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-- ft haru

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( outfit ) Tout est trop calme – un peu trop calme, et Reira, elle aime pas trop beaucoup ça. Haru est plus silencieux, ces derniers temps. Il parle moins, rit moins, semble la plupart du temps dans son monde – fuyant, si l’on devait se fier à l’objectivité toute relative de la jeune femme. Et puis il y a eu cette fois où il a annulé au dernier moment ; cette autre fois où il a dit avoir déjà quelque chose, alors qu’ils avaient déjà prévu de se voir.

Ça ne ressemble pas à son petit ami, tout ça,
Et forcément, ça l’inquiète.

L’interroge – que s’est-il passé pour que se produise ce brusque revirement ? Si elle ne dit pas de bêtises, ça a commencé un peu après son retour de Californie – pendant quelques jours, il semblait ravi de la retrouver, et puis la dégringolade a commencé. Et Reira étouffe dans ce climat inhospitalier, si éloigné de ce à quoi son petit ami l’a habituée. Mais Reira étant Reira, elle n’est pas parvenue à jeter tout de suite le sujet sur le tapis. A préféré d’abord tourner et retourner la question dans sa tête ; psychoter à loisir sur le sujet, évoquant la moindre possibilité. Sa seule certitude, c’est qu’il lui cache quelque chose – mais quoi ? Il la trompe ? A une double vie ? Des problèmes avec des gens plus puissants que lui ? Les hypothèses les plus absurdes finissent par traverser son esprit, menant toujours au même point : il a dû se passer quelque chose aux Etats-Unis. Elle savait que ce voyage était une mauvaise idée, après tout.

Et forcément, tout ceci la tracasse un peu. L’angoisse un peu. Elle a beau s’efforcer de maintenir les apparences, cette situation finit par déteindre sur elle et la faire également se comporter différemment, car après tout, elle n’a jamais vraiment su faire semblant. Elle se demande ce qui a bien se passer pour qu’il ne puisse pas – ou ne veuille pas – lui en parler, et si aujourd’hui ils sont censés se retrouver après le travail, elle aura passé la journée à se demander s’il va annuler, cette fois. Si ce sera encore bizarre entre eux, s’il lui fait l’honneur de sa présence.

Mais la journée file, l’heure de fermeture arrive, et elle n’a toujours pas reçu l’ombre d’un message de la part de son petit ami. Elle en déduit que ce doit être maintenu, alors ; fait le tour de la boutique pour replacer les vêtements glissés des ceintres, ranger ce qui a été déplacé, remettre en place les cabines d’essayage. Baisse le rideau, ferme toutes les portes à clé et, enfin, quitte la boutique, Pucci sur ses talons. En quelques minutes, elle rejoint la supérette Seomun ; pousse la porte pour entrer dans la boutique encore éclairée, trouvant son petit ami à son poste, derrière le comptoir. Et c’est avec un sourire un peu forcé qu’elle se penche vers lui pour déposer un baiser sur ses lèvres ; lui demande prudemment, tandis que le petit chien court entre leurs jambes comme un fou furieux :

- Salut. Ca va ? Tout a été aujourd’hui ?

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-- ft reira

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( outfit ) Ça tourne en boucle dans ta tête, encore et encore depuis déjà deux longues semaines. Quatorze jours de passé depuis ce rendez-vous médical qui n’avait en aucun cas pour but d’être inquiétant à la base. Tu t’étais juste proposé pour accompagner Eunchang chez le pédiatre pour une visite de contrôle des plus banales. Ça ne devait tenir qu’à ça, lui faire des vaccins si il en fallait, lui rappeler de bien se brosser les dents tous les jours et puis c’est tout. Et pourtant ce médecin que tu connais bien, ce pédiatre en fin de carrière qui t’as connu toi, tes parents et ta ribambelle de frère et sœur en est venu à te parler de la maladie de ton père. T’as pas tout compris au début, tu t’es même demandé pourquoi il en venait à discuter de ça avec toi mais très vite les mots ont pris du sens quand il a parlé d’hérédité des gênes, que cette maladie il avait pu vous la transmettre et que ça serait pas mal pour la fratrie de faire quelques tests.

Et le monde s’est écroulé sous tes pieds à cet instant même.

Tu te rappelles avoir jeté un œil sur ton petit-frère posé sur la chaise à coté de toi, ce gamin d’à peine quelques années plein de joie qui pourrait déjà avoir en lui cette maladie qui aura déjà fait tant de mal à votre famille. Et le cœur s’est retourné à cette pensée tragique. Car il est trop jeune pour ça, vous êtes tous trop jeunes pour ça. Tes sœurs ont des projets, Jin entre à peine dans la phase si chiante et à la fois si drôle de la préadolescence. Et toi t’es enfin heureux Haru. T’as l’impression d’avoir enfin la vie qui colle le mieux à tes attentes. Rien n’est absolument parfait mais t’es content d’être là, content de partager ton quotidien avec une fille que t’aimes et qui t’aimes tout autant en retour.

Alors pourquoi faudrait-il te gâcher la vie en découvrant que tu pourries de l’intérieur ?

Une réflexion qui aura pris beaucoup trop de place dans ta tête car t’es tout bonnement effrayé d’apprendre que t’es atteint par cette satané hérédité. A aucun mot tu te dis que tout ira bien et que vous serez tous épargnés. T’aimerais bien penser comme ça Haru mais t’as l’impression que vous seriez un peu trop chanceux et à la fois t’oses espérer que si le cas échéant arriverait tu serais l’élément de la fratrie toucher pour épargner les autres. Et si discuter de tout ça avec le docteur était déjà assez pesant, en parler à ta mère aura été un tout autre level. T’as eu du mal à lui dire ce que le médecin avait pu te dire, eu du mal à lui faire comprendre qu’il était probable qu’un d’entre vous soit touché par la maladie et qu’il était possible de vérifier cela en faisant quelques tests. T’étais déjà angoissé Haru, vraiment. Du genre à avoir la gorge nouée et l’estomac retourné mais de la voir pleurer, se demander pourquoi votre famille était touché par le courroux des forces au-dessus de vous n’aura fait que confirmer ton opinion : l’ignorance est la meilleure des solutions.

