|	burned keyboards; @seomun haru

— Et les doigts s'étaient enflammés, sur les touches amères de celui qui ne voyait le jour que lors des équinoxes passagères. Temps défilant, devant ces écran carbonisant les prunelles des plus purs : mais lui ne l'était pas, car ô l'illégalité des codes et des armes contre ceux qui nuisaient à la vie et aux myocardes réels. Pourtant il se faisait calme, celui aux allures bien dangereuses et aux regards glaçants, sans doute ne fallait-il pas n'observer que les premières épaisseurs des âmes en mirages. Alors pour une journée, il avait délaissé ses appareils, opercules dissimulées un peu partout sur les plans de travails où les écrans décoraient la pièce. Murs, tables, il n'y faisait là qu'un travail de nuit : ombre indescriptible de tout ceux qui n'y connaissait rien, de tout ceux qui ne voyait en ce petit groupe aux doigts d'or mais sombre un danger de société. Plus qu'une rébellion : acte de vitalité pour tout ceux qui n'avaient qu'entre leurs mains les appareils à maudire.


Pourtant il tentait, de transmettre les messages sur ces poèmes aux paroles gravées dans le marbre. Car lui ne jurait que par la délicatesse des poésies et des vers, sur les murs à graver, sur les comptes à hacker. Et aujourd'hui, ce soir, sous les lueurs des lampadaires extérieurs, il comptait bien remplacer les publicités de leurs sites pour celles toutes faites d'un monde meilleur. Ô mais il savait qu'il ne pourrait pas avoir aussi facilement vice, ce démons des temps modernes. Et cette fois-ci il ne serait pas seul : car gamin qui l'accompagnait, gamin auquel il essayait de lui apprendre par malheur les dons des touches d'un clavier bien trop précieux entre les doigts des ombres nocturnes. Apprentissage des méandres de ce qui régnait sur les cieux : astres fleurissant sous les natures mortes des mois glaciaux d'hivers rudes.

Doigts qui s'emparaient des biscuits qu'il n'avait fait que mettre à la disposition de leurs prunelles, c'était sans doute ce qui remplissait le plus les placards d'ici, sans doute ce qui ne faisait que l'alimenter. Ô mais le coréen n'était pas très sain dans ses manière de vivre, car s'il le pouvait, il resterait sans doute planté devant ses écran et objectifs toutes les journées. Mais il y avait bien quelque chose qui le perturbait bien plus en ces moments, le regard vide de celui à ses côtés qui ne semblait rien écouter du tout à ses explications. Et il était patient, le blond, mais soupir las alors que la voix se racla tout doucement comme pour recapter son attention. "T'as suivi...ce que je viens de te montrer ?", question à la réponse évidente, mais il n'aimait pas parler dans le vent, qui appréciait cela après tout ? Sans doute était-ce juste ainsi qu'était supposé se passer ses cours où il ne faisait que s'émouvoir de pouvoir partager de tels savoirs. "Ca t'ennuie ? Parce que si c'est ça je vais te faire taper le code en entier, et te faire annoter les lignes pour me dire à quoi elles servent" Sévère, mais de sa voix posée et douce, il ne faisait cela que pour capter son attention : regard posé sur celui qui avait toute son écoute. Car les passions s'envoleraient pour venir créer les nouveaux astres d'un monde imparfait.

|	burned keyboards; @choi haeseong

— Le cliquetis des touches d’un clavier mécanique en fond sonore depuis des heures, il y avait celui qu’était concentré, les yeux rivés sur l’ordinateur. Lui-même programmé à ne faire que ça coder ; et puis il y avait l’autre, il y avait toi. Toi qui apprends depuis quelques mois maintenant à rentrer dans le système, au cœur des codes et des scripts qui te semblaient pourtant indéchiffrables il y a une année à peine. T’aimes bien cet apprentissage, aime la mécanique, les schémas, les chiffres qui défilent sur l’écran, les pixels qui s’affolent lorsqu’enfin vous réussissez à vous introduire dans ce qui devrait être l’impossible, l’interdit.

C’est captivant, surtout quand on est passionné comme l’est Haeseong. Tu sais qu’il pourrait rester le cul collé à sa chaise une nuit entière, à juste grignoter des biscuits comme un rat. Mais toi, au bout de quelques heures passé les yeux sur l’ordinateur, t'as les yeux qui brulent la patience qui s’étiole à chaque message d’erreur s’affichant quand tu tapes un peu trop vigoureusement sur la touche entrée. Alors forcément, à un moment donné, tu prends une pause Haru. Pendant que le garçon posé sur la chaise à ta gauche reste les yeux rivés sur son écran en te donnant quelques astuces pour débugger ce qu’il se passe sur ton écran, toi, tu te mets à zyeuter ton smartphone; découvre l’heure qu’il est. Et il est tard, beaucoup trop tard pour que tu puisse continuer à réfléchir, te casser la tête comme lui. Le cerveau qui se met en mode automatique, le OFF obligé. Par respect pour Haeseong, qu’il ne parle pas dans le vent t’hoches de la tête, scrollant continuellement l’écran de ton portable, passant des quelques messages que t’as pu manquer dans la soirée à instagram et le feed à - constamment -actualiser.

Le corps bien présent dans la pièce mais la tête à des kilomètres d’ici. Et surement que c’était la minute de trop dans ta pause. Surement que ce hochement de tête est celui qu’a mis la puce à l’oreille de celui qui est bien courageux de vouloir te former – te supporter des heures entières par la même occasion. Un raclement de gorge qui se fait alors entendre, sa tête que tu ne vois pas se tourner vers toi et pourtant, tu sens le poids de son regard sur ta personne. Alors tu relèves les yeux vers lui,mollement t'arque un sourcil tandis qu’il te demande si t’as écouté ce qu’il vient de dire.

- Je serais vraiment mal poli de pas t’avoir écouté …

Un sourire en coin, les bras que tu croises contre ton torse. Tu fais le malin, sait bien qu’il ne t’enverra pas le clavier à la gueule même si ce n’est pas l’envie qui lui manque. Haeseong que t’as appris à connaitre au fil des mois. Sa patience que tu testes, ses limites que tu titilles d’un peu trop près à chaque fois. Mais là, sous son soupire las, t’arrête de le faire chier et dit sincèrement :

- ça commençait à trop me prendre la tête en vrai, fallait je souffle un peu et comme je sais que tu vas me dire non si j’te propose d’aller manger un ramen dehors j’me suis évadé mentalement tu vois ?

Sans quoi, c’est toi qu’aurait fini par péter un câble, fini par jeter un clavier d’un bout à l’autre de la salle. Ta patience qui tient parfois qu’à un fil contrairement à celle de ton formateur qui semble s’étendre à l’infini. Et comme un professeur, il te sermonne, te donnerait presque une punition pour te faire rentrer une bonne fois pour toutes les codes dans la tête, ces putains de codes qui t'ont bien saoulé.

- T’oserais pas … Si ?

Le doute qui s’insinue jusque dans ta tête et à ton tour tu soupires, t’avachis sur ta chaise en regardant le brun continuer de faire ce qu’il sait faire de mieux. Il met toute son âme ce soir Haeseong et t’en viens à lui demander :

-  On doit vraiment finir ça avant que le soleil se lève ou tu me mets une pression juste pour que j’sois ton esclave … ?

Lueur d'espoir dans le creux des prunelles, l'espoir qu'il lui avoue qu'ils ont tout leur temps pour ça, qu'il peut prendre une vraie pause si ça lui chante. Mais au fond, il la connait la réponse, sait qu'il est trop borné haeseong pour reporter à demain son plan.

|	burned keyboards; @seomun haru

— Souffle des Empyrées qui s'était abattu d'entre ses lippes : celui dont les doigts n'avaient quittés les claviers que pour venir observer les dégâts d'une âme inattentive. Ô mais les colères auraient pu s'abattre bêtement sur le pauvre enfant qui avait osé ne tout simplement plus l'écouter, car ce qu'il disait n'était jamais à perdre, enseignement précieux pour ceux qui s'aventuraient dans ces voies bien étroites. Haeseong, il ne savait plus quoi dire, en le regardant les yeux las. Parce qu'il se retenait, restait calme en permanence. Mais sans doute aurait-il préféré qu'il ne lui annonce qu'une pause était désirée, plutôt qu'il ne se camouffle sous les écrans de son téléphone à simplement détourner sn attention pour instagram. Peut-être aurait-il pu réellement s'énerver pour recapturer son attention disséminée sous les vagues. "Mal poli hmm ? Alors si je te demandais de refaire ce que je viens de faire j'imagine que tu y arriverais du premier coup." Il savait bien, que tout n'était que jeu : premier à craquer, à tester les limites de chacun. Mais malheureusement pour le jeune homme, sans doute était-il beaucoup trop en proie au contrôle de soi-même pour ne parvenir à ne serait-ce que hausser la voix. Chose qu'il ne faisait, que quand les limites étaient atteintes, ou quand la situation s'y imposait.

Air insolent qu'il ignora, reculant vaguement sa chaise pour se tourner vers lui, biscuit entre les dents en le fixant simplement, il l'écouta finalement se justifier, sous les lumières colorées de ses ventilateurs de tour. Paupières qui clignèrent délicatement, il lança un coup d'œil vers l'heure de son ordinateur avant de se mordre un peu la joue. Temps passé à toute vitesse pour celui qui ne vivait que de cela. Les minutes passaient, s'écoulaient, sous les touches imprenables, et sans doute pensait-il que tout le monde pouvait suivre son rythme décalé et infernal. "Je vois. J'aurais préféré que tu me le proposes au lieu de ne rien...écouter. Pourquoi ? T'as faim ? On devrait peut-être faire une pause alors. De toute manière t'as l'air out. Les biscuits te suffisent pas ?", pas de reproche, de simples constats qui permettaient de l'affirmer. Sans doute que les lignes de codes avaient eu raison de lui. Et cela ne le dérangeait pas, de faire une pause repas si c'était ce que désirait le plus vieux, car il ne s'alimentait que de snack de son côté. Il n'était pas encore un tyran, même s'il aurait sans doute voulu finir cela dans la nuit à venir. Qu'importe. Il pourrait très bien s'en occuper un peu plus tard : temps limite qu'il n'avait pas pour empoisonner le monde.

