Comme à son habitude, Soo Hyun était euphorique à l’idée de voir ses protégées passer sur l’écran. Ce n’était peut-être que les débuts, puisque Blue Moon n’avait que quelques mois et Soo Hyun vivait pour la première fois le lancement et la promotion d’un groupe - du moins sous sa responsabilité. C’était un univers qu’il connaissait maintenant, puisqu’il avait vécu tout ça aux côtés de Ji Won quand il était son manager, mais il était évident que la fierté qu’il avait avec Mobius était toute autre. Il était peu fréquent de voir le PDG accompagner directement ses idoles, mais c’était faute d’employés pour le moment. Soo Hyun avait revêtit son ancienne casquette de manager depuis qu’elles avaient débuté et il arrivait pour le moment à tenir le rythme. Bien évidemment, sur le long terme il comptait se constituer une équipe plus importante, mais il tenait dans un premier temps à assurer les fondations de son agence avant de voir trop grand. Il serait de toute façon contraint de passer au recrutement lorsque son agence déciderait de lancer ou signer un nouvel artiste.

Quoi qu’il en soit, à l’heure actuelle, Soo Hyun se trouvait dans la loge de Blue Moon, dans la branche de KBS située à Busan. Ils n’étaient pas là pour de la promotion pure à proprement parler, puisque Blue Moon n’avait pas d’albums imminents, leurs débuts datant de Juin seulement. Cependant, ils avaient obtenu une apparition dans une émission de variété et Soo Hyun ne refusait que rarement du temps d’antenne. Les filles étaient tout autant excitées à l’idée de ce tournage, elles qui vivaient encore le rêve en étant rookies.

Après un petit speech de Soo Hyun, le monologue classique demandant aux filles de donner leur maximum sans se mettre trop la pression, Soo Hyun quittait alors la loge pour les laisser se préparer, peaufiner le maquillage et les tenues avec les équipes adéquates. Il n’avait plus grand-chose à faire de son côté et se contenterait d’assister au tournage dans un coin de la salle, avant de rentrer avec l’équipe à l’agence. Il en profitait alors pour vérifier ses mails sur son téléphone, et répondre aux plus urgents s’il le pouvait.

Son attention fut retenue en entendant un peu plus d’agitation dans le couloir, laissant penser qu’un autre des studios avait dû terminer un enregistrement. Ou aller en commencer un. Ce n’est qu’en relevant la tête qu’il tombait nez-à-nez avec… son frère. Frère avec lequel il n’était pas aussi proche qu’il l’aurait voulu, faute à lui-même et ses parents. Soo Hyun avait bien évidemment suivi la carrière de son jeune frère, puisqu’il était impossible de passer à côté, du moins pour quelqu’un qui s'intéresse un minimum à ce milieu. Il n’était même pas sûr que ce dernier le calculerait. Après tout, il ne savait même pas si San était au courant de son actualité professionnelle, ni même s’il connaissait Mobius ou son groupe. Soo Hyun eut une montée de stress, encore plus que celui qu’il avait pour ce tournage. Il se raclait la gorge, puis décidait de prendre son courage à deux mains, n’étant pas sûr d’avoir une autre opportunité comme celle-ci. « San… ? Tu vas bien.. ? » lançait-il à son attention, lui qui n’était qu’à quelques mètres dans le couloir, ne l’ayant probablement pas remarqué plus que ça. Ce n’était pas les premiers mots qu’il aurait voulu lui dire, mais il ne s’était pas vraiment attendu à le croiser aujourd’hui, encore moins ici. Mais après tout, savoir s’il allait bien était réellement l’une des premières préoccupations de Soo Hyun.  Il appréhendait un peu sa réaction pour dire vrai. Allait-il feindre l’ignorance, s'énerver, ou rester cordiale dans la mesure où le couloir n’était pas un lieu vraiment privé. Les trois réactions seraient compréhensibles en réalité.

✧ euphorie
impatience maitresse des actes, lorsque les instants comme ceux-ci sont proches de se passer. face aux caméras, c'est bel et bien là que san se sent le plus à l'aise ; là où il a toujours voulu se trouver, là où il est persuadé qu'est sa place. en extérieur, sur les plateaux ou dans les studios, c'est son visage, c'est son talent ; c'est lui avec son savoir-faire qui se doit de faire ses preuves, de plaire, de convaincre. c'est ce pour quoi ilrespire, san ; c'est ce à quoi il a toujours aspiré. alors chaque fois que les objectifs sont braqués sur lui il jubile, il trépigne, ilresplendit. il brille san, comme une étoile au milieu de sa galaxie, parfaitement là où il doit être.