T’essaies alors de vivre normalement depuis, essaie de ne plus y penser mais ça te rattrape toujours à un moment ou un autre. Tu sais que ta mère a pris des rendez-vous pour les trois derniers de la fratrie, insiste pour que toi et Sanae en fassiez de même. Si ta sœur compte le faire, toi t’es toujours résigné à mentir et ne jamais passer le test. Tu te contentes de lire sur ton téléphone des articles sur ledit sujet, te renseigne et te crée un étau d’angoisse duquel tu n'arrives plus à sortir. C’est quand la voix de ta petite-amie résonne dans l’épicerie que tu sors de ta bulle, retourne instinctivement ton portable sur le comptoir pour cacher ce que t'étais en train de lire et lui tend plutôt ton visage pour quelle vienne y juxtaposer ses lèvres. Elle te demande si ça va et tu tentes un sourire, vient caresser son chien un instant en lui répondant :

- ça va et toi ? Bah une journée normale à l’épicerie hein... J’ai aidé les petites mamies à ranger leurs courses dans leur voiture ou dans leur caddie et j’me suis intéressé au système de caisse automatique... Mais ça coute une blinde.

C’est un investissement qui ferait pourtant du bien à tout le monde, libérerait pas mal de temps à ta mère et toi.

- Et toi ça s’est passé comment à la boutique ?

Reira que t’attires derrière le comptoir, la pousse à prendre place sur tes genoux tandis que tu tapes le code pour ouvrir la caisse et te mettre à faire les comptes de cette journée qui t’a paru être longue comme l’éternité.

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-- ft haru

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La sonnette du magasin tinte sur son passage lorsqu’elle en pousse la porte, et observatrice, elle ne peut pas ne pas remarquer la façon dont il retourne son téléphone à son arrivée. Les sourcils se froncent alors imperceptiblement – que me caches-tu, Haru ? Tu faisais quoi, sur ce téléphone ? Y avait pas de secrets avant entre nous, qu’est-ce qui s’est passé aux Etats-Unis ? Une petite boule d’angoisse se forme au creux de son estomac, remonte dans sa gorge, et elle se baisse un instant pour détacher la laisse de Pucci ; s’approche ensuite de son petit ami pour l’embrasser rapidement. D’après lui tout va bien, il a passé une journée normale, lui parle même de ces caisses automatiques auxquelles il s’intéresse dernièrement lorsque son père les avait en horreur.

- Mais ça vaudrait le coup, non ? Ça vous déchargerait ta mère et toi.

Malgré elle, elle peine à avoir l’air totalement intéressée par le sujet ; être aussi enthousiaste qu’elle le serait d’ordinaire. Car y a toute cette situation qui lui plombe l’esprit, la pousse à sur-analyser le moindre de ses mots ou de ses gestes ; empiète sur le moindre instant qu’ils partagent tous les deux. Son petit ami qui s’intéresse alors à elle ; lui demande si sa journée à la boutique s’est bien passée, l’attirant sur ses genoux où elle se laisse choir, répondant doucement :

- Hum… Une journée normale aussi. Une meuf a essayé de piquer un haut, mais Joohyuk l’a interceptée à temps, donc tout va bien.

Le ton un peu plus plat que d’ordinaire, à regarder ses doigts comme si c’était la chose la plus intéressante du monde ; ajouter naturellement :

- Ça marche bien… J’ai parfois l’impression que la boutique pourrait devenir un peu trop petite.

Surtout si elle se décide à lancer une ligne masculine pour de bon – sans forcément tout à fait multiplier le nombre de pièces proposées par deux, cela l’augmenterait quand même quoi qu’il advienne, et la superficie des lieux risquerait de ne plus les mettre en valeur. Mais cela impliquerait de devoir trouver un second local, à moins de carrément déménager, et Reira ne veut pas vraiment y penser dans l’immédiat, aussi elle s’empresse de changer de sujet.

- Enfin bref. Il devrait faire beau ce week-end, ça te dit qu’on fasse quelque chose ?

Est-ce qu’elle pourra voir son petit ami, ou aura-t-il déjà quelque chose de prévu ? Elle marche un peu sur des œufs, en ce moment ; se pose des questions au sujet des choses les plus stupides, hésite lorsqu’elle sait qu’elle ne devrait pas avoir à le faire. Mais elle trouve son petit ami bizarre ; a l’impression qu’il lui cache des choses, parfois même qu’il la fuit carrément, et cela plombe totalement son système de pensée.

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-- ft reira

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Bien évidemment que ça serait arrangeant de rendre l’épicerie un peu plus high-tech mais à la fois, ça serait arracher un bout d’âme à ce lieu qui s’est toujours voulu authentique. Ça serait craché à la gueule de ton père qu’a toujours mis un point d’honneur à ne pas inclure de technologie dans son commerce. Mais papa n’est plus là, maman vieillit et toi t’en a marre de passer des heures devant une caisse quand la vie semble tourner à deux mille à l’heure.

Et qui sait combien de temps durera cette vie ?
T’as pas vraiment envie de suivre le chemin de vie de ton géniteur.

