you know it’s not the same

-- ft shin

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( outfit ) Dernière musique qui résonne dans les enceintes du club choisi par ton cousin tandis que tu finis ton verre. Tu fixes droit devant toi un groupe de personne en train de s’amuser sur la musique clôturant la soirée sans réellement leur porter un quelconque intérêt en réalité. T’as juste le regard dans le vague, baille une énième fois car tu ressens encore et encore la fatigue de la semaine s’être accumulé en toi. Puis faut dire ce qui est, peut-être que ça t’amuse un petit peu moins qu’avant les nuits passées en boite. Tu pourrais mettre la faute sur le décès de ton père qui te parait toujours aussi frais, dire que t’as toujours pas la tête à t’amuser de cette façon-là mais en réalité ça ne t’intéresse juste plus de danser avec des inconnus, de boire des litres d’alcool quand tu sais déjà que le lendemain sera une journée pleine de responsabilisée, un réveil aux aurores pour réceptionner les premières marchandise de la supérette familiale. Et puis tout est différent depuis quelques mois, t’es en couple dorénavant Haru. Ça n’était pas officiel jusque-là mais t’agissais déjà comme si c’était le cas. Alors forcément que c’est un peu moins amusant, que la soirée se fait quand même plus longue quand la seule et unique occupation est de boire et un peu danser sans pour autant se mêler à la foule, sans s’y intéresser.

Ça vient surement de là cette ambiance étrange, cette tension que tu sens depuis que t’es en compagnie de ton cousin. T’as l’impression qu’il t’a invité, a apprécié le fait que t’accepte mais tout à la fois, qu’il ne profite pas, n’agit pas avec toi comme il le ferait d’habitude. Mais peut-être que tu t’es fait des films Haru, que tas interprété les choses car tu te sentais différent, que tu n’avais rien eu de mieux à faire durant la soirée. Alors t’as rien dit, fait comme si cette électricité n’existait pas et maintenant que vous êtes en dehors de la boite à attendre votre uber dans le silence – qu’une conversation peut enfin entamer sans que vous n’ayez à crier dans l’oreille de l’autre et répéter des « hein ? » à tout va tu demandes au plus silencieux de vous deux :

- T’es fatigué à ce point mon reuf ? T’as pas dit un mot de la soirée …

Et bien évidemment que ça t’inquiète un peu Haru, t’es pas habitué à ça venant de ton frère. D’habitude il a toujours quelque chose à dire Shin, quelque chose à commenter coute que coute. Il est plus focalisé sur toi que sur le reste du monde et pourtant ce soir, t’as l’impression que ça a été tout le contraire.

- Il arrive quand le Uber sinon ? Même moi j’suis claqué là en vrai.

you know it’s not the same

-- ft haru

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( outfit ) Et soudain, tout change. Un jour vous courez les clubs de Busan à la recherche des plus jolies filles de la soirée, vous perdez sur la page assoupie, laissant l’écume d’une mer noire vous lécher le bout des orteils tandis que vous vous remémorez le passé, le visage levé vers les étoiles. Tels deux frères ayant grandi main dans la main, inséparables - flammes jumelles embrasant les âmes.

Et puis le lendemain, tout est fini. Les chemins de vie semblent s’être scindés - Shin se sent plus éloigné de son frère lorsqu’il fixe son profil, à un demi mètre de lui, que lorsqu’un océan et la moitié du monde les séparaient. A se demander si l’écart a commencé à se creuser lorsqu’il était aux États-Unis et qu’il n’a rien vu, ou si c’est plus récent que cela. Il avait pourtant l’impression que tout allait bien, lorsqu’il est rentré sur ses terres natales. Son cousin lui semblait inchangé ; celui qu’il avait toujours connu.

Il ne peut plus en dire autant maintenant.

Haru, il oublie son anniversaire - il n’est pas dupe -, est trop occupé pour le voir, les trois quarts du temps, lorsque Shin qui doit pourtant gérer un business se débrouille toujours pour dégager du temps pour lui. Puis y a la façon dont il s’est laissé oublier après la mort de leur père ; tous ces plans qu’il lui a mis chaque fois qu’il lui proposait de sortir en boîte, et ces soirées où il semble absent. Ne semble pas prendre part à la fête comme il le faisait avant.

Des soirées comme celle-ci.

Et Shin ne peut que maudire ce fléau de Reira, car c’est plus simple de blâmer les absents que de considérer l’éventualité que peut-être, à tout hasard, son cousin aurait pu changer. Grandir, évoluer, là où le plus jeune semble à jamais coincé dans ce vide affectif de nuits sans lendemain, à se perdre dans les alcools ambrés et refermer ses mains sur la taille de jeunes femmes à la peau veloutée.

Alors il bouillonne intérieurement, les doigts serrés sur son verre, à maudire ce minimoys qui a des seins suffisamment gros pour avoir complètement embrouillé le cerveau de son cousin. Sent la pression monter chaque fois qu’il surprend son regard désintéressé ; un bâillement pour déformer ses traits, ou son ton morne lorsqu’il essayait encore de le faire prendre part à la fête. C’est presque un soulagement lorsqu’ils quittent le club pour attendre un Uber, et trop occupé à ruminer, il n’entend pas dans un premier temps la question de Haru. Il lui faudra quelques instants pour percuter que son cousin a daigné lui adresser la parole ; lui répondre, sans un regard et les dents serrés :

- Non, tout va super bien.

Et s’il n’a pas perçu le sarcasme dans sa voix, eh bien tant pis pour lui. Il retient un soupir en l’entendant se plaindre d’être fatigué ; hausse les épaules, sans même prendre la peine de consulter son téléphone.

- J’sais pas. Bientôt.

Et la pique ne parvient pas bien longtemps à rester sagement prisonnière de ses lèvres.

- T’as quatre-vingt ans ou quoi pour être claqué comme ça aussi tôt ? Je t’ai connu plus marrant.

you know it’s not the same

-- ft shin

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Il ment comme il respire Shin, ose prétendre sous tes yeux aguerris de chacune de ses émotions que tout va bien lorsque tout son être cri que rien ne va. C’est même le chaos total. Il ne te regarde pas ton frère, siffle une réponse qui coupe limite court à la conversation. Tu te demandes alors qu’est-ce qui le rend si nerveux, qu’est-ce que t’as raté durant la soirée. Une fille l’a rembarré ? Il s’est fritté avec un gars ? T’en sais trop rien et t’en viens à te demander si tu ne t’es pas endormi par mégarde sur la banquette, fait un black-out accidentel pour avoir raté une chose pareil lorsque pourtant, quand vous vous êtes retrouvé il semblait de bonne humeur.

