Quel jour était-il ? Est-ce que ça importait vraiment ? Owen n’avait pas réellement une grande réalisation du temps, de l’heure, de la vitesse des événements. Il n’avait jamais eu ce sens de la réalisation, et jamais n’avait-il eu quelque chose à faire en général sur le temps. Ce n’était que quelque chose de présent pour lui rappeler qu’il n’était pas éternel, et il aimait ceci autant que le détester. Il devait quand même être la matinée, ou vers là, parce qu’il n’avait pas encore eu son café du matin, et rester chez ses parents n’était pas quelque chose qu’il avait envie de faire. Mais l’appel de ce breuvrage noir, pur, fort, était plus fort que lui. Il était le genre de garçon que l’on regarde, raffiné, propre sur lui, toujours bien coiffé, mais qui n’allait pas prendre de caramel macchiato pour autant. “Un petit noir”, aussi étrange que ça pouvait être, était tout ce qu’il avait jamais demandé comme café. Un expresso le plus noir et corsé possible. Peut-être était-ce parce qu’il était intolérant au lait, probablement. Son portable le plus cher toujours sur lui, dans la poche arrière de son jean, les vibrations constantes le rassuraient, il était toujours quelqu’un que beaucoup attendait, que certains aimaient et son cœur se remplissait à chaque message, tout allait si mieux. Il n’était même pas forcément accro aux réseaux sociaux, même si le regard d’autrui avait toujours était important pour lui, il pourrait abandonner tout ça un jour s’il avait assez de personnes à ses côtés. Le problème était là. Ce qu’il avait n’était jamais assez. Il avait eu rien pendant tellement longtemps qu’il ne voulait jamais pu, ou suffisamment, mais tout. Ses pas entrèrent donc en premier dans le petit café du coin, assez peuplé et attirant aux yeux des citoyens de Busan, il regarda pourtant peu autour de lui, concentré sur autre chose. Il passa assez rapidement sa commande au comptoir avant de vouloir partir s’asseoir en l’attendant, comme aurait fait n’importe qui n’est-ce pas ?

Un bruit qui vint le stopper dans son chemin, quelques stylos tombés non loin, mais ils étaient déjà ramassés, il n’avait pas besoin d’aller aider qui que ce soit. Surtout qu’elle ne voudrait pas de mon aide pour quelque chose d’aussi simple. Il alla donc s’asseoir simplement sur le siège qu’il avait choisi, ni trop près ni trop proche des gens, avant de s’arrêter quelques secondes. Qu’est-ce qu’il se passait ? Il avait déjà vu ce visage avant non ? Mais pourquoi ? Où ? Il était plutôt sûr qu’il ne l’avait pas vu en face comme ça avant. Alors pourquoi ? Owen finit par s’asseoir doucement sur sa chaise, sans pour autant cacher sur son visage cette expression de confusion, et rapidement, il se jeta sur son portable. Ça devait venir de là. Mais qui. Et pourquoi ? Et depuis quand il avait connu ce visage ? Un scroll à travers les onze, et là, il la trouva. Sa réaction ? Stress. Un énorme stress. Son doigt vint frapper la table rapidement et de façon répétitive, ne sachant pas comment réagir. What a fucking idiot I am. Don’t fuck up. Il savait très bien que ce dernier compte était une erreur, il aurait dû s’arrêter à dix. Puis c'est bien les chiffres ronds non ? Alors pourquoi onze ? Parce qu’il avait un goût pour tout ce qu’il y avait d’imparfait ? Peut-être ? Mais comment faire ? Il la connaissait elle, mais elle ne le connaissait pas, enfin, pas lui-même. Il releva les yeux quelques secondes, est-ce qu’elle l’avait vu ? Est-ce qu’elle l’avait regardé ? Qu’est-ce qu’il avait, quelque chose sur le visage ? Ah sa mèche peut-être, une main qui passa dans sa chevelure, histoire de la remettre en place, avant d’aller récupérer son expresso. Il ne comprenait quand même pas. Pourquoi avait-il fallu qu’il souhaite prendre quelqu’un sur Busan ? Il n’avait donc appris aucune leçon ? Un regard rapide vers la jeune femme à nouveau, elle dessinait ? Quoi ? Elle avait l’air bien concentré en tout cas sur son pauvre crayon, tant qu’elle avait presque l’air absorbé. Qu’est-ce que je suis en train de faire là ? Owen recule merde. Owen no, back off. Et pourtant il était déjà à quelques pas, à observer ce qu’elle faisait, les transformations de traits après traits pour former ses répliques du réel, c’était passionnant à regarder pour lui. Mais peut-être qu’il gênait, debout là. Et que sa curiosité l'a amené là ne fit que le faire stresser encore plus. Il faisait tout pour que ça ne se montre pas. « A-Ah pardon, je ne voulais pas gêner, je vous laisse à votre dessin. »

Certains jours je suis un idiot, mais d'autres je suis juste un beau gros con.

