Journée de repos pour la petite interne, elle l’attendait depuis quelques semaines déjà, elle avait prévu beaucoup de choses pour son anniversaire qui consistaient à dormir, dormir, dormir, manger, lire, dormir. Elle s’amusait tout de même toute seule, puis elle voulait être seule aujourd’hui même si c’était un grand jour pour cette dernière, il ne signifiait plus rien au fil du temps. N’aimant pas forcément le fêter, elle refusait toute invitation à une soirée, surtout celle venant de ses collègues. Ils voulaient l’emmener au bar pour fêter son quart de siècle en buvant des verres d’alcools jusqu’à pas d’heure, sachant que Mira ne tenait pas du tout l’alcool, elle décida de les ignorer en faisant autre chose mais dans un sens, elle n’avait réellement pas envie de rester seule ce soir, trop peur d’une solitude certaine, manquant la personne qu’elle aimait le plus au monde. Message envoyé au policier rencontré dans la semaine, au début cela était pour donner des nouvelles du petit patient qu’il avait ramené à l’hôpital avec ses collègues et cela s’est fini avec un rendez-vous dans un café. Seul moyen que Mira avait trouvé pour fuir ses amis mais aussi pour en apprendre plus que Aidan, amicalement parlant. S’habillant rapidement, ne voulant pas trop en faire mais ne pas assez en faire en même temps, une petite robe et une veste en jean, des basket car les talons n’étaient pas appropriés pour sortir aujourd’hui. Elle remplit son sac à dos d’objets en tout genre, batterie externe, écouteurs, lampe torche et enfin sa porte-monnaie, rendez-vous un petit café non loin du commissariat où Aidan travaillait. Attendant impatiemment dans le café, elle était entrée prendre place, elle n’avait pas envie de rester seule dehors, trop peur de se faire aborder par n’importe qui et bien sûr le policier ne se fit pas trop attendre. Un léger sourire sur le visage de l’interne, elle était heureuse d’avoir trouvé quelqu’un avec qui passer son anniversaire, quelqu’un qui n’en fera pas tout un plat mais surtout quelqu’un qui ne lui offrira pas un cadeau. « Bonsoir ! Je peux te tutoyer ? Tu as passé une bonne journée ? Ah heu, je devrai me lever.. non ? » Cela faisait tout de même assez longtemps qu’elle n’était pas sortie avec quelqu’un dont elle n’était pas proche, une légère panique surgit en elle, elle ne voulait pas en faire trop, comme si elle l’avait attendu toute la journée.

Qui aurait cru, peut-être n’était-il pas aussi rouillé qu’il se pensait dans la catégorie : vivre. On lui a dit qu’il devait apprendre à vivre, à enlever sa veste de policier quelques temps, alors le voilà, direct et franc, à parler avec une pure connaissance de travail en plus pour aller se prendre un café en dehors de tout ça. Certes, ce n’était pas tout. Après tout il pouvait souhaiter à quelqu’un son anniversaire sans réellement offrir de cadeau, mais si la jeune interne n’était pas contre un peu de repos, hors du stress du travail, avec un policier qui n’avait probablement rien de particulier… Enfin, il n’était pas tant de se rabaisser seul, surtout alors qu’il était encore au boulot. Toujours avoir l’air sûr de soi, maître de ses gestes, et en possession complète de la situation. Certes, cela ne marchait pas avec tout le monde, surtout ceux le connaissant, mais ça marchait parfois assez pour qu’il cache cette insécurité. Mais pour les quelques minutes lui restant à travailler, faire de la papeterie, vérifier les dernières choses, il devait rester concentrer. Une fois fini et changé pour être à nouveau dans ses habits de citoyen et non son uniforme, le policier se dirigea vers un café proche de son travail, là où Mira devait l’attendre, ou qu’il l'attendrait mais il en doutait étrangement. Elle avait l’air du genre de personne qui n’aimait pas se faire attendre, qui serait toujours à l’heure. Même pour une relation purement amical, c’était un grand plus pour Aidan. Hors de ce sujet-là, il ne voulait pas penser à grand chose d’autre, aujourd’hui était l’anniversaire de la jeune interne, alors il n’allait pas la juger si elle avait un peu de retard de toute façon, l’appel du lit est parfois plus fort que celui de se lever, il en savait quelque chose…

Il espérait ne pas l’avoir trop fait attendre, mais il ne pouvait quitter son travail avant l’heure de toute façon. Alors une fois arrivé, c’est avec un grand sourire qu’il la salua, ni trop peu, ni beaucoup trop, et il n’avait pas d’autre façon de la saluer dans cette situation. Il fut soulager directement qu’elle veuille commencer par le tutoyer, il n’aurait pas tenu hors de son boulot à la vouvoyer. « Bien sûr, tu peux me tutoyer, on est pas au boulot. Et non non reste assise, tu n’as pas à me serrer la main ou me saluer que je sache, ça serait plutôt à moi de le faire vu l’occasion ! » Mais il pouvait voir sur le visage de la jeune femme devant lui comme une trace de stress, une légère peur peut-être. Un léger rire s’échappa de ses lèvres alors qu’il s’assit juste devant elle de l’autre côté de la table. « Je ne le ferais pas bien sûr. Mais permets-moi de te le dire maintenant que je te vois devant moi : joyeux anniversaire ! »  Après tout, il aurait aimé garder un peu de politesse. Certes c’était une sortie amicale, mais autre que son nom et du coup sa date de naissance, il n’en savait pas vraiment plus. Mais petit à petit il demandera, rien ne pressé.

Une once de timidité mais aussi une once d’excitation étaient dans l’air entourant Mira. Elle avait hâte de passer du temps avec quelqu’un qu’elle ne connaissait pas vraiment, du moins, pas personnellement juste dans le cadre professionnel. Peut-être que c’était trop lui demandé de passer son anniversaire en sa compagnie, ils ne se connaissaient pas assez et puis, ce n’était qu’une sortie entre connaissance, il n’y avait rien de mal, non ? Et elle ne l’avait pas invité juste parce que c’était son anniversaire, elle l’avait invité juste pour passer du temps avec quelqu’un et elle avait décidé que ce sera lui et non quelqu’un d’autre. Lui qui n’allait pas en faire tout un plat de son anniversaire, elle l’espérait en tout cas sinon elle risquerait de fuir. Pas qu’elle était contre quelques attentions aujourd’hui mais pas ceux forcés et encore moins ceux faitent dans l’obligation de la journée spéciale. Assise les jambes croisées à une table un peu isolée des autres, elle attendait tranquillement le jeune policier, elle n’avait bien sûr rien commandé, n’en voyant pas l’utilité pour l’instant, elle savait très bien qu’Aidan n’allait pas tarder. Comment est-ce qu’elle le savait ? Elle le sentait tout simplement, elle le sentait aussi qu’il l’aurait prévenu s’il y avait eu un empêchement du moins c’est ce qu’elle ressentait en pensant à lui, il avait l’air d’être quelqu’un de sérieux sur ce genre de chose, elle l’espérait sincèrement en tout cas. S’il y avait bien une chose qu’elle détestait était les personnes qui avaient un empêchement mais qui ne se donnaient pas la peine de prévenir. Levant les yeux et croisa le regard de son ami du soir, un léger sourire apparut sur son visage, même si cela faisait bizarre de le voir en tenue civile, c’était un peu comme une nouvelle personne qui s’avançait vers elle.  « Merci d’accepter que je te tutoie, j’aurai pas pu de vouvoyer sincèrement, pas que je n’en ai pas envie c’est juste qu’on se voit en tant qu’amis et non au boulot comme tu dis ! L’occasion ?.. Laquelle ?  »  Elle se gratta légèrement la tête, certes c’était son anniversaire mais est-ce que c’était ça l’occasion ? Elle espérait pas vrai.. c’était ça l’occasion;. Un léger soupçon d’embarra apparut sur son visage, il n’était pas obligé de le dire de vive voix ni de lui serrer la main. Oui, ça la mettait légèrement dans l’embarra, elle n’a plus l’habitude de l’entendre de vive voix après tout. Elle espérait que personne ne l’avait entendu, elle n’avait pas envie d’en faire trop ou d’embêter les employés pour un anniversaire qu’elle ne veut en aucun cas fêter.  « Heureusement que tu me sers pas la main.. J’aurai fui sinon.. Et tu n’étais pas obligé de me le souhaiter de vive voix, ton message me suffisait ..  »  Mira ne le regardait pas, du moins pas directement, la timidité était revenue mais il fallait bien la vaincre, n’est-ce pas ? Prenant les deux menus et en en tendant un à Aidan, un énorme sourire aux lèvres, elle reprit la parole. « Oublions l’histoire de mon anniversaire, on est pas là pour le fêter de toute manière ! Tu vas commander quoi ? Tu es plus boisson chaude ou froide ? Sucré ou salé ? Oh, désolée, je vais éviter de m’emballer, ça m’arrive souvent.. Je veux juste apprendre à te connaître un peu plus !  » Mira essayait de prendre son temps, elle ne voulait pas qu’il lui déballe toute sa vie en un soir, petit à petit, c’était ce qu’elle voulait comme ça elle ne fuira pas, petit à petit et elle pourra le considérer comme un ami. En attendant, elle espérait avoir quelqu’un avec qui boire une bonne tasse de café ou bien un bubble tea de temps à autre.

