ootd - Cela faisait une semaine qu’il était rentré. Le temps était propice à la saison estivale et l’avait accueilli avec douceur. On l’avait récupéré à l’aéroport et il avait posé ses affaires dans une chambre d’ami en attendant de se trouver un logement. Il avait de la chance d’avoir cette facilité à se lier avec d’autres personnes de par sa sociabilité authentique et il n’avait eu aucun mal à trouver un pied-à-terre. Il avait rendu les clefs de son studio en repartant, il avait préféré parce qu’il n’avait pas su s’il reviendrait. Ici, à Busan. Où la vie continuait, où son existence prenait des tangentes incontrôlées et où il avait délaissé son unique étoilée guide - et comme l’inverse restait vrai. Mais ses pas l’avaient ramené jusqu’ici et cela n’était que pour une raison. Il n’était pas persuadé avoir fait les meilleurs choix, il en avait fait et il avait simplement essayé d’être plus honnête envers lui-même. Il avait assez tourné en boucle ; le revoilà Busan.
On l’avait invité à une soirée, il n’avait pas pris le temps de se poser depuis son arrivée alors il n’avait pas décliné. Il ne savait pas s’il resterait, il avait pris ses dispositions et avait réfléchi à plusieurs décisions à prendre. Il avait écumé les recherches de logements, il s’était dit que quoi qu’il puisse arriver, au final, il reviendrait toujours à ses origines. Quelles qu’elles soient parce qu’il n’avait pas appris qui il était ces dernières années et il n’avait pas non-plus cherché. Il estimait qu’à ce jour il était ce qu’il était devenu par ses propres moyens. Il s’était forgé seul, avec l’aide de son entourage, d’année en année et que le passé devait rester derrière lui. On l’avait abandonné, il avait fui lui aussi, cependant, à quoi est-ce que ça lui servirait de ruminer ses erreurs ? Ce n’était pas ce qu’elle aurait voulu, sa soeur de coeur, elle aurait aimé qu’il puisse continuellement s’élever alors il s’élèverait. Il avait les moyens de louer un studio et de repartir en le gardant, il avait cherché et avait revu ces êtres chers à son coeur. Excepté une, parce que c’était dur.
Toutefois, il ne fut pas surpris en le voyant à cette table au restaurant. Il était arrivé en dernier, il avait eu à faire avant devenir. Des exclamations fusèrent parmi ceux qui le connaissaient tandis qu’il se présentait aux autres. À cet inconnu à ses côtés, à cet homme qui visiblement représentait un futur esquissé. Il ne dit rien, se retrouva à s’installer face à lui et n’eut pas le temps de lui demander comment il allait que sa voisine de table engagea la conversation. C’était déconcertant, il ne savait pas comment agir. Il se fit respectueux, sourit et rit, bien qu’elle ne soit pas très intéressante. Oui, il était le fameux Selyan, celui parti en mission parce qu’il était militaire. En parler ? Quelle indélicatesse. Il eut un rire nerveux de ses doigts tremblants qui tenaient ses baguettes.
Et il s’éclipsa, il aspira l’air frais chaleureux de ses heures tardives. Il enfouit les mains dans ses poches et ferma les yeux. Ce n’était pas un métier facile, les indésirables curieux devraient savoir bien se tenir. C’était à lui d’en parler s’il le souhaitait. Il les rouvrit et se tourna vers Reoh parce que ça ne pouvait n’être que lui.

« Salut, Reoh, sourit-il, comment vas-tu ? »

J’ai espéré et je n’aurais pas dû. Il lui avait manqué, sa présence apaisante, sa beauté magnificence. Tout. Il n’avait pas su être à sa hauteur, il l’avait blessé et il avait l’impression de continuer. Il soutenait son regard, de ses prunelles non singulières qui connaissaient la méthode pour le sonder et savoir que sans lui il ne vivait pas assez.

