( outfit ) ✣ Le temps finit par reprendre sa course, parfois lentement, parfois beaucoup trop rapide. Consacré entièrement au studio Luna, Shanyuan y passe de nombreuses heures. Maintenant que les travaux sont terminés, les premiers élèves, curieux, se pressent aux baies vitrées pour observer les cours déjà donnés aux inscrits. Cela donne beaucoup de baume au coeur au professeur qui fait tous les jours de son mieux pour que cette bulle d'ivresse perdure. Souvent, quand il montre des mouvements, des postures, parle de la musique en générale, il pense à l'un de ses amis qu'il a rencontré durant son service militaire. C'est peut-être en partie grâce à lui qu'il a choisi d'enseigner et cela lui fait esquisser un délicat sourire avant que ses pensées ne soient entraînées par Soah.

Soah, son rayon de soleil. Son tout. Pourtant, quelque part, il se sent un peu coupable de ne pas avoir plus de temps à lui accorder. De son côté, le jeune homme termine son année universitaire avec de bonnes notes et des examens passés haut la main. Shanyuan est très fier de lui, rêve au travers de ses danses lorsqu'il observe son petit corps se mouvoir avec une délicatesse incroyable. Un soupir s'échappe de ses lèvres quand il jette un coup d'oeil à l'horloge accrochée au-dessus du grand miroir. L'heure de cours se termine, mais il lui reste un peu de temps avant de rejoindre son petit ami. Il dispense quelques conseils à deux ou trois élèves, les remercie et leur dit à la semaine prochaine. Derrière eux, Shanyuan ferme la porte du studio, éteint la lumière et vérifie que toutes les fenêtres soient fermées avant de monter à l'étage ; chez eux.

En secret, il a préparé les affaires de Soah et les siennes dans un sac. Il nourrit les chats et envoie un message à une amie pour bien confirmer qu'elle passera les voir demain dans la journée. Une fois douché et changé, Shanyuan quitte l'appartement pour déposer leurs effets dans le coffre de la voiture. Son coeur bat un peu plus vite au fur et à mesure qu'il conduit vers l'université. Il connaît ce chemin sur le bout des doigts, mais aujourd'hui, c'est peut-être un peu différent. Il a envie de faire la surprise à Soah et cela le fait un peu stresser malgré tout. Garé sur le parking, il se recoiffe rapidement, ajuste sa veste en jean et s'avance vers la grande grille ouverte où déjà de nombreux étudiants se pressent pour profiter de quelques jours de repos bien mérités.

Shanyuan ne patiente pas longtemps avant de distinguer la silhouette de son petit ami parmi toutes les autres. Il sourit avec bonheur, lui fait un signe de la main avant d'attraper la sienne. Il est chanceux de l'avoir à ses côtés, de pouvoir se reposer sur lui dans toutes les situations. Il le sait et en prend de plus en plus conscience à mesure qu'ils avancent sur le chemin ensemble. "J'ai préparé une surprise pour toi : on part en weekend." Sans la moindre gêne des regards trop curieux qui s'égarent sur le couple qu'ils forment, Shanyuan l'embrasse tendrement. "J'ai pensé qu'on devait s'accorder un peu plus de temps." Sans lui lâcher la main, ils peuvent ainsi se diriger vers la voiture et prendre la route.