Sortir, cela ne pouvait pas lui faire de mal après tout non ? Il n'allait pas se retrouver au bord d'un précipice dans quelques minutes parce qu'il avait décidé qu'il n'était pas contre d'apprendre à connaître plus personnellement une de ses plus lointaines collègues d'un certain sens. Après tout, elle l'avait proposé, il n'était pas en tort ! Il pourrait rassurer sa sœur bientôt que oui, il recommençait à sortir légèrement quand son travail lui permettait, mais que non, elle était probablement encore la seule femme qui venait le voir chez lui. Ça... Cela viendra avec le temps, ce n'était pas ce qu'il cherchait pour le moment. Cela lui faisait un grand bien de prendre l'air tranquillement dans un café, histoire de parler de rien et de tout, de juste échanger quelques phrases, quelques anecdotes... Il en avait besoin de ce genre de discussion parfois, et non de toutes les soirées qu'il a pu passer avec des collègues à aller faire la tourner des bars après le boulot en effrayant quelques personnes parce qu'ils étaient toujours en uniforme. Il n'allait pas faire subir ce regard, cette confusion autour de lui à la jeune femme aujourd'hui, en particulier parce que c'était son jour, qu'elle le voit important ou non, mais surtout parce qu'il ne voulait pas risquer de donner l'impression de ne pas vouloir la connaître hors du travail. Il le voulait, elle avait l'air sympathique du peu de conversation qu'il avait pu avoir avec elle en tout cas. Laissant tomber le vouvoiement qui semblait bien trop professionnelle, il avait tout laissé derrière lui, son uniforme, ses raisons de travailler jusqu'à tard, tout ça pour garder le strict nécessaire en cas d'urgence. Il ne pensait pas qu'il aurait besoin de sortir son arme mais on ne savait jamais malheureusement. Politesse avant tout, avec un beau sourire sur son visage, il lui souhaita à nouveau un joyeux anniversaire, et cela lui faisait étrange de se dire que cette jeune femme venait d'avoir son âge. Avec son visage qui faisait encore très jeune, cela ne l'aidait pas lui et le fait qu'il se voyait vieillir chaque seconde. Mais c'était pour plus tard et surtout à garder pour lui-même ses propres insécurités. Assis juste en face d'elle, il n'allait pas insister si seulement la mettait mal à l'aise, il était là pour parler et non faire un interrogatoire.

Menu en main, Aidan se souvint tristement des propres limites qu'il s'était mise pour ne pas perdre sa masse musculaire, rester au top de sa forme pour son boulot. Et pourtant, dans un long soupire, il finit par tout jeter par la fenêtre, il fera plus de sport et voilà. Mais de voir la jeune interne presque toute sautillante ou du moins heureuse dans sa voix le fit rire légèrement, comme un enfant devant un nouvel ami, il était comme ça bien plus jeune. « Du chaud parce que rien ne bat les boissons chaudes, du sucré parce que je me sens d'agir comme le cliché policier qu'on voit dans les dessins animés américains aujourd'hui, un bon donut je suis pas contre. Et ne t'inquiète pas ! Ça fait plaisir de voir que tu es un peu curieuse ! Et dans ce cas je te renvoie les questions ! » Bien qu'il commençait à se faire tard, plus une heure à laquelle dîner que goûter, il allait probablement dîner bien tard au plein milieu de la soirée parce qu'il y était habitué pour garder un rythme correct, il se doutait qu'elle prenne également un repas complet, bien qu'il aurait préféré. « Oh ! Pendant que j'y suis, cela fait longtemps que tu es dans la médecine ? Ça t'a toujours plu ? » S'il pouvait aussi lui demander qu'elle était sa recette secrète pour paraître toujours aussi jeune il l'aurait fait, mais il ne se voyait pas poser une fausse question aussi stupide directement, encore une fois, il gardera sa propre insécurité pour lui seul, point final.

Plus le temps passait, plus Mira s’éloignait de son adolescence et moins elle sortait, moins elle s’ouvrait aux personnes, moins elle laissait de chances. Peur d’être déçue, peur de ne pas être assez mais surtout peur d’être une fois de plus abandonnée, peur de flirter avec la faucheuse, de ramener ses proches dans sa ligne de mire et pourtant, pourtant, elle est là, assise dans un café, habillée d’une simple petite robe et une veste en jean en attendant la personne qui allait accompagné sa soirée, personne qu’elle ne connaissait que depuis quelque temps et pas encore personnellement. Elle l’avait invité, c’était de sa faute après tout, non ? Mais elle ne le regrettait pas, elle le sentait au plus profond de son coeur qu’elle pouvait se laisser tenter, tenter par une possible amitié, le policier avait l’air d’être un homme bon, un homme qui partage certains de ses points de vu, sûrement pas sa légère haine pour les forces de l’ordre mais peut-être qu’il arrivera à la faire changer d’idées, qui sait ?

Joyeux anniversaire souhaité à la jeune brune et la timidité revenue au grand galop, elle ne s’y attendait, est-ce qu’elle aurait dû dire que c’était son anniversaire ? Sûrement, mais voyons le bon côté des choses, il ne lui avait pas offert de cadeau, heureusement d’ailleurs sinon son moteur aurait beugué, ne sachant pas comment s’imprégner de cet acte, voulant trop donner de raison à ce dernier. Regardant le menu, elle se demandait réellement ce que son ami du jour allait prendre, elle ne s’attendait pas à ce qu’il joue la carte du cliché du policier, ce qui la fit rire. « C’est tellement bon les boissons chaudes, contente qu’on soit sur la même longueur d’onde sur ça ! Quel magnifique cliché, tu vas pas regretter de prendre un peu de sucre ? Il se fait tard et on m’a toujours dit pas de sucre après 18 heures.. Si tu regrettes, j’y suis pour rien. J’aime bien rencontrer des personnes même si.. je suis assez renfermée sur moi-même.. J’attend tes questions, balance tout ! Je te répondrais si j’ai pas envie de garder le mystère ! »  Un léger sourire sur ses lèvres, Mira était une personne assez ouverte, du moins c’est ce qu’elle pensait, elle aimait bien parler de tous les sujets mais elle ne trouve pas ça drôle de tout dévoiler dès la première rencontre. La première question de l’homme l’étonna sur le coup, il avait l’air curieux sur ça. Elle prena alors quelques instants pour y réfléchir, est-ce que cela lui a toujours plu ? Difficile à dire, non pas que son père l’avait forcé à devenir médecin, il lui avait juste fait comprendre que c’était une des seuls voies qu’il accepterait, c’est une histoire de famille comme dirait Monsieur Yang. Si elle l’aurait écouté, elle aurait été dans le secteur de la cardiologie tout comme son meilleur ami et surtout son père mais qui voudrait de son père comme supérieur ? Pas Mira en tout. Enroulant une mèche de ses cheveux sur un de ses doigts, des étoiles dans les yeux, elle était prête à faire son petit monologue en espérant que son interlocuteur n’allait pas bailler d’ennui. « Est-ce qu’on peut dire que j’y suis depuis ma naissance ? Mon père a toujours été dans la médecine donc j’ai grandi avec ! Est-ce que m’a toujours plu ? Au début, je voulais juste suivre les pas de mon père puis.. j’ai appris qu’on pouvait sauver des vies en devenant médecin donc j’ai tout fait pour être où je suis ! Bon j’ai choisi la pédiatrie car je me sentais plus apte à m’occuper des enfants que des adultes, puis regarde les bouilles qu’on voit.. » Elle était vraiment fière d’elle lorsqu’elle soignait un enfant, lorsqu’elle lui donnait un peu d’amour surtout s’il n’en a jamais eu, c’est un peu comme ça qu’elle arrive à se pardonner du mal qu’elle a fait il y a quelques années.

