california dreamin'

-- ft haru

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( outfit ) Cela aura pris des années, mais enfin, Haru a accepté de se rendre aux Etats-Unis. Sûrement pour visiter la Californie ; découvrir ses galeries et autres artistes, mais dans la tête de Shin, il est là seulement pour connaître les lieux qui se sont fait le quotidien de son cousin durant quatre années. C’est une victoire qu’il a remportée, à ses yeux, et c’est un peu trop heureux qu’il lui a montré l’Université où il a étudié ; la plage où il passait des après-midi à mater les jolies Américaines en bikini échancrés, et le club à deux pas du campus où ils faisaient toutes leurs grosses soirées. En bon guide touristique, il lui a également montré quasi tous les lieux à connaître dans la région – ceux dont on entend toujours parler, qui finissent sur le compte Instagram de tout visiteur de la Californie.

Shin un peu trop heureux d’être là,
Dans cette ville où tout semble possible.
Où tout a commencé pour le gamin aux rêves plus grands que lui.

Ici, l’atmosphère est particulière. Les mentalités sont si différentes de celles qu’ils connaissent en Corée, les boulevards sont plus grands, les gens plus désinhibés. Et Shin, il a déjà repris goût à tout cela – c’est comme s’il n’était jamais parti, que cette dernière année de retour sur ses terres natales, à renouer avec sa famille, lancer sa marque et faire le deuil de son père, n’avait été qu’une parenthèse hors du temps. Jamais capable de prendre de réelles vacances, les idées bouillonnent dans son esprit – ça lui rappelle l’ampleur du marché potentiel sur ces terres, et il se jure qu’à son retour à Busan, il accélérera le processus pour établir sa marque sur les terres américaines. Mais pour l’heure, il est encore à Los Angeles en compagnie de son cousin – et c’est rare, très rare, même, de pouvoir profiter de toute son attention, sans devoir la partager contre son gré avec la naine qui lui sert de petite amie, le nain qui lui sert d’animal de compagnie, ou encore le nain qui lui sert de petit frère.

Cela fait déjà plusieurs jours qu’ils sont là, et leur séjour touchera bientôt à sa fin – et alors que le soleil teinte de nuances oranges une nouvelle matinée sous le ciel californien, le jeune homme s’échappe à pas de loup pour aller faire son jogging matinal. Retrouve la sensation familière de fouler l’asphalte des boulevards américains ; courir à l’ombre des palmiers qui bordent ici les routes. A son retour dans la chambre, son cousin dort encore profondément, et lorsqu’il voit que c’est encore le cas en sortant de la douche, il finit par lui envoyer un gros oreiller sur la tête, estimant qu’il a suffisamment dormi pour aujourd’hui.

- Alleeez on se réveille, il est midi là, t’abuses.

Mensonge éhonté, mais il tente comme il peut de lui faire un petit électrochoc, avec l’espoir que cela suffise à le faire bondir hors du lit. Tout en boutonnant machinalement sa chemise, il lui demande :

- Qu’est-ce que tu veux qu’on fasse ? Il nous reste quelques lieux à voir, si tu préfères on peut aller se poser sur un rooftop pour juste apprécier la vue en faisant une étude de marché… euh, en buvant un verre, je veux dire...

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-- ft shin

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Rêve agréable – carrément parfait qui se jouait derrière tes rétines jusqu’à qu’une onde de choc vienne saccager ce moment de plaisir que tu t’apprêtais à vivre. Tu rêvais de ta petite amie dans de la lingerie fine, s’approchant de toi à pas de chat, le regard félin prête à savourer un moment intime en ta compagnie dans une pièce privé d’un supposé club californien que t’es certain d’avoir découvert au côté de Shin la nuit dernière – à moins que ça soit il y a trois jours ? Ou bien le fruit de ton imagination ? T’en sais trop rien Haru car les nuits se ressemblent et s’enchainent. Los Angeles est si grand et vous avez visité tant de lieu que tu ne sais plus vraiment situer les évènements. Surtout au réveil, après avoir bu autant et fait à ce point la fête. T’es juste pas en état là, ni de parler, ni de faire quoi que ce soit en réalité.

Car après être rentré à l’hôtel, si Shin n’a pas eu de mal à s’endormir avec tout ce qu’il avait picolé toi t’en a profité pour appeler ta petite-amie qui après quelques jours passé commence à réellement te manquer. Mais Shin n’en a que faire de ça, n’est surement pas au courant de tes appels nocturne – et même si c’était le cas il te traiterait tout simplement de canard. Pour l’heure, ce n’est pas des noms d’oiseau qu’il utilise sur toi mais t’annonce qu’il est midi, que t’abuses de ne pas être déjà réveillé. Ça ne te fait pas bouger pour autant, tu restes allégrement allongé, plisse juste un peu les yeux et lâche la voix rauque :

- Va courir non ... ? Laisse-moi encore un peu de temps...

T’attrapes le coussin qu’il t’a lancé dessus, le cale dans le creux de tes bras et ferme les yeux paisiblement avec l’espoir qu’il lâche l’affaire. Mais tu connais Shin, tu sais qu’il ne s’en tiendra pas à ça. Bien évidemment qu’il s’en fou complet de ton avis, bien au contraire. Il enchaine déjà en te parlant du programme à venir de la journée et tu souffles – assez fort pour qu’il saisisse qu’il te saoule quand il fait ça.

