after midnight

-- ft shin

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Sourire échangé autour de la table à laquelle tu te situes dans le club, verre qui claque contre celui d’un mec que tu viens tout juste de rencontrer et avec lequel t’as – rapidement – sympathisé. C’est pas la première gorgée que tu bois de ladite boisson mais bel et bien le tu-ne-sais-pas combien de verre que t’en prends depuis que t’es arrivé, comme si de te voir boire aller influer les autres. Car ce n’est pas n’importe quelle boisson, pas n’importe quelle soirée à laquelle t’assiste ce soir. Aujourd’hui, si t’es c’est pour le lancement d’une marque et cette marque, c’est celle de Shin. Et ton cousin, il ne fait pas les choses à moitié. Il a bien évidemment choisi un lieu superbe, invité des gens certainement influents pour que la soirée fasse parler, que le lancement soit réussi. Et t’es fier de lui, Haru. Si fier que depuis que t’es arrivé t’as pas passé un seul instant sans avoir un verre à la main, t’as juste continuellement sifflé les verres, discutés avec des gens sans en connaitre leur nom, leur réputation. T’as juste fait ton Haru sociable à souhait, fait un effort malgré la tristesse continuelle qui t’habites et t’étouffe depuis quelques semaines maintenant. Cœur brisé que t’essaies de ne pas calculer, de ne pas montrer surtout. Mais il y a des jours plus difficiles que d’autres et quand ce n’est pas des jours, c’est tout simplement des moments. Comme maintenant, tu penses soudainement à sa chevelure foncée, l’éclat de peur dans ses yeux quand t’as voulu la toucher. Tu repenses à ses palabres, son envie sincère de te rassurer alors que ses lèvres tremblaient encore.

T’as tenté d’y croire, te dire que c’était pas toi le problème
Mais plus les jours passent et plus l’incertitude te gagne, elle.

Depuis tout va mal, depuis t’es embarrassé de la croiser Reira. C’est toujours dans une atmosphère gênante que vos échanges se font, comme si un grand mur s’était érigé entre vous deux en quelques nuits seulement. Et rien que d’y penser t’étouffe Haru, te sens plus aussi bien qu’il y a tout juste dix minutes dans ce club. Faut que tu sortes, rapidement et c’est poliment que tu t’éclipses de la conversation en cours, te dirige vers le toit terrasse mis à disposition. Quelques personnes y trainent, discutent assis sur les poufs à la lueur des lampions colorés. Tu te mets alors à l’écart Haru, appuie tes avant-bras sur le petit muret te séparant du vide et te met à fixer cet étendu de terre et gratte-ciel en prenant de grande inspiration pour tenter de calmer ton cœur battant trop fort, cette sensation de tournis qui te prend un peu trop souvent ces derniers temps. Face à toi ce dresse la ville, une ville que tu connais que trop bien, tu regardes sans conviction les fenêtres ou la lumière fuse encore à cette heure-ci dans les bâtiments au loin ainsi que les gens aller d’un bar à l’autre, rire un peu plus bas lorsque toi tu te forces à aller bien. Et tu te demandes ce qu’elle fait Reira ce soir, si elle avait vraiment autre chose de prévue ce soir ou si elle t’évite comme toi tu peux le faire dans le sens inverse parfois. De quoi te faire soupirer, baisser la tête comme si le poids du monde te tomber sur le dos soudainement. Quelques minutes que tu passes ainsi, à fixer un tout petit point en contre-bas lorsqu’une présence se fait sentir à tes côtés, que le bruit d’une flamme enclenché par un briquet se fait entendre. Tu relèves la tête mais tu sais que c’est lui, comme si tu ressentais sa présence sans même qu’il ait à prononcer un seul mot.

- Pause cigarette ? Alors, t’es content de comment ça se passe … ?

En soi, tu connais la réponse. Comment ne pourrait-il pas être fier de ce qu’il se passe, toi tu l’es en tout cas et tu viens mettre un petit coup sur son épaule, les yeux rieur - prunelles un brin trop brillantes pour que tu paraisses sobre - et ajoute sans attendre :

- J’suis super fier de toi mon frère, t’as mené ce projet jusque-là et c’est que le début ! J’aurais vraiment du placer dix wons dans ton projet … J’aurais été investisseurs … Futur riche grâce à toi… Qu’est-ce que je suis bête …

after midnight

-- ft haru

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( outfit ) Et enfin, ce jour est arrivé. Enfin, Shin peut déployer l’étendard des Seomun, et dévoiler au monde ce sur quoi il a tant travaillé. Enfin il peut proposer cette première gamme de boisson qui, il en est sûr, le propulseront juste là où il le souhaite. Cela lui aura pris plusieurs mois, depuis son retour en Corée du Sud, de trouver le bon fournisseur – celui qui proposera des produits de qualité sans le contraindre à revendre ses deux reins sur le marché noir. A visiter plusieurs usines ; peaufiner la recette avec l’équipe qui aura su le séduire. Une gamme de boissons plutôt classiques, parfois un peu plus fortes, pour affronter l’hiver qui arrive – et pour l’été, il prévoit déjà une sélection d’alcools plus fruités, qui devrait s’installer durablement dans son catalogue si les ventes s’avèrent concluantes. Les bouteilles ont été travaillées ; les étiquettes léchées, pour un aspect authentique. Donner à sa marque l’image d’une maison historique fermement implantée sur le marché, lorsqu’il vient à peine de la lancer. Lui donner les airs d’une légitimité qu’elle n’a pas, car dans le commerce, tout passe par le paraître, il le sait. C’est ça, et seulement ça, qui poussera le consommateur à laisser une chance à cette bouteille inconnue dans les rayons de son supermarché habituel.

Et Shin étant Shin, bien sûr qu’il a fait les choses en grand. A claquer ce qu’il lui reste de budget dans une soirée de lancement grandiose, dans l’un des plus beaux clubs de Busan. Y convier le gratin d’investisseurs et d’influenceurs, pour composer le cocktail parfait de légitimité et d’exposition dont a besoin cette soirée. Car il ne peut pas se planter – pas lorsqu’il a mis toutes ses économies dans ce projet, pas lorsqu’il n’a jamais été si près de porter un coup fatal à l’empire de son père. Le prendre par surprise, et espérer que dans quelques années, il ai réussi à le dépasser. Il fera tout pour, en tout cas, et si une brise d’inquiétude trouble parfois son esprit, il ne la laisse pas atteindre ses traits. C’est l’air parfaitement serein qu’il se pavane entre la foule mondaine, passe d’un invité à l’autre, sert sourires charmants et palabres bien choisis. Il semble dans son élément, Shin, dans sa chemise judicieusement coupée, un verre à la main qu’il ne porte que trop rarement à ses lèvres. Juste assez pour laisser son humeur s’alléger et son visage se teinter subtilement, car il est de bon goût de boire dans ce pays, et dans ce contexte plus que jamais ; pas suffisamment pour perdre le contrôle, et laisser les liqueurs lui faire faire des choses qu’il regretterait le lendemain matin. Il laisse cela pour la sphère privée, se montre professionnel comme jamais, ce soir. Garde ses yeux soigneusement rivés dans ceux des Instagrammeuses avec lesquelles il plaisante ; parle sagement projets, et s’égare juste assez dans le domaine personnel sans jamais franchir la barrière, avec les gens plus importants.

Mais il n’a pas dispersé que des invitations stratégiques, Shin. Y a aussi quelques amis, un peu de famille qui ont été conviés. Parmi lesquels Haru. Haru qui se montre souriant ce soir, enchaîne les verres, tape la discut’ à tout le monde. Mais Shin le connaît, presque mieux que lui-même, et il voit bien que dans le fond, son cousin est contrarié. Il n’a pas oublié la manière dont il lui a répondu, il y a quelques jours – absolument honteuse, et peu digne de Haru. Et s’il garde toujours un œil sur lui, même lorsqu’il discute avec un investisseur ou vérifie ses mails, il se rend compte que ça fait un peu trop longtemps qu’il n’a plus aperçu sa grosse tête fraîchement redevenue brune. Alors il range son téléphone dans sa poche, repose son verre et part à sa recherche. Arpente le club de fond en comble, le pas pressé, s’apprête à ressortir son téléphone pour lui demander s’il s’est pas juste éclipsé dans un coin avec l’une des jolies influenceuses qu’il a invité – mais son humeur des derniers jours le laisse penser le contraire, et il tente le dernier lieu qu’il n’ai pas encore fouillé.

Le toit.

Sans surprise, à peine l’air frais de la nuit frappe-t-il son visage qu’il reconnaît la silhouette de son cousin, penché sur la balustrade, et le pas se fait alors prudent, jusqu’à ce qu’il soit suffisamment prêt pour être sûr qu’il n’était pas à deux doigts de faire une connerie. Car il s’inquiète pour lui, Shin ; que ça fait des semaines qu’il est bizarre ; semble broyer du noir. Pourtant, lorsqu’il approche la flamme de la cigarette et que son cousin lui demande s’il est venu fumer, il se contente de répondre :

- Tu me connais, j’tiens pas très longtemps sans elles.

Et le paquet encore ouvert qu’il lui tend, l’invitant à en prendre une s’il le souhaite, avant de glisser le bâtonnet de tabac entre ses lèvres, tirer dessus pour enfin répondre :

- Impec’. J’aurais pas pu rêver mieux, les gens ont l’air de kiffer.

Sourire goguenard, l’habitude de toujours prétendre que tout va pour le mieux – feindre une confiance en lui inébranlable, jusqu’à enfin l’atteindre. Il lui faudra quelques instants pour parvenir à avouer :

- J’ai un peu peur pour la suite, maintenant. J’espère que ça va marcher.

Les sourcils légèrement froncés, à fixer la fumée s’étioler dans la nuit. C’est bien parce que c’est Haru, qu’il ose lui confier ceci. Mais le sourire revient bien vite en sentant sa main s’abattre contre son épaule, en entendant ses mots dégoulinants de fierté – de ces vrais sourires, pas ceux calculés pour charmer jolies filles comme investisseurs, ces sourires qui dévoilent toutes ses dents et plissent un peu trop ses yeux bruns. Les sourires qui traduisent qu’il a été touché ; que la joie et la fierté qui gonflent son cœur ne pourraient être plus sincères.