Le cliché et Aidan, il ne pouvait dire qu’il s’y accordait toutes les minutes. On lui avait même plutôt dit que même si ce métier semblait lui allait comme un gant, il n’en avait pas l’image ou la mentalité. Alors qu’il soit centré là-dessus pour cette fois seulement, pour un triste, bourré de sucre, de calories et de gras, donut, c’était quelque chose d’inhabituel pour lui. Il aimait bien souvent s’offrir des petits plaisirs qu’il se refusait souvent en raison de son propre, personnel et volontaire régime, mais cette fois-ci, il n’en avait pas vraiment envie. Il pouvait sentir la journée qui pesait sur ses épaules, la fatigue qui arrivait sur son corps comme un marteau sur un clou, et une grande dose de sucre rapide, le temps de tenir pour rester avec la jeune femme n’allait pas lui faire de mal. Puis encore une fois, il n’allait pas prendre de repas complet dans un café, et encore moins à cette heure-ci. Aussi étrange que cela pouvait être, ils étaient probablement sur la même longueur d’onde pour ceci, toujours à suivre un rythme de sommeil chaotique, voire inexistant par soirée. Ce n’était pas une façon de vivre si on demande à beaucoup de personne en dehors de leurs métiers, mais une fois qu’on s’approchait sur le vide du sujet, leur rôle dans cette communauté, ils ne pouvaient faire autrement n’est-ce pas. Et encore une fois, la tête plus dans son boulot plutôt que dans la détente, Aidan avait encore du mal à enlever cette image de “collègue” sur le visage de la jeune femme. Bien sûr, il se doutait bien que cela ne lui prendrait seulement quelque temps, une fois qu’il s’y habitue, qu’il s’ouvre un peu plus, mais pour le moment, il était toujours dans ce bloc.

« Je sais que la logique voudrait éviter le sucre après six heures mais c’est pour les personnes qui dorment à des heures raisonnables ça n’est-ce pas ? Puis même si c’est un beau cliché, ça reste bon un bon donut. Ah, ne t’oublie pas non plus, prend toi quelque chose ne reste pas sans rien. » Bien sûr il attaquait sa part des questions une fois qu’elle avait fini la sienne, mais qui serait-il s’il la laissait aussi parler comme ça, même s’il serait tout ouï, sans qu’elle ne prenne également une petite commande de sa part ? Être le seul à briser les règles de la bonne santé, il se sentirait bien seul. Le regard placé sur elle, l’observant mais respectant pour autant les limites, le brun n’allait pas l’analyser sous toutes coutures directement, il préférait plutôt voir sa façon de parler, sa sincérité également, essayer de la comprendre au maximum. Empathique était une chose qu’Aidan avait toujours été, voire trop, et bien que c’était une qualité appréciée en tant qu’être humain, cela l’avait souvent bien trop blessé. Il apprenait donc toujours à maîtriser cette empathie naturelle, cependant il n’en voyait pas l’utilité ici. Elle avait l’air vraiment passionné par son travail, par le contact qu’elle avait avec ses patients, de pouvoir sauver des vies. Et ce sentiment à la fois agréable et désagréable à la fois, d’être un héros d’un sens, mais aussi juste une personne parmi d’autres, rien de plus normal, c’était étrange mais ce pour quoi il vivait. Protéger le monde, protéger sa famille, ses amis, son peuple enfin ceux qui le méritait. « Je peux totalement comprendre… Il y a quelque chose à l’idée de prendre soins des plus jeunes qui… Je saurais pas le décrire mais c’était également la raison pour laquelle je voulais entrer dans la police. Si ça pouvait être aussi simple que certains cas pour ceux de ma famille ça serait pratique, mais que serait la vie si tout était pratique et simple. » Qui n’aimait pas un défi dans la vie. Aidan pensait lui-même avoir passé ses plus grands défis, le plus grand étant de se contrôler lui-même en tout cas.

La petite interne avait l’habitude de fêter son anniversaire avec ses collègues, de préparer quelque chose, même si fêter son anniversaire ne signifiait rien pour elle depuis quelques années déjà mais est-ce qu’elle aurait pensé passer cette soirée avec un collègue qu’elle ne connaissait que depuis quelques temps et que de plus, elle ne connaissait pas personnellement ? Oui, bien sûr que oui. Elle s’était juste dit “Pourquoi pas ?” après tout. Elle avait l’impression que le courant passerait bien entre le jeune policier et elle, elle n’avait pas vraiment tord après tout, ils se ressemblaient, un peu.  Et voilà la belle brune assise dans un café, le soir, en face d’un inconnu pas si inconnu que ça. Légèrement timide qu’elle était la petite Mira, c’était rare après tout qu’elle fasse ce genre de chose, proposer à quelqu’un de sortir au dernier au moment et le pire dans tout ça, c’est qu’il avait accepté. Elle ne s’y attendait pas certes mais, tant mieux, elle voulait en apprendre plus sur lui, se lier d’amitié avec en tout cas. Jouant légèrement avec une mèche de ses cheveux et la carte du café, vu l’heure, manger était inutile, autant attendre un peu afin de commander à emporter, la flemme qui lui disait doucement de ne pas faire à manger ce soir, elle pouvait bien se le permettre, n’est-ce pas ? Elle suivait alors Aidan sur ce coup-là, prendre une boisson chaude semblait être une très bonne idée, mais pas de sucre pour elle, elle n’était pas trop très sucrée finalement après tout, prendre une expresso lui suffira amplement. « Je sais mais bon, j’évite quand même le sucre après 18 heures, même si je dors pas à des heures raisonnables pour plusieurs raisons.. Et bien sûr que c’est bon les donuts, de temps en temps ! Faut pas que tu alimentes trop les clichés sinon je vais commencer à croire que t’es le policier qu’on voit dans les BD. Je vais juste me prendre un expresso, et peut-être.. un gâteau, on le partagera par contre si ça te dérange pas ? J’ai vu que y’avait un fraisier sur la carte, tout juste là ! » Mira se pencha alors légèrement vers son ami du soir pour lui montrer sur la carte où était le menu dont elle parlait. Elle espérait tout de même qu’il n’avait pas de problème avec les fraises, au pire des cas, elle prendrait autre chose, ou rien même, elle n’avait pas réellement faim étant donné qu’elle avait passé la journée à faire le zombie.

Il faut se l’avouer que Mira ne s’attendait pas à une telle réponse de la part d’Aidan, elle savait qu’ils se ressemblaient légèrement, ils travaillent tous les deux avec les enfants mais elle ne pensait pas qu’il allait aussi bien résumé ce qu’elle pensait. Elle était légèrement encore un peu plus gênée, est-ce qu’il avait lu dans ses pensées ou bien est-ce qu’ils se complétaient bizarrement ? Pas que ça gêne Mira, non, pas du tout même, elle était juste heureuse d’avoir quelqu’un en face d’elle qui était sur la même longueur d’onde qu’elle, c’était assez rare, rare dans le sens que cette dernière rencontre très rarement de nouvelles personnes. « Je dirai que t’as l’impression d’être un héros ! Sauf qu’au final, t’es juste une personne comme les autres. Après, les enfants ont tendance à te voir comme quelqu’un de grand et de bon, et je pense que c’est ça qui font leur charme ? Mais je trouve ça honorable d’être entré dans la police pour ça.. Même si tout ce qui se passe en ce moment fait peur. Et la vie ne serait pas drôle si tout était un long fleuve tranquille ! Faut toujours des rebondissements, enfin pas trop.. un peu mais pas dans le surplus. Oh du coup, vu qu’on parle de famille, tu as des frères et soeurs ? »  Mira s’attendait à une réponse positive, elle le sentait qu’il avait au moins une soeur ou un frère, il avait cet aura de grand-frère lorsqu’elle le voyait, pas qu’elle le considérait tout comme, non, Mira le considérait autrement, comme un homme, un potentiel ami, et peut-être plus ? Elle ne voulait pas forcément de poser d’étiquette sur leur relation, c’était bien trop tôt puis si ça se trouve, il voudra plus la revoir après ce soir, ça ne l’étonnera pas la petite interne, c’est souvent le cas, un soir et c’est fini.

