I can see you even when I close my eyes and hear you even when I block my ears even if I'm not sure yet I don't care how this may turn out. We approach each other. - - @jong selyan

ootd,, Environ un mois auparavant, Reoh a reçu un mail de la part de l’université dans laquelle il a étudié pour venir présenter son métier aux nouveaux étudiants. Ce n’est pas vraiment une réunion d’anciens élèves et en même temps, un moment de convivialité a été prévu par la suite. Reoh y a répondu, il a dit qu’il serait présent pour cet instant. Parler de ce qu’il fait au quotidien le passionnera et lui permettra de se changer les idées. Ajustant son béret sur ses cheveux, c’est son petit ami qui le surprend en glissant ses mains à sa taille, le complimentant sur sa tenue. ça le fait sourire, Reoh, cette tendresse à laquelle il a fini par prendre goût. La veille, Junseo est venu le chercher au planétarium, l’a emmené chez lui où ils ont passé la soirée. C’était agréable. Ça l'est toujours avec Junseo. Mais depuis toujours, aussi, Reoh maintient en son sein qu’il ne le mérite pas ; reproduisant sans même s’en rendre compte ce schéma particulier qu’il a entretenu avec Selyan. Selyan… Reoh secoue un peu la tête, égare un baiser sur la joue de son petit ami avant de s’échapper de son étreinte pour se rendre à l’université. Il emprunte les transports en commun pour s’y rendre en moins d’une trentaine de minutes. Entre ses mains, Reoh pianote sur son téléphone portable avant de finir par relever le visage lorsqu’un parfum le surprend. Le cœur battant, il suit du regard l’homme qui le porte sans que cela ne soit jamais Selyan. A quoi bon ? Leur précédente rencontre n’a été qu’un moment décousu, jamais prévu. Selyan est rentré, il est revenu de mission et il n’a pourtant pas daigné le contacter ; pour quoi faire ? Les mots qu’ils se sont dit, teintés d’amertume et de peurs, n’ont été que les prémices d’une dispute qui, s’ils ne s’étaient pas éloignés, aurait grondé sans aucun doute possible. Un soupir abandonné, Reoh entend le nom de son arrêt. Il récupère son sac dans lequel il transporte quelques affaires qu’il doit ramener chez lui et descend du métro pour retourner à la surface. Devant la grille ouverte de la faculté, les souvenirs s’éveillent et ne le ramènent que peu de temps en arrière. Un an à peine, finalement, qu’il a été employé au planétarium. Il avance dans le campus, puis dans les couloirs, comme s’il n’avait jamais quitté le lieu, se rappelant de l’amphithéâtre dans lequel il a reçu la note pour le rendez-vous de cet après-midi. Tout autour de lui, les étudiants discutent des projets menés, des examens, des notes et Reoh se sent un peu nostalgique de ces années passées dans cet endroit. Bien sûr, cela n’a pas été aisé tous les jours, mais aujourd’hui il peut être fier d’avoir réussi son diplôme pour exercer dans un métier qui, malgré tout, il a fini par choisir. Les pensées dirigées au creux de toutes ses mémoires, Reoh ne remarque pas tout de suite la silhouette qui semble patienter de l’autre côté du couloir qu’il emprunte. Ce n’est qu’à cause d’un étudiant qui le bouscule, s’excusant par-dessus son épaule en poursuivant son chemin, qu’il lâche son sac de ses mains, attire l’attention sur lui. Gêné, il se hâte de récupérer ses affaires, dont certaines se sont échappées de leur contenant. Il n'a pas envie d'être en retard.