les tournages pour le moment suspendus, c'est au coeur des émissions de divertissement qu'il se doit de faire sa promotion. invité en tant que représentant d'un drama dans lequel il a tourné il y a quelques mois et qui vient d'entammer sa diffusion, il raconte son expérience, quelques anecdotes de tournage, en compagnie de la demoiselle qui jouait le rôle principal féminin en sa compagnie. et san parle avec engouement de ce qu'il a appris, ce qu'il a tiré de ce premier tournage à grand budget, lui jusqu'alors apparu brievement en personnage tertiaire ou dans des publicités. et il n'est alors plus possible de lui ôter son sourire, sa voix enjouée et ses grands gestes manuels qu'il mouline pour s'exprimer, gigotter sur son tabouret pour répondre aux questions des MCs. oh, il paraît qu'on reproche parfois aux célébrités de trop en faire ou de feindre la joie ; mais san transpire l'authenticité, la joie d'un jeune acteur en début de carrière pour qui l'avenir semble si prometteur.

radio baissé, caméras éteintes, lumières tamisées ; san remercie chaleuresement toute l'équipe qui lui a accordé du temps, qui l'a épaulé et soutenu pour cette première grande émission ; il offre une dernière accolade à la demoiselle, certes simplement fraternelle, mais bourrée d'affection. après tout se rouler des pelles, même pour le petit écran, ça rapproche. il parait que certains acteurs ont épousé leurs partenaires de tournage... non pas qu'il veuille réellement partager sa vie avec cette demoiselle, mais il peut dire qu'ils s'apprécient. plus ou moins. et c'est tout guilleret qu'il ouvre les batants de la grande porte métallique pour quitter le plateau de l'émission et regagner sa loge.

cependant il y a des fois où les journées sont trop parfaites et le destin éprouve cette incompréhensible nécéssité de bien foutre une claque de retour à la réalité. et aujourd'hui cette baffe prend l'allure d'une voix qu'il n'a pas entendue depuis des années mais qu'il semble bien trop disposé à reconnaitre sans difficulté. de même pour ce visage qu'il a pourtant bien peu vu à son goût, mais qui pourtant trouve dans son esprit nom et place en une fraction de seconde. alors san se fige, perd son sourire, pour n'afficher qu'une mine choquée. sur les trois millions d'habitants de busan, il fallait qu'il tombe sur lui... life is a bitch.

mais le pire n'est même pas là ; l'ainé l'a reconnu aussi, et en plus, il lui cause. et le plus jeune se crispe, affichant une mine confuse, troublée, déboussolée. "je..." est la seule chose qu'il parvient à répondre, alors qu'un demi-milliard de choses se bousculent dans sa tête. pourquoi ? comment ? la question posée par le plus grand tourne et tourne en boucle dans sa tête sans qu'il ne parvienne à trouver la réponse adéquate. est-ce qu'il va bien ?évidemment, oui. mieux que jamais depuis qu'il a quitté la maison. depuis qu'il n'a plus affaire à des connards qui le dénigrent, l'empêchent de vivre sa vie comme il l'entend ou font comme s'il n'existait pas. l'homme devant lui en faisant partie intégrante à ses yeux. il était là quand ils lui ont fait signer ce papier. il n'a rien fait pour les en empêcher. ne l'a pas retenu, n'a pas essayé de le dissuader de partir. il a juste fermé sa gueule et l'a toisé avec le même dédain qu'il a toujours semblé éprouver pour lui.

et voilà qu'il semble se soucier de savoir s'il va bien désormais. c'est la meilleure de l'année, celle-là. oh, il le fait peut-être par politesse, parce qu'il y a des gens autour et qu'ils ne veut pas passer pour un connard dédaigneux qui se moque bien des jeunes artistes. alors il se doit de lui répondre, pour ne pas passer pour un petit con prétentieux qui ne répond pas à ses ainés. le rapport à l'âge est bien trp important dans ce foutu pays et en tant que tout jeune acteur il se doit d'avoir une réputation irréprochable. "je vais bien, oui." son ton est peut-être un peu plus froid que ce qu'il aurait voulu ; mais après toutes ces années sans la moindre nouvelle, toutes ces années à s'effacer et s'arranger pour faire disparaitre son existence à leurs yeux, il n'allait pas non plus lui sauter dans les bras. et il voudrait couper court à la conversation ; mais une part de lui a besoin de comprendre par quelle sorcellerie le destin qui lui souriait jusqu'alors a placé son frère ainé sur sa route. "que... qu'est-ce que tu fais là ?" il demande en détournant la tête, une mine amère et fermée sur le visage, alors que ses mains se glissent dans ses poches. il n'a pas envie de lui exposer ses faiblesses ; pas envie qu'il comprenne le tourment qu'il ressent en ce moment. partage entre joie, curiosité, colère, rancoeur, terreur, et cette incontestable envie de se barrer d'ici vite fait.

