déjà vu

-- ft  kai

✩ ○.⋆☽ ⋆.○ ✩

(outfit) C’est un nouveau jour qui se lève sur Busan – le ciel se teinte des premières nuances de l’aube, et déjà, la ville s’éveille. Comme trop souvent, Inho a un programme chargé – aujourd’hui, il passe toute la journée au tattoo shop, mais doit encore aller s’entraîner à la salle une fois ses heures faites, et trouver le temps, d’une manière ou d’une autre, de sortir Goku une fois repassé à l’appartement. A moins que l’un de ses colocataires l’ai déjà fait en fin de journée, lui enlevant une sacrée épine du pied. Qui sait.

Avec un bâillement sonore, il s’extirpe laborieusement du confort de son lit, et vient s’accroupir devant le panier trop grand du petit doberman pour lui dire bonjour. Il n’en faut pas plus pour que la petite boule de poils s’affole, et avec un éclat de rire endormi, il lui murmure, ça va, ça va, avant de le suivre jusqu’à la cuisine pour remplir sa gamelle et changer son eau. En attendant que Goku ai fait disparaître toute trace de croquette, il enfile une veste par-dessus son pyjama ; cherche la laisse dans le désordre de sa chambre, et sort discrètement avec le chiot pour une promenade rapide.

Lorsqu’ils regagnent l’appartement, les lieux commencent à s’animer, et il se glisse rapidement dans la salle de bain pour faire sa toilette. Prend le temps de petit-déjeuner copieusement, en tête-à-tête avec Hyunki qui est bien matinal, pour une fois – et lorsque l’heure arrive, après avoir dit au revoir à son chiot et à ses deux colocataires, il rejoint l’effervescence matinale de Busan.

Une fois parvenu à Busanjin, il ne peut évidemment prendre immédiatement le chemin du tattoo shop – ce serait trop simple. Comme tous les matins, il passe à la supérette des Seomun, depuis un temps désertée par Haru ; discute gentiment avec la mère de son ami d’enfance, de la même manière qu’il tapait toujours un brin de conversation avec son fils, prend des nouvelles de toute la famille et écoute sa dernière histoire rocambolesque de gérante de supérette, avant de régler le sac d’orange qu’elle lui a mis de côté.

C’est seulement après lui avoir souhaité bon courage et une bonne journée, un grand sourire aux lèvres, qu'il prend la direction de la boutique clandestine. Pour être tout à fait honnête, il a un peu moins d’entrain dans le cœur que les premiers temps, lorsqu’il s’engage dans la rue, le poids de ses victimes du jour pesant sur ses bras. Faut dire que ça fait bientôt six mois qu’il est là, Inho, et travailler encore et encore la peau épaisse des agrumes commence à lui peser – il a le sentiment de stagner, incapable de voir combien il a progressé, depuis ses premiers pas ici. Inho, il aimerait pouvoir se frotter à quelque chose de plus concret ; entrer dans la cour des grands, enfin rejoindre les rangs de ces tatoueurs qui font leurs armes sur la peau des plus confiants.

Pourtant, fidèle à lui-même, il fait bonne figure – et le sourire trop grand sur ses lèvres lorsqu’il pousse la porte du tattoo shop, s’écrie, bruyant :

- Salut patron ! Bien dormi ?

Et il s’avance vers le comptoir ; laisse tomber le sac d’oranges sur la surface plane.

- J’apporte la livraison d’oranges, comme d’hab’.

déjà vu

-- ft  inho

✩ ○.⋆☽ ⋆.○ ✩ (outfit) invraisemblable.
c'est bien le mot qui le traverse chaque fois qu'il repense à ce qui lui a pris ce jour là, quand il a vu cette bouille entrer dans son salon. avec ses grands yeux noirs tout pleins d'étincelles, sa petite moue toute suppliante, son carnet où il a noté tout ce qu'il a pu lui dire ; on peut dire que kai a eu un moment de faiblesse quand il a accepté de le prendre comme apprenti. jamais il aurait pensé un jour avoir le niveau et la notoriété suffisante pour donner envie à quelqu'un de se faire enseigner son art par ses soins ; mais en plus il n'est absolument pas du genre pédagogue en temps normal et n'a pas tellement de patience. pourtant, aux côtés de inho, bizarrement, il se découvre un côté un peu tendre. il observe ses progrès chaque jour et ne peut que constater son talent lorsqu'il le voit griffoner ses flashs et user ses aiguilles sur les peaux de tous les agrumes possibles.