ootd - Et à quoi penses-tu quand tu te lèves le matin, Soah ? Dernier jour de cours, il sourit en s’étirant les bras. Il avait réussit son année sans trop de difficultés, était prêt à entamer sa quatrième année. Ses autres rêves d’avenir se rapprochaient, les premiers s’étant réaliser en cours d’année. Il se rallongea en soupirant d’aise, plongé dans son cocon de bonheur construit avec Shanyuan. Ils ne s’étaient pas réveillés ensemble ce matin, il commençait cette dernière journée plus tard alors il en profita. Il tourna la tête vers la place vide de son petit-ami, y découvrit ses chats et il les caressa. Shanyuan n’avait pas eu besoin de les apprivoiser, cela s’était fait naturellement. Peut-être que les animaux pressentaient cela, les émotions conquises envers l’être aimé et qu’ils acceptaient alors spontanément sa présence.
Il partit se préparer et prit son petit-déjeuner. Il ne tarda pas trop non-plus, il rejoignait des ami(e)s avant l’heure. C’était étrange néanmoins cette facilité qu’ils avaient eu avec Shanyuan de vivre ensemble et de s’y accommoder en peu de temps. Il mentirait s’il dirait ne pas y avoir songé par le passé, vouloir vivre avec lui, c’était dans l’ordre naturelle des choses. Ils étaient comme les doigts de la main, ils ne se décrochaient pas l’un de l’autre et cela n’avait rien de plus surprenant qu’ils se soient retrouvés. Il se sentait bien, là, il n’aimerait qu’on ne le lui enlève pour rien au monde. Quand certaines personnes de son entourage se lassaient d’être seuls, lui se revigorait de cet amour qui, au fond, ne l’avait jamais quitté.
Journée au calme, profitant du soleil qui osait enfin percer d’entre les nuages, amusement non feint et sourire aux faciès décousues. Ils remercièrent leurs professeurs pour cette année, promirent de continuer dans leur lancée, et ils quittèrent le campus bien heureux. Et à sa grande surprise, Shanyuan était là, l’attendant près de la voiture. Il salua les autres et le rejoignit.

« C’est vrai ?, demanda-t-il pour confirmer, yeux pétillants, On va où ? »

Il n’eut que comme réponse un baiser de sa part. Il se sentit rougir, apprécia la chaleur se répandant au creux de son ventre à ses mots. En y songeant, cela faisait un an qu’ils sortaient ensemble tous les deux. Ils avaient fêté cela, cependant il aurait aimé pouvoir en faire plus. Durant cette évasion, ne pourrait-il pas en profiter ? Il s’installa sur le siège passager et mit son sac à ses pieds.

« Ah, au fait, fouilla-t-il dans son sac avant d’en sortir un dépliant, Je ne savais pas mais l’université propose une aide pour le permis, lui montra-t-il, J’aimerais bien m’inscrire à la rentrée. »

Pour l’instant, ça ne lui était d’aucune utilité car il y avait les transports en commun. Toutefois, c’était intéressant de l’avoir et il ne l’avait pas passé plus tôt car, au lycée, il était obnubilé par la danse - il l’était toujours - et ensuite, il ne préférait pas y penser. Il sourit à Shanyuan, se pencha vers lui et lui vola un baiser à son tour avant qu’il ne mette le contact en marche.

@koh shanyuan

( outfit ) ✣ Trop longtemps, Shanyuan a eu l’impression d’être enfermé. Pour tout. D’avoir la nécessité de se cacher pour vivre heureux. Sauf que c’est faux. Il l’a appris à ses dépends, durant ces quelques mois où la rage et la violence ont pris le dessus de toutes les émotions positives. Il s’est questionné sur sa famille, sur ses relations, sur lui-même. Il s’est demandé s’il avait eu raison d’agir comme il avait pu le faire, de simplement se taire et ne pas chercher à se rendre compte de choses qui étaient pourtant claires sous ses yeux. Shanyuan s’en est trop longtemps voulu avant d’exploser les barreaux de cette cage. Alors aujourd’hui, il n’a aucun désir de ne pas céder à l’envie d’embrasser Soah devant tout le monde. Il connaît les étiquettes et il choisit sciemment de les ignorer. Cacher leur bonheur pour des regards qui n’en valent pas la peine.

