Devil

Elle arrache les cœurs, de sa main gantelée, monstruosité magnifique, perfidie de cette âme dentelle. Et Yeona s'avance, elle saisit les cheveux, redresse le visage par la force, elle plante ses yeux terriblement jugeurs dans la détresse d'une innocente, cet air si mauvais déformant son visage pourtant si bien sculpté. « Alors ? Tu comptes faire quoi maintenant ? Sale pute. » Cracher les venins, se saisir des battants jusqu'à les faire exploser. Insensible aux larmes, antipathie assumée, qu'elle pourrait lui cracher dessus si cela ne lui faisait pas perdre son élégance. Les visages environnants se parent de terreur, d'indignation et de douleur, pourtant il n'y a personne, pas une âme charitable, qui décide de s'avancer pour interrompre les maltraitances. On lui a toujours donné tous les droits, à Yeona, et elle est la première à abuser de son pouvoir. Les doigts se resserrent, la poigne est vigoureuse, elle ne perd pas sa consistance malgré les gémissements de la victime, à croire qu'elle serait capable de tuer, si un acte pareil n'était pas si mal venu. Elle bouillonne de rage, sous son air glacial, trahison de ce rictus qui fait tressaillir le coin de ses lèvres closes. La colère emprisonne son âme, la salie, la rend plus condamnable, et elle n'a pas trouvé le courage ni l'envie de se battre contre ses propres démons, alors elle s'en prend à ses paires, ceux qui sont assez fous pour lui barrer la route et la viser avec leurs flashs de téléphone dans l'espoir malveillant de l'afficher sur la toile.

« Tu pensais pouvoir faire la maligne avec moi connasse ? » Elle arrache l'appareil, l'agite devant ses yeux avant de la lâcher, reculant jusqu'à une table environnante pour le plonger dans un seau à glaçons. « Oups ? » Le sourire devient mauvais, elle réduit à nouveau la distance, s'accroupit à son niveau pour ancrer son regard dans celui de sa rivale. « La prochaine fois que je te croise et que t'oses tourner la tête vers moi, je te fais manger le sol. Compris ? » On se demande d'où lui vient sa confiance, cette certitude qu'elle pourra la dominer si simplement. Certes, la ceinture noire de Judo y est pour quelque chose, mais à bien y réfléchir, elle ne fait qu'intimider son adversaire, la dissuader de tenter de la défier à nouveau, une technique qui marche presque à chaque fois, même si Yeona n'hésiterait pas une seconde à se mouiller si besoin se faisait.

Les accords convenus, elle se redresse, laisse glisser ses yeux sur les quelques curieux venus assister à la scène. Beaucoup fuient son regard, se détournant instantanément d'elle, comme s'ils craignaient qu'elle leur tombe dessus également. Un rire malvenu perce la barrière de ses lèvres, elle finit par souffler avec mépris, levant les yeux au ciel avant de se retourner et de s'éloigner de ce qu'elle a provoqué.

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le monde était rempli de personnes qui ne méritent rien de plus que l'ultime souffrance, une conviction qu'ahmya partageait avec probablement les plus malfamés et malades de cette terre. rien ni personne ne méritait sa confiance, la douceur dont elle était encore capable bien que minime, ses mots doux, ses attentions, personne. ils n'étaient tous qu'un ramassis de déchets humains qui devraient se comporter comme telle, mais la société étant régné par ces mêmes déchets, bien sûr que ceux comme elle étaient ceux considérés comme sales. les riches, malpolis, arrogants et avares n'étaient que des cadeaux à vénérer, car l'argent était ce qui contrôlait le monde. car l'argent était la chose la plus importante, derrière son origine familiale. ahmya n'avait rien de ça. l'argent, la famille, tout était d'un pitoyable qui lui donner jour après jour l'envie d'y mettre fin. mais même ceci, elle en était incapable. pour le moment en tout cas. comment faire donc pour vivre dans un monde de corrompu et d'esclave aux puissants possédant l'argent ? la japonaise n'en avait guère la réponse, mais si elle pouvait faire quelque chose, c'était bien de les salir avec la saleté qu'elle amenait à ce monde. elle au visage enfantin, doux, presque digne d'une poupée, aurait pu être si douce, si adorable, mais elle ne voyait que douleur et rage, elle ne voulait que vengeance et les voir à genoux lui demander pardon pour pouvoir mieux leur marcher dessus une dernière fois. elle qui avait attendu vingt longues et douloureuses années pour dire le moindre mot, la décision était prise, il était tant de se défendre, de ne pas se laisser marcher dessus comme un vulgaire paillasson sale. elle valait bien mieux que ça. et si elle signait son arrêt de mort par un tel acte, elle en serait bien plus heureuse, enfin quelque chose qui lui permettrait d'arrêter de vivre dans une telle situation, et de vivre tout court.