D'où est-ce que l'inspiration lui était venue ? Il ne pouvait pas vraiment dire. Parfois Owen regardait dans la rue, une ou deux personnes, le fait qu'ils étaient tous accompagnés, tous avec quelqu'un, et tout d'un coup, il lui manquait quelque chose. Il se mettait à chercher, par tous les moyens possibles, des visages qu'il aimerait avoir comme amis, sillonnant le site qu'il aimait tant, et dès qu'il avait trouvé la perfection, une personne ni connue, ni trop parfaite, il se lançait. Tout avait commencé, il ne se souvenait même pas de son âge, mais il suivait lui-même la personne qui avait grandi en même temps que lui. Ce compte, toujours actif, et plus adapté pour les anglophones, comme le prochain, celui d'après et beaucoup d'autres. Autant, il aimait son pays, il aimait aussi les autres pays anglophones, mais il ne pouvait pas s'empêcher de penser que l'idiotie en eux lui avait permis de garder neuf comptes sans le moindre problème. Puis il y en avait deux en coréen : une femme, et un jeune homme. Mais comme un idiot, il avait pris quelqu'un de Busan. Quelqu'un que la personne qu'il approchait comme si de rien était connaissait. Quelqu'un que cette personne semblait particulièrement apprécier. Comment avait-elle eu son compte ? Il n'aurait pas pu faire de lien direct, mais les questions n'étaient là que pour le rendre encore plus confus. Il n'avait rien vérifié et pourtant il était à deux pas d'elle, à l'observer dessiner, avec deux gros yeux comme ceux des enfants, pleins d'étoiles. Est-ce que je suis bien coiffé au moins ? J'ai rien de tacher ? Quelque chose entre les doigts ? Pourquoi je m'approche merde. Mais il était bien trop tard, il était là derrière elle à observer au-dessus de son épaule comme une des personnes qu'on lui avait dit de ne pas devenir depuis toutes ses années. Quelle belle éducation il avait donc reçu de toutes ses familles éphémères et partielles. Il avait au moins eu la décence de s'excuser, mais il ne partait pas pour autant. Mais bouge ton cul Owen, dérange pas.

Huh ? Je dérange pas ? Je peux rester ? Je peux regarder ?

Confusion. Elle ne l'avait pas rejeté. Elle ne l'avait pas regardé comme s'il avait un réel problème. Elle lui avait offert une place. Le café en main, les mains du mixte se mirent à trembler, stress beaucoup trop haut pour sa petite personne. Il ne savait pas combien de temps il avait regardé ces iris, leurs couleurs, formes, mais quand il sortit de ce moment probablement long, gênant, et étrange, Owen repassa en quelques secondes en le jeune garçon qu'il était censé être. « Joindre... Je ne sais vraiment pas dessiner, c'est grave si je regarde juste ? Vous avez l'air d'avoir beaucoup de talent... » Les compliments, ce qu'on lui avait toujours appris à dire. Un jour il était tout beau toute paillette et flamboyant d'éloquence, et l'autre il était ce petit garçon en pleurs dans un coin de sa chambre se sentant seul au monde. Mais cette facilité à passer d'une chose à une autre était naturelle pour lui, c'était sa façon de cacher toutes ses peurs, ses appréhensions, ses propres jugements. Son corps finit par s'asseoir doucement à côté de la jeune femme son café toujours en main malgré la forte chaleur qu'il s'en dégageait, ses yeux rivés sur la toile. Tout ce qu'il devait faire maintenant, tout en autorisant sa curiosité à le mettre dans une telle situation, était de ne pas faire comme s'il la connaissait déjà un minimum. « Vous dessinez depuis longtemps ? En école peut-être ? » Des questions simples pour comment la conversation, alors que son fort-intérieur le frapper déjà de tenter une telle chose. Si je continue, j'ai intérêt à ne pas mêler Internet et la vraie vie. Sinon, adieu Owen. C'était tout ce qu'il avait. Des années et des années de travail, qui risquait de partir en poussière.