- J’men fou, laisse-moi dormir Shin putain j’ai dormi à 6h du mat j’ai pas la foi là ... J’peux pas avoir un jour ou j’fais la grasse matinée ?

Non t’as grave pas le choix. Puis dans les faits, il a raison Shin il reste quelques trucs sympas à voir dans cette ville grandiose. Tu serais con de ne pas profiter de chaque minute à passer ici alors finalement tu te redresses mollement, passe une main dans tes cheveux ébouriffés et lui dit :

- Le rooftop c’est cool... Uniquement si on voit le signe Hollywood par contre...

Tu te frottes un instant les yeux, toise ton cousin qui boutonne une chemise. Toujours aussi classe, incroyable de bon matin lorsque toi tu ressembles à un morceau de papier froissé. Il te foutrait presque la rage celui-là si tu ne l’aimais pas autant.

- Pourquoi t’es déjà habillé comme si t’allais signer un compromis de vente même ... ?

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-- ft haru

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Il se gifle mentalement, Shin, pour avoir eu la naïveté de croire que prétendre qu’il était midi passé suffirait à arracher son cousin aux bras de Morphée. Car de toute évidence, Haru semble tout sauf décidé à se lever ; grommelle qu’il devrait aller courir pour lui octroyer encore quelques instants de répit. Des mots qui font ricaner Shin ; le ton frisant le condescendant lorsqu’il lui répond, boutonnant machinalement les boutons de sa chemise :

- Mais j’ai déjà couru, qu’est-ce que tu crois ? Un esprit sain dans un corps sain mon vieux, d’ailleurs tu ferais mieux de t’y mettre aussi, tu resterais pas coincé comme un vieux mollusque démembré au fond de ton lit si tu bougeais un peu plus.

Mine contrite qui se peint sur ses traits, l’air blasé en le voyant agripper le coussin comme un enfant capricieux, ou comme s’il s’imaginait qu’il s’agissait de sa cruche de petite amie – tout bien considéré, il ne veut pas savoir à quoi il pense quand il le serre comme ça contre lui. Jeune homme qui se comporte assurément comme un enfant lorsqu’il quémande, plaintif, une grasse matinée ; éveille sa curiosité en lui apprenant avoir dormi à six heures du matin.

- Ben alors ? On est ressorti sans son frère préféré ? T’abuses, t’aurais pu me réveiller si tu voulais un second round.

Car Shin, il ne dit jamais non à la fête – et surtout, il est bien loin de se douter que la seule fête qu’il y a eu se tenait sur FaceTime, à se roucouler des mots d’amour sous la pleine lune. De quoi le faire vomir s’il en entendait seulement une simple évocation. Mais c’est une petite victoire lorsque Haru daigne se redresser sur un coude, l’air de sortir d’une nuit de mille ans, et lui fait même l’honneur de faire un choix quant au déroulé de leur matinée. Apparemment, c’est le rooftop qui le séduit, mais seulement s’ils peuvent voir le signe Hollywood, et tout en glissant une ceinture dans les pans de son pantalon, il acquiesce d’un signe de tête.

- D’accord, faisons ça. C’est le plus près que tu verras jamais ce fichu signe, donc on peut faire ça si t’y tiens à ce point.

Car il est hors de question que Shin fasse cette randonnée de l’enfer, tout ça pour apercevoir d’un peu plus près un panneau que l’on voit déjà depuis les tréfonds de la ville. Il l’a fait une fois, plus jeune, et ne se souvient que trop bien des kilomètres interminables, et du soleil qui tapait si fort là-haut – alors plus jamais. Et enfin, il s’intéresse aux manches de sa chemise restées déboutonnées ; ne daigne même pas relever les yeux vers Haru lorsqu’il le vanne à ce sujet, habitué aux railleries de celui qui aime un peu trop les joggings – un vêtement qui devrait rester dans les aéroports, si on lui demande son avis, et encore.

- Il faut vraiment une raison pour s’habiller de façon normale ? Je capte pas pourquoi tu fais une fixette comme ça sur mes vêtements, c’est juste le strict minimum.

Avec un soupir las, il reporte enfin son attention sur son cousin, et lance :

- Allez, bouge-toi, j’vais pas attendre trente ans que tu sois prêt. On prend le petit-dej’ à l’hôtel ou dehors ?

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-- ft shin

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(outfit) O que t’aimerais que Shin doit du genre compréhensif, qu’il puisse avoir un tant soit peu d’empathie. Mais c’est surement trop lui demander, espérer après quelque chose qui n’arrivera tout simplement jamais. Il te dit avoir déjà fait son jogging matinal et te traite de mollusque sans même chercher à comprendre pourquoi t’as dormi si tard. Le hic, c’est que ce matin ça t’irrite de l’entendre parler de ta condition physique, te parler comme si t’étais un gamin ingrat lorsque depuis le début de ce voyage tu te plies en quatre pour satisfaire ses envies et le suit un peu de partout dans la ville.

Et pourtant tu ne dis rien, pas encore du moins.