Regard amusé, sous les airs désespérés de Haru, il observa l'état de l'avancée de son projet, avant de remarquer que de toute manière, il ne lui restait pas grand chose à ajouter. Envie de persévérer, sous les poèmes qui viendrait polluer les espaces. Alors devoirs qu'il venait de mettre sur la liste, pour celui désemparé. "J'oserais. Mais je pourrais aussi te les filer en simple devoir pour la prochaine fois. Ca te laisserait le temps." qu'il affirma avant de s'étirer un bon coup en passant sa main dans ses cheveux. "Entre ce que j'aurais voulu, et ce qu'on va faire, il y a une nuance à capter. Autant arrêter là pour ce soir car si c'est pour coder dans mon coin je peux très bien le faire plus tard.", ce qui ne faisait que résumer l'arrêt du cours. Car il finirait ça dans les heures les plus tardives : pour les premiers regards du matin sur les visages grisâtres. "On fera autre chose la prochaine fois. Qui j'espère te captivera plus. Mais ça ne rimerait à rien de te faire coder maintenant si t'en as déjà marre. A part ralentir la chose..." Il savait comment cela finirait, s'il ne faisait que le forcer, et ce n'était pas le but de l'apprentissage. L'envie, la passion, lui l'avait, mais il ne pouvait pas forcément la transmettre au même niveau, alors qu'il ne savait déjà pas communiquer correctement avec les autres. Et même après des semaines de rencontres, les regards avaient commencé à cerner la personne. Alors il ne pouvait que sourire, sous les demandes précises de ce dernier.


Regard réfléchi qui se perdit doucement sur ses mains, il releva le visage vers son partenaire d'une nuit avant de pencher la tête. "Et donc que veux-tu faire hmm ? Autre que coder." Manger sans doute, alors qu'il pourrait finir calmement ses codes un peu plus tard et avec plus de concentration. "Je t'enverrais le fichier une fois fini pour que tu l'annotes la prochaine fois. Je risque de le finir demain. Donc dans tous les cas on peut faire une pause. Si c'est ce que tu veux." Et lui n'en avait pas l'habitude, stratégie de toujours vouloir finir tout dans les temps qu'il se fixait : il en avait oublié cette liberté de vie qu'il refusait, qu'il ignorait.

|	burned keyboards; @choi haeseong

— Pas de réponse, les lèvres scellés l’une à l’autre plutôt que de t’enfoncer un peu plus encore dans ton mensonge. Car non, bien évidemment que t’as rien écouté. Si il te met à l’épreuve de refaire ce qu’il vient de faire tu serais bien emmerdé. Bloqué par ton manque d’expérience dans cette activité ; le codage que tu découvres à peine grâce à lui depuis quelques mois. Si pour le blond tout semble évident et d’une simplicité élémentaire pour toi c’est juste un gros bordel. Un bordel plaisant, un bordel dans lequel tu commences à prendre tes marques et tes repères, tout doucement. Mais pas ce soir, ce soir ça te casse la tête et c’est peut-être un peu trop rapidement que t’as lâché l’affaire.

La faute à cette envie de bouffer qui te tirailles l’estomac depuis quelques heures maintenant car t’as pas pris le temps d’aller t’acheter à manger avant de rejoindre le QG de Haeseong ; la faute à cette journée qu’a commencé trop tôt aussi. Car ta mère s’est occupé des livraisons à l’épicerie donc fallait bien que toi, tu t’occupes des deux plus petits à la maison. Les petits déjeuners que t’as dû préparer avant de les déposer à l’école et de rejoindre finalement ta mère pour une longue journée de boulot à faire l’inventaire de cette épicerie qui fut un temps, était ton lieu favoris de divertissement. Alors ouais, surement que t’es pas à fond ce soir. Surement que t’aurais même dû annuler cette session d’apprentissage pour ne pas faire trop perdre de temps à ton pote. Mais t’avais envie de penser à autre chose, t’avais soif de connaissance et maintenant t’as envie de te détendre après avoir passé plusieurs heures sur un logiciel qui ne veut pas coopérer. Plaisir coupable, plaisir que t’aurais préféré cacher et garder pour toi car t’as pas forcément envie de saouler Haeseong qui lui est totalement dans son élément.

- J’voulais pas te déconcentrer, t’es déterminé … Mais ouais j’commence à avoir faim c’est pas consistant tes biscuits là. J’sais pas comment tu fais pour te nourrir comme ça ?

La communication qu’aurait pu être ainsi plus simple si t’avais osé parler. Le truc c’est qu’Haeseong tu le connais sans trop le connaitre, chaque jour t’en apprends un peu plus sur lui. Garçon trop calme, docile. Et parfois, t’as pas envie d’imposer ta façon de faire ; tes envies à lui. Et alors tu le laisses faire, découvre les limites de sa patience, à quel moment il commence à légèrement s'irriter des choses insignifiantes, de ton comportement parfois agaçant. Ton comportement de p’tit con qu’a jamais muri qui ressort de temps en temps, lorsque les soucis plus importants se mettent en retrait dans ta tête.


Mais d’avouer que t’as faim et que t’es un brin lassé de coder ne règle pas le problème majeur. La sentence semble irrévocable et Hae’ semble déterminer à te coller des devoirs pour te rappeler qui est l’élève et qui est le maitre ici. Et tu ricanes en t’imaginant avoir du boulot à faire à la maison, ça te rappelle une époque cruciale de ta vie. L’école que tu n’as jamais chérie, porté dans ton cœur. Les devoirs que tu faisais quand l’envie te prenait et non pas aussi assidument que tes parents l’auraient souhaité. Et tu t’affales un peu plus sur ta chaise, ricane en lui répondant :

- Alala les devoirs … Mieux vaut pas m’en donner, soit je les rends en retards soit j’les fais jamais. J’pense c’est mieux que je fasse tout en direct sur place.

Car en réalité, ça te fait du bien de sortir de ton petit appartement. T’es content de venir jusqu’ici et de te poser sur un de ces sièges de gamer pour passer le temps, prendre un p’tit moment pour faire autre chose que des choses barbantes. Puis aussi froid et distant est il, la compagnie d’Hae est agréable. Mais ça, tu l’diras pas voix haute. Impossible.

- J’te dis, juste on fait une pause et après on s’y remet tous les deux car j’suis motivé et même pas fatigué spécialement … J’veux juste un peu reposer mes yeux tu vois l’délire ?

Ou pas. Car en disant ça, y’a un bâillement qui s’échappe de tes lèvres. Bâillement que tu viens immédiatement étouffer à l’aide de ta main et c’est le coup de trop à ton semblant de motivation. Ton pote comprends que tu vas pas aller loin ce soir et t’abandonnes une bonne fois pour toute, arrête de te voiler la face.

- Ouais bon ok, aller j’suis discrédité à jamais là…

Les lèvres que tu pinces en réfléchissant à ce que vous pouvez faire maintenant qu’il te le demande, t’as précisé que t’auras quand même du boulot à faire pour la prochaine fois. Des annotations, l’enfer... Mais c’est mérité tu le sais. Et en attendant, des dizaines et des dizaines de choses te viennent en tête. Alors tu gonfles tes joues, fait passer l’air d’une joue à l’autre comme si ton choix était crucial avant de finalement annoncer :

- Pas trop loin d’ici y’a un restaurant tenu par une vieille amie à ma mère qui fait du Dakgangjeong de folie avec quelques trucs à grignotter à coté j’suis sûr tu kifferais… Puis si on a envie de boire un verre on peut le faire là-bas … Si ça te dit ?

Les épaules que tu hausses, pas certain que ça soit le truc de Haeseong de manger un bon plat consistant et de boire du soju.

- Ou bien on peut rester là, s’commander à manger et se lancer une partie de LOL ? C’est comme tu veux … Tant que ça demande pas à réfléchir tout me va.

Les bras que tu étires au-dessus de ta tête, le choix que tu lui laisses. Car après tout, ce n’est pas que ta soirée repos. C’est aussi la sienne.

|	burned keyboards; @seomun haru

— Car tout pouvait exploser, entre leurs doigts si fins et insignifiants sur les touches des claviers en fusion, car tout pouvait imploser de l'intérieur, comme pour démanteler les composants un par un, jusqu'à ce qu'il ne reste plus que les cristaux. Indescriptible envie de repeindre le monde, et de le partager avec les autres. Mais il était prêt à faire des efforts, et c'était déjà ce qu'il faisait, à venir délicatement orner les savoirs de ceux qui venaient vers lui. Ô mais Haeseong n'avait jamais été très sociable, ni même très éloquent. Juste quelques paroles toujours bien placées, pour en revenir à ces écrans fixés aux murs. Car sans doute appréciait-il au final pouvoir leur apprendre les gestes précis qui mèneraient à la création d'un nouveau monde. Un plus libre ; un plus sensible. Mais peut-être était-il trop intensif, peut-être que lui ne vivait pas comme tout le monde. Levé, repas basiques, nuits allongées : il vivait en décalé, le gamin, et personne ne comprendrait sans doute ce qu'il fabriquait de son sommeil, mais il s'en sortait pourtant, il le fallait bien. Car à présent il avait la responsabilité de l'apprentissage d'un autre, de celui qui rêvait un peu plus que lui, de celui qui semblait pourtant épuisé de par ses paroles trop concentrées.