@khan reoh

Will you tell me about you? Baby what you wanna do now will you let me know about you? Like the seasons change you just have to accept it we will be fine. - - @jong selyan

ootd,, Invitation acceptée, les prunelles observant tous les invités. Reoh sourit, la main posée sur la jambe de son petit ami ; sous la table, à l’abri des regards. La plupart savent qu’ils sont ensemble, qu’ils ne sont pas de simples amis, mais Reoh n’a pas envie de s’afficher, il préfère être discret. Il a changé durant cette dernière année – les douleurs ont fini par le forger. Alors il acquiesce du visage quand on le salue, répond à son tour, se relève, se courbe un peu. Certaines de ces personnes sont des connaissances à lui, d’autres en sont de son compagnon. Ce n’est pas la première fois qu’ils se retrouvent ensemble pour discuter, partager un bout de soirée. Seulement, Reoh ne s’attendait pas à croiser la silhouette évanescente de Selyan. Selyan qui arrive en dernier, que tout le monde adule, applaudit presque. Selyan est rentré de mission, n’échange qu’un bref regard avec lui avant d’être happé par la foule. Reoh s’est raidi sur sa chaise, son petit ami s’est penché vers lui pour lui demander si tout allait bien. Non, mais je vais faire comme si c’était le cas. Comme depuis ces longs mois où il n’a eu de cesse d’espérer ; mais espérer quoi ? A présent que Selyan est matérialisé devant lui, Reoh ne parvient plus à respirer. Manger requiert un effort surhumain. Il aimerait s’enfuir à toutes jambes, ne pas se retourner. Il sait qu’il ne peut pas. Qu’il doit supporter ces longues minutes à regarder à la dérobée la carrure de cet homme qu’il n’a jamais oublié. Premier et unique amour. Pour lui, il est devenu fou. Pour lui, il s’est ancré dans des situations dont il a aujourd’hui particulièrement honte. Et tout ça pour quoi ? Dis-le-moi, Selyan ; tout ça pour quoi ? Pour avoir vu sa présence s’amenuiser, le laisser à sa suite et qu’il ait tout à (re)construire. Alors s’il tremble, Selyan, c’est aussi le cas de Reoh. Les raisons sont différentes néanmoins. Il suffoque dans ses vêtements, ne parvient qu’à grignoter quelques mets, se raccrochant aux sourires et aux regards de son petit ami. Mais il sait depuis longtemps que Junseo ne l’a pas sauvé. A ses côtés, Reoh ne se sent pas légitime. Il mérite mieux. Et pourtant il s’agrippe à lui avec insistance, par peur d’être à nouveau seul, par peur de ne pas être le premier choix. La main de Reoh est moite, s’échappe pour revenir vers lui, l’essuyer à sa serviette et voir Selyan s’éclipser. Il dit qu’il revient, lui aussi. Il a besoin de prendre l’air et son oxygène l’attend à quelques mètres à peine. A chaque pas qui le ramène à lui, Reoh a l’impression que ses jambes s’enfoncent dans l'ouate. Les bruits, les conversations, résonnent dans son crâne, assaillent ses pensées sans jamais les atteindre. — Je vais bien. Mais tu sais déjà combien je suis un piètre menteur. Le silence l’étreint tandis qu’il laisse sa silhouette être soutenue par le mur dans son dos. Il aimerait se recroqueviller sur lui-même, effacer tout ça. Il reste droit. — Depuis quand es-tu revenu ? Cela n’est pas un reproche. Reoh a seulement besoin de savoir depuis combien de temps. Et de cette candeur dont il ne s’est jamais départi, le jeune homme se permet de remarquer qu’ils sont plus ou moins habillés de la même manière.

ootd - Reoh avait et était devenu une évidence pour lui. Ils s’étaient trouvés tous les deux au détour d’un chemin escarpé et ils avaient foncé dans les obstacles la tête basse sans faillir alors qu’ils auraient dû. Ils s’étaient enlisés tous seuls dans les pièges, ils avaient crié et pleuré et ils avaient fini par y arriver. À un semblant de tranquillité, répit qu’on leur accordait jusqu’à ce que Reoh tombe sur sa lettre de mission. Et ça avait recommencé. Le problème était qu’il ne pouvait lui tenir des promesses belles à souhait, à Reoh, parce qu’il ne le tiendrait pas. Il n’était pas amoureux de lui, il n’avait ressenti de sentiments envers personne parce qu’il n’avait le besoin que de rechercher une attache. On ne lui avait pas appris comment faire, il n’avait peut-être pas besoin de notice, néanmoins il ne s’en sentait pas le courage. Aimer, c’était braver le courant à contresens et il en serait incapable. Il n’avait pas réussi et il avait blessé une fois de plus l’être le plus cher à ses yeux. Il s’en voulait, bien sûr, il ne souhaitait que son bonheur, cependant ça se devait d’aller dans les deux sens.
Regrettes-tu de ne pas avoir écouté une nouvelle fois la personne qui t’a supplié de rester ? Les regrets, ou les remords, ne lui apporteraient rien. Il était parti parce qu’il savait que c’était sa vocation. Il y avait assez de personnel médical sur place pour soigner les âmes en peine, lui irait aider les délogés, les plus démunis et les plus braves. Ça l’aidait à maintenir d’une certaine manière la paix à l’intérieur de lui, bien que des fois les échecs en mission se succédaient et qu’on y ramenait plus de tempêtes que d’apaisement au sein des communautés en désunion. La guerre ne cesserait pas, le monde se fourvoyait en conflits de désillusions et c’était les meilleurs qui partaient les premiers.
Dans le regard de Reoh il aimerait y lire autre chose que cette tristesse immuable. Leurs routes se recroissaient et ils se tenaient tous les deux face à face comme s’ils avaient longuement attendu cet instant. Es-tu toujours la tête dans les étoiles, Reoh ? Il essaya de paraître naturel, de demander comment il allait comme il l’aurait fait avec une autre personne mais son ancien petit-ami était tout sauf un être banal de son existence erronée.

