Buddy you're a boy make a big noise
Playin' in the street gonna be a big man someday
You got mud on yo' face
You big disgrace
Kickin' your can all over the place

New York, concrete jungle where dreams are made of. S'ils savaient qu'ils finiraient ainsi, les Park, le père pendu aux barreaux de la fenêtre de la salle de bain, la mère partie acheter le lait pour ne jamais revenir. Si le grand père n'avait pas fait faillite aussi... Et William grandit sans parent, pauvre garçon aux épaules lourdes des fautes de ses vieux, placé en famille d'accueil parce que bien trop jeune pour vivre et survivre de ses propres moyens. C'aurait été trop beau pour être vrai ; qu'il soit envoyé dans un état safe des United states of America. Le Bronx, Melrose, où les coups de feu cesseront quand les poules auront des dents. Et le bonheur, il ne connaîtra pas, malchance ou plan de vie, les deux ? À quoi bon dans ces cas là.

Some of them want to use you
Some of them want to get used by you
Some of them want to abuse you
Some of them want to be abused

Et son esprit part se balader, laissant derrière ce corps vide de conscience, le temps qu'il se passe ce qui doit se passer. Comment en sommes-nous arriver là ? Papa est en colère, alors il frappe maman, mais maman, elle ne tiendra pas bien longtemps, alors doté d'une conscience, papa change de cible, prend l'enfant qu'il a pris sous son aile pour lui rejeter la faute de toute la misère du monde, braquant l'œil menaçant de son pistolet droit dans ceux du p'tiot. Tire ! qu'il aimerait bien lui hurler, mais son esprit est parti, vous souvenez-vous ? Valait mieux ça qu'un énième cadavre à nettoyer dans les appartements du fameux Bronx.

I'm a runaway son of the nuclear A-bomb
I am a world's forgotten boy
The one who searches and destroys
Honey gotta help me please
Somebody gotta save my soul
Baby detonates for me

Donc il commence à traîner avec ceux dont on évite de croiser le chemin tard le soir, ceux qui s'entraînent à tirer sur des bouteilles de bière à 10 mètres dans le repaire des squatters, réchauffés aux bidons brûlant des déchets imbibés d'alcool. Il apprend à danser le hip-hop, parce que si on veut pas devenir la risée, il faut bien les gagner, les battles de danse. Il vit son premier bad trip sur le joint qu'ils se fument à trois, c'est pas glorieux, mais il en garde un bon souvenir. Après tout, il n'a jamais été aussi fort que lorsqu'il était roi du monde, là-haut, au sommet de ces buildings donnant sur la ville éclairée de mille feu, quand les sirènes parcourent les rues, à la recherche du malfaiteur qu'il est devenu. Noise is always loud, there are sirens all around and the streets are mean. If I can make it here, I can make it anywhere, that's what they say.

Remember
What the dormouse said
Feed your head
Feed your head

Puis il se fait des ennemis, se fait tabasser à coups de poings Américains, crache de son sang, il doit de l'argent. Il promet de les rembourser la prochaine fois mais la prochaine fois arrive et il n'a toujours pas l'argent, pendant que les dettes continuent d'augmenter. Et puis, la beu c'est drôle, mais les effets commencent à s'amoindrir, et dans sa dépendance, il a besoin de plus fort, de plus grand, de plus stimulant de plus cher aussi. Il a un pied dans la tombe le jour où il s'envoie son premier rail de coke.

Remember
Turn off your mind, relax and float downstream
It is not dying, it is not dying
Lay down all thoughts, surrender to the void
It is shining, it is shining
That you may see the meaning of within
It is being, it is being

De la voie nasale il passe à l'intraveineuse, devient le déchet que fût son père ; il comprend, maintenant. Le ciel tourne étonnement, ce soir, les étoiles dansent au dessus de sa tête. Il pourrait en attraper une, là, dans le creux de sa main. Puis le sol se lève, défiant même la physique. Il n'avait jamais vu ça, c'était comme s'il était venu lui passer le bonjour. Il ne peut en parler à personne, car personne ne le croirait. C'est ainsi qu'il se mit à rire, made friends with the floor. Puis la Terre s'arrête de tourner, et l'envie soudaine de vomir lui prend la gorge. Il pleure, pourquoi la vie est-elle si injuste ? Si fade ? New York, pourquoi ses lumières sont-elles éteintes ? Alors il y retourne, se pique à nouveau, son cœur bat si vite qu'il pourrait même s'envoler - définitivement. Le monde est plus beau ainsi.

Sing me to sleep and then leave me alone
Don't try to wake me in the morning 'cause I will be gone
Don't feel bad for me
I want you to know, deep in the cell of my heart
I will feel so glad to go

Et les portes de l'hôpital se referment dans son dos, le toxicomane se sent comme en prison lorsqu'il a été mis en garde-à-vue pour le vol du sac à main de la grand-mère, y'a deux ans. Ses doigts rongent ses veines, il ne tient pas en place, se méfie de tous. Qu'on lui donne sa dose, il est une bombe à retardement, prête à imploser. Il y restera plusieurs mois à leur faire la misère, avant de comprendre qu'il n'en sortirait jamais avec un tel comportement. Alors il essaie enfin de se battre pour s'en sortir, vaincre l'enfer pour sortir de là. Et il faut dire qu'il s'en sort plutôt bien, bien qu'il doive mentir aux médecins pour recouvrer sa liberté au plus vite.

With your feet in the air
and your head on the ground
Try this trick: spin it, yeah
Your head will collapse, but there's nothing in
And you ask yourself

En guérit-on vraiment entièrement, finalement. Ça a l'air bien parti pour Willie, Willie qui a repris la danse en club et quitté ce monde de délinquance. Parfois c'est difficile, difficile de ne pas passer commande, difficile de ne pas s'injecter une dose, parfois, ses nerfs lâchent, parfois, il craque, se demande même pourquoi cet homme n'a pas pressé la détente, ce jour là. Peut-être qu'il ferait mieux de quitter les États-Unis, profiter d'un petit bol d'air frais. Puis il y a ce studio de danse vraiment réputé en Corée qui lui fait de l'œil, loin de ses détracteurs le cherchant encore pour qu'il rende l'argent qu'il leur doit, cet argent qui part finalement dans le billet d'avion.

where is my mind?

Late that night, I park my car
Stake my place in the singles' bar
Face to face, toe to toe
Heart to heart as we hit the floor

Il danse, heureux plus que jamais, tout ça ; c'est derrière lui, un nouveau départ. Il part en boîte, s'enflamme sur la piste, décale dans un bar gay puisque c'est ce qui l'attire sur le moment, étonnement, il n'a jamais pensé à l'amour, bien que son seul ex ait été à cette heure l'un des garçons avec qui il avait pris ce premier joint. Et alors qu'il se croyait loin de toutes ces bêtises, un beau jeune-homme aux allures enjolivantes lui tend un buvard sur lequel est imprimé un cœur rose pixelisé. Il lui montre quoi en faire, le pose sur le bout de sa langue et va pour l'embrasser. Et le temps ralentit, les couleurs divaguent, les lumières vacillent, le plafond se rapproche du sol mais les murs s'éloignent, ses forces le quittent.

Fin de soirée - début de matinée, il va pour rentrer chez lui et croise celui qu'il croit être son premier petit copain, lui tendant sa bouteille un sourire aux lèvres. Game over.