ootd - C’était parti de pas grand-chose. En soi, il avait passé une bonne journée, il avait été attentif à ses cours et profité du beau temps avec son entourage. Bientôt, l’été laisserait place à l’automne, les feuilles se pareraient de couleurs orangées rougeoyantes et cela se répandrait en une douce chaleur sur les habitants de la ville. Il avait hâte parce que cela signifiait également que l’hiver n’était plus très loin et peut-être neigerait-il aussi cette année. Le sourire aux lèvres, il était prêt à quitter le campus car il avait affaire quand il entendit malgré la musique plantée dans ses oreilles du bruit assourdissant sur sa gauche. C’était peu monnaie courante que des querelles puissent avoir lieu à leur âge ou cela se faisait à l’abri des regards. Il n’y prêtait pas attention en général parce qu’il s’y était laissé excessivement embourbé par le passé, cependant, il reconnut l’une des voix qui le poussa à y jeter un coup d’oeil. Il voulut s’interposer, imposer le calme et ne reçut pour toutes réponses qu’un poing dans la figure alors son sang ne fit qu’un quart de tour.
En piteux état, son ami n’était plus en condition de se battre contre son adversaire. Il n’en connaissait pas la cause, aurait bien voulu savoir de quoi il s’agissait mais cela n’avait plus d’importance. À voir comment en était rendu celui qu’il protégeait, le garçon face à lui n’avait eu aucun scrupule à continuer à faire preuve de force à plus faible que lui. Il ne valait pas mieux à se battre avec lui au lieu d’essayer de résoudre le problème parce que la solution n’était pas dans leurs poings. Cependant, l’injustice était bien quelque chose qui le répugnait et il entendait faire savoir à cet idiot qu’il n’avait plus intérêt à agir de manière stupide. Il commença à avoir le dessus et les exclamations de surprise se firent plus fréquentes. Ils étaient l’exaltation des étudiants et personne n’intervenait en leur faveur alors qu’ils finiraient probablement par se faire tirer par les oreilles. Et lui ça l’amusait. La pression retombait légèrement jusqu’à ce qu’une main stoppe son poing, prêt à donner le coup fatal.

"Colored by you, I'm suprised by the feelings felt for the first time"

Regards qui se croisèrent, qui se cachetèrent. Il cligna des yeux et n’attendit pas une seconde de plus pour lui saisir le poignet et lui cogner la tête avec la sienne.

@na haryu

ootd - Ça n’aidait pas. Ça ne le soulageait pas réellement de cogner pour frapper, ce n’était qu’un leurre. Même en ayant conscience de ce fait incontestable, il continua à abattre son poing comme le faisait son nouvel adversaire. Ils étaient à parts égales, quand l’un parvenait à frapper, l’autre ripostait dans l’immédiat. Leurs spectateurs n’étaient plus à la première surprise et semblaient désormais interloqués de la tournure qu’avait pris ce jeu de bras et de jambes violent. Il n’en avait plus rien à faire, Shōta, il se sentait pousser des ailes. Il appréciait autant de recevoir des coups rudes à encaisser que de laisser libre cours à sa brutalité, comme si cela lui rappelait qu’il était vivant alors que son corps le faisait bien assez pour lui. Émotions grandissantes qui le plongeaient dans l’excès sur lesquelles il n’avait plus d’emprise et ça pulsait à l’intérieur de lui. Le myocarde battait à un rythme effréné, emporté dans une danse effrénée, et il n’était pas sûr de connaître la fin de la chanson pour que ses pas ne cessent de fouler le sol.
Jusqu’à ce que l’extase euphorique fut couper net d’un claquement de main dans leurs nuques respectives. Ils se stoppèrent tous les deux, les mains agrippées avec fermeté aux vêtements de l’un et de l’autre, le souffle court, prunelles persiflant avec l’adrénaline. À peine cinq minutes plus tard, ils étaient dans le bureau du directeur qui leur relataient le fait qu’ils avaient mieux à faire que d’attirer l’attention sur eux et qu’ici ils étaient dans une université réputée. À leurs dépends, ils apprirent noms et prénoms puisqu’ils durent confier leurs cartes d’étudiants afin que cela soit notifié dans leurs dossiers. Ça n’aurait pas de réels impacts à l’avenir que s’ils évitaient une nouvelle altercation pour leur année. Cependant, ils ne s’en tireraient pas à si bon compte pour la journée et se retrouvèrent l’instant d’après dans un bâtiment en travaux à retirer des graffitis dans l’une des pièces. Le plus frustrant était de se dire que les véritables coupables avaient fui et qu’ils payaient leurs fautes à leur place.
Il jeta un coup d’oeil à Haryu et se reconcentra sur sa tâche. Il avait du mal à calmer l’agitation que cette querelle avait éveillé en lui. Il avait les mains en piteux état, le visage tuméfié, et probablement des contusions sur le reste du corps. Et ça cognait. Le myocarde cognait contre sa poitrine avec insistante comme s’il désirait qu’il continue. Il poussa un léger soupir et se permit de regarder encore une fois cet étudiant en sports. Il lui semblait être le parfait élève dont ses parents avaient rêvé. Ça le dégoûta et il frotta avec plus de nervosité le dessin qui commençait à s’effacer devant ses yeux. Que ne puis-je rêver de m’effacer moi aussi, cela serait plus simple.