- Merci mec, c’est cool. Puis pour l’investissement… Il est pas trop tard, j’peux toujours virer un petit actionnaire en soumsoum pour te laisser sa place… ni vu ni connu…

Regard de petit diable qu’il lui adresse, à hausser les sourcils, comme s’il le mettait dans la confidence. Et un sourire qui se dessine en coin en voyant ses yeux brillants ; ses joues rougies par un alcool avec lequel il se sera montré moins raisonnable que son cadet.

- En tout cas j’ai pas de soucis à me faire, j’suis pas parti pour faire faillite avec toi… C’est cool de voir que tu kiffes comme ça… et c’est cool de te voir un peu plus souriant, aussi.

Sa main qu’il lève pour venir ébouriffer ses cheveux en ricanant, glisse de nouveau la cigarette entre ses lippes. Profite de cette bouffée d’air frais bienvenue dans cette soirée un peu plus stressante qu’il ne veut bien le montrer.

after midnight

-- ft shin

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Un non de la tête comme refus pour la clope qu’il te propose, doux sourire qui étreint tes traits en entendant parler ton frère tout juste après. T’es heureux d’apprendre qu’il est content de lui et de la soirée qu’il a organisée. Tout est beau, choisi avec gout. Toi le premier, en arrivant sur les lieux t’as trouvé ça complètement fou alors que tu n’y connais rien à l’évènementiel, t’y connais encore moins dans ce qui plait ou non actuellement à la population Sud-Coréenne. Mais tu penses que ton avis de mec lambda met tout le monde d’accord, personne ne pourra dire que l’ambiance présente dans le club n’est pas agréable, que les petits fours servis ne sont pas exquis et que la boisson – sa boisson n’est pas bien mise en valeur lorsque de multiples cocktails aux gouts variés et diamétralement opposés sont fait et proposé par les barmaids à partir de celle-ci.


Et pourtant il a peur le blond à tes côtés, semble effrayer par la suite. Des palabres que tu peux entendre, comprendre aussi. Et cela, même si t’as jamais eu de projet à plusieurs milliards de won sur le dos. Mais tu vois ce qu’il veut dire, t’as connu cette adrénaline et cette peur de décevoir, que tout finisse par se casser la gueule lorsque tes peintures murales ont commencé à être reconnue au Japon, que ton pseudo s’est glissé dans les conversations d’autres artistes, qu’on a cherché à savoir qui t’étais et jusqu’où t’étais prêt à aller pour te faire connaitre. Mais tout ceci est passé, contrairement à Shin t’as dû te résigner à abandonner ce rêve à peine entamé pour revenir sur tes terres natales, reprendre l’épicerie pour ne pas faire souffrir toute la famille d’un manque de revenu acre.

- J’vois même pas pourquoi t’as peur, t’es doué … Moi j’crois en toi.

Que tu lui avoues les yeux rieurs, car c’est réel. Tu croiras en lui quoiqu’il advienne, qu’importe la situation et ce qu’il fait. Car il est doué, qu’il a de l’ambition et même si ce n’est pas ce projet-là qui va le plus loin, un autre finira bien par aboutir, tu le sais. Et puisqu’il faut un peu le mousser, lui insuffler un peu de confiance t’avoues en riant regretter de ne pas avoir investi plus tôt, ne serait-ce qu’une somme symbolique, juste histoire de. Et Shin bein Shin propose tout de suite de virer l’un des actionnaires en ta faveur, te fait éclater de rire – ce qui est d’une facilité folle au vu du nombre de verres que t’as bu ce soir. Quelques larmes perlant aux coins de tes yeux, ces mêmes yeux dont les prunelles semblent si tristes et torturées depuis des semaines entières. Et même toi tu ne sais pas si tu ris ou tu pleures là, si tu ressens uniquement de la joie pour Shin ou si t’as un peu de peine pour toi. Mais t’essuies ces petites gouttes translucides avant que tu paraisses fragile, t’écoute ton meilleur ami – ton allié pour toute la vie se moquer de ta consommation excessive.

- Tu m’excuseras de kiffer ta boisson ? Fallait bien que j’incite discrètement les autres à boires… Puis ouais, ça faisait longtemps que je m’étais pas un peu amusé… Mais j’suis pas triste hein, croit pas çaaa.

Les sourcils se froncent, l’air boudeur se hissent sur ton visage. T’essaie de camoufler ton chagrin Haru, essaie d’épargner les détails à ceux qui t’entourent. Car tu te sens ridicule, complètement bête d’avoir pu croire que t’avais une chance avec elle. Et la tête se met à tourner, tu t’accroches fermement au muret et prends une grande inspiration.

- J’ai besoin de m’asseoir j’crois…

Les mots à peine sortis d’entre tes lippes que tu te retournes, fait au dos à la jolie vue de la ville et te laisse glisser contre le muret. Tant pis pour la veste de costume, le pantalon noir. La tête entre les genoux ; tu te mets à à fixer le sol, l’envie de vomir grandissante et remontant doucement dans ta trachée. Tu respires doucement Haru, te focalise sur les battements de ton cœur pour calmer la nausée. Te concentre sur tout plutôt que sur elle, cette tristesse qui te prend au dépourvu trop souvent ces derniers temps. Et après quelques secondes à chercher ton calme tu relèves la tête, fixe ton cousin fumant sa clope et lui dit le sourire en coin :

- J’ai peut-être un peuuu trop bu, mais vraiment un toooout petit peu comme ça !

Mini quantité que tu lui mimes à l’aide de tes doigts, tête que tu laisses tomber vers l’arrière, passe tes grandes mains sur ton visage fatigué.

- J’suis vraiment un déchet, j’peux pas y croire que j’ai 26 ans et que je suis ridicule comme ça Shin, j’peux pas être comme toi plutôt ?? Aide moi putain…

Appel à l’aide, t’es désespéré Haru. T’as le cœur morcelé et t’arrives plus à le nier. Faut qu’il sache ton cousin, qu’il te donne un coup de main avant que tu ne perdes définitivement la tête.

after midnight

-- ft haru

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Et la confiance qu’il place en lui réchauffe le cœur de Shin ; répare un peu l’estime morcelée de ce gamin à qui l’on n’a même pas daigné offrir une chance. Alors des sourires trop francs gagnent ses traits, à défaut de pouvoir exprimer clairement à son cousin combien il lui est reconnaissant d’avoir toujours été là et de toujours l’avoir soutenu – et supporté. A défaut de pouvoir lui dire en face combien il l’aime. Et un éclat de rire franchit ses lippes en l’entendant argumenter sur sa consommation – un brin – excessive en cette dernière soirée d’été.

- Oui oui, « discrètement », c’est le mot…

Mais lorsqu’il prétend ne pas être triste, Shin rigole un peu moins, tout d’un coup. Car il n’en croit pas un mot – comment le pourrait-il lorsqu’il connaît si bien son cousin, remarque mieux que personne le plus subtil changement dans ses comportements, les plus minces failles qui viennent parfois ébranler ses regards et ses sourires ? Alors une petite moue dubitative prend place sur ses traits, et un soupir franchit ses lippes lorsqu’il laisse échapper :

- Pas à moi, Haru, pas à moi… J’te connais comme si je t’avais fait.

Une voix haut-perchée – un peu chevrotante – qu’il prend sur ces derniers mots, pour imiter sa tante qu’il n’a que trop souvent entendu répéter cette phrase à ses cinq enfants, avec cette certitude propre aux parents que leurs plaisanteries feront rire aux éclats leur progéniture, lorsque cette dernière s’applique justement à rester de marbre. Mais les yeux s’écarquillent subtilement en entendant Haru lâcher qu’il a besoin de s’asseoir – en remarquant son teint soudainement blême, et la façon qu’il a de respirer plus fort.

- Par pitié Haru dégueule pas sur mes chaussures.

Le ton sans appel – Shin, il peut pas se permettre de voir ses chaussures à jamais gâchées, pas ce soir. Et il fait claquer sa langue en voyant son cousin se laisser tomber au sol, pousse en soupir en imaginant un peu trop clairement les poussières et saletés se nicher dans les mailles de son costume.

- Nan mais quelle misère de t’asseoir par terre quand t’es habillé comme ça, quel gâchis… Tu m’aurais laissé dix secondes je t’aurais amené un siège hein tu sais ?

Les chaises disposées à quelques mètres de là, pour occuper la partie rooftop du club, qu’il désigne d’un signe de tête ; s’accroupit à ses côtés et lui tapote doucement l’épaule en ajoutant :

- Enfin, au moins tu me rassures, si on peut en boire jusqu’à avoir envie de gerber c’est que j’ai dû réussir mon coup…

Une nouvelle bouffée qu’il tire sur sa cigarette, hausse un peu les sourcils en souriant lorsque le brun continue de s’acharner à lui prouver qu’il n’a pas trop bu.

- Oui oui, vraiment pas plus hein… T’as l’air super frais j’avoue… Ah, te fatigue pas, je t’ai dit ça me fait plaisir de voir que ça te plaît à ce point. Le seul truc qui me chiffonne c’est que j’aurais bien aimé croire que c’est la seule raison pour laquelle tu bois autant, mais j’en doute.

Un sourcil qu’il arque dans sa direction – il lit en lui comme en un livre ouvert, et ça l’embête, Shin, de savoir son cousin si mal. Parfois il aimerait juste ne pas si bien le connaître ; parvenir à se laisser berner par ses sourires et sa légèreté. Il s’inquiéterait tout de suite bien moins. Et Haru qui se lamente à ses côtés, pour ne rien alléger de ses contrariétés. A se qualifier lui-même de déchet ; lui demander son aide. Et un petit sourire amusé se perd sur ses lèvres lorsqu’il lui rétorque :

- T’aider à… ? Moi c’est avec plaisir que je te laisserai une place de roi dans l’entreprise hein, mais on sait tous les deux que tu serais malheureux comme les pierres si tu passais tes journées derrière un bureau, au téléphone avec des clients et des investisseurs… Monsieur l’artiste.