Un peu vexé tout de même, de voir que la fatigue avait pris le dessus de l'intérêt, il ne laissait pourtant rien transparaître, sur son visage fermé, car il avait toujours été ainsi, celui à la chevelure claire : inexpressif. Ils apprenaient à se connaître encore, à s'apprivoiser, et sans doute personne n'arrivait à comprendre toute l'ampleur du phénomène qu'il était. Mais en réalité il pouvait comprendre que tout le monde ne soient pas aussi extrême que lui, et l'avis du jeune homme à ses côtés l'intéressait bien plus qu'il ne voulait bien bien le montrer. "Me déconcentrer ?" qu'il répéta alors en clignant un peu des yeux, un peu surpris. Il ne se rendait pas compte, à quel point le monde disparaissait autour de lui, quand les yeux se rivaient aux écrans infernaux. "Oh...C'est surtout pour toi. Si t'arrives plus à te concentrer autant reprendre une autre fois. Puis j'ai des ramens dans les placards pour quand j'ai...vraiment faim..." Légères rougeurs discrètes, pour celui qui n'avait aucunement une alimentation saine, mais cela ne le dérangeait pas plus que cela pour le moment : jusqu'à ce que tout ne périsse. Pourtant il voulait bien faire les choses lui, ne rien lui imposer, aller à son rythme pour que cela reste plaisant. Lui en était passionné, et s'il pouvait lui transmettre ne serait-ce qu'un peu plus de cette flamme vive, il ne se gênerait pas.

Pourtant à l'évocation de quelconques devoirs, la voix s'éleva tout doucement sous des rires bien trop précieux, et lui, curieux, pencha simplement la tête en essayant d'analyser la fine figure qui lui faisait face. Il se doutait que cela n'était pas une des options qu'il allait apprécier le plus, Haru, mais ce n'était pas là un devoir à faire d'un coup, et il fallait bien qu'il le comprenne que c'était sans doute une étape importante dans l'apprentissage. "C'est surtout pour voir que tu as compris. T'auras pas à tout faire tout d'un coup. Puis ça t'empêchera de perdre tout ce que t'as appris en deux semaines...", et il était sincère dans tout cela, car c'était à force de répétitions et d'erreurs que lui s'était souvenu de tout ce qui l'avait construit à présent. Et il était content au final de pouvoir lui montrer quelques trucs par-ci par-là, et même s'il ne trouvait pas cela forcément très intéressant, il s'en servirait un jour ou un autre.

Regard et oreilles bien ouvertes, alors qu'il étouffa un bâillement qui le fit doucement sourire, il se redressa doucement de sa chaise en le regardant calmement. Mort pour la soirée, il le savait. Alors autant abandonner tout de suite pour ne pas perdre son temps avec de telles futilités. S'étirant un bon coup en lui faisant un léger signe de la tête de se préparer, il soupira un peu. "Arrêtons pour ce soir, ça vaut mieux pour nous deux je pense...Puis on pourra continuer la prochaine fois. Je te ferais faire un autre truc." qu'il haussa vaguement les épaules avant de doucement ranger quelques une de ses affaires en écoutant sa proposition. Idées fusant dans l'esprit de celui à l'appétit bien amoché, il plissa des yeux, réfléchissant alors à ce qu'il pouvait bien en penser. Il ne trouvait pas cela bête, loin de là, car il ne sortait que trop rarement, et cela ne pouvait pas lui faire de mal. "Faisons ça alors, sortons. Ca me va. Je te suis du coup, enfin si ça te dérange pas...Puis si ça te convient ça me va aussi. Je suis pas compliqué.", et malgré ce que l'on pouvait penser, le coréen appréciait bien plus facilement ce genre d'ambiance que ce que pouvait offrir d'autres établissements. Seul petit bémol était sans doute qu'il n'avait pas l'habitude de trop boire, de quoi rapidement lui monter au cerveau si les verres s'enchaînaient trop rapidement, mais il voulait bien tenter sa chance. Surtout que Haru n'était pas de mauvaise compagnie, alors aucune raison de refuser si cela lui permettait de prendre une bonne pause.

Veste dont il s'empara alors assez rapidement, il se retourna vers le jeune homme, regard sans doute bien plus chaleureux qu'il n'avait pu l'être avant. Ô oui lui aussi avait faim en réalité, mais il ne pouvait s'empêcher de penser que sortir ainsi pour aller se remplir le ventre ne pouvait au final que le être bénéfique. "C'est pas trop loin c'est ça ? J'imagine qu'on peut dire que je te libère pour la soirée alors. Mais je te fais confiance. Ca fait longtemps que je suis pas sorti comme ça alors ça a intérêt à être bon !" qu'il le taquina juste un peu de sa voix monotone, alors qu'il savait pertinemment que tout serait largement au dessus de ses attentes. "On peut y aller tout de suite du coup. Enfin à moins que t'aies quelque chose à faire avant ? Oublie pas tes affaires aussi.", car pour le coup, il ne savait pas s'il repasserait par son appartement. Mais de toute manière rien n'était perdu ici. Excitation mentale de celui qui frémissait d'avance de pouvoir effleurer de ses pieds les bitûmes gelés, il n'avait beau pas lui dire à haute et vive voix, mais il était heureux de pouvoir sortir avec lui. Chaleur douce, dans ce myocarde de pierre.

(( qui les mènerait sur les chemins des astres. ))

|	burned keyboards; @choi haeseong

— T’es pas un brin étonné de l’entendre t’avouer qu’en cas de grosse faim il a de quoi se sustenter dans les placards, Haeseong. Quelques ramens séché qu’on peut cuisiner avec une simple bouilloire, de quoi gonfler cet estomac bien moins gourmand que ce cerveau en quête de justice sur le web. Le savoir qu’il veut te refiler, est même prêt à te filer des devoirs pour consolider les bases fragiles d’un apprentissage qui durera surement des années. Car ça évolue trop vite la technologie, si il y a des génies du web comme lui qui arrive à tout décoder ; de l’autre côté de la barrière il y a ceux qui conçoivent des murs de plus en plus solide autour de leurs sites.

Alors t’arrête de rechigner, arrête de chercher à midi à quatorze heures tout prix. Tu feras ce qu’il te dit, pour ne pas lui faire perdre du temps inutilement ; pour être en capacité de l’aider le jour fortuit. Et si ce n’est pas lui que t’aide, ça sera toujours bon pour être toi-même d’être en capacité de faire ce que tu veux sans avoir à quémander aux autres. La conversation qui s’achève sur un « ok … » susurré de ta part. Pour l’heure, vous arrêtez le massacre, fini les erreurs et les prises de tête qui se succèdent. Maintenant il ne vous reste plus qu’à vous mettre d’accord sur un programme de fin de soirée. Haeseong qui est bien trop conciliant semble prêt à te suivre qu’importe ce que tu décideras.

- T’étais pas un grand sage dans une autre vie toi à tout hasard ? Tout semble t’allais.

Et t’aimerais être aussi conciliant, être toujours en accord avec les idées des autres ; ne pas avoir à réfléchir et laisser les autres le faire à ta place. Mais ça n’a jamais été toi ; ta façon d’être. Toi t’as toujours été de ceux qui donnent les idées, motiver les troupes de la primaire jusqu’au lycée. Et aujourd’hui ne déroge pas à la règle, aujourd’hui c’est toi encore qui donne les idées. Un bon repas à base de viande grillé et de petit à cotés pour remplir ton estomac vide depuis bien trop longtemps. Et pourquoi un verre après ça ? Ou finir la soirée à boire quelques verres comme les jeunes adultes que vous êtes. Des idées qui semblent aller au blond qui déjà se lève, s’empare de sa veste en te prévenant que t’as intérêt à l’emmener dans un endroit qui vaut la peine. Car ça fait longtemps qu’il est pas sorti comme ça, qu’il n’a pas profité d’une soirée en off pour manger un bout, boire un verre avec un copain.

Et ça t’étonne, bien évidemment que ça peut que t’interloquer. Car il est plus jeune que toi Hae’, qu’il devrait d’autant plus profiter de sa jeunesse. Tu te demandes alors si il a pleins d’amis comme toi ? Si vous êtes un cercle restreint à pouvoir l’approcher de si près et le sortir de cette pièce.

Haeseong que tu vas sortir de sa jolie cage dorée, juste une nuit. Pour essayer.

- Ouais j’te dis … en quinze minutes à tout casser en marchant tranquillement on y est je pense ? Fait moi confiance, tu ne vas pas regretter.

Comme lui tu te lèves, comme lui t’enfiles ton bomber et remet ta casquette qui a passé toute la sainte soirée sur le bureau plutôt que sur ta tête. Pas d’affaires oubliés, ton portable calé dans la poche de ton jogging et ton portefeuille dans ta veste. T’es paré pour partir, hoche de la tête à Haeseong qui te demande si t’as bien tout récupéré.

- Oui maman c’est bon, on peut y aller. D’ailleurs, j’te rappelle c’est moi le plus vieux de nous deux, c’est plutôt à moi de te demander si t’as pas oublier tes affaires, t’as bien rangé ta chambre au fait ? Sinon t’es privé de sortie Choi Haeseong.

Éclat de rire qui t’échappe, les mains dans les poches tu quittes l’appartement au côté de ton ami. L’ascenseur que vous prenez pour descendre les quelques étages de l’immeuble, une minute tout au plus pour regarder ta vieille gueule fatiguée, les yeux rougies par la luminosité des écrans et tu passes une main sur ta joue en disant devant ton propre reflet :

- Bordel, ça me réussit pas les journées de quinze heures …

Journée passé à tout nettoyer à l’épicerie s’en est suivi les devoirs à avancer pour tes deux petits frères. Mais au moins c’est fait, pour tout le week-end t’es débarrassé.
Et les portes de l’ascenseur s’ouvrent, vous laissant au rez-de-chaussée. Ensemble vous quittez l’immeuble et gagner les rues glacées d’une Busan nocturne, prête à lâcher ses premiers flocons de neige si la température descend un peu plus.

- T’as fait quoi toi aujourd’hui d’ailleurs, sauf coder j’veux dire ?  

Les mains que t’enfonces un peu plus encore dans les poches de ta veste, car il fait froid. Réellement froid ce soir. Et le visage que tu tournes un instant vers le blond avant de te mettre à regarder droit devant toi, établir le chemin dans ta tête jusqu’au restaurant de l’amie de ta mère.

- Au fait j’t’ai jamais demandé mais … T’es fils unique Hae ? J’ai du mal à t’imaginer avec des frères et sœurs.