« Une semaine, dit-il, Je cherche un logement parce que je vais rester un peu ici. Je ne sais pas encore combien de temps. »

Il était beau, Reoh, dans ses vêtements. Il dégageait cette aura particulière qui l’avait toujours attiré, elle réveillait en lui des souvenirs. Les premières nuits et leurs effluves mélangées lors des nuits infinies étoilées.

« Et toi ? Tu travailles je suppose maintenant, lança-t-il, Continues-tu à prendre soin des éternelles ? »

Il désigna le ciel et se remit à sourire. Il espérait lui décrocher un sourire, il avait l’impression que ce serait difficile. Il ne détachait pas son regard du sien, s’en abreuvait parce qu’il lui avait manqué. Terriblement avec douceur.

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ootd,, Combien de temps ? Combien de fois ? s’est-il retourné, le cœur battant, en pensant que sa silhouette serait venue le chercher. Durant toute cette période où Selyan est parti poursuivre sa mission, Reoh a dû tout recommencer. Le myocarde fracassé, le souffle coupé. L’unique désir qu’il a toujours porté en lui aurait été qu’ils soient ensemble, ensemble à jamais. Mais il a compris, aussi, que Selyan est incapable de lui apporter tout ce qu’il aimerait. Alors il a pleuré, il a vidé toutes les larmes de son être pour finir par lever à nouveau le visage vers ce ciel étoilé qui l’aide tant. Il a demandé conseil à Leah, l’a interrogé sur ce qu’il devait faire : l’attendre, ou réapprendre à vivre. Il s’est dit que Selyan a continué son chemin, qu’à son tour, il avait le droit d’en faire autant. Et puis, avec tendresse, Junseo est entré dans sa vie, l’a apprivoisé à mesure des semaines, des mois. Reoh s’est attaché à lui, à cet amour qu’il lui donne plus qu’il sait que lui-même ne le fera jamais. Dans ses poches, ses mains se sont refermées en deux poings. Toutefois, face à cet homme qui le met dans des états innommables, Reoh refuse de lui dévoiler cette douleur au creux de son âme. Il ne se mettra pas à nu. Il ne l’a que trop fait pour s’effondrer par la suite. Alors il lui dit que ça va, il lui demande depuis quand il est là et la réponse est dure mais bien réelle. Ils ne sont plus que des souvenirs. L’astrophysicien n’ajoute rien, se contente de l’observer sous le clair de lune ; se dire qu’il l’aime tellement que ça fait mal. Il est encore plus beau avec cette expérience qu’il a prise, toutes les choses qu’il a vues, là-bas, à des kilomètres de lui. — Il n’y a qu’elles qui demeurent semblables et inébranlables. Je travaille au planétarium. Il aurait voulu se montrer plus doux, moins cassant. Reoh a seulement cette boule dans la gorge qui l’empêche de parler plus sereinement. Il est effrayé des émotions que Selyan suscite chez lui et se rappelle avec effervescence de ce dont il a été capable par amour pour lui. Qu’en est-il aujourd’hui ? Reoh a l’impression d’être une entité vide face à la silhouette de son ancien petit ami. Il craint de sombrer si vite alors c’est ainsi qu’il se protège, en créant une distance physique, en évitant de trop en dire. Mais à quoi est-ce que cela rime vraiment ? Je suis toujours fou de toi, Selyan. Je te déteste pour cette dépendance que j’ai de toi. Il déglutit, détourne le regard et se demande pourquoi il l’a suivi dehors. — Selyan… est-ce que tu as pensé à moi ? Est-ce que tu as pensé à nous ? Parfois. Juste une fois. Reoh est mal à l’aise, se sent coupable et c’est pour cette raison qu’il n’a pas parlé très fort. Il ne veut pas que Junseo les entende. Parce qu’il a fini par s’avancer un peu, d’un pas ou deux, agripper les effluves de son interlocuteur qui s’égarent jusqu’à lui sous la brise fraîche. Je ne te demanderais pas si je t’ai manqué car sinon, tu me l’aurais dit avant de t’en aller – que j’allais te manquer.