Le cliché et Aidan, il ne pouvait dire qu’il s’y accordait toutes les minutes. On lui Comment empêcher quelqu’un d’être un vrai gourmand avec des petites friandises devant soi. Une fois par moment ne pouvait faire de mal, après tout il n’allait pas finir à l’hôpital avec un pauvre donut, et même si par mégarde, il était tout d’un coup allergique à quelque chose dans ce monstre de gras et de sucre, il avait en face de lui quelqu’un avec bien plus de connaissance en médecine que lui, il ne s’inquiétait pas vraiment de l’effet. Il espérait malgré tout que ceci n’arrive pas, et qu’il puisse continuer de passer un petit moment de la soirée avec la jeune femme devant lui. Aujourd’hui était son jour, le moindre qu’il puisse faire était de lui offrir quelque chose, alors il attendait gentiment qu’elle finisse de commander ses petits plaisirs personnels pour payer la note, même s’il était un peu déçu par le triste expresso qu’il reconnaissait trop bien du boulot. Qui était-il pour juger, il buvait probablement bien trop de café lui aussi. Mais là n’était pas l’important. Aidan tentait toujours de retirer cette éphémère veste du policier afin de se détendre un bon moment, parler de tout et de rien, et encore plus même, pouvoir en apprendre plus sur la jeune femme. Elle ne semblait après tout pas être une mauvaise personne : un visage jeune et doux, un joli petit sourire même s’il reconnaissait des traces de timidité dessus, ce qu’il pouvait totalement comprendre, des manières qui semblait bien même très soignée dans sa façon d’être… Le policier était habitué d’analyser les personnes en face de lui, sans pour autant en arriver à une critique ou se dire comme sûre que le corps reflétait la personne. Bien souvent, c’était faux. Un léger rire s’échappa de ses lèvres en l’entendant, ne comptant pas garder l’image du bon gros policier très longtemps. « Je ne pense pas encore avoir le ventre de ses policiers de BD, je m’inquiéterai moi-même sinon ! Par contre avec le donut et le fraisier qui sait, j’y arriverai peut-être. » Son rire continua quelques temps, bien qu’il ne mentait que très peu, il n’avait pas mangé de gâteau depuis si longtemps maintenant qu’il ne savait pas vraiment l’effet que cela aurait sur son corps plus tard. Il fera quelques heures de plus à la gym, et tout ira bien.

Son métier maintenant, il ne l’avait pas choisi que pour la protection des enfants, bien qu’il pensait toujours que c’était très important, mais aussi pour toutes les autres recommandations : l’aide aux personnes âgées, aux personnes abusées peu importe leur genre, et bien qu’il s’imaginait qu’il ne s’agissait surtout que des femmes, il a vu dans sa pourtant courte carrière qu’il avait bien faux. Est-ce que pour autant il se sentait comme un héros ? Pas vraiment. Il avait d’ailleurs plutôt l’impression qu’il n’était qu’un homme qui faisait son devoir en retard, parfois trop tard pour les sauver, parfois trop tard pour leur empêcher des marques physiques et mentales. Mais il n’était pas du genre à abandonner. Surtout pas maintenant qu’il avait son travail parfait. « Je dirais pas un héros, je ne me vois vraiment pas comme ça. Et bien sûr que ça fait peur parfois, mais si personne ne le fait, qui le fera ? Il faut bien quelqu’un pour veiller sur les personnes qui font tourner notre monde non ? » C’était plutôt comme ça qu’il se voyait, comme une aide pour que le monde continue de tourner encore, et encore. Mais la question suivante de l’interne le surprit légèrement avant de rire quelque peu. « Ca se voit sur moi que c’est le cas ? » Il faut dire, ce serait étrange qu’il soit si dévoué à protéger les plus jeunes s’il était fils unique n’est-ce pas. « J’ai une petite sœur et un petit frère en effet. Oh, demi-sœur et demi-frère, mais ça ne change pas grand chose, on a quand même le même sang. Et toi ? Peut-être un ou deux ? Juste par déduction. » Il ne saurait trop le dire en tout cas, mais elle ne semblait pas être non plus une fille unique à ses yeux. Il y avait quelque chose que les enfants uniques, même en grandissant, avaient dans leur yeux que les autres n’avaient pas. Parfois un surplus, parfois un manque, mais toujours quelque chose de plus que les autres.

Les jambes croisées sous la table, Mira avait sorti son masque de la timidité, pas que l’homme devant elle lui faisait peur ou même l’intimidait, mais plutôt qu’elle avait peur d’autre chose, d’elle-même à vrai dire, peur de ne pas être intéressante, de gâcher la soirée du jeune policier qui se trouvait devant elle. Est-ce qu’elle était assez intéressante pour lui prendre un peu de son temps ? Elle espérait bien que oui, sinon elle en serait désolée même si c’est son jour spécial, son anniversaire, pas qu’elle l’avait expressément invité à boire un verre pour cela. Un léger sourire se dessina sur le visage de la jeune interne tandis que ses yeux scannèrent doucement le corps d’Aidan, non pas pour apprécier la vue ou quoi que ce soit, mais tout simplement pour vérifier ses dires et il avait raison, il n’avait pas la même corpulence que les policiers clichés visibles dans les BD et ni celle du seul policier dont Mira pouvait se souvenir, celui qui l’avait soutenue dans l’ombre, il y a huit ans, Aidan, lui, avait l’air plus musclé. « Tu en es encore loin je pense ! Puis te force pas à tout manger, on peut prendre à emporter ici ! Si t’as vraiment peur de prendre beaucoup de poids avec ces gourmandises, on pourra toujours aller faire une promenade nocturne ! » Qu’est-ce qu’elle aimait les balades nocturnes, se promener dans les petites ruelles et de voir les ruelles silencieuses mais aussi qu’est-ce qu’elle avait peur de se retrouver seule dans une ruelle mal éclairée. Elle savait se défendre, oui, mais sa peur n’était en aucun cas d’origine humaine, cette dernière était intouchable, ancré en elle à jamais, peur de la solitude dans un monde meurtir, peur que sa lumière qui se faisait de plus en plus fade s’échappe ou se fasse attraper par les ténèbres, ils avaient réussi à avoir sa meilleure amie ainsi que sa deuxième amie de lycée, alors peut-être, peut-être que cela allait lui arriver aussi, qu’ils l’attendaient au tournant d’une rue. Poings qui se serraient légèrement sous la table, ce n’était pas le moment de penser à ça, n’est-ce pas ? Elle était en sécurité, ici, à la lumière mais surtout accompagnée par un fervent chevalier, tout ira bien, il n’allait pas l’abandonner, il n’avait pas intérêt.

Discussion déviée sur leur boulot respectif, héros du quotidien caché sous un visage banal. Peut-être qu’Aidan ne se sentait pas tel un héros mais pour les personnes qu’il sauve, il l’est, et ça Mira le savait, elle en avait été témoin mais la façon dont il le disait était humble, chose rare que Mira avait pu apercevoir chez les collègues d’Aidan, pas qu’elle avait une mauvaise image de la police, elle en avait plutôt une sur les policiers en général mais plus les minutes passèrent, plus Aidan redonnait espoir à la jeune brune, peut-être qu’il y avait de bons policiers après tout, qu’ils étaient juste caché. « Les personnes que tu sauves te perçoivent comme un héros, surtout les enfants ! Sûrement personne, malheureusement, mais merci de nous protéger Monsieur Byun ! Pardon, je te retutoie directement après, promis. » Un léger rire sortit de sa bouche, elle voulait le remercier encore une fois ou plutôt une dernière fois. Mira avait cet oeil pour dénicher les grands-frères, elle en avait un, son meilleur ami était un grand-frère aussi et Aidan avait étonnamment la même aura que ces deux hommes et peut-être que cela expliquait son choix de métier. Elle fit alors un léger haussement d’épaule. « Ca se voit oui, après  peut-être que j’ai l’oeil. Demi ou pas, c’est quand même ton frère et ta soeur ! La famille ne s’arrête pas à ce genre de broutilles après tout ! Hum.. J’ai un grand-frère, ça se voit autant sur moi ? Mais j’ai sûrement aussi des demi-frères ou des demi-soeurs, je n’en serai pas étonnée si je l’apprenais un jour. Mais ne retiens que j’ai qu’un grand-frère ! »  Elle n’avait pas vu sa mère depuis huit ans après tout, peut-être qu’elle avait eu des enfants avec son amant, peut-être qu’elle s’était remariée ou peut-être qu’elle avait fui la ville, Mira n’en savait rien et elle n’en avait pas forcément envie de le savoir. Sa mère ne faisait plus de sa vie depuis belles lurettes, et elle n’en fera plus jamais plus partie. Trahison qui avait laissé une blessure béante dans le coeur de la petite dernière des Yang, elle ne pourra pas lui pardonner.