Car finalement qu’est-ce que tu connais de sa vie à Haeseong ? Sauf qu’il est un As dans le monde du hack ; qu’il est très calme et pourrait se nourrir comme ton petit frère de cinq ans tous les jours que dieu fait ? Tu ne sais rien et t’aimes pas ne pas savoir Haru. T’es curieux, intéressé et ce soir c’est l’occasion de lui poser les questions que t’as jamais pu lui poser.

|	burned keyboards; @seomun haru

— Il avait rapidement capitulé, rapidement abandonné l'idée de continuer cette soirée d'études bien trop longue. Ô car sans doute qu'au fond il ne pouvait pas nier que lui aussi avait un léger creux, et que même s'il ne l'avouait pas, l'idée de sortir ne le déplaisait pas tant que cela. Lui qui ne faisait cela que bien trop peu de fois pour en prendre réellement plaisir. Alors même s'il aurait très bien pu rester derrière son ordinateur à ne plus rien faire, même si les doigts auraient pu continuer de taper encore et encore comme éclairs dans les cieux bien trop sombres : il y avait aussi cette envie d'apprendre à le connaître un peu plus. Car s'il l'avait accepté dans son appartement, c'était avant tout car il lui faisait un minimum confiance. Haeseong n'y invitait pas tout le monde, et encore moins tout le temps. Ô il y avait bien au moins quelques recherches, quelques informations qui piquaient son intérêt. Comme pour se protéger, ou encore pour pouvoir se fier à la personne en face. Un peu ridicule sans doute, car lui n'avait rien à cacher et il pouvait parfaitement répondre à toutes les questions avec un sang froid incalculable. Chose qui déstabilisait, en général.

Yeux qui se clignèrent un peu, réfléchissant alors doucement à ses mots, il était vrai que le jeune homme n'était pas très compliqué, et il ne l'avait jamais été en réalité. Il aimait juste que les choses soient bien faites et que tout aille à tout le monde. Ce n'était pas très complexe à faire quand on le connaissait. "Moi un sage ? C'est juste que ça me dérange pas particulièrement. Puis bon..." qu'il haussa les épaules comme si c'était une banalité. Peut-être était-ce étrange d'un point de vue extérieur ? Il n'en savait trop rien au final, et il aurait bien aimé ne pas avoir à trop se poser la question. Chose rare, car le jeune homme n'était en rien sociable. Trop peu d'amis en dehors du domaine de l'informatique, trop peu de moments à partager il fallait dire. Haeseong n'était pas des plus joyeux, ni même des plus intéressants, certains le trouvaient ennuyeux, d'autres s'en amusaient de le voir aussi calme en permanence. Mais en réalité, il pouvait essayer de faire bien des efforts quand il appréciait la personne en face, ce qui était le cas ici. Un peu caractériel, mais il devait avouer que cela mettait un peu d'ambiance dans cet appartement trop calme.

Veste enfilée comme prêt à s'envoler vers la nourriture, il acquiesça simplement avec presque hâte, avant de ne pouvoir entendre ses mots qui, sans le vouloir, le firent sourire bêtement. Sourcil qui se haussa vaguement, comme intrigué par cet élan de réponse, il laissa s'échapper un rire discret avant de hausser les épaules. "Privé de sortie ? Rien que ça ? Et bah dis donc, vous êtes bien strict Monsieur Seomun." qu'il ajouta alors en l'accompagnant doucement dehors, lippes étirées finement comme pour montrer que tout cela l'amusait bien plus qu'il ne le prétendait. Regard discret vers le jeune homme, plissant les paupières tout en effleurant l'ascenseur pour essayer d'en sortir par la suite. "Journée de quinze heure ? T'as travaillé aujourd'hui c'est ça ? J'y avais pas pensé désolé. On fera des trucs plus allégés le soir alors.", car il essayait de bien faire, le gamin, tout en faisant attention aux autres au final.

Air frais effleurant finalement leurs visages délicats, il se laissa déambuler aux côtés du plus vieux, mèches se baladant sur son front comme pour camoufler la fatigue. "Aujourd'hui...J'ai dû aller voir un client qui avait un problème de sécurité dans son application. Enfin je fais du cas par cas...Comme je suis indépendant..." qu'il prononça tout doucement en venant se frotter un peu la nuque. Lui n'avait tout simplement pas les capacités sociales nécessaires pour réussir à se faire embaucher quelque part. Et les diplômes n'étaient pas présents, car tout ce qu'il avait apprit était de par lui-même. "Mais bon...Ca devait être moins chargé que toi. Pense à te reposer après. Enfin, en rentrant chez toi..." Instinct de protection permanent sans même qu'il ne s'en rendre compte, et quand il parlait, les maladresses tombaient toujours et toujours d'entre ses lippes. Rues éclairées qui déroulaient devant leurs yeux ébahis, lui se contentait de fixer droit devant lui, découvrant les passages sans réellement les connaître. "Moi ? Oui je suis fils unique...Ca se voit tant que ça ? Tu devines bien dis moi." qu'il rigola tout doucement en se frottant un peu la nuque. "De toute manière j'aurais sans doute pas été doué pour m'occuper de ma famille alors bon c'est plutôt bien comme ça.", même s'il devait sans doute dire que la solitude pesait par moment.

Regard qui se pencha plus sur le jeune homme, il finit par doucement sourire en baissant la tête. "Je parie toi que tu as de frères ou sœurs non ? Enfin t'as l'air bien plus dégourdi à ce niveau que je ne le suis...Et c'est un compliment." qu'il soupira alors en rougissant un peu, tandis que le visage se releva délicatement pour faire comme si de rien était. Il fallait dire qu'il était un peu admiratif, de ceux qui avait cette aisance avec les autres au quotidien, alors que lui parvenait à peine à prononcer quelques mots correctement. "En tout cas, je te trouve bien courageux. Déjà rien que d'essayer de comprendre ce que je te raconte. Faut pas hésiter d'ailleurs. Je sais que parfois je peux rester bloqué sur ce que je dis." qu'il hocha la tête avant de baisser un peu les yeux pour observer le sol. "Et toi autrement. T'as encore la force de devoir me supporter pour un repas ?" qu'il sourit alors tout doucement en venant le regarder vaguement, avant de faire comme si de rien était. Car il n'était pas des plus amusants, et sans doute avait-il déjà dû le remarquer avec le temps qui passait. Pourtant, il était bien content de pouvoir sortir ainsi et de simplement parler de tout et de rien avec lui, car après tout, cela ne pouvait qu'en être agréable.

|	burned keyboards; @choi haeseong

— T’hoches de la tête, quinze heures ou un peu moins, ou peut-être un peu plus. T’en sais trop rien, tu comptes plus les heures depuis que tu bosses pour l’affaire familiale. Toi qui critiquais parfois ton père, te disait qu’il en faisait trop avec cette épicerie c’est maintenant que t’y bosses à temps plein que tu te rends compte du gouffre que c’est en termes de temps et d’énergie. T’en sors tous les jours un peu plus claqué des journées passés là-bas, drainé et s’en suit la vie de fils modèle. Celui qui aide sa mère à gérer le foyer pendant qu’elle, s’occupe de votre père et tout ce que son nouveau traitement entraine comme désagrément. Maman que t’aides en emmenant ou bien en allant chercher les plus petits à l’école ; les devoirs que tu ne faisais même pas pour ton propre compte mais t’y colle pour les aider à avancer dans leur apprentissage pour que eux, fasse des grandes études à contrario de toi.

Alors bien évidemment que t’es fatigué, bien évidemment qu’à partir d’une certaine heure tu commences à vriller, ne plus réussir à te concentrer. Mais t’as pas envie que ça impacte ton apprentissage pour autant, t’as pas envie qu’on te prenne en pitié ou qu’on fasse des exceptions pour toi. C’est pas ton genre d’apprécier ça, pas ton genre de le demander. Mais ce soir aussi est une exception, ce soir t’as vraiment besoin de lâcher la pression et souris à Haeseong, lui met une petite tape sur l’épaule avant de lui répondre :

- T’inquiète pas, aujourd’hui c’était un peu compliqué pour moi mais les prochaines fois ça ira, on pourra taffer toute la nuit j’prendrais mes précautions j’ramènerais de la monster si t’aimes ça.

Vous voilà déjà lâcher dans la grande ville, la nuit qui vous accompagne dans vos pas. Et plutôt que de faire le chemin en silence, tu préfères occuper le temps en lui demandant ce qu’il a fait de sa journée le blond. Apparemment lui aussi a travaillé, un client qui semblait avoir un problème avec une application et t’hoches de la tête. T’as bien compris avec le temps qu’Haeseong c’était pas le genre de mec à bosser avec énormément de monde, à aimer être entourer et gérer une clientèle. Il est plus à l’aise en petit comité, à gérer une à une les choses et t’imagines que c’est pas plus mal comme façon de fonctionner. Toi t’as pas cette chance, toi t’es obligé d’être souvent au four et au moulin. En rayon pour tout mettre en ordre, à la caisse pour gérer les clients et parfois même à devoir conseiller quand quelqu’un hésite entre deux produits pourtant bien insignifiants. Car qu’on se le dise, vous vendez pas des trésors à l’épicerie. Plutôt des produits du quotidien, des choses un peu vintages parfois.

Et tu souris en l’entendant insinuer que sa journée a surement été moins chargée que la tienne, que tu devrais te reposer. Le petit qui veille sur le grand, t’as pas l’habitude Haru que quelqu’un puisse s’inquiéter pour toi, qu’on puisse te demander de te reposer. Ça t’es pas arrivé depuis des années et faut dire que ça fait un peu plaisir, au fond du cœur ça te rassure que quelqu’un puisse remarquer que tu te donnes à fond, que t’es même un peu surmenée.

- Y’a des journées comme ça, c’est le prix à payer quand on a été absent trop longtemps de sa famille ….