Ses lippes s’étirent en un délicieux sourire à la question de son cadet. Il ne lui révèle pas leur destination, c’est une vraie surprise. Cela fait plusieurs jours que l’aîné nourrit cette idée et il espère qu’elle fera plaisir à son petit ami qui s’installe à ses côtés dans la voiture. “Oh !” L’exclamation est attendrie face au dépliant tendu par Soah. Shanyuan l’observe par-dessus son épaule, acquiesce à sa parole reprise. “Je trouve que c’est une bonne idée. Je pourrais te montrer deux ou trois petites choses pour t’entraîner si tu veux.” Il ne cesse de lui sourire, appréciant ce nouveau baiser maintenant offert par le plus jeune. “Soah, je suis fier de toi.” Pour cette année réussie, pour notre histoire qui nous fait tant de bien, pour ta présence et ta force plus que jamais présentes. Il caresse tendrement sa joue avant d’enclencher le moteur de la voiture, reculer et s’engouffrer quelques minutes plus tard sur l’autoroute.

“Alors, comment se sont passées tes dernières heures de cours ? Quand je me dis que ça fait déjà un an que j’ai moi-même terminé mes études…” Il déclare cela d’un air songeur, se rappelant bien sûr de ses propres dernières heures. Ses professeurs l’ont encouragé à poursuivre les cours, toutefois, les idées de Shanyuan s’étaient déjà arrêtées. Briller pour Soah lui suffit quand il aperçoit la silhouette gracieuse de son petit ami réverbérer pour la sienne. C’est lui qu’il veut admirer dans les cieux, c’est lui qu’il souhaite soutenir plus que de raison. Enseigner la danse à son tour a été une révélation suite aux précieux conseils d’un ami. L’échoppe composée de deux étages de ce qui est à présent leur appartement et le studio Luna s’est dévoilée comme une évidence à lui. "Ça fait plus d’un an qu'on sort ensemble.” Ils l’ont fêté avec tendresse mais aujourd’hui cette escapade est peut-être aussi un cadeau que Shanyuan décide de leur faire.

Environ une heure et demie plus tard, la ville côtière de Pohang se dessine devant eux. Shanyuan surprend le regard de Soah, satisfait de le voir déjà ravi. Il a pu louer une chambre proche de la plage, au-dessus d’un petit restaurant traditionnel. Les lieux sont propres, humbles et ravissants. Déposant les bagages à l’étage, Shanyuan se rapproche de Soah et enlace sa taille en déposant son menton sur son épaule. "Ça te plaît ?” Il conserve une dernière surprise puisqu’il faut attendre la nuit tombée pour un spectacle impressionnant. Le jeune professeur ferme les paupières une minute ou deux, appréciant la présence de Soah dans ses bras et le calme de l’endroit quand la mer, en contrebas, s’agite tout doucement.

ootd - Une nouvelle escapade en amoureux, c’était ce que chaque transi des émotions colorées ne puisse espérer. Ils discutèrent tranquillement durant le trajet, Soah observait les paysages défiler à vive allure sous ses yeux et souriait. Tout doucement, les pigments se ravivaient, ils reprenaient leurs places respectives et sa vision n’était plus assombri autant que plusieurs mois plus tôt. Et le plus appréciable durant ce moment était de voir que l’être aimé n’était plus décoloré, il lui apparaissait même au contraire avec de nouvelles teintes. Des couleurs plus attrayantes qui, aujourd’hui, faisaient battre son coeur de la même façon mais aussi différemment. C’était fort, intense et il songeait qu’il ne le quitterait plus pour rien au monde. Shanyuan était son oxygène, c’était pourtant évident alors il n’y avait rien d’étonnant à ce qu’il ait chuté à son départ.
Il observait les panneaux, essayait de deviner où ils allaient sans en faire part à son petit-ami. Il n’avait pas non-plus envie de découvrir leur destination, cela restait une surprise qui l’excitait de la tête aux pieds. Ils n’avaient pas pris de temps tous les deux, ils avaient été occupés et en y pensant, leur dernier voyage datait de ce déjeuner chez les parents de Shanyuan. Cela n’avait pas été le meilleur, ils n’avaient pas remis les pieds là-bas depuis. Enfin, uniquement pour Louna. Il espérait qu’elle soit partie en paix et ne soit pas triste de voir combien leur famille ne se résumait qu’à un tas de poussière. Ce n’était pas grave, il restait Rima et elle aussi continuait à voler de ses propres ailes. C’était Shanyuan sa famille désormais et il la représentait avec de plus jolis défauts que la sienne. Se promettre de ne plus regarder en arrière, n’est-ce pas, Yû.