Car lorsqu’il lui demande de l’aide, forcément, c’est au professionnel qu’il pense, Shin, pour la simple et bonne raison que c’est le seul aspect de sa vie qu’il ai le sentiment de réellement maîtriser. Car avec la famille, c’est ça le plus important – ce n’est pas se caser ou fonder son propre foyer qui lui apporteront l’apaisement dont il a besoin, il en est persuadé. Et le ton se fait un peu plus sérieux lorsqu’il se risque à lui demander :

- C’est toujours les histoires avec ta pote, hein ?

after midnight

-- ft shin

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Respiration saccadé, yeux rivés sur tes propres pieds pour ne pas dégueuler. T’as envie de rire quand t’entends ton cousin te supplier de ne surtout pas vomir sur ses chaussures, car le moment serait vraiment mal choisi, ce soir il doit être propre Shin. Ce soir il ne peut pas s’occuper de toi et tes états d’âme, n’a pas le droit à l’erreur. Alors tu fais non de la tête, lentement. Essaie du mieux que tu puisses de contrôler la remontée acide qui dangereusement remonte le long de ta gorge. Surement qu’il te faudrait un peu d’eau, Haru. Si t’étais un peu moins saoul, t’aurais pu aller te chercher un verre pour te rafraichir mais t’es dans un piteux état. Si pathétique que tu t’en fiche de pourrir ton costume sur le moment, t’en fiche que des particules blanchâtres de Placoplatre se fichent dans les tissus délicats de ta veste. Parait-il qu’il aurait pu aller te chercher une chaise Shin si tu l’avais prévenu ne serait-ce que dix secondes plus tôt. Mais l’envie de dégurgiter est monté soudainement, le sol s’est mis à tanguer sans que tu puisses contrer la chose. Tu subis juste ton excès, subis tous simplement tes émotions.

Et pendant que t’essaies de calmer ce corps mis en alerte, ton cousin lui n’oublie pas que ce soir on est au lancement de sa boisson, arrive à trouver du bon dans le fait que t’ai bu au point de te mettre dans ce piteux état. Au moins la boisson semble assez bonne pour en boire des litres. Tu sens alors le tapotement de sa main tout contre ton épaule, t’oblige à relever la tête vers lui, sa clope au bec qui lui donne des airs de mafieux. Quelques secondes que tu passes à le fixer, l’écouter que d’une oreille s’inquiéter pour toi et ta consommation à outrance. Car c’est pas de toi de boire comme ça, pas de toi de te mettre si minable. Y’a forcément quelque chose derrière tout ça. Et t’as pas envie d’en parler, pas tout de suite du moins.

- Tu sais que t’es frais ? Genre t’as vraiment bieeeen vieillis quand même … Connard va, toi les meufs elles doivent plus rien te refuser !

Que tu lâches de but en blanc avant de te mettre à ricaner, baisser de nouveau la tête vers le sol car l’envie de vomir te reprends dès que t’essaie d’être énergétique. Tu prononces ces mots sans te rendre réellement compte que malgré toi, tu fais un comparatif. Lui le beau gosse qui ne se refuse rien, à qui on ne refuse rien et puis il y a toi. Toi qui t’es pris la pire tempête que le ciel n’ait jamais crée en pleine face par la seule fille que tu t’étais promis de ne plus jamais aimer de cette manière-là ; de ne plus jamais regarder de cette façon-là. Pour la seconde fois, tu t’es pris à ton propre jeu. Sauf que cette fois, t’es mis à nu. Cette fois, elle sait ce que t’as dans le cœur Reira. Cette fois, tu ne pourras pas faire semblant que ces sentiments n’existent pas.

Alors tu lui demandes de l’aide à Shin, lui demande de t’aider à former une carapace, à comprendre et séduire les femmes. Tu veux qu’ils t’aident à l’oublier Reira. Si tu pouvais lui demander de t’arracher cette partie-là de ton cœur et de la tête surement que tu le supplierais de le faire. Mais lui il comprend pas de quoi tu parles, lui il te parle du boulot et de la place qu’il serait prêt à te donner dans son entreprise si seulement ça t’intéressait un tout petit peu. Et tu laisses ta langue claquée, le regarde comme un enfant impatient qui ne supporte pas qu’on ne le comprenne pas.

- J’parle pas de çaaaa, j’veux juste être comme toi moi ! Savoir m’y prendre avec les filles, pas me prendre des putains de stop à la con !

Que tu dis à bout de souffle avant de laisser ta tête tomber mollement contre le muret, déjà fatigué de t’être légèrement agité. Et lorsqu’enfin la voix de ton cousin se fait entendre t’ouvre un seul œil, le fixe d’un air mauvais.

- Ma pote … ? Reira… ? Non… Tout va très bien hein ! Elle doit être à la maison à penser à son putain d’ex ou un autre mec qui la fait rêver en faisant sa couture…

Des détails dont Shin n’en a rien à faire, des mots balancés si aigrement que tu ne peux pas faire semblant plus longtemps avec ton cousin.

- Oui, c’est à cause d’elle. Je digère pas ce qu’il s’est passé, j’me sens trop con… C’est elle qui m’a demandé de l’embrasser, elle qui est venue se planter sur mes genoux mais je passe pour le forceur, je me sens dégueulasse depuis ce qu’il s’est passé, j’me dégoute Shin putain t’aurais dû voir son air apeuré…

Et tu craques, pour de bon cette fois. Comme un putain de gosse tu te met à pleurer de rage, frustré.

- J’peux pas croire que je fasse cet effet, j’me répugne putain… Plus rien ne sera jamais pareil, elle doit me détester maintenant.

after midnight

-- ft haru

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L’inquiétude perce dans sa voix ; atteint ses yeux, souvent si indifférents. Car quelque chose cloche ce soir – ces dernières semaines –, et il le sait. Connaît suffisamment son cousin pour identifier la peine qui voile son regard, et l’irritation rare qui gagne ses nerfs. Mais lorsqu’il tente de le questionner, le brun ne trouve rien de mieux à faire que de vanter ses traits – et si Shin roule un instant des yeux de le voir si bien esquiver, il ne résiste pas bien longtemps avant de se laisser avoir par ses flatteries.

- C’est de famille, qu’est-ce tu veux ? Regarde-toi, hein… Les autres mecs de Busan sont en sueur depuis qu’on est rentré tous les deux.

Car à eux deux, ils ont le potentiel pour faire des ravages, et il le sait – enfin, il en est persuadé, mais ça revient finalement au même.

- Mais essaie pas de faire diversion. Je t’ai posé une question.

Et l’éclat dans ses yeux disparaît lorsqu’il les braque sur lui – inquisiteur, dans l’attente d’une réponse qu’il estime méritée. Car s’il lui parle pas à lui, il parlera à qui, Haru ? Mais tout ce qu'il trouve à faire, c’est lui demander de lui expliquer comment être comme lui, et bien sûr Shin pense d’abord au travail. Car il n’a que ça en tête, ces putains de grands projets qui éclipsent tout le reste, l’empêcheraient de se focaliser sur quoi que ce soit d’autre même s’il le souhaitait. Réponse qui semble pourtant déplaire à son cousin, en témoignent la façon dont il fait claquer sa langue et ses expressions de gosse impatient.

- Oh non t’es flippant quand tu me fixes comme ça j’te jure, j’ai l’impression de voir Eunchang… Vous êtes vraiment des copier/coller tous les deux, c’est abusé.

Et il lui fait les gros yeux, l’air de lui dire de cesser de faire l’enfant. Un soupir qui franchit ses lippes lorsqu’il explicite sa demande, met la lumière sur le fait que ce qu’il attendait, lui, c’était des conseils avec les filles – car il ne parvient toujours pas à croire qu’une fille ai osé repousser Haru. Qui plus est la fille avec laquelle il lui rabat les oreilles depuis toujours. Il sait, dans le fond, que son cousin est mieux que lui. Plus gentil, plus attentionné – plus beau, aussi, évidemment. Alors le fait que lui se prenne des stops lorsque Shin parvient à en éviter la plupart lui échappe. Le problème doit venir du fait qu’il s’implique trop dans ses relations, ça ne peut qu’être cela. Et lorsqu’il ose mentionner l’ingrate en question, le regard méchant que lui adresse Haru ne fait qu’appuyer sa thèse. C’est bien elle – encore et toujours elle – la source de ses malheurs. Déjà à l’époque, Shin recevait les foudres de son cousin si la brune avait eu l’excellente idée de le vexer ou d’un peu trop parler de son idol préféré – et ce n’est manifestement pas prêt de changer.

- Ah ben oui, j’vois ça, tout va très bien…

Un petit soupir lui échappe, les sourcils froncés – et bientôt, c’est un éclat de rire incrédule qui lâche lorsqu’il ajoute :

- Ouais donc elle fait de la couture en pensant à son prince charmant quoi ? On est où là, en 1440 ?

Car s’il a une occasion de la critiquer, il la fera – peu importe combien elle soit gratuite ou grotesque. Que les gens font un peu trop facilement ressortir le mauvais chez lui, principalement lorsque ça touche à son cousin. Principalement lorsque lesdites personnes le mettent dans des états pareils – que par leur faute, il doit voir Haru se décomposer sous ses yeux, une rage froide dans le cœur et des larmes brulantes dans les yeux. Il se dit qu’il la déteste, quand il le voit comme ça. Qu’elle le mérite tellement pas, lorsqu’elle le brise comme ça, lui laissant le soin de ramasser les morceaux du mieux qu’il peut – c’est-à-dire pas très bien, car les larmes et les sentiments, ça a jamais été son fort à Shin.

- Eh nan, commence pas à pleurer, mec… Est-ce qu’elle mérite que tu te mettes dans des états pareils ? Moi j’peux te dire que non hein, j’suis sûr de moi.

Son épaule qu’il tapote maladroitement, ajoute déjà :

- J’pense c’est la seule fille de Busan à qui tu fasses cet effet si ça peut te rassurer, on dirait t’as pas vu comment les meufs te bouffaient des yeux rien que ce soir ? Tu me fais carrément de l’ombre hein, ce serait vexant si t’étais pas mon cousin. Donc voilà, si elle a pas de goût c’est son problème écoute, les filles connes elles sont connes, faut pas chercher plus loin. C'est pas leur avis à deux balles qui doit te faire douter de toi.

Épaules haussées, à déballer sa thèse avec une assurance inébranlable ; froncer un peu les sourcils lorsqu’il lui demande :

- Par contre y a juste un truc que je capte pas… Pourquoi tu passerais pour un forceur ? Peut-être elle avait envie puis elle a changé d’avis, j’sais pas, mais ça fait pas de toi un forceur, hein, tu sais ? T’as pas à te sentir dégueulasse pour ça, t’as rien fait.

