Apple Juice

Douceur d'un regard posé sur l'horizon, Liya et ses airs mélancoliques qui se marient à merveille avec les nuages d'un ciel gris. Les murs blancs de l'hôpital angoissent bien souvent, pour elle, c'est le contraire, elle se sent à l'abri dans cet institut gigantesque, cardiologue en devenir, elle doit s'y habituer de toute manière, qu'elle le veuille ou non. La machine à café résonne, Liya se détache de la baie vitrée pour récupérer sa tasse fumante. Elle tend le bras pour attraper une dosette de sucre, car elle aime ce qui est sucré, déteste le café, mais se voit obligée d'en boire pour ne pas plier sous la fatigue et la difficulté des tâches.

Les blouses blanches défilent à travers la salle de repos, personne ne prend la peine de s'intéresser à la brune assise dans son coin, et n'importe qui trouverait ce tableau d'une tristesse affligeante, mais Liya, ça ne la dérange pas, elle n'a besoin de personne pour se sentir exister, personne à part lui. Elle trempe ses lèvres rosées dans le liquide brun, grimace légèrement face à l'amertume du breuvage, mais se force à l'avaler. un coup d'œil vers la pendule accrochée au-dessus de la porte, il ne lui reste que cinq minutes, la Chinoise prend tout de même son temps pour finir son café, ignorant les conversations animées de ses collègues médecins et infirmiers. Elle finit par se lever, suscitant l'attention des curieux avant de rapidement les désintéresser. La jeune femme se dirige jusqu'à la poubelle avant de passer la porte de la petite pièce pour rejoindre le service cardiologie. 



« Liya ! Je pense que tu peux y aller, merci pour ton aide aujourd'hui ! » La brune répond d'un sourire timide accompagné d'un signe de la tête alors qu'elle termine de se rincer les mains. L'opération fut un succès, Liya peut rentrer la tête reposée. Elle pense à Edwin, se demande si le garçon a terminé son service lui aussi. Derrière elle, le défilé ne se calme pas, l'agitation ses hôpitaux ne s'arrête jamais, le monde tourne autrement pour eux, s'est presque terrifiant. Liya prend alors le chemin des vestiaires afin d'y récupérer ses affaires. Chose faite, la belle ne s'attarde pas plus et se laisse guider jusqu'à la sortie de l'institution.

Son visage se détend enfin, elle ferme les yeux accueillant la brise du soir qui vient caresser son épiderme et soulever sa chevelure. Elle respire un coup et pose un moment son regard sur le monde tout en essayant de se remémorer l'emplacement de sa voiture. Sans prêter plus d'attention à son entourage, la Chinoise s'apprête à rejoindre le parking, mais voilà qu'elle est retenue par une figure qui surgit soudainement devant elle. Ses yeux s'écarquillent alors qu'elle recule, pas certaine de connaître celle qui se trouve en face d'elle. « Mh, Bonsoir ? » Laisse-t-elle sortir, un sourcil arqué. Intimidante, c'est ce qu'elle se dit sur le moment, mais bon, qui pour Liya n'est pas intimidant ?

♡ busan vibe ♡

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la fumée caressait les vapeurs de pollution, montant dans les tourbillons jusqu’à valser avec les nuages cotonneux du ciel. Les volutes grisâtres se mêlaient au reste pour donner un tableau kaléidoscope de gris qui s’accrochaient aux peaux. Sous le ciel lourd du printemps qui se camoufle, les fleurs du plaisir lentement écloraient au gré des frétillements primesautiers. La douceur des odeurs qui crée sur les visage les sourires et les rires, délicieux torrent de vie qui se réveillaient par l’apport des glaces fondues qui augmentent ce courant si vivace. Sauf Songhwa qui ne voulait jamais cessait de sentir la vie pulser à en perdre la raison dans sa nuque. Dans la froideur de l’hiver, il brillait en elle un inexorable été, une violence qui épousait les soubresauts de ces ressentis, dans la joie ou dans la vengeance les émotions brûlaient ces réflexions guidant sa main fatale et ces sourires en coin qui dérapaient sur ses lippes. Une pomme et ces dents mordraient dedans quelque soit les promesses de malheur pour le plaisir de la découverte. Ce frisson d’excitation qui faisait briller ces prunelles, fébrile prudence abandonnée sans le moindre regret.