alors ouais, kai a peut-être une sorte de fierté quand il voit inho s'appliquer tous les jours à rendre un motif précis et propre sur la peau des oranges. il n'a aucun doute sur le fait qu'un jour, son jeune le surpassera dans son oeuvre ; peut-être même qu'il en viendra à l'embaucher ici, au salon avec lui. après tout leurs styles sont très différents et ça ferait pas de mal d'attirer d'autres clients. le coup de crayon du kwon se prêterait plus au style des influenceuses qui veulent des tattoos aesthetics et minimalistes comme cette chère reira qui aura à vie un gros fiasco râté par ses soins. pourvu qu'il n'apprenne jamais ça.

à peine levé que kai est déjà descendu de son studio pour ouvrir son salon. assis derrière son petit bureau, tasse de café encore fumante tout près, il est en train de bosser sur un nouveau flash quand la clochette retentit et la porte s'ouvre sur un inho toujours aussi énergique et bruyant, poussant le patron al réveillé à fermer les yeux pour encaisser les décibels. ah... tous les matins il regrette cette décision. chaque fois que son jeune lui hurle des bonjours dans ses oreilles mal réveillées, il se demande pourquoi il s'est laissé berner par sa bouille de gosse de cinq ans qui veut plus de cadeaux à noël.

"mmh." il marmonne pour toute réponse, comme tous les jours. non il n'a pas bien dormi, comme d'hab. et non il lui retournera pas la question, comme d'hab.
il remonte les yeux vers le kilo d'oranges que l'autre a ramené et réfléchit un instant. hm, ça fait six mois que ce pauvre gosse tatoue des agrumes, il en a sûrement marre. alors il s'avance vers le comptoir et ouvre filet pour attraper une orange et commencer à l'éplucher.
"tu dois en avoir ras le cul des agrumes, non ?" il demande, même s'il se doute bien de la réponse. appuyé contre le comptoir, une jambe repliée sur l'autre, il observe la réaction de son apprenti en s'enfonçant un premier quartier de fruit dans la bouche pour la manger, un sourcil haussé et un petit sourire sur les pulpeuse. "ça te dit de passer à la vitesse supérieure ?" il propose enfin, et il se doute bien que ce pauvre inho, il a du attendre ça depuis six mois.

déjà vu

-- ft  kai

✩ ○.⋆☽ ⋆.○ ✩

Il ne se rend pas réellement compte, Inho, du contraste flagrant entre sa personnalité et celle de son patron. Faut dire qu’il a l’habitude de qui il est, donc il ne réalise pas vraiment qu’il est peut-être particulièrement souriant, sans doute un peu bruyant, avec cette propension à se changer en moulin à paroles dès que l’on mentionne un sujet qui le passionne. Alors il ne voit pas la façon dont Kai ferme les yeux d’un air bien trop fatigué chaque fois qu’il fait irruption dans le tattoo shop ; n'entend pas les soupirs qu’il peine parfois à réprimer, ou l’once de regret qui se fraie de temps en temps un chemin jusque dans ses prunelles.

Tout ce qu’il voit, Inho, c’est qu’une nouvelle journée commence. Qu’il a la chance immense de pouvoir faire ce qu’il aime, et qu’il a trop sacrifié pour ça pour seulement oser tirer la tronche car ça fait six mois que son champ d’expertise se limite aux agrumes. Alors il abandonne le filet d’oranges sur le bureau ; disparaît déjà dans l’arrière-boutique pour y laisser son bomber et son sac de sport, espérant secrètement que ce matin, son patron se montrera un peu plus éloquent.

Mais non.

C’est bien son « mmh » habituel qui s’échappe de sa gorge lorsqu’il lui demande s’il a bien dormi, fermant la porte à toute élaboration possible ; et il ne lui demande même pas si lui a bien dormi, mais ça ne fait rien, ça aussi il s’y est habitué. Il préfère, d’une certaine manière – car y a des matins où il n’a pas envie de parler de ce qui l’a tenu éveillé jusqu’à la pointe du jour, ses yeux cernés désespérément rivés sur le plafond. Et alors qu’il revient au bureau, Kai s’est déjà approprié l’outil de travail de Inho pour l’éplucher allègrement ; remarque, en toute clairvoyance, qu’il doit être fatigué d’explorer la peau de tous les fruits possibles et imaginables.