« Mais je n’y connais rien en voiture, tu n’as pas peur que je casse la tienne ?, dit-il, effaré avant de cligner des yeux, surpris de ce compliment offert, et de rougir, Merci. »

Et toi, es-tu fier de toi ? Il aimerait, Soah. Il continuait d’étudier, d’aspirer à ses rêves mais, récemment, il s’était dit que la vie était triste. On les avait façonné maladroitement, eux, les êtres humains, méritaient-ils pour autant de souffrir chacun autant ? Il aimerait se lever le matin, regarder Shanyuan et ne pas y voir les stigmates présents sur ce beau visage. Ceux-là même qui le réveillaient la nuit et qui l’empêchaient de retrouver un tendre sommeil.

« Oh, tu sais, on n’a pas fait grand-chose. On a flâné, remercié les professeurs, et on nous a vaguement parlé de l’année prochaine, lui répondit-il, Tu ne regrettes pas de t’être arrêté là ? »

Il en profitait, il n’avait pas osé lui poser la question avant. Ses joues rosirent à la suite de ses mots et il acquiesça. Il n’avait pas oublié, il comptait en profiter pour lui offrir peut-être un cadeau plus significatif durant cette interlude qu’il lui offrait. Ils finirent par arriver à Pohang et ses yeux s’agrandissent de joie. Il se laissa entraîner et eut du mal à se détacher de son côté admiratif. Il sourit à son petit-ami en guise de réponse et ne tarda pas à l’entraîner à l’extérieur avec hâte. Il les emmena automatiquement jusqu’à la mer.

« La mer !, s’exclama-t-il en s’appuyant contre la rambarde qui les séparait du sable, S’il ne ferait pas si frais, je serais déjà dans l’eau, rit-il, Alors, c’est quoi la suite du programme ? »

Il se tourna vers lui, sourit. Si ce n’est de t’aimer encore et encore, jusqu’à ce que mon corps n’en puisse plus, que ces sentiments nous emportent vers ce lieux qui n’a toujours appartenu qu’à nous seuls.

@koh shanyuan

( outfit ) ✣ Shanyuan a répondu non, dans un sourire. Il lui a dit qu’il n’avait pas de regrets et c’est la vérité. Avoir arrêté ses études est sûrement le choix le plus mûrement réfléchi qu’il ait fait. Les paroles de son ami ont longtemps résonné en lui et tomber sur cette petite échoppe a été comme une révélation pour lui. Construire leur petit nid au-dessus, peaufiner et restaurer le studio de danse ; Shanyuan se sent bien dans cette vie malgré le passé qui dépose parfois encore ses marques sur son âme. Il connaît mieux ses limites, ses capacités aussi, et c’est tout cela qu’il explique avec déférence à son petit ami. « Je serais ta lumière pour t’élever. » Il l’a embrassé avec tendresse avant qu’ils ne s’échappent de la voiture, découvrent leur logement pour ces deux jours et s’engagent sur la plage.

Les prunelles lumineuses de Soah font davantage gonfler son cœur qui bat pour lui sous sa poitrine. Shanyuan s’est approché dans son dos, enlaçant sa silhouette par derrière en tendant un bras par-dessus son épaule, son index désignant quelques mouettes au loin. Il sourit de cet instant si agréable malgré le froid qui les agrippe un peu. Accrochant ses phalanges à celles du petit danseur, Shanyuan l’entraîne dans les rues de la ville. « Je ne suis jamais venu ici, mais j’ai trouvé une adresse pour dîner. En attendant l’heure, on fait un peu de shopping ? » Ils ont près d’une heure pour regarder quelques boutiques, acheter un souvenir ou deux, avant de se rendre au restaurant que le plus âgé a réservé.