Et un nouveau soupir franchit ses lippes en voyant son regard noyé ; la douleur qui se lit sur ses traits. Il a le regard contrit, Shin, lorsqu’il lui fait remarquer :

- Mais c’est ça le souci Haru, je te l’ai toujours dit que ça menait à rien de bon de t’attacher à ce point aux meufs. Est-ce que tu m’as déjà vu dans cet état à cause d’elles ? Non, parce que j’attends rien d’elles, et si elles attendent un truc de moi c’est leur problème car j’suis toujours très clair avec elles. Si tu commences à te faire des films, attendre des beaux sentiments ou j’sais pas quoi… C’est là que t’es baisé. Je te l’ai toujours dit.

Et il sait qu’il peut sembler abrupt, Shin, mais il cherche seulement à l’aider. Lui faire cet électrochoc, aussi désagréable soit-il, pour ne plus jamais devoir le voir ainsi anéanti par une fille.

after midnight

-- ft shin

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Sourire en coin qui traverse tel un éclair ton visage. C’est rapide, juste le temps de penser au plus petit frère de la fratrie. Parait que vous vous ressemblez, de plus en plus si on écoute Shin, mais c’est pas le premier à te le dire, y’a aussi votre génitrice. Maman dit que ça vient du sourire en coin, de vos yeux rieurs et de cette manie de toujours avoir ce grain de malice enveloppant toute votre chair, vos palabres comme si vous aviez forcément quelque chose en tête, une connerie à faire. Elle dit que vous avez pris ça de votre père, qu’il était pareil à l’époque lui aussi. Et d’entendre ton cousin te dire que toi et Eunchang vous avez la même tête tu ne peux qu’éclater de rire Haru et souhaiter à ton petit-frère beaucoup plus de chance que toi avec la gent féminine. Mais tu crois en lui, t’ose espérer qu’il ne sera pas aussi con que toi, pas aussi acharné aussi.


Car toi, t’as été incapable de rester dans les clous Haru. T’auras tenu quelques mois avant que tout parte à la dérive. T’avais pourtant réussi à te sortir de ce bordel il y a de ça des années et t’as tout aussi vite plongé à peine la brune s’est montré un brin différente avec toi. Que ses doigts se sont égarés sur ton bras pour le caresser pendant que vous regardiez un film, qu’elle s’est glissée entre tes draps pour dormir à tes cotés une nuit sur deux avant que le drame n’arrive. T’as complètement perdu le contrôle et tu t’en veux énormément pour ça, tu veux plus que ça se reproduise à l’avenir. Plus jamais. Et t’attends des conseils de la part de ton cousin, tu veux qu’il t’apprenne à être moins sensible, plus fort d’esprit.

Sauf que tu veux pas te montrer trop franc, ne veut pas l’inquiéter le diable aux mèches blondes. Car tu le connais assez bien pour savoir qu’il ne va pas s’empêcher de casser du sucre sur le dos de Reira, la maudire. Mais en t’en a marre de mentir, marre de la protéger constamment alors tu déballes ce que t’as sur le cœur Haru. Lui dit d’abord que tout va bien et finalement termine ta phrase en lui expliquant que tu te sens dépité d’imaginer qu’elle puisse penser à un autre que toi à l’instant t. Et bien évidemment que tu ris en entendant sa réponse, imagine la brune en tenue de cendrillon faire sa couture en chantonnant.

- Putain t’es trop con… Azi me fait pas rire c’pas le moment, j’me livre là ok ? donc chuuut…

Index qui se pose sur tes propres lèvres pour lui faire comprendre que maintenant il doit se taire. Souffle que tu reprends malgré cette envie de rire nerveuse qui ne fait que revenir encore et encore. La faute à l’alcool, tes fous rire nerveux qui te prennent dès lors que tu te sens con ou bien gêné mais une fois lancé, une fois les premiers mots sortis tu deviens un vrai moulin à parole Haru. C’est rare venant de toi mais là, tu lui dis tout ce que t’as dans le ventre. Lui décrit la scène en bref, lui raconte comment tu t’es senti nul et désarmé de la voir dans cet état ce fameux soir Reira. Et en prime, tu te mets à pleurer. Car t’es exténué de faire semblant depuis des jours et des jours, d’agir comme si tout allait bien lorsqu’en réalité tu te sens con. Tu te sens mal, totalement gêné d’avoir pu agir de façon déplacée et ton cousin a beau tenter de te consoler, te dire qu’elle est surement la seule fille à ne pas te succomber et qu’elle est bien bête de ne pas vouloir de toi, t’es pas moins dégouté.

- Tu me chauffes car j’suis ton cousin, car tu veux pas j’me sente mal … Mais on sait très bien que c’est pas elle la conne, c’est moi d’avoir pu croire que cette fois ça serait différent.

Larmes que tu viens essuyer rapidement d’un geste bref de la main en écoutant ton cousin t’assurer que tu n’as rien fait de déplacer, t’aimerais bien le croire lui dire qu’il a surement raison mais elle avait l’air apeuré Reira à ce moment-là, elle t’a repoussé avec violence et c’est ce petit moment qui te fait douter. Ce tout petit instant qui te rend malade depuis des semaines quand la scène se rejoue derrière tes rétines.

- Si t’as juste pas envie… Tu dis à la personne d’arrêter puis c’est tout non … ? Là elle m’a repoussé vraiment comme si j’allais la … J’arrive même pas à le dire mais comme si j’allais lui faire du mal tu vois ? J’m’en veux trop de peut-être lui avoir fait ressentir que j’étais incontrôlable qu’une fois qu’on avait commencé j’pourrais plus m’arrêter.

Finalement, c’est ce qui te traumatise le plus dans toute cette histoire. C’est cette façon d’agir, ce regard effrayé, le contact virulent de ses mains contre tes épaules pour te repousser. Ça, plus que le fait qu’elle veuille simplement arrêter la chose, qu’elle se soit rendu compte qu’elle t’aimait mais simplement pas de cette façon. Ça t’a blessé, forcément. Mais ça, tu ne peux t’en prendre qu’à toi même et comme le dit ton cousin, t’as qu’à arrêter d’en attendre trop d’elle, des filles en général même.

- J’suis pas comme ça dans mes autres relations… J’suis plutôt à m’en foutre, laisser le temps faire les choses c’est avec elle que j’perds le contrôle de tout et que je finis déçu …

Tête que tu laisses tomber vers l’avant d’un air défaitiste en reniflant ton flux abondant de mucus tout récent et respirant pour tarir ses larmes de petit garçon. Reira ta simple et unique faiblesse. Superman a la Kryptonite, Achille son talon et toi t’as elle. Cette magnifique fille qui ne fait que te faire tourner la tête.

- Mais cette fois c’était la dernière, j’te le jure Shin elle m’a eu deux fois et bah là c’est finiiiiii plus jamais j’l’approche Reira ! Croix de bois, croix de fer si j’mens j’vais en enfer !

Et t’es prêt à cracher parterre pour aller au bout de ta promesse mais tu te rappelles d’où t’es, quelle soirée t’es venu honorer alors t’arrête ton cinéma et tente de te relever de façon la plus adroite possible que ton taux d’alcoolémie puisse te le permettre. Le sol tangue un peu, t’as encore les joues humides mais t’époussettes l’arrière de ton pantalon comme si de rien était, te tient droit comme l’homme fier et pas atteint par la situation – par une fille, surtout  – que tu devrais être.

T'as les humeurs en dent de scie, un coup tu pleures, un coup tu ris.

- Leçon numéro un de Seomun Shin c’est pas d’avoir l’air toujours cool, l’air détendu … ? Comme si rien ne l’atteignait … ?

Et tu rentres une main dans la poche de ton pantalon noir, plisse un peu les yeux comme si t’étais soudainement ténébreux – lorsqu’en réalité t’as surtout l’air bizarre et d’avoir une très mauvaise vue.

- Dit moi la suite chef, vasy pour ce soir j’veux être toi et m’amuuuser s’teuplait !

after midnight

-- ft haru

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Et les larmes perlent sur ces traits qui semblent tracés de la main de Dieu ; dévalent le long de ses joues, rougissent ses yeux et altèrent sa voix. Jeune homme brisé – et Shin, c’est son cœur qui se brise de voir son cousin dans un tel état. Brisé par une vile sorcière ; esclave de ses sentiments. Mais il a jamais été très doué avec les pleurs, sait jamais trouver les bons mots pour panser les plaies – et Haru ainsi vautré par terre, il ne peut pas se permettre de le prendre dans ses bras, pas lorsque cela impliquerait de foutre de la poussière plein son costume hors de prix. Et il arque les sourcils lorsque son cousin l’accuse de ne pas être objectif, lui rétorque :

- Oui oui, allez… Ouvre les yeux deux minutes et tu verras comment les meufs te regardent hein, que ce soit ici ce soir ou juste quand on marche dans la rue. Et si elle t’a laissé croire que ce serait différent c’est pas toi le problème hein, vraiment pas. C’est elle qui doit profiter de toi, s’amuser avec toi, j’vois que ça à ce stade.

Les épaules haussées, à lui assurer qu’il n’a rien fait de déplacé – mais Haru ne semble pas le croire, Haru semble hanté par l’idée obsessionnelle qu’il se serait mal comporté avec elle, et il fronce légèrement les sourcils, peinant à croire que son cousin soit ce genre de personnage.

- Sauf que tu l’es pas, non ? Incontrôlable, j’veux dire. Dieu merci je t’ai jamais vu en action mais je suppose que tu sais quand même te gérer, non ?

Et Shin ne serait pas Shin s’il ne lui faisait pas l’apologie d’une vie sans attaches, et par la même sans soucis. Il considère être la preuve la plus parlante de l’efficacité de cette théorie, par son compteur de nombre de fois où il aura eu le cœur brisé qui stagne au glorieux score de zéro, et des nuits passées à s’amuser sans jamais trop en souffrir – son principal souci résidant dans ces filles qui s’accrochent un peu trop à lui lorsque c’est tout ce qu’il fuit, mais c’est finalement un dommage bien mineur face à la peine dans laquelle il trouve aujourd’hui son cousin. Mais d’après Haru, y a qu’avec elle qu’il sombre dans ces travers. Il est pas comme ça avec les autres, parvient à laisser planer cette forme de distance, et le blond pousse un petit soupir, suggère :

- Si t’as ce problème qu'avec elle c’est peut-être que c’est elle le problème ? Et si t’essayais de prendre tes distances, un peu ? J’sais bien que c’est compliqué parce qu’elle squatte chez toi, mais… D’ailleurs elle compte jamais partir ? Ca fait des mois, c’est bon, il serait temps qu’elle crèche ailleurs hein. Toi ça t’aiderait sûrement, en plus.