- Ca se voit tant que ça… ?, murmure-t-il avec une petite grimace.

Il pensait quand même mieux jouer la comédie ; parvenir à dissimuler son ingratitude de rechigner à se pointer ici, car il a l’impression de stagner.

- Disons que j’ai un peu l’impression de pas progresser ?, élabore-t-il. Enfin non, j’me suis mal exprimé, mais je me dis que je dois pas être assez bon si je reste coincé sur les oranges comme ça.

Il hausse un peu les épaules, pour mieux écarquiller les yeux face à la proposition de son patron.

- Hein ?

C’est tout ce qu’il a à répondre, dans un premier temps, une réponse d’une éloquence folle, alors même que son cerveau s’active à toute allure pour tenter de comprendre ce qu’il a exactement en tête.

- Vous entendez quoi par-là ? Genre euh… vous tatouer vous ?

Il a déjà des sueurs froides, Inho ; une goutte de transpiration qu’il peut sentir courir le long de sa colonne vertébrale à la simple pensée de faire ses armes sur le corps de son patron. Car il avait mentionné ça, lorsqu’ils avaient discuté de son apprentissage – que l’apothéose de cette formation passerait par un tatouage sur nul autre que Kai lui-même. Et inévitablement, il repense au raté qu’il a gravé sur la peau de Nuri – dans le dos de son patron, innocent face aux bévues de son apprenti.

Vaut mieux qu’il l’apprenne jamais, tiens.

déjà vu

-- ft  inho

✩ ○.⋆☽ ⋆.○ ✩ décibels.
l'énergie de son jeune est souvent bien plus puissante que ce que son faible taux de sommeil est capable de supporter. lui qui préfèrerait rester dans le silence complet toute la journée à seulement entendre le doux sons des petits moteurs des aiguilles s'affairer, se retrouve coincé avec un gosse qui parle pour deux, si fort que kai se dit parfois qu'on doit même l'entendre de l'extérieur du salon. il est pas vraiment du genre bavard kai, même quand il a des clients, il va pas taper la discute en plein boulot ; il est ce tatoueur qui ne dit rien, qui reste concentré sur son boulot, qui travaille vite - mais n'est pas très doux en contrepartie, et qui travaille bien. c'est d'ailleurs sans doute pour ça que inho l'a choisi lui comme maitre.
ou alors il est juste tombé sur son salon au pif. ou alors kai a été le premier à lui dire oui après cent refus qu'il avait essuyé avant.

pourtant même si son jeune a tendance à légèrement l'irriter, c'est pas une raison pour se venger sur lui et le regarder sadiquement tatouer des oranges toute sa vie. il sait bien qu'il faut qu'il passe au stade supérieur à un moment donné. alors en bouffant tranquille son orange il lui propose tranquillement et l'air de rien de s'attaquer à l'étape suivante. il écoute ses réponses et esquisse même un petit sourire en coin quelque peu amusé. "c'est pas une question de pas progresser. c'est une question de se sentir prêt. moi aussi j'ai passé environ six mois sur les oranges." il annonce comme un grand sage en se fourrant un nouveau quartier d'orange dans la bouche, alors que le kwon devient totalement blême à l'idée de passer son examen final, celui dont ils ont parlé au début de sa formation : lui faire un tatouage, pour lui montrer qu'il est prêt à être confié à des clients. il glousse et continue de manger son fruit. "à voir la tronche que tu fais, t'es clairement pas prêt à me tatouer." il lui annonce d'un petit air gentiment moqueur.

il le plante là en plein milieu du salon pour aller dans l'arrière boutique, puis revient avec un grand cabas rempli de plaque de peau synthétique, encore sous cellophane. "tu vas pouvoir travailler sur ça. c'est plus ferme que les agrumes, mais ça simule beaucoup mieux la peau humaine." il lui explique en recommençant à manger son orange. "ça va aussi te permettre de faire des pièces plus grandes et donc de commencer à voir ce que c'est quand tu travailles sur le même tattoo pendant plusieurs heures. du coup j'vais te demander de commencer à bosser des grandes pièces avec plus d'ombrages et de détails. tu peux faire tes propres flash si tu veux." il explique en terminant son fruit et jete la peau à la poubelle. puis il lui désigne les plaques de fausse peau dans le sac. "j'en ai encore d'autres. quand t'auras passé toutes celles-là, on verra la couleur et après, tu s'ras prêt à me tatouer moi. t'es partant ?" il lui demande, le regardant d'un sourire avec un petit air de défi. mine de rien il est fier de son ejune kai, fier des progrès qu'il a fait. fier de le voir avancer.