Installés sous une verrière chauffée, l’ambiance cosy et végétale fait rêvasser Shanyuan. Il demande à Soah ce qu’il en pense, pourquoi il n’en mettrait pas un peu plus dans leur appartement. Et ils en rient d’imaginer finalement Shanyuan décorateur d’intérieur. « Je vais peut-être reprendre mes études en fait. » Il s’en amuse en versant un peu de vin à son aimé, trinque, le dévore des yeux, heureux de pouvoir respirer pour de vrai, loin de tout. « Je me sens bien ici, avec toi, Soah. Juste toi et moi, n’importe où. Tu sais… je ne pourrais pas vivre sans toi. » Et dans ses yeux s’invitent les excuses qu’il lui a déjà données. Celles de son départ précipité pour l’armée suite à son diplôme de lycée, celles de ne pas avoir eu le courage de le contacter et de lui avouer qu’il l’a toujours aimé. Parce que c’est bien de cela dont il s’agit.

Il soupire doucement, le sourire délicat au coin des lèvres. Les plats arrivent et tout est délicieux. L’aîné décline les desserts, paye l’addition et entraîne Soah près d’un bâtiment où déjà du monde s’est attroupé. Il espère que cette petite surprise plaira à son petit ami. « C’est un petit spectacle de lumières. » Il le lui murmure à l’oreille, l’attirant contre lui en embrassant sa tempe. « Soah, je t’aime, tu sais ? » Mot d’amour qui rejoint les couleurs animées sous leurs yeux.

Mais les plus belles sont celles qui scintillent au creux de tes yeux.

ootd - La mer était libératrice. Il n’y avait pas souvent mis les pieds mais il aimait y aller. Sentir l’odeur du sel de mer, apprécier les remous des vagues à ses pieds. Il était ravi d’être ici avec Shanyuan et il se mit à rougir. Officiellement, ce voyage était même leur tout premier en tant que couple et certains n’en feraient pas autant même après une année écoulée. Il n’en avait pas autant rêvé plus jeune, il n’avait pas même espéré être auprès de lui en tant que petit-ami. C’était peut-être surprenant, néanmoins, il n’avait pas envisagé cette possibilité jusqu’à ce qu’ils couchent ensemble. Il ne s’était pas imaginé aller au-delà de l’amitié alors que c’était évident qu’il avait des sentiments pour lui depuis des années. Et qu’en était-il de Shanyuan ? Il était prêt à lui poser la question, se ravisa au dernier moment. Plus tard.
Il lui sourit, parcourut les rues de la ville à ses côtés. Y découvrir le côté plaisant, affectionner la bonté des gens car ce n’était pas une grande agglomération et peut-être que l’air frais de l’immense étendue d’eau et ses teintes aquatiques les rendaient plus aptes à la bienveillance. La pression fut relâchée, l’année terminée, il n’y avait que ses quelques jours de repos qui se profilaient au loin et qu’il avait hâte de profiter. Désormais que le studio était terminé et ouvert, il comptait bien s’incruster à des séances de danses de son petit-ami, prompt à en apprendre plus et notamment à l’observer enseigner avec sa patience inégalable. Bon, il n’y avait pas à dire, c’était également pour le délice des yeux - on le taira, bien sûr.

« Haha, rit-il à sa plaisanterie, quoique je te verrais bien…, commença-t-il avant de refermer la bouche et de l’écouter, de sentir qu’il fasse plus chaud ou bien était-ce le vin, A-arrête un peu ! »

Bien qu’il n’en pensait pas moins lui non-plus. Il but, lui sourit doucement. Il aimerait lui dire tout autant lui aussi sauf qu’il l’exprimait différemment. Il n’ajouta rien, il se délecta de son repas avec lui et n’eut pas le temps de se battre avec lui au sujet de l’addition qu’il le vit apposer sa carte sur le lecteur. Au fond, il devrait avoir peur, Shanyuan était le genre de petit-ami dont beaucoup rêveraient d’avoir. Est-ce que je te mérite ? Ils se dirigent vers un bâtiment et là, les couleurs embrasèrent le ciel. Depuis combien de temps y avait-il autant de nuances ? Il tourna le visage vers le sien, l’embrassa.