C’est le sourire en coin que tu dis ça et pourtant les palabres elles sont légèrement amère. Car tu regrettes peut-être un peu d’être partie autant d’année, de ne pas avoir pu déceler avant que ton père allait de moins en moins bien avec le temps. Peut-être que t’aurais pu le ménager un peu en étant plus présent. Mais tu peux pas changer les choses et aussi rapidement que t’en es venu à parler de ça, aussitôt tu changes de sujet. Des frères et sœurs que t’as du mal à lui imaginer à ton pote et quand il t’annonce qu’il est fils unique t’es pas un brin étonné. Tu te mets à rire en l’entendant insinuer qu’il n’aurait surement pas été doué pour s’occuper de toute une ribambelle de gamins plus petit que lui.

- Ah ça … J’pense c’est pas inné, on apprend juste sur le tas puis bon, ça dépend aussi des frères et sœurs… Avec la divergence de caractère ça peut vite exploser ! Mais ouais comme t’as pu le deviner j’suis grand frère j’ai genre … deux sœurs et deux tout petit frères. C’est même pas que je suis dégourdi c’est que j’ai grandi en étant obligé de faire attention aux uns et aux autres car c’est la responsabilité que mes parents m’ont donné dès tout petit. J’ai toujours été le gardien de mes sœurs, je jouais ce rôle aussi avec une vieille amie … Enfin voilà, ça peut vite être fatiguant par moment tu vois ?

Les sourcils que tu fronces, pas certains que tout ton baratin Hae’ le comprendra. Car tout est fouilli, que t’envoies pas mal d’information à la fois. Et des fois, toi aussi t’aurais aimé être le seul enfant Seomun ou bien être le protégé. Mais la vie n’a pas été faites ainsi, t’as dû t’armer pour t’occuper des autres et encore aujourd’hui tu tiens ce rôle. Un rôle qui te collera surement toujours à la peau.


T’es pas certain de ça, comme t’es pas certain de comprendre ce que veut dire Haeseong quand il te dit que t’es courageux de rester avec lui, de le comprendre et déchiffrer ses pensées ; de passer le reste de ta soirée avec lui lorsque t’aurais pu simplement partir en solo ; le laisser seul devant son ordinateur plutôt que l’embarquer.

- Mais … ? T’es genre le gars le plus simple à vivre qu’il m’ait été donné de rencontrer Hae’ ? Genre ouais, on a des caractères différents et tout mais t’es une personne qui repose l’esprit tu prends pas la tête et croit-moi si t’étais chiant j’trainerais pas avec toi… J’aurais surement abandonné les cours aussi, car la vérité j’suis pas une flèche … J’ai l’impression que les informations elles ont du mal à s’incruster dans ma tête.

Car toi t’aimerais aller vite, tout comprendre du premier coup. T’aimes que les choses soient faites et comprise instantanément comme si c’était inné. Mais t’es pas si doué Haru, y’a que très peu de personne qui peuvent être doué dans plusieurs de domaine à la fois. Toi t’es doué dans le graffiti, c’est pour tes œuvres un brin anarchistes qu’on t’a repéré la nuit. Le hack, ça sera juste une corde en plus à ajouter à ton arc. Mais pour le moment t’es juste l’ombre de ton pote – voir le boulet qu’il tire à chaque séance d’apprentissage.

- Ça te fait pas chier d’apprendre aux autres d’ailleurs ? Tu perds jamais patience ?

Toi tu serais un professeur médiocre, tu le vois déjà quand tu t’essais à faire comprendre les choses à tes petits frères que tu perds patience à vitesse grand V.

- Ca te plait depuis que t’es gosse d’ailleurs d’être sur les pc, de fouiller, trafiquer … ? Ou ça t’es venu avec le temps ?

|	burned keyboards; @seomun haru

— Pensées qui le traversaient, lui qui ne sortait jamais de son appartement, il ne pouvait même pas imaginer sans doute à quel point celui qui l'accompagnait devait être occupé en journée. Et déjà avait-il le courage de devoir supporter ses dires lors de ces soirées si longues et tardives. Car Haeseong ne ménageait personne : monologue qu'il faisait bien trop souvent même s'il essayait de suivre le rythme de chacun. Ô car il n'était pas très pédagogique, lui, même s'il faisait de son mieux pour ne pas raconter n'importe quoi ni même perdre celui qu'il instruisait. Après tout, ce n'était pas n'importe quoi, et lui ne voulait pas que tout ne disparaisse en quelques secondes, loin de là. Faire travailler la mémoire, pouvoir tout réutiliser par la suite sans avoir à tout réapprendre : c'était le but après tout, et s'il devait alléger les soirées pour mieux qu'il ne retienne, alors il n'hésiterait pas.

Nuit qui venait effleurer leurs visages, tandis qu'il ne faisait qu'observer ses pas, il se trouvait bien moins courageux au final, à se cacher devant ses écrans. Car c'était ce qu'il faisait lui, car il s'était écarté de tout pour ne plus souffrir. Et pourtant il avait accepté cette sortie, car sous ses mots, il ne pouvait que tenter de se laisser aller un peu. Toucher sur l'épaule qui lui fit redresser le visage, clignant un peu des yeux, il laissa s'échapper un vague sourire avant de mettre ses mains dans ses poches. "Ah oui ? Fais attention je risque de te faire bosser plus si tu me dis ça comme ça. Et ramène ce que tu veux, après tout tu vas finir par connaître mon bureau aussi bien que moi." qu'il s'amusa vaguement, alors qu'ils allaient sans doute passer encore de nombreuses heures ensemble. Et le plus jeune ne comptait pas lui faire de traitement de faveur : certes il allègerait sans doute le programme pour ne pas trop lui peser sur les épaules, mais il n'était pas du genre à devenir moins vigilent pour autant. Mais au vu de comment était le plus grand, sans doute n'aurait-il pas de mal au final à faire ce qu'il avait prévu dans son programme si organisé.

Mots qui sortaient avec bien de facilité, il se laissa guider par la conversation, s'ouvrant un peu plus qu'il n'aurait pu le penser. Lui raconter une journée inintéressante ne devait sans doute pas le faire frémir, et sans doute que le plus jeune devrait essayer de se trouver un vrai emploi, au lieu de voltiger de client en client. Plus stable, plus agréable peut-être, que de rester enfermer en permanence chez soi. Honnêteté qu'il ne cachait plus, car sans doute que ses mots maladroits sortaient sans réellement se douter de ce qu'il pouvait insinuer, même si au final, il était bien compréhensif de la situation du jeune homme. Et en un sens, cela ne faisait que montrer son intérêt pour lui, comme pour essayer de veiller un peu sur sa personne, seule chose qu'il savait faire auprès de ceux qui l'entouraient. Car il le voyait, lui, quand les gens se démenaient pour s'en sortir. Sans poser de question, ne cherchant pas à creuser plus, il hocha la tête avant de se frotter la nuque. "J'imagine." qu'il affirma, car lui ne pouvait que se l'inventer, alors qu'il ne restait plus que lui à l'affiche. Et sans doute aurait-il aimer pouvoir en profiter un peu plus, ou alors tout simplement ne pas se retrouver à se refermer ainsi.

Rire léger, alors qu'il ne faisait que le décrire à la perfection : beaucoup trop lisible était-il sans doute, il trouvait cela tout de même courageux, de pouvoir s'occuper ainsi de ses frères ou sœurs, et sans doute ne s'imaginait-il même pas tout ce qu'il y avait derrière. Protéger et veiller sur ceux auxquels l'on tenait, ou encore gérer toute la famille, lui ne pouvait qu'observer le plus le lui décrire.  "Dit comme ça, ça à l'air fastidieux. Enfin ça l'a sans doute été non ? Même si j'imagine que dans tout ça y'a quand même de bons souvenirs. Faut juste pas oublier de s'occuper de soi aussi, hmm ?", car c'était tout ce qu'il pouvait lui conseiller : ne pas s'oublier soi-même dans tout cela. Et si lui ne prenait pas soin de soi, alors les regards externes le feraient, lui le ferait comme il le pouvait. "Mais en vrai ça m'étonne pas. Ca se voit...que t'as l'air à l'aise avec les gens et ceux qui t'entourent. C'est pas plus mal.", lui y voyait en tout cas pleins d'avantages, malgré la fatigue importante. Et sans doute n'était-il pas des mieux placés au final pour pouvoir commenter quoi que ce soit. Pensées qu'il ne pensait pas légitimes, alors qu'il n'en avait aucun contrôle.

Lui essayait encore de pouvoir se montrer plus charmant, et sous ses paroles qui le touchaient, il s'en retrouvait étonné lui. Car il n'aurait jamais pensé qu'on le voit de cette manière. Sourire qui se dessina alors sur ses lèvres, relevant la tête pour croiser les lueurs des rues légèrement évaporées. "Ah oui ? Je suis content alors, que tu me trouves pas si ennuyeux. Puis t'en fais pas pour ça. Avec la pratique tu mémoriseras mieux. Le but c'est pas de tout retenir non plus." qu'il tenta de le rassurer, persuadé qu'il y réussirait. Puis ils avaient tout leur temps, et lui, cela lui faisait plaisir de pouvoir lui montrer ce qu'il pouvait. Après tout, lui n'était doué que pour cela, alors il essayait d'en faire profiter un maximum de personne qui sauraient en faire bon profit. Ô car il ne choisissait pas n'importe qui : cercle restreint qui pour le moment se comptait sur les doigts d'une main. Question posée qui lui fit immédiatement secouer la tête, il laissa son regard se poser vaguement sur le visage de celui qui le guidait. "Je suis plutôt d'un naturel calme. Puis en vrai j'aime bien, c'est plus eux que je plaints à essayer de me suivre. Expliquer aux autres ça me permet aussi de voir sur quoi j'ai des facilités et ce que je dois améliorer pour pas ne tout faire comme un automatisme.", épaules qui se haussèrent avant que les yeux ne se mettent vaguement à briller. Et il n'était pas si complexe, même si les apparences montraient bien le contraire. Coder seul ou à plusieurs, lui appréciait les deux aspects dans tous les cas, et il ne s'en lassait jamais.