ootd - Il était parti en sachant ce qu’il laissait derrière lui. Une nouvelle fois. Il en avait eu conscience et il avait quitté le pays afin de servir sa patrie. Bien sûr qu’il y avait de la place pour lui dans les hôpitaux, il le savait, on avait, cependant, besoin plus de lui ailleurs. De ses compétences et de son intelligence parce qu’il avait fini d’arrêter de nier, nier le fait que son quotient intellectuel était plus élevé que la moyenne. Sauf que cette même clairvoyance n’était qu’un atout supplémentaire comme un bagage ajouté à sa liste à ses talents et elle n’était pas à même de sauver le monde entier. Non, ce n’était pas son but ultime que d’espérer voir chaque être sur cette planète être assez apaisé pour vivre, toutefois, il avait comme objectif de voir s’en relever assez. Il n’était qu’un pion sur l’échiquier et même haut gradé, il ne serait pas celui qui contribuerait à rendre ce monde meilleur parce qu’il ne le serait jamais. Ce monde était fichu à l’envers et le resterait, on ne pouvait que s’attendre à voir que les dégâts aimablement réparés le restent le plus longtemps possible.
Et il avait essayé de le lui expliquer, à Reoh. Il lui avait tenu des arguments plausibles jusqu’à ce qu’ils s’avèrent amers dans sa bouche. Il l’avait vu ne pas comprendre, la même scène s’était réitéré sous ses yeux et il s’était mis à avoir peur. Reoh n’oserait pas… si ? Pour cette fois où il avait cru enfin trouver sa voie, il s’était remis à douter sans que cela ne l’en empêche de partir. Il connaissait Reoh, il savait que quel qu’aurait pu être sa décision il lui en aurait voulu. Il lui en aurait voulu d’être resté pour lui sans l’aimer et cela aurait été infini alors autant couper court. Être égoïste en connaissant les risques des deux côtés. N’était-il pas revenu sain et sauf ? Le myocarde meurtri des incessants combats à en couper le souffle dans les autres pays, les querelles sans pitié et sans aucune logique car on en venait à se demander si à toute fin on ne cherchait pas juste à se faire comprendre. Et ça ne fonctionnait pas. Il avait eu mal, néanmoins, c’était ses pensées envers Reoh qui lui avait toujours permis de ne pas sombrer. Quelque part, là-bas, en Corée du Sud, quelqu’un était amoureux de ce qu’il représentait.
Une étoile brisée. Oui, il n’y avait que les étoiles qui s’obstinaient face au changement. Quelle chance. Il enfouit les mains dans ses poches et releva ses iris vers les astres nocturnes.

« Bien sûr que j’y ai pensé, répondit-il, Mais je suppose que je ne suis plus réellement en droit de continuer à y penser, retrouva-t-il la douceur de son regard, Ça a l’air d’être quelqu’un de bien. »

Tu as eu raison. Quelqu’un qui savait éprouver des sentiments et qui en ressentait. Il ne lui désirait que du bonheur et cela ferait le sien. Il n’avait besoin de plus, il avait toujours marché comme ça Selyan.

« J’ai vu des paysages incroyablement beaux, tu sais, lui raconta-t-il, Avec des cieux remplies d’étoiles. Je n’y avais jamais prêté grande attention quand j’étais parti faire mon service militaire. Là, se remit-il à sourire malgré lui, c’était différent et elles m’ont paru magnifiques. »

Bien que pas autant de celles peuplant tes prunelles. Il se tut et s’étira les bras. Était-ce une bonne idée qu’ils parlent, ici, seuls, tous les deux ? Tous à l’intérieur savait ce qui s’était passé entre eux, ils n’avaient pu le cacher une fois qu’ils s’étaient mis à sortir ensemble. Ils connaissaient aussi la fin et lui ? Il ne souhaitait pas s’immiscer et créer des désaccords. Il lui avait fait assez de mal, à Reoh.