ootd - Il était rentré et ça tombait bien car l’université où il avait étudié l’avait contacté pour venir présenter son métier. C’était une journée exceptionnelle pour les étudiants et nombre d’anciens élèves avaient été invités afin de leur prouver l’efficacité du campus. Il n’avait su refuser et ce jour était arrivé sans qu’il ne puisse s’y attendre. Il ne s’était pas encore trouvé de logement mais il avait vu une annonce sympa et il comptait visiter le lieu le jour suivant. Il avait été pris entre temps dans un hôpital assez réputé et il avait commencé en début de semaine avec des horaires bien chargés. Aujourd’hui était un jour de repos durant lequel il aurait dû profiter de se poser, au lieu de quoi s’était-il rendu à cette rencontre avec la plus grande impatience. C’était assez grisant d’avoir à raconter à de jeunes personnes son chemin parcouru quand enfant il n’avait pas même essayé de songer que son avenir puisse être aussi rempli.
Il avait repensé à Reoh, il s’était même demandé s’il n’y avait pas été invité lui aussi. Leurs retrouvailles ne s’étaient pas bien passées et il n’avait pas osé lui envoyer un message après les paroles échangées. À quoi est-ce que cela lui aurait servi ? Reoh s’était retrouvé quelqu’un et il cherchait avec maladresse à continuer à construire sa vie sans lui. Il le comprenait, il aurait probablement agi pareil à sa place. Il ne méritait pas tout son amour qu’il éprouvait encore pour lui et c’était ce qui l’avait poussé à ne pas le contacter. Ils avaient pris des chemins séparés où il n’était pas question de faire marche arrières. Ça, Selyan l’avait assez fait.
Et le voilà qui l’aperçut au loin. Les affaires éparpillées par terre étaient comme leurs esprits en désordre après tout ce temps jusqu’à ce qu’ils ne reviennent se heurter. Il s’avança, se pencha et se saisit des derniers papiers au sol avant de les lui tendre.

« Salut. »

Son regard capta le sien et il sut qu’il était trop tard. Pour s’excuser. Quand il n’eut plus rien entre les mains, il les enfouit dans les poches de sa veste et lui indiqua la salle un peu plus loin. C’était là-bas qu’ils avaient rendez-vous, n’est-ce pas ? Il se fit silencieux, ne prit la parole que pour parler de son métier à tous ces jeunes encore en métamorphose et prit sur lui aux quelques questions déroutantes posées. Il avait oublié que cela risquait de se produire mais il sut garder son sang-froid. Puis, il regarda Reoh et aurait aimé avoir autant d’assurance que lui à parler de ce qui le passionnait. Car tu ne sais pas, toi, Selyan, ce qui te passionne réellement et ce n’est pas ton métier.

@khan reoh

I can see you even when I close my eyes and hear you even when I block my ears even if I'm not sure yet I don't care how this may turn out. We approach each other. - - @jong selyan

ootd,, Et peut-être qu’il l’a, cette assurance, Reoh, par le fait qu’il soit près de lui. Le cœur battant, les mains moites, il a rangé ses affaires dans son sac sans réussir à répondre au salut de Selyan. A quoi bon ? Il ne s’attendait clairement pas à le trouver ici, encore moins qu’ils aient, l’un après l’autre, à parler de leur métier aux étudiants en face d’eux. C’est Selyan qui a raconté avant qu’il ne le fasse et, durant toute sa présentation, Reoh ignore pourquoi il s’est senti si tendu. Bien sûr, il l’a écouté avec attention parce qu’il a voulu savoir pour quoi il était parti. Pour quoi il l’a laissé derrière lui. Et quand il s’est aperçu de cet égoïsme, il a baissé la tête pour observer ses pieds – avoir envie de s’enfuir de cette classe. Junseo lui a dit qu’il est beau, Junseo l’a embrassé quand il est sorti, Junseo l’a étreint avec tendresse… Reoh déglutit et relève le visage à l’instant où on énonce son prénom, sa fonction au sein du planétarium. Alors il s’avance à son tour, balaye du regard l’assemblée devant lui et les mots résonnent contre les murs. Il parle de ses études, de sa passion découverte sur le tard, de certains points importants et de l’approche de son métier que la plupart ne connaît pas. Non, il n’a pas vraiment envie d’être professeur. Oui, il poursuit ses recherches sur la lune et les étoiles. Mais s’il paraît si sûr de lui, Reoh, c’est parce qu’il désire briller dans les sclères sombres de l’homme posté non loin de lui. Comment le trouve-t-il en ce moment, Selyan ? Idiot, sans le moindre doute possible. Une fois son tour passé, il ne reste plus que deux autres personnes avant qu’ils ne soient tous dirigés dans un amphithéâtre plus grand où tous se retrouvent pour discuter, se rappeler des souvenirs de l’université, prendre des nouvelles les uns des autres. Reoh joue le jeu, un verre entre les doigts, retrouve un ancien professeur avec lequel il discute sans que jamais ses yeux ne s’échappent sur la silhouette de Selyan. Il aimerait se rendre près de lui et en même temps il est effrayé de ce que cela pourrait donner. Leurs retrouvailles n’ont pas été des plus agréables malgré le cœur battant sous la poitrine de Reoh. Heureusement, on finit par demander qui peut se rendre dans une salle pour récupérer des affaires et Reoh se propose aussitôt, ayant ce besoin de respirer en-dehors de l’espace où se tient Selyan. Selyan qui, dans cet ensemble fluide, est très beau à son regard. Reoh se mord la lèvre inférieure, rajuste son béret et navigue dans les couloirs de la faculté. A mesure qu’il s’éloigne, il a l’impression de ne plus être en apnée. C’est douloureux d’y penser. En réalité, bien qu’il ait adoré ses années d’études, elles le ramènent immanquablement à ce même homme qui n’a de cesse de hanter ses songes. Ne peut-il simplement pas s’en débarrasser ?! Il a bien tenté de le faire durant une année entière… Soupir qui s’évade de ses lippes quand il trouve la bonne salle, se met à fouiller dans les placards.