Mourir sans avoir découvert le monde entier, mourir en t’étant usé la santé au travail lorsque t’aurais pu profiter d’un peu de calme et de repos au côté de la femme de ta vie. Ça ne te fait pas rêver – t’angoisse même un peu en réalité – ça t’étreint le cœur mais heureusement que Reira est là, posée sur tes genoux pour te ramener à la réalité, tu tentes un maigre sourire et lui dit en caressant ses longs cheveux un peu plus blonds encore qu’avant :

- Ouais bien sûr que ça nous déchargerait ... Faut juste que je la convaincs.

Même si eomma n’a jamais été aussi réfractaire que votre père à l’avancée technologique elle n’a jamais été cent pour cent avec non plus. T’imagine-qu’elle a pris la plie des lubies de son mari, est entré dans ses machinations comme toi t’as pu te laisser convaincre que l’état était contre vous. Mais moins maintenant, moins depuis que tu vies au quotidien un amour avec une reine des réseaux sociaux. L’un comme l’autre, vous avez créé un bon équilibre entre l’abus de l’utilisation de tout ce qui vous aient proposé et ne pas en utiliser du tout. Reira que t’écoutes te raconter sa journée des plus banales pour son cas aussi. Tu hausses légèrement les sourcils en entendant le prénom de son gardien de sécurité mais ne dit rien pour autant. Elle sait ce que tu penses de lui et toi, t’as rien à dire de plus tant qu’il fait son travail proprement.

- Super Joohyuk, pour une fois qu’il n’avait pas les yeux rivés sur toi...

Yeux que tu fais rouler, un sourire mi-amusé, mi-sarcastique que tu lui adresses avant que la discussion ne devienne un peu plus sérieuse quand Reira te parle de la taille de sa boutique. C’est pas la première fois qu’elle le fait et ça semble presque la tracasser cette histoire de taille de local.

- Hé, pourquoi tu stress à ce sujet ? Bien sûr que ça va devenir trop petit mais c’est cool non ? Si ça marche à ce point tu pourras carrément réfléchir à ouvrir une nouvelle boutique... Pourquoi pas à Séoul ?

Ça serait surement un rêve qui devient réalité pour elle et pourtant, elle ne semble pas vouloir s’étendre sur le sujet la jolie poupée. En passant du coq à l’âne elle te demande si tu souhaites faire quelque chose ce week-end avec elle. T’ouvres la bouche pour lui répondre spontanément oui mais tu te rappelles que c’est samedi que les résultats pour Eunchang seront délivrés à ta mère et elle t’a demandé d’être là avec elle ce jour-là. Alors tu refermes sagement ta bouche, déconfit. Va maintenant falloir que tu trouves une excuse pour ne pas inquiéter Reira qui n’est pas au courant de tout ça et tu galères à trouver quelque chose, peu habitué à lui mentir mais tu finis tout de même par dire :

- Je dois voir Shin il m’a demandé de faire avec lui un truc important et ...

Et tu vois qu’elle se décompose Reira, semble vraiment mal et ne pas accepter ta réponse. Ça te grise de la voir ainsi et dans un murmure inquiet tu lui demandes :

- Pourquoi tu fais cette tête Reira ... ? Ça va pas ... ?

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-- ft haru

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Évidemment, Reira aurait dû se douter qu’évoquer Joohyuk ne laisserait pas Haru indifférent. Voilà que son petit ami hausse les sourcils ; mentionne encore et toujours le fait que le brun passerait sa vie les yeux rivés sur elle, lorsqu’il semble avoir fini par comprendre le message que Reira s’est efforcée de lui faire passer. Et si en temps normal cette pointe de jalousie inhabituelle est plaisante, réchauffe son cœur de petite attention seeker, aujourd’hui, dans ce contexte où il semble fuyant la moitié du temps, cela l’irrite seulement un peu. La pousse à lever au ciel, répondre sur un ton las :

- Commence pas, Haru…

Et pour éviter que la discussion ne tourne comme l’une de ces conversations houleuses qu’ils ont eu cet été au sujet de son employé, elle s’empresse de changer de sujet ; mentionne plutôt le fait que la boutique finira un jour – peut-être bien plus tôt que prévu – par devenir trop petite. Il faudrait alors sans doute reconvertir son appartement en extension des lieux ; déménager, encore, lorsqu’elle a l’impression qu’elle vient à peine de s’y installer. Elle a mis un moment à se sentir chez elle entre ces murs qu’elle occupait seule, lorsqu’elle avait toujours vécu avec quelqu’un, et l’idée de recommencer tout ce processus de zéro ne l’enchante qu’à moitié. Et comme s’il sentait que ces perspectives la stressent un peu, Haru lui rappelle que c’est une bonne chose, si la boutique devient trop petite pour accueillir ses créations – et avec elles les clients. D’après lui, elle pourra bientôt ouvrir un nouveau magasin, peut-être même à Séoul, et à ces mots elle pince un instant les lèvres ; s’accorde le droit de rêver un peu à cette enseigne utopique.

- J’avais pas vu les choses sous cet angle… C’est vrai que je suis pas forcée d’agrandir et déménager, en soi, je pourrais aussi ouvrir autre chose ailleurs.

Cela implique également une recherche immobilière, des travaux et prises de tête d’installation, mais elle n’a pas nécessairement à se déraciner dans l’immédiat, et pour elle, c’est toujours ça de pris. Et parce que la conversation lui semble enfin prendre un tournant un tant soit peu normal, elle se risque à lui proposer de se voir ce week-end, sans trop savoir si elle fait bien ou si c’est là une grossière erreur de sa part – et ça la fait chier d’en venir à réfléchir ainsi au sujet de son petit ami, vraiment. Et sous ses yeux, elle voit Haru d’abord ouvrir la bouche, l’air prêt à lui répondre jusqu’à ce que quelque chose passe dans ses yeux, que sa mine s’assombrisse et qu’il finisse par répondre qu’il doit voir son cousin. Et à ces mots, un éclat de rire nerveux bute contre les lèvres de la jeune femme sans parvenir à sortir. Car elle se demande comment elle a pu être suffisamment bête pour s’imaginer que cette fois serait différente de toutes les précédentes ; qu’elle aurait dû se douter qu’évidemment, le brun aurait déjà quelque chose de prévu. Elle ne sait même plus si elle doit être déçue ou en colère ; triste ou anxieuse. Y a tout qui se mélange dans sa tête, alors même qu’un pauvre « bien sûr… » finit par sortir dans un murmure. Au moins le jeune homme semble-t-il déceler que quelque chose ne va pas – et parce qu’elle ne le croit pas un seul instant lorsqu’il parle de Shin, qu’il a semblé hésiter et que ce ton ne lui ressemblait juste pas, elle demande avec une gaieté feinte :

- Ah oui ? Et c’est quoi ce truc important ?