Car quand il voit dans quel état se trouve le brun aujourd’hui, il ne peut qu’imaginer que ce doit être une torture pour lui de croiser cette fille à tout instant. Ce parasite qui est entré dans son appartement pour ne jamais en sortir – elle lui évoque ces sangsues ou ces tiques qui, une fois agrippées à leur proie, refusent absolument de desserrer leur prise. Et ses yeux s’écarquillent un peu en entendant son cousin lui jurer que plus jamais il ne se laissera avoir par Reira ; que plus jamais il ne l’approchera. Car il prononce les paroles d’une promesse d’enfant, et joignant le geste à la parole, il semble déjà prendre de l’élan pour cracher à leurs pieds.

- Eh eh eh, j’te crois, j’te crois, c’est bon. Juste crache pas ici par pitié ou j’te promets que je te fais nettoyer, par n’importe quel moyen.

Et il aime à croire que son regard s’est avéré suffisamment menaçant pour pousser son cousin à se rétracter. Que c'est ça qui l’a poussé à ravaler le mollard qu’il s’apprêtait à cracher, faire preuve d’un semblant de bon sens lorsqu’ils sont à une soirée aussi importante pour Shin. Et c’est d’un œil prudent qu’il regarde son cousin se relever ; soigner un peu son apparence. Attentif au moindre renvoi ou perte d’équilibre, mais manifestement Haru a retrouvé un semblant de contenance, et son index qu’il tend vers lui lorsqu’il s’efforce de l’imiter.

- Nuance, je suis toujours cool et détendu parce que rien ne m’atteint. Mais t’y étais presque, jolis efforts.

Car c’est tellement plus simple de prétendre qu’il ne fait pas semblant. Que ce flegme affiché est on ne peut plus réel. Mensonges pas crédibles pour un sou lorsqu’il les sert à son cousin qui sait mieux que personne ce qu’il traverse ; est probablement la seule personne avec qui il s’autorise une sincérité parfaite. Et un petit éclat de rire lui échappe en voyant le cinéma de Haru ; la façon dont il plisse ses yeux, rendue comique par son état, et la stature qu’il tente de se donner en glissant une main dans la poche de son pantalon.

- Me dis pas que t’essaies de m’imiter là ? Que je ressemble à ça ? Mon Dieu…

La tête qu’il secoue doucement, ajoute déjà :

- Bon, rouvre tes yeux, arrête de te tenir chelou et viens avec moi.

Une main qu’il pose dans le haut de son dos pour le guider avec lui vers la porte de la terrasse, lui explique tout en marchant :

- Je t’aurais bien proposé de reprendre un verre mais j’ai peur que tu dégueules sur mon principal investisseur si j’te laisse avec une boisson de plus entre les mains.

La tête qu’il tourne vers lui, fait claquer sa langue en voyant qu’il continue de plisser les yeux dans un but qu'il ne parvient toujours pas à identifier.

- Arrête de faire cette tête cheloue, ai juste l’air normal, tu te sabotes tout seul là…

Il écrase sa cigarette dans le cendrier et ils regagnent l’intérieur du club, marchent jusqu’à l’espace principal, là où il y a le plus de monde et où les traits se confondent sous les éclairages kaléidoscopiques. Et là, en périphérie de la pièce, Shin s’arrête, poussant son cousin à en faire de même.

- Bon. On va te faire oublier ta vieille meuf médiévale là. Regarde les filles qu’y a ici et trouves-en une qui te plaît. Et j’ai invité le gratin des influenceuses de Busan, donc des bombes, alors t’avises même pas de me dire que t’en trouves pas à ton goût.

after midnight

-- ft shin

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Vivement tu fais non de la tête, hâtivement tu laisses comprendre à ton cousin que bien évidemment t’as de la retenue. Mais les conclusions hâtives de Shin au sujet de Reira résonnent en toi comme la plus sensé des solutions lorsque tant d’alcool coule dans tes veines. Si tu n’as rien fait de mal et qu’elle t’a repoussé alors peut-être que c’est elle le souci, peut-être que s’amuser et profiter de tes faiblesses ne la fait soudainement plus rire. Elle t’aurait pris pour un con tout ce temps quoi. Et ça t’énerve, une rancœur aigre s’installe en toi et ces quelques larmes à la lisière de tes cils, ces perles prêtes à couler sur tes joues d’une minute à l’autre tu les ravales, répond au blond avec trop de fierté :

- J’sais pas combien de temps elle va rester mais ouais, peut être qu’elle ferait mieux de partir t’as raison.

Car ça devient oppressant de vivre avec elle, même chez toi t’es de moins en moins à l’aise. Son silence des dernières semaines est révélateur malgré que t’ai voulu l’ignorer. Elle ne changera pas d’avis Reira, ne se rendra pas compte soudainement que t’es l’homme de sa vie et qu’elle a peut-être fait une erreur en te repoussant ainsi. Faut que tu te ressaisisses. Et c’est ce que tu crois faire en faisant cette promesse de ne plus jamais l’approcher de si près cette diablesse, tout en te relevant sous le regard dubitatif de ton cousin préféré. Tu crois qu’en un claquement de doigt tout ceci sera oublié. T’agis comme si soudainement t’étais indifférent à tout ceci et parle sur un ton détendu, les yeux rieurs bien que rougit par les pleures d’il y a quelques minutes à peine.

Air détendu que tu prends, charisme feint inexistant pour le moment. Car t’as l’air plus con qu’autre chose en réalité, tes yeux plissés ne font pas l’effet escompté, ta main glissée dans la poche de ton pantalon ne te rend pas plus cool, non. T’es pas Shin, t’es bien loin de sa classe et son charisme. T’es une pâle copie mais dans le genre pathétique. Mais pour ce soir ça fera l’affaire même si ton cousin semble abattu que tu le refasses de cette manière.

- Non t’es mille fois mieux le sang mais laisse-moi croire que je gère bien le style bcbg, Christian Grey du bled s’teuplait.

Mais Shin lui, ne semble pas de cet avis. Shin il commence à en avoir marre de ce cirque alors il te demande d’arrêter de faire cette tête, pose sa petite main contre ton dos et te pousse vers la destination qu’il souhaite. Tu souffles comme un gamin Haru, le laisse te conduire vers l’intérieur de la boite à nouveau même si tu ne changes rien à ta nouvelle attitude qui te plait bien.

- Ah bah super la confiance qui règne entre cousin, t’es mon frère ou ma daronne là ? Laisse-moi boire ce que je veux, j’suis majeur et vacciné. Puis pourquoi j’irais parler à ton investisseur hein ? J’ai une tête à parler avec ces gens-là moi ?

Vraie pipelette que tu deviens lorsque les liqueurs s’emmêlent. Ton propre index que tu pointes vers toi, l’air de dire que ce n’est pas ton genre de discuter avec des personnes aussi importante qu’un investisseur. Et malgré toi, tu le suis quand même ton frère d’une autre mère, le laisse t’entrainer de nouveau vers l’intérieur de la boite et arrête de faire le con une bonne fois pour toute comme il te le demande. Docilement, tu te mets à toiser les demoiselles comme il te le conseil jusqu’à que tu tiques sur une palabre prononcée. Tu grimaces Haru, tourne ta tête vers lui et ajoute :

- Sérieusement ? Des influenceuses ? J’en ai marre moi des influenceuses, Reira s’en est une aussi et regarde ou ça me mène ? Y’a pas des meufs un peu moins importantes là ? J’sais pas moi, des serveuses, des meufs qui tiennent une supérette comme moi ? Pourquoi faut qu’elles soient influenceuses comme elle ? J’les détestes ces filles-là. c’toutes des connasses avec moi.

Palabre prononcé à voix haute mais heureusement que la musique criant dans les enceintes couvre le son de ta voix. Surement que tu jetterais une mauvaise ambiance à la fête, mettrais ton cousin dans la merde si on entendait les conneries plus grosses que toi que tu te permets de balancer. Et tu t’en rends compte une fois les mots prononcés que c’est pas ouf de parler comme ça. Tu fais alors les gros yeux, pince les lèvres et ajoute :

- Désolé, désolé j’me calme promis me regarde pas comme ça j’ai l’impression que t’as une veine qui va exploser inpo ?

Une pichenette que tu lui colles sur le front en ricanant, ton bras que tu passes autour de ses épaules pour dérider le beau garçon qu’il est.

- Bon j’vais m’occuper avec les « influenceuses » … T’inquiète pas pour moi on se rejoint quand t’en a fini avec tes richous ok ? On fait l’after ensemble.

Et déjà tu t’éloignes, laisse ton cousin en paix. Car il peut pas s’occuper que de toi, ne peut pas tout abandonner ce soir pour tes problèmes de minable. Alors tu fais ce qu’il t’a dit, tu vas discuter avec des filles et tente de regonfler ton égo meurtri par la plus jolie fille de la ville.

after midnight

-- ft haru

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Il fait l’idiot, Haru – les yeux plissés et cette posture qui lui donne juste l’air bizarre –, et Shin s’acharne à le rappeler à l’ordre. Car il connaît son cousin ; sait bien que ce n’est là qu’un mécanisme de défense, un moyen bancal comme un autre de faire diversion de la peine qui lui lacère le cœur. Mais il sait aussi qu’il a besoin de passer à autre chose, et que tel que c’est parti, il n’y arrivera pas tout seul. S’il le laisse faire, dans dix ans il pleurera encore cette fille qui semble se moquer de lui, comme au temps du lycée ; alors il le pousse à apprendre à regarder d’autres jeunes femmes, ouvrir les yeux pour se rendre compte qu’il n’y a pas que Reira, à Busan. Y a des tas de filles plus belles ; plus élancées et mieux formées. C’est pas la déesse qu’il semble croire, en réalité. Il a juste la vision faussée de n’avoir trop longtemps regardé qu’elle. Et tandis qu’il le pousse à l’intérieur, il l’invite à ne pas boire un verre de plus, par crainte des conséquences ; fronce les sourcils lorsqu’il le compare à sa mère.

- T’es peut-être majeur et vacciné mais c’est une soirée cruciale pour moi, Haru. Je peux pas me permettre qu’il se passe tout et n’importe quoi.