Et plutôt que de faire tache, mettre les pieds directement dans le plat tu lui demandes alors où est-ce que se situe votre uber. Car t’es quand même légèrement fatigué Haru, la journée a commencé aux aurores pour toi. Certainement à l’heure à laquelle des milliers – des millions même de gens se couchent. Cinq heures du matin, c’est un crime de se lever si tôt pour certain et pourtant, quand on gère un commerce c’est dans ces eaux-là que les marchandises arrivent. Alors forcément que tu bailles, t’étires comme un chat sous les yeux de ton cousin. Si tu ne te formalise pas quand Shin ne fait pas d’effort pour regarder son téléphone, savoir où est le chauffeur, tu te figes lorsque la suite de sa phrase sort d’entre ses lippes. Il est aigri Shin, se moque de toi mais pas comme il le ferait normalement, tu sens que c’est piquant. Que ça le démangeait de sortir un truc du genre et forcément pendant une seconde tu restes bête face à son comportement. C’est là que tu prends réellement conscience qu’il n’est pas énervé à cause d’une meuf, d’un connard qui l’aurait fait chier durant la soirée ou bien à cause de son travail.

C’est toi le souci Haru,
C’est toi qui l’énerves, l’agace même.

Forcément que ça te choque, tu sens ton cœur se contracter dans ta poitrine. Car tu vois même pas de raison à cet énervement, comprend pas ce que t’as pu faire pour qu’il soit dans cet état. C’est pas le genre de Shin de diriger sa colère vers toi, de te parler de la sorte.

- Ah bah ouais j’dois avoir quatre-vingt ans ouais, peut-être même quatre-vingt-deux. Excuse-moi de commencer ma journée cinq heure trente et d’être fatigué quand ça fait quasi… Dix-neuf heures d’affilé que j’ai pas dormi.

Il connait pourtant ton quotidien Shin, sait que certes, ça s’est calmé depuis que appa n’est plus là mais que malgré tout y’a quand même de quoi occuper ses journées. Tu cherches toujours à aider un maximum ta mère, essaie de la ménager pour qu’elle ne s’épuise pas. T’essaie de t’occuper encore et toujours des plus petits, essaie de les récupérer au moins deux fois par semaine à l’école pour que tes deux autres sœurs n’aient pas cette charge constamment sur le dos. Et puis t’as Reira dorénavant, tu dois aussi lui donner du temps, essaie toujours de la voir au moins une fois dans la journée si vous ne pouvez pas vous retrouver le soir.

- C’est quoi ton souci en fait ? Tu peux m’expliquer depuis j’te vois tirer la gueule ?

C’est quoi ton souci avec moi, dit le car j’comprends pas. Ça te parait irréel que lui et toi vous vous disputiez sans qu’il y ait une raison valable. Ça t’irrite de le voir comme ça et impulsivement tu rajoutes :

- T’as voulu qu’on aille en boite, j’viens alors que j’suis crevé et en plus t’ose me dire que j’suis pas marrant j’sais pas quoi ? mais t’as pété un plomb ou quoi ?

you know it’s not the same

-- ft haru

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Il roule des yeux, Shin, lorsque son cousin ose prétexter s’être levé tôt. Comme si Shin n’en faisait pas de même approximativement tous les jours de l’année, s’éveillant aux aurores pour avoir le temps d’aller courir, et gérer au mieux son entreprise. La miracle morning, comme certains l’appellent - cela fait aujourd’hui bien longtemps qu’il a adopté ce concept, comme tout jeune entrepreneur qui se respecte. Alors lui aussi aurait toutes les raisons du monde d’être fatigué - pourtant, cela ne l’empêche pas de sortir, s’amuser, et montrer un tant soit peu de bonne volonté à faire la fête, lui.

- Ah ouais, t’es le seul à être fatigué, scuse.

Y a toujours ce sarcasme si naturel dans sa voix, et lorsque, sans surprise, Haru lui demande des comptes, il daigne enfin tourner la tête vers lui. Le dévisage d’un air indéchiffrable, cherchant quels mots employer pour lui expliquer qu’il n’est plus le frère qu’il a toujours connu, depuis qu’il est en couple avec sa pouffe. Mais avant qu’il ai eu le temps de répondre quoi que ce soit, son aîné reprend la parole pour lui asserter qu’il est venu pour lui faire plaisir, lui demander s’il a pété un plomb.

Et là, c’est le drame.

Car Shin, il a l’impression que tout lui retombe dessus. Que c’est comme s’il lui aurait forcé la main, qu’il n’avait aucune envie d’être là avec lui. Et il déteste ça.

- J’sais pas pourquoi tu te forces à passer du temps avec moi si t’en as pas envie à ce point ? Je t’ai pas mis un couteau sous la gorge pour que tu viennes hein, tu pouvais aller baiser ta meuf si tu préfères. Pour ça t’es pas fatigué bizarrement.

Il arque un sourcil, sûr de son coup, et ajoute, mesquin :

- Enfin, encore faudrait-il qu’elle te laisse faire.

Car ce n’est un secret pour personne - pas pour lui, en tout cas - que Reira et Haru n’ont toujours pas fait le grand saut. Et sans doute est-ce un peu petit de sa part de retourner cela contre lui - mais c’est la spécialité de Shin, après tout, d’être petit. Et comme par un curieux timing, sur ces mots, une notification apparaît sur l’écran de son téléphone, alors même qu’un véhicule ralentit a quelques mètres.

- Ah, le Uber est là, constate-t-il platement.

Et déjà, il tourne les talons pour s’avancer vers le véhicule, saluer le chauffeur et s’installer sur la banquette arrière. Sa ceinture attachée, il regarde d’un air absent son téléphone glissé entre ses doigts, laisse échapper un petit soupir.

Il sait déjà que le trajet sera long.

you know it’s not the same

-- ft shin

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Du sarcasme à toutes les sauces, un grand cru de 2016. Si d’habitude ça te fait marrer de l’entendre répondre de la sorte avec les gens qu’il ne porte pas dans son cœur ou qui l’indiffère tout simplement, c’est totalement différent de le voir agir ainsi avec toi. Car ses foudres ne t’ont jamais été adressé. Jamais en vingt-six années. Et forcément que ça fait quelque chose d’être dans son viseur, tu le détestes soudainement Shin de faire semblant de ne pas te comprendre, pas savoir ce que tu vis au quotidien à toujours vouloir aider les uns et les autres. Aussi bien que tu sais qu’il bosse aussi énormément, qu’il doit forcément avoir son lot de fatigue à gérer une entreprise qui petit à petit devient de plus en plus importante, fait ses preuves sur le marché de la boisson qui pourtant est déjà bien saturé.