le pas glissant sur le goudron, trop fatiguée mentalement pour les lever comme elle le devrait, des bruits de chocs, cris, douleurs, et une voix de crécelle l'interpellèrent. voyant un petit groupe de personnes regroupées pour voir la scène sans pour autant agir, comme la bonne citoyenne qu'elle aurait pu être, ahmya s'y fraya un chemin pour observer et voir un visage qu'elle reconnaissait même après tant d'années. un léger rire, de désespoir et probablement dégoût, s'échappa de ses lippes séchées, elle qui regardait la scène sans pour autant courir aider la victime. la voir pleurer lui rappeler ce qu'elle fût un jour, sensible, faible, une proie simple et appréciable, chose qu'elle n'était plus aujourd'hui, qu'elle refusait d'être à jamais. la japonaise observa comme si elle voyait un flashback de sa propre vie, observant l'horreur qu'elle avait subi fut un jour, bien qu'en sourire ne s'effaça jamais de ses lèvres. et alors que le monde commençait à se lasser d'un tel cinéma, ahmya restait en place, observant l'antagoniste de cette histoire, le regard exprimant rien de plus que le pur dégoût. « c'est plutôt drôle pour toi d'appeler quelqu'un une pute quand on voit ce que t'es. » un pas lent mais sûr pour s'approcher de la pauvre femme au sol ainsi que de la perpétratrice, la fixant de son regard perçant, juste pour le plaisir de garder un regard "sale" sur sa pauvre personne. « je vois que tu n'as pas changé yeona, toujours une vraie pute pour l'attention du monde. » son vocabulaire n'avait jamais été le plus agréable à entendre, elle le savait bien, mais en même temps, elle n'allait pas prendre de pincette et une sorte de politesse pour parler à quelqu'un d'aussi sale qu'elle, juste d'une différente façon. elle ne méritait pas le moindre respect, un autre déchet de la société, rien de plus.

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Note salée, résonance piquante, la voix se lève parmi les spectateurs et dénonce sans pincettes, le comportement de la sorcière. Yeona pose ses yeux sur le visage doux de la jeune femme, l'aura menaçante, grondante. « Pardon ? » prononce-t-elle à son intention, la défiant de son ton. Les yeux du monde se détournent heureusement de la scène, comme s'ils fuyaient la tempête qui risquait d'éclater. Elles sont désormais pratiquement seules face à l'autre, et ça lui fait l'effet d'un coup de tonnerre, à Yeona, lorsque la réalisation vient frapper son esprit. « Tiens tiens... » Murmure-t-elle pour elle-même. Elle la reconnaît, cette petite du passé, gamine qu'elle s'était amusée à martyriser, à humilier. Son nom ? Le souvenir est flou, elle ne se fatiguera pas à fouiller son esprit trop pourri. « Les ailes t'ont poussé dans le dos ? Ça y est, t'as appris à regarder les gens dans les yeux ? » Les excuses et les regrets ne font pas partie de ses options, Yeona n'est pas le genre à culpabiliser, c'est ce qui la rend si dangereuse, si malveillante. « Mon talon dans ta tronche de ratée ça te rappellera peut-être à qui tu t'adresses connasse. »

Viles paroles qui s'élancent à la poursuite d'une âme rapiécée, les cadeaux ne sont pas au programme ni pour celle qu'elle vient d'humilier, ni pour celle qu'elle s'apprête à humilier. La colère est une arme redoutable, un fardeau également, mais ça Yeona n'est pas encore capable de travailler dessus. Elle sent ses entrailles se tordre à chaque opposition, la crise de nerf menaçant d'exploser, elle n'aime pas ceux qui lui tiennent tête, ceux qui se pensent plus malins qu'elle, qui jugent son étroitesse d'esprit, Dieu l'a faite ainsi, elle ne voit pas pourquoi elle devrait se restreindre et refouler ses émotions. « Parle-moi comme ça encore on va voir, c'est qui la pute à qui après. » Craché sur un ton agressif, la brune est prête à en découdre, ça ne lui fait pas peur, si elle a pu la briser autrefois, elle y arrivera sûrement maintenant, non ?