Et le ton se fait un peu plus dur, tout d’un coup. Car il ne semble pas comprendre les enjeux de cet évènement, et Shin a beau aimer son cousin plus que sa vie, il détesterait voir sa soirée gâchée parce qu’il est un peu trop malheureux et reporte un peu trop cela sur l’alcool. Ce serait des années entières de travail qui se verraient bafouées. Et les deux jeunes hommes s’immiscent dans la boîte ; la piste à peine atteinte qu’il invite le brun à bien regarder les invitées, car il voit mal comment il pourrait ne pas en trouver une seule à son goût. Faut dire que les influenceuses sont souvent jolies, et apprêtées, avec ça – et puisqu’il n’a invité presque que cela, il a l’embarras du choix. Mais ces mots semblent déplaire à Haru : il s’offusque, s’emporte-même en plein milieu du club. A jeter son fiel sur les influenceuses ; parler encore et toujours de cette Reira de malheur qui plombe bien trop de ses instants heureux depuis trop longtemps. Et il serre les dents Shin – y a la pression qui ne cesse de monter lorsqu’il craint que ces mots malheureux retombent aux mauvaises oreilles, qu’un scandale éclate par sa faute en plein cœur de sa soirée. Il a fait de son mieux pour le consoler, Shin ; pour lui changer les idées. Mais là, il dépasse les limites, semble ignorer l’enjeu de cet évènement pour se focaliser sur ses problèmes de cœur, et son regard bouillonnant hurle combien Shin se contient. Par égards pour lui ; par intérêt pour lui-même, également, et la volonté de ne pas précipiter un peu plus cette soirée vers le fiasco.

- Haru, siffle-t-il entre ses dents. Par pitié… tais-toi.

Et comme s’il cherchait seulement à le faire exploser, Haru se permet de l’appeler inpo ; lui assène une pichenette sur le front, en prime. A ricaner comme si tout allait bien ; comme si son cousin n’était pas déjà tendu par cette soirée sans qu’il n’y ajoute son grain de sel.

- Non vraiment tais-toi si tu veux pas que j’te vire à coups de pied au cul.

C’est rare qu’il lui parle comme ça, Shin – mais il est vraiment en train de jouer avec sa patience, et ses frasques s’avèrent être la goutte d’eau menaçant de faire déborder le vase. Pourtant, il le laisse passer un bras autour de ses épaules, répond en soupirant :

- Va t’occuper avec qui tu veux, y a pas que des influenceuses ici donc j’suis certain que tu peux trouver ton bonheur… même si j’suis persuadé que c’est pas parce que ta pote est une connasse que c’est le cas de toutes les influenceuses, mais bon. Allez, te fais pas trop remarquer surtout.

C’est avec un regard soucieux qu’il le regarde s’éloigner, le garde dans son champ de vision quelques instants avant de se diriger vers le bar pour commander un cocktail, se détendre au moins un peu avant de devoir retourner feindre la décontraction devant les investisseurs. Quelques gorgées d’alcool supplémentaires dans le sang et l’humeur allégée, il esquisse un sourire affable lorsqu’un homme en costume se dirige vers lui, tente rapidement de se souvenir de qui il s’agit avant d’entamer une conversation avec lui. Et y a peut-être une heure qui s’écoulera ainsi, à évoluer de groupes en groupes, vendre projets et belles promesses à ceux qui peuvent tout faire décoller. S’efforcer de les convaincre au mieux ; incliner la tête avec une modestie aussi feinte que calculée lorsqu’ils complimentent le succès de cette soirée et des premières campagnes publicitaires. Et lorsque la lune est à son zénith, que la soirée touche à sa fin, et que doucement le club se vide, il pousse un petit soupir de contentement, déboutonne un nouveau bouton de sa chemise et retire sa veste pour se sentir plus à son aise. Laisse son regard parcourir l’immense espace, pour voir les employés commencer à ranger et nettoyer les lieux pour le lendemain ; repère son cousin affalé dans l’un des canapés, et vient s’échouer à ses côtés.

- Ben alors ?, qu’il demande en déboutonnant machinalement les manches de sa chemise pour pouvoir les relever un peu. J’pensais que tu serais déjà parti en bonne compagnie à cette heure-ci, qu’est-ce tu fous encore là ? J’sais que j’suis ta personne préférée sur Terre, mais je t’en voudrais pas si tu me préfères la compagnie d’une meuf pour une fois, tu sais ?

after midnight

-- ft shin

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Énormes conneries débitées, si grosse que même la patience de ton cousin préféré commence à s’étioler. Une mise en garde – à laquelle tu ne fais pas gaffe – qui tombe, Shin il essaie de garder tout son contrôle et te demande d’abord de façon gentille d’arrêter. Mais t’es trop révolté, trop bourré pour entendre ce qu’il a à te dire. T’agis de façon plus qu’égoïste Haru et réitère ta connerie une première fois, une seconde fois et à la troisième tu sens que t’as dépassé les limites lorsque ton cousin le visage serré t’annonces que si tu continues dans cette direction tu vas être obligé de quitter la soirée et qu’il s’en occupera lui-même, à coup de pied au cul. Surement la toute première fois qu’il te parle ainsi Shin et t’hausses les sourcils t’apprête à répondre qu’il n’a pas à parler ainsi à son ainé mais finalement tu te tais. Car tu sais au fond que t’abuses, une toute petite voix dans ta tête t’assures que t’es vraiment un calvaire depuis cinq minutes alors t’hoches plutôt de la tête, ton air toujours aussi bête sur le visage et lui dit :

- Oui, ok ok j’vais m’occuper avec qui je veux, je trouverais une meuf et tout ça sans faire trop de vague. Aller à toute.

Shin que tu laisses ainsi tranquilles pour son bien et le bien de votre relation. L’air las, tu vas te chercher une boisson fraiche non alcoolisé au comptoir histoire de ne pas énerver ton cousin. Discussion que t’entreprends avec un gars posé à coté de toi au bar et cette serveuse qui s’immisce dans la conversation et donne son avis sur des sujets d’actualité comme loufoque. Le courant passe bien, vous rigolez bien pendant une demi-heure. Jusqu’à que ton nouveau pote soit obligé de s’en aller te laisse seul avec la barmaid en te claquant l’épaule de sa grande main, te glissant à l’oreille de bien t’amuser. Tu ne saisis pas tout mais le remercie quand même, lui fait un signe de la main pour le saluer et continue de discuter avec la demoiselle derrière le comptoir. Tu sais pas si c’est l’alcool encore trop présent ou bien son sens de l’humour aiguisé mais tu ris beaucoup Haru, l’écoute sagement te raconter des histoires avec des clients hyper lourd qu’elle a pu rencontrer au cours des dernières années. Et puis vient ton tour de raconter un peu ce que toi tu vis au quotidien à l’épicerie, tu lui racontes quelques bribes de quoi la faire rire elle aussi. Et surement que tu fais bonne impression, que tu l’as assez amusé ce soir car elle finit par te demander ton téléphone et enregistre son numéro dans ton répertoire en t’avouant qu’elle voudrait bien continuer la soirée avec toi mais que ça serait dommage que tu t’endormes avant même que vous ayez gagné son appartement tant t’es bourré. T’ouvres alors la bouche dans un grand O d’étonnement, t’attendais pas à tant d’honnêteté et bêtement tu réponds :

- Ah… heu… ouais… Bah alors à la prochaine Ae-cha ?

Que tu dis l’esprit et l’estomac un brin barbouillé avant de quitter le comptoir en lui faisant à elle aussi un signe de la main auquel elle répond par un bisou envolé et un clin d’œil. Quand tu te tournes, tu vois que la population a diminué, il reste plus grand monde et t’es encore trop fatigué pour t’en aller. Alors tu vas t’affaler sur un des canapés dorénavant libres, la tête qui part en arrière et les yeux qui se ferment automatiquement tu ne sais pas combien de temps passe lorsque à coté de toi, la place s’affaisse et que la voix de ton cousin arrive jusqu’à tes oreilles. Il est soudainement détendu et toi, tu te rappelles de la façon dont il t’a parlé avant que vous preniez chacun un chemin différent et t’es fâché Haru. Même si t’es celui qui a fait n’importe quoi, tu boudes et c’est trop sèchement que tu lui réponds :

- Non non, c’est pas parce que t’es ma personne préféré que j’suis encore là.

Faux, tu l’attendais Shin. Même si t’es légèrement énervé contre lui tu ne te voyais pas partir sans lui malgré tout mais t’es trop ronchon pour l’avouer ça.

- J’ai eu un numéro, j’ai sympathisé avec une meuf mais j’suis pas en état de faire quoique ce soit ce soir… ça serait vraiment la honte pour moi donc j’attends que l’alcool redescende pour y aller…

Tête que tu laisses rouler lentement, prunelles que t’ouvres et pose sur ton cousin tout en déboutonnant comme lui ta chemise avant d’ajouter :

- J’voudrais pas qu’on me prenne à coup de pied au cul… Tu comprends hm ?

after midnight

-- ft haru

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Le club se vide, et bientôt ne demeurent que Shin et le personnel. Il s’imagine un instant son cousin déjà parti, avec à son bras l’une de ses belles plantes qu’il lui vantait mais qu’il s’est si bien acharné à critiquer, et cette idée le réjouit. Il mérite de passer à autre chose ; s’amuser un peu et se changer les idées, loin du parasite qui lui sert de meilleure amie. Peut-être finira-t-il même par adopter le mode de vie de Shin ; se lier aux femmes seulement pour un instant, le temps de s’étreindre pour mieux s’en détacher. Ils s’amuseront alors certainement comme jamais ils ne l’ont fait, pourront parler de leurs conquêtes respectives et échanger leurs expériences – et surtout, il n’aura plus à voir Haru pleurer pour l’une de ces sorcières.

Mais il déchante bien vite en reconnaissant la silhouette de son cousin abandonnée sur l’un des canapés, la tête renversée et les yeux clos – et l’angoisse lui étreint le cœur lorsqu’il s’imagine qu’il puisse être dans un état un peu plus grave que seulement endormi. Il aurait dû garder un œil sur lui, et ne pas le laisser ainsi sans surveillance… Y a le pas qui se fait un peu plus pressé lorsqu’il s’avance jusqu’à la banquette, et le palpitant qui s’apaise en remarquant qu’il respire ; gigote même un peu, un instant, imperceptiblement. Et c’est un soupir soulagé qu’il retient lorsqu’il se laisse tomber à ses côtés ; l’interroge, curieux, sur la raison qui le pousse à être encore là lorsqu’il devrait joyeusement terminer la nuit dans les bras d’une jolie fille. Mais ses sourcils se haussent sous le coup de la surprise en entendant le ton sec sur lequel lui répond son cousin – à ne pas en croire ses oreilles, ne pas se résoudre à concevoir qu’il ose lui faire la gueule après la soirée qu’ils viennent de passer.