- J’ai dit j’étais le seul même ? C’est fou tu ramènes toujours tout à toi quand même.

Tu ne penses pas l’avoir fait, n’ose même pas prétendre que c’est le cas. Tu lui dis juste que toi en tout cas t’es fatigué en ce moment. Que t’as voulu lui faire plaisir, passer du temps avec lui en venant ce soir. Tu le fais peut-être – surement même, pas de la bonne façon mais tu ne t’attends certainement pas à la déferlante qui suit tes mots. Tu vois le regard du blond face à toi changer, devenir noir et c’est un dégueuli de haine qui s’abat sur toi l’instant d’après. Parait-il que tu ne devrais pas te forcer, devrait passer le reste de ton temps avec ta meuf – la baiser même puisqu’il n’y a que ça qui t’intéresse dans la vie. Tu t’apprêtes à rétorquer, lui dire qu’il se fait des films mais la suite te coupe de court. Les mots qui suivent sont trop douloureux, touche à ton orgueil et la confiance que t’as toujours eu en lui. Tu fronces légèrement les sourcils, la bouche à moitié ouverte. T’as l’impression de nager en plein cauchemar, qu’il n’a pas pu te balancer ça si facilement quand il sait pourquoi t’en es là avec Reira. Sait ce qu’elle a vécu, sait pourquoi t’oses à peine lui effleurer la cuisse parfois par peur de la brusquer la brune. T’es forcément déçu Haru, triste qu’il utilise un moyen pareil pour te faire de la peine. Et puisqu’il veut jouer à ça, t’hésites même pas à répondre en ricanant amèrement :

- Ouais hein ? C’est dire quoi, j’pref rien faire avec elle que d’te voir tellement t’es minable.

Et tu le penses sur le moment, tu le trouves pitoyable Shin d’utiliser le malheur d’une fille pour te faire passer pour un looser. Tu ne sais même pas quoi ajouter de plus et bien évidemment, le chauffeur arrive à ce moment-là. T’as pas le temps d’ajouter quoique ce soit, de réfléchir que t’entres à ton tour dans la voiture. T’attaches alors ta ceinture, fixe les feus ensanglantés les fines gouttes de pluies à travers la vitre. T’as la jambe qui tressaute, les doigts qui pianote sur ton genou lorsque tu lâches subitement à Shin, assassinant par la même occasion le silence qui régnait jusqu’à présent dans l’habitacle sans même le regarder :

- C’est la dernière fois que tu parles de Reira, j’veux plus t’entendre parler d’elle et si tu le refais on va le régler pour de bon le problème.

Et cette fois, tu tournes la tête vers lui et ajoute comme si tu parlais à un gamin :

- T’as compris ?

you know it’s not the same

-- ft haru

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Oui, il ramène tout à lui, Shin, il est narcissique, égocentrique et imbu de lui-même. Et il le sait, ça, Haru, car il l’a toujours été - ou presque. Alors pourquoi joue-t-il les surpris ? Il était censé l’aimer comme ça - il l’avait toujours aimé comme ça, mais désormais tout a changé, et dans l’esprit matrixé par les insécurités du jeune homme, son attitude ce soir ne fait que confirmer ce constat. Incapable de se remettre en question ; se rendre compte que c’est peut-être, et l’on dit bien peut-être, parce qu’il redoute que la personne qu’il aime le plus sur cette Terre l’abandonne comme son père avant lui, qu’il aime mieux tout saborder lui-même, le premier.

Tout casser avant que l’on ne casse le fragile univers dans lequel il évolue.
Garder le contrôle.

C’est sans doute pour ça qu’il lui balance qu’il semble préférer passer du temps avec sa nouvelle copine qu’avec lui. C’est sans doute pour ça qu’il se montre incisif - méchant -, aiguise sur lui la lame qu’il maîtrise le mieux : appuyer là où ça fait mal ; viser au plus juste pour blesser autrui. Car ce sont des semaines de rancœur qui dégueulent ce soir de sa bouche. Ce sont des mois durant lesquels il a refusé de le voir pour plutôt passer ses soirées avec Reira, lorsque quand la jeune femme ne voulait plus lui parler, il était bien content d’avoir son cousin pour combler l’absence. Ce sont des années à le voir lui préférer cette fille, pour les choses les plus insignifiantes et les plus importantes.

Il en a gros sur le cœur, Shin ; une jalousie mal placée contre cette fille qui n’occupe même pas la même place que lui dans le cœur de Haru. Alors il ne contrôle plus vraiment ce qu’il peut dire. Et sans doute est-ce mérité, lorsque le brun lui rétorque qu’il est trop minable pour qu’il ait envie de faire quoi que ce soit avec lui. Forcément, ça fait un coup au cœur, d’entendre de tels mots dans la bouche de celui qu’il n’a toujours cherché qu’à impressionner. Son souffle se couperait presque un instant sous la violence de l’impact, et y a bien un petit « Ah… » qui lui échappe, les sourcils haussés et un sourire faussement amusé en coin, mais il n’a pas le temps d’élaborer davantage que le Uber se gare à proximité, et ils s’immiscent dans l’habitacle.

Leurs ceintures bouclées, un silence de mort s’installe - et ça lui irait très bien, à Shin, si son cousin ne reprenait pas déjà la parole. Il a le ton dur lorsqu’il lui dit qu’il n’a pas intérêt à reparler une seule fois de Reira ; lui parle comme à un sale gosse lorsqu’il lui demande s’il a compris. Et ça le blesse dans son ego, Shin, de l’entendre lui préférer ainsi une fille ; l’entendre lui parler si mal, encore une fois pour celle qui ne lui a déjà que trop pris. Alors, comme toujours lorsqu’il est heurté, il réagit comme il sait le faire de mieux : comme un con. Laisse un sourire s’étirer en coin lorsqu’il lui lâche, avec une nonchalante contrastant follement avec le ton impétueux de son cousin :

- Ah ouais, t’es comme ça maintenant, tu me parles comme de la merde juste pour une meuf ? Wha… j’sais pas qui est le plus minable de nous deux, au final.

Car à ses yeux, il n’y a rien de plus pathétique que de saborder ses frères pour une meuf. Les potes avant les meufs, ça aurait toujours du être comme ça, et il a la lueur de défi dans le regard lorsqu’il lui demande :

- Tu vas faire quoi même, mh ?