Les traits apparaissant sur un bout de papier, comme une magie qu'il n'avait jamais pu observer de sa vie auparavant. C'était un monde qu'il ne connaissait vraiment pas, un monde de féerie, un monde pur qu'il n'avait jamais pu voir apparaître de son regard impur. Il y était un complet étranger, de tous les sens possibles, interdit de ces portes, de ces murs, il ne pouvait voir que par une petite fenêtre qu'elle venait de lui ouvrir, observer l'art prendre vie, tout ce qu'il aurait aimé pouvoir faire. Malheureusement, il n'était pas un artistique de ce genre, Owen n'avait pas reçu ce don du monde dans lequel il était né, malgré sa ville de naissance et les stars qui y ont marché sur la même terre. Il était un intellectuel incompris, celui qui fait tout ce qu'il ne faut pas avec une invention qui partait d'un bon sens, d'une bonne intention. Il les détruit, les rend dangereux, leur enlève toute utilité, les salit, comme son existence fait autour de lui. Ses mains serrées autour de sa tasse de café, ses yeux noirs fixant le blanc de la feuille, il ne clignait presque plus des yeux, comme absorbé par ce néant, cette absence d'existence qui soudainement prenait vie. Il en oubliait presque son erreur, assis à côté d'une personne qu'il connaissait alors qu'elle n'avait aucune idée de qui elle était. Il ne savait pas tout d'elle, certes, mais il en savait bien trop. Il savait qui elle avait comme connaissance, celui qu'il était sans pourtant réellement l'être, et tenir le mensonge entre ces deux vies étaient le plus compliqué à ses yeux. Encore une fois, il se flagellait mentalement d'avoir fait un choix aussi idiot, de s'être dit que cela ne ferait rien s'il prenait quelqu'un qui habitait la même ville que lui. Classique Owen.

Garde les questions simples, pas spécifique, et tout ira bien. Respire. I won't fuck up today.

Elle était assise là, ignorante de la situation, pure jeune femme au visage qui semblait doux comme porcelaine, sans trace de doute, mais une légère timidité qu'il pouvait très bien comprendre. Après tout, un pur idiot d'inconnu s'était incrusté dans sa vie pour quelques minutes pour une raison qui n'était presque pas valable, qui ne serait pas parti se cacher. Il observait sa main dirigeait son stylo sur la feuille blanche plus qu'elle en personne, à la fois par curiosité et par choix, il était si absorbé par l'art naissant des cendres qu'il ne pouvait pas quitter les yeux de ce blanc coloré. Et pourtant elle avait prononcé quelques mots, sortant de sa bouche comme la chose la plus naturelle au monde, et pour le mixte, ce fut le début d'un premier mensonge. Tout le monde l'accepte au début. Puis ils apprennent à le connaître et préfèrent être loin de lui. Mais elle m'a dit que je ne dérangeais pas. Que je ne dérange pas... Des mots si simples à prononcer qui avait pourtant tant d'importance pour le brun. Il y entendait tant de tendresse, d'empathie, comme si elle lui ouvrait les bras. Voix de ses psy qui résonnèrent dans sa pensée, lui demandant de savoir peser les importances des connaissances, de ne pas s'attacher trop vite, mais avec tout ce qu'il savait déjà d'elle, et le fait qu'elle accepte sa présence même sans savoir qui il était... C'était pour lui une amitié, ou il ne comprenait toujours pas le sens de ce mot. « Par plaisir ? Ca fait longtemps que vous dessinez ? Parce que rien que pour un début, ça m'a déjà l'air magnifique... » Blanc pureté, blanc sainteté, à nouveau envahissant sa pensée et sa vue, aspirait dans un nouveau monde.

Je ne dois pas oublier à qui je parle, le plus de question le mieux, ne lui laisses pas le temps d'en poser.

Il avait ce talent inné de ne pas savoir se taire Owen. Et ceci que ce soit pour parler de lui-même, ou des autres. Ceci allait être la clé de son succès pour se sortir de cette situation embêtante, il en était sûr et certain. Bien qu'il se perdait dans les tréfonds de l'art rien qu'en posant ses yeux quelques pauvres secondes sur le bout de papier, il n'allait pas empêcher sa bouche de continuer à faire ce qu'elle faisait de mieux, et probablement tout ce qu'elle savait faire en général. « Je peux savoir ce que vous dessinez ? Comme c'est le début d'un dessin, je vois... Un visage je crois ? » Curiosité qui tuera peut-être le chat, mais Owen n'était pas un chat, c'était probablement un animal du genre, mais pas un animal de ce calibre. Pas aussi apprécié du monde.