T’encaisses les moqueries, te frotte les yeux mollement en te disant que ce soir t’oublieras pas de t’enfermer à clé dans ta chambre pour ne pas subir une nouvelle fois un réveil pareil. Tu préfères encore les tambourinements contre le bois de la porte que d’être traité d’animal invertébrés.

- J’parlais juste à Reira, c’est compliqué de trouver du temps avec ces histoires de fuseau horaires…

Mais surement qu’il ne peut pas comprendre et ne souhaite pas en savoir plus donc tu n’ajoutes rien à ce sujet-là, te contente de lui dire ta préférence pour le planning de la journée qu’il vient de suggérer. T’essaies de passer outre certaines de ses réponses mais plus ça avance dans la discussion et plus tu tic, te crispe alors que tu n’es même pas encore sortie du lit. T’es juste perplexe face à sa façon de parler, qu’il soit si bizarre ce matin. Il semble à la fois prêt à passer une énième journée avec toi dans cette ville qu’il apprécie tant et à la fois blasé – à tel point qu’il te coupe presque l’envie de profiter du moment avec lui. C’est la première fois du séjour que tu le sens si bizarre.

- Tu donnes vraiment envie de bouger hein…

Que t’ironises en le regardant lentement se préparer, s’occuper des manches de sa chemise. Il est classe Shin, comme toujours mais un peu plus encore aujourd’hui et forcément tu te demandes si il compte faire quelque chose de plus sérieux aujourd’hui mais voilà qu’il souffle – et fait monter ta pression artérielle par la même occasion et cette fois tu n’y tiens plus et lui demande de but en blanc :

- C’est quoi ton souci aujourd’hui ? T’as été tranquille tout le long du séjour et c’est à la fin que tu comptes me casser le cerveau ?

Tu le regardes dans le blanc des yeux Shin, laisse un instant de silence s’installer entre vous avant d’ajouter toujours aussi sérieusement :

- On est à l’armée ou quoi ? J’capte pas le principe des vacances si au moins un jour j’peux pas me lever à l’heure que j’veux ? T’es lourd Shin, va déjeuner seul j’ai même pas faim, tu m’as coupé l’envie là.

Tu sors ainsi du lit sans dire un mot de plus, va prendre ta douche comme l’espérais Shin en te disant que t’as peut-être était un peu vache avec lui sur la fin de la discussion, que ça serait dommage de passer les derniers jours à tirer la tronche alors que tout le reste de ce voyage a été vraiment fou. Tu te bouges alors pour t’habiller et quand tu toques à la porte de la chambre de Shin il n’est évidemment plus là. Tu soupires alors, espère qu’il est au petit déjeuner de l’hôtel et qu’il n’est pas tout bonnement partie seul faire sa vie dans les rues de Los Angeles. Tu cherches sa tête blonde parmi les autres dans la grande salle et fini par le voir, les yeux rivés sur son smartphone. T’es soulagé Haru, te dirige les mains dans les poches de ton pantalon et vient prendre place face à lui reste silencieux mais shin ne relève pas la tête, ne te calcule pas une seule seconde même quand il amène son café ristretto à ses lèvres :  

- Tu boudes bébou ?

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-- ft haru

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Les joues se gonflent, l’agacement monte d’apprendre que s’il a dormi si tard, c’était seulement pour parler à Reira. Reira par-ci, Reira par-là, sa petite amie qu’il a un peu trop à la bouche, comme tous les autres PNJ de la vie qu’ils partagent tous les deux. Pourtant, il ne relève pas, espérant toujours qu’à force de faire comme si la jeune femme n’existait pas, prétendre ne rien entendre lorsque son cousin prononce son prénom, il finira par comprendre et arrêter de lui rabattre les oreilles avec elle. A la place, il parle plutôt du programme de la journée ; annonce à son cousin qu’ils peuvent se poser sur un rooftop qui leur permette d’apercevoir le Hollywood sign, s’il le souhaite, car il est hors de question qu’il marche jusque-là. Mais d’après son cousin, il donne tout sauf envie de bouger, et à ces mots il relève les yeux vers lui, haussant les sourcils sans comprendre.

- Ben quoi ? Le programme ne te convient pas ?

Il boutonne le dernier bouton de sa chemise, faisant remarquer à Haru qu’il n’y a pas besoin d’occasion spéciale pour bien s’habiller, comme il l’a déjà si souvent fait, mais pour une sombre raison, aujourd’hui Haru s’emporte. Il semble en avoir gros sur la patate, son cousin, car il lui demande quel est son problème ; l’accuse de se prendre pour un général de l’armée, de ne pas lui offrir de vraies vacances. Et il n’en faut pas plus pour que Shin délaisse sa tenue pour porter toute son attention sur son aîné ; fronce les sourcils, l’air contrarié lorsqu’il lui rétorque de but en blanc :

- Moi je te casse le cerveau, là ? Alors que c’est toi qui reste comme un gros bébé au fond de ton lit à répéter que tu veux pas te lever ? Désolé de vouloir que tu passes des vacances que t’oublieras jamais hein, que tu vois un maximum de choses car de toute façon on restera jamais assez longtemps pour tout voir. Mais c’est bon, reste ici et appelle ta meuf tiens, je m’en fous. Faudra pas venir pleurer que t’as pas vu assez de trucs quand tu rentreras à Busan.