Et le sourire s’efface pour céder la place a une expression de dégoût pur lorsqu’il se laisse retomber dans son siège, lui lâche sans détourner le regard :

- Tu sais quoi tu m’as gonflé, retourne faire le bon toutou pour ta connasse, t’es bon qu’à ça de toute façon.

you know it’s not the same

-- ft shin

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Il semble pas comprendre que t’es sérieux Shin quand tu lui dis de ne plus parler de Reira, il n’arrive pas à se mettre dans le crane qu’il n’y a absolument rien de drôle à tout ceci. T’as même pas besoin de tourner la tête pour entendre tout le dédain et la nonchalance qu’il met dans sa réponse, l’aisance qu’il a à te faire passer pour le connard dans cette situation lorsqu’il est celui qui parle mal, celui qui use de stratagème incroyablement sale pour te toucher en plein cœur. Tu le savais méchant parfois Shin, mais jamais avec toi. Tu savais qu’il pouvait être immature et complètement à côté de la plaque quand il s’agit de relation mais pas au point de juger la tienne à ce point-là. Et c’est bien pour ça que t’essaie de le mettre en garde le blond, tu ne veux pas bousiller votre lien si exceptionnel à tes yeux, ne veut pas le regarder comme si tout ce que vous aviez construit en tant que frère n’était finalement qu’une énorme déception.

Tu veux pas choisir entre lui et Reira,
T’as pas à le faire et pourtant il fait tout pour que t’en arrive à ce choix.

Car parait-il que t’es un minable – surement plus qu’il ne l’est lui à défendre ta meuf de cette manière-là. Et à ton tour tu ris Haru, un rire emplis d’amertume, de dédain à son égard.

- Croit moi j’te parle comme ça car tu le mérites qu’importe le sujet, si tu te comportais pas comme une grosse merde Shin ça n’arriverait pas.

T’enfonces un peu plus le couteau dans la plaie, remue bien dans tous les sens pour tenter de le toucher ne serait-ce qu’une seule fois comme lui a pu se le permettre avant que vous n’entriez dans ce taxi de nuit. Toujours sans un regard. C’est plus simple d’être à ce point mauvais en n’ayant pas ses yeux braqués dans les tiens, en ne voyant pas son visage qui indéniablement te rappelleras celui du gamin que t’as toujours tenté de protéger envers et contre tous et en dépit de sa méchanceté rarement mérité. Mais ce soir il est indéfendable Shin, tu ne peux pas faire l’impasse sur ce qu’il a dit. C’est trop sale, trop dégradant. Il aurait pu attaquer sur tout mais pas ça. Y’a trop de souffrance autour de sujet pour que tu fermes les yeux et ne défende pas celle qui a vécu des choses si affreuses avec son ex que ça en impacte toute sa vie.

- Tu veux j’te fasse un dessin ?

Que tu réponds en tournant la tête vers lui, le fixant comme un demeuré. Car il sait très bien de quoi tu parles, sait très bien que cette histoire peut en venir aux mains si il continue à jouer avec tes nerfs comme ça. C’est pas arrivé depuis l’adolescence que vous vous disputiez à ce point-là mais tu sens que ça va arriver, qu’il va pas s’arrêter d’être con Shin. Pas tout de suite en tout cas. C’est même tout le contraire, il ne fait qu’en rajouter, rendre qu’encore plus légitime ton énervement car déjà il recommence, insulte Reira, t’insulte-toi de chien aussi. Et c’est la goutte de trop tu le pousses de toute tes forces en espérant que sa tête rebondie un bon coup contre la vitre de la voiture et lui remette les idées en place une bonne fois pour toute.

- TU VAS FERMER TA PUTAIN DE GUEULE SHIN ? TU JOUES A QUOI CE SOIR ?

T’as envie de le tuer Shin à ce moment-là, tu l’attrapes par le col, déjà prêt à lui en coller une quand la voix du conducteur résonne, te coupe dans ton geste.

- Eh oh tous les deux ça va pas ?! Vous allez finir dehors vos histoires si ça continue OK ?

Alors tu le lâches Shin, défait brusquement ta ceinture et sort de la voiture dès que celle-ci s’arrête à un feu rouge en disant plus pour toi que les deux autres :

- Vasy j’me casse, aller tous vous faire foutre.

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-- ft haru

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Il fulmine, Shin, face à l’ardeur qu’il met à défendre sa petite amie ; face aux mots qu’il peut lui adresser pour sauver l’honneur de cette fille qui n’a jamais fait que le traiter n’importe comment, lui dérober la précieuse attention de son cousin. Il fulmine, et lorsque Haru l’accuse de se comporter comme une grosse merde, c’est un nouveau coup porté dans le cœur. Aveuglé par ses peurs et sa rancœur, il se sent seulement incompris par son cousin. A le sentiment que celui qui a toujours su voir derrière son masque, comprendre les réelles raisons de ses réactions les plus stupides, ne parvient aujourd’hui plus à assembler les pièces du puzzle.

Il le voit juste comme une merde,
Un type minable.
Sourd aux appels à l’aide de celui qui se sent trop aisément abandonné,
Qui le trouve changé.

Et, blessé, le brun ne trouve rien de mieux à faire que de s’enfoncer dans la connerie ; continuer d’assassiner une relation qu’ils s’étaient jurés de maintenir à la vie à la mort. Lui demande ce qu’il compte faire exactement, les dents serrées face au regard fuyant de son cousin – et lorsque ce dernier lui demande s’il veut qu’il lui fasse un dessin, il ne peut que lui rétorquer :

- J’sais pas, si t’avais les couilles de me regarder en face pour me dire tout ça ce serait un bon début déjà.

Car le regard de Shin, lui, ne faiblit pas – il ne baisse les yeux face à personne, quelle que soit la situation, et ce depuis si longtemps –, mais c’est celui de son cousin qui fait défaut. Comme s’il n’assumait pas tout ce qu’il peut lui balancer – et si l’on demandait l’avis de Shin, faudrait juste fermer sa gueule si on n’a même pas le courage de regarder son interlocuteur pour prononcer ces mots. C’est ce qu’il essaie de lui faire comprendre ; l’attaque là où il peut, et ça semble marcher, car un instant plus tard, le brun tourne la tête dans sa direction pour le regarder avec un dédain qu’il ne lui a jamais vu.

C’est lui qui regarde les gens comme des abrutis, d’habitude.
Pas Haru.
Et certainement pas pour le regarder lui.