Le talent créatif, ce qu’il aimerait avoir tout ça, mais à la place on lui avait offert un cerveau qui marchait légèrement trop bien, donc qui se remettait en question toutes les secondes et lui permettait de créer des machines absolument abominables qui ne servaient à rien au monde. Il aurait vraiment aimé avoir le talent du dessin, ou de la musique, ou de l’art en général, mais ce n’était pas nouveau. Chez Owen, tout ce qu’il avait n’était jamais suffisant, il n’était qu’une coquille à moitié vide, qui avait besoin d’aide pour se remplir, pour être entière. Est-ce qu’un jour il trouvera quelqu’un pour aider à remplir cette coquille ? Une question qu’il se posait chaque jour. Souvent, elle était suivie de la question « Est-ce que je serais normal un jour » et d’une réponse négative. Pessimiste dès qu’il s’agissait de sa propre personne, il était à ses yeux juste un être présent pour prendre une place de plus mais ne pas être utile du tout. Une déception pour tous. Au moins, avec ses onze comptes, ces onze personnes qu’il faisait vivre dans le mensonge, il pouvait être qui il souhaitait, être une personne qui comptait pour une autre, avoir un talent, être assez bon pour le monde. Il était plus complet avec des personnes proches de lui. Il était plus complet quand le monde le regardait sans pitié. Il était plus complet quand le monde entier l’aimait ou le haïssait. Et si j’étais fait pour être jetable ? Une question qu’il se posait souvent également. Dans ce cas, son but serait de servir de piédestal pour les autres, de les rendre plus grands en étant le plus bas possible. Mais cette pensée, il la détestait plus que tout au monde. Elle lui donnait l’envie de vomir, de conduire sa moto dans un bus, de sauter d’un pont. Il ne voulait pas vivre s’il ne servait à rien. Et les médicaments ne faisaient pas grand effet contre ses pensées négatives. Cependant, en regardant de l’art en train de se faire devant ses yeux, là, il vivait. Il était tel l’enfant qu’il n’avait jamais pu être, celui qui se tait et observe, qui admire, qui n’ose même pas respirer car il dérangerait. Ce n’était qu’un début mais c’était déjà tout ce dont il était accro, un doigt de fée qui suivait une inspiration venant de nulle part, et ses couleurs virevoltant sur la toile, magnifique.

Tout en regardant ses doigts agir, les traits en réel orgasme avec les couleurs, se fondant l’un dans l’autre comme si la toile était déjà écrite, il buvait ses paroles, même s’il avait déjà la moitié des réponses, si non toutes. Bien que paralysé par l’admiration de la magie devant ses yeux, le sens de la survie qui était ancré en lui existait toujours et le protéger de toute possible sortie de mot qu’il ne devrait prononcer, d’expression qu’il ne devrait prononcer. Owen suivait tant ses doigts que même lorsqu’elle s’arrêta pour compter sur le bout de ceux-ci, il les observa, comme envoûté. Et pourtant, elle osait dire que ce n’était qu’un début. Quel était ce mensonge qu’il n’oserait pas laisser place plus longtemps ? « Rien de wow ? Ça m’a attiré de l’autre bout du café. C’est déjà si… Je serais pas l’expliquer mais je ne suis pas très intelligent moi-même alors… C’est juste… Déjà si poétique je dirais… Comme s’il y avait une magie derrière tout ça… J’ai aucune idée de comment vous arrivez déjà à ce résultat, ni d'à quoi le résultat final ressemblera mais je pourrais passer ma journée ici à regarder si je m’écoutais. » Et s’il s’écoutait, il continuerait également à parler, mais cela était parce qu’il avait fini par adorer le son de sa propre voix autant que la détester, pratique autant qu’énervant. Puis vint sa question qu’il trouvait simple, sans problème à ses yeux, mais elle causa plus de problème à l’ignorante de la situation apparemment. Petite main et doigt tendu, comme une promesse d’enfance, un geste qu’il eut vu dans le passé mais n’avait jamais fait lui-même, la solitude l’ayant rongé jusqu’à l’os depuis son plus jeune âge. « Bien sûr pourquoi je fuirais ? » Il hésita pourtant quelques secondes avant de tendre son petit doigt, tout comme elle, de façon très maladroite pourtant. Et bravo, je vais avoir l’air d’un associable maintenant. Inconnu des choses que tout le monde faisait à plusieurs, mais il y arrivera bientôt, c’était un manque qu’il essayait de combler de plus en plus, et qu’il comblerait facilement à ses yeux.