San n’avait pas fui, ou ignoré Soo Hyun comme il avait pu le craindre. Parce qu’il fallait garder la face, Soo Hyun le savait très bien ça. Le fait que son jeune frère lui adresse la parole relevait probablement plus des potentielles oreilles indiscrètes aux alentours que d’une réelle volonté du jeune acteur. Il lui répond d’ailleurs que ça va bien, mais Soo Hyun ne sait pas réellement quelle valeur mettre sur cette réponse. Après tout, ils n’avaient jamais été proches par le passé, encore moins à présent. San n’avait sûrement aucune envie de se confier à lui. Puis la question logique, la raison de sa présence ici. Du point de vue de San, c’était probablement le dernier endroit où il aurait pu s’attendre à voir un membre de sa famille, loin de l’entreprise familiale. Aux dernières nouvelles, Soo Hyun allait terminer ses études pour commencer à prendre les rênes de son père. Il désigne d’un bref geste de la main la porte qui se trouve à quelques mètres, portant l’inscription Blue Moon. « Le... groupe de mon agence va enregistrer une émission ». San le fuyait du regard, logique. Il n’avait probablement aucune envie de lui adresser la parole et encore moins de se tenir à quelques mètres seulement de lui.

Avant qu’il ne puisse rajouter autre chose, la porte de la loge s’ouvrait, les filles de Blue Moon sortant l’une après l’autre. La leader s’inclinait pour saluer San après s'être approchée d'eux, puis portait son attention sur Soo Hyun. « Ça va être notre tour, on nous attend sur le plateau ! ». Ce dernier indiquait d’un geste de la main à son assistant de prendre sa relève pour les accompagner. « Bon courage, les filles ! Oubliez pas ce que je vous ai dit, et je vous retrouve plus tard ! ». Leur répondait-il avec un large sourire alors qu’elles suivaient la chargée de production jusqu’au plateau, à l’autre bout du couloir, avec l'assistant de Soo Hyun.

« On peut aller parler dans un endroit plus calme ? ». Proposait-il alors à San, se disant qu’ils pourraient mieux jouer cartes sur table sans autant de passage autour d’eux. Il désignait alors à nouveau la loge où se trouvait Blue Moon, loge vide à présent le temps du tournage. La probabilité que son frère accepte était relativement maigre, mais il fallait toujours essayer, n’est-ce pas ? Soo Hyun était loin de prétendre tout savoir, ou d’avoir changé pour le mieux. Il se disait naïvement qu’à force de dialogue, San aurait peut-être pu convaincre leurs parents un jour ou l’autre. Après tout, Soo Hyun avait bien réussi à se défaire un peu de l’emprise de leur père sans passer par la suppression complète de tout lien avec les Lee. Il avait lui aussi eu le droit au document à signer, mais dans un moindre mal il n’était pas en relation conflictuelle avec leurs parents. Leur géniteur lui en avait bien voulu en se rendant compte de là où il avait investi son argent, mais au final il était gagnant-gagnant. Si Mobius Entertainment marchait, il avait un retour sur investissement, et si l’agence coulait, il s'assurerait un contrôle sur son aîné. Dis comme ça, on pourrait croire à un pacte avec le diable, et on en était pas si loin au final. Il se rassurait à chaque fois qu’il posait les yeux sur les filles du groupe, puisqu’à première vue, elle avait su séduire le public et il était confiant de ce côté-là. « Ça ne sera pas long, et t’auras même pas besoin de me répondre si t’en as pas l’envie ». Soo Hyun lui-même ne savait pas vraiment ce qu’il allait dire dans l’immédiat, mais au vu de la réaction de San, c’était peut-être maintenant ou jamais. Ils n’étaient pas vraiment dans une situation où ils pouvaient prévoir une discussion dans un café entre deux messages échangés. Soo Hyun n’avait jamais été le plus doué lorsqu’il devait dire ce qu’il avait sur le coeur, encore moins dans le cocon familial où ils ont grandi. Il aimerait se dire que c’était la raison de la querelle entre les deux frères, mais il était réaliste et savait pertinemment qu’à l’époque, l’approbation de son père comptait plus que celle de son frère. Il était lucide de ce côté-là, encore plus depuis qu’il avait lui-même rêvé d’autre chose que d’enfiler le costume de son père.

✧ tourment
incrédulité de celui qui croit avoir vu un fantôme. incapable de détacher le vrai du faux, de savoir s'il hallucine ou si ce qu'il voit et bien réel. fantôme d'un passé troublé, vision d'un être qui à ses yeux n'a jamais été bien plus qu'un spectre. ombre suivant le paternel tout aussi fidèlement, sans émotion, sans compassion. sans âme. alors c'est peut-être bien un fantôme qui se trouve face à lui, le laissant coi, immobile. comme si tout était devenu froid. glaçant. comme si la vie et l'espoir venaient de s'évaporer. et la raison de sa présence ici le taraude. il prie en secret, que ce ne soit qu'un hasard. qu'il n'ai pas été envoyé ici pour venir le chercher, le ramener de force dans cette maison - cette prison. il sait qu'il lutera ; mais il préfèrerait ne pas en arriver là. alors la question est posée, avec inquiétude, avec distance, avec froideur. avec ce regard qui n'ose se poser sur l'ainé. et si sa présence était déjà surprenante, la réponse l'est encore plus. "ton... agence... ?" il demande, observant en coin l'ainé qui semble tout aussi surpris que lui de le voir. comment ça, son agence ? l'entreprise de leur faire fait dans l'entertainment maintenant ? après al'avoir viré de la maison pour avoir voulu en faire sa carrière ? c'est une blague ?