Combien de temps cela faisait depuis qu'il n'était pas sorti avec un pur inconnu pour apprendre à se connaître ? Probablement plusieurs mois en tout cas. Si la dernière personne était son ex en tout cas, ce qui était probablement le cas. Cela voulait en dire gros pour le policier, lui qui était vu par ses collègues comme quelqu'un plein d'énergie, le premier à faire rire la galerie, et pourtant il était là. Seul. Chez lui. Oubliant même l'existence de l'univers autre que le sien, se renfermant petit à petit. Pourquoi ? Probablement parce qu'il avait peur d'être déçu encore et encore, par des personnes auxquelles il s'attacherait bien trop rapidement. Il avait alors décidé de donner une autre chance à une personne qu'il pensait bonne rien que par une courte discussion, en espérant ne pas se tromper sur elle également. Le rendu de leurs rencontres, il s'en fichait au fond. Il ne voulait juste pas qu'elle finisse par montrer que le visage doux et pur qu'elle lui montrait était en réalité un masque qui cachait trahison, avarice, jalousie et tout ce qu'il ne pouvait supporter chez l'être humain. Si travailler chez la police lui avait bien appris une chose, c'était qu'aussi beau le rire pouvait être, rien ne disait qu'un monstre ne résidait pas à l'intérieur. C'était donc par espoir, un pur espoir presque enfantin, qu'il espérait qu'elle serait une personne simple, normale, pour une fois dans sa vie. Lui n'avait pas grand chose à cacher vraiment, à part peut-être des traces d'un passé dont il n'était pas toujours fier, mais il n'était pas la personne qu'il était auparavant, il était lui. Et donc il pouvait être aussi transparent qu'il le souhaitait. Son sourire était réel, ses rires étaient réels et le moindre de ses mots étaient pensés. « Oh une balade nocturne pourquoi pas, je dois de toute façon rester éveillé longtemps alors ça ne me dérange pas ! Dans ce cas-là je garderai le donut pour dehors. » Qui sait en marchant les calories pèseront peut-être moins, si seulement. Puis sortir en pleine nuit sans que ça soit avec ses collègues pour de bons verres d'alcool, il n'avait pas fait ça depuis longtemps. Il n'était pourtant pas contre, mais seul, il n'y avait pas tant d'attrait à la chose que ça. En particulier quand son cerveau ne peut s'empêcher de penser à son travail, et la sécurité de sa famille. Il y pensait tout le temps, même ses rêves tournaient autour de ça. Penser à autre chose ne pouvait vraiment pas lui faire de mal. Alors pourquoi refuser ?

Cette vision pour autant, du héros qu'il était peut-être pour les enfants, les femmes, les personnes âgées, sans oublier les hommes aussi coincés dans ce cercle vicieux, il ne pouvait pas le voir comme possible. Il n'était qu'une personne parmi d'autres à ses yeux, alors pourquoi lui serait le héros ? Il ne l'avait pas fait seul, il n'était pas celui qui avait mis en place le plan, tracé les événements, il n'était pas celui qui interviewaient les coupables jusqu'à qu'ils avouent leur culpabilité entière. Il n'était qu'un soldat du pays, rien d'autre. C'était une pensée qui, bien que réelle, lui retirer toujours un peu de plaisir, de joie, un sourire léger sur ses lèvres, suivi d'un petit rire dans un souffle, il baissa la tête, fixant la table quelques secondes avant de se reprendre en main. « Tout comme toi, je ne fais que mon devoir. Il n'y a pas besoin de remerciement ou autre, ni de titre, je le ferais probablement même si je n'étais pas à la police... » Dieu sait qu'il avait essayé. Et raté. Mais il continuerait à essayer. Peu importe le temps que ça lui prendrait. La famille était un sujet qu'il préférait bien plus. Même si une arrière-pensée menaçait toujours de resurgir, il continuait à sourire rien qu'en pensant à son père et ses deux petits. Il pouvait malgré tout comprendre, en particulier parce qu'il avait un sentiment bien précis envers sa belle-mère, pourquoi certaines personnes n'étaient pas très famille, et en particulier grâce à son métier aussi. « Une famille compliquée huh ? Je peux comprendre, ce qui importe le plus c'est ce que tu considères comme ta famille, ceux qui te tiennent à cœur. Le reste, ce n'est que du sang qui vous relie. » Probablement sa façon de penser envers certains cousins, c'était triste de se dire qu'un des seuls potables étaient Suoh, mais c'était déjà ça qu'un était sympathique à ses yeux. Il le voyait plus comme un petit frère éloigné qu'un cousin. Mais à la mention de grande famille, demi-frère et demi-sœur, Aidan ne put s'empêcher se pencher légèrement sur la table, chuchotant quelques petits "ragots" si on peut les qualifier ainsi. « L'autre jour on est allé retirer un enfant d'une famille — qui va bien je te rassure — et on a trouvé que non seulement le père avait eu quatre enfants avec sa femme, mais DOUZE autres avec de différentes femmes... Comment on fait pour en arriver à douze ? » Il aimait les enfants Aidan, vraiment. Mais un total de seize, c'était beaucoup trop pour lui.

Mira était autrefois une enfant souriante et pleine d’énergie qui allait facilement vers les autres, elle adorait rencontrer de nouvelles personnes, se lier avec beaucoup de personnes mais cela était avant que son sourire ne s’envole avec la personne qu’elle aimait le plus sur Terre, sourire qui n’était plus vraiment présent, elle souriait rarement la petite interne, bien trop occupée à amener avec elle la pluie et les nuages gris. Elle ne portait aucunement de masque, du moins, juste un seul, elle ne cachait que sa légère tristesse qui s’était formée dans son être entier, impossibilité de partir complètement, elle n’a pas encore trouvé quelqu’un qui l’aidera à faire partir tout ça pour de bon, certes elle avait des amis, elle était heureuse avec eux mais il lui manquait quelque chose en elle, sûrement quelqu’un sur qui elle pourrait dormir pour des mois, des années, toute sa vie. Gamine qui faisait toujours attention, toujours sur ses gardes lorsqu’elle sortait avec quelqu’un qu’elle ne connaît pas et pourtant, pourtant, il se pourrait qu’elle ait baissé sa défense, le bouclier qu’elle brandissait depuis trois ans déjà, non pas qu’elle laissait une grande ouverture à la personne qui était devant elle, une porte assez grande pour qu’il se faufile et qu’ils deviennent amis, ou au moins connaissances. Peut-être que Mira en attendait trop ? Peut-être qu’elle n’en attendait pas assez ? Qui sait, en tout cas, ses réactions étaient réelles au moment T, ainsi que ses expressions. Honnête, elle avait décidé de l’être, elle déteste les mensonges après tout. « Toi aussi tu dois rester éveillé ? Je prendrai pas beaucoup de ton temps, promis. Juste le temps de prendre l’air d’accord ? Oh, si tu prends le donut pour dehors, j’irai me reprendre un expresso alors ou peut-être quelque chose de sucré..  » Elle le savait que si elle buvait trop de caféine, elle ne risquerait pas de dormir cette nuit, mais est-ce qu’elle dormait dans un premier temps la nuit ? Pas forcément, elle dormait maximum quatre heures, minimum aucune. Les raisons diversent, que ce soit le même cauchemar qui revient en boucle, le manque de lumière, les appels du boulots, qu’elle s’inquiète pour un patient, elle se dit juste qu’elle dormira le moment venu, et ce sera peut-être pour toujours, pas qu’elle attend ça impatiemment, non elle se demande juste pourquoi elle, elle est encore debout alors que ses deux amies ne le sont plus et ne le seront probablement jamais, pourquoi est-ce qu’elle était la seule à avoir cette lumière en elle ? Main qui touchait alors légèrement sa poitrine avant de redescendre sur Terre, ce n’était pas le moment, elle n’était pas seule pour une fois.

Mira pensait autrement, elle pensait que les remerciements étaient obligatoires, il fallait dire “merci” lorsqu’on était redevable, “désolé” lorsqu’on l’était. C’était ce genre de chose qui tenait à coeur pour Mira, mettre des mots sur ce qu’elle ressent aussi bizarre que ce soit. Un léger soupir sortit de ses lèvres avant de laisser apparaître un léger sourire. « Il faut toujours remercier quelqu’un lorsqu’on le peut, un jour on ne pourra pas le faire.. Et tu aurais fait quoi si tu n’aurais pas été policier ? C’est illégal de porter une arme en étant un civil.. mais ça tu le sais, puis c’est bien que tu sois devenu policier, je trouve que ça te va bien. » Comment est-ce que Mira savait que les armes étaient illégales pour de simples citoyens ? Quelques recherches, pas qu’elle avait envie de s’en procurer une, l’idée lui était déjà passée en tête un jour, non pas pour tuer quelqu’un, ni pour se défendre, pour autre chose, malheureusement. Sa lumière brillant un peu trop forte pour la jeune interne. Est-ce que sa famille était compliquée ? Pas vraiment, la seule personne compliquée était celle qui lui avait donné la vie, à partir sans raison avec un homme, abandonnant sa propre famille pour son propre bien, est-ce que ça a duré au moins ? Est-ce que cela va durer vingt ans ? Est-ce que cela est encore d’actualité ? Mira ne le savait pas, peut-être que son frère avait des pistes, son père devait être au courant de tout cela, pas sûr qu’il l’avouera un jour. « Je dirai pas qu’elle est compliquée, elle est plutôt facile à comprendre.. Il n’y a que deux personnes dans ma famille, mon père et mon frère. Mais je suis d’accord avec toi, de toute façon il y a toujours des personnes qui se disent de ta famille et qui finissent par te trahir ou te traîner dans la boue. » Petite pique visée ? Peut-être, peut-être pas, Mira ne voulait vraiment pas parler de cette personne, prénom rayée de son vocabulaire, malheureusement elle ne peut pas l’enlever de son livret familial, elle espérait juste que ce ne sera pas elle qu’on appellera si cette personne finit à l’hôpital ou même en prison car elle ne viendra pas, hors de question. Elle n’avait ni le temps ni l’énergie pour cela après tout. Le ragot qu’Aidan venait de raconter était inattendu mais toujours le bienvenu, un rire sortit alors de ses lèvres, elle s’imaginait alors les raisons, pourquoi avoir autant d’enfants ? Est-ce que c’était pour faire une nouvelle secte ? Ou bien créer une nouvelle religion ? Elle était vraiment curieuse à propos des aboutissants d’une telle chose. Non pas qu’elle n’aimait pas les enfants, elle les aimait bien sûr mais.. pas lorsqu’ils étaient autant. « Attends, douze ? Tu t’es pas trompé de nombre ? Qui voudrait autant d’enfants ? C’est pour faire une équipe de foot ? Ou quelque chose de plus sombre ? Et en plus avec différentes femmes.. Une femme n’était pas suffisante ? Mais ça me rassure si l’enfant va bien..  » Savoir les enfants en sécurité était une chose qui tenait à coeur à la petite interne, elle pourrait donner sa vie pour ces derniers, même si elle n’était pas leur mère, ils méritaient de vivre eux.