déjà vu

-- ft  kai

✩ ○.⋆☽ ⋆.○ ✩

Il écarquille les yeux, surpris d’apprendre que Kai a lui-même passé six mois sur des oranges. Alors même lui – même les plus grands, pour qui l’aiguille semble aujourd’hui être l’extension naturelle de leur bras, ont pendant un temps galéré ? Il n’aurait pas cru – mais d’une certaine manière, ça le rassure un peu. Le fait se sentir un peu moins nul, tout d’un coup – et rend par la même son mentor plus humain ; son niveau plus atteignable.

Et il peut distinctement sentir une goutte de sueur dégringoler le long de sa colonne vertébrale lorsqu’il envisage la possibilité de tatouer son sunbae. Ça doit se lire jusque sur ses traits, car le brun fait remarquer, moqueur, qu’il ne semble pas prêt à le tatouer, et il ne peut que répondre misérablement :

- Je… Ouais, nan.

Et sur ces bonnes paroles, Kai s’en va. Le plante là, au beau milieu de la boutique, sans plus de cérémonie. Mais ce n’est pas la première fois qu’il lui fait le coup, alors le garçon ne s’alarme pas ; attend seulement qu’il revienne, pour le découvrir les bras chargés de ce qu’il reconnaît comme étant des plaques de peau synthétique. Il hausse un peu les sourcils, intrigué – comprenant déjà ce qu’il a en tête, qui lui semble déjà plus réalisable que de charcuter sa peau à lui.

- De la peau synthétique, c’est ça ?

Il redoute légèrement la transition, car comme le lui explique son mentor, ce n’est pas tout à fait la même texture que la peau des agrumes, alors il devine qu’il lui faudra un petit temps d’adaptation ; qu’il fera quelques jolis ratés, au début. Mais il a hâte de délaisser la peau granuleuse des oranges, qui suintaient trop aisément leur jus collant, et cette étape le met plus en confiance que l’idée de tatouer sur de vrais humains. Et ses grands yeux s’illuminent d’excitation lorsqu’il mentionne des grosses pièces ; de vrais détails, et même la possibilité de tatouer ses propres flashs.

- Sérieux ? Mais c’est trop bien, j’ai plein de flashs en stock en plus ! J’ai trop hâte !

Ça peut se lire dans ses yeux – et cette faculté qu’il a à trop aisément exprimer ce qu’il pense, ce qu’il ressent, sans s’embarrasser de faux semblants. Y a déjà des tas d’idées qui fusent dans sa tête, et il n’a qu’une hâte : mettre en pratique les beaux projets annoncés par le brun. Cependant, l’excitation retombe sensiblement lorsqu’il lui apprend que la prochaine étape sera le vrai tatouage, sur lui, et à ces mots il déglutit difficilement, se force pourtant à hocher la tête lorsqu’il lui demande s’il est partant. Avec un peu de temps, d’ici-là, il se sentira prêt pour de bon.

- Carrément. J’ai hâte d’essayer la couleur, aussi… Ca va être trop bien.

Même s’il n’aime pas vraiment ça pour lui, il a hâte de s’essayer à la couleur. Ce doit encore être quelque chose de différent que les tatouages à l’encre noire.

- Bon ! On s’y met quand ?

Il tape une fois dans ses mains, l’air plus que déterminé ; ses grands yeux bruns braqués sur son mentor, attendant qu’il lui montre la marche à suivre.