Il a les mâchoires serrées, Shin, à fixer d’un œil furibond son cousin qui daigne enfin se lever pour aller se doucher – mais il ne parvient même plus à se réjouir de cette victoire. Toi aussi tu m’as coupé l’appétit, Haru. J’voudrais juste te planter là et te laisser te démerder aujourd’hui, que t’ai peut-être enfin la journée que tu voulais vraiment. Dans un claquement de porte, il quitte la chambre ; repasse par la sienne pour récupérer son portefeuille et quelques affaires, avant de prendre la direction de la sortie de l’hôtel. Il fulmine, l’impression de se plier en quatre depuis leur arrivée pour offrir à son cousin la plus belle vision de cette ville qu’il aime tant ; le trouve ingrat d’oser l’envoyer manger seul, comme on enverrait un enfant au coin dans sa chambre.

Alors déjà, il prend la direction de la porte d’entrée de l’hôtel, bien décidé à tourner les talons ; se dégonfle à la dernière minute, peu enthousiaste en réalité à l’idée de passer l’une de leurs dernières journées sans son cousin. C’est donc bien sagement qu’il bifurque pour rejoindre le restaurant de l’hôtel ; fait effectivement une croix sur ce qu’il comptait manger, se contentant de commander un café. Et déjà, il sort son téléphone pour répondre à ses mails. Ne parvient pas, en réalité, à se concentrer sur les demandes des clients et autres investisseurs, la gorge nouée, et la conversation qui se tenait quelques étages plus haut qui se rejoue en boucle dans sa tête. Mais lorsqu’une silhouette familière se dessine dans sa vision périphérique, il met un point d’honneur à ne pas ciller ; continuer de boire son café et pianoter au hasard sur son écran comme si tout était normal. C’est seulement lorsque son cousin lui demande s’il boude qu’il se décidera à ouvrir la bouche, sans pour autant daigner le regarder :

- T’as pas une meuf à appeler ? Un chien ? Un frère ?

Les mâchoires serrées, à faire un sort à la dernière gorgée de son café pour calmement reposer la tasse sur sa soucoupe ; tourner un regard blasé vers son cousin.

- Qu’est-ce que tu veux ?

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-- ft shin

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Sous le jet d’eau tiède, tu prends le temps de réfléchir et rejouer la scène de la dispute dans la chambre une dizaine de fois. Tu te revois contrarié d’avoir été réveillé pendant un rêve des plus doux, un peu plus piqué en l’entendant te traiter de larve et prendre son air pincé tout en s’habillant comme le chef d’entreprise qu’il est. Mais en réalité, il a juste été lui-même Shin. Il n’a rien fait de plus ou de moins qu’être comme à son habitude. C’est toi qu’a pété un plomb, toi qui manque de sommeil et n’a pas su contenir ta colère quand il le fallait.

Il voulait juste te faire passer des bonnes vacances Shin,
Il souhaitait juste t’épater, te montrer que c’est incroyable la Californie.

Et forcément que tu t’en veux, regrette de lui avoir dit certaine chose. Ça te suis pendant que tu t’habilles, que tu fermes la porte de votre chambre et cela, jusqu’à que tu rejoignes le restaurant de l’hôtel. Tu le cherches désespérément du regard en t’imaginant qu’il a quitté les lieux depuis belle lurette mais tes yeux rencontrent sa chevelure dorée, sa chemise impeccablement repassé et tu soupires de soulagement, le rejoins rapidement à cette table même si tu sais déjà à quoi t’attendre. Car tu le connais par cœur ton frère, qu’il va agir froidement et te lancer une pique quand il le pourra. Mais t’essaies quand même de détendre l’atmosphère en parlant le premier, ne te braque pas face à sa réponse.

Et pourtant tu pourrais t’énerver, vraiment.

- Non Reira je l’ai eu cette nuit c’est bon puis Pucci n’a pas de téléphone … La conversation serait pas très intéressante j’pense ?

Tu le regardes boire une gorgée de son café, pince tes lèvres un instant et ajoute finalement :

- Puis t’appeler pourquoi faire… ? On est ensemble.

Enfin il daigne relever les yeux vers toi Shin, il est blasé mais au moins son attention t’es dédié et quand il te demande ce que tu veux t’arque un sourcil comme si la question était réellement débile. Tu roules alors des yeux, laisse ton dos rencontrer l’assise de ta chaise qui est franchement confortable – merci l’hôtel cinq étoiles choisi par les bons soins de ton cousin – et lui dit enfin :

- Bah passer la journée avec toi bébou ? Ça me parait évident… On est ensemble, à la vie à la mort... Non ?

Mais tu sais que tu vas devoir tout de même t’excuser Haru, t’as beau tenter d’apaiser les tensions en faisant un peu d’humour ça ne suffit pas malgré tout.