Le regard est brillant d'une lueur effroyable, elle l'attend, la riposte maladroite de celle qui pense aujourd'hui pouvoir lui tenir tête. Elle sent son sang pulser dans ses veines, l'adrénaline d'une folie passagère. Il y a des moments où la brune se demande si elle serait capable de tuer, la réponse est toujours restée en suspens, elle ne cherche pas vraiment à y répondre, cela vaut mieux pour les gens qui croisent et croiseront son chemin. Et dans son inconscience, Yeona oublie qu'elle est seule ce soir, comme trop souvent, depuis qu'elle a pris la confiance, elle ne pourra probablement pas compter sur son frère ou un autre pour la protéger ce soir, mais il lui est impossible de reculer, elle a un ego à protéger. « Répète, j't'ai dit !  » S'avancer, pousser l'épaule de l'ennemi pour la faire reculer. Elle instaure une fois de plus sa dominance, à voir ce qu'il risque d'en découler.

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est-ce qu'elle avait combattu sa peur de la violence, de la douleur, de la peine qu'elle avait ressenti toute sa vie ? après avoir tenté de faire confiance à tout type de personne dans sa vie, des personnes de son âge, des adultes, des personnes âgées, tous ayant profité d'elle, lui ayant marché dessus comme si elle n'était rien de plus qu'un paillasson sans utilité, elle en avait eu marre oui, enfin. il était temps que la japonaise se rebelle dans sa vie, tout ce qui l'a blessé, heurté jusqu'à l'âme, ceci ne l'avait rendu que plus forte, même si elle avait été dérobée de toute émotion comme produit de tant de violence. une des rares émotions qu'elle avait pourtant toujours était la rage, la haine, l'envie de se venger était toujours bien présente, d'être cette voix qui allait faire une seule chose simple, se moquer, rire sous son nez. une chose qui flatta le peu d'ego que la japonaise avait été le fait qu'elle se souvenait d'elle, quel beau compliment. ahmya n'avait que retenu son ton de princesse et sa violence éternel, son visage ne l'avait jamais intéressé. et elle s'approchait d'elle, madame je-fais-peur, avec son même caractère qui n'avait pas changé. « je me souviens très bien de toi, de ce ton de princesse pourrie-gâtée, de l'envie que tu as de faire peur au monde autour de toi. c'est plutôt pitoyable maintenant que j'y pense. » non, elle n'avait plus peur, elle ne ressentirait plus rien même si elle décidait de la frapper à nouveau, elle était au-dessus de tout ça. la force qu'ahmya avait elle-même développé toutes ses années, elle lui arrivait à la cheville.

madame continuait pourtant, se comportant comme un gros conducteur de camion, elle était tout aussi dégoûtante à son avis. et pourtant, la japonaise la fixait droit dans les yeux, un sourire se posant doucement sur ses lippes, même alors qu'elle la poussait violemment. la brune fixa sa propre épaule, sans pour autant montré grande émotion autre que ce sourire mesquin, l'envie de la voir devenir folle devant le peu de pouvoir qu'elle pouvait avoir sur elle à présent. « oh..? tu me touches maintenant ? je pensais que j'étais trop sale pour ça, tu m'en vois ravie. je vois que madame se salit les mains maintenant, ça te va plutôt bien. » dépoussiérant son épaule, comme si elle venait de la salir elle-même, elle qui était cette jeune femme sale et dévergondée, elle qui était qu'une tache dans ce monde entier. croisant les bras, ahmya n'allait pas la toucher, la violence physique n'avait jamais été son truc, ceci était pour les faibles, les faibles comme yeona devant elle, qui ne connaissait que cette violence pour se sentir supérieure. « tu veux que je me répète huh ? pourtant je te parle ta langue, tu devrais comprendre ce que je t'ai dis. » peut-être exagérait-elle à ce moment, cherchant à se faire battre, mais la voir s'énerver devant le culot que la japonaise avait développé, un délice.