pas le temps d'en demander plus, la porte s'ouvre soudainement, laissant sortir une farandole de jeunes filles toutes plus jolies et resplendissantes de joie les unes que les autres. elles s'adressent à soo hyun ; et san comprend sans difficulté qu'il s'agit du fameux groupe de son agence dont il parlait. au vu de leur nombre, apparence et vêtements, il n'est pas compliqué de deviner que ce sont des idols. alors il s'est vraiment pas foutu de lui ? stupéfait, il reste à l'écart pour les laisser parler, n'adressant qu'un sourire poli aux jeunes filles pour les saluer et leur souhaiter bonne chance sur le plateau. des jeunes artistes en herbe, comme lui, qui ignorent encore tout de la jungle qu'est le monde du divertissement. lui-même encore bien trop naïf sur ce sujet, lui qui ne respire que par ses rêves, convaincu que les espoirs se réalisent à force de travail et de persévérence.

frères à nouveau esseulés dans le couloir où quelques personnes s'activent encore, la proposition s'extirpe de la bouche de l'ainé comme une punition. parler plus au calme... s'isoler dans un endroit clos à l'abris des regards et des oreilles indiscrets, uniquement lui et son fraternel qu'il n'a pas vu depuis des années. de quoi veut-il parler au juste ? lui demander si tout va bien ? il a déjà répondu à ça. et s'il espére que lui posera des questions, il peut bien se fourer le doigt dans l'oeil. car malgré sa curiosité quant à ce qu'il fait ici à manager des idols, sa rancoeur que pourrait stipuler une éventuelle réponse ne lui donne aucune envie d'accepter. une moue contrariée froisse ses lippes, alors qu'il l'écoute le rassurer, le laissant plus confus qu'autre chose. si soo hyun n'envisage même pas de le faire répondre, à quoi bon essayer de l'interroger en premier lieu ? la logique des hommes d'affaire lui échapperait toujours.

néanmoins c'est finalement la même raison que précédemment qui le pousse à reconsidérer sa réponse ; le monde autour d'eux. encore une fois il se sait ne pas être en mesure de refuser face à tous ces gens qui pourraient détruire sa réputation si durement construite en une fraction de seconde. encore une fois il se doit d'être poli et courtois face aux hommes plus âgés et plus influents. tout ce baratin qu'il a fui, dont il a pensé être débarrassé en apposant sa signature en bas de ce fichu contrat. à nouveau contraint aux approbations sages et à la politesse. avec résignation, il hoche la tête le plus calmement possible. "si tu veux." répond-il enfin, se consolant en se disant qu'au moins, dans cette pièce, il pourra l'envoyer sur les roses sans craindre les regards alentours.

ainsi s'engouffre-t-il dans la loge laissée en désordre par les filles qui viennent de la quitter. bras croisés, attitude fermée, il prend le plus de temps possible pour observer la pièce les entourrant, inspirant profondément. comme une réserve d'oxygène avant que l'air ne soit coupé une fois la porte fermée. il ne prend pas la peine de chercher où s'asseoir, reste debout, droit, stoïque. paré à partir à tout moment. il n'a pas l'intention de s'éterniser ici, et il le fait bien sentir. après tout, le frère lui a bien dit que ça ne serait pas long, non ? "tu voulais parler de quoi ? il interroge enfin en se tournant vers l'ainé, le sondant d'un regard dur et accusateur. oh non, il ne lui a pas pardonné. non, le temps n'a pas encore pu panser ses blessures, grattées et laissées à vif sans jamais être soignées durant des années. des plaies qui peut-être ne se refermeront jamais. il le toise, san, et il attend ; il attend de pouvoir fuir. d'à nouveau tirer ce trait sur sa famille et son passé. après tout, c'est ce qu'ils voulaient.

Il s’en doutait, Soo Hyun, que San ignorait tout des dernières nouvelles liées à la famille. Pouvait-il lui en vouloir ? Depuis ce jour où leur père avait sorti ce fameux document, il était normal que San ne veuille même pas entendre parler de ses pairs. Sa réaction lorsque Soo Hyun évoque son agence illustre très bien le manque d’informations de San de ce côté-là. Un exemple valant mieux que mille mots, les filles de Blue Moon sortent au même moment de la loge, et il est aisé de les imaginer pour ce qu’elles sont, à savoir un groupe de kpop. Soo Hyun met une pause dans son échange avec San, pour répondre à la plus âgée du groupe, la leader. Après ses consignes, elles disparaissent du paysage pour rejoindre au plus vite le plateau de tournage sous le sourire bienveillant de Soo Hyun, teinté de fierté. Il reporte ensuite son attention sur San, lui proposant de quitter le couloir pour pouvoir parler plus calmement sans étendre leur linge sale en public. Instant parfait puisque la loge de Blue Moon est à présent vide. Même s’il ne s’attendait pas à ce que San veuille rester enfermé en tête à tête avec son frère plus que nécessaire, ils étaient au moins sûrs que cette pièce serait déserte au moins pour la durée du tournage. San accepte, à contre-coeur sûrement mais c’est déjà une petite victoire. Soo Hyun ouvre la marche et referme la porte derrière eux, leur laissant toute l’intimité dont ils avaient besoin.