Sans doute n'était pas des meilleurs enseignants, mais il faisait de son mieux pour que personne ne sorte de son appartement sans en avoir compris quelque chose. Et c'était sans doute là sa patience qui jouait bien plus que les nerfs, passion incomprise par beaucoup alors que lui en avait fait sa vie. "Hmm ? Avec le temps je dirais. Quand j'ai commencé à déserter les cours pour me réfugier devant mon pc." qu'il sourit tout doucement, préférant s'en amuser que de dramatiser. Et il n'avait rien à caché, car tout n'était qu'un livre particulièrement sans histoire. "Je me suis retrouvé tout seul du jour au lendemain, j'imagine que j'ai préféré m'y réfugier. On va dire que maintenant c'est devenu un peu tout ce que j'ai." qu'il haussa les épaules sans pour autant s'en attrister. "M'enfin je vais pas m'en plaindre. Grâce à ça j'ai rencontré pleins de personnes, même si on peut dire que c'est relatif." Epaules détendues quand les mots sortirent un à un, comme s'il n'avait aucune honte de le lui avouer, il était bien content de se retrouver ainsi au final, à ne pas avoir à se retenir. "Mais bon, j'imagine qu'on a tous une histoire différente. En tout cas je suis content que tu sois tombé sur moi. Et hésite pas à me poser les questions que tu veux, je suis là pour ça.", même si le personnel revenait plus souvent au galop qu'autre chose. Car il n'était tout simplement pas doué pour cela. Mais il faisait des efforts, celui qui vivait la nuit, celui qui tentait pourtant de ne pas se laisser emporter pas les astres nocturnes.

Prunelles qui retombèrent alors, tandis que les paysages défilaient peu à peu devant eux, il étira un peu sa nuque avant de cligner des yeux. Etablissement qui semblait se détacher finement des bâtiments, lumières qui ne faisaient qu'étinceler entre ses iris, il fit un léger geste de la main avant de se retourner tout doucement vers le plus vieux de ses lèvres timidement étirées. "C'est ici ?", qu'il tenta de deviner, se montrant bien plus à l'aise à ses côtés qu'il ne l'était avant. "Sinon j'ai quelque chose à t'avouer, je bois peu alors je pense que...ma tolérance est pas très élevée. J'espère que ça te dérange pas trop.", regard légèrement joueur alors qu'il ne savait sans doute pas dans quoi il s'embarquait, il ne comptait pourtant pas jouer les rabat-joies et bien jouer le jeu avec celui qui l'avait convié à la fête. Car il était tout simplement comme cela, et que tout ce qu'il voulait était de pouvoir partager un bon moment. Alors comme pour simplement détendre un peu ces muscles d'une journée bien trop occupée : il l'accompagnerait jusqu'au bout s'il le fallait. "En tout cas ça a l'air sympa. Ca sera toujours meilleur que mes biscuits.", autodérision au complet, mais il savait que Haru comprendrait, car au final il ne faisait que s'ouvrir un peu plus à lui, comme pour se laisser une chance de ne pas tout briser.

|	burned keyboards; @choi haeseong

— Fastidieux, tu sais pas si c’est le bon mot mais y’a eu des journées plus compliqués que d’autres. Parfois, gérer les émotions de tes frères et sœurs s’avèrent plus compliqué que gérer tes propres ressentis. Entre les crises d’Eunchang dès qu’il n’obtient pas ce qu’il veut et les soupires de Noona dès lors que tu passes le pas de la porte de chez tes parents tu sais plus où donner de la tête. Et c’est ce soir en compagnie d’Haeseong que tu te rends pleinement compte que ta famille passe au-dessus de tout, passe même au-dessus de tes propres émotions, tes propres humeurs. Parait que tu devrais faire un peu attention à toi, ne pas t’oublier dans tout ça. Et bien évidemment que t’aimerais que les choses soient si simples, que tu puisses vivre paisiblement ta vie comme tu la vivais avant l’évènement tragique.


Et ça, c’est pas possible. Tu ne pourrais pas te le pardonner si par ta faute, par ton manque d’implication maman n’arrive plus à gérer entre les rendez-vous médicaux et les mioches à garder. Un rôle qui n’est que temporaire de toute manière, car papa finira par bien aller. A moins que ça soit le contraire. Ton cœur qui se contracte dans ta cage thoracique, le souffle qui viendrait presque à te manquer. Mais tu souris, juste pour celui qui t’accompagne. Souris car c’est finalement ta seule arme face au triste avenir qui se dessine petit à petit pour les Seomun. Alors plutôt que de parler de toi, tu poses des questions à ton tour, t’intéresse à Haeseong qui est de nature si calme, si reposant. Tu le réconfortes aussi, le rassure en lui disant qu’il est bien plus que simplement supportable en réalité car au-delà de son calme il est à l’écoute le blondinet ; doté d’une patiente comme t’en a jamais connu avant lui. Des palabres qui semblent lui faire plaisir, tu le vois son petit sourire en coin tandis que tu lui balances ce que t’as sur le cœur, comment tu le vois depuis que tu le fréquentes.

- Vas-y te sauce pas trop mec, tu vas finir par croire que j’suis love de toi tellement je te complimente !

Ton coude qui vient se perdre dans ses côtes, ton coté taquin qui se révèle avec lui pour la première fois tandis qu’un éclat de rire s’échappant d’entre tes lippes vient animer un peu plus cette ruelle que vous empruntez déjà bien vivante. Un rire qui se perd au milieu des autres, un rire franc lorsque quelques minutes plus tôt c’est l’angoisse qui te rongeait l’estomac en pensant à des évènements que tu ne contrôleras pas. Puis le rire se calme petit à petit tandis que les mains s’enfoncent un peu plus dans les poches de ton pantalon. Les questions elles, fusent à tout allure pour en apprendre plus sur celui qui depuis des mois s’adonnent à la périlleuse tâche de t’apprendre les plus sombre coté du hack. Parait que c’était pas inné, qu’il s’est plongé dans cet univers là pour déserter les bancs scolaires et ça te rappelle que toi-même t’étais en décrochage scolaire sur la fin. T’as eu ton diplôme mais juste histoire de satisfaire un minimum tes géniteurs et non pas par plaisir personnel.

- C’est-à-dire tu t’es retrouvé seul … ? On t’a harcelé plus jeune … ?

Seul détail qui te reste en tête, il a beau dire que ça l’a aidé pour l’avenir, lui a permis de rencontrer bien des gens tout le long de sa jeunesse toi, tu restes bloqué sur ça Haru. Car tu te demandes comment des enfants et adolescent peuvent faire vivre ça à des camarades, tu te rappelles avoir été du genre chiant durant l’enfance mais jamais au point de faire du mal à autrui, de détruire la vie d’un gamin à tel point qu’il finisse par ne plus venir. Et t’espère avoir mal compris, espère qu’il n’a pas eu à subir ceci. T’as un peu l’impression qu’il essaie de détourner le sujet loin de celui-ci et si il ne souhaite pas en parler le garçon, tu ne le forceras pas. Aussi grande soit ta curiosité, aussi puissante soit ta rage quand t’imagines pareil agissement.


-  T’inquiète même pas pour ça, j’vais tellement t’en poser des questions que tu vas finir par regretter de m’avoir dit que je pouvais le faire. Tu sais même pas dans quelle galère tu viens de te mettre p’tite tête !

Ruelle amenant au restaurant que vous empruntez enfin, les pas qui se font soudainement plus rapide. Comme si l’appelle de la bouffe vous avez gagné et t’as même pas besoin de lui dire dans quel restaurant vous allez qu’il le reconnait le blond. Alors t’hoches de la tête vivement, ouvre la porte et la lui tiens pour qu’il entre lui aussi à son tour mais à peine les pieds à l’intérieur qu’Haeseong te confesse qu’il n’est pas le plus grand fêtard de l’univers. Mais ça, t’aurais pu le deviner, ton pote t’avoue qu’il n’est pas certain de tenir longtemps à l’alcool. Et tu souris, vient tapoter son dos comme le ferait un grand frère face à un petit frère novice à qui il va devoir tout apprendre :

- Et moi j’ai une bonne descente ça tombe bien, mais pourquoi ça me dérangerait si tu bois pas ? Si t’as pas envie de boire personne va te mettre le couteau à la gorge on n’est pas en week-end d’intégration là ! Après… Si t’as envie d’apprendre du meilleur bah … Je suis là.

Un peu donnant donnant, lui t’apprends tout ce qu’il faut pour être un as du dark web et toi, tu lui apprends à être un jeune adulte qui sort de sa grotte de temps à autre. Une table que tu viens quémander au premier serveur que tu croises, c’est gentiment qu’il vous amène à une table pour deux près de la fenêtre. Ta veste que t’enlèves alors, la pose sur le dossier de la chaise avant de t’y installer, craquer ton dos et enfin répondre à Haeseong :

- T’as vu ça ? J’t’ai dit que c’était cool comme endroit… Quand tu vas gouter les nouilles qu’elle fait la copine à ma mère … Tu vas pleurer de bonheur, j’te promet. Tu vas lâcher à tout jamais tes biscuits pour venir passer toutes tes soirées ici.

Sauf que tu sais que jamais il ne deviendra comme ça le blond, c’est pas son genre. Mais tu te dis que si de temps en temps t’arrive à l’emmener de droite à gauche tu seras fier de toi. Ça sera toujours une petite victoire de le sortir de sa taverne dans laquelle il a passé trop d’année à se cacher.

- Bon moi j’vais prendre du soju mais si t’as pas envie d’entamer direct avec ça te force pas mec … Par contre j’te conseil vraiment les Jajangmyeons d’ici et aussi … j’veux pas faire genre mais … Y’a une meuf à la table genre derrière toi qui te fixe … J’crois elle a flashé sur tes cheveux d’idol là.