- Je m’excuse pour tout à l’heure, j’ai juste pas apprécié d’être réveillé comme ça … J’veux pas on se gâche nos derniers jours pour de la merde, c’est dommage il est vraiment cool ce voyage…

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-- ft haru

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Il a envie de lui répondre que la conversation ne serait pas intéressante pour lui dans tous les cas ; que peu importe avec qui il parlera, ce ne sera jamais aussi intéressant qu’avec lui. Qu’il ferait tout aussi bien de ne plus leur parler du tout, à tous ces êtres inintéressants – ça lui ferait gagner du temps, et lui, une tranquillité d’esprit. Mais il ne répond rien, se contentant de boire son café en silence ; entend son cousin demander ce qu’il gagnerait à l’appeler puisqu’ils sont ensemble. Et si ces mots parviennent à dérider un peu le jeune homme – car c’est bon, il a ce qu’il attend, la reconnaissance qu’il voulait et le fait de passer avant cet avorton qui lui sert de petit frère, même si ce n’est que factice –, il répond tout de même entre ses dents :

- Je parlais pas de moi.

Comme s’il ne le savait pas ; ne lui avait pas répondu à côté en toute connaissance de cause. Et enfin, Shin lui demande ce qu’il lui veut après l’avoir si grossièrement congédié quelques minutes plus tôt. Haru, il le regarde comme s’il était le dernier des abrutis ; roule des yeux avant de se laisser retomber dans le siège, répondant de la manière la plus évidente qu’il souhaite seulement passer la journée avec lui. Ajoute qu’ils sont ensemble à la vie à la mort, et ces mots auront le don de le rassurer ; briser l’armure de glace qui emprisonnait son regard.

- Si tu devais choisir entre rester pour toujours avec qu’une seule personne entre moi et Reira, ça serait qui ?

On pourra dire que c’est ça, le problème de Shin – on lui donne la main, il prend le bras, cherche toujours à avoir plus que ce que l’on daigne lui apporter. A avoir tout. Et lorsque Haru prend la peine de s’excuser, ça achève de le rassurer un peu – il explique qu’il a seulement mal digéré ce réveil, trouve tout de même ce voyage cool et que ce serait dommage d’en gâcher la fin pour des raisons aussi futiles.

- C’est vrai, tu le trouves cool ? T’aimes bien la Californie ?

Y a presque de l’espoir qui oserait se frayer un chemin dans le regard de glace ; Shin réellement soucieux – réellement heureux – de savoir qu’il a réussi à transmettre son amour pour cette région à son cousin. Réunir deux des choses qu’il aime le plus au monde. Et finalement, il tente :

- Du coup t’as toujours pas faim, on décale, ou tu veux manger un truc finalement ?

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-- ft shin

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Tu sais très bien qu’il ne parlait pas de lui mais plutôt du plus petit de vos frères dans la fratrie. Euchang qui semble être une ombre à son tableau, il le supporte que très peu et encore moins quand le petit garçon est en ta compagnie. Tu ne sais pas à quoi c’est du cette jalousie, pourquoi lui plus particulièrement dans cette ribambelle de gamin chez les Seomun. C’est pourtant le plus petit, celui avec qui vous partagez le moins en centre d’intérêt. Si tu le gardes aussi souvent et t’en occupe c’est pour soulager ta mère qui en moins de deux ans s’est retrouvé toute seule à devoir s’occuper de deux enfants encore trop jeunes pour s’autogérer.

Eunchang est mignon, mais ça pourrait être ton gosse.
Tu l’aimes mais ce n’est pas avec lui que t’as passé ton enfance.

Et c’est honteux de penser comme ça, de faire un classement des liens qui t’unies à tes frères et sœurs mais si Eunchang n’est pas le dernier dans ce classement fictif, il n’est pas non plus le premier. il n’en réside qu’un seul au premier rang et c’est celui avec qui tu te prends le plus souvent la tête, celui que t’envoies chier pour mieux venir lui demander pardon cinq minutes après.

- Bah moi j’parle de toi.

Que tu lui réponds tout en laissant tes doigts pianoter sur la nappe de la table à laquelle vous êtes installés. Tes yeux qui se dirigent un peu de partout dans la pièce – lentement – à t’imprégner des lieux en sachant que d’ici peu vous devrez rentrer au pays quand la voix de ton meilleur ami dans la vie résonne, te pose une question à laquelle tu n’as vraiment pas envie de réfléchir. Car c’est trop dur de faire un choix entre amour et famille, c’est comme si il te demandait de choisir entre ta main droite et ta main gauche Shin là. Tu gonfles alors un peu les joues, fait passer l’air d’un coté à l’autre et fini par répondre :

- J’me sacrifie au moins je choisi pas, j’ai besoin de vous deux pour des choses différentes et j’supporterais pas de vous perdre.

C’est sincère, t’aimes trop ces deux personnes pour n’en choisir qu’une. Tu préfères être celui qui disparait plutôt que de devoir choisir et ça, même si Shin n’aime pas cette réponse. Shin c’est ton meilleur ami - ton frère, la personne avec qui t’as grandi et partagé toute tes peines en sachant qu’il serait toujours là, que t’aurais toujours un lien avec lui qu’importe ce qu’il se passera dans la vie. Et Reira c’est un choix du cœur, Reira elle s’est imposée alors que t’avais même pas encore l’âge de comprendre c’était quoi l’amour. Reira tu veux faire ta vie avec elle, acheter une maison et faire des gosses quand l’envie sera souhaitée et ancrée en vous. Ce n’est vraiment pas la même chose. t’as pas forcément envie de discutailler de ça plus longtemps, à tes yeux c’est vachement plus important de faire ton mea culpa, lui dire ce que t’as sur le cœur et ô combien t’es content de passer ces vacances avec lui, content de découvrir sa ville de cœur et son quotidien quand il était loin de Busan lui aussi.