Il y avait bien une raison qui faisait que le policier était habitué à tenir des journées bien trop longue pour lui, est-ce que pour autant il appréciait les journées si longues, à se doper au café pour pouvoir tenir ? Probablement pas. Bien que parfois il souhaitait plus que tout pouvoir avoir un rythme de vie normale afin de voir sa famille, sa sœur, son frère, un peu plus, il ne regrettait en aucun cas son choix de métier. Il aimait vraiment faire ce dont il était fait pour, protéger le peuple, son peuple, la vie de ceux qui font sourire bien plus de personnes que lui, des parents, des grands-parents, des enfants. Si lui n'avait pas le droit à ses privilèges, les autres en auraient tous les droits, et jamais il n'accepterait qu'on les retire à des êtres pures, innocents. S'il devait se tuer petit à petit à coup de café, boissons énergétiques parfois, tout ce qui pouvait augmenter son stamina et son endurance générale, il le ferait. Puis même s'il en parlait avec ce ton négatif en arrière-bouche, il ne se mentait pas réellement à lui-même. Aidan n'était pas idiot, il savait qu'il en était complètement dépendant, qu'il avait développé une certaine addiction au café. Certains fumaient pour évacuer le stress, lui buvait un autre café et rendait les choses encore pire. Caféine sur caféine, il stressait bien plus qu'auparavant, et pourtant personne ne l'arrêtait. Même pas lui-même. Il aimait ça aussi. Le café bien noir, fort et pur. Pas besoin de sucre ou de lait, au naturel, le plus noir possible, c'était son style de café. Un jour il souffrirait probablement de problème cardiaque à cause de cette dépendance, mais avant qu'il ne finisse à l'hôpital pour cette raison, le brun continuera à boire son café matin, midi et soir. Est-ce qu'il le recommandait aux autres pour autant ? Loin de là. « Je reste toujours éveillé jusqu'à environ une heure du matin si jamais je dois être présent par surprise ou pas. Ne t'inquiète pas sinon, à part urgence, je suis libre. Et évite deux expressos à la suite, c'est pas bon de trop boire de café, tu devrais le savoir mieux que moi je pense. » Elle étant dans le milieu médical, travaillant sur les répercussions de ce que l'on consomme peut faire sur nous, il ne doutait pas qu'elle avait entièrement conscience des abus si jamais elle en faisait, peut-être n'avait-elle pas le choix, ou une dépendance comme lui. Mais il préférait savoir les personnes avec qui il restait en bonne santé, sans trop de problèmes, juste de quoi le rassurer lui et son pauvre cœur. Il ne voulait que le bonheur pour tout le monde autour de lui, et ça depuis probablement qu'il avait vu le monde dans lequel il vivait.

Qu'est-ce qu'il aurait fait s'il n'était pas policier ? Bonne question. Depuis son temps dans l'armée, il savait qu'il était fait pour ce métier, et tout ce qu'il aurait pu aimer un jour dans sa vie, il n'avait en aucun cas le talent pour en faire un métier un jour. Sans ce boulot, il ne serait rien. Il aurait probablement été quelqu'un dont même lui-même ne verrait pas d'utilité. Courir après les petits boulots pour vivre alors que l'on n'a pas de raisons de vivre. Rien de très joyeux. « L'arme est surtout une menace plutôt qu'une réelle façon de défendre pour moi. C'est la preuve que je fais partie de la sécurité de la ville, mais avec ou sans je la protégerai. L'arme à feu est loin d'être la première chose que j'utiliserai pour défendre aussi. Mais merci malgré tout, ça fait plaisir de savoir que ça me va, je ne sais vraiment pas ce que je ferais sinon. » Il serait complètement perdu. Mais il pensait le moindre mot de ce qu'il disait, il n'avait que très rarement appuyé sur la gâchette de sa vie, et les peu de fois, il n'avait pas réellement apprécié. Son but n'était jamais de tuer, il ne l'avait jamais été. Et bien même que le brun avait tiré une balle ou deux, il faisait en sorte de neutraliser, et jamais de tuer. Ces personnes, bien que dangereuses, avaient des familles. Et il savait qu'il n'y a rien de pire que de perdre quelqu'un de sa famille à cause d'incompétence de certains. La famille, ceux qui étaient proche l'un avec l'autre, un terme vague pour désigner beaucoup de choses, un lien de sang, ou un lien fort. À entendre la brune devant lui, il comprenait qu'elle n'entretenait soit aucune soit une très mauvaise relation avec sa mère, et il pouvait comprendre vu la sienne avec sa belle-mère. Il n'avait pas besoin de plus d'explication. Juste un hochement de la tête alors que leur commande arrivait enfin sur leur table, la présence de tonne de sucre en deux misérables pâtisseries... Il ne préférait pas y penser. Il y avait plus intéressant sur le tapis, notamment son petit moment ragot, assez rare en réalité, il se contentait de dire ce qui était permis bien sûr. « Je n'ai aucune idée de pourquoi, probablement parce que monsieur ne savait pas garder ce qu'il a pour lui. Mais seize au total oui, avec les quatre de sa femme officielle. Je me demande juste comment on fait pour en arriver à ce niveau-là... C'est juste beaucoup trop... Trois c'était pas déjà bien ? » Prenant sur sa famille le court exemple, ils étaient trois, deux garçons et une fille, et l'ambiance avait toujours été à peu près agréable. Alors douze... Un cauchemar.

Chaque être humain avait une addiction à quelque chose, certains c’étaient le sucre, d’autre l’adrénaline, Mira c’était tout simplement caféine. Cette dernière coulait dans ses veines, un peu trop. Comment est-ce qu’elle en est arrivée là ? Elle dirait tout simplement que c’est un engrenage qui met en route un autre et ainsi de suite. La première année de médecine est dure, vraiment dure, le rythme est très rapide, pas le temps de dormir, toujours bosser, bosser, apprendre, apprendre, faire aucune faute. Pas qu’elle avait une pression qu’on lui donnait sur elle, non, enfin, si, peut-être un tout petit peu mais c’était le seul moyen qu’elle avait trouvé pour se sortir la tête de l’eau, ne plus penser à des choses sombres, se concentrer sur une chose et ce fut ses études mais bien sûr, en travaillant sans cesse et en se reposant de moins en moins l’énergie vint à manquer et qu’est-ce qui aide à rester éveiller ? La caféine. Mira n’est pas du genre à cacher le fait qu’elle est légèrement accro à la caféine, elle essaye de se limiter, vraiment. Mais en voyant Aidan la disputer légèrement sur le fait qu’elle voulait prendre un deuxième expresso, une légère moue naquit alors sur son visage, est-ce que c’était trop ? Est-ce que c’était si grave que ça si elle ne dormait pas ? Cela faisait longtemps qu’elle n’avait pas eu une bonne nuit de sommeil après tout, mais le policier avait raison, ce n’était pas réellement raisonnable au fond. « Oh je suis debout aussi à une heure du matin ! Si jamais un jour t’as besoin de compagnie, je serai sûrement là. Je sais que c’est bon très bon mais.. je dors pas vraiment donc.. Je devrai prendre autre chose, non ? Hum.. Je prendrai juste un coca alors.  » Est-ce qu’elle savait qu’il y avait de la caféine dans le Coca ? Oui mais sur le coup elle avait complètement oublié, elle voulait juste arrêter de culpabiliser sur le fait que son taux de caféine dans son corps doit être assez haut.  Son coeur ne battait pas trop vite, enfin si, mais ce n’était pas à cause de la caféine, elle le savait, c’était sûrement pour une autre raison, la timidité peut-être ? La rencontre plus intime avec Aidan ? Elle secouait légèrement la tête afin d’arrêter d’y penser, elle résoudra ce problème lorsqu’elle sera seule chez elle.