Mais depuis quelques temps, son palpitant tambourinait au rythme démentiel de la vengeance, la dernière étape du deuil qui s’accrochait aux nucléotides de son ADN sans qu’elle ne veuille s’en sortir. Une glace entre les lèvres, Songhwa était assise impatiemment sur un banc. Au-dessus de sa tête, les nuages défilaient au rythme lent où sa langue goûtait le nectar de la glace à la ville qu’elle avait avec elle. Sa tenue était une parure, restes mordorées du rôle qui occupait ces journée, cette pièce de théâtre où elle se préparait à devenir la metteuse en scène. Sa position avait été calculé, elle voulait retrouver cette fille, celle dont les parents avaient fini écrasé dans sa lutte insensée contre le gwejo. Cette fois-ci, elle se refusait à perdre, dut-elle donner sa vie. Elle se fichait d’exploser en plein vol, elle se fichait des conséquences tant que l’objectif était atteint. Songhwa aimait sa parure de désinvolture, sans doute même qu’elle la portait réellement enserrée à sa gorge sans pouvoir s’en débarrasser. Les conséquences et les responsabilités, elle les conchiait gracieusement, d’un geste impertinent presque ironique. La vie était un jeu et elle gagnerait cette partie quitte à perdre tout le reste, elle faisait tapis. Et cette fille dont la vie avait été entièrement analysé, disséqué jusqu’à la retrouver était peut-être l’as dans son bras. Sans doute elle même n’avait-elle pas conscience des informations qu’elle avait, de la richesse et du danger que ses connaissances pouvaient avoir.

Le visage détendu, le sourire carnassier qui remplace le simple coin de lippes, elle se relève pour se glisser juste à côté sa proie, ombre parmi les ténèbres que projetait la nuit.  « Mh, Bonsoir ? ». Elle sourit, une sourire qui ne reflète pas avec adéquation la réalité de ces sentiments mais bien réel. Rouge est vraiment heureuse de l’avoir trouvé dans les labyrinthe des réseaux virtuels, retrouvé les connaissances et les preuves potentielles pour réussir cette fois. « Bonsoir … liya c’est ça ? ». En pleine théâtralité, elle mordille sa lèvre d’une gêne qu’elle ne ressent pas, des sentiments qu’elle crée mais qui ne naissent pas naturellement dans son abdomen. Ils sont faux mais elle s’en sert. « je m’appelle songhwa, on était ensemble à l’école je ne sais pas si tu te souviens. J’attendais mon frère qui est à l’hôpital pour une blessure en skateboard » Elle pointe d’un doigt flou l’hôpital, agitant sa main.« désolée tu dois t’en ficher et je parle beaucoup mais quel hasard de te croiser ici. Comment vas tu ? ». Elle parlait vite, pour ne surtout pas laisser le temps à sa proie de réfléchir et de penser, elle enchaînait les syllabes pour noyer ses synapses. Lentement, elle voulait refermer ces filets.