déjà vu

-- ft  minho

✩ ○.⋆☽ ⋆.○ ✩ fierté
il a un brin d'orgeuil dans le regard kai, quand il constate avec quelle fougue admirative son jeune a tendance à le regarder, comme s'il était un dieu sur terre, son parfait mentor maitrisant l'art du tatouage comme un vieux sage lui enseignerait le kung-fu. même quand il beugle à travers tout le salon son excitation concernant la transition des agrumes à la peau synthétique, de sa voix bien trop enjouée au volume sonore bien trop élevé. il sent dans les grands yeux noirs du kwon toute sa reconnaissace de le laisser avancer, toute son impatience de faire mieux, de faire plus ; d'aller plus loin. et c'est dans ces moments là qu'il regrette pas, kai, qu'il regrette plus ; parce qu'il a l'impression d'éclairer la vie de quelqu'un d'autre. parce qu'il se sent utile, d'une certaine façon ; comme si finalement, minho lui rendait un peu d'humanité. une raison d'être fier de ce qu'il pouvait accomplir. et d'être fier de lui, son jeune apprenti, qu'il voit progresser à vue d'oeil, même si lui est bouffé par ce sentiment de stagner. et tout ça, ça peut se lire dans le fin sourire qu'il arbore en le regardant être totalement surexcité. mais encore faut-il savoir comment le déchiffrer.

il est pourtant plus qu'évident que jamais kai ira lui dire clairement qu'il est très fier de lui ou qu'il lui permet d'à nouveau ressentir quelque chose de positif. kai s'abaisse pas à ce genre de mièvrerie, encore moins avec des gens dont il est pas vraiment très proche. alors il se contente de se faire à peine plus ouvert, simplement un peu moins inaccessible, pour que le kwon se sente un peu plus à sa hauteur sans non plus se dire qu'il peut se mettre à lui taper des hugs ou quoi que ce soit d'autre de trop gênant. le laissant se contenter de sautiller en exprimant son impatience, qu'il n'a aucune raison de frustrer davantage. "bah maintenant." il annonce lorsque minho lui demande quand il peut commencer. "sauf si tu préfères rester sur les oranges encore un peu avec toutes ces belles plaques de peau synthétique sous les yeux..." il souffle avec ironie, s'autorisant même des plaisanteries. il se sent bizarrement d'assez bonne humeur ce matin ; à croire que son jeune a fini par déteindre un peu sur lui, au lieu de l'agacer.

il passe rapidement derrière le comptoir pour récupérer une petite pile de feuilles de transfert, qu'il dépose sur le petit bureau aménagé pour son apprenti. "j'te les mets là si tu veux imprimer ou dessiner tes flashs dessus. sauf si tu préfères dessiner direct sur la peau. comme tu préfères". il annonce, lui ayant déjà montré comment imprimer les dessins d'une tablette aux feuilles y a quelques semaies. "tu vas te foirer une bonne dizaine de fois avant d'arriver à faire rien qu'une ligne droite alors commence pas non plus trop gros, ou tu vas passer toutes les plaques avant de faire un truc potable." il le met en garde, parce qu'ilse souvient lui-même à quel point la transition d'une orange ronde et granuleuse à une plaque droite et plus compactepeut être perturbante pour un jeune tatoueur sans trop d'expérience. une manière de lui dire qu'il doit pas s'alarmer si il arrive pas de suite. comme le ferait un bon prof, ce que kai admet pas vraiment qu'il est, mais qu'il est pourtant malgré lui.

puis il se recule pour lui laisser plus d'espace, et va s'asseoir à son propre bureau, derrière le comptroir de la boutique. "j'ai une cliente dans une heure, et j'dois encore bosser sur les finitions de son projet. alors si t'as des questions hésite pas tant qu'elle est pas encore là." et une fois son programme de la matinée annoncé il récupère sa tablette et ouvre le projet de ladite cliente pour finioler les derniers détails, le mail envoyé avec toutes les instructions ouvert à côté.

déjà vu

-- ft  kai

✩ ○.⋆☽ ⋆.○ ✩

Ses yeux s’écarquillent un peu, agréablement surpris d’apprendre qu’il peut déjà attaquer les choses sérieuses – alors lorsque son mentor précise, non sans ironie, qu’il peut rester sur les agrumes s’il le souhaite, il s’empresse de secouer la tête, comme s’il pouvait réellement déceler une once de sérieux dans sa voix.

- Non non, c’est bon ! J’ai hâte de commencer !

Il n’attend que ça, même ; ne demande que ça. Alors c’est avec satisfaction qu’il voit Kai poser une pile de feuilles de transfert devant lui ; se dit déjà qu’il va dessiner les flashs dessus plutôt que de les imprimer, bêtement persuadé que se contenter d’imprimer serait faire preuve de flemmardise, de manque de volonté. Et l’on sait que Minho veut toujours faire au mieux. Ses projets défilent déjà dans son esprit, sans trop savoir sur lequel il s’arrêtera en premier maintenant qu’il peut enfin franchir cette étape cruciale ; volent en éclats l’instant suivant, lorsque son mentor lui conseille de ne pas être trop ambitieux dès le début. Ça va être dur, connaissant le garçon, mais soit.