Les sourcils qui s’haussent l’air de dire « j’dis ça, j’dis rien » tandis qu’un petit sourire en coin se hisse sur ton visage.

|	burned keyboards; @seomun haru

— Lui n'y connaissait rien à la famille, à comment décrypter les pensées des autres et réussir à faire en sorte que tout le monde ne s'entende particulièrement bien. Et c'était sans doute pour cela qu'il s'émerveillait autant de ce que pouvait bien accomplir le plus vieux. Esprit de protection qu'il entrevoyait là malgré le fait que tout pouvait être bien plus compliqué qu'il n'y paraissait. Alors les yeux brillaient silencieusement, car malgré l'absence de mot, il trouvait cela courageux. Vision sûrement bien différente de celui qui l'accompagnait, c'était sans doute car lui n'avait jamais connu tout cela qu'il pouvait y voir là faits extraordinaires et bien trop délicats. Ô lui aurait été bien ridicule face à lui s'il avait dû se retrouver à sa place : aucune compassion, mots qu'il n'arrivait pas à prononcer alors qu'il n'en était pour autant pas quelqu'un d'insensible. Souvent le prenait-on pour un spectre sans émotion, car Haeseong ne savait pas s'exprimer, car il n'était pas des plus bavard. Peur étrange de toujours déranger au moindre mot, malaise léger quand il se retrouvait au centre de l'attention.

Et pourtant, avec celui qui venait de lui faire découvrir une autre facette de lui-même, il se détendait petit à petit : jusqu'à en faire tomber les barrières. Et il n'avait rien à cacher sous ses questions auxquelles il répondrait sans problème. Car au final il ne trouvait pas grand chose d'intéressant sur lui, si ce n'est peut-être ses envies de codages jusqu'à plus de minuit, et encore, lui-même s'y était habitué à voir cela comme quelque chose de bien trop normal. Aucune surprise : sauf celle de ses mots qui le touchèrent étrangement. Car souvent le trouvait-on étrange, sous le calme apparent qu'il laissait orner son visage. Léger sourire aux lèvres, alors que d'un coup de coude les commissures se relevèrent encore plus comme pour ne faire que rire tout doucement. Et il était heureux de l'entendre : rire franc qui à ses côtés dérayait étrangement, habitude qu'il n'avait pas de faire sourire les autres. "Qui sait ? Peut-être que c'est le cas mais t'en sais rien ?", qu'il s'amusa alors avant de secouer la tête en souriant, essayant de calmer ses ardeurs.

Questions qui prirent pourtant le dessus sur la curiosité du jeune homme aux hypothèses bien trop éloignées de la réalité. "Rien de tout ça. J'ai commencé à décroché à la mort de ma mère. Et comme j'ai pas connu mon père, on va dire que j'ai préféré apprendre un truc par moi-même ?", qu'il rectifia alors de sa voix posée, sans pour autant dramatiser la chose. Pour lui, ce n'était qu'un passage obligatoire, même si au final, il l'avait très mal vécu. Mais après tout c'était ce qui l'avait fait devenir ainsi, et il n'avait aucune envie de le cacher. "J'imagine qu'on vit tous ça un jour ou l'autre. Alors bon. C'est pas extraordinaire." qu'il soupira, se contentant de lui rappeler qu'il pouvait tout lui demander. Car au final il était là pour cela, autant dans l'apprentissage que sur le moment présent. Sans doute ne voulait-il pas qu'il ne le prenne en pitié : alors changer de sujet restait là une bien meilleure option que de ne parler de lui. Lui qui ne savait même pas exprimer ce qu'il ressentait.

Estomac qui lui l'avait rappelé à l'ordre jusqu'à ce qu'il ne devine la façade de l'établissement, porte tenue à laquelle il remercia le plus vieux d'un léger sourire, avant de se confier sans vraiment prévenir et attendre. Autant ne pas faire durer le suspens. Main dans son dos, visage étonné alors qu'il ne s'attendait pas à ça, il se mit à sourire tout doucement en hochant la tête. Epaules rassurées qu'il n'avait plus à garder tendues, il observa les alentours. "Apprendre du meilleur hmm ? Rien que ça...Ca me dit bien étrangement tient. ", comme pour approuver indirectement en sachant pertinemment que ce n'était en rien une obligation. Et il l'avait bien compris, ce qui le réjouissait d'avantage. Se laissant alors guider vers une table, ayant l'impression de découvrir tout simplement ces environnements si animés. Pas que cela lui déplaisait réellement. Il était bien content de pouvoir se retrouver à s'amuser un peu avec Haru. "Ah oui ? J'espère que ça sera meilleur que mes biscuits. Attention je te prends aux mots." qu'il lui sourit alors en s'installant, regard curieux se posant vaguement sur la fenêtre. "De toute manière t'as bien vu que j'étais pas compliqué. Alors bon...Qui sait peut-être que je viendrais plus souvent ici.", s'il parvenait du moins à mettre les pieds dehors. Mais peut-être n'était-ce pas là une mauvaise idée, alors il la garderait dans un coin, comme pour essayer de s'émanciper.

Léger rire sous ses mots, il le regarda plus doucement, apaisé de se retrouver en si bonne compagnie malgré tout ce qu'il s'était dit. Jamais n'aurait-il cru sans doute s'amuser autant pour quelques banalités : chose que lui ne connaissait pas. "Je vais te suivre t'en fait pas. Puis qui raterait les recommandation du chef hmm ? Je vais prendre ça avec du soju. Je le boirais juste...plus lentement." qu'il rigola doucement avant de hausser un sourcil sous ses airs plus joueurs. "C'est pas plutôt toi qu'elle observe avec ta tête d'ahuri ? Peut-être qu'elle a remarqué que tu l'avais repérée. Qui sait. Je compte pas me retourner pour vérifier." Car lui s'en fichait plutôt bien des autres, aucun intérêt de venir décrypter les regards des autres. Envies romantiques qu'il n'exprimait, pour ne pas finir blessé. Et il jouait un peu plus, détendu au final qu'il ne l'aurait été avec lui en cours. "Puis laisse mes cheveux tranquilles. Ils sont très bien comme ça. A moins que tu sois jaloux ?" qu'il ajouta furtivement. Cheveux qu'il ne faisait que décolorer depuis un moment. Sans doute ressemblaient-ils d'ailleurs plus à de la paille qu'autre chose.  "C'est pour cela qu'au lieu de dire des bêtises, commandons hmm ? Tu comptes prendre quoi ?" qu'il haussa les épaules en souriant doucement, interpelant alors un serveur pour lui énoncer ce qu'il avait choisi tout en laissant le temps au plus vieux.

Attendant alors que leur commande n'arrive, regard qui détaillait discrètement la figure qu'il avait devant lui, il se permit de rouvrir la bouche comme pour faire patienter. "Et du coup, t'arrives à tenir combien de verres, monsieur le pro ?" qu'il demanda innocemment, bouteilles venant se poser devant eux alors qu'il prit les devants pour le servir. Politesse qu'il lui attribuait comme pour le remercier d'avance de cette soirée. Ô sans doute ne le lui montrait-il pas assez, mais il était réellement reconnaissant. Et peut-être que rien ne finirait si rapidement au final alors que les yeux pétillaient d'avance de ces quelques heures à passer ensemble : chose qu'il ne faisait pratiquement jamais. Réjouissance complète pour celui qui arrivait à se perdre sous les lueurs de son verre. Boire tout doucement, c'était ce qu'il comptait faire, car il ne voulait pas gâcher la soirée non plus, ni même passer pour celui qui ne faisait que le rôle du rabat-joie. Alors le plus vieux devait déjà se montrer ravi de l'avoir fait sortir de là : pour le meilleur et pour le pire.

|	burned keyboards; @choi haeseong

— Ton majeur que tu lui exposes sous le nez quand Haeseong ose insinuer que t’es peut-être déjà amoureux de lui mais que tu ne le sais pas encore. Peut-être que t’aurais pu en tomber amoureux si il avait eu des jolies traits féminin, des cheveux long peroxydé jusqu’à la taille. O que les cours de codage auraient été intéressant soudainement … Mais il n’a rien de tout ça ; c’est un homme Haeseong. Avec une pomme d’Adam et des mains de mecs que tu n’aimerais clairement pas sentir sur ton torse. Alors même pas tu reviens sur le sujet, tu poses plutôt de réelles questions qui te trotte en tête depuis que vous avez lancé les discussions sérieuses.


Vérité épineuse que t’entends alors, qui sort d’entre les lippes de ton ami sans que tu t’y attendes. Y’a pas d’histoire d’harcèlement, pas de petit Haeseong mis à l’écart chaque année par ses camarades. Non, c’est autre chose qui l’a poussé vers les écrans. Une mère morte lorsque le gamin était encore jeune ; un père inscrit aux abonnés absents dans la vie de son gosse depuis toujours apparemment. Alors il s’était replié vers ce monde virtuel, c’était laissé happée par la grandeur de ce monde dans lequel tout semble plus simple en surface. Là où l’identité peut être dévoilé ou non ; où l’on peut s’inventer une vie ou non. Un monde auquel toi, tu n’avais pas adhéré tout de suite, qui ne t’intéressais pas plus jeune car t’avais trop à faire dans la vraie vie. Des frères et sœurs à surveiller ; des amis à voir du matin jusqu’au soir quand tu n’étais pas occupé à dessiner sur des feuilles ou bien sur les murs et les toits des bâtiments de Busan.

- Ouais je pense qu’on passe tous par ces moment-là, que ce soit la mort d’un proche, l’absence des uns et des autres ou même cette envie d’apprendre des choses par soi-même… Toi t’as juste expérimenté ça plus jeune. C’est bien en vrai, j’admire les gens comme toi.

Une maturité qu’il a dû acquérir bien avant des autres jeunes de son âge, même avant toi surement. Car toi, la maturité c’est vraiment vers la vingtaine que t’as commencé à l’avoir. Avant de ça, t’étais vraiment un gamin perdu. Un gamin incapable de prendre des décisions en réfléchissant un minimum aux conséquences qu’elles impliquaient. Et peut-être qu’un jour tu lui en parleras à ton ami de tout ça, de toutes ces périodes durant lesquelles t’as fait le con ; comment le destin a décidé de t’attraper par le col depuis quelques temps pour te faire payer ton manque de réflexion des années précédentes, ce je m’en foutisme exemplaire dont t’usais à outrance. Mais pas tout de suite, peut-être pas ce soir du tout. Car du moment que vous arrivez devant le restaurant tu laisses les conversations tristes et tous les tracas de la vie au pied de la porte. C’est un Haru plus confiant et plus sympathique qui prend place une fois installé à la table. Un Haru que t’annonce maitre de la descente d’enfer sous les yeux d’un Haeseong dubitatif sur le sujet mais qui semble tout de même assez tenté pour te suivre dans tes conneries.