Et il ne réfléchit même pas pour lui balancer une vérité trop longtemps réprimée ; ne flanche pas lorsqu’il le traite de bon toutou, l’air sûr de lui et de cette opinion qu’il s’est forgée au fil des mois – au fil des années. Alors, ça ne loupe pas. Il a à peine le temps de terminer sa phrase qu’il sent les mains de Haru se poser sur ses épaules, et un instant plus tard, son dos heurte la vitre du véhicule. Violemment. Il lui hurle de la fermer ; vient déjà l’attraper, le rapprochant par le col de sa veste, et il s’humecte les lèvres, la lueur de petit con dans les yeux lorsqu’il lui demande :

- Tu tiens tant que ça à ce qu’on se fasse dégager, crétin ? Réfléchis bien, ta Reira va t’attendre si tu rentres pas maintenant…

Il esquisse une moue de pitié purement feinte, tout dans sa voix hurlant le dégoût – l’alcool le rendant un peu trop transparent, donnant un peu trop de libertés à sa langue déjà trop honnête. Et comme s’il l’avait entendu, le conducteur les met en garde à son tour ; Shin hausse les sourcils en croisant le regard de son cousin, l’air suffisant de celui qui lâche un « j’te l’avais dit ». Il retombe brusquement sur le siège lorsque ce dernier le lâche pour sortir du véhicule, et le plus jeune reste bête un instant, ne sachant que faire. Le suivre, ou sagement rentrer chez lui ? Il sait que s’il le suit, les choses ne pourront que mal tourner – mais il remarque son téléphone abandonné sur le siège, qui a du glisser de sa poche dans la précipitation. Et là encore, il hésite. La tentation de le planter là, sans téléphone pour rentrer chez lui, est grande – pour le faire chier un peu, le punir pour ses choix de vie désastreux –, mais Haru reste son cousin, et il ne peut pas le laisser en galère comme ça. Alors, avec un soupir, il détache sa ceinture à son tour et sort du véhicule avant qu’il ne redémarre, le téléphone à la main, sans une parole pour le chauffeur. Il repère sans mal son cousin, à quelques mètres à peine de là ; le hèle, brandissant le téléphone.

- Eh, Einstein ! T’oublies pas un truc ?

Il joue distraitement avec le cellulaire, le faisant pivoter entre ses doigts, avant de mieux s’en emparer et le déverrouiller, ouvrant les applications à la recherche de quelque chose.

- Alors, on va appeler ta Reira chérie, hein ? J’suppose que t’as envie d’aller ouin ouin que le grand méchant Shin a encore été un connard avec vous ? Putain, si on m’avait dit que tu deviendrais comme ça pour une meuf… J’aurais dû le voir venir, tu l’as toujours fait passer avant tout de toute façon, hein ?

you know it’s not the same

-- ft shin

✩ ○.⋆☽ ⋆.○ ✩

Sauf que t’as pas envie de le regarder, pas envie de lui montrer ô combien t’es blessé par ses paroles et ni combien il te déçoit d’avoir agis comme ça. Car si il lit dans tes yeux Shin, il ne pourra qu’y voir de la haine et de la tristesse. Et qui sait ? Peut-être qu’il utilisera cela contre toi, te dira que t’es une belle tapette à te sentir froissé pour si peu. Alors t’ignores, laisse ton poing se serrer sur ta cuisse, laisse cette même jambe tressautée en suppliant mentalement tous ces dieux auxquels tu ne crois plus de faire taire ton cousin.

Ça te va à toi si le trajet se fait dans le silence,
T’as pas forcément envie que vous en arriviez aux mains.

C’est pas comme ça qu’on vous a éduqué, pas comme ça que vous avez grandis et bâtit votre relation si unique. Et pourtant c’est ce qu’il cherche Shin en rétorquant que t’es que la petite chienne à ta nouvelle meuf, qu’un minable. Et qui sème le vent récolte la tempête. Tu t’en prends alors lui physiquement, le pousse, te délecte de le voir se fracasser contre la vitre. Il semble secoué Shin un bref instant avant qu’il ne reprenne son emblématique gueule de con pour te demander si tu réfléchis parfois, que tu devrais te calmer si tu veux rentrer à l’heure et ne pas contrarier Reira. Son prénom qui tourne en boucle dans sa bouche, te fait voir rouge. T’es prêt à lui coller la golden de sa vie, lui casser le nez ou une dent si tu vises bien mais faut que ce putain de chauffeur s’en mêle, vous fasse la morale et tu ne supportes pas Haru. Tu ne supportes juste plus d’être avec celui que t’es censé considérer comme un frère. Alors tu quittes la voiture dès que c’est possible, insulte tout le monde au passage et tant pis si Shin se prend un avis horrible sur Uber Vice.

A peine sortie de la voiture que tu respires un grand coup, cale tes mains dans les poches de ton pantalon et te met à marcher lentement dans cette rue désertique au beau milieu de la nuit. T’es certain qu’être seul te fera le plus grand bien, calmera les picotements que tu ressens dans le bout de tes doigts ; ton cœur battant et tes pensées virulente. Tu penses enfin avoir le répit mérité quand cette voix nasillarde que tu connais trop bien se fait entendre dans ton dos, te tend sur place. Tu t’arrêtes alors de marcher, tourne mollement la tête vers le blond tout en te mettant à rire amèrement :

- Et après c’est moi le bon toutou ? Ça serait pas toi le p’tit chien finalement ? J’ai failli t’emplâtrer y’a même pas deux minutes et tu me cours après pour un téléphone ?

Un téléphone dont tu n’as pas besoin par ailleurs. C’est de notoriété publique que tu t’en fou d’avoir ton smartphone avec toi, que t’es du genre à l’oublier de partout et le chercher qu’après coup. T’es pas accroché à ça, ne met pas des millions de won dans ces appareils-là. Alors pourquoi il est là Shin si ce n’est pour te faire chier. Car déjà il recommence, te fait pitié à agir tel un gamin en t’inventant des réactions que tu n’auras jamais pour le grand bien de tout le monde.

- Mais tu crois vraiment que même si j’vais la voir j’vais parler de toi … ? Tu crois t’es le centre du monde à ce point ? Tu crois qu’elle prononce ton prénom quand on se voit ? Elle en a rien à foutre de ta vie, elle te supporte depuis toujours juste car t’es dans le paysage mais sans ça… T’es rien Shin. La seule personne qui te donne de l’importance c’est moi comme un con que j’suis.

Et à l’entendre rabâcher encore et encore son prénom t’en viens à t’imaginer tout et n’importe quoi lui demande d’un air dégouté :

- T’es amoureux d’elle ou quoi ? C’est ça ton problème depuis le début ? T’as un comportement de fan là à toujours tout ramener à elle… Même moi j’le fais pas à ce point et pourtan askip j’suis un chien ?