Il se retrouve face à un petit frère encore moins ouvert à la discussion que dans le couloir, à la simple vue de sa posture. Posture de défense, fermée à la discussion. Une des raisons pour laquelle Soo Hyun lui avait promis qu’il n’avait pas besoin de répondre s’il n’en avait pas l’envie. Soo Hyun fit quelques pas dans la loge, attrapant le premier truc qui lui tombait sous la main, à savoir dans le cas présent une brosse. Tic nul, mais Soo Hyun n’aimait pas avoir les mains vides et ne rien faire, probablement parce qu’il était mal à l’aise aussi, de cette confrontation et qu’il se donnait un peu de consistance pour se focaliser. « Je ne vais pas te dire que je suis désolé, on sait tous les deux qu’un simple mot ne peut effacer les dégâts de plusieurs années ». Soo Hyun était-il réellement coupable, ou était-ce leur père ? Dans tous les cas, son ignorance le rendait au minimum complice. Un poids qu’il portait à présent sur ses épaules, bien qu’à l’époque il n’en avait eu que faire des états d’âmes de son jeune frère. Il avait été fait dans le moule de son père, après tout. Oui, à l’époque, vouloir devenir acteur semblait être une fabulation d’un gamin capricieux. Pourquoi San aurait réussi, dans un univers aussi saturé en candidats ? La réponse était simple, la volonté et la passion, une chose qu’il avait pu voir au travers des quatres filles qui, inconnues au bataillon avaient eu un début satisfaisant au sein de Mobius. Il se mettait alors à faire les cents pas dans cette petite pièce, lançant quelques regards de temps à autre à San. « Comme t’as pu le voir, j’ai pas rejoint l’entreprise de papa après mon diplôme. J’ai négocié pour ouvrir ma propre agence, après une petite carrière de manager. Négocié, vu que j’ai eu le droit à un document à signer aussi, mais moins expéditif que le tien… ». Etait-ce mieux ou non ? Tout était une question de point de vue. Dans un moindre mal, San n’avait plus de compte à rendre à leur père, alors que Soo Hyun deviendrait littéralement sa marionnette s’il échouait, tout en continuant de profiter du confort que pouvait lui apporter leur héritage. « Enfin, là n’est pas le point. Ce que je voulais te dire avec ça, c’est que j’ai compris, maintenant. A défaut d’avoir été un bon frère par le passé, je tenais au moins à te souhaiter bonne chance, et m’assurer que tu allais bien, aussi ». Sa phrase terminée, il stoppa ses pas, faisant de nouveau face à San. Comme promis, il n’attendait pas de quelconque réponse de ce dernier, bien qu’il préférerait en avoir une, c’est sûr. Que ce soit des questions, des insultes. Peu importe. La haine était au final moins pire que l’ignorance, même s’il avait infligé ça à son petit frère quand ils étaient gosses.

✧ rancoeur.
la mine fermée et le regard dur, tout dans cette pièce semble être plus méritant de capter son attention que l'homme se tenant face à lui. son regard promène sur tout ce qui se trouve dans le champ de vision, balayant les coiffeuses couvertes de maquillages, accessoires, barrettes, brosses, paillettes. s'il ne les avait pas vues sortir, san n'aurait eu aucun mal à se figurer qu'il y avait eu un groupe d'idoles féminines ici juste avant, ne serait-ce que par les tenues dans les penderies et tous les grigris girly disposés un peu partout dans un joyeux bordel pailleté. et ça aurait pu le faire sourire, san, dans d'autres circonstances peut-être. après tout il aime bien les idols en général, pour les quelques fois qu'il a pu travailler avec, ce sont toujours des personnes comme lui, des rêves plein les mirettes et du talent à couper le souffle. mais pour l'heure il n'a pas le coeur à sourire, plutôt à tirer la gueule jusqu'à par terre.

ses yeux sombres ne se reconcentrent sur l'ainé que lorsque celui-ci lui adresse la parole, puisqu'il n'avait aucune attention de le faire en premier de toute façon. il fait alors mine d'écouter, se retient dêtre désagréable et se contente d'hausser les sourcils d'un air désinvolte. la mine qui signifie non, sans blague ? sans pourtant que ce ne soit prononcé. de simples mots ne suffiraient pas, même s'il lui répétait sans cesse chaque jour jusqu'à la fin de leur vie. parce qu'en soi, rien ne suffirait. ce qui est fait est fait, et les belles paroles de l'ainé n'y pourront rien. il ne pourra jamais changer le fait qu'il n'a jamais été là pur lui. le fait qu'à ses yeux il n'a jamais été son frère. il n'a jamais été qu'un étranger, suppot de leur tyran de géniteur. se sont-ils seulement déjà parlé, rien qu'une fois ?