L’air de dire continue de me prendre pour une conne, à se demander combien de temps encore il parviendra à s’enliser dans ses mensonges ; déjà échouer à maintenir les belles apparences lorsqu’elle finit par cracher :

- J’y crois pas une seule seconde à ton histoire, c’est quoi la vraie raison ? Pourquoi ça fait des semaines que tu me calcules plus, qu’on dirait c’est le bout du monde de te demander qu’on se voit, et qu’une fois sur deux t’annules à la dernière minute ? T’es trop bizarre Haru, c’est quoi le souci ? Tu m’aimes plus ou quoi ? Il s’est passé un truc aux Etats-Unis, j’sais pas ? Moi j’en peux plus que tu me prennes pour une conne, me force pas à chercher les réponses toute seule.

Dis-moi la vérité tant qu’il est encore temps, s’il te plaît – au moins cette fois.

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-- ft reira

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Tes lippes qui glissent jusqu’à sa joue, viennent y déposer un tendre baiser tandis que la blonde se met certainement à réfléchir au champ élargi de possibilité qui s’offre à elle quant à l’avenir de sa marque de vêtement. Elle n’avait pas pensé à délocaliser une future boutique, pensait plutôt à agrandir et le fait de lui souffler cette nouvelle idée qu’elle se met à considérer te fait sourire, tu lui glisses ainsi :  

- Au moins je suis là pour te glisser des idées... Mais tu verras bien Reira, ne te prends pas la tête en attendant de te lancer dans une seconde boutique pour prendre la température tu peux aussi faire de la vente en ligne. Pourquoi se contenter de Busan et Séoul quand tu peux envoyer dans le monde entier...

Toi t’es certain qu’elle trouverait une clientèle même à l’autre bout du monde, qu’elle ne devrait pas avoir peur d’élargir l’envoie de ses créations. Mais pour l’heure, Reira préfère ne pas s’étendre sur le sujet. Reira elle te propose de but en blanc de vous voir ce week-end. Et ç’aurait été avec plaisir si tu n’avais pas ce truc important à faire. Vraiment. T’aurais préféré avoir la tête à te balader avec ta petite-amie et profiter de l’automne avec elle, pourquoi pas même partir en week-end ? Mais il y a ces résultats qui tombent, cette annonce qui peut encore plonger ta famille dans le chaos et qui te minaude depuis quelques semaines maintenant, t’as pas la tête à faire semblant Haru. T’en a même pas l’occasion de toute façon, ta mère t’as demandé spécialement d’être là alors tu trouves une excuse bidon pour ne pas inquiéter Reira avec tout ça et forcément cette fois-ci, ça ne passe pas. Tu vois bien qu’elle accuse mal ta réponse, son visage change, elle se tend entre tes bras et t’es forcé de lui demander ce qui ne va pas – tu le sais pourtant Haru. T’es ridicule de jouer les étonnés lorsque tu sais le fond du problème.

Pourtant, tu ne t’attends pas à cette question de sa part,
Jamais elle te demande ce que tu fais ou non avec Shin.

Et tu restes un instant interdit, la fixe sans trop savoir quoi lui répondre. Car t’as pas forcément envie de lui mentir mais le ton de sa voix te braque légèrement et tu lui réponds alors :

- Depuis quand ça t’intéresse ce que je fais avec mon cousin ou non ... ?

Tu tournes autour du pot Haru et Reira le sait. Quand elle te répond, c’est pour t’avouer qu’elle sait que t’es entrain de lui mentir, qu’elle a remarqué que t’es bizarre depuis quelques temps. tu pinces alors les lèvres, la fixe s’emporter. Elle pense que tu ne l’aimes plus, qu’il s’est passé quelque chose pendant ton voyage et t’hausses les sourcils la coupe dans sa tirade pour lui demander :

- Attend, attend ... T’insinues quoi là ? Que j’te trompe ?

Tu t’attendais à beaucoup de chose mais certainement pas à ce qu’elle aille si loin dans son délire. Ça te blesse d’un côté qu’elle puisse s’imaginer que tu ne l’aimes soudainement plus, qu’il s’est passé quelque chose de si grave dans votre couple et qu’elle puisse douter – carrément te menacer de chercher elle-même les réponses.

- Mais tu peux chercher longtemps tu trouveras rien Reira, j’te trompe pas et y’a 0 souci avec toi ? Putain mais pourquoi tu t’imagines des trucs pareils à mon sujet ?

Tu la fixes, vraiment contrarié qu’elle prenne ce ton avec toi et avant même qu’elle ne reprenne la parole t’ajoutes cruellement :

- Pourquoi tu crois que tout tourne autour de toi ?

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-- ft haru

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La vente en ligne demeure une possibilité intéressante – après tout, c’est par-là qu’elle a commencé, Reira, lorsqu’elle n’avait pas encore de boutique physique où commercialiser ses créations. Malheureusement, le cœur n’est pas réellement à faire de beaux projets et rêver de l’avenir, aujourd’hui. Car lorsque la jeune femme propose à son petit ami, sans plus s’attendre à grand-chose, de faire quelque chose ce week-end, évidemment le brun ne trouve rien de mieux à faire que de refuser.