- Ah… Du coup j’abandonne mon projet de tigre XL avec pleins de détails et des ombrages, je suppose…

Il tente une pointe d’humour, comme s’il ne venait pas réellement de tirer un trait sur plusieurs projets de toute évidence trop ambitieux pour ces premiers pas sur peau synthétique, et opine de la tête lorsque Kai lui explique qu’il part travailler dans son coin, mais qu’il reste à sa disposition pour la moindre question.

- Okay, super, merci sunbae ! Bon courage pour votre projet !

Un grand sourire se dessine sur ses lèvres, la confiance dans la voix – comme si d’eux deux, ce n’était pas surtout lui à qui il faudrait souhaiter bonne chance. Son patron déjà concentré sur son propre travail, il se tourne vers son petit bureau, l’excitation dans les yeux mais l’appréhension dans les mains ; effleure les peaux synthétiques du bout des doigts, sans trop oser croire qu’il y est enfin. Déjà, ses mains se referment prudemment sur une feuille de transfert, et il va s’asseoir sur sa chaise, entreprend d’esquisser quelque chose de nouveau, plus simple que ce qu’il fait d’habitude – mais certainement encore trop compliqué au goût de son patron, s’il venait à jeter un œil sur son travail. Mais il croit bien faire, Minho, tandis que court la mine sur le papier, qu’apparaît la silhouette qu’il avait en tête. Satisfait, il s’empare alors de la première peau de la pile ; applique le stencil, puis allume son dermographe pour commencer le tatouage.

Ça va, finalement. J’sais pas pourquoi on nous fait pas commencer directement par-là.

Sauf que lorsque l’aiguille s’enfonce dans la peau, il comprend toute son erreur. La texture, la fermeté, la pression, rien n’a le moindre rapport avec la sensation de tatouer sur une orange – et il grimace en voyant son aiguille se débattre péniblement dans le matériau, son joli dessin défiguré par l’appareil mal maîtrisé. Un petit grognement de frustration lui échappe, avant qu’il ne finisse par laisser le dermographe retomber sur la table, abandonner cette première tentative, préférant reprendre de zéro. Il a quand même la clairvoyance d’accepter l’aide proposée par son mentor, et s’approche alors du comptoir pour lui demander prudemment :

- Sunbae… Vous avez pas des conseils pour s’habituer un peu mieux à la peau synthétique ? Ca a zéro rapport avec les oranges.

Mais déjà, ses grands yeux s’égarent sur le travail sur lequel était penché son patron, et détaillant le dessin qui s’épanouit devant eux, il lâche :

- Oh, c’est beau ! C’est pour une cliente, c’est ça ? Elle le veut sur quelle partie du corps ? J’ai hâte de pouvoir tatouer des trucs comme ça moi aussi…

Minho distrait, la capacité d’attention légère comme le vol d’un papillon.

déjà vu

-- ft  minho

✩ ○.⋆☽ ⋆.○ ✩ amusement.
l'ombre d'un sourire peint sur les lèvres du mentor lorsqu'il taquine son jeune, avec la certitude absolue qu'il va passer la journée à totalement se planter sur ses essais sur ces pauvres plaques de peau synthétique. il le sait, il est lui-même passé par là il y a quelques années, quand il était tout débutant comme lui. il se souvient des innombrables grognements de frustration qu'il a poussé, tout seul dans son petit coin, alors qu'il arrivait même pas à faire une ligne droite. mais il se souvient surtout du sentiment d'accomplissement total la première fois qu'il a réussi à rendre un dessin exactement comme il le voulait, après des jours entier de travail acharné à tenter de s'habituer à la texture de ce nouveau support. aussi tapote-t-il gentiment l'épaule de son apprenti en l'entendant parler de son projet surdimensionné de tigre rempli de détails et d'ombrages. "garde-le pour plus tard." lui conseille-t-il, avant d'aller bosser sur son projet.