ootd - Il avait été en chute libre durant de nombreuses années. Encore aujourd’hui il n’était pas persuadé qu’elle ne se soit arrêtée. Il avait oublié les toutes premières années de sa vie, il les avait effacées de sa mémoire car cela n’aurait pas servi à grand-chose qu’il ne puisse s’en souvenir. Sa vraie famille s’était présentée à lui au fil des jours s’écoulant sous ses yeux, enfants orphelins, abandonnés et il avait essayé d’en prendre le plus grand soin. Il n’y était pas réellement parvenu à le faire car on ne lui avait pas appris à le faire et il était tombé malade de l’univers tout entier. Enfant, tout ce à quoi il pensait, c’était d’essayer d’exister. Il n’avait pas pensé à son avenir, il n’avait pas cherché à savoir ce qui le passionnait puisque son unique passion était ces yeux remplis d’espoir qu’il ne puisse les défendre contre l’injustice de ce monde. Il était loin d’être bête en plus, Selyan, il aurait pu suivre n’importe quelles études et il s’était tourné vers la médecine parce que peut-être que là-bas il trouverait le moyen de guérir le coeur épris des gens. Leurs myocardes écrasés par le temps de ses mains écorchés, de son âme hurlante à souhait.
Et qu’en était-il de tous ces jeunes ? Il n’était pas malheureux d’exercer son métier mais il ne savait pas où se situait la justesse dans sa ligne de vie. Il n’était pas parvenu à s’en saisir. Il écouta Reoh avec soin et aima sa délicatesse d’énonciation à son métier. Il n’en avait pas fait autant. L’auditoire était captivée et lui-même l’était encore plus. Il ne savait pas pourquoi mais il avait toujours adoré l’entendre lui parler des cieux s’étendant à perte de vue. De ces étoiles dont on élogieait la magnificence. Brillaient-elles autant que son interlocuteur puisse le faire en cet instant auprès de tous ces jeunes rassemblés ?
Ce fut cela qui le poussa à le suivre hors de cette grande pièce dans laquelle on les avait entraînés pour un buffet léger. Il ne quittait pas des yeux sa silhouette et franchit le seuil de ce qui ne semblerait n’être plus qu’un débarras. La poussière régnait en maître et lui montait aux narines tandis que Reoh s’affairait. En avait-il le droit ?