Et sans doute est-ce la fois de trop.

Car Reira passe alors en mode interrogatoire. Ça ne lui ressemble pas de lui demander ce qu’il a l’intention de faire avec son diable de cousin, car ils passent tant de temps ensemble qu’elle a depuis longtemps lâché l’affaire, quoi qu’il advienne. Mais aujourd’hui, ce n’est qu’une raison de plus pour refuser de la voir ; décliner ses invitations, et forcément, Reira ne peut que tiquer. Elle veut seulement savoir ce qu’il se passe réellement ; ne demande qu’à comprendre, dans le fond, et pourtant, même là Haru refuse de lui apporter la vérité. Il ne daigne même pas répondre à sa question ; ne cherche même pas à lui mentir, préférant l’interroger à son tour.

- Je répondrais à ta question quand t’auras répondu à la mienne, se contente-t-elle de lui répondre sans ciller.

Mais sans plus attendre une réponse de sa part, elle reprend la parole ; déverse à ses pieds toutes les craintes et les angoisses, la déception et la frustration qu’elle accumule depuis plusieurs semaines. Elle sait qu’il la balade, et le lui dit ; lui demande pourquoi les choses ont changé entre eux, s’il a fini par voir trop de côtés qui la gênaient chez elle, comme Kai, ou s’il a peut-être rencontré une Américaine plus élancée qu’elle. Elle sait pas – elle sait plus. Ces semaines de silence et de vérité avortée auront achevé de la rendre dingue ; l’absence de réponses ne l’aura fait que se poser plus de questions encore, et lorsque Haru semble s’offusquer de découvrir qu’elle pense qu’il la trompe, elle se contente de hausser les épaules, l’air de ne pas bien savoir quoi lui répondre.

- Je sais pas ? C’est pas comme si ton comportement avait pas changé.

Un éclat de rire amer s’échappe de ses pulpeuses, et un instant, elle se demande si ce n’est pas son comportement à elle qui aurait changé, après tout. La situation lui semble tellement irrationnelle que l’hypothèse que ce soit son comportement à elle qui ai fait changer Haru s’immisce dans son cerveau – pauvre Reira qui commence à se remettre en question lorsqu’elle est innocente dans toute cette affaire. Et puisqu’il déclare qu’elle peut chercher aussi longtemps qu’elle veut sans rien trouver, elle hausse les sourcils d’un air intrigué – la lueur revancharde dans le regard lorsqu’elle lui rétorque :

- Ah ouais ? Ben allez, on va voir ça, hein.

Elle n’aime pas faire ça, mais à ce stade, elle a l’impression que c’est le seul moyen pour elle d’obtenir les réponses dont elle a besoin puisque son petit ami ne semble parler que sous forme d’énigmes, et déjà elle tend la main vers le portable, coupée dans son élan lorsqu’il lui demande pourquoi elle croit que tout tourne autour d’elle, un ton mauvais qu’elle ne lui connaît pas, qui la pousse à se figer, interloquée d’entendre son petit ami lui parler comme ça. Et les lèvres se pincent ; les mains tremblent légèrement de colère avant qu’elle ne finisse par exploser :

- Mais parce que tu me donnes pas de raisons de croire autre chose ? Arrête de me prendre pour une conne en me faisant croire que rien n’a changé car tu sais aussi bien que moi c’est faux !

Et n’y tenant plus, elle s’empare de son téléphone ; le déverrouille, pour tomber nez-à-nez avec une page traitant de maladie. Une maladie au nom compliqué et pourtant bien familier, qui fait se froncer un peu les sourcils de la blonde lorsqu’elle lui demande dans un souffle :

- Haru… Pourquoi tu regardes des trucs sur les maladies ?

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-- ft reira

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Tu la fixes d’un air ahuri ta petite-amie, tu le sais qu’elle est du genre à se prendre la tête pour pas grand-chose, s’imaginer tout un tas de truc mais de là à t’imaginer une vie ? Ne pas vouloir répondre à ta question en usant d’une phrase de gamine ? Elle ne te l’avait jamais fait encore. Et ça te blesse qu’elle puisse croire que tu lui fais un coup tordu, qu’elle s’imagine qu’à peine vous êtes loin de l’autre t’es capable de la tromper comme un être faible. Ce n’est pas toi ça. Toi t’essaies juste de lui épargner une dose de stress inutile à Reira, essaie de lui éviter ce tourment dans lequel la famille Seomun vient tout juste de replonger.

Mais au fond, t’espères que ce n’est qu’une fausse frayeur.
Ils vont tous aller bien, t’en es certain, l’espère de tout ton cœur.

Pour autant tu ne fais aucun effort pour arranger la situation, t’es tellement sur les nerfs que tu ne démens même pas réellement les conneries qu’elle débite, tu veux juste comprendre ce qui la pousse à croire cela. Parait-il que t’agis bizarrement depuis quelques temps et forcément tu te mets à rire de façon sarcastique, lui répond tout de suite :

- Ah oui être bizarre pour toi c’est juste te dire que j’ai pas le temps de te voir car j’ai un autre truc prévu … ? J’peux pas me couper en deux Reira.