@khan reoh

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ootd,, Reoh ne sait pas pour quelle raison en particulier il pose cette question. Il n’aurait pas dû. Il s’en mord les doigts dès l’instant où elle franchit la barrière de ses lèvres. Mais c’est trop tard, il ne peut pas faire marche arrière. Il assume cette interrogation ; ce besoin insatiable de savoir si leur histoire a eu une quelconque importance pour Selyan. Parce que parfois, il a l’impression que ce n’est pas le cas – et c’est égoïste de sa part. Selyan ne l’a jamais aimé comme il l’entend lui, et après ? Il déglutit et l’observe, la tête levée vers les astres qu’il chérit depuis tant d’années. Reoh a serré ses doigts au creux de ses paumes, sent ses ongles s’enfoncer et meurtrir sa chair. Selyan lui dit oui, il lui avoue telle une évidence, avant d’ajouter que Junseo a l’air d’être quelqu’un de bien. — Au moins, lui, il est là. Un reproche, froid et glacé. Reoh se hait de parler encore de cette manière. Il n’est plus un enfant, du haut de ses vingt-six ans… et pourtant c’est plus fort que lui. Il a envie de lui hurler son bonheur à la figure, lui montrer qu’il est passé à autre chose et que son petit ami le comble chaque jour. Mais Reoh se contente de tourner les yeux, parce qu’il sait que tout ça est faux. Si Selyan n’aime pas Reoh comme ça, Reoh, lui, n’aime pas Junseo comme ça. C’est ce qui le rend fou car son amant est le plus doux et respectueux envers lui. Reoh est un être exécrable qui attire néanmoins la tendresse à son égard. Il ne la mérite pas. Selyan a eu raison de l’abandonner. Il recule autant qu’il a avancé. Ses mains se glissent dans les poches de son pantalon et il l’écoute encore, se demande s’il ne ferait pas mieux de retourner à l’intérieur. De s’enfuir. Après tout, c’est ce qu’ils savent faire de mieux, tous les deux. A la place, il se plonge dans les souvenirs que lui partage son interlocuteur sans pouvoir jamais faire partie de ce paysage. — Les étoiles ne mentent pas. Je crois au fait qu’elles brillent pour montrer la voie à quelqu’un, montrer un chemin sombre qu’il faut emprunter. Que t'ont-elles indiqué, Selyan ? Il aimerait tendre le bras et le toucher. Il voudrait, Reoh, se rappeler de ces soirées où ils se sont embrassés, où ils ont commencé à vivre sans se soucier plus de tout ce que le monde offrait, où il a cru être aimé pour de vrai même si ce n’était pas parfait. Rien ne l’est jamais. Doit-il aujourd’hui se contenter de cette relation qui, aussi saine soit-elle, ne le fait pas vibrer ? — Junseo m’a demandé d’habiter avec lui il y a plusieurs semaines, mais je lui ai dit que je n’étais pas encore prêt… Il ignore pourquoi il parle de cela tout à coup. Qu’est-ce qui ne va pas chez moi ? Il n’attend plus rien de la part de Selyan… à moins que si ? Reoh soupire, secoue la tête et balaie quelques mèches brunes. — Je devrais peut-être y retourner, il va s’inquiéter. Est-ce là tout ce qu’il reste de notre histoire ?

ootd - Il aimerait aimer comme les autres en ressentaient le pressent besoin. Il supposait que cela était une sensation grisante, s’étalant en des myriades d’émotions toutes plus inaccoutumées les unes aux autres. Chaque jour était un défi et on s’en ressourçait quand cela ne s’avérait pas être mauvais. Même quand cela l’était, après tout, il y en avait qui n’en avaient cure. Reoh n’en était pas l’unique exemple d’une certaine manière, il était tombé amoureux de lui en sachant pertinemment que ses sentiments ne seront pas réciproques. Selyan aurait beau essayé d’en éprouver, ce n’était pas comme ça que ça marchait. C’était différent, pour lui, il s’agissait d’attaches et cela suffisait. Pourtant, il désirait ressentir lui aussi ce besoin d’aspirer à revenir vers cette personne chère et lui avouer qu’elle lui avait manqué. Qu’il avait pensé à elle tout au long de ses journées et qu’il aurait pu, au final, concéder à changer de lieu de carrière.
Mais il n’était pas comme ça. Coeur piétiné en mille morceaux par ses géniteurs, il avait perdu le fil que chacun enfant orphelin finissait par rattraper et il n’en était venu qu’à créer des liens inéchangeables. Amicales, amitié débordante, affection prenante et il en donnerait autant qu’on ne puisse lui offrir. Cela n’aurait pas dû n’être qu’assez envers Reoh à qui il avait fini par se réserver exclusivement ? Il ne lui répondit rien, il accusa le coup avec ce voile accroché à ses prunelles épuisées. J’aurais mieux fait de disparaître complètement de ta vie au lieu que tu ne redeviennes ce que tu hais tant. Il continua d’observer les étoiles, il aimerait les attraper et qu’elles ne pansent les blessures qu’il avait pu faire à Reoh, qu’il continuait à lui asséner. Il enfonça les mains dans ses poches car il ne saurait n’être capable que de ne l’attirer à lui.