« Tu sais, tu ne peux pas fuir éternellement. »

Et il était mal placé pour le lui dire. Il n’eut pas le temps d’ajouter quoi que ce soit que la porte claqua dans son dos. Il se retourna, les sourcils froncés, et se dirigea vers elle afin de l’ouvrir. Il ne lui resta plus qu’entre les mains la poignet qui s’était enlevée sans aucune difficulté à son égard. Il n’eut pas besoin de plus de temps et comprit qu’ils étaient tous les deux enfermés dans cette pièce jusqu’à ce qu’on ne remarque leur absence.

« … Je crois qu’on est enfermés. »

Ça ne pouvait pas être pire comme situation parce qu’il ressentait clairement la tension qui émanait de Reoh. Il tourna son regard vers lui et n’insista pas sur ses paroles précédemment dites. Quoiqu’il arrive, ils ne pouvaient ni l’un ni l’autre n’échapper à cette conversation qui avait failli gronder entre eux l’autre soir.

@khan reoh

I can see you even when I close my eyes and hear you even when I block my ears even if I'm not sure yet I don't care how this may turn out. We approach each other. - - @jong selyan

ootd,, Les mains s’agitent dans les hauteurs du placard pour pallier à celle qui règne à l’intérieur de lui-même. Reoh a peur d’exploser et que tout ne soit plus qu’un amas sans la moindre composition. Il est effrayé d’être face à tout ce qui le hante et préfère s’enfuir, oui, mais l’entendre de la bouche de Selyan ça sonne si mal. Il a sursauté quand il l’a entendu arriver, que la porte a claqué. L’un des cartons s’est déversé sur lui, un objet se brisant au sol tandis que la colère insurge l’âme de Reoh. Ses yeux sont deux fusils lorsqu’il retourne vers son interlocuteur et le problème n’est pas cette poignée de porte qui lui est restée dans les mains. Reoh s’avance et, les deux mains à plat sur les épaules de Selyan, il le pousse. Une fois, deux fois. Pas plus, bien qu’il l’aurait voulu ; car l’espace de cette pièce est relativement exigüe. Il n’a encore rien dit mais l’expression sur son visage en montre beaucoup plus long sur les émotions qui naviguent en liberté en son sein. — C’est toi qui oses me dire ça ? Enfin, Reoh s’exprime et, les poings serrés le long de son corps, il tremble de cette hargne qui le submerge tout entier. — C’est toi qui t’es enfui le premier, tu es parti et tu m’as laissé derrière en imaginant quoi ? Tu pensais que je ferai comme si rien ne s’était passé lorsqu’on se reverrait ? D’ailleurs, en avais-tu seulement envie ! Tu ne m’as pas appelé une seule fois, Selyan. Me dire que tu as pensé à moi, ça ne suffit pas. Ça ne me suffit pas ! Les maux enserrent sa gorge et il a l’impression, Reoh, de replonger une année auparavant quand il a vu sa silhouette lui tourner le dos une dernière fois. Quand il a su qu’il ne l’emmènerait pas avec lui. C’est plus fort que lui et ça fuse dans tous les sens, cela n’a été que contenu depuis leurs retrouvailles. Ses poings tambourinent sur la poitrine de Selyan, bien plus de rage que pour lui faire mal. — Je n’ai jamais réussi à savoir ce que tu voulais et encore maintenant ! Tu es là, tu me rejoins et tout ça pour quoi, hein ? Tout ça pour quoi Selyan ?! Tu crois que tu peux revenir dans ma vie, la renverser complètement et m’incriminer moi ? Ce n’est pas comme ça que ça fonctionne. Il s’étrangle dans des sanglots qu’il retient. Et même si le plus âgé en sera confirmé dans ce qu’il vient de lui asséner, tant pis ; Reoh pivote sur ses talons pour s’éloigner un peu. Souffler. Le regard abandonné sur les morceaux brisés au sol. Ne sont-ils pas semblables à leur histoire ? Reoh pourrait se mettre à pleurer mais il refuse de le faire en la présence de Selyan. Ça ne changerait rien. Il n’a déjà que trop pleuré pour cet homme dont il est fou amoureux. — Tu n’es qu’un égoïste. Et j’ignore si je te déteste plus que je ne pourrais jamais t’aimer. Être fou de toi, avoir tout fait pour me rapprocher de toi ; en ces moments où tu m’as autorisé à t’aimer. Selyan, je ne suis pas le seul fautif dans cette histoire.