Complimenter ? Owen ? Non, jamais voyons. Il avait une vie complète, ou plutôt onze vies complètes basées sur ses capacités de complimenter les bonnes personnes mais non il était pur, il n’avait aucune idée derrière la tête faut-il croire, une âme sans vengeance, sans désir, sans avarice. En tout cas, ceci tenait pour le dessin qui se créait devant ses yeux par la jeune femme à ses côtés. Il avait déjà vu certains de ses dessins sur son Instagram dont il ne devrait pas avoir accès mais, la vie est la vie, et il était là, mais jamais un travail en pleine création, et c’était encore mieux à ses yeux. Une façon d’observer l’art de donner la vie à des couleurs, des traits sur un bout de papier. Il ne pouvait pas comprendre ce que cela ferait, lui ayant besoin de laisser ses mains frapper sur des bouts de métaux pour créer quelque chose qui était souvent assez étrange, incompris, et dangereux également. Pour lui, le regard fixant la page autrefois blanche, il n’y avait rien de plus poétique. Et Owen n’était réellement pas quelqu’un de poétique. En l’entendant pour répondre à ses louanges comme s’il lui avait collé la pire colle de sa vie, comme s’il était juste gênant à en faire trop, il finit par reposer ses yeux sur elle quelques secondes, lâchant un léger rire gêné, peut-être qu’elle avait raison sur une chose, c’était trop. Il le savait pourtant le mixte que parfois il fallait qu’il en garde pour lui, lui est son don d’exagéré tout ce qu’il y avait dans sa vie, mais ce n’était pas entièrement sous son contrôle, il essayait de s’améliorer, c’était juste très compliqué quand les deux personnes-là pour l’aider se battent comme des enfants. « Vous ne me connaissez pas et c’est pour ça que j’annonce que je ne suis pas très intelligent, c’est un fait, pas une opinion, croyez-moi. » Un léger sourire alors qu’il cachait les quelques dons qu’il avait pour passer pour le fou mais honnête, pour l’idiot franc, ça lui allait parfaitement ce rôle pour être bien honnête. « Mais si ça vous dérange, je retire ce que j’ai dit, je ne regarderais pas toute la journée, juste de loin et avec mes lunettes de soleil comme ça mes yeux ne seront pas visibles. » Une idiotie supplémentaire, il essayait juste de la détendre à ce moment-ci, parce que lui était déjà stressé, il ne voulait pas qu’ils soient deux ainsi.

Mais le plus important n’avait pas encore était dit, et il regardait pourtant le dessin en voyant les esquisses d’un visage, mais lequel, peut-être que ce n’étaient pas ses affaires après tout. Comme beaucoup de choses. Mais il ne pouvait pas retirer cette curiosité qui le tuerait un jour n’est-ce pas ? Il finit par aller prendre son café, froid mais ça reste quelque chose qu’il a payé, et le boire en une gorgée, une montée d’adrénaline peut-être, ou alors qu’il voulait un peu de caféine pour aider avec le cirque qu’il mettait en place juste pour observer une jeune femme, qu’il connaissait, elle non, qu’il n’avait pas volé parce qu’il ne l’avait jamais demandé mais c’était probablement plus que possible que ceci arrive un jour si elle était du genre à offrir des choses. Il revint à sa place rapidement, suffisamment de temps pour la laisser respirer, avant d’entendre sa réponse. Lui. Flatté. Certes. Mais il y avait un autre problème. Si elle apprend que c’est moi, je vais manger des stylos par la gorge. Les choses devenaient plus compliquées à cacher sur son visage pour quelques secondes avant que son masque revienne prendre sa place. « Moi ? Personne vous a payé pour dire ça ? Il y a une caméra cachée, c’est une blague ? » Non parce que je sais que je suis beau mais quand même. Reposant ses yeux sur la future toile, le mixte fixa sans cligner des yeux, chaque futur détail qui y sera dessiné. Puis un sourire apparut sur son visage, heureux, mais aussi satisfait en remettant sa chevelure en place sur son crâne. C’est pour ça que c’est beau alors. Il rit quelques secondes avant de regarder, autant qu’il puisse, Naeun. « Ne vous excusez pas, ça m’a juste… Surpris je suppose. On m’a jamais dessiné avant, encore moins fait quoi que ce soit avec moi comme centre. » Mais il n’allait pas dire qu’il n’aimait pas ça. Cela flattait son ego, probablement trop. Mais qui allait lui dire d’arrêter ? Ses psys n’étaient pas là, pas de trace de la famille non plus, Owen existait, et il était beau.