« Oui, je sais, murmura-t-il, et moi aussi. »

Le spectacle était impressionnant, il aimerait saisir toutes ces couleurs et qu’ils ne s’y enroulent avec. Qu’elles n’imprègnent leurs âmes et essayent ne serait-ce qu’un peu de rendre plus superficielles les plaies pigmentées non cautérisées. Soudain, il se raidit et serra fort la main de Shanyuan dans la sienne.

« Et qui s’occupe de Pomme et Grenade ?, demanda-t-il effaré, Tu as appelé qui ? »

Parce que c’était la première fois qu’elles passaient une nuit sans lui depuis qu’il était revenu de l’hôpital psychiatrique. Ces deux petites prunelles d’amour, il les avait presque oubliées alors qu’il serait incapable de ne se passer d’elles dans leur petit cocon enchanté. Il ne décrocha pas son regard du sien et observa danser les lueurs irisées dans ses yeux. C’était magnifique et cette vision fit battre son coeur à vive allure. Au final, peu m’importe que tu n’aies pu m’aimer depuis le début ou non, car il n’y a que cet instant coloré présent qui compte.

@koh shanyuan

( outfit ) ✣ Passer du temps de cette façon auprès de Soah est un véritable petit bonheur pour Shanyuan. A ses côtés, il a l’impression d’être plus fort pour affronter les événements de la vie. Avec lui juste là, il sait qu’il peut compter sur lui autant que l’inverse est réciproque. Depuis toujours, sans jamais peut-être se l’avouer, le plus âgé a toujours aimé son cadet. Il l’a tout de suite remarqué, lui et ses grands sourires, lui et ses étoiles plein les yeux. Ils n’étaient que des enfants, au début. Ils étaient des enfants qui se sont rencontrés, qui ont grandi ensemble et qui se sont perdus ; aujourd’hui, les choses ont encore changé entre eux mais ils savent qu’il ne peut rien arriver pour les séparer.

Alors Shanyuan s’enivre de toutes ces sensations. Il apprécie ses doigts enlacés à ceux de Soah. Là, dans le noir, faiblement éclairés par toutes ces lumières dansantes, personne ne fait particulièrement attention à eux. Ils sont là et ils restent proches, ils peuvent se nourrir l’un de l’autre avec une tendresse insoupçonnée. Pour vivre heureux, ne dit-on pas qu’il faut vivre caché ? Cette affirmation convient en cet instant au professeur de danse. Demain, il en sera peut-être autrement. Lui qui a souvent dû renfermer ses sentiments, qui a dû conserver tout cela en son sein, parvient de plus en plus à s’en libérer et à l’offrir pour Soah sans jamais vouloir l’effrayer.

Il lui sourit avec délicatesse, s’éprend de ce moment qu’ils s’accordent loin de tout et de tout le monde. L’année universitaire de Soah touche à sa fin tandis que le studio Luna commence tout doucement à se faire connaître. Shanyuan se sent bien malgré les démons qui, infames, ne partent jamais trop loin. Il embrasse le haut du crâne de son petit ami avant que celui-ci ne s’exclame au sujet de ses deux chats. “J’ai demandé à une amie de l’université de venir les nourrir, ne t’en fais pas, tout va bien se passer.” Son regard qui vient se plonger à l’intérieur du sien, parmi toutes les étincelles qui vibrent en lui, Shanyuan sait qu’un instant viendra où il demandera un tout petit plus à Soah. Cette pensée en lui le rend pantois, le conduit à venir encadrer la taille du plus petit de son autre bras. L’amener là, encore un peu plus près de lui, sentir son cœur battre aussi fort, sûrement, que le bruit incessant du sien.