elle se pencha alors, légèrement devant la plus grande des deux, ce sourire toujours présent sur son visage, le regard ne la quittant pas des yeux. « j'ai dis : une vraie pute pour l'attention. ce que tu es. » rapidement pourtant, elle s'éloigna légèrement, marchant autour de la coréenne, les bras toujours croisés, la reluquant des pieds à la tête. « est-ce que c'est ça qui rend les riches si triste ? le manque d'attention ? tu sais, une fois qu'on a compris ce que tu es, vide, on s'intéresse plus. tu vas juste finir par disparaître dans le public, parce que plus personne ne s'intéresse à toi, tu n'es rien d'autre qu'une pauvre, petite jeune femme, que les hommes voient comme un objet. comme le mec dans le coin là-bas. » son doigt pointa à une petite ruelle, une silhouette s'y trouvant depuis qu'ahmya était arrivée, le regard portait sur la scène. la japonaise connaissait ses lieux comme le dos de sa main, ces personnes le peuplant, et elle savait très bien que les hommes qu'elle croisait à son boulot adoraient les jeunes femmes dominatrices, en particulier quand elle ne pouvait plus se défendre. « ce n'est pas sûr ici pour toi yeona, certains pourraient apprécier ton caractère de merde un peu trop. tu ne voudrais pas... que quelque chose t'arrives n'est-ce pas ? » ce sourire mesquin sur ses lèvres, toujours bien présent, elle savait de quoi elle parlait la japonaise, elle en avait vu certaines, piégées derrière leur protection.

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Dans la vie, les gens changent, ils évoluent, se construisent sur leurs propres expériences et traumatismes, Yeona ne semble pourtant pas avoir évolué d'un poil, elle est seulement devenue moins patiente, plus aigrie. Celle qui ose défier son autorité, c'est une histoire différente, mais la brune ne s'est jamais sentie freinée par qui que ce soit, et malheureusement pour elle, Yeona est plus misogyne qu'il n'y paraît, résultat navrant du harcèlement psychologique que sa mère lui fait subir depuis toujours, elle est persuadée que les femmes sont toutes viles, qu'elle ne méritent rien à part de baisser les yeux quand une figure plus imposante se dresse devant elle. Mais où se place-t-elle donc la belle dans son raisonnement ? C'est simple, elle ne se place pas, elle ne se justifie pas, elle se laisse guider par la violence de ses émotions, de cette colère qui grandit chaque jour depuis que Papa n'est plus là pour lui rappeler qu'elle n'a pas besoin d'être aussi vilaine pour exister.

Gamine se joue des limites de sa patience, avec son petit sourire méprisant, ses yeux perçants, elle enchaîne les insultes sans se préoccuper des conséquences, mais même si Yeona ne semble être qu'une idiote aux attitudes de pourrie-gâtée, il se trouve que la jeune femme est d'une fine intelligence. Elle l'observe sans broncher, le battant se tordant pourtant à chaque nouvel enchaînement. Elle la laisse pour finir, cultivant calmement la catastrophe sur le point d'arriver. Cette fille ne l'a jamais vue dans ses pires moments, elle semble pourtant certaine de la connaître par cœur. Vide ? Elle est prête à lui montrer à quel point son myocarde est chargé. L'insolente dépasse les bornes lorsqu'elle évoque la présence des hommes, Yeona se tourne furieusement vers elle et lève sa main pour venir l'écraser sur la joue de l'impertinente. « T'es qui putain ? Pour croire que ces porcs m'impressionnent ? Pour croire que TU m'impressionnes ? Ton numéro est terminé ? T'as fini de tourner ? » Elle la saisit par les cheveux, la force à la regarder, lueur dangereuse qui danse dans ses yeux. « Tu joues à wonder woman, mais tout ce que tu sais faire, c'est répliquer ce que tu condamnes grosse conne. Qui est réellement en manque d'attention ici, hein ? T'étais où quand l'autre se faisait humilier, mh ? Tu regardais, t'as attendu la fin pour t'avancer. Je vais t'ôter une épine du pied ma belle, les bouffonnes comme toi, resteront toujours des déchets, n'essaye pas de jouer à la plus maligne quand t'es pas faite pour ça, tu fais juste pitié. » Elle enfonce un peu plus ses prunelles dans celle de l'insolente, l'air plus menaçant que jamais. « Tu ne sais rien de moi. T'avises pas de me faire la morale, si tu veux pas finir le visage dégommé. Et si tu veux m'affronter, aies au moins les couilles de le faire toute seule, si tu veux te cacher derrière des hommes pour ça, fais-le directement, tu perdras moins de temps. »