cependant le plaidoyer ne s'arrête pas là, et laisse à san une note encore plus amère. il ne peut retenir un rire nerveux, un rire sarcastique. simple gloussement d'une seule note alors qu'il détourne la tête. les yeux stupéfaits s'arrêtant sur ce qu'il trouve, à savoir un simple pan du mur. regard fuyant, il ne peut que rire tant la situation en est ironique. "bah voyons." il lance tout à coup, sans pourtant lui accorder à nouveau son regard. c'est pas un mauvais gars, san. il n'est que rarement sarcastique, rarement salé, rarement mauvais. mais là il l'a en travers, salement. "donc si moi je veux faire de l'entertainment on me met dehors en me faisant signer une connerie rayant mon existence de vos vies, mais toi on te l'accorde ? mieux, on te le finance ?" il s'insurge. sa mine se ferme, se crispe de colère, d'amertume, de rancoeur. "tu comprends maintenant, tu dis ? et tu comprends quoi au juste ? que l'entertainment c'est pas si mal ? à la bonne heure." sa voix s'élève, sans qu'il ne le contrôle réellement.

ses pas finalement s'avancent dans sa direction. un index incusateur se pose contre le torse de l'ainé, les iris amplies de flammes. "viens pas me dire que tu comprends. tu comprends rien. tu comprendras jamais ce que c'est. parce que toi t'étais désiré, parce que t'as toujours eu tout ce qu'il fallait pour les rendre fiers. parce que tu sais pas ce que c'est que d'être ignoré jusqu'à ta propre existence, de passer tes repas seul dans un coin du salon avec la bonne pendant que eux mangent à table avec le grand frère si parfait. parce que tu sais pas ce que c'est d'être jugé, dénigré. déshérité. tu sais pas ce que c'est parce que quoi que tu fasses il sera toujours derrière toi. alors viens pas me voir avec tes grands airs de je te comprends. tu comprendras jamais rien." il accuse, san. la voix dure, la gorge crispée au point d'en faire ressortir ses veines. il accuse sans chercher à comprendre, sans chercher à entendre. il accuse parce qu'il a accumulé trop d'années de rancoeur. parce qu'il n'était qu'une bombe, attendant en secret de se retrouver face à son ainé pour exploser. et il recule, et il tourne le dos, parce qu'il ne peut s'effondrer. pas maintenant, pas comme ça. "et pour te répondre, oui je vais bien. en fait je vais bien mieux depuis que je vois plus vos gueules." il est dur san. il est peut-être cruel. mais il a mal. et il veut rejeter soo hyun, comme lui l'a toujours rejeté aussi. sa vengeance est brusque et maladroite ; mais il ne pourra finalement pas aller de l'avant sans l'avoir accomplie, même juste un peu, même de cette manière. oh il le regrettera, sûrement ; d'avoir laissé passer sa seule chance de retrouver de rencontrer son grand frère ; mais l'émotion est trop vive pour l'instant, et il ne peut plus réfléchir correctement.

Soo Hyun s’était enfin lancé, après avoir imaginé à plusieurs reprises ces fameuses retrouvailles. Mais l’exercice se relevait plus compliqué que prévu. Pour cause, les deux frères n’avaient jamais été très forts en dialogue, et encore moins depuis que San avait quitté le domicile familial sans donner de nouvelles - et sans que Soo Hyun n’en cherche non plus, préférant garder un oeil à distance. Il avait prévenu San, qu’il n’aurait même pas à parler. Mais lorsqu’il avait fini de prendre la parole, ce dernier n’avait pu se retenir. Heureusement pour Soo Hyun, il ne sait pas s’il aurait préféré l’ignorance à la colère. Il écoute la colère de son petit frère, il n’en rate pas une seule syllabe. Il essaye de tout enregistrer, d’intégrer tout ce que son frère pouvait lui reprocher; à lui et à leurs parents. Et il n'avait pas tort, de toute façon. Tout ce qu’il disait était la réalité. Soo Hyun n’avait jamais été là pour lui, et il était entré dans le jeu de son père en ignorant les états d’âmes de San. A l’époque, il ne s’en rendait pas compte, ce n’était pas de la méchanceté qu’il essayait d’infliger délibérément à San, juste la normalité… Ou du moins leur normalité. Il faisait comme sa famille, comme son père. Parce qu’il voulait devenir son père, à l’époque. Il ne pourrait jamais le nier, ça. Oui, il avait voulu reprendre l’entreprise familiale et entendre son père le féliciter à chaque bonne note, à chaque appréciation positive du corps enseignant. C’était son moteur, à l’époque.