Quelques minutes plus tard, le spectacle lumineux s’estompe. Les lueurs de la ville reprennent le monopole. “Est-ce que tu veux retourner un peu près de l’eau ? Ou on rentre directement dans notre chambre ?” Ou autre chose. Les possibilités sont infinies et Shanyuan se laisse paisiblement guider par la silhouette incandescente de Soah. Combien de fois ai-je pensé à toi, là-bas ? Combien de fois ai-je pu mourir en imaginant les larmes sur tes joues ? Il déglutit, ferme les paupières une petite seconde avant de les rouvrir sur ce monde bien plus coloré. Ses poumons s’emplissent d’un millier de sensations différentes quand ses iris, amoureux, reviennent s’installer au creux de ceux de Soah. Je veux vivre au présent avec toi.

ootd - Et les couleurs continuaient de danser dans leurs yeux jusqu’à s’évaporer dans les cieux étoilées insurmontables. Sauf que s’il tendait la main, il serait capable d’en attraper une poignée et de les souffler au visage de son bien-aimé pour le voir se recolorer avec plus d’avidité. Shanyuan avait-il vraiment besoin de tant d’artifices ? Pas vraiment, il savait, Soah, que c’était en partie grâce à lui qu’il avait retrouvé des teintes plus attractives et cela ravissait son coeur déréglé. Il continuerait, il persévérerait jusqu’au bout afin que son sourire ne quitte plus son doux visage. Ils s’étaient retrouvés et il ne lâcherait plus sa main, il ferait son bonheur et saurait ne plus avoir peur de, de temps en temps, se lâcher et chercher du réconfort auprès de lui comme l’inverse serait propice à se déclarer tant il avait la bonté d’âme de n’aspirer qu’à sa joie de vivre universelle.
L’obscurité les enveloppa une nouvelle fois, le spectacle était terminé. Il serra timidement ses doigts dans les siens, songea qu’il ne s’inquiétait même pas du regard des autres. Il aurait pu, pourtant. Sa mère s’était arrangé de le faire enfermer parce qu’elle ne cautionnait pas le fait qu’il puisse s’intéresser aux hommes et à l’hôpital psychiatrique, malgré leurs standards contemporains, ils ne s’étaient pas adaptés à lui. Combien est-ce que sa mère avait-elle payé afin qu’ils lui fassent croire que l’homosexualité était une voie intolérable à la société ? Les moeurs n’évoluaient pas, ils faisaient pâle figure comparé à d’autres cultures et c’était triste à souhait. Cependant, il avait réussi à passer outre et cela ne devait être que grâce à l’amour de son petit-ami. Il se fichait de vivre caché, ouvert, il ferait face à tous les obstacles bien qu’il n’en ait pas totalement les moyens. C’était avec lui qu’il les avait alors à quoi bon s’en soucier ?
Il fut rassuré en entendant que ses deux chats étaient en sécurité et sourit. Il réfléchit à sa proposition et une brise d’air fraiche le surprit.

« Il fait froid, je préfère rentrer, dit-il, Ça te va ? »

Et il l’entraîna avec lui. À mesure qu’ils se rapprochaient de l’hôtel, la cadence s’accentua à son myocarde car, ici, ils étaient coupés du monde. Ils avaient tout loisir de souffler, et avancer. Shanyuan était si beau en cet instant, son corps le réclamait depuis d’infinies minutes sans qu’il ne s’en était aperçu.

« Yû !, l’appela-t-il une fois la porte refermée derrière eux, Euh, je… Tu sais, je ne suis pas doué avec les mots, j’ai perdu le fil, prononça-t-il avec clarté, Je ne sais même pas ce que je raconte, souffla-t-il avant de rire nerveusement, Yû, tu es quelqu’un d’incroyable et je crois que je rends jaloux tout le monde à t’avoir auprès de moi. Alors merci. »

Il lui offrit un sourire chaleureux, les couleurs se disputèrent la place au premier rang. Il s’approcha de lui et le poussa gentiment sur le lit, le fit s’y asseoir. Il glissa les bras autour de son cou et déposa ses lèvres sur les siennes. Délicatement, ses mains firent glisser sa veste et ses doigts trouvèrent refuge dans le creux de ses bras dénudés. Il ancra son regard au sien et espéra que des étoiles brillaient avec autant d’audace dans ses prunelles. Je veux que tu sois éternellement mon futur.

