le déshonneur avant la mort
-- ft haru
✩ ○.⋆☽ ⋆.○ ✩Son cousin essaie de s’accorder ses faveurs, obtenir de lui qu’il paie pour leur futur séjour parisien, et à ces mots, Shin ne peut que le traiter de
michto. Car ce n’est pas la première fois qu’il se comporte ainsi, Haru ; que bien souvent, lorsqu’ils sortaient le soir – à une époque où sa pouffe et son roquet n’avaient pas déjà fait de lui un pépé avant l’âge –, il lui demandait de payer la course de Uber. Et si c’est loin de déranger Shin – avec quelqu’un d’autre, cela aurait pu l’irriter, mais son frère pourrait lui demander la lune qu’il s’acharnerait à la lui présenter sur un plateau d’argent –, il profite néanmoins de la légère supériorité que cela lui octroie pour le taquiner. Pourtant, Haru hausse déjà les épaules, rétorque qu’il n’aura rien à payer puisque c’est lui qui va s’occuper du voyage. Il semble déjà s’y projeter ; parle d’auberge de jeunesse, de cohabitation avec une poignée d’inconnus.
De parfaits étrangers,
Des
gueux,
Prompts à toutes les intentions,
Certainement
insupportables à vivre au quotidien.
Peu à peu, une moue de dégoût profond imprègne ses traits à la seule idée de partager son espace vital avec des inconnus – devoir
partager son cousin avec des personnes supplémentaires, lorsqu’il a déjà l’impression de ne pas le voir autant qu’il le mérite. Il se renfonce un peu dans le canapé ; perd de son éclat, se fane à cette possibilité seulement évoquée, et finit par lui répondre dans un souffle agonisant :
- Tu veux me tuer, sale chien… Je paie, c’est bon, hors de question que tu m’embarques dans tes goûts de saltimbanque.Heureusement, la conversation ne tarde pas à faire d’elle-même office de diversion, et lorsqu’ils évoquent les destinations qu’ils aimeraient découvrir, Haru avoue préférer visiter des grandes villes que des îles en compagnie de son cousin. Ce dernier l’interroge alors à ce sujet, curieux, sans trop comprendre ce qui motive cette décision – qu’est-ce qui fait que son esprit ne parvient pas à les projeter ensemble dans ces décisions paradisiaques, où le temps s’arrête, à profiter du bord de mer comme ils se chamaillaient sur la plage tout au long de leur enfance ? Haru lui explique alors qu’il les verrait simplement plus s’amuser dans une destination vivante, où l’on a pas le temps de s’arrêter, mais lorsqu’il ajoute qu’ils peuvent également épouser un lieu de vacances plus calme s’il le souhaite, il se contente de hausser les épaules.
- Ouais, pourquoi pas ? Ça peut être cool aussi.Tant que je suis avec toi, tout me va. Enfin, peut-être pas ces affreuses auberges de jeunesse dont il parlait plus tôt – faut pas pousser, non plus. Puis Haru lui avoue qu’il lui a manqué, et Shin étant Shin, il ne peut s’empêcher de faire l’intéressant ; lui répondre qu’il est trop
indispensable pour qu’on espère seulement pouvoir se passer de lui, et qu’il n’avait qu’à lui envoyer un message, s’il lui manquait tant que ça.
Ce à quoi Haru répond que c’était la paix de Dieu,
Et à ces mots, il le fixe, interdit,
Outré,
S’appuie déjà sur le canapé pour se relever,
Prêt à claquer la porte derrière lui.
Mais Haru le connaît trop bien. Haru semble lire tout ça, à la seule manière dont sa main s’enfonce dans le coussin du canapé, précise en riant qu’il plaisantait seulement. Rencontre le regard assassin de Shin, qui se contente de lui rétorquer en se rasseyant, avec toute la mauvaise grâce du monde :
- Hahaha, très drôle.Et son cousin est loin de mériter les mots qui vont suivre ; pourtant, bien malgré lui, Shin finit par lui avouer que lui aussi lui a manqué. Voit un sourire se peindre sur ce visage qu’il aime un peu trop – le plus important dans sa vie, avant les meufs, avant même sa mère qu’il chérit tant. Et il lui tend son long petit doigt lorsqu’il lui demande de lui promettre que jamais plus ils ne se redisputeront ainsi ; il le considère un instant, l’envie de rire au bord des lèvres face au ridicule de ces promesses d’enfants, et pourtant il finit par crocheter son propre doigt, bien plus court, au sien.
- Promis.Sans trop savoir s’ils parviendront à honorer ce serment, mais le souhaiter de toutes ses forces, en espérant que cela soit suffisant.
- Par contre m’oublie plus, me néglige plus pour une autre si tu veux qu’on puisse le tenir.Il lève un index menaçant dans sa direction, l’air de rigoler un peu – lorsque Haru doit le savoir, son cousin est on ne peut plus
sérieux. Et enterrant derrière eux les mauvais souvenirs du conflit, ils se remettent à manger ; se remémorent le passé, parlent déjà de ce voyage à Paris qu’ils feront à la fin de l’été. Pour mieux se lier ; renouer plus solidement que jamais les liens ébréchés par le poison de leur dispute.