"I shout louder in the sound of rain
I'm afraid all my words will be buried
The sky is getting cloudy"

@na haryu

ootd - Il avait passé l’âge de d’être embarqué dans des bagarres, il s’était calmé en arrivant à l’université. Est-ce que le directeur préviendrait ses parents ? Malgré le fait qu’il ait coupé les ponts avec eux, ils restaient ses tuteurs et ceux à appeler en cas d’urgence. Ce n’était pas une urgence mais il ne s’était pas tenu correctement alors il était probable qu’il leur en parle. Il espérait que non car ce serait bien sa veine de les voir débarquer sur le campus. Depuis qu’il ne les voyait plus, ça s’était atténué à l’intérieur de lui et il était devenu plus assagi. Aujourd’hui, il ne l’avait pas été, il avait pourtant fait de gros efforts qui contrastaient grandement quand il était lycéen. Autrefois, il recherchait l’attention, qu’avait-il eu comme objectif à se laisser entraîner par l’euphorie du moment ? Pas plus que l’étudiant à ses côtés cherchant à faire bonne figure devant ces graffitis ancrés indélibilement sur le mur.
Quand il se reçut son éponge sur la nuque, il fut surpris. Il ne sut pas comment réagir si ce ne fut cette veine qui recommença à battre le rythme à son front. Ils venaient de se faire réprimander et prenaient la faute à la place de leurs amis et il osait le provoquer encore une fois. Il le regarda, les sourcils froncés, et ne sut pas ce qui le retenait de lui mettre son poing dans la figure. Pas le fait qu’il l’ait déjà assez amoché, plus le fait que ça ne tournerait pas plus en leur faveur de continuer à se disputer pour des futilités. Il voyait son temps libre partir en fumée, ses devoirs s’accumuler et ne se sentir soulagé que parce qu’il ne travaillait pas ce soir au café parce que, sinon, son patron n’aurait pas apprécié le voir arriver en retard.

« On nous a donné une tâche à accomplir, c’est ton problème si tu ne veux pas la réaliser. »

Il n’en attrapa pas moins l’éponge de Haryu pour la plonger dans l’eau et ensuite la lui balancer à la figure. Bien visé. Qui avait dit qu’il n’était pas doué lui non-plus ?

« Travaille, lui dit-il, À moins que tu n’aies pas de cervelle comme la plupart des étudiants en sports. Quoique, réfléchit-il, vu comment tu cognes, ça laisse supposer que ça cogite là-dedans. »

Et il haussa les épaules pour lui signifier que lui non-plus n’en avait rien à faire. Il récupéra son éponge qui flottait dans l’eau et se remit à frotter. C’était sans rancune à propos de cette bagarre mais à le savoir étudier une spécialité dans laquelle ses parents avaient tant espéré l’y voir le rendait malade. Il se passa une main dans les cheveux et contempla la moitié du graffiti effacée. Il fut frappé par le fait qu’il y ait de fortes chances qu’en y regardant de plus près avec une loupe on pourrait voir que des particules résistaient à ne pas partir. Ça finissait toujours par revenir ou ça ne partait pas. Il le savait bien et il se vit comme s’il avait eu un flashback cogner son poing contre le mur. Il déglutit, les poings serrés le long de son corps.

@na haryu

ootd - Qu’attends-tu pour aller voir quelqu’un ?

Internet n’était pas une source sûr. Aujourd’hui, elle faisait partie constante de chaque vie, du moins pour ceux qui l’acceptaient. La vie de chaque être humain était régi par les nouvelles technologies et lui faisait parti de ceux qui s’en accommodaient et se fichait d’en avoir sous la main ou non. Il n’irait pas nier, néanmoins, qu’il n’y trouve pas son utilité et internet avait donné quelques réponses à ses questions. Il ne savait pas s’il devait s’y fier mais les signes n’étaient pas trompeurs. Des signes indiscutables dont il avait fait montre plusieurs fois et depuis son plus jeune âge. Ses parents n’y avaient pas prêté attention, avaient continué de l’ignorer et avaient feint quand un jour il avait tenté de leur en parler. Papa, maman, suis-je une erreur de la nature comme ses tâches enracinées au mur ? Il avait mis le problème de côté, le problème qui s’était accentué à devenir une bombe à retardement. Le campus mettait à la disposition des étudiants toutes sortes de moyens pour les aider pour leur avenir, à lui de faire le premier pas. Tétanisé, il n’en était pas capable alors le problème se retrouvait de nouveau au placard.
Il se remit à frotter le mur et, habituellement, cela l’aurait calmé de se concentrer sur quelque chose. La présence de Haryu et ses mots débités avec soin et cassants continuaient à vivifier ses esprits et à jouer sur ses nerfs. Il se faisait fureur pour ne pas y répondre parce que cela tournait au ridicule. Ils ne réussiraient pas à finir à temps s’ils continuaient à se chercher des noises pour des ennuis qui n’étaient pas les leurs et il n’avait pas envie de revenir le lendemain pour terminer le travail. Il ne doutait pas que c’était de-même le cas de Haryu sauf que celui-ci cessa toute mise en pratique et se mit à le regarder comme lui avait pu le faire l’instant d’avant.