@koh shanyuan

( outfit ) ✣ En cet instant où leur bulle est leur refuge, où ils sont les deux êtres au monde, Shanyuan a la révélation de tous ces gestes du passé. Il se rappelle la première rencontre avec Soah, de cette alchimie incandescente qui s’est tout de suite installée entre eux. Il se remémore la première fois où il l’a vu danser, l’ivresse qui a pris place dans son cœur dès lors qu’ils l’ont fait ensemble. Main dans la main, ils ont commencé à s’élancer dans une vie différente. La proximité de leur relation, la tendresse et la chaleur dans leurs yeux. Les tentatives, ailleurs, quand l’évidence se tenait pourtant là – juste devant eux. Oui, en s’abreuvant aujourd’hui de la présence de son petit ami, Shanyuan peut enfin se libérer d’un poids immense en avouant qu’il l’a toujours aimé. Il l’a aimé au premier regard sans être capable de comprendre ce que cela signifiait à l’époque. Jusqu’à ce que cette soirée survienne, qu’ils dérapent et s’enlacent avec un désir décuplé ; les amis ne s’aiment pas comme ça.

Alors il lui sourit, acquiesce et il le laisse l’entraîner de nouveau jusqu’à la petite chambre qu’il a loué pour la nuit. Il est heureux de voir Soah sourire, de sentir une certaine liberté en lui, loin de tout, de toute leur vie qui, pourtant, ne se situe qu’à quelques kilomètres d’ici. Le studio, les cours, leurs peurs, leurs forces et leurs faiblesses… Ce soir, ils s’aiment seulement pour ceux qu’ils sont vraiment et c’est le plus important. Shanyuan se retourne en entendant son prénom, s’émeut des paroles de travers de Soah qui tente de lui communiquer combien il est ravi. Le remercie. “C’est à moi de te remercier, mon amour.” Et si ce surnom affectueux vient avec naturel, il surprend Shanyuan qui est déjà assis sur le bord du lit, ses prunelles perdues dans celles du plus jeune. Les bras de Soah entourent sa nuque lorsque ses mains à lui se déposent contre les hanches du jeune homme. Il apprécie le baiser offert, se demande bien si les autres sont si jaloux de lui, de leur relation sincère.

Le désir, jamais perdu, enivre les sens durant de longues minutes. Retrouvailles de leurs deux corps quand, dehors, la mer silencieuse les écoute et les accueille. Shanyuan emporte Soah dans des courants qu’ils n’ont peut-être qu’à peine explorés quand l’inverse est tout aussi vrai. Ses phalanges se perdent en délicieuses caresses sur sa silhouette qui le rend ivre de la savoir beaucoup plus petite que la sienne. Au cœur de la nuit, ils respirent le parfum de l’avenir et, le souffle court, ils demeurent enlacés, le plus âgé conservant son bras autour de son cadet. Son autre main caresse ses cheveux, ses lèvres viennent embrasser leurs jumelles une fois de plus. “Soah…” Dans l’obscurité de cette chambre, le cœur encore battant de leurs ébats, Shanyuan ressent l’envie de tout lui donner. “Merci d’avoir toujours cherché à me retrouver, d’avoir conservé cet espoir au fond de toi. Je ne veux plus te décevoir.” C’est sa façon de lui dire qu’il l’aime, c’est sa manière de lui avouer qu’il fera tout pour lui. Soah a assez souffert. Shanyuan aussi. Il sait qu’ils peuvent s’en sortir ensemble. Tous les deux.

Main dans la main,
comme au bon vieux temps.