. Alors t’espère bien qu’il ne sera pas touché par cette maladie de merde. Ton cousin que tu fixes alors, le voit bien qu’il commence à avoir du mal à gérer son impatience, canaliser son stress.

- ça va arriver ... Détend toi un peu.

Conseil que tu devrais appliquer dans un premier temps toi le premier, car t’es tout sauf détendu là tout de suite. Ta jambe tressaute, tes poings sont fermés et serrés dans les poches de ton gilet. T’en peux plus d’attendre des résultats et pourtant c’est loin d’être fini. Après Shin il restera encore ta sœur, ta tante à tester. Toi aussi en réalité mais tu ne le feras pas donc inutile d’y penser. C’est mieux d’écouter Shin faire des théories, se questionner sur la procédure : Est-ce qu’ils vont l’appeler ? Lui envoyer un message ? Il n’en sait trop rien et pour une fois tu peux apporter des réponses concrète à ses questions légitimes.

- Ouais si ils t’appellent pour venir c’est qu’il y a un truc sinon tu vas recevoir un sms pour te prévenir que tes résultats sont prêt et qu’ils t’ont envoyé le compte rendu par mail.

Et c’est ce qu’il va se passer, il va recevoir un sms et rien de plus. T’espère qu’il le sait, tu viens alors taper son épaule, le regarde dans les yeux en disant d’un air taquin pour détendre l’atmosphère :

- Tu le sais que t’as rien hein ? Tu vas vivre jusqu’à cent ans... P’tit cafard, on ne t’extermine pas comme ça !

crumble

-- ft haru

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Son aîné lui conseille de se détendre, et à ces mots, Shin délaisse son téléphone pour porter toute son attention sur le brun, un sourcil arqué dans sa direction. L’air de lui demander s’il est bien sérieux de lui recommander cela ; si cela lui semble être un conseil adapté – applicable dans une telle situation. Car c’est plus facile à dire qu’à faire, lorsqu’une poignée de mots suffisent à sceller son destin tout entier – à lui dicter s’il pourra reprendre sa vie comme si rien ne s’était jamais passé, ou si c’est tout ce qu’il a bâti qu’il verra s’effondre sous ses pieds.

Il demeure moins stressé que lorsqu’il attendait une réponse des investisseurs à la fin de ses études, ceci dit.

- J’aimerais bien t’y voir…, grommelle-t-il. T’as toujours pas eu tes résultats, toi non plus, hein ? Tu me préviens direct quand tu les as de toute façon.

Naïf Shin qui s’imagine qu’à l’image de tout le reste de la famille, son cousin s’est lui aussi prêté au jeu cruel des examens ; n’a cependant pas entendu parler de ses résultats, et pourtant il lui demande des éclaircissements sur la procédure dictant leur annonce, comme si Haru était mieux habilité à savoir que lui. Mais pour une fois, le brun a bel et bien des réponses à ses questions – des pistes pour mieux le guider. Comme Shin l’avait compris, un simple SMS est de bon augure ; un appel, en revanche, n’annonce rien de bon. Alors c’est doucement qu’il hoche la tête, l’air concentré lorsqu’il reporte son attention sur le cellulaire posé entre eux.

- Okay. Ben on va espérer que ce téléphone de merde sonne pas alors.

Et comme si Haru percevait son stress – son besoin d’être rassuré, que ce soit par un SMS sans heurt ou par une voyante qui pourrait lui assurer que tout ira bien pour lui et pour ses proches –, il vient lui tapoter l’épaule ; lui assure qu’il vivra jusqu’à cent ans, le qualifiant au passage de cafard impossible à exterminer. Et il fronce alors les sourcils, l’air contrarié lorsqu’il lui rétorque :

- Je vais passer sur la comparaison dégradante avec cette insecte de merde, mais sérieux, t’es pas fatigué de me vanner sur ma taille ? Renouvelle-toi un peu j’sais pas, puis t’es même pas si grand pour vanner en vrai, si moi je suis un cafard toi t’es une blatte tout au plus.

Un soupir contrarié qui s’échappe d’entre ses lippes, alors même qu’il adresse un dernier regard assassin à son cousin ; croise les bras sur son torse, fixant droit devant lui lorsqu’il finit par lâcher platement :

- On fait quoi pour fêter le fait qu’on aura rien tous les deux ? On se tire quelque part au soleil ?

crumble

-- ft shin

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Tu souris mais le cœur n’y est pas, t’hoches de la tête mollement par pur désir que la conversation s’éloigne vite de toi quand Shin te demande de lui communiquer tes résultats lorsque tu les auras. Le hic, c’est que tu n’as jamais passé les tests, ne compte pas les passer tout court. Alors tu mens, fait croire à tout ton beau petit monde que t’es dans la même galère qu’eux, que t’attends avec impatience la délivrance lorsqu’en réalité, t’es le plus peureux d’eux tous.

Tu préfères alors mourir ignorant, ne pas connaitre ta sentence.

Et puis tu ne veux pas inquiéter les tiens, les replonger dans un nuage sombre comme ça a été le cas avec ton père si c’est toi le mouton noir de la famille. Que t’ai la maladie ou non au moins personne n’aura à s’imaginer le pire. De la même manière que tu ne veux pas que Shin s’inquiète pour son propre cas, toi t’es certain qu’il n’aura rien et que jamais la sonnerie retentira dans cet appartement.