- Tant que tu nies pas que j’suis ta personne préférée, ça me va…

Le ton s’efforce d’être léger, mais une pointe d’incompréhension et d’agacement percent quand même sa voix. Heureusement, Haru semble se détendre lorsqu’il daigne répondre à ses questions – et l’ombre d’un sourire se peint sur les lèvres de Shin en apprenant qu’il a bel et bien tenté quelque chose. Quelque chose qui pourrait manifestement déboucher sur du concret, qui plus est.

- Sérieux ? Trop bien, j’suis sûr que tu te sens déjà mieux ! T’as fini par laisser une chance à ces pauvres influenceuses qui faisaient que de te fixer ou t’as trouvé ailleurs ?

Et enfin, son cousin daigne ouvrir les yeux ; croiser son regard. Les reproches qui percent déjà de nouveau dans sa voix – et Shin doit puiser dans une patience qu’il n’a pas pour garder son calme, car il commence à le fatiguer à jouer les montagnes russes, jongler ainsi entre conversation normale et ressentiment à peine voilé. Y a bien que pour lui qu’il fait cet effort ; prendra sur lui pour accuser ses remarques avec légèreté plutôt que de laisser l’agacement l’emporter.

- Qu’on « te prenne »… ? J’crois le plan c’est plutôt que tu la prennes elle, mais comme tu veux…

Regard en coin, et Shin n’est pas un saint, alors il finit par lui manifester son irritation. Les joues qui se gonflent et les sourcils qui se haussent lorsqu’il se permet de faire remarquer :

- Et askip c’est moi qui ai le pire caractère de nous deux, hein…

Car il comprend vraiment pas qu’il se permette de bouder ainsi lorsque Shin a passé bien trop de temps à essayer de le consoler ; qu’il a bien failli provoquer un incident diplomatique en plein milieu de sa soirée. Mais il s’efforcera de faire passer le difficile de son caractère sur son état ce soir ; extirpe plutôt son téléphone en lui demandant :

- J’commande un Uber. Tu veux déjà rentrer ou on bouge ailleurs pour continuer la soirée ?

Les yeux qu’il relève vers lui, un sourire feint lorsqu’il ajoute :

- Enfin, si tu tolères encore ma présence.

after midnight

-- ft shin

✩ ○.⋆☽ ⋆.○ ✩

Et t’aimerais le contredire Shin, pour le vexer comme il a pu te vexer t’aimerais lui dire qu’il n’est en aucun cas ta personne préféré, sauf que c’est pas le cas. Depuis toujours il est ton exemple, ton pilier lorsque tu recherches un peu de force. Que ce soit enfant avec ses crises de larmes pour que tu joues avec lui à ses jeux préférés dans la cours de récréation ou ce soir quand il t’a menacé de te botter le cul tu l’aimes envers et contre tous ton cousin. Alors tu soupires, ne répond pas à son air satisfait.

C’est toujours aussi froid et l’air peu intéressé que tu réponds à ses questions. Oui t’as rencontré une meuf mais non, tu ne rentres pas avec elle. Car t’es trop bourré pour faire quoique ce soit, surement que tu te ridiculiserais plus qu’autre chose si tu te laisserais tenter. Toi autant que la demoiselle du bar vous préférez jouer la sureté – enfin, si tu la recontactes – car rien n’est moins sûr. Qui sait ? Peut-être que demain tu l’auras totalement oublié et un jour en ouvrant tes contacts et en voyant ce prénom inconnu aux bataillons tu ne te poseras pas plus de question et te contentera de la supprimer.

- Nan c’est pas une influenceuse j’t’ai dit j’veux plus les voir ces filles… C’était une des barmaids ce soir, je l’avais pas remarqué mais elle oui apparemment… Elle était cool donc on a discuté et elle a fini par me donner son numéro.

Pas de baiser échangés, un simple clin d’œil et vous vous êtes quittés. Et maintenant, quand tes yeux se dirigent vers le bar tu ne la vois plus Ae-cha à sa place. Les lieux sont quasi vides dorénavant, il ne reste plus que vous deux et pas mal de personnels s’attelant à tout remettre en ordre pour la prochaine soirée à venir. Et bientôt toi aussi tu partiras, quand la tête te tournera moins, que tes idées seront plus clair et que ta vue sera moins trouble.

- Ha-ha, on se fend la poire avec toi hein ….

Que tu dis à ton cousin, faussant un éclat de rire pour lui faire comprendre ô combien en réalité tu la trouve peu drôle sa blague. Surement car t’es un peu énervé contre lui, que tu cherches à lui faire comprendre d’une manière ou d’une autre. D’abord en lui ressortant sa menace dites plus tôt et maintenant en ne rigolant pas à son petit jeu de mot. Tu cherches la confrontation Haru, crée l’étincelle car t’as besoin de t’énerver sur quelqu’un, besoin d’un conflit pour extérioriser tout ce que t’as sur le cœur. Mais il ne te donne pas vraiment matière à t’embrouiller Shin, il se montre décontracté, te sourit et te répond comme si de rien était. Comme s’il voyait très clair dans ton jeu. Alors t’arrête de faire ta tête de mule car tu vois bien que tu te ridiculise à chercher la petite bête pour si peu quand lui, s’efforce faire un pas vers toi, te propose même de rentrer avec toi. Pendant un court instant t’analyse les faits, réfléchis à ce que tu comptes faire ou non. Tu rentres ou tu continues à faire la fête ? T’arrête le massacre là où tu t’acharnes à faire semblant d’aller mieux quand rien ne va ? Tu gonfles les joues, fait passer l’air d’un coté à l’autre dans ta bouche avant de finalement lui répondre :

- Ouais j’vais te tolérer encore un peu pour ce soir, partageons un Uber… Que tu paieras bien évidemment...

Son épaule que tu tapes, un brin plus détendu qu’à son arrivé à tes cotés. Les prunelles que tu fermes de nouveau, un seul petit instant avant d’ajouter en baillant :

- Si tu veux on va boire un dernier verre ouais après j’rentre j’suis éclaté. Bon, on attend dehors ?

Que tu proposes à ton cousin car de toute façon vous n’avez plus rien à faire ici. Et difficilement tu soulèves ton corps du canapé, te dirige vers la sortie d’un pas lourd en passant une main dans tes cheveux fraichement recoloré dans leur couleur initiale. Le grand air nocturne qui te fait du bien, tu t’appuies contre l’un des murs de la bâtisse qui a accueilli la fête et dit à ton cousin :

- Alors cette soirée, verdict ?

regard intéressé que tu jettes vers ton cousin, car finalement à faire le con et agir égoïstement tu sais pas si cette soirée était une belle réussite ou un terrible fiasco.

after midnight

-- ft haru

✩ ○.⋆☽ ⋆.○ ✩

Il ne rit pas à sa blague, Haru – et tant de mauvaise humeur poussera Shin à lui faire une réflexion. Car il s’est si souvent vu reprocher d’avoir mauvais caractère – de s’emporter si vite, ou de piquer des crises que l’on trouvait souvent injustifiées. Alors ça le fait doucement rire, lorsqu’il voit que son cousin se permet de lui faire la tête ainsi. Un agacement auquel il ne laissera pourtant pas gagner trop de terrain, pour toutes ces fois où son cousin lui aura laissé passer des choses qu’il n’aurait pas dû tolérer. Lui laisse plutôt le choix de la suite de la soirée, selon son envie et surtout son état ; ricane en voyant l’ombre d’un sourire gagner ses traits lorsqu’il lui demande de payer leur course en Uber.

- Aaah, quand faut jouer les michtos ça fait plus la gueule, hein, d’un coup… J’ai connu des meufs plus subtiles que toi Haru…

Yeux levés vers le ciel, à seulement le taquiner – c’était trop tentant. Chauffeur rapidement commandé, et il hoche la tête lorsqu’il suggère qu’ils attendent le véhicule dehors, se relève déjà, sa veste à la main. Regarde Haru se redresser difficilement, l’air fatigué, et se permet de commenter :

- Ouais, vaut mieux qu’on aille dehors en effet, j’pense que tu te serais mis à ronfler si on t’avait laissé trente secondes de plus dans ce canapé.

Sa main libre glissée dans sa poche, il salue une dernière fois le personnel qu’il croise en chemin, avant de passer la porte du club aux côtés de son cousin. Se plante à côté de lui, réfléchissant un instant à sa question.

- Hm… Malgré quelques éléments perturbateurs, je pense avoir évité la catastrophe. Les invités avaient l’air contents, et j’ai reçu des compliments, que ce soit sur les boissons ou sur l’organisation de la soirée, donc j’ose espérer que les retombées seront positives.

Il n’attend que ça, Shin – que les invités parlent de sa marque ou même de lui aux gens qu’ils côtoieront à l’avenir, et qu’un coup de projecteur soit braqué sur son entreprise. C’était tout le but de l’opération.

- Dommage que Busu ai pas pu venir. Ça m’aurait arrangé qu’elle garde un œil sur toi.

Œillade en coin – et si l’on pourrait croire qu’il attendait seulement que quelqu’un soit là pour canaliser son cousin, cela l’aurait aussi rassuré de savoir qu’il ne restait pas seul, ce soir. Car il était un peu tracassé, au cours de la dernière heure ; espérait que tout se passait bien pour Haru, que s’il ne le voyait plus, ce n’était pas parce qu’il était retourné pleurer dans un coin. Mais il ne pouvait pas complètement se détourner de sa soirée pour lui courir après – pas lorsqu’elle représentait l’aboutissement de ces dix dernières années. Et le visage de sa cousine s’immisce dans son esprit ; cette soirée d’été lui revient, et avec elles les confessions arrachées sur un toit nocturne. L’expression qui s’assombrit soudain ; il hésite un instant avant d’oser demander :

- Est-ce que… hm, est-ce que Sanae t’a parlé de ce type avec qui elle est sorti ? Pendant qu’on était tous les deux hors du pays ?