Qui Owen prétendait-il d'être en un tel jour ? Le problème était justement là, il ne pouvait pas réellement prétendre d'être quelqu'un d'autre à nouveau, le visage de la jeune femme lui était connu et ceci depuis quelque temps, mais elle ne l'avait jamais vu avant aujourd'hui, et c'était juste ça le problème. Il connaissait beaucoup de choses sur elle, non pas toute sa vie et ainsi de suite, mais bien plus qu'il ne le devrait, et dans une telle position, faire comme s'il était juste un inconnu était le meilleur moyen de se cacher. Mentir depuis le temps, Owen savait le faire avec une très grande facilité, non pas maladif, mais juste mauvais en général. Il ne lui voulait pourtant aucun mal, tout comme il ne voulait aucun mal à la plupart des personnes auxquelles il parlait sous le masque d'un autre inconnu, il voulait juste l'idée d'avoir quelqu'un auprès de lui pour l'occuper à tout moment de sa vie, de son existence. Que ce soit à trois heures du matin ici, ou à Vancouver, il voulait une personne présente pour lui, lui montrait qu'il existait et qu'il avait une grande importance aux yeux des autres. Ce n'était pas du tout ce que ses psys lui conseillaient, mais c'était ce qui marchait le plus à ses yeux, en tout cas, pour le moment. L'interdire de se rabaisser lui-même, on ne lui avait jamais dit ça. Mouvement de sa pomme d'Adam alors qu'il la fixait, ravalant sa salive, avant d'essayer d'en rire un peu. Si seulement elle savait ce qu'elle faisait, elle ne serait même plus là. Se dénigrer était habituel pour Owen, mais il n'était jamais contre une personne pour le couvrir de compliment, encore, toujours. « D'accord, je ne le ferais plus en votre présence ! Excusez-moi si ça arrive à nouveau, une mauvaise habitude qu'il faut que je supprime. » Pourquoi est-ce qu'il continuait à lui parler aussi poliment ? Il n'aimait même pas ça, le mixte était toujours quelqu'un de très ouvert, et naturellement énervant pour beaucoup, mais il faut croire qu'il se pliait aux politesses quand il avait peur que quelqu'un découvre son sketch. « J'ai pas encore fini mon café alors je ne partirais pas de si tôt ne vous inquiétez pas ! Je veux aussi voir la fin de votre dessin. »

Il avait regardé autour de lui le mixte, sans voir de caméra ou de personne cachée dans le café en question ou en dehors, alors c'était réellement une coïncidence. Et quelle coïncidence c'était... Il ne pouvait pas tomber dans une pire situation à ses yeux. Son cœur qui battait à la chamade, non pas par timidité presque inexistante en lui, mais par stress qui prenait petit à petit possession de sa personne. Reste calme Owen, tout va bien se passer, fais le con, fais l'étonner, et tout ira bien. Et ceci il le fit à merveille, acteur de sa vie, il en était la star, le protagoniste. « Je ne... M'attendais juste pas à ce que ça soit la vérité mais je ne suis pas contre vraiment ! Ça m'a juste... Surpris. » Surpris, ça il l'était, mais ce n'était qu'une seule des émotions dans le buffet de celles-ci qui l'envahissaient actuellement. Heureusement pour lui, il avait un cœur fort, solide, et entraîné à la présence constante de stress qu'il se faisait subir bien souvent. Un autre compliment de la belle jeune artiste, et le voilà beaucoup plus calme tout d'un coup, il n'avait pas besoin de flatter son égo, elle faisait tout pour lui, quel vrai plaisir. « Je ne reste pas tant que ça dans ce café normalement, ou alors pas seul, je pense que ça peut être pourquoi ça ne m'est jamais arrivé avant. Je ne pense pas avoir vu quelqu'un dessiner aussi bien que vous avant non plus. » Et le voilà, monsieur Don Juan qui sortait les roses et le tapis rouge, rare à voir, mais il était présent quand on avait assez flatté sa personne. Elle se présenta, la mignonne, et le voilà à sourire légèrement, riant intérieurement. Je le sais déjà. Et cette même pensée le ramena sur Terre, retirant une grande partie de la confiance en soi qu'il avait pu montrer il y a quelques secondes. « Owen... Kwon Owen, et bien sûr que non ce n'est pas intrusif. Vous me dessinez pourquoi savoir mon prénom le serait ? » Mais il cachait bien son jeu le petit con.