T’hausses alors les épaules, ajoute en le regardant cette fois-ci droit dans les yeux :

- Tu me fais pitié, sérieux.  

you know it’s not the same

-- ft haru

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Il a raison, Haru ; bien sûr qu’il a raison. Sans doute que le plus toutou d’eux deux, c’est bien Shin. Shin et cette fâcheuse manie qu’il a à courir après la moindre preuve d’attention de son cousin ; la moindre marque d’affection. Shin qui le suivait partout, enfant et adolescent, à des âges où il pouvait encore se le permettre sans être rattrapé par l’urgence d’une vie à construire. Shin qui a tout supporté pour lui, de l’irritante Reira à toutes ces fois où il courait vers elle plutôt que vers lui ; où il partageait avec elle plutôt qu’avec lui.

Et aujourd’hui, il est fatigué.
Sûrement tout autant que Haru.

Aujourd’hui, il a fait l’effort de sortir du véhicule pour lui rendre son téléphone ; ne pas le laisser en galère seul dans la nuit, à des kilomètres de chez lui, sans moyen d’appeler un véhicule ou de se repérer sur une application de localisation. Et aujourd’hui, pour cela, Haru le traite de bon toutou. Forcément, ça fait mal. Ça le blesse dans son ego si grand, mais au-delà de ça, il trouve que c’est vraiment un bâtard d’oser retourner ça contre lui. Car forcément, c’est tout de suite un peu moins marrant, quand les gens qu’on aime retournent contre nous les armes qu’on a si légèrement usé contre eux.

- Je te cours pas après ? Je…

Mais pour la première fois, Shin se retrouve à court de mots. Il n’a plus rien à répondre, lui qui a pourtant la langue si bien pendue, et dans son regard toujours si impénétrable, sans doute quelque chose se brise-t-il - une mince fêlure apparaît, qui menace de s’étendre à tout instant, comme ces fissures dans les façades des plus belles maisons qui pourraient s’écrouler au moment où l’on si attend le moins.

Mais il se ressaisit.

Retrouve son costume favori de connard de service, jouant avec son téléphone pour tenter de le provoquer - le pousser à la faute, pour sans doute avoir une bonne raison de le détester, pour de bon. Sans plus de retour en arrière possible. Ça se voit qu’il perd les pédales, Shin, à ses arguments et comportements de moins en moins pertinents, et ça ne pourra pas aller en s’arrangeant lorsque la personne qu’il aime le plus sur cette terre lui assure qu’il n’est rien. C’est littéralement sa pire peur, après l’abandon - n’être rien. Et d’entendre de tels mots dans la voix de Haru achève de le briser un peu plus.

- Ah ouais, moi je suis rien ?, et il s’étoufferait presque avec ces mots, avant de répéter : Moi je suis rien ? Mais t’es qui pour me dire ça, tu t’es regardé un peu ? Moi je fais des trucs, je construis quelque chose plutôt que de bêtement m’apitoyer sur mon sort. J’ai monté une putain d’entreprise qui marche très bien… je doute que tu puisses en dire autant.

Il a le sourire qui se fait mauvais ; des paroles qu’il ne pense même pas, une supériorité qu’il ne ressent même pas - pas avec lui - qui s’échappent de sa bouche. Il veut juste lui rendre les coups qu’il lui donne ; ne pas laisser ses crimes impunis. Et lorsque son cousin l’accuse d’être amoureux de Reira, il écarquille un peu ses yeux brouillés par l’alcool ; part dans un fou rire franc, sûrement le plus sincère depuis le début de cette soirée - depuis des jours que la tension monte.

- Mais t’as craqué ou quoi ?, finit-il par demander, entre deux éclats de rire. Je peux avoir toutes les meufs que je veux mais tu crois que c’est sur ta vieille meuf que je vais me retourner ? C’est toi qui fait pitié à lâcher des dingueries pareilles, t’es complètement malade hein. Réfléchis un peu pour une fois, je sais pas ?

Il baisse alors les yeux vers le téléphone toujours prisonnier de ses mains ; se remémore les paroles prononcés ce soir, à se faire traiter de bon toutou, s’entendre dire qu’il n’est rien. Et il relève alors les yeux vers lui, lâche platement :

- Si tu t’en fous de ce putain de téléphone, écoute.

Et sans plus réfléchir, il explose l’appareil de toutes ses forces contre le mur le plus proche. Il saurait même pas dire pourquoi il a fait ça, Shin - sûrement car il préfère encore détruire ce stupide appareil que le visage de son cousin, en dépit de tout ce qu’il a pu lui dire. Pourtant, il ne se sent toujours pas mieux, alors même que l’écran traversé d’une galaxie d’éclats gît au sol - il a toujours aussi mal au cœur, et la sensation écrasante que rien ne sera jamais plus comme avant.

you know it’s not the same

-- ft shin

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Tu sais que tu viens de le blesser quand il répète tes mots, te demande de confirmer qu’il n’est rien, Shin. Et bien évidemment que tu ne réponds pas à ça, reste stoïque coute que coute pour qu’il interprète comme bon lui semble tes palabres. T’as pas envie de le contredire, pas envie de lui dire que tu ne penses pas un seul de ces mots. Tu pourrais pourtant, tu pourrais faire le choix d’apaiser les tensions et lui dire qu’il est important, qu’il n’a pas à s’inquiéter car il a – et aura toujours une place particulière dans ton cœur. Mais il t’a fait trop de mal ce soir, a agi comme une pourriture et rien que pour ça, tu te montres tout aussi méchant que lui.

Car dans cette guerre il n’est pas le seul à avoir des armes,
T’es tout aussi bien équipé Haru, sait où appuyer pour faire mal.

Et si il croit te faire de la peine en insinuant que tu n’as rien crée, que tu t’apitoies constamment sur ton sort il est loin du compte Shin. T’es même pas un peu piqué par la remarque, ce qui te fait de la peine par contre, c’est que lui te voit comme un minable juste car t’as pas créé une multinationale. T’es en bas de l’échelle quand lui s’approche tout doucement des sommets.

- C’est ça ton bête d’argument et ta façon de penser en générale … ? Que t’as créé une entreprise et que ceux qui l’font pas sont des minables ? C’est cool pour toi hein, très bien même tu te rapproches de plus en plus de ton si incroyable papounet qui t’as jamais donné l’heure. C’était le but toute façon non ?

T’as l’impression qu’il a oublié d’où il vient à la base Shin. Qu’il n’est pas né avec une cuillère en argent dans la bouche comme il l’espérait, qu’il vient d’une famille monoparentale et qu’il a passé les quinze premières années de sa vie collait à un homme qui tenait qu’une simple petite épicerie de quartier. Y’a jamais eu de plan magistrale, d’envie de conquérir le monde entier chez les Seomun. Vous êtes des gens simples, se contentant de cette vie normale qui vous aient réservés et toi ça te convient, t’es pas complexé par ça.