Elle la relâche, la pousse de nouveau plus loin. Se redressant, elle scanne les alentours, prend le danger en compte et décide de s'attacher les cheveux, attendant patiemment les répliques qui risquent de s'abattre, non pas que la chose la terrifie, elle est toujours persuadée que rien ni personne ne peut l'atteindre, certainement pas une fille comme celle qui se trouve devant elle. « J'ai joué avec toi dans le passé, j'ai plus aucune raison de le faire aujourd'hui, préserve-toi un peu gamine, au lieu d'essayer de prouver que tu peux te venger. Je m'en contre fous de l'avis de minables comme toi, ne pense pas qu'on m'a pas déjà fait la remarque, t'es pas spéciale, t'es pas plus courageuse, t'es juste plus conne. »

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est-ce qu'ahmya aimait jouer à la justice ? pas le moindre du monde. elle ne pouvait pas en avoir plus rien à faire du monde en face d'elle qui souffrait, de celle qui était passée sous le pied de yeona avant elle. certes, grâce à son intervention, elle avait pu partir plus facilement que prévu, mais ce n'était qu'une conséquence dont elle ne pouvait pas en avoir plus rien à faire. la douleur, tout le monde y passe un jour, tout le monde souffre, tout le monde meurt, et elle ne pouvait pas en avoir encore plus rien à faire de la souffrance des autres. alors oui, la japonaise s'était amusée quelques secondes à jouer avec le feu, avec les coups qu'elle allait probablement se recevoir, mais même ceci, elle ne pouvait pas en avoir encore plus rien à faire. les coups que la stupide brune pouvait lui donner n'était probablement que des pichenettes à ses yeux, elle qui avait souffert si longtemps, autant physiquement que mentalement, que celle qu'on lui infligeait ne lui procurait même pas d'impression de douleur. rien ne pouvait briser plus que l'envie de quitter ce monde mais ne pas en être capable. rien ne pouvait blesser plus que son corps entier se tordant de famine et de froid, accompagnée d'une belle petite touche d'épice de notre belle dépression. elle n'avait plus peur, car elle rêvait de mourir de la main d'une autre personne. elle n'avait plus peur car elle se faisait plus mal à elle-même que n'importe quelle personne pouvait lui infliger.

une gifle qui vient s'écraser sur la joue de la japonaise, et même celle-ci ne la fit que rire avant de reprendre une position simple, normale, comme si de rien était. ce rire, si perdu dans les tréfonds de son âme, il était présent ici pour une seule raison, la rendre encore plus énervée de voir qu'elle n'a aucun pouvoir sur elle. ce fut un rire qui sortit naturellement, comme prévu, aucune réelle douleur ressentie, juste un geste de gravité. ah, ce qu'elle avait pu être faible avant. et même alors qu'elle la tiré par le crâne, ses cheveux cassant sous la force, ahmya n'arrivait pas à faire autre chose que rire. c'était une réaction si simple, naturelle, devant la réalisation qu'elle n'avait vraiment pas le moindre pouvoir sur sa petite personne. « je crois que tu n'as pas compris yeona, mais tu n'as jamais été très intelligente de toute façon. » repoussée loin de la plus grande, comme un déchet que l'on jetait, ahmya ne tenta même pas de se recoiffer, de s'apprêter quelques secondes, son regard ne fuit pas la coréenne, un sourire mesquin le long de ses lippes, et ce rire toujours présent. « je ne suis pas wonder woman, et je ne le serai jamais, parce que j'en ai rien à faire de tous ces gens. ils peuvent tous mourir là, devant mes yeux, je n'aurai pas la moindre réaction. non c'est pas pour ça que je me suis permis de te dire tout ça. » un regard qui s'échappa quelques secondes pour regarder ses alentours, le ciel qui se couvrait, mais rien ne pouvait tirer la moindre émotion de la japonaise. elle n'en avait plus rien à faire du monde entier. le sang de n'importe quelle personne ne la ferait pas bouger le moindre doigt. « oh et ils sont pas avec moi, je ne les connais pas. je les ai juste vu en arrivant ici, regarder vers le beau théâtre que tu leur offrais. et je sais juste ce que ça veut dire. tu devrais le savoir que tous les quartiers ne sont pas sûrs. c'est pour ton bien que je te dis de dégager. » et ce sourire, presque franc, toujours sur ses lèvres.