- C’est vraiment mille fois mieux que ce que j’imaginais, je sous-cotais trop l’endroit dans ma tête mais ça mérite la surcote en fait... J’comprends que t’ai passé des trop bonnes années en étudiant ici, ça devait être cool.

Que tu lui réponds très honnêtement et tu vois bien que ça lui fait plaisir d’entendre ceci, enfin il se déride Shin et te demande si tu souhaites manger un bout ici ou bien bouger. Tu réfléchis que quelques secondes avant de lui dire :

- Ouais j’ai un peu faim, autant manger maintenant histoire d’être tranquille pour la suite si ça te dit ? A moins que tu connaisses un meilleur endroit ? Tu sais ça m’importe peu tant que tu fais plus la gueule...

Ça petite tasse de café que t’attrapes, en boit la dernière gorgée sans te soucier de l’avis du blond. Et comme si de rien était tu lui demandes :

- Au fait ... J’te vois chafouiner avec des meufs ici mais t’es pas dans un truc avec la petite bourgeoise de Busan ... ? Celle qui est fiancée à ton « FrErE » ?

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Alors Haru, tu choisirais qui entre moi et Reira ? Ses yeux bruns braqués sur lui, insistants, comme si Haru allait lui révéler le tirage du loto – et déjà, le temps que son cousin met à lui répondre lui déplaît. Car pour Shin, ce devrait être évident que c’est lui qui passe en premier. Que lui, on pourrait lui poser ce dilemme avec Haru et absolument n’importe qui que la réponse s’imposerait à son esprit, et il le sait. Et lorsque ce dernier ose lui répondre préférer se sacrifier que de devoir faire un choix, c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Le pompon sur la Garonne. Ses sourcils se haussent lentement, ébahi d’apprendre que son cousin aime mieux mourir que de trancher entre eux deux ; lui répond d’un air scandalisé :

- Donc tu me laisserais tout seul ? Ben super, bravo, elle est belle la famille hein.

Avec humeur, il vient touiller le fond de son café, marmonnant que si on dit que les potes passent avant les meufs, ça ne devrait que d’autant plus se vérifier avec la famille. Et comme s’il sentait qu’il ne lui avait pas apporté la réponse qu’il attendait, Haru lui vante les mérites de la Californie ; déclare aimer cette région qui a accueilli son cousin des années durant. Et ça fonctionne, à ces mots le regard du jeune homme s’éclaire – il est sincèrement heureux d’apprendre que son frère apprécie lui aussi cette ville si chère à son cœur, qu’il a réussi à lui transmettre son amour pour ces rues bordées de palmiers, si différentes de leur Corée.

- Ouais, franchement c’était sympa. Le climat est cool, la ville est trop bien, y a toujours des nouveaux trucs à faire, puis les meufs…

Œillade en coin, à repenser à la manière dont il a si bien rentabilisé ses quatre années d’études ici – période durant laquelle il a réellement commencé à s’arranger physiquement, a perdu ses rondeurs d’enfant et achevé de sculpter son corps d’adolescent déjà un peu façonné par l’armée. C’est surtout la période durant laquelle il a enfin pu vivre son rêve ; a pu monter des projets, la confiance dans le cœur, et sans doute cette confiance en lui transparaissait-elle par toutes ses pores. Et Shin, il finit par demander à Haru s’il souhaite manger ici ou ailleurs ; opine de la tête lorsque son cousin propose de rester ici, levant les yeux au ciel lorsque ce dernier l’accuse d’avoir fait la gueule.

- Je faisais pas la gueule… Et ça va, restons là, leurs petits-déjeuners sont très…

Il s’interrompt en voyant Haru porter sa tasse à ses lèvres, sans rien lui demander, comme s’il était chez lui, mais décide de laisser couler, car après tout on parle de Haru, et qu’il serait prêt à partager n’importe quoi avec lui. Haru qui se montre curieux, lui demande s’il ne se passe pas un truc avec la fiancée de son demi-frère qui semble le faire grincer des dents – et il doit se retenir de sourire, un peu trop satisfait de voir qu’il n’est pas le seul à ne pas supporter les autres frères de son cousin.

- Ah, elle… ? T’imagine pas n’importe quoi, je fais juste ça pour faire chier mon père. J’crois qu’il pèterait un plomb si j’arrivais à niquer le mariage de son fils chéri.

Il ricane un peu – amer –, taisant scrupuleusement le fait que la jeune femme est un peu moins inintéressante que prévu ; le temps passé avec elle un peu plus agréable que ce qu’il soupçonnait.

- Pourquoi ? T’es bien curieux toi d’un coup.

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Tu savais qu’il réagirait comme ça, qu’il aurait du mal à accepter que tu ne puisses pas choisir entre lui et Reira et pourtant ça ne t’aura pas fait changer d’avis de le savoir. Car non, tu ne peux pas faire de choix, t’en a pas envie surtout. T’as pas envie d’être hypocrite, de dire un prénom ou l’autre sans être cent pour cent convaincu tu sais qu’à leur façon propre les deux te manqueraient. Mais tu te prends surtout trop la tête Haru, prend certainement la question un peu trop au sérieux et qu’il aurait simplement été plus simple de répondre que tu le choisissais lui comme on répond aux filles aux questions un peu trop bizarre qu’on les aimeraient même si elles ressemblaient à des vers de terre. Shin c’est un peu comme ta seconde petite-amie finalement, du genre à te poser des questions ridicules puis attendre que tu rentres dans son jeu.