« Je ne sais pas ce que ça fait d’être à ta place oui, et je ne le pourrais jamais. Je n’ai jamais demandé à être le fils parfait, mais c’est ce que j’étais et t’en as souffert, ça j’en suis bien conscient. J’ai beau avoir changé, je ne te demande pas de le croire. Je ne cherche pas à redevenir le frère que j’aurais du être, San. Je n’en ai même pas envie. Si tu es bien mieux depuis que t’es partie de la maison, par pitié, ne fais pas l’erreur de te rattacher à cette foutue famille un jour ou l’autre. Tout ce que je t’ai dit, je le pensais vraiment, libre à toi de l’accepter ou non. Je feindrai de ne pas te connaître la prochaine fois que l’on se croisera si c’est ce que tu préfères, je n’ai clairement aucune intention de te nuire. Je tenais réellement à m’assurer que tu allais bien, alors si tu me dis que c’est le cas, tu n’auras plus jamais affaire à moi, je peux t’en faire la promesse ». Il prend quelques secondes de souffle dans son monologue. Il sent ses yeux briller, mais heureusement avait-il a toujours appris à contrôler ses émotions. Les mots de San l'avaient frappé en plein coeur, mais c’était des coups mérités. Pour cette raison également qu’il passait sous silence que son père n’avait pas réellement approuvé l’agence, et que Soo Hyun avait en quelque sorte arnaqué, en toute légalité, leur géniteur. De toute façon, tout ce qu’il pourrait chercher à dire lui semblerait être qu’une manière de se chercher des excuses. Ce n’était clairement pas son but. « Comme je t’ai dit, je ne te retiens pas plus longtemps. Claque-moi la porte aux nez aussi fort que possible, mais par pitié, fais en sorte que papa ait tort. Perce dans ce foutu milieu et ait une grande carrière. Tu ne lui dois rien, à lui ou à nous, et tu n’as rien à prouver, mais j’aimerais juste voir son regard le jour où il s’en rendra compte ». Lançait-il en dernière requête, esquissant malgré lui un sourire nostalgique de revoir son frère, et de savoir à présent que, d’après ses dires, il allait effectivement bien.

✧ trouble.
l'ouragan de colère est passé, ne laissant derrière lui que les vestiges de la vie d'avant. des émotions qu'il n'a pas su contrôler, lui qui est pourtant d'ordinaire si joyeux et solaire, s'est simplement changé en boule de rage incontrôlable. tous les reproches qu'il aaccumulés durant une quinzaine d'années, et qu'il a refoulé à son départ de la maison pour ne se concentrer que sur son rêve, viennent enfin d'avoir l'occasion de sortir, de se libérer. de crever cette boule encore bien présente au fond de son estomac. et les mots qui en sont sortis ont dépassé sa raison, dépassé sa pensée ; et san n'arien pu contrôler.

mais la tempête est apaisée et désormais il ne reste plus que la douleur, les doutes, les craintes, les questions. le tourment dans sa tête toute perdue qui n'avait jamais envisagé une seule fois le fait de retrouver son frère. incapable de voir et de comprendre certaines choses. incapable d'encaisser l'idée que ce n'est pas à soo hyun qu'il devrait en vouloir. que s'il ne lui a jamais tendu la main, ce n'est pas sa faute mais celle de leur père. incapable de digérer l'idée que durant dix-huit ans de sa vie il a jalousé un innocent, un simple pantin. ça, il n'est pas encore prêt à l'admettre san.

il n'est même pas certain de savoir s'il veut ou non le revoir, plus tard, quand la pillule sera digérée. il a encore tant de questions qui restent sans réponse, des questions qu'il avait enterrées mais que le revoir a fait resurgir. des questions auxquelles soo hyun est finalement le seul à pouvoir répondre. mais qu'il n'a pas la force de lui poser actuellement, encore trop secoué, trop abasourdi par ces nouvelles révélations qui pourraient bien renverser le cours de sa vie s'il leur donne trop d'importance.

tout ce qu'il sait c'est qu'une sorte de légère paniqu s'empare de son être lorsque son ainé lui suggère de faire comme s'ils ne se connaissaient pas s'ils doiventt être amenés à se recroiser. et l'idée le pique, le blesse, le fait grimacer. ça ne changera pas grand chose pour toi. songe-t-il sans oser le formuler ; soo hyun a après tout passé sa vie entière à faire comme s'il n'existait pas. mais il ravale sa rancoeur et ferme sa bouche pour le laisser terminer.