mais elle ne semblait pas comprendre la coréenne, comprendre que même si la japonaise n'avait aucune chance de la faire réaliser quoi que ce soit, elle continuerait, car l'impression d'être pour une fois dans sa vie supérieure aux plus riches était un sentiment délectable, comme si elle avait goûté au fruit interdit. « je n'ai jamais été spéciale, ou même courageuse, et je ne prétends pas l'être. j'ai toujours été moi-même, vraie à tout ce que je montre aux autres. ça ne peut pas vraiment être dit pour toi cependant. » une main passant dans sa chevelure, démêlant quelques nœuds de ses longueurs abîmées. le ciel avait toujours la réponse n'est-ce pas. il voyait pourquoi ahmya agissait de la sorte, et bien que pitoyable dans son sens, si elle pouvait causer quelque chose, n'importe quoi de cet acte égoïste, elle continuerait, juste pour le plaisir. « me venger..? tu crois que je suis ici pour me venger ? tu crois vraiment que j'ai l'envie de me venger ? de la vie que je formais à l'époque que tu as détruite ? de tous les rires et moqueries que j'ai entendus et subis à cause de toi ? dis-moi yeona... est-ce que tu as déjà arrêté de te penser comme importante dans ce monde ? parce que tu ne l'es pas, tu ne l'as jamais été, tu ne le seras jamais. tout comme moi. il n'y a rien à venger si tout est inutile. je ris juste de ton tempérament. » nihilisme total de la société, du monde entier, la brune ne quittait pourtant pas une seule seconde sa place. elle ne s'imaginait pas que la coréenne pourrait comprendre, elle qui avait probablement tout eu posé sur un plateau de verre, il n'y avait que les plus détruits qui pouvaient comprendre l'inutilité de vivre.

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Elle ne sait pas, Yeona, ce qu'elle cherche vraiment la gamine, à s'opposer directement de la sorte si ce n'est ni pour protéger ses paires, ni pour se venger. Elle ne conçoit pas, Yeona, qu'on puisse vouloir l'attaquer gratuitement alors que c'est une pratique qu'elle perpétue constamment depuis si longtemps. Il est normal pour elle de crier sur les autres, mais lorsque le contraire se produit, elle ne sait pas trop comment le prendre. Le duel ne semble pas sur le point de se terminer, les prunelles se battent, les bouches s'insultent et il n'y a que ce monde pourri pour témoigner de leur affront. Yeona a beau gueuler qu'elle se fiche de l'avis d'Ahmya, elle ne parvient pas à passer totalement outre les propos de la demoiselle, et tandis qu'il serait si simple de passer son chemin, elle s'entête à la confronter sur un terrain qui n'est pas le sien.

« Me raconte pas ta vie. J'en ai rien à foutre. » Balancé sèchement aux propos de la jeune femme, car ça l'irrite de l'entendre parler d'elle-même. De retour à ses côtés, Yeona fronce les sourcils et se penche vers elle, les lèvres pincées. « C'est en me disant de dégager que tu me donnes envie de rester. C'est quoi que tu cherches exactement p'tite chose ? Si ce n'est pas la vengeance ou la justice, serait-ce l'adrénaline ? La mort ? Tu veux que je t'en donne un aperçu ? » Elle parle moins fort, la dominant de sa carrure, ses prunelles quittent les yeux de la demoiselle pour se poser sur ses lèvres, puis son menton. Elle vient glisser une main sous son visage pour l'attraper avec deux doigts et le tirer vers le haut. « Suffit de demander. »