Mais Shin tu sais comment le contrer, sait t’y prendre avec lui au vu du nombre d’années – c’est-à-dire les vingt-six dernières années – passé avec lui. Tu lui avoues adorer le Californie et ça pour le coup ça sort du cœur. Car sincèrement, tu ne pensais pas autant apprécier les paysages, la vie qu’on y mène. Tu comprends pourquoi il a tant aimé son voyage ici, pourquoi il voulait tant que tu découvres tout ça avec lui.

- Ouais j’ai remarqué que tu plaisais de fou ici, bon… En Corée aussi mais là c’est quand même plus fou ? Genre on est pas trop le standard… T’as bien dû t’amuser pendant tes études…

T’en doute même pas une seconde venant de ce si charmant petit personnage qu’est ton cousin. Il n’a pu que profiter, que pu s’amuser à attirer le regard de ces dames pendant que t’en faisais de même de ton coté en voyageant d’un pays à l’autre sans trop savoir où est-ce que le vent t’emporterait la fois d’après. Souvenir qui te paraissent dorénavant extrêmement loin, t’as l’impression d’avoir vécu deux vies depuis ton road trip en Asie. Papa est depuis parti rejoindre les étoiles dans le ciel, t’es en couple avec ta meilleure amie d’enfance et Shin est revenu de ses études et semble prêt à conquérir le monde.

Et surtout tu vis à Busan et ne pense pas repartir d’aussitôt.

C’était pourtant ce que t’imaginais, que tu ne serais que de passage dans ta ville natale. Le temps que les choses s’arrangent ou bougent et tu serais de nouveau partie arpenter les villes méconnues de l’Asie ou même d’un autre continent sur le globe. Tout aurait pu être différent mais tu ne regrettes pas les choix que t’as fait, n’envie en rien cette vie de baroudeur que tu t’étais cru destiné à mener.

- On se partage des pancakes et des œufs ? Y’a quoi d’autres à manger ici ? J’t’avoue que la bouffe du pays me manque par contre….

Et Reira te manque. Surtout elle. Mais tu tais ce détail, lui pose plutôt une question qui soudain te traverse l’esprit sans qu’il y ait un quelconque rapport avec la conversation ou quoique ce soit. Ça te vient juste en tête et préfère lui poser la question puisque celle-ci te vient en tête. Au-delà du fait de t’intéresser à ce qu’il fait ou non avec cette héritière – futur épouse à en devenir – tu te demandes constamment si un jour ou l’autre ton frère finira par tourner la page sur toute cette histoire, arrêtera de chercher à faire du tort à ce côté-là de sa « famille ». t’as l’impression qu’il se fait plus du mal qu’autre chose en cherchant à attiser la haine et la colère de son géniteur.

- Et ça t’amuses vraiment… ? Pourquoi tu ne lâches pas juste l’affaire ? T’as pas besoin de faire tout ça, t’as une entreprise qui marche bien pourquoi tu perds ce temps-là sur cette meuf et ces gens ?

Il te demande pourquoi t’es soudainement si curieux sur le sujet et t’hausses les épaules, fixe le fond de cette petite tasse que tu lui as volé et répond :

- Car j’trouve que t’as mieux à faire que de donner l’heure à c’te famille de merde, t’as pas besoin de tout ça t’as rien à prouver.

california dreamin'

-- ft haru

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Ainsi, ils s’arrêtent sur le fait de petit-déjeuner au restaurant de l’hôtel. Haru propose de se partager des pancakes et des œufs, et puisqu’avec son retour l’appétit est un petit peu revenu lui aussi, Shin opine de la tête ; réfléchit un instant lorsque son cousin avoue être nostalgique de la gastronomie de leurs terres d’origine.

- Allez, ils doivent avoir des fruits frais aussi, si ça te tente. Et si tu veux on peut aller déjeuner dans un restaurant coréen, hein ? C’est pas ce qu’il manque, ici.

Car forte de sa proximité avec l’Asie de l’Est, la Californie a connu son lot d’émigrants asiatiques, qui ont pour certains ouvert les commerces de circonstance. Ce n’était pas plus mal pour Shin, durant les quatre années qu’il aura passé ici ; cela lui aura permis de ne pas se sentir trop dépaysé, retrouver un semblant de racines dès qu’il se sentait un peu trop nostalgique du pays. Et sans qu’il comprenne trop pourquoi, Haru l’interroge soudain sur la fiancée de son demi-frère. Il semble beaucoup s’intéresser à ce côté de sa famille, tout d’un coup, et c’est sans trop réfléchir que Shin lui fait part de son plan ; fronce légèrement les sourcils lorsque son cousin ne semble pas abonder dans son sens. Au contraire, il lui demande si ça l’amuse réellement ; pourquoi il ne se contente pas de lâcher l’affaire. Et Shin, tout ce qu’il parvient à faire, c’est se sentir blessé que Haru ne le comprenne pas ; se permette de juger ainsi le plan de toute une vie.