- Les chiens font pas des chats quoi, un connard qui engendre un connard…

Au point ou t’en es Haru, déçu comme tu l’es ce soir t’en viens à te poser des questions dingues, des questions que tu n’aurais jamais pensé poser à Shin. T’en viens à te demander si il n’y aurait pas un truc qui t’aurais échappé durant toutes ces années, si toute cette haine dirigée uniquement vers elle ne serait pas un amour caché qui aurait échappé à ton radar. Et forcément qu’il hurle Shin en t’entendant poser ce genre de question-là, ça le rend d’autant plus fou que tu puisses lui imaginer des sentiments pour cette fille-là. T’hausses alors les épaules, lui répond l’air las :

- T’inquiète pas pour moi, j’réfléchis surement plus que toi. Puis j’pref’ demander hein, ton comportement laisse presque entendre le contraire tellement t’es en boucle en fait… Putain, dire que j’ai presque cru que t’étais humain, que tu pouvais aimer quelqu’un… mais non tu restes un robot fidèle à toi-même… Quel dommage sérieux.

T’es condescendant Haru et surement que c’est les reproches de trop car l’instant d’après ton cousin envoie voltiger ton téléphone contre le mur le plus proche. Tu le fixes alors, interdit. Te met à bouger ta tête nonchalamment de gauche à droite. Il te fait un peu plus pitié encore, ça ne bouge pas.  

- Quel esprit CEO, quel homme … Ton père et j’parle pas de celui qui t’a sorti de ces couilles il serait vraiment fier de toi hein…

Dans les faits tu t’en fous un peu qu’il ait cassé ce téléphone, ça ne vaut rien à tes yeux. T’en a cassé des tonnes depuis l’adolescence et quand tu casses pas, tu les perds donc c’est pas franchement mieux. Mais t’es juste saoulé de toute cette histoire, qu’il puisse t’en vouloir d’être en couple, d’être un peu heureux et égoïste après tout ce que vous avez traversé l’année dernière.

- Tu devrais partir de ton coté Shin, on devrait juste plus se calculer. J’ai pas envie de me battre avec toi et ni de te faire perdre ton temps. Visiblement j’suis plus assez bien pour toi ni de bonne compagnie alors bon… j’imagine que la haute sphère a eu raison de toi.

Amertume qui pointe le bout de son nez, car finalement toi aussi tu peux lui reprocher de ne plus être le même depuis qu’il est parti faire ses études à l’autre bout du monde, qu’il s’est mis à fréquenter le gratin de Busan et de toute la Corée du Sud. Il veut plus de toi comme frère Shin, préférerait surement avoir vécu avec son vrai père ainsi que son vrai frère. Et tes yeux se brouillent de larmes, d’une rage qui rarement a raison de toi quand tu lui hurles dessus :

- Casse-toi… VASY DÉGAGE PUTAIN.

you know it’s not the same

-- ft haru

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Il fulmine, Shin, de voir son cousin retourner contre lui ce qu’il sait être ses pires faiblesses - exactement de la même manière qu’il le faisait lui-même un instant plus tôt. Mais il n’avait pas le droit de mentionner son père. Il n’avait pas le droit, pas lorsqu’il connaît mieux que personne le mépris avec lequel il les a toujours traités lui et sa mère ; il n’avait pas le droit de souligner ça, pas dans sa position.

- C’est facile pour toi qui a toujours eu une petite famille parfaite. Toi t’as pu grandir avec ton petit papa et ta petite maman et tes cinquante-trois frères et sœurs, t’as jamais manqué de quoi que ce soit. Alors t’avise même pas de parler de mon père.

Car il serait sans doute capable de lui en coller une, là tout de suite, s’il s’avisait de rouvrir la bouche, tant il est déçu de l’entendre mettre ce sujet sur le tapis. Ils sont sûrement aussi déçus l’un par l’autre ce soir, finalement. Flammes jumelles jusqu’au bout. Sauf que cet idiot ne comprend pas, ne fait qu’enfoncer le clou lorsqu’il décrète qu’un connard engendre un connard.

Que Shin ne vaut pas mieux que cet homme qu’il méprise plus que tout, finalement.

- Ferme-la putain, grince-t-il entre ses dents. J’te promets que tu veux te la fermer.

Il s’avance déjà d’un pas, ses poings le démangeant, les pupilles ardentes - mais Haru lui demande s’il ne serait pas amoureux de Reira, par hasard, et si sa question est d’une stupidité sans égale, elle aura au moins le mérite d’avoir eu l’intelligence de couper Shin dans son élan. Il s’arrête net ; cligne des yeux, le dévisage sans être sûr d’avoir bien compris, avant de finalement se fendre d’un éclat de rire franc. L’homme colérique est soudain hilare, car c’est juste tellement débile comme accusation - qu’il ne doit pas le connaître si bien qu’il le pensait, pour seulement oser émettre pareille hypothèse. Mais d’après Haru, il avait de réelles raisons de douter ; en profite pour se moquer de lui, le traiter de robot, et c’est bien trop franchement qu’il lui rétorque :

- Je préfère être un robot que de chialer tous les deux jours pour une meuf qui en a rien à foutre de moi et de quand même lui courir après, mais ça ça regarde que moi.

Et un sourire mauvais se dessine lorsqu’il ajoute :

- Après si tu tiens tant que ça à croire que je l’aime et que j’ai un cœur j’peux la baiser hein, on peut toujours s’arranger.

C’est l’escalade entre les deux frères ; de ces conversations qui ne peuvent que mal se finir, où chacun est aveuglé par sa propre connerie, et l’obsession maladive de blesser l’autre aussi fort qu’il nous a fait mal.

Et pourtant, il ne s’arrête pas.
Car ils sont si bien partis ;
Que tout semble déjà anéanti, sans retour en arrière possible.

Et l’instant d’après, ses mains tremblantes de colère contenue viennent exploser le téléphone contre le mur. Car il paraît que Haru s’en fiche ; que ça fait de lui un bon toutou, de ne pas avoir souhaité le laisser en galère. Et qu’il préfère ruiner un appareil de merde que le joli visage de son cousin, aussi détestable se révèle-t-il ce soir.

Il regrette immédiatement sa clémence, dès lors que Haru ose mentionner leur père décédé. Et il déglutit difficilement ; lui crache, l’air très sûr de lui :

- Car tu crois qu’il serait fier de toi ?

