Ca n'arrivait pas souvent, mais cette nuit, Hyean n'arrivait pas à dormir, peut-être parce que la lune était pleine ? Le jeune homme n'en savait trop rien et ne savait pas s'il devait croire à ce genre de choses. Mais il y pensait, quand même, quand ça arrivait.

Couché sur le dos, il regarde le ciel depuis le velux situé juste au dessus de sa tête. Il ne fait rien, regarde simplement à l'extérieur en espérant que le marchand de sommeil vienne enfin le chercher. Les minutes passent, les unes après les autres, en vain.

Hyean se tourne dans son lit pour attraper son téléphone.
Minuit quarante-sept.

Impossible de dormir.

Alors il se lève de son lit, enfile un sweat à capuche, celui qu'il a laissé traîner par terre avant de dormir, ayant eu peur d'avoir trop chaud dans la nuit. Puis il prend son manteau, enfile une paire de chaussettes et de chaussures, n'emporte avec lui que son téléphone et son porte-feuille.

Hyean quitte son appartement, en pensant qu'une balade nocturne le fatiguerait peut-être assez pour s'endormir, une heure plus tard tout au plus. Il est à moitié en pyjama – un jogging en réalité, mais il n'en a que faire ; personne n'a dit que c'était mal de sortir en pyjama, ou si c'était le cas, personne n'avait osé le lui dire.

Il arpente les rues de Busan, très calme à une heure pareille. Il se retrouve rapidement en bord de plage, avec un chocolat au lait qu'il a réussi à trouver dans un distributeur automatique de boisson chaude. La plupart des commerces étant fermés depuis un bon moment maintenant.

Il marche les pieds dans le sable, la canette entre ses mains, qu'il garde au chaud, puis finit par trouver un gros caillou sur lequel s'asseoir. Et après réflexion, il se dit que ce n'était peut-être pas une très bonne idée, car cela lui donne froid aux fesses.

Il soupire, puis décide d'ouvrir sa canette et d'en boire une gorgée.

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Personne n'a dit à Hyean que c'est mal de sortir en pyjama ; alors il n'a aucune idée que c'est inapproprié. Il se perd dans ses pensées, tout en regardant la mer. Evidemment, ses pensées se perdent toujours au même endroit – Sieun, la fille qu'il avait tant aimé. Il regrettait chaque jour qu'elle ne soit plus à ses côtés. C'était difficile à admettre pour Hyean, lui qui avait tant de mal à exprimer ses émotions, que l'on avait souvent traité de sociopathe et à qui on avait souvent prêté de mauvaises intentions alors qu'il était juste perdu. Il aurait aimé qu'elle soit à ses côtés, pouvoir lui tenir la main ; savoir ce qu'elle serait devenue, la regarder encore et encore valser sur la glace. Mais ce n'était plus possible, car cela faisait déjà de nombreuses années qu'elle avait quitté ce monde. Et il ne s'en remettait pas, Hyean, d'avoir perdu son tout premier amour de façon aussi violente.

Il soupire longuement, boit une nouvelle gorgée de son chocolat au lait. Le jeune homme manque de recracher ce qu'il a dans la bouche sous la surprise. Il n'avait pas entendu la personne s'approcher et il était plus que surpris de voir quelqu'un l'accoster. Il tousse longuement, un peu embarassé de s'étouffer comme ça – après avoir tout fait pour avaler son chocolat plutôt que de le recracher.

Pendant ce temps, il se demande pourquoi on l'approche, et il n'est pas spécialement à l'aise à l'idée, car après tout, il n'est pas très doué avec les gens et il sait très bien que cela pourrait mal se terminer très rapidement. Les quiproquos arrivent tellement vite avec lui...

Hyean hausse les épaules, avant de dire, la voix rauque après avoir tant toussé.

— Si tu veux...

Il tape son torse doucement, alors que sa trachée est encore douloureuse.

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Hyean reste longuement avec son poignet devant sa bouche, les yeux clos. En plus de manquer de s'étouffer, il avait aussi avaler de travers et finalement, le chocolat au lait glissait de manière plutôt douloureuse dans sa trachée. Il lui faut quelques secondes pour que cela passe.

— Oui ça va... Ca a juste eu du mal à descendre...

Il était sincère Hyean, quand il disait cela. Il aurait également préféré que cette personne, qu'il ne connaît pas, évite de s'inquiéter pour lui. Etrangement, cela a plutôt tendance à le mettre mal à l'aise. Surtout que ça allait se tasser au bout de quelques minutes, rien de dramatique. Hyean avait vécu pire. Bien pire.

Il se racle la gorge, ressentant une petite gêne après tout ça, mais rien de bien alarmant. Cela finirait par disparaître au bout de quelques minutes.

Si au premier abord, il n'avait pas l'air bien traumatisé, son absence d'émotions et d'empathie témoignait d'un réel problème vis-à-vis de son passé. Après tout, il avait vécu des évènements d'une rare violence et que l'on ne souhaiterait à personne.

Par réflexe, le jeune homme, se tourne un peu pour que son dos fasse à moitié face à l'inconnue. Après tout, ce n'est pas parce qu'ils sont à côté qu'ils sont supposés se parler ? Il avait dit oui par politesse, mais il n'avait pas forcément envie de socialiser avec qui que ce soit en cet instant. Contrairement à ce que son physique pouvait parfois laisser transparaître – comme si celui-ci était responsable de son caractère, Hyean était de nature plutôt réservée, pour ne pas dire timide. L'étudiant sait qu'il est plutôt beau garçon, mais ça ne lui est jamais venu à l'idée d'en jouer, surtout qu'il n'a aucune idée qu'il peut en jouer et de tout ce qu'il pourrait en tirer.

Au bout d’à peine une minute, il reprend une nouvelle gorgée de sa boisson, doucement.

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Plus le temps passe, plus la personne apparaît étrange aux yeux de Hyean. Surtout qu'il avait affirmé aller bien, donc il ne comprend pas pourquoi la jeune femme insiste. Etait-ce normal ? Les gens bien intégrés dans la société était-ils tous comme ça ?

L'étudiant finit simplement par acquiescer à ses propos, sans faire plus de commentaire. Après tout, le jeune homme est une personne relativement introvertie.

Puis le silence se fait naturellement, la jeune femme ne semble pas insister pour faire la conversation avec lui à tout prix – il aurait peut-être fini par fuir, à vrai dire. Alors Hyean profite de l'air frais sur son visage, de cette brise nocturne somme toute fortement agréable. Il regarde au loin, ayant tout de même quelque difficultés à se perdre dans ses pensées. Et celles-ci le mènent automatiquement à Sieun. Hyean se surprend à regarder son propre fond d'écran, où on peut les voir tous les deux, joues collées avec un coeur dessiné aux rouges à lèvres. Ils avaient l'air beaucoup plus jeunes. Et elle, elle était radieuse, un sourire magnifique peint sur le visage — comme lui. Ils étaient heureux. 

Hyean relève la tête brusquement alors que la voix de l'autre personne s'élève, et qu'elle lui tend quelque chose, sûrement à manger au vu de son commentaire.

— Qu'est-ce que c'est ? Il demande, curieux.

Il se saisit du paquet avec hésitation. Puis elle se tourne, lui tourne le dos comme il l'a fait un peu plus tôt. C'est qu'il est perplexe, maintenant.

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