- C’est pas la question que ça m’amuse ou pas, en fait, lui répond-il sèchement. Il m’a jamais donné l’heure, pas une seconde de sa vie, il a pref laisser ma mère galérer et me… bref. Il mérite que je lui enlève tout ce qu’il s’est toujours fatigué à protéger comme ça, elle est là la question. On s’en fout que ça m’amuse ou pas.

Retenant un soupir, il se cale un peu mieux dans sa chaise, croisant les bras sur son torse ; demande à Haru pour quelle raison il se montre soudain si curieux. Et s’il était déterminé à laisser ce sujet retomber par peur qu’il ne prenne des proportions qu’il ne mérite pas, cette sagesse ne semble pas être partagée. En effet, Haru revient à la charge en décrétant qu’il a mieux à faire que de consacrer du temps à cette famille, et c’est trop sèchement qu’il finit par lui rétorquer :

- Je suis le mieux placé pour savoir ce que j’ai à faire, merci.

Et sûrement Haru est-il doué des meilleures intentions, mais Shin a toujours été trop sensible à ce sujet, et ne peut qu’être sur la défensive lorsque son cousin remet ainsi en question ses décisions, lorsque son cadet a toujours fait ce qu’il lui semblait être le mieux. Sans doute cela ne l’aurait-il pas autant piqué, aussi, si c’était quelqu’un de moins important qui lui avait fait cette réflexion, et avec un soupir las il lâche, sans une once de bonne volonté :

- Bon, on commande ce petit-déjeuner ?

california dreamin'

-- ft shin

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T’hoches de la tête quand il propose d’ajouter des fruits frais à la composition du petit-déjeuner que vous allez vous partager et puisque vous avez fait vos choix tu reposes le menu à plat sur la table, regarde ton cousin un brève instant silencieux avant de lui parler d’un sujet dont vous n’avez pas vraiment l’habitude de discuter ensemble. Sa famille. Pas celle que tu connais car t’en fais partie mais l’autre, celle qui n’a jamais voulu de lui. Cette famille qu’il cherche constamment à piétiner lorsqu’il pourrait user de cette énergie pour mettre le monde à ses pieds. T’aimerais qu’il en prenne conscience Shin, tu donnerais tout pour qu’il puisse passer à autre chose, apaise son cœur une bonne fois pour toute et vive sa vie comme un adulte en paix.

Mais Shin ne semble pas enclin à ça,
Il n’est pas prêt à enterrer la hache de guerre, pas encore.

Il a tout un plan ton cousin, ça fait des lustres qu’il s’obstine et que tu le vois bâtir sa vie sur des fondations instable – qui un jour finiront par tomber, c’est certain. Mais que restera-t-il de lui à ce moment-là ? Ça sera quoi son but une fois qu’il aura anéanti l’empire bâti par son géniteur ? Ça te questionne – te bouffe même le foie de voir ton cousin si enragé mais rien ne semble le décourager. Pas même toi qu’il écoute pourtant avec attention quand tu parles.

- Non justement il ne mérite rien du tout de ta part, tu lui donnes beaucoup trop d’attention et c’est ça qui me saoule.

Car il est intelligent Shin, bien plus intelligent que vous tous. Il a des capacités folles et t’as l’impression qu’ils les utilisent de façon ridicule. A tes yeux, il se comporte comme un gamin quand il fait ça, a la rage d’un enfant à qui on n’a refusé de céder un caprice. Mais t’es juste incapable de comprendre sa rage Haru, incapable de te mettre à sa place puisque toi, t’as pas vécu son mal-être, ne pourra jamais connaitre l’abandon et la non reconnaissance de ton père. Tu devrais surement te taire, le laisser mener sa vie comme il l’entend et pourtant ce n’est pas le choix que tu fais en lui répétant encore une fois qu’il ferait mieux de concentrer son énergie ailleurs.

Et qui sème le vent, récolte la tempête.
Voilà qu’il te répond sèchement Shin, te coupe net l’herbe sous le pied.

- Pas de soucis, fait ce que tu veux.

Que tu lui réponds finalement sans être réellement convaincu mais si il ne souhaite pas en parler d’avantage tu ne le forceras pas non plus, t’es pas horrible à ce point. Tu détournes alors les yeux de son visage fermé, regarde plutôt sagement les gens autour de vous sans arrière-pensée. Tu l’entends souffler mais ne réagit pas pour autant, t’imagines qu’au fond il sait que t’as raison, même si le sujet le saoule il doit le savoir que tu ne dis pas que des conneries et que ton raisonnement est le bon. Mais tu sais aussi que ça lui couterait de l’avouer. Alors lorsque ton cousin fini par reprendre la parole et te demande si vous ne devriez pas plutôt commander votre repas tu lui souris et répond :

- Ouaip’ aller laisse-moi faire, j’vais continuer de bosser mon anglais et mon accent !

T’appelles alors le serveur, passe la commande – en galérant bien évidemment ainsi qu’en faisant rire ton cousin qui lui est totalement bilingue – En réalité, t’aimes pas passer pour un con, n’aime pas parler une langue que tu ne maitrises pas Haru mais pour détendre l’atmosphère et passer une bonne journée à ses côtés t’es prêt à te ridiculiser. Juste pour lui.