Et Haru, il l’invite à partir ; à ce qu’ils ne se calculent plus - et juste comme ça, ce sont toutes ses pires craintes qui se concrétisent à ses oreilles. De perdre son frère ; qu’il l’abandonne, lorsqu’il s’est toujours raccroché à lui, avant même d’être en âge de formuler son prénom. C’est le sol qu’il sent se dérober sous ses pieds ; la tête qui lui tourne un peu, et le cœur arraché, et pourtant, il ne sait même pas comment, il parvient à sortir un éclat de rire. Cynique. Dégoulinant d’amertume.

- Ah ben oui, inverse les rôles Haru, c’est bien, tu sais faire que ça de toute façon. Tu me trouves minable, tu dois carrément te forcer pour passer une soirée avec moi tellement tu préférerais avec ta naine mais c’est moi qui veut plus traîner avec toi ? Me prends pas pour un con.

Y a plus une once de rire dans sa voix sur ces derniers mots, alors même qu’il s’avance vers lui, la gorge nouée ; et sûrement que c’était la dernière chose à faire, car déjà Haru lui hurle de dégager.

Sa voix rauque résonne dans le silence de la nuit,
Et il se fige, le visage à un souffle du sien.
Ses yeux perçants rivés sur ses traits,
A décrypter son expression déformée par la colère.

Il sait qu’il devrait partir, Shin, et pourtant il ne peut s’y résoudre - car il a tellement redouté qu’un jour Haru le chasse que ce serait un peu trop dur pour lui de céder ainsi. Et il tremble un peu de colère - à moins que ce soit autre chose - lorsqu’il lui souffle sans joie :

- Je réitère, mais… tu crois qu'il serait fier de toi en te voyant comme ça ?

A me hurler de dégager, lorsqu’il nous a toujours répété que nous étions frères ; que la famille, ce serait la dernière chose sur laquelle on pourrait compter si tout devait s’effondrer.

you know it’s not the same

-- ft shin

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Et plus il te menace Shin, plus t’as envie d’aller loin dans la confrontation. T’as alors aucune limite Haru, c’est des flammes qui dansent dans la lueur de tes yeux, des jets acides qui sortent d’entre tes lippes. Un brasier qui ne fait que prendre en ampleur au fil des minutes, des conversations qui s’enchainent et ne font qu’être un peu plus décevante. Tu ne le vois plus comme ton frère à ce moment-là le blond mais bel et bien comme un ennemi. Ton pire ennemi, surement. Car lui seul sait ce qui te touche, sait où appuyer pour te faire du mal.

C’est dans le pire qu’il excelle Shin,
A le don de faire sortir le plus mauvais en toi.

T’es à un rien de lui sauter dessus, le frapper jusqu’à qu’il te supplie d’arrêter Shin. Jusqu’à qu’il propose de s’occuper de Reira, lui faire le taf si c’est ce que t’attends de lui. T’hausses alors un sourcil, le regarde comme le moins que rien qu’il est aujourd’hui, silencieux un instant et lui répond d’une façon qui en dit long sur ce que tu penses en ricanant :

- Mais même dans ton rêve le plus fou elle te veut pas Reira, tu peux tenter si tu veux mais fait gaffe de pas blesser ton égo déjà fragilisé par ses soins hein …

Epaules que tu hausses, l’air de dire j’dis ça, j’dis rien. Car tu le sais qu’il est jaloux d’elle Shin, jaloux jusqu’à la moelle qu’elle réussisse depuis toujours à grappiller de ton attention quand lui rêverait que tu ne vives et respire uniquement rien que pour lui. Mais la vie c’est pas comme ça, si ce caprice tu le tolérais lorsqu’il avait neuf ans, à vingt-six ans ça devient dramatique et totalement risible. Un peu comme quand il se permet de s’en prendre à ce pauvre portable, te hurle dessus et te menace. Alors tu lui dis qu’il te fait pitié, que votre père serait vraiment déçu de le voir agir de cette manière-là avec toi. Et tu vois l’ombre passé dans son regard, un éclat de tristesse le transpercé. T’as réussi à toucher son cœur de pierre. Sauf qu’il répond Shin, comme un coup de boomerang il t’envoie à la face que toi non plus t’as rien qui pourrait le rendre fière. Et comme lui, tu te tais un instant. Car tu le sais qu’au fond, de vous deux celui qu’a le plus rendu fière appa de son vivant c’est lui. Toi, t’as toujours été à côté de la plaque, loin des grandes ambitions et des rêves qu’avait ton père pour toi. Même reprendre son épicerie s’avère compliquer. Et forcément que ça te prend à la gorge de te rendre compte que t’es pas une fierté, que tu ne le seras jamais qu’importe ce que tu fais. Tu te mets à tout mélanger Haru, le supplie de s’en aller avant que ça ne dégénère. Car tu sens les fourmillements dans tes mains, sent que t’es à un rien de t’en prendre physiquement à lui à qui semble tout réussir dorénavant. Il a un travail qui rend fière, tente de se rapprocher de cette famille qu’il a tant hait plus jeune. T’es plus qu’un bon à rien toi, tu ne lui sers plus du tout.

- Ouais j’suis le vilain de l’histoire et toi t’as dit que des trucs bien sur moi, t’as absolument pas juger ma vie toute entière que ce soit mon couple ou mon boulot… qu’est-ce qu’j’dis putain, j’suis un branleur c’est vrai !

Toi aussi tu ris amèrement, les larmes à un rien de couler – à un rien de souiller tes joues, t’arracher le dernier brin de fierté qu’il te reste. Comme si il ne voyait pas le mal qu’il te fait et a pu te faire tout le long de cette fin de soirée abominable – infernale, même. T’arrête alors de serrer le poing, te ramollis soudainement épuisé par cette guerre trop longue qui t’auras arraché en un millier de morceau le cœur.

- Non il le serait pas t’as raison mais bon j’pense que d’où il est il voit rien… Moi par contre j’suis vivant et c’est moi qu’est déçu en vrai.

Et c’est surement pire en réalité, c’est la mort dans l’âme que t’ajoutes :

- J’veux plus te voir pour le moment, j’en ai trop marre. J’suis fatigué de toujours t’entendre critiquer ce que je fais, la fille que j’apprécie… Rentre chez toi, fait ta vie et j’fais la mienne de mon côté si mes choix et tout ce que j’entreprends ça t’hérisse le poil… c’est mieux j’crois.

Un dernier regard que tu lui jettes avant de tourner les talons, ne pouvant pas soutenir son regard une seconde de plus. Car tu finirais par t’excuser, finirais par pleurer de voir ton cousin si triste et déçu de toi. Sauf que t’as envie qu’il comprenne Shin, arrête d’agir comme si ses mots n’avaient jamais aucunes conséquences.