« Oui, tu as raison, lui dit-il, retournes-y. »

Il planta son regard plein de sensibilité à son égard et il voulut ajouter quelques mots qui, peut-être le rassureront. À quel degré ? Elles m’ont dit de ne pas oublier de revenir de temps en temps à mes racines. Et lesquelles étaient-elles ? Réellement. Il n’irait rien ajouter de plus, il pressentait la terre qui grondait de ce qu’ils s’étaient déjà dits mais qu’ils seraient prêts à se renvoyer à la figure. Reoh, est-ce qu’on a réussi une seule fois à se comprendre ? J’en viens à en douter. Il n’attendit pas qu’il n’y retourne le premier, il lui passa devant et se réinstalla à sa place.
Il eut les esprits ailleurs, il n’écouta qu’à peine. Il se confondit en sourires et finit par poser la tête sur l’épaule de cet ami qui l’avait invité à cette soirée. Il avait fait passer le besoin des autres avant le sien sans que ça ne le réussisse et avoir été égoÏste avait été une décision malencontreusement maladroite. Il ne savait plus, Selyan, ce qui était bien à faire.

@khan reoh

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ootd,, Reoh se sent idiot d’avoir parlé de Junseo. Qu’espérait-il en agissant de cette manière ? Dévoiler combien il est chanceux et heureux auprès de son petit ami ? Avouer grossièrement qu’il n’est lui-même qu’un égoïste en restant avec lui tout en sachant qu’il ne sera jamais amoureux de lui ? Tenter de rendre, d’une quelconque manière possible, jaloux Selyan ? A l’intérieur de ses poches, ses mains ont fini par se relâcher, observant seulement la silhouette de cet homme s’échapper une nouvelle fois encore. Reoh ne s’est pas y faire. A chaque fois qu’ils parlent, ça finit de cette façon. Selyan s’en va et le laisse derrière lui. Il se mord la lèvre, comme désireux de retenir toutes ces émotions qui le prennent à la gorge. Retourner à l’intérieur va être difficile. Le plus simple serait de partir. De ne pas vouloir affronter qui ou quoi que ce soit. Être lâche et imbécile. Reoh est un grand spécialiste. Il abandonne un soupir, vient glisser une main dans ses cheveux. Selyan ne reviendra pas, pas plus qu’il est revenu le trouver à la fin de sa mission. Pourtant, c’est avec démesure qu’il l’aime encore. Le revoir ce soir n’a fait que confirmer ses sentiments à son égard. Reoh souhaiterait les verrouiller à double tour en son sein, réussir enfin à s’échapper de son emprise – rien n’y fait. ça le rend malade. Junseo n’a fait que cautériser une plaie qui ne veut pas être soignée. C’est idiot, il mérite tout l’or du monde et Reoh ne parvient même plus à être sincère avec lui. Refuser de vivre avec lui, refuser cet amour qu’il chérit pourtant, s’en servir, être malhonnête, mentir en disant qu’il n’est pas prêt, alors qu’il n’a tout simplement pas envie… Reoh voudrait disparaître sous terre et s’y recroqueviller, que jamais personne ne vienne l’y trouver. A la place, il prend son courage à deux mains, retourne à l’intérieur et attrape les doigts de Junseo, lui dit qu’il ne se sent pas bien. Il ne peut pas rester dans cette soirée quand l’unique présence de Selyan le rend aussi… différent. Il ne veut pas que son petit ami voit cette facette qu’il abhorre de lui-même. Il le préserve, encore un peu, de cette mauvaise personne qu’il est. Reoh saisit sa veste tandis que Junseo s’excuse auprès de ses amis ; et ils s’éloignent, vont chez lui. Reoh se blottit contre lui quand ses pensées ne sont tournées que vers Selyan. Qu’est-ce que tu m’as fait ?