le silence revient, uniquement rompu par le petit ronronnement du moteur du dermographe de minho et du claquement de son propre stylet sur sa tablette. son calque recouvert de différentes versions du projet, avec des modifications minimes dans les placements, les couleurs et les tailles pour que sa cliente puisse choisir exactement ce qui lui plait. il ne prête pas vraiment attention aux soupires frustrés de minho, concentré sur son propre travail ; du moins jusqu'à ce que ce dernier ne vienne l'interrompre pour lui demander des cpnseils sur comment s'habituer à la transition. mais avant qu'il n'ai pu répondre, l'attention du jeune s'envole pour qu'il ne remarque le dessin qu'il est en train de travailler pour sa cliente, le faisant baisser les yeux dessus. "ah, ça. je fais pas ce genre de chose normalement, mais là c'est une nana que je connais depuis quelques années et avec qui je m'entends bien." à vrai dire la fille en question, miss reira, est ce qui se rapprocherait le plus d'une amie pour kai ; mais de là à le faire l'admettre, à placer ce mot précis sur sa relation avec la jeune femme, il y avait un monde à franchir. "bref je lui fais ses tattoos d'influenceuse parce que c'est elle, en gros." il lance d'un soupire, presque exaspéré de ne pas être capable de résister aux grands yeux implorants de reira qui le supplie de lui faire son projet, jouant sur ses sentiments et sur une certaine dépendance de l'influence qu'elle a pour lui faire de la publicité. et si il l'adorait pas autant, il accepterait pas de lui en faire encore un autre. pourtant le voilà, paré à tatouer des lunes et des étoiles...

pourtant il ne se déconcentre pas aussi vite que son apprenti kai, et rapidement il remarque le dermographe abandonné sur la plaque tâchée d'encre derrière lui ; alors il se souvient de ce pourquoi il est venu l'interrompre à la base ; et il se lève pour se diriger vers le petit bureau aménagé pour le kwon. "bon, montre moi un peu l'étendue des dégâts." il lance d'un petit air moqueur, avant de se planter devant le travail effectué. et sa réaction est immédiate ; ses sourcils se haussent, et il ne peut retenir un rire pouffé en contatant le désastre. "ouh la." il lance sans pouvoir le retenir. rapidement il attrape du papier absorbant pour éponger l'encre qui a bavé partout, et ainsi pouvoir deviner le dessin tragiquement brouillon et complètement râté qui prend forme maladroitement de ses lignes tremblantes sur le faux derme. un dessin bien complexe et surtout plutôt petit pour un premier essai. "je t'avais dit de pas commencer trop compliqué." il prend la peine de souligner en lui jetant un regard.

"déjà, tu appuies pas assez, c'est normal qu'il t'échappe et que ton trait soit pas droit." il prend la peine de notifier en observant le dessin. puis il s'empare du dermographe, le rallume et se place en position. ne pouvant pas lui montrer directement en guidant sa main puisqu'il est gaucher, il se contente de lui donner l'exemple sous le nez. "essaye de commencer par faire des grands gestes amples. accompagne le dermo, il doit devenir le prolongement de ta main." il explique tout en traçant des longues lignes courbées d'un geste habituée, avec une facilité à faire jalouser tous les débutants. il trace ensuite des lignes droites, puis des carrés, des cercles, en soi des formes très simples qui prennent toute la moitié haute de la plaque. puis il éteint le dermographe et le lui tend. "t'as compris ? fais des formes comme ça jusqu'à ce que t'arrives à bien le tenir en main. commence grand et fais de plus en plus petit et précis. je te l'ai déjà dit, mais une petite pièce est techniquement plus compliquée, parce qu'elle demande plus de précision." il explique comme un grand sage, puis lui tapote à nouveau l'épaule et le laisse travailler pour retourner à son propre boulot. il sait que c'est chiant de juste dessiner des ronds et des carrés, mais il faut passer par là, comme quand on apprend à dessiner.  

déjà vu

-- ft  kai

✩ ○.⋆☽ ⋆.○ ✩

C’est vrai que ça l’a surpris, Minho, de voir de fines étoiles s’épanouir en constellations sur la tablette de son mentor. On est bien loin des tatouages chargés et imposants dans lesquels s’épanouit habituellement l’art de Kai – et paradoxalement, de tous les projets sur lesquels il l’a vu travailler, ce doit être celui-ci qui se rapproche le plus du style que souhaiterait épouser Minho, à terme. Un tracé tout en finesse et en délicatesse ; des détails fourmillant sur le derme, où s’égare l’encre noire par touches éparses seulement. Mais ce niveau de précision, il en est encore loin, quand on voit le pâté d’encre humide qu’il a abandonné sur le pan de peau synthétique. Son mentor souligne lui aussi que ce projet sort sérieusement de ses sentiers habituels ; lui explique que c’est une exception qu’il réserve à une influenceuse avec qui il semble bien s’entendre. Et déjà, l’enthousiasme coutumier de Minho gagne ses traits lorsqu’il s’exclame, loin de se douter que l'influenceuse en question n'est pas exactement une inconnue pour lui :