- Qui sait peut-être que l’élève dépassera le maitre hein …

Car Haeseong tu l’imagines pas dans la demi-mesure, c’est soit au premier verre il sera déjà pompette soit au contraire il aura une descente aussi folle – voir même pire, que toi. Découverte que vous ferrez ensemble ce soir, autour de bons plats que tu vends comme si le restaurant appartenait à ta famille tant t’es convaincu que la cuisine est délicieuse ici. Une soirée qui semble plutôt convenir à ton partenaire qui semble prêt à te suivre dans tes choix culinaires ainsi qu’en terme de boisson alcoolisé.

- Super, alors j’vais faire ma meilleure sélection quand le serveur arrive ! T’es pas prêt pour la suite !

Un énorme sourire, les prunelles qui glissent du visage de ton ami à la demoiselle derrière lui qui fixait dans votre direction jusqu’à que vos regards se croisent. Instinctivement, tu penses direct à une proie pour Haeseong mais à peine lui as-tu exposé la chose que lui rétorque que c’est peut-être toi qu’elle toise la fameuse fille dont tu parles.

- Moi ? Et pourquoi moi ? J’te dis c’est toi les meufs aiment bien les peroxydées … Et j’ai rien contre tes cheveux, moi aussi fut un temps je me décolorais souvent les cheveux … Ca date je l’ai pas fait d’ailleurs … Peut-être que je devrais m’y remettre ?

Une main que tu passes dans tes cheveux trop long, noir de jais. Tignasse à laquelle tu n’as pas touché depuis des mois, faudra bien qu’à un moment ou un autre tu passes chez le coiffeur et que tu remédies à la situation car plus le temps passe et plus t’as la coupe d’un petit garçon, ressemble à ton petit frère Eunchang qui lui, a cinq ans.

- Mais je note que t’es pas intéressé par la meuf dont je te parle… Peut-être c’est toi qui est amoureux de moi finalement …

Épaules que tu hausses comme si tu disais une banalité, les prunelles qui vont plutôt s’égarer sur le menu qu’un serveur vient de vous apporter. Tu lis sans réellement lire car en soi, tu connais bien tous les plats présentés dans la carte donc aussitôt ouverte, aussitôt refermé que le serveur débarque et que t’annonce à l’attention des deux :

- Donc, on va partir sur deux bouteilles de soju et j’pense qu’on peut se partager une soupe de Naengmyeon, des Jajangmyeon et pourquoi pas du mandu ? Toute façon si y’en a trop tu pourras toujours te faire emballer le reste pour chez toi, ça sera jamais perdu.

Serveur qui atteste tes paroles, annonce qu’il sera bien évidemment possible de ramener les restes mais qu’à son humble avis, ça n’arrivera pas. Car la nourriture est bien trop alléchante ici, qu’une fois un plat entamé on ne peut s’arrêter d’en manger. Petite remarque qui te fait sourire, appuie une nouvelle fois tout le bien que t’as pu dire au sujet de ce restaurant à Haeseong. Et voilà qu’il s’en va le serveur, revient à peine deux petites minutes plus tard avec les bouteilles et les verres à soju. T’as pas le temps d’attraper une bouteille que le plus jeune s’en occupe, débouchonne celle-ci et vous serres vos premiers verres de la soirée en te demandant combien de verre de cet alcool tu peux boire avant de t’écrouler.

- Franchement …. ? Pas mal, je pense qu’à la fin d’une bouteille je vois trouble mais j’suis pas ivre mort … C’est déjà pas mal j’imagine ?

Verres dorénavant remplis du liquide translucide, les verres que vous venez claquer l’un contre l’autre à la santé de cette soirée, de votre amitié. C’est le sourire aux lèvres que tu viens boire une première gorgée, fixe ton pote que tu vois déjà grimacer en sentant l’alcool glisser dans son œsophage. Ton verre déjà à moitié vide que tu reposes sur la table, ton dos venant se prélasser contre le dossier de la chaise sur laquelle t’es posé tandis que tu lui dis :

- J’suis vraiment content que t’ai accepté de venir manger un bout avec moi, c’est cool de pouvoir relâcher la pression à deux des fois.

|	burned keyboards; @seomun haru

— Et il rigolait, lui, sous les faits et gestes du plus vieux qui ne faisait que le détendre encore et encore sans même qu'il ne s'en rende compte. Plus facile, de communiquer avec lui, plus aisé encore, de se dire qu'il n'avait simplement pas à se cacher tout le temps dans son trou pour qu'on ne vienne lui sourire. Alors il essayait d'en profiter : amitié à se faire quand les regards s'illuminaient si aisément. Et il n'avait pas hésité à lui parler, dire la vérité sans la cacher, car c'était au final une part de lui dont il n'avait pas honte. Sans doute à l'époque devait-il être réellement insupportable, car personne ne l'avait réellement géré, lui qui avait tout appris tout seul ou alors des plus grands. Chacun avait sa version des choses, son histoire, et peut-être qu'au final n'était-il que l'une de ces histoire à construire encore et encore. Ordinaire, selon lui, car Haru aussi avait son propre chemin. Manières différentes pour en arriver ici, mais au final, ils n'en avaient fait que gagner plus d'expérience de vie. "Je pourrais en dire autant pour toi. Mais y'a rien d'admirable je pense. C'est juste comme ça.", qu'il affirma alors tout doucement, car pour lui pouvoir s'occuper de sa famille était quelque chose d'encore plus remarquable.

Ne pas plomber la soirée de ses propos, il avait préféré renchérir sur les autres sujets : comme pour ne simplement faire que briller les opales ce soir. Car au final, il s'était confié sans grand mal, difficultés qu'il n'avait plus, juste pour lui montrer sa confiance. Et Haeseong n'était pas compliqué à comprendre. Quand il se sentait à l'aise, les informations ne se retenaient pas. Pourtant établissement qui s'était approché bien plus vite qu'il n'aurait pu le penser, attente bien moins lente quand les jambes finirent par se plier pour s'asseoir, il se demandait bien comment allait finir la soirée s'il se permettait de le suivre dans sa descente de bouteille. Car il n'avait réellement aucune idée de ce qu'il pouvait se permettre de boire avant de finir au sol. "Hâte de voir ça.", et il serait l'un des seuls au final à savoir les quelques détails d'une soirée bien animée, et pourtant si agréable. Si cela se trouvait, il ne ressentirait rien du tout de ces quelques verres avec le plus vieux. Rire discret alors que les paroles du jeune homme ne faisaient que l'amuser : il était prêt à subir les choix qu'il allait lui imposer, mais les yeux semblaient avoir capté bien plus intéressant derrière lui.

Ô sans doute devait-il s'être trompé, car jamais il n'attirait les regards, lui, ou peut-être n'y faisait-il pas assez attention à ceux qui l'entouraient, ou alors ne remarquait-il jamais quand les yeux se posaient sur lui. Mais au final, il s'en fichait plutôt bien, qu'on le remarque parmi la foule. Sourire aux lippes, il laissa sa tête se pencher avant de la secouer un peu. "Sûr que t'as pas besoin de te bousiller les cheveux pour qu'on te regarde. Mais bon, si ça t'amuse.", épaules qui se haussèrent, il se demandait même pourquoi lui avait passé le pas. Après tout ce n'était pas comme s'il en avait eu quelque chose à faire, de son look, mais étrangement il aimait bien tenter des expériences foireuses sur les seules cheveux qui lui restaient encore. "Pas intéressé oui. C'est pas mon genre, de faire du repérage. Puis qui sait ? Je pourrais te prendre aux mots." qu'il s'amusa, car ce n'était tout simplement pas son truc, les relations sans doute. Après tout il n'y avait qu'à voir comment il devait être ennuyeux au quotidien. Carte expédiée, car lui comptait se reposer sur les choix de celui qui l'accompagnait, il hocha simplement la tête lors de la prise de commande, regard scintillant discrètement sous les énoncés."C'est vrai. Même si pas très sûr qu'il en reste vraiment.", car fin comme était, il avait pourtant un certain appétit quand il le voulait vraiment.

Mots du serveur qu'il prit alors en note, il ne tarda pas finalement à leur ramener leurs deux bouteilles, que lui s'empressa de venir servir poliment sous les questions qu'il se posait ; car lui n'en avait aucune idée, du nombre de verres qu'il pourrait ingurgiter. Et là était donc le jeu de la soirée de savoir qui tiendrait le mieux sur sa chaise sous un repas bien agréable. "Effectivement. C'est déjà bien, puis au pire on verra bien. Si ça se trouve tu tiens plus que tu ne me le dis là.", qu'il plissa un peu des yeux, "Ou à l'inverse." Faible sourire qu'il se permit d'esquisser, élevant son verre pour faire tinter les rebords, il se laissa porter par la première gorgée, réellement ravi au final de pouvoir passer un simple instant comme celui-ci. Car cela faisait bien trop longtemps, car cela n'était que les prémices de jours à venir encore plus appréciables. "Et moi je te remercie de me l'avoir proposé. Ca faisait longtemps que j'avais pas eu l'occasion de pouvoir boire un coup. Alors merci.", merci de m'avoir permi de me libérer un peu, de ces poids qui le hantait. Car à présent, il comptait bien essayer de profiter un peu plus de ceux qui l'entouraient, à commencer par lui, car c'était sans doute l'une de seules choses qu'il pouvait encore faire. Rire et s'amuser, se détendre et se relaxer, tout un monde à découvrir sous les prunelles bien curieuses qu'il allait devoir revêtir au final, qu'il allait pouvoir admirer, entre volonté et appréhension. Alors verres devant eux, soirée encore loin d'être terminée, ils allaient pouvoir se vider la tête : jusqu'à ce que plus rien ne vienne les déranger un peu plus. Jusqu'à ce qu'ils n'y voit enfin le bout, à ces démons partagés et ces quelques verres qui ne feraient que réchauffer leurs myocardes.