Ne plus se jeter des pierres à la figure, ça semblait être une bonne idée n'est-ce pas Owen ? Sauf que son but n'était pas du tout de faire arrêter la pluie de compliments qu'il se recevait. Non, aujourd'hui il avait envie d'être couvert de cadeaux de toute sorte par quelqu'un d'autre que sa propre personne, ce qui n'était pas toujours donné. Il n'en avait vraiment pas besoin, mais cette scène qui lui était en partie si effrayante était également bien enrichissante pour son ego surdimensionné. Mais s'il devait sortir vivant de cette situation, il n'allait pas non plus utiliser trop de la naïveté de la petite dame à côté de lui. Il le faisait déjà bien trop avec son portable, il n'allait pas en rajouter en plus en étant réellement lui, n'est-ce pas ? Juste un petit peu, aller ça ne va pas la tuer. Égoïste et il le savait beaucoup trop bien, mais en même temps, il mentirait s'il disait que ce n'était pas trop tentant. Il la connaissait après tout, bien plus qu'elle ne le pensait. « Je vais faire en sorte de faire attention à ce que je dis alors. Mais si ça arrive encore une fois, c'est l'habitude. Ça partira un jour. » Quand il aura moins le besoin de l'entendre qu'il n'est pas ci ou ça, ou quand il sera, si possible, guéri de ses troubles. Peut-être dans une trentaine d'année quand son visage aura vieillit, qui sait, tout était possible. Pour le moment par contre, il ne pensait vraiment pas qu'il veuille de si tôt changer ses habitudes de "petit merdeux" comme certains le décrivaient si bien. Il aimait l'attention, être au centre de son monde, peu importe la raison, il était là, il existait et il adorait ça. Une main douce de la jeune femme tendue vers l'assiette de son gâteau qui restait comme abandonnée tellement elle était concentrée sur le dessin de la petite personne qu'était Owen. Il lâcha un léger rire, elle était mignonne, mais non, vraiment pas. « Si vous voulez me tuer ça serait la bonne façon de le faire, je ne peux vraiment pas en manger, je suis lactose intolérant. Et bien sûr que je voudrais voir, ça reste moi, puis vous pourrez bien voir si ça correspond aussi une fois finie ! » Il n'aimait vraiment pas vouvoyer autant, il n'était pas du tout confortable avec, mais il était censé venir de la rencontrer, une moindre politesse.

Est-ce qu'il était habitué à ce que l'on le berce de compliments alors qu'il n'eut jamais rien demandé ? Non, mais il aimerait bien. Il pourrait facilement s'y habituer. Ça ne serait pas par sa sœur qu'il aurait autant, et heureusement parce qu'il commencerait à se demander qui avait changer sa sœur sinon, sa mère... C'était sa mère, c'est différent... Puis même en jouant le plus innocent des étrangers, complètement troublé par la situation, elle trouvait des moyens de continuer à lui jeter des fleurs. S'il était timide il en aurait rougi. Mais c'était Owen, il appréciait beaucoup trop la situation, bien plus que son jeu d'acteur ne le faisait comprendre. Est-ce qu'il avait de la peine pour la belle jeune femme qui ne savait pas ce qu'il se passait ? Hmm.. non. Est-ce que c'est ça qu'on appelle la positivité toxique ? Ou est-ce qu'elle n'a juste aucune idée de ce qu'elle fait ? Peu importe la réponse, il était heureux, peut-être un peu trop, assez pour sentir l'effet de son précédent café à son maximum. « Magnifique, vous exagérez, je reste un être humain. » Sa sœur l'aurait frappé pour cette phrase probablement, et justement. « Puis vous dites ça comme si j'étais la seule belle "chose" dans ce café, ce qui est clairement faux. » Et le voilà dans sa spécialité, les compliments qui allaient commencer à pleuvoir juste pour qu'elle continue les siens et qu'elle ne pense pas à l'idée qu'elle le connaissait potentiellement de quelque part. Seulement à ce niveau-ci, Owen ne pensait même pas à son précédent stress de lui parler comme si de rien était. Elle est bien trop naïve pour comprendre. « Je n'ai rien contre les deux, mais le noir et blanc prendra un peu moins de temps non ? Je sais que les jeux de couleurs peuvent être compliqués parfois. » Dit celui qui avait zéro talent en dessin.