- Wha, trop bien ! J’savais même pas qu’on pouvait faire des trucs qui s’éloignent à ce point de son style ! Puis c’est cool, elle doit vous faire de la pub un peu si elle est influenceuse !

Car dans ce milieu si compétitif, et encore controversé auprès des mentalités les plus arriérées, toute publicité est bonne à prendre, et ça, même Minho le sait. Mais Kai, il n’est pas là pour faire des mondanités autour d’une petite tasse de thé ; entretenir la conversation au lieu de travailler. Kai, il n’oublie pas que si Minho est venu le voir, c’est dans un premier temps car la texture nouvelle de la peau synthétique lui faisait vivre un enfer, et il se lève déjà pour aller observer les pitoyables essais du jeune homme, pouffe en découvrant les traits irréguliers qui s’épanouissent sur le matériau. Piteux, Minho pince un peu les lèvres ; se défend tant qu’il peut lorsqu’il lui rappelle lui avoir conseillé de ne pas s’aventurer d’emblée dans un projet trop ambitieux.

- Je pensais que ça c’était pas trop compliqué !

Car il a déjà sérieusement revu ses attentes à la baisse, Minho, en comparaison des projets qu’il rêverait réellement de tatouer – mais bien sûr, ce n’était toujours pas suffisant. Toute son attention se rive sur son sunbae lorsqu’il lui prodigue des conseils, qu’il note mentalement les uns après les autres pour tenter de s’en souvenir une fois qu’il sera de nouveau seul face à son ouvrage. Bien appuyer, donc.

- En fait j’ose pas trop appuyer car j’me dis que c’est le dernier entraînement avant de passer sur la vraie peau de vrais clients, et j’vais leur faire mal, non, si j’appuie comme un bourrin ?

Bientôt, le vrombissement du dermographe remplit la pièce, et il reporte son attention sur les gestes de Kai. Faire de grands gestes. Que le dermo devienne le prolongement de ma main. Ses yeux suivent les courbes que trace son patron, comme hypnotisé, à se demander si lui aussi aura un jour pareille aisance – il l’espère, fera tout pour, en tout cas. Ses doigts se referment sur la machine que lui tend le jeune homme, et il hoche la tête en écoutant ses conseils.

- Ça va, j’vais faire des formes…, concède-t-il, une pointe de déception dans la voix mais au demeurant excité à l’idée de commencer cette nouvelle étape. J’vais essayer ça, merci sunbae !

Il incline légèrement la tête et le laisse retourner à ses occupations. Laissé seul face aux plaques de peau synthétique, il prend une petite inspiration ; referme ses doigts sur la machine pour tracer quelques formes dans le vide, avant de se décider à la rallumer. Le son du moteur résonnant alors dans la pièce, il enfonce l’aiguille dans le matériau ; essaie de se souvenir d’appuyer fort pour bien faire pénétrer l’encre au-delà de la surface, et s’escrime à tracer des ronds. Les formes sont irrégulières, pas tout à fait rondes, et les contours zigzaguent trop souvent lorsque sa main se perd face à ce nouveau support surprenant, mais au moins il avance, et une fois sa plaque bien remplie, il peut au moins se vanter que son dernier rond soit plus joli que le premier. Ce n’est pas encore parfait ; il lui faudra encore de l’entraînement pour tracer des arabesques susceptibles de finir sur la peau de quelqu’un, mais il sait qu’il est sur la bonne voie. Et parce que la faim commence à se faire ressentir, il se dirige vers la kitchenette pour trouver un paquet de gâteaux à grignoter ; revient vers le bureau de son patron, observant son travail en mangeant tranquillement son en-cas.

- Alors, vous avancez comme vous voulez ? C’est joli… Mais c’est pas exactement le même projet que tout à l’heure, nan ? A moins que vous l’ayez retravaillé à ce point ?