Et elle peut bien fouiller ce qu’elle veut Reira. Elle peut te faire une autopsie, te passer au détecteur de mensonge qu’elle ne trouvera rien du tout sur cette « tromperie » qu’elle s’imagine. Tu ne la pensais pas capable de fouiller dans tes affaires et pourtant son regard te crie le contraire et ce n’est même pas le fait qu’il y ait réellement quelque chose à cacher sur ton téléphone qui te fait péter les plombs mais juste ce manque de confiance qu’elle te porte. Forcément que tu t’énerves Haru, tu t’insurges même. Et fatigué mentalement comme tu l’es une connerie fini par sortir de ta bouche pourtant si douce et respectueuse en temps normal. Tu vois bien que tu lui fais du mal en lui sortant ça, voit bien qu’elle se fendille sous tes yeux, se met à trembler de colère avant d’hurler que tu lui donnes toutes les raisons de s’imaginer le pire.

- Non tu me fais juste pas confiance mais vasy fouille ce que tu veux j’en ai rien à foutre !

Que tu hurles à ton tour en lui glissant avec rage le téléphone dans sa direction sur le comptoir, action faite sans réfléchir à la page sur laquelle elle va tomber. T’as déjà oublié ce que tu recherchais avant qu’elle n’arrive mais quand tu vois la tête qu’elle fait tu saisies ton erreur, sait exactement ce qu’elle a sous les yeux et toi-même t’en viens à baisser la tête, ne réponds pas tout de suite quand elle te demande pourquoi tu t’intéresses à tout ça. Comment lui dire ? Comment l’informer qu’il y a cinquante pourcent de chance que vous ayez le gêne de cette maladie en vous, à peu près vingt-quatre pourcent de chance que celle-ci soit développé et qu’elle vous atteigne à un moment ou un autre. Tu passes ta main sur ton visage fatigué, fixe tes pieds quand tu lui réponds incapable de lui mentir aussi frontalement :

- Quand je suis allé chez le pédiatre avec Eunchang la dernière fois le docteur a parlé de la possibilité qu’on ait le gêne de la maladie de mon père et depuis ça me tracasse, c’est tout.

Ça ne calme pas ta colère, c’est bien trop contrarié que tu lui réponds :

- C’est bon cette fois tu me crois ou il te faut plus d’argument sans quoi j’suis un trompeur ?

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-- ft haru

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Le ton monte, dans l’intimité relative de cette supérette, et alors que Reira tente tant bien que mal d’obtenir des réponses à ses questions, son petit ami lui rétorque qu’il ne peut pas se couper en deux pour elle. Elle fronce alors un peu les sourcils, car elle a juste le sentiment qu’il ne comprend pas ce qu’elle tente de lui exprimer – ce qui lui pose problème, dans toute cette situation –, et alors l’agacement commence à son tour à gagner sa voix.

- Mais je te demande pas de te couper en deux, en fait ? C’est pas que tu puisses pas me voir à peine je te le demande qui me pose problème, c’est que tu bégaies si j’ai le malheur de te demander ce que t’as prévu. C’est ça qui est bizarre, et je suis sûre que tu penserais la même chose si les situations étaient inversée. Tu comprends rien…

Et elle ne voulait pas en arriver là, Reira, mais elle le prévient qu’elle finira par aller chercher ses réponses toute seule s’il refuse de les lui accorder ; franchit sûrement une ligne à ne pas franchir, car alors Haru s’emporte, Haru semble voir rouge lorsque des mots cruels s’échappent de sa bouche. Et ça aura au moins eu le mérite de la couper dans son élan – Reira, elle le dévisage, interdite, peinant en cet instant à reconnaître son petit ami. Il n’en faut pas plus pour qu’elle explose sous ses yeux ; s’acharne à lui faire comprendre, une fois de plus, comme elle peut, qu’elle cherche seulement des réponses. Qu’elle souffre de son silence et de ses mensonges. Elle n’a pas envie de voir leur relation partir à vau-l’eau à cause de ce genre de comportements, ne veut pas leur laisser une chance de devenir une habitude, alors ce qu’elle s’efforce de faire, c’est finalement juste de sauver ce qu’ils ont, et elle ressent un profond sentiment d’injustice lorsque Haru s’en prend à elle pour cela, d’autant plus lorsque, à ses yeux, c’est de sa faute à lui s’ils en sont là. Et puisqu’il lui remet de lui-même son téléphone, c’est d’une main presque tremblante de colère qu’elle s’en empare, lui crache en retour :

- T’en as rien à foutre ? Ben super.

Déjà, son attention se porte sur ce fameux téléphone, l’estomac noué à l’idée de ce qu’elle pourrait bien y trouver. Et lorsque sans ses efforts ses yeux se posent sur la page Internet restée ouverte, elle demeure un instant silencieuse, incapable de comprendre les mots qui défilent à l’écran. C’est d’une voix blême qu’elle lui demandera pourquoi il s’intéresse à la maladie de son père près d’un an après qu’elle l’ait dérobé à ce monde, comme si elle ne connaissait pas déjà la réponse ; voit son petit ami baisser la tête sous ses yeux comme un enfant coupable, passer une main sur son visage lorsqu’il se décide enfin à lui répondre. Et c’est son cœur qu’elle sent dégringoler au creux de son estomac ; le sol qu’elle sent se dérober sous ses pieds, s’appuyant instinctivement contre le comptoir, lorsqu’elle lui demande :

- Quoi ? Mais… vous… vous tous ? C’est qu’une possibilité… ? Vous… Faut faire quoi pour être fixés… ? Passer des tests ?

Elle a l’impression de ne pas parvenir à réfléchir correctement, alors même que mille et un scénarios se jouent déjà dans son esprit – et sans lui laisser le temps de s’en remettre, la voix hargneuse de Haru revient déjà s’en prendre à elle. Il n’en faut pas plus pour que des larmes trop longtemps retenues montent à ses yeux ; des larmes qu’elle ravalera, s’efforcera de rester impassible lorsqu’elle lui répondra, la gorge nouée, sans le regarder :

- Arrête de faire comme si j’étais en tort, c’est toi qui a fait le cachottier…

Et c’est à cet instant que retentit le carillon de la porte du magasin. Elle relève alors les yeux vers Haru, sans savoir s’il laissera la cliente faire ses courses ou décidera que la boutique est déjà fermée ; laisse un soupir lourd comme le plomb s’échapper de ses lèvres, essayant d’assimiler comme elle peut les dernières minutes.