Il sait qu’elle lui a demandé de ne pas en parler à Haru – il le sait. Mais il se voit mal lui cacher une information d’une telle importance ; et il se dit que, peut-être, se confier à Shin l’aura poussé à en faire de même avec son frère. Peut-être. Mais face à l’air confus du brun, il devine rapidement qu’elle n’en a rien fait, et pousse un petit soupir avant d’expliciter :

- J’ai pas tout compris, parce que ce qu’elle disait était un peu confus et qu’elle avait pas l’air d’oser tout dire, mais… Elle m’a dit qu’elle est sortie avec ce mec pendant trois ans, et de ce que j’ai compris il l’a traitée n’importe comment… Du genre à mal lui parler, la dénigrer, tu vois ? C’était une merde hein, y a pas d’autre mot. Mais je lui ai demandé cinquante fois, elle a jamais voulu me dire qui c’était.

Il passe une main sur son visage, Shin – et la pointe de culpabilité qui le gagne un instant d’avoir bafoué la promesse qu’il lui a faite s’évanouit déjà. Car il en a parlé à Haru – et qu’il espère que lui pourra l’aider à tirer cette histoire au clair. Qu’il sera autant en colère que lui lorsqu’il a appris cela.

- Elle va me détester, mais tant pis… Elle m’avait demandé de pas te le dire, mais j’me dis que peut-être à toi elle voudra te dire comment il s’appelait ? J'veux vraiment retrouver ce connard.

after midnight

-- ft shin

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Tu comprends qu’il parle de toi quand il parle d’élément perturbateur Shin, le regard qui se fait alors mauvais dans sa direction. Car toi t’essaie de passer à autre chose et lui jette de nouveau de l’huile sur le feu ? Mais soit, tu ne vas pas l’empêcher de parler de sa soirée comme il le souhaite, l’empêcher de te dire que t’as été à la limite de créer un fiasco lorsque dans le fond c’est la vérité. T’as pas été à la hauteur des attentes, pas à la hauteur de la soirée de sa vie. Et si là, l’alcool apaise un peu ce sentiment surement que demain tu seras honteux comme tu ne l’as jamais été.

Comme la fois où on t’a choppé à voler le doudou de quelqu’un pour Shin en primaire ou bien sûr l’indétrônable incident avec Reira d’il y a un mois.

Surement que tu lui enverras un message à Shin, t’excuseras de ton comportement lamentable dès que tu te seras réveillé en lui expliquant que la prochaine fois, tu t’aviseras de ne surtout pas venir si c’est pour être dans cet état. Et pendant que toi, tu réfléchis à tout ça ton frère lui, semble regretter la présence de votre sœur ce soir à sa fête. Chose que tu peux comprendre, bien évidemment que ç’aurait fait plaisir à Shin qu’une autre Seomun soit là ce soir, voit son ascension vers la réussite. Mais Shin faut qu’il rajoute qu’elle aurait pu garder un œil sur toi. Simple petite phrase qui te fait souffler Haru ; tu tournes nonchalamment la tête vers ton cousin et lui répond :

- J’suis pas un gamin, j’ai pas besoin d’une nounou et encore moins que ça soit Sanae j’sais me garder t’inquiète pas pour moi … J’ai juste un petit peu abusé de l’alcool mais c’est tout.

Et c’est déjà trop en réalité mais t’es trop fier pour l’avouer. Coup de pied que tu mets dans une pierre trainant au sol, prunelles qui suivent l’avancée de ce tout petit caillou lorsque la voix du blond à tes cotés s’élèvent de nouveau, qu’il te demande si t’es au courant d’une relation entre Sanae et un certain mec lorsque l’un comme l’autre vous étiez loin des terres sud-coréennes. Tu tournes alors de nouveau la tête vers lui, fait non de la tête mais ajoute tout de même :

- Non rien du tout… ? J’savais même pas elle avait eu un mec pendant ce lapse de temps ?

Mais ça ne t’étonne pas pour autant, car t’as passé cinq longues années loin de Busan et il aurait été bizarre que ta sœur ne rencontre personne en ce lapses de temps. Car elle est jolie Sanae bien que trop bavarde et mal polie quand elle s’y met, elle reste une fille avec énormément de qualité. Donc tu t’affoles pas Haru, ne comprend même pas pourquoi si soudainement Shin te parle de ça puisqu’apparemment, ce n’est plus d’actualité. Mais au vu de sa tête t’es forcé d’arquer un sourcil lui demandant implicitement de te dire ce qui semble le tracasser. Et les mots finissent par sortir, des mots auxquels tu ne t’attends pas – qu’aucun frère n’attend d’entendre au sujet de sa sœur – des mots qui te laisse perplexe, que tu réétudies deux ou trois dans ta tête avant d’en comprendre le sens.

- Tu … mais tu parles de quoi là Shin ?

Les sourcils qui se froncent, l’air désespéré qui doucement envahie tes traits. T’as mal au cœur d’entendre ça Haru, t’as envie de vomir juste d’imaginer un truc pareil arriver à ta petite soeur et Shin bredouille, te donne pas les informations que tu veux. Alors tu t’approches de lui, poses tes mains sur ses épaules et le fixe d’un air déconfit, comme si ta vie dépendait de sa réponse.

- Elle t’a dit quoi exactement ? Me cache rien par pitié Shin dit moi tout j’suis pas au courant putain de merde elle m’a jamais rien dit à moi ?

Et si d’un côté t’es triste et blessé d’apprendre qu’elle ne te fait pas assez confiance pour te parler d’un truc si grave Sanae ; t’es ravagé par la simple pensée qu’elle ait vécu quelque chose pareil toute seule, sans jamais en avoir parlé à quiconque avant Shin cet été. Ça te fout en rage, te donne envie de tout casser. T’as l’impression de revivre la relation de Reira et Kai une seconde fois, d’être impuissant comme à chaque fois face à tout ça. T’as l’impression d’être un aimant à connard pour toutes les filles qui t’entourent et ça te déchire le cœur et quand Shin te propose de lui poser toi la question pour avoir plus d’information tu réponds excédé :

- Comment tu peux t’attendre à ce qu’elle me dise le nom à ce gars quand moi j’savais rien ?!

Une main que tu passes sur ton visage fatigué, ne sachant plus vers où diriger tes pensées. Faut que tu te calmes, tu le sais. C’est pas en t’énervant sur ton cousin que les choses s’arrangeront.

- C’est quoi le plan là en fait ? J’ai juste envie de l’appeler et lui demander. Non, j’ai envie d’aller la voir maintenant tout de suite pour tirer cette affaire au clair en fait.

after midnight

-- ft haru

✩ ○.⋆☽ ⋆.○ ✩

Il n’hésite pas longtemps, Shin, pour lancer Sanae en pâture au milieu de leur conversation. Car depuis qu’elle lui a confié s’être trouvée au cœur d’une relation toxique, l’horreur de cette révélation n’a cessé de tourner dans sa tête – et il savait que tôt ou tard, il devrait en parler à Haru. En dépit des promesses formulées pour tirer les vers du nez de sa cousine. Et il se dit qu’il a pris la bonne décision, en entendant le brun lui assurer qu’il ne savait même pas qu’elle avait fréquenté quelqu’un durant cette période.

- Moi non plus.

Alors il lui avoue tout. Répète les mots prononcés par leur sœur, dans toute leur horreur et leur imprécision. Il lui donne le peu d’éléments dont il dispose, Shin, car il était si dur de lui arracher la moindre information cette nuit-là, et qu’elle ne semble même pas lui avoir tout dit. Il n’est pas surpris en voyant le visage de Haru se décomposer, le dégoût et l’incompréhension se peindre sur ses traits. Il n’est pas surpris ; seulement peiné. Et il déglutit difficilement lorsque son cousin semble ne pas vouloir comprendre ; lui demande de mettre des mots clairs et précis sur la situation.

- Elle est tombée sur un putain de connard, Haru. Un fils de chien, voilà ce qu'il s’est passé.

Les mâchoires serrées en repensant à la sale merde dont elle s’est entichée ; en revoyant ses yeux noyés de larmes, et sa voix brisée lorsqu’elle lui a tout révélé. Enfin, tout… C’est un bien tendre euphémisme. Et Haru qui s’approche de lui ; pose ses mains sur ses épaules. A lui demander ce qu’elle lui a dit exactement ; l’air morcelé par l’idée qu’à lui, elle ai choisi de ne rien dire.

- Elle m’a rien dit de plus que ce que je viens de te dire ! Je t’ai déjà tout dit, Haru, je… Tu te rends pas compte, j’sais rien moi-même. J’ai déjà eu un mal fou à lui faire avouer ce peu d’infos. Tout ce que je sais c’est qu’il l’a dénigrait, qu’elle était malheureuse avec lui mais qu’elle est restée un moment avec quand même. C’est tout. Je t’apprends rien quand j’te dis qu’elle est bavarde seulement quand elle veut.

Il pousse un soupir, Shin – se sentant démuni, comme le soir où elle lui en a parlé. Fronce les sourcils lorsque son cousin se met soudain à lui parler sur un ton excédé, et hausse un peu la voix pour lui répondre :

- Eh, j’y suis pour rien moi, c’est pas me gueuler dessus qui va arranger la situation.

Malheureusement. Si c’était si simple que ça ; s’il suffisait que Haru lui hurle dessus pour effacer le passé, et retirer toute cette souffrance à leur cadette, il le ferait sans hésiter. Dix fois, s’il le fallait. Mais on n’est pas dans un conte de fée, les problèmes ne se règlent pas en un claquement de doigts et la peine ne s’efface pas. Et Shin s’apaise déjà, car il sait, dans le fond, que si Haru s’en prend à lui, c’est seulement car cette situation lui est tout aussi insupportable que pour lui. Mais en voyant son cousin prêt à aller demander des explications à sa sœur, il pose une main sur son épaule et lui dit fermement :

- Non, il est tard et t’es complètement torché, donc tu vas aller nulle part. Ca ferait sûrement que compliquer la situation. Attendons demain, que t’ai décuvé, pour en parler à tête reposée.

Sa main qu’il laisse déjà retomber, lui faisant confiance pour voir les bonnes intentions derrière ses mots et l’écouter. Passe une main sur son visage dans un geste fatigué, avant de lâcher :

- J’sais comment tu te sens, mec. J’étais dans le même état quand elle m’en a parlé. Je le suis toujours, en vrai. J’ai juste envie de retrouver ce chien et lui faire payer pour tout ce qu’il lui a fait. Mais elle a rien voulu me dire. J’sais pas si elle a peur, si elle continue de le protéger ou si elle est juste passée à autre chose, mais… J’te dis, si tu lui en parles, prépare-toi à ce qu’elle soit fermée. J’me suis rendu compte qu’elle aussi, elle a ses secrets.