ootd - On citait « le calme avant la tempête », c’était ce qu’il en était. Selyan s’était longtemps battu avec ses démons intérieurs, il continuait à le faire et qu’en était-il de Reoh ? Parce qu’au fond ils ne connaissaient pas tout l’un de l’autre et c’était ce qui était bien plus navrant. Reoh était en train d’exploser et ses mots lui écorchèrent l’âme bien plus qu’ils n’auraient dû parce qu’il savait. Il savait, Selyan, qu’il était le principal fautif et qu’il l’avait toujours été. Il aurait être clair depuis le début et il aurait dû lui dire la vérité. Il n’avait pas eu envie qu’il ne vienne avec lui, pas plus qu’il n’avait souhaité réellement s’éloigner de lui. Cependant, c’était la voie qu’il avait choisi et il avait pensé que Reoh respecterait cette décision. Qui des deux était le plus égoïste ? C’était du pareil au même.
Il le laissa faire, il sut qu’il en avait besoin. Il l’écouta, garda son regard rivé au sien et ce fut tragiquement bouleversant de se dire qu’aimer pouvait faire autant souffrir. De quelle manière avait-il fait tomber amoureux Reoh de lui ? Il n’aurait dû ne représenter que son bonheur mais avec quels moyens se le définir quand il n’était pas lui-même ? Le venin s’était infiltré et c’était ce qu’il était. Il l’avait empoisonné et il n’avait pas cessé de lui rendre facile, seulement… seulement c’était injuste. C’était injuste qu’il ne puisse n’en avoir que contre lui et ses traits se déformèrent sous la colère, la tristesse et une certaine incompréhension.

« Arrêtes, lâcha-t-il, sec, Arrêtes un peu d’en faire autant car je ne crois pas que tu saches quoi que ce soit. J’ai été abandonné, Reoh ! »

C’était la première fois qu’il y mettait des mots, des émotions. Ça se renversait à l’intérieur et il l’avait déjà réalisé plein de fois, cette vérité, néanmoins, elle était toujours douloureuse. Elle lui rappelait que les deux êtres qui l’avaient mis au monde n’avaient plus voulu de lui et l’avaient laissé dans la rue en espérant qu’une autre personne ne puisse prendre soin de lui. Ou peut-être ne désirait qu’il ne disparaisse. Il avait failli mourir, il avait eu de la chance mais à quoi ressemblait cette chance ?

« J’ai été abandonné !, s’emporta-t-il, Mes parents m’ont laissé dans la rue et j’ai failli mourir de faim et de froid ! Je n’avais que quatre ans ! Alors, oui, ce n’est pas une raison pour que j’abandonne à mon tour mais que veux-tu que j’y fasse, Reoh ?, dit-il le ton un peu plus posé, Je ne souhaitais pas que tu viennes avec moi, je n’ai pas plus souhaité que tu ne tombes amoureux de moi parce que moi, je suis incapable de partager tes sentiments. J’ai fui, mais tu as autant fui que moi, Reoh, serra-t-il ses poings, Parce que tu n’avais pas à contredire ma décision. Je suis libre de mes choix, je ne t’appartiens pas. »

Et ça fait de moi un égoïste, d’accord. Il se passa une main dans ses cheveux et il essaya de calmer sa respiration qui s’était légèrement enflammée. Il détestait parler de ça, il n’aimait pas se rappeler qu’il n’était qu’un enfant dont on n’avait pas voulu. Où était son attache dans son monde ? Il n’en possédait pas, nul part.