♡ busan vibe ♡

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Les terminaisons nerveuses se perdent dans la chevelure noisette de la jeune Chinoise, chassant de son visage les quelques mèches rebelles lui obstruant la vue. Se tient devant elle, une parfaite inconnue, dont l'aura ne manque pas de la faire frissonner.  Confrontation s'étire sous la lumière du soir, elle est fatiguée, elle voudrait rentrer, mais voilà que les pulpeuses de celle qui lui fait face révèle sans vergogne son appellation. La surprise vient figer le visage de la poupée, qui resserre automatiquement sa main sur la panse de son sac à main. Inconnue ou oubliée ? Liya se soucie si peu de son entourage, qu'il se peut qu'elle ne l'ait simplement pas reconnue. Demoiselle toise de ses yeux méprisants la figure de l'impertinente, cherchant en vain dans les recoins de son esprit ce dont elle ne peut pas se souvenir. Les paroles s'enchaînent, Liya, déstabilisée, ne parvient pas à en placer une, ni à esquiver cette rencontre dont elle ne veut pas. Et elle parle, elle parle, déblatérant des faits dont elle se fiche royalement. Quel plaisir y a-t-il à sortir de l'hôpital en avance si c'est pour qu'on vienne vous aborder et vous retenir de la sorte ? Une minute, une seule petite minute et elle aurait peut-être réussi à éviter de se retrouver dans cette situation, ou du moins, c'est ce qu'elle croit.



Et perdue dans ses réflexions, elle oublie d'écouter les récits de cette étrangère, retenant seulement une histoire d'école et de skate board. Elle a cette manie de regarder droit dans les yeux sans écouter un seul mot de ce que vous êtes en train de lui dire, fâcheuse habitude d'introvertie, et signe d'un profond désintérêt pour le reste de l'espèce humaine. « Excusez-moi, je suis bien Wu Liya oui, mais je n'ai aucun souvenir de vous... » Formalités rétablies, car elle préfère instaurer cette distance entre elle et le reste du monde, une fille bien difficile à approcher, qui n'aime pas se faire aborder. Et si Liya avait pu naître fleure, rivière ou caillou, sans doute aurait-elle été plus heureuse. Éternelle invisibilité, la différence n'aurait peut-être pas été si flagrante. Mais si elle se plaint intérieurement de ne pas avoir joui de la même attention que certains enfants, gamine devrait réfléchir sur son propre comportement, et c'est ce qu'elle a promis de faire, c'est pour ça qu'elle est toujours là, stationnant devant la blonde, sans inventer de prétexte pour fuir cette entrevue imprévue. « Songhwa... Non, ça ne me revient pas. Après, c'était il y a un moment, si je réfléchis bien, je ne me souviens de pratiquement personne qui aurait partagé la même classe que moi, plus jeune. » Maigre sourire forcé, comme pour répondre à cet enthousiasme non partagé, elle se pince les lèvres en laissant un silence s'installer, tension qui accentue les visages crispés de ces poupées aux univers opposés.

« Je vais bien ? » Finit-elle par sortir avant de s'incliner poliment. « J'espère que vous vous amuserez sur votre skateboard, si vous voulez bien m'excuser... » La fuite est de nouveau envisagée, car elle se sent profondément mal à l'aise devant cette femme dont elle ne se rappelle pas. Elle s'apprête à contourner la jeune femme quand une nouvelle silhouette trop enthousiaste traverse son champ de vision. L'homme s'avance vers elle, un énorme sourire plaqué sur ses lèvres, cet horrible visage lui renvoyant des frissons qui la poussent instantanément à reculer. « Tout compte fait, je crois que je me souviens d'une Songhwa ! Tu as quelque chose à faire là tout de suite ? » Mensonges se glisses sous les familiarités restaurées, la belle jongle maladroitement sous l'effet de la panique. Tandis que l'homme se rapproche, Liya enroule son bras sous celui de cette ancienne camarade pour l'entraîner du côté opposé. « Je t'offre un café ? Histoire de se rappeler du temps passé... » Improvisation totale, au final, l'une ne vaut pas mieux que l'autre. S'éloignant de l'énorme bâtiment, Liya avance, le pas pressé, entraînant cette fausse connaissance vers une enseigne située juste à côté. L'homme s'est arrêté, il observe les deux jeunes femmes s'éloigner, les mains posées sur ses hanches, le visage contrarié. « Aish Wu Liya ! T'ignores tes collègues maintenant ? » Cri-t-il sans que le son de sa voix n'atteigne les demoiselles. « Quelle ingrate... » Finit-il par murmurer, avant de s'en détourner.

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