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-- ft reira

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C’est exactement pour ça que tu ne voulais pas qu’elle sache Reira. Tu hais ce regard apeuré qu’elle te jette après avoir vu la page internet que tu regardais juste avant qu’elle n’arrive, hais la voir si inquiète alors qu’elle n’a aucune raison de l’être. Elle te donne juste l’impression qu’il y a quelque chose de grave, que le sort inévitable auquel t’essaie de ne pas penser va finalement vous tombez dessus que tu le veuilles ou non. Et ça te tue, te consume de l’intérieur d’être un simple pion de cette tragédie et de ne rien pouvoir faire pour contrer le destin. Elle demande alors si vous êtes tous concernés, s’il y a des tests à passer et là encore, tu sens que vous allez aller à la confrontation si elle apprend que tu ne souhaites pas passer ce putain de test médical.

T’as trop peur Haru,
t’as pas les épaules pour tout ça.

T’es censé faire quoi là ? être sincère et lui dire que tu ne veux pas faire cette batterie d’examen par peur de ce qu’il se cache en toi ? Tenter un coup de poker en lui disant que t’as déjà fait les tests et que tout va bien ? T’as pas le cœur à lui faire une telle chose, elle ne te le pardonnerait pas. C’est ainsi, les yeux toujours rivés vers le sol que tu lui réponds :

- On est tous concerné ouais, Eunchang, Shin… Tous les enfants et même ma tante puisque ça pourrait venir de la génération au-dessus. Mais oui c’est détectable avec des tests… Les mineurs n’ont pas eu le choix mais les adultes chacun fait ce qu’il veut… C’est juste conseillé.

Tu te demandes si Reira comprendra ce que tu sous-entends par ça, espère qu’elle ne te jugera pas de ne pas souhaiter savoir que t’es une bombe à retardement, que dans à peu près une petite trentaine d’année – voir un peu moins tu te mettras à trembler, ne supportera plus aucun bruit. Te redresser sera un enfer et juste serrer ton enfant dans le creux de tes bras impossibles. Il n’y a même pas de remède, de cure proposer. Si l’un de vous l’a, ils essaieront des traitements sur vous mais rien ne certifie que ceux-là marcheront. Il n’y a juste aucune issue et t’as même pas envie de déblatérer sur le sujet. T’y penses déjà assez. Toi ce qui te rend fou c’est qu’elle ait pu s’imaginer que tu la tromper Reira, elle te fait si peu confiance que ça te blesse mais parait-il que c’est toi qu’est trop cachotier, toi qui l’oblige à avoir des doutes.

- Je voulais juste pas t’inquiéter c’est grave de chercher à te préserver ? J’en entends parler chez ma mère, quand j’vois Shin j’ai pas le droit de vouloir être tranquille quand j’te vois toi ?

Tu sais que tu restes malgré tout fautif et son air inquiet ne se tarit pas malgré ce que tu dis alors t’ajoutes dans l’espoir que cette fois-ci ça fonctionne :

- Y’a rien Reira, tout le monde va aller bien ok ?

Et voilà qu’une cliente passe le pas de la porte de la boutique, coupant court la conversation. Demoiselle que tu fixes un instant sans comprendre avant que la tête ne te revienne, que tu te décides à lui répondre d’un air embarrassé :

- Bonsoir, désolé mais je suis en train de fermer… ça ne va pas être possible là…

Jeune fille qui bafouille quelques excuses avant de rebrousser chemin et quitter aussi vite qu’elle n’est arrivée l’épicerie. Tu contournes ainsi le comptoir te dirige vers l’entrée de celle-ci et active le code pour fermer le rideau de fer, qu’on vous laisse un peu d’intimité pour discuter puisque vous semblez en avoir besoin.

- Tu comptes me faire la gueule pour ça sérieux ?

know me

-- ft haru

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Elle a du mal à traiter les informations qui lui arrivent au compte-goutte, Reira – les yeux rivés sur son petit ami qui lui ne la regarde plus, elle s’efforce tant qu’elle peut de se concentrer sur les mots qu’il veut bien lui délivrer, mais peine à mettre du sens dessus. C’est toute sa famille qui serait menacée, même Shin et sa mère à qui elle ne pensait même pas, en toute honnêteté ; ce sont bel et bien des tests qui leur révéleront les tenants et les aboutissants de leur destin, des tests que les mineurs sont contraints de passer, mais vis-à-vis desquels les majeurs disposent d’une plus grande liberté. Et elle peine à savoir comment elle est censée comprendre ces mots, Reira ; le dévisage, clignant des yeux quelques fois en tentant de rassembler ses idées, pour finalement se risquer à lui demander :

- Mais toi… Toi du coup, tu l’as passé, on est d’accord ? Vous l’avez tous passé ? Y a déjà des résultats qui sont tombés, ou vous attendez toujours ?

Et malgré elle, Reira étant Reira, les choses que lui a caché son petit ami lui restent en travers de la gorge. Elle l’a toujours su un peu dans son monde, parfois secret, mais ne le pensait pas cachottier à ce point – pas sur des sujets si graves, en tout cas. Alors lorsqu’il se défend en prétendant avoir seulement voulu la préserver – et se préserver lui-même, en réalité, en s’épargnant cette pression chaque fois qu’ils se voyaient –, elle fronce légèrement les sourcils et argue :

- Sauf que c’est pas rien, Haru. Tous les sujets grave, tu comptes jamais m’en parler, comme ça ?