Qu’est-ce que l’interne pensait des policiers ? Bien du mal, pas qu’elle détestait les personnes qui étaient policier en soit, non, elle ne déteste pas l’humain qui se cache derrière, elle déteste juste la profession. Est-ce qu’elle le montrait ? Non bien sûr que non, elle évitait de le faire le plus possible puis les policiers n’étaient pas tous méchants n’est-ce pas ? Ils n’étaient pas tous corrompus, n’est-ce pas ? Elle était tout de même rassurée de savoir que ce n’était pas le genre d’Aidan d’utiliser l’arme pour attaquer, sincèrement s’il lui aurait dit le contraire, elle se serait juste levée et l’aurait bloqué, c’est vraiment un truc qu’elle déteste en soit, la violence gratuite. « Tu préfères la laisser cacher du coup ? Enfin légèrement visible pour qu’on sache que tu fais parti de la protection de la ville ? Tu es fort au corps à corps ? Hum, non j’ai beau réfléchir, t’as l’air d’un policier, je te vois qu’en ça .. ah peut-être en barman ?.. Mais dans ce cas-là on se serait jamais rencontré.. » Elle ne disait pas que Aidan avait l’air d’un homme qui s’y connaissait en alcool ou autre, elle l’avait juste imaginé un court instant derrière un bar et bizarrement cela n’avait pas l’air bizarre mais peut-être que c’était l’imagination de cette dernière qui l’était. Quant à la dernière phrase, Mira ne mettait que très rarement les pieds dans un bar, préférant rester loin des bouteilles d’alcool, elle savait comment elle pouvait être lorsque l’alcool était dans son sang, pas qu’elle était du genre à être violente et à insulter tout le monde non, bien au contraire, elle était plutôt du genre à redevenir enfant, enfant qui joue un peu trop avec le feu. Plus Aidan continuait avec son histoire, plus Mira faisait les gros yeux, pas qu’elle pensait que c’était impossible d’avoir autant mais plutôt parce qu’elle se demandait pourquoi, pourquoi en fait autant ?  Et elle fut rassurée lorsque Aidan n’en avait pas non plus la moindre idée. Peut-être que cela resterait un énorme mystère aux yeux des deux adultes, et peut-être que c’était mieux ainsi, mettre son nez trop profond dans les affaires des autres peuvent parfois vous salir à vie et personne ne veut être sali à vie. « Oh Monsieur voulait partager que c’est mignon ! Non pas du tout. ça me désespère mais surtout ça me fait peur, je me demande si les autres femmes le savaient. Tu sais, ça arrive que certaines personnes mènent une double vie et ont donc deux familles.. J’ai déjà lu un article sur cela.. Trois ? Hum, c’est parfait je dirai, tant qu’ils sont bien espacés niveau âge.. »  C’était certes bizarre de parler d’enfants dès la première soirée mais c’était vraiment général. Et c’était en parlant que leur commande arrivait, le temps passait vite lorsqu’on est en bonne compagnie, n’est-ce pas ? Le serveur servit alors les gâteaux en premier puis enfin les boissons, celle d’Aidan arriva à destination sans encombre, mais on ne pourrait pas dire de même pour celle de Mira qui atterrit alors sur sa cuisse, est-ce que la boisson était brûlante ? Oui, bien sûr, c’était du café. Un léger aie de douleur sortit de ses lèvres mais elle reprit ses esprits et s’adressa directement au serveur. « Vous allez bien monsieur ? Vous ne vous êtes pas fait.. oh vous vous êtes coupé légèrement.. » Toujours s’occuper des autres avant de s’occuper d’elle alors que peut-être ce qu’elle avait était plus grave mais est-ce qu’elle en était consciente ? Pas forcément.

Est-ce que c'était vraiment une bonne chose à avoir en commun, de rester debout même à une heure du matin pour le boulot ? Pas forcément pour Aidan. Il aurait préféré qu'elle puisse avoir des nuits complètes, non pas comme lui et ses nuits courtes, mais il pouvait comprendre. Elle aussi faisait un métier qui demandait un rythme de vie impossible, des habitudes absolument horrible et des concessions à faire bien trop souvent. Il n'allait pas crier pour ça, il était très mal placé. Il prenait à peine soin de lui, ses repas étaient bien souvent acheté directement dans les conbini, et si jamais il avait le temps chez lui, il préférait commander quelque chose. Et quand on parlait de café, il n'était pas le plus renseigné sur le sujet, tout café lui allait tant qu'il pouvait le tenir éveillé. Juste un sucre suffisait la plupart du temps, et c'était tout ce qu'il avait dans le ventre pendant presque une journée entière. Ce n'était pas bon pour lui, et s'il ne suivait pas un certain régime il serait probablement sur la voie de l'anorexie, mais au moins il était au courant de ce qui était bon pour lui et mauvais. Il pensait que logiquement, elle aussi était au courant de ce qu'elle risquait de faire à son corps si son régime consistait que de caféine et de sucre, étant donné qu'elle était dans le domaine de la médecine. Mais à la réponse qu'elle avait eu alors qu'il lui proposait de boire moins de café, il faut croire qu'elle n'y pensait pas vraiment à tout ça. Peut-être que c'était le fait qu'il soit beaucoup sur le sport, les régimes pour garder la ligne et les muscles en bonne santé et tout ce qui suit qui lui donnait cette capacité à culpabiliser sur le taux de caféine dans son sang. « Si jamais j'ai envie de parler à quelqu'un j'essaierai dans ce cas mais je ne voudrais pas déranger... Sinon tu sais qu'il y a de la caféine dans le coca aussi ? » Un léger rire s'échappa de ses lèvres, essayant de prendre tout ceci à la légère, après tout elle ne semblait pas en malnutrition alors il n'avait pas trop de quoi s'inquiéter n'est-ce pas. « Pourquoi pas un milk-shake plutôt ? Ca reste sucré après... » Mais il n'y avait pas de café dedans, c'était peut-être mieux. Peu importe, ce n'était pas le plus important au fond, du temps qu'elle faisait assez attention à sa santé, Aidan ne dirait rien.

Aidan en connaissait de son passé, quand il n'était encore qu'un officier de police sans grande importance, qui sortait l'arme à feu à tout quart d'heure, la peur d'être faible face à l'assaillant. Peut-être était-ce son passage à l'armée qui l'eut appris à ne pas sous-estimer ses capacités physiques et ne jamais se défendre avec l'arme à feu en premier. Il n'en savait pas trop la raison, tout ce qu'il pouvait dire était qu'il avait appris à se défendre de bien de meilleur façon, et l'arme n'était que son dernier recours, ou alors en cas bien plus grave. Est-ce que c'était comme ça qu'on lui avait dit de faire son métier ? On ne lui avait pas vraiment donné de manière parfaite, mais il n'avait jamais été repris non plus sur sa façon de faire. Alors il ne s'inquiétait pas plus que ça. « Je la garde sur moi parce qu'elle est obligatoire comme partie de l'uniforme, mais je ne l'utiliserai pas en premier si la situation n'est pas inquiétante. Fort au corps-à-corps... Je dirais que j'ai déjà bien plus que les bases ? Ca fait plusieurs années maintenant que je les pratique alors je pense que ça va ? Je ne serais pas dire si je suis "fort", juste habitué. Barman ? Hmm pourquoi pas ? Mais j'en aurais eu marre bien rapidement. » Un léger rire s'échappa de ses lèvres, il savait mieux que tout qu'il avait besoin d'une once de danger dans sa vie, qu'il voulait ce sentiment de risquer sa vie pour les autres, de protection. Il était fait pour ça après tout, il n'avait pas besoin de plus. Puis il n'était pas sûr que de rester à côté de l'alcool soit fait pour lui en général. Il avait tendance à avoir la descente rapide, bien qu'il supporte bien l'alcool, alors s'il devait parfois prendre des verres avec des clients... Puis quand il en revint aux petits ragots, Aidan aurait voulu amener que des bonnes nouvelles mais malheureusement non. Il n'y avait pas grand chose de positif dans la vie de l'homme qui avait été bien arrêté depuis le temps. Et les pauvres enfants surtout. « Pas toute de souvenir ? On a mis pas mal de temps avant de tout retrouver, et une famille avait mis un avis de recherche pour sa disparition alors... Je ne m'en suis pas occupé mais c'était quelque chose quand ils sont arrivés au commissariat. Un peu comme si on avait gagné le loto. » Il fallait bien s'amuser parfois au boulot non ? C'était leur façon, faire des paris sur un cas spécial, du temps que le cas n'était pas une personne dangereuse pour le pays entier, un homme accro aux adultères comme lui était plus simple à moquer. Un sourire toujours présent sur son visage, sourire qui disparus directement à la chute du serveur, le policier ne sut pas à qui s'inquiéter en premier. Se levant pour l'aider à se relever, il aperçut du coin de l'œil la brûlure de la jeune femme. Il s'agenouilla pour être à la hauteur de sa jambe, même si ses yeux étaient surtout concentrés sur le visage de la jeune femme. « Ca va aller ? Tu veux pas un peu de glace ? Ce n'est pas trop grave ? Hmm excusez-moi, après avoir était soigner votre main, vous pourrez amener quelque chose de froid pour sa jambe ? » C'était plus fort que lui, il faut croire. Il s'inquiétait. Toujours.