« Je suis désolé de ne pas avoir pu t’offrir ce que tu mérites mais tu sais très bien que je n’ai jamais été la bonne personne. »

Il avisa un balai dans un coin et il l’attrapa afin de mettre dans un coin les morceaux brisés au sol. Qu’ils ne puissent éviter de se faire plus mal. Il chercha ensuite son regard mais c’était peine perdue, n’est-ce pas ? Il n’y avait pas de retour possible en arrière. Il ne savait pas ce qu’on leur réservait à l’avenir, il espérait que ce serait moins mouvementé que tous ces jours écoulés avant qu’il ne reparte en mission. Ils avaient besoin qu’on ne les laisse tranquille et que le temps n’apaise enfin leurs maux respectifs.

@khan reoh

I can see you even when I close my eyes and hear you even when I block my ears even if I'm not sure yet I don't care how this may turn out. We approach each other. - - @jong selyan

ootd,, Le poison, oui. Dans les veines. Il remue tout et ébranle tout sur son passage. C'est cette terreur qui sommeille chez Reoh, il est à la fois sa force et sa faiblesse. Parce qu’il ne sait plus très bien de quelle manière agir, réagir. Les mots sortent de sa bouche sans qu’il n’y réfléchisse. Ils sont faits pour être jetés face à Selyan qui n’a de cesse de l’exaspérer. Les douleurs gangrènent son être et plus il le voit, plus il a envie de… de quoi, au juste ? Alors il le regarde d’un air effaré quand Selyan déclare avoir été abandonné. Qu’il n’aurait pas dû en faire de même ; mais quoi ? Les mains alignées le long de son corps, Reoh les referme en deux poings dont les ongles s’agrippent à sa propre chair. Point d’ancrage pour tenter de ne pas flancher. Les paroles de son interlocuteur le frappent en plein cœur et Reoh est obligé de se mordre rageusement la lèvre inférieure pour contenir les larmes qui ne tarderont plus à venir s’imposer entre eux. Il le laisse terminer sa tirade, l’observe le contourner pour balayer les bris de verre éparpillés – ce sont les morceaux de leur puzzle qui n’a aucun sens. Les pièces ne s'encastrent jamais. L’ont-elles déjà fait un jour ? — Pourquoi… C’est un balbutiement qui résonne dans le petit endroit où ils sont enfermés. Reoh déglutit et puise en lui cette rancune pour s’en servir et la brandir comme un bouclier. — Pourquoi est-ce que tu ne me dis tout ça que maintenant ? Pourquoi est-ce que tu ne l’as pas dit avant ? Il revient vers Selyan, le regard perdu et pourtant. — Tu n’avais donc aucune envie de rester avec moi, n’est-ce pas ? Tu es parti pour ta mission, sans regarder en arrière. Tu n’as pas pensé à moi, tu ne t’es pas dit que, peut-être, j’attendais seulement que tu me demandes de venir avec toi. Peu importe où j’aurais dû me rendre, je serai venu, Selyan ! Son ton monte une nouvelle fois malgré les sanglots qui s’agglutinent au fond de sa gorge. Il se revoit un an auparavant, détruit, complètement éreinté de cette histoire. Il a aimé Selyan très vite, très fort aussi ; peut-être trop. Ses sentiments ne seront jamais réciproques et malgré cela, il a continué à y croire. Il s’est dit qu’en se battant pour cet homme, il finirait bien par s’accrocher à lui. Même un peu. Un tout petit peu. Les larmes sont là, à présent. Elles dévalent les iris du physicien qui explose. — Je te déteste ! Ses poings reviennent vers Selyan, désireux de cogner encore contre sa poitrine. Est-ce que tu sens combien ça fait mal ? — Tu parles d’abandon et tu agis exactement de la même façon. J’avais besoin de toi, je voulais que tu restes… Que pour une fois, quelqu'un reste avec moi. Et j’ai toujours besoin de toi, mais tes sentiments sont bloqués. Ca, Reoh ne le comprend pas. Il ignore comment ça fonctionne parce que lui, depuis que sa jumelle est décédée, il a l’impression que tout est multiplié. Il a envie de hurler, mais à la place, il recule, s’accroupit et ses mains encadrent ses deux oreilles. — On… on y est jamais arrivé… C’est criant de vérité et ça assomme toutes les convictions de Reoh qui aimerait disparaître en cet instant.