Ça l’inquiète un peu, elle qui se voyait sans hésitation faire sa vie avec lui – c’était même de l’ordre de l’évidence, pour elle. Mais si, si tôt dans la relation, des sujets primordiaux sont mis sous le tapis, elle n’est pas franchement rassurée de ce que cela augure pour la suite. Et comme pour la rassurer, il déclare qu’il n’y a rien de grave, que tout le monde va bien aller, sauf que Reira se rappelle de l’état de celui qui aurait pu être son beau-père, dans ce lit d’hôpital qui semblait immense pour lui, à la fin de sa vie ; elle se rappelle combien il était méconnaissable à côté de l’homme qu’elle avait connu, de la douleur de toute la famille de le voir se dégrader ainsi, puis quand il les avait quitté, et malgré elle, elle n’a qu’une envie, c’est de lui rétorquer que non, il n’y a pas rien.

Fort heureusement, une cliente juge le moment opportun pour pousser la porte de la boutique, bientôt congédiée par Haru qui lui indique d’un air embarrassé qu’il était en train de fermer, et Reira qui se détourne un peu pour ne pas que la jeune femme remarque son air certainement sens-dessus-dessous, ne comprenne pas qu’il y a un souci, entre les murs de la supérette. Et alors que le léger vrombissement du rideau commence à se faire entendre, Haru lui demande si elle compte lui faire la gueule pour ça. Elle pince alors les lèvres, Reira, sans savoir si elle doit être en colère contre lui ou abattue ; finit par lui répondre :

- Je sais pas ? Ca dépend, t’as d’autres trucs à me dire ? J’sais pas si tu m’en caches beaucoup moi des trucs comme ça, si oui c’est le moment ou jamais de tout me dire, tant qu’on y est.

Elle croise les bras sur sa poitrine, sur la défensive ; dévisage son petit ami, essayant tant qu’elle peut de maintenir les apparences lorsqu’à l’intérieur, c’est le remue-ménage le plus total.

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-- ft reira

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Tête toujours baissé, les yeux figés sur ce carrelage que tu connais par cœur. T’oses pas relever la tête Haru, n’ose pas affronter le regard de celle qui semble espérer de toute son âme que t’as passé tes examens médicaux comme on te l’a préconisé. Et tu ne peux pas lui mentir, pas après lui avoir caché depuis quelques semaines déjà toute cette histoire. Même sans ça, t’as juste pas le courage de prendre ce risque. T’as trop peur de la perdre pour jouer comme ça. Reira elle compte trop pour que tu t’abaisses à lui cacher cela, si t’essayais d’esquiver le sujet jusqu’à-là t’es dorénavant au pied du mur.

Tu ne peux juste plus esquiver.

- Non les premiers résultats tombent ce week-end, on saura pour Eunchang et Jin à ce moment-là… Pour le reste les rendez-vous se suivent et on aura les résultats petits à petit.  

Ne reste plus qu’à lui dire le reste – le pire, surtout. Et de la même manière qu’on arrache un gros pansement tu finis par ajouter :

- Moi j’ai pas passé le test non, j’en ai pas envie en fait…

Enfin tu relèves les yeux vers ta petite-amie, la voit encaisser le coup de cet aveu qui tu sais va causer débat, causer un bon nombre de dispute même la connaissant. Tu la comprends d’un côté Reira, surement que toi aussi à sa place tu te révolterais face à une telle réponse et la pousserait à passer ses examens. Mais t’espères aussi qu’elle comprendra ton choix, comprendra que si tu ne souhaites pas savoir c’est car t’as tout simplement pas envie de te gâcher potentiellement les années qu’il te reste à vivre. Tu préfères l’inconnu, le flou total plutôt que de savoir la fin qui t’attends. Surtout si c’est la même que ton père. Lente et douloureuse. Tu sais que ça ne sert à rien ce que tu fais mais t’essaies malgré tout de la rassurer, lui jure que c’est pas si grave, que tout le monde va bien aller. Que si t’as fait ça, c’est pour pas l’inquiéter avec quelque chose qui bientôt sera considéré comme de l’histoire ancienne. Enfin, c’est ce que t’espère.

- J’ai fait l’erreur une fois, ça va fait pas de ce cas une généralité Reira c’était juste saoulant pour moi d’en parler, ma mère me bassine avec ça, tout le monde me saoule je voulais juste passer du bon temps avec toi quand j’en ai l’occasion mais t’as raison j’aurais pas dû te le cacher et je m’en excuse.

Conversation coupée par cette arrivée impromptue au sein de l’épicerie, cette inconnue à qui tu t’adresses pour lui faire comprendre que ce soir il ne sera pas possible de faire une course de dernière minute. Pas quand Reira semble si mal, quand la conversation est à ce point sérieuse. A peine la demoiselle a-t-elle quitté les lieux que tu te décides à fermer l’épicerie pour de bon, histoire de ne pas être dérangée une seconde fois. Rideau dorénavant baissé, poupée brisée face à toi qui semble au bout du bout. Les bras croisés, le regard triste quand elle te demande si t'as d'autres choses à lui cacher.

- Non Reira, je n’ai rien d’autre à cacher même si tu crois le contraire … T’es dorénavant au courant de tout. Et oui, y’a un potentiel risque mais chacun fait ce qu’il veut. Si ma mère a décidé pour les plus petits moi j’ai fait le choix de pas savoir. Ça changerait quoi de toute façon, hein ?

Toi t'as l'impression en tout cas que ça ne changerait rien dans les faits, tu serais juste au courant que t'es damnée à vivre avec cette foutue maladie. T'as pas envie d'avoir l'empathie des uns, la pitié des autres. C'est pas pour toi. Tu t’en veux de lui faire tant de peine et pourtant plus t'y penses, plus t'es convaincu par ton choix et rien ne te fera changer d’avis.