Et si Yeona se sent profondément attaquée par ses propos, elle préfère tenter de calmer sa colère et de garder son sang-froid, car un agent de la sécurité pourrait débarquer à tout moment, et elle n'a pas envie de mettre un terme à ce duel à cause d'un imbécile au talkie-walkie. « Si tu mènes une vie misérable et que tu ne te penses pas spéciale, c'est ton problème à toi, viens pas bassiner les autres avec ton cynisme et tes commentaires de dark sasuke, personne est intéressé par ça, sûrement pas moi. » Elle force un peu plus sur sa prise avant d'envoyer valser son visage sur le côté. « T'as qu'à te pendre ça fera plus de bruit et ça emmerdera moins de monde. » Et peut-être qu'elle dépasse les bornes en glissant sur ce terrain-là, mais après tout, c'est elle qui a voulu la confronter, Yeona n'a absolument rien demandé. « Si t'as encore quelque chose à dire, je t'en prie, mais grouille toi. J'ai pas toute la nuit à t'accorder. »

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ah, la douce emprise de la mort, elle l'avait senti tant de fois en si peu de temps, elle n'était qu'à la vingtaine, une période de sa vie qui aurait dû être grande, appréciable, le temps des premiers grands amours, des relations avec un sens, d'un travail qui serait probablement celui de toute une vie, mais non. la voilà, ahmya, perdue, haineuse envers le monde entier, assez pour provoquer une idiote qui était probablement tout aussi perdue qu'elle. et elle en riait la japonaise, elle riait de la situation, douleur qu'elle ne pouvait plus sentir, son corps entier tenant debout bien que son âme était absente, elle continuait encore et encore à enrager celle qui avait été une des raisons de la perte de sa vie il y a plusieurs années. encore une fois, elle ne cherchait rien de plus que de voir cette flamme dans les yeux de la coréenne, de pousser le bouton qui la ferait craquer, de lui faire provoquer la plus grande erreur de sa vie. mais bien sûr, ce jour n'allait pas arriver. elle était faible elle aussi, tout ce monde n'était rempli que de faibles.

elle l'écoutait pourtant cracher son venin minute après minute, sans la moindre réaction de dégoût sur le visage de la japonaise, sans qu'elle ne réagisse autrement que ce sourire malsain sur son visage, comme possédée par un être qui voulait la pousser à la mort, comme possédée par le démon lui-même. puis enfin, une réponse qu'elle apprécia bien plus, une main autour de son cou qui n'était pas froide, c'était un ressenti étranger, mais pour autant pas plus désagréable, bien que les doigts forcés sur sa trachée, elle en appréciait presque la sensation. presque. « oh ? tu penses pouvoir faire ça pour moi ? je ne savais pas que tu accepterais de mettre les mains sur quelqu'un de sale comme moi, c'est nouveau, madame se salit les mains maintenant. » et pourtant elle continuait à en rajouter, couche après couche. peut-être qu'elle voyait la lumière au fond du tunnel grâce à elle, ou alors qu'elle avait perdu toute raison, mais le sourire mesquin sur son doux visage ne disparut pas pour autant, le regard continuant à fixer la brune, elle en riait de cette peine, juste devant elle. et pourtant, dans le regard haineux qu'elle lui jetait, ahmya l'avait vu, l'once de mal qu'il y avait à ses dires, peut-être quelque chose qui la rendrait encore plus agressive. « si tu n'étais pas intéressée, tu serais partie depuis longtemps, mais tu continues à répondre avec les coups, parce que c'est tout ce que tu connais. tu ne te sens pas... faible ? »

jetée pourtant de la prise suivant par une phrase qu'elle avait entendu plus d'une fois, la japonaise toussa quelques secondes, tentant de reprendre sa respiration, de revenir à sa tenure droite et continuer sa mission. « me pendre... heh... j'ai déjà essayé rien n'y fait. » une réflexion qui aurait dû la choquer, l'outrer, l'énerver si elle n'était qu'une personne saine, mais ahmya n'y voyait qu'un trace de son incapacité à mettre fin à sa vie de ses propres mains. elle pensait avoir tout essayé, mais comme si quelque chose voulait continuer à vivre en elle, rien n'y faisait, elle était toujours présente. « je ne t'ai jamais demandé de rester. je t'ai dis de te barrer depuis dix bonnes minutes déjà. » elle se redressa, perdant doucement le sourire qu'elle avait porté le temps de la conversation, laissant derrière lui un visage vide d'émotion, vide de vie, le néant. « tu es libre de vivre ta vie yeona, continue à traumatiser les faibles pour te trouver un but, continue à frapper parce que c'est tout ce que tu sais faire. je suppose que c'est une façon de vivre comme les autres. » vide certes, mais pas sans jugement.

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