« Quoi ? »

Il remêla ses prunelles sombres aux siennes et fronça légèrement les sourcils. Tirer des conclusions hâtives, c’était facile. Lui aussi en jouait quand ça l’arrangeait, il ne le ferait cependant pas maintenant. Il y avait plus amusant à faire pour continuer de le provoquer comme lui le faisait et de son éponge mouillé, il l’arrosa une fois. Deux fois, trois fois.

« Tu n’es pas drôle, lui dit-il, Que dois-je dire ? Les personnes comme toi doivent finir seuls. »

Il lui relança de l’eau sur lui, il le faisait assez bas parce qu’il l’avait vu. Son appareil auditif. Ça ne faisait pas de lui quelqu’un qui souhaitait savoir ce qui lui était arrivé car il ne souhaitait pas apprendre à le connaître. Il ne l’aimait pas, il avait autant fait preuve de puérilité que lui en répondant à ses coups au lieu de l’arrêter. Son regard ne lâcha pas le sien et il découvrit avec une certitude frappante que la vie n’était facile pour personne quand on prêtait une attention particulière comme il le faisait à une personne inconnue. À quel point crois-tu que j’ai mal quand tes gestes transpirent le doute ?

@na haryu

ootd - Trempé jusqu’au bout des ongles. Au moins, c’était comme une douche froide et ça avait eu le don de calmer. Il n’entendait plus le bourdonnement incessant à l’intérieur de son crâne, ses sens auditifs ne captant plus que le bruit des gouttes tombant au sol de ses cheveux mouillés. Il le regarda longtemps, les yeux ronds, surpris de sa désinvolture parce qu’il l’avait pensé plus apaisé que lui. À quel point avait-il tiré sur la corde pour qu’il lui jette toute son eau à la figure ? Cela le frappa de plein fouet et il eut du mal à se remettre de ce retournement de situation qui l’avait pris au dépourvu. C’était lui qui l’avait provoqué. Qui sème le vent récolte la tempête. Je sais. Il n’était pourtant pas quelqu’un d’asocial, il se plaisait même à s’entourer le plus de personnes possibles comme si chaque être était capable de créer un mur autour de lui. Il en avait conscience, il se cachait derrière eux parce que c’était plus facile pour affronter ses tourments mais, avec lui, avec Haryu, il en serait incapable.
Il ne perdit pas de temps à attraper lui-même son seau et à le lui balancer dessus. Il évita son appareil auditif parce qu’il ne souhaitait pas être responsable d’un quelconque malheur. Il n’avait pas d’argent, il n’irait pas perdre de temps en dettes alors qu’il avait réussi jusqu’à aujourd’hui à ne pas en avoir bien que les fins de mois soient difficiles à terminer. Cette querelle enfantine continuait, l’un crachant, l’autre aboyant. Ne pas juger sur les apparences, il n’était pas quelqu’un à le faire, il ne doutait pas qu’Haryu n’était pas non-plus, ils s’en amusaient à le faire pourtant tous les deux car ça n’avait plus d’importance s’ils étaient plus ridicules que tous les idiots réunis sur terre. Il saisit Haryu par le col de son haut et le plaque violemment contre le mur avec une force qui continuait parfois de le surprendre. Tant pis, il avait bien décidé à vivre sa vie pleinement en partant loin de sa famille.

« Et il en est de-même pour toi, siffla-t-il, Arrête de me regarder comme tu le fais parce que tu ne sais rien. »

Et ça repartit en vrille dans ses esprits. Il eut envie de le cogner et de hurler. Ils n’avaient rien à prouver l’un à l’autre. Il n’en fit cependant rien et le relâcha en tiquant. Il s’apprêta à rajouter quelque chose quand la porte s’ouvrit à la volée sur leur directeur. Ils regardèrent tous les deux automatiquement ailleurs tandis qu’ils se faisaient une nouvelle fois crier dessus. En ayant plus qu’assez, il leur fit signe de déguerpir et ils ne se prièrent pas pour le faire. À l’extérieur, à l’air frais, il regarda l’étendue des dégâts sur ses vêtements avant de jeter un regard en biais à Haryu et de sourire brièvement comme lui avant de partir.

@na haryu