et la suite le laisse pantois. ce que l'ainé lui dit semble se trouver être des paroles d'encouragements. pour la première fois quelqu'un, et qui plus est quelqu'un de sa famille, lui dit de continuer, de réaliser son rêve, d'être le meilleur. et pour la première fois san sent naitre en lui une rage de vaincre si profonde qu'elle en humidifie ses yeux. les paroles de soo hyun lui font un bien fou à entendre. réussis, pour que le paternel ferme son claque-merde une fois pour toute. c'est le message qu'il comprend. c'est ce qu'il avait besoin que son frère lui dise. et les larmes finissent par couler, de rage, de frustration, de soulagement ; d'une émotion trop vive et trop indescriptible mais pourtant bien réelle, fulgurante, dévastatrice. "compte sur moi." il finit par souffler, remontant ses yeux mouillés vers celui qui pour la première fois en vingt-et-un ans agit réellement comme son grand frère. "je deviendrais une vedette internationale et plus aucun d'entre vous ne pourra me dire quoi que ce soit de mauvais." il assure ; non, il promet. il promet autant à soo hyun qu'à lui-même. c'est son rêve, son objectif. c'est ce à quoi il a voué sa vie.

il ne sait pourtant pas quoi dire d'autre. il lui claquerait bien la porte au nez comme suggéré, mais une part de lui refuse d'admettre qu'il ne le verra plus jamais. que ses questions resteront sans réponse éternellement. mais il n'a pas la force de les poser pour le moment. alors il s'essuie rageusement les yeux d'un revers de bras, reniffle. puis s'incline en avant, rapidement, pas simple marque de politesse que les jeunes doivent aux plus âgés. que les rookies doivent aux pdg. "sur ce." il souffle avant de tourner les talons. main sur la poignée, il reste immobile à fixer le bois de la porte de la loge durant quelques instants. et finalementil murmure, pas tellement sûr de lui ; "on se reverra bientôt, hyung." et enfin actionne le clenche pour s'extirper de là, encore troublé.
mais peut-être qu'un jour oui, ils seront amenés à se revoir, dans de meilleures circonstances que celles-ci.

Soo Hyun laisse supposer qu’il respecterait la décision de San si ce dernier, malgré ces retrouvailles inattendues et pas aussi belles que dans les films, refusait d’entendre parler à nouveau de lui. Une certaine forme d’adieu qu’il n’avait pas réellement pu formuler par le passé. En réalité, Soo Hyun espérait que ce ne serait pas la décision finale de son jeune frère, et même s’il devait passer sa vie à se racheter, il en serait prêt. Quoi qu’il en soit, il laissait cette variable à son frère, lui seul pouvait de toute manière accepter ou refuser un quelconque pardon. Soo Hyun ne comptait en aucun cas le lui imposer. La discussion s’orientait naturellement vers leur père, qui était un peu au centre de toute cette histoire. Et comme une ultime requête, Soo Hyun lui demandait de réussir. Il savait que voir San à la télé, plein de réussite, n’arracherait clairement pas un sourire à leur géniteur. Même si le temps était passé, il n’avait pas changé d’opinion de ce côté là et privilégierait probablement toujours les affaires au monde si “futile” qu’est le divertissement au sens large du terme. La réponse du jeune Lee décrochait un léger sourire à Soo Hyun, lorsque ce dernier affirmait qu’il atteindrait la renommée internationale. Il ne pouvait pas lui souhaiter mieux. « J’ai hâte de te voir en haut de l’affiche, alors »

Ce fut finalement San qui mettra un terme à la discussion. Il avait probablement mieux à faire de toute façon, et Soo Hyun était quasi certain que la charge émotionnelle qu’il ressentait à l’instant présent ne lui permettait sûrement pas de prolonger cette discussion plus que nécessaire. Mais ce n’était en rien grave, Soo Hyun sentait au moins qu’il avait pu dire ce qu’il avait eu sur le coeur ces dernières années. Il y avait encore un tas de choses à dire, c’était sûr, mais le jeune pdg n’allait pas se montrer avide. La dernière phrase de San avant de disparaître venait installer une légère lueur d’espoir dans le coeur de Soo Hyun, lorsque ce dernier affirmait qu’ils se reverraient un jour ou l’autre. S’il n’avait pas répondu à la suggestion précédente de devenir des inconnus, il pensait cependant que ce dernier n’aurait pas hésité une seule seconde à lui dire adieu sans demander son reste, si telle était son envie. Soo Hyun aviserait le temps venu, de toute façon. A la dernière vision de son frère de dos, Soo Hyun sentait les quelques larmes qu’il avait retenu au bord de ses yeux se frayer un chemin sur ses joues. « Bonne chance, San ». Glissait-il avant de le voir disparaître derrière la porte. Soo Hyun poussait alors un long soupir, surtout de soulagement. Si les retrouvailles ne s’étaient pas passées comme il l’espérait, il avait au minimum l’information que San semblait aller bien. Se passant une main dans les cheveux, il posait de l’autre la brosse qu’il tenait encore depuis bien trop longtemps, puis jetait un oeil à l’horloge de la loge. Les filles devaient déjà avoir commencé le tournage, alors il quittait à son tour les lieux pour venir rejoindre son assistant derrière les caméras, et ainsi assister aux backstage de l’émission.