Est-ce qu'Owen était honnête sur beaucoup de choses dans sa vie ? Certainement pas. Il mentait comme il respirait, avec une simplicité inquiétante, mais ce n'était qu'un détail à ses yeux. Seulement pour les allergies et tout autre problème, il était franc, il n'allait pas essayer de faire le monsieur je suis solide alors que s'il mangeait une des pâtisseries proposées il allait devoir fuir le plus rapidement possible des toilettes les plus proches. Il était encore chanceux que ce ne soit qu'une intolérance et non pas une allergie. Il avait déjà assez de problèmes de santé en général, il n'avait pas besoin de tout ça en plus. Bien sûr, elle ne pouvait pas savoir, il n'allait pas lui en vouloir, tout simplement lui rappeler qu'elle aurait pu le tuer de déshydratation si jamais elle lui demandait à nouveau. « Non non, j'ai déjà mangé quelque chose ce matin ça me suffit, pas besoin d'autre chose ! Puis j'ai pas envie de tenter ma chance si c'est pour finir en sueur chez moi. » Oui il aimait toujours préciser à quel point cela pouvait presque être fatal pour lui, car annoncer une faiblesse signifiait plus de compliment pour le "rassurer" et son ego sortirait de cette rencontre stressante bien trop élevé. S'il se mettait à voler comme un ballon à cause de la taille de sa tête, il n'en serait même pas étonné. « Puis il va falloir que j'y aille bientôt, alors ne vous inquiétez pas. » Le stress était certainement retombé, mais il avait besoin de sa clope assez rapidement, il n'allait pas fumer juste à côté d'elle, il avait le moindre respect pour les personnes à côté de lui, en particulier celle qui méritait un minimum de respect.

Et pourtant mention de son départ imminent, elle continuait à le couvrir de compliment. Est-ce qu'il avait déjà eu autant de louanges venant d'une seule personne en si court moment en temps ? Non, jamais, et il adorait ça, il pourrait même si habitué. Owen était tout sourire, sans la moindre rougeur sur son visage, montrant une quelconque gêne. Il n'était pas gêné, il était à sa place, sur son trône, comme il aurait dû, et il s'en délectait. Lui qui avait pourtant essayé de placer un petit peu de sweet talk, de la prendre par surprise, il ne le fut pas pourtant — surpris — en voyant qu'elle n'avait absolument pas compris. Il lâcha même un petit rire à haute voix, sans se cacher le moindre du monde. « Ce n'est pas grave va, vous comprendrez bien un jour. » Et il espérait pourtant que cela ne vienne pas de lui cette fois-ci, bien trop stresser à l'idée même de faire tomber quelqu'un pour lui. Il n'était pas stable, il n'allait pas l'être avec quelqu'un en plus. Puis vint la proposition, instagram, et Owen se retint de rire légèrement. Je l'ai déjà même si elle le sait pas. Au moins comme ça si elle se trompe en me l'écrivant je la retrouverai quand même. Un sourire qui ne quitta jamais ses lèvres, il sortit un bout de papier, personne ne sachant d'où il venait, même pas lui. « Ça serait avec plaisir, comme ça si on ne se voit pas depuis quelques temps, vous aurez mes photos pour se souvenir de mes traits. » Et il y en avait, des photos. Petit username écrit sur le bout du papier, il le reprit sans même le regarder, sans sortir son portable pour le faire sous ses yeux, il devait vraiment y aller, c'était plus sûr pour lui, et probablement pour elle. « Avec ça, je dois m'enfuir. Je vous enverrai une demande dans la journée, oh et... Comme ça on peut arrêter de se vouvoyer. Enfin. Je te reverrai bien un jour, j'en suis sûr. » Quel flirt, presque barbant, il le savait, et il aimait ça. Le mystère attirait tout le monde, et le mystère était son élément. Mais maintenant qu'il s'éloignait enfin des lieux, il pouvait respirer, il pouvait continuer ses conversations, il pouvait partir avec les chevilles et la tête gonflées.