- Il sonnera pas, j’te le dis ok ?  

T’es convaincu, fait au mieux pour détendre ton frère qui lui ne semble pas encore au max de la détente. Il n’arrive même pas apprécier le doux surnom que tu lui donnes, t’accuses d’encore et toujours le vanner sur sa petite taille lorsque tu n’es pas franchement plus grand. Tu pinces ainsi les lèvres un instant, tente de ne pas lui rire au nez. Car il fait preuve de bien trop de mauvaise foi Shin, n’assume pas qu’il y a au moins une tête qui vous sépare.

- blatte et cafard sont cousins, voir frères non ? Finalement ça nous ressemble bien ouais !

Coussin que tu lui envoies dessus avant de te remettre sur ton téléphone, zyeuter un instant ton écran juste avant qu’il n’ajoute qu’il est impatient que vous ayez tous les deux vos résultats, te demande déjà vers quelle destination vous vous envolerez une fois libérer de la malédiction qui semble vouloir s’abattre sur vous. Tu gonfles un peu les joues, un peu stressé. A vrai dire, tu ne sais même pas quoi lui répondre à Shin. Tu bafouilles, ouvre la bouche pour mieux la refermer. Tu vois bien qu’il perd patience ton cousin alors finalement tu réponds :

- J’ai pas congés illimité tu sais ... J’crois ça attendra l’année prochaine nos prochaines vac’ en duo... Mais on ira boire un verre ? Sans souci... Faut bien fêter ça...

Son regard que t’évites car tu sais qu’il risque de capter le pot aux roses. Tu te lèves alors rapidement, te dirige vers sa cuisine en lui demandant :

- Tu veux une bière là ? J’crève de soif perso’

crumble

-- ft haru

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Haru lui répète que son téléphone ne sonnera pas, comme on dit de beaux mensonges à des enfants naïfs, avec l’espoir que si on les répète suffisamment de fois, ils finiront par y croire. Et Shin sauve les apparences – Shin, il garde la face devant son cousin, s’efforce de prétendre en être aussi intimement convaincu que lui peut l’être, une confiance feinte imprimée sur ses traits lorsqu’il répond :

- Non non il sonnera pas, je le sais très bien. Il peut pas en être autrement.

Et forcément, c’est plus facile de changer de sujet. C’est plus facile de dire des conneries, de s’offusquer des surnoms que Haru peut lui donner parfois, de cette passion qu’il met à se moquer de sa taille qui, il le trouve, est tout à fait respectable. Il a rencontré un type qui mesurait un mètre soixante-cinq, une fois, alors il n’estime pas qu’il y ait matière à se moquer de quoi que ce soit le concernant. Et à son tour, il traite le brun de blatte – ce qui semble bien moins l’offusquer que lui, il en rit même, Haru, prétend que comme eux ces deux espèces sont cousines. Et Shin s’écarte comme il peut pour éviter – sans grand succès – le coussin que lui envoie son aîné – le lui renvoie à la première occasion, plus fort, évidemment.

- Et tu te réjouis d’être comparé à de la vermine… J’sais même pas pourquoi je suis surpris…

Il fait genre, en réalité, lorsque dans les faits, d’eux deux, c’est bien lui qui mériterait pareille comparaison – Haru, c’est certainement la meilleure personne qu’il connaisse, la plus droite, bien loin des viles machinations de son cadet. Et pour tenter de s’éloigner de leurs considérations un peu angoissantes, il se risque déjà à parler de l’avenir, lorsqu’il n’a pourtant jamais été aussi incertain ; fronce peu à peu les sourcils à mesure que les secondes s’égrènent sans réponse de la part de son cousin. Car Haru, il le voit gonfler les joues d’un air peu inspiré ; ouvrir la bouche, la refermer, sans qu’une bribe d’un son ne s’en soit échappé. Et il s’apprête à reprendre la parole pour le secouer, lui demander quel est son problème à la fin, lorsque son frère se décide enfin à lui répondre, l’air embarrassé, qu’il n’a pas des congés illimités. De quoi faire éclater de rire Shin, d’un air désabusé ; lui répondre comme si c’était l’évidence même :

- Eh, c’est bon toi, t’es ton propre patron, tu te fous de ma gueule toi… Tu peux bien mettre un des petits à la caisse pour une semaine hein, ou même je te les paye, moi, tes vacances, si c’est que ça.

Le principal, c’est qu’il puisse passer du temps avec son cousin préféré – que les choses se passent comme il l’a décidé. Mais déjà, comme s’il cherchait à fuir sans que Shin ne parvienne à comprendre pourquoi, il s’échappe en lui demandant s’il veut une bière ; l’air un peu circonspect, Shin lui répond :

- Ouais… Ouais, par contre j’espère t’as bien que ma marque dans ton frigo, comme je t’avais dit. T’es un faux frère sinon…

Mais comme pour le punir d’avoir dit trop de bêtises, c’est le moment que choisit son téléphone pour résonner dans l’appartement – et immédiatement, ses yeux se portent sur le cellulaire abandonné sur le canapé. Un numéro qu’il n’a pas enregistré, localisé à Busan – et ses yeux levés vers son cousin, le cœur à l’arrêt.