Les jambes croisées sous la table, elle était redevenue légèrement timide, non pas qu’Aidan lui faisait peur ou la mettait mal à l’aise, bien au contraire, elle se sentait réellement à l’aise avec lui, bizarrement d’ailleurs, ils ne se connaissaient pas depuis des années ni des mois et pourtant, parfois, lorsqu’elle le regardait discrètement, elle avait l’impression de le connaître depuis longtemps, et ce genre de sensation n’était pas anodine pour la jeune interne. Rares étaient les fois où cela se passait, où Mira n’avait pas l’impression de perdre son temps avec quelqu’un. Elle était heureuse tout de même d’avoir trouvé une possible compagnie pour la nuit, elle qui se sentait très souvent seule lorsque le soleil venait à se coucher, elle n’avait pas vraiment de personne à qui parler tout simplement parce que les personnes sont censées dormir la nuit mais cela devenait de plus en plus difficile pour la jeune interne, surtout entre son propre boulot ou son cerveau qui l’a fait réfléchir. Un léger sourire se formait sur son visage, sourire dirigé vers son ami du soir. « Tu dérangerais pas, je m’ennuie un peu la nuit quand j’arrive pas à dormir donc bon.. » Le sourire se transformait alors en légère petite moue en voyant Aidan rire, les yeux qui ne le regardaient plus du tout, elle fixait autre chose avant d’ouvrir sa bouche pour lui répondre. « Y’a du coca sans caféine tu sais ? Pfff. Hum, tu me proposes un milk-shake ? A quoi alors ? Je prendrai ce que tu me conseilles. » Après avoir fini sa phrase, elle se concentrait sur Aidan une fois de plus, pas qu’elle le boudait vraiment ou autre, elle le faisait juste pour rire, exagérant légèrement ses réactions, peut-être qu’elle ne devrait pas le faire avec quelqu’un qu’elle venait de rencontrer mais c’était elle après tout, gamine qui aimait jouer avec les personnes, sans aucune once de méchanceté en elle bien sûr, jamais, ô grand jamais Mira ne pourrait être méchante avec quelqu’un, mais elle se disait aussi que si elle était réelle, elle-même, avec Aidan, peut-être qu’il l’accepterait comme ça ?

Cela faisait des années que Mira n’avait pas parlé à un policier, peut-être que cela faisait déjà huit longues années qu’elle n'avait échangé que des banalités avec quelqu’un dans ce métier. Pas qu’elle n’avait pas été contre, elle n’avait juste pas trouvé la personne qui allait lui faire changer d’avis sur les policiers et peut-être qu’aujourd’hui, elle l’avait trouvé, la personne qui pouvait lui montrer que les policiers n’étaient pas tous des mauvaises personnes. Et pour dire, cela la rassurait qu’il n’était pas du genre à prôner la violence ou la supériorité de son métier, puis en toute sincérité, si Mira était là aujourd’hui, si Mira l’avait invité à boire un verre, c’est qu’elle le sentait qu’il était un homme bon, elle voulait juste en être sûre. « Après oui, l’arme est obligatoire pour un policier ! Mais ça me rassure que ce n’est pas ta priorité de l’utiliser. Oh, toi aussi t’as plus que les bases ? Tu t’entraînes, non ? Pour ne pas perdre.. Après, on peut être habitué et pas très doué, j’imagine alors que je devrai en juger, c’est ça ?  T’aimes pas trop aller dans les bars ? Je peux comprendre totalement. » Elle aimait se retrouver dans des bras, de temps en temps, certes avec le temps, cela se faisait de plus en plus rare, parce qu’elle n’avait plus réellement le temps mais surtout parce que l’alcool ne lui faisait que du mal, ne la rendait que plus enfantine qu’elle ne l’était déjà mais surtout plus vulnérable. Heureusement qu’elle ne se rappelle pas de tout ce qu’elle a pu faire en étant très alcoolisée, pas que ce soit illégal, non, c’était plus.. sombre. Elle espérait juste que personne n’allait voir ce côté sombre d’elle. Mais le sujet n’était pas celui-là, le sujet de la discussion était bien plus intéressant que les états d’âme de la jeune interne. Les yeux qui se faisaient légèrement ronds, l’étonnement pouvait se lire sur son visage, c’était tout de même invraisemblable comme histoire, tromper sa femme une fois, ça peut arriver oui, mais la tromper plusieurs fois et en plus faire plusieurs enfants avec d’autres femmes, c’était un peu trop. « J’ose même pas imaginer le choc de celles qui ne le savaient pas.. T’imagines elles pensaient que cet homme était l’homme de leur vie ? J’aimerai pas me faire trahir comme ça.. Ça a dû être le bazar surtout oui ! » Non pas que la petite interne s’y connaissait en relation amoureuse, bien au contraire, elle n’en a pas eu beaucoup, juste deux, mais elle savait très bien que l’amour pouvait rendre aveugle si on ne faisait pas attention. Et en parlant de ne pas faire attention, c’était arrivé au serveur qui tomba et avec lui la tasse de café que Mira avait commandé. Tasse qui atterrissait alors sur la cuisse de l’interne. Bien trop occupée à s’inquiéter pour l’employé que pour elle, elle ne se levait pas pour autant, ressentant qu’une légère douleur, pas assez pour la faire paniquer. Elle fut tout de même étonnée lorsqu’elle vu Aidan être si proche d’elle, les joues légèrement roses, elle n’osait pas le regarder. « Hum ?.. Oh, oui, ça va aller, ne t'inquiètes pas.. De la glace ? Je pense pas que ce soit utile, ça n’a pas l’air si grave que ça, la blessure du serveur est bien plus importante, non, tu ne crois pas ? .. » Elle regardait alors sa jambe, ce n’était rien de grave, juste une légère brûlure, elle ne voulait pas qu’Aidan s’inquiète pour ça, elle se relevait doucement et tendit sa main au jeune policier pour qu’il se relève. « Hey tu vois, je peux marcher, c’est bon signe ! Hum, tu veux pas qu’on prenne à emporter plus tôt ? J’ai envie de prendre l’air au final.. Enfin si ça te dérange pas. » Elle était un peu gênée en voyant les regards des autres clients qui s’étaient dirigés vers eux, qu’est-ce qu’elle n’aimait pas être sous la lumière des projecteurs après tout.

Plus de temps passé, assez rapidement en plus, plus Aidan se rendait compte d'une chose qui était assez incroyable, il avait probablement parlé dehors avec une connaissance bien plus que le total du temps qu'il avait passé dehors en une semaine comprise. C'était assez incroyable, mais surtout assez rassurant pour le policier. Lui qui commençait à devenir le plus gros casanier qu'il avait jamais connu, voir que quelqu'un pouvait le forcer à avoir des contacts, à parler avec des gens, à bouger ses fesses pour autre chose que pour le sport ou le boulot, c'est un sentiment si rassurant. Bien qu'il ne disait jamais grand chose, qu'il supportait la solitude qu'il s'infligeait, il n'était jamais contre l'idée d'une petite présence, physique ou vocale, au plein milieu de la nuit. Quelqu'un a qui il pouvait dire "bonne nuit" qui ne dormait déjà pas, ou alors quelqu'un avec qui passer la nuit à parler, sachant qu'il ne fallait pas dormir de la nuit. C'était déjà quelque chose d'agréable, ensemble dans l'insomnie. Il aurait probablement pu trouver quelqu'un d'autre, un occasionnel insomniaque, un travailleur de nuit, une personne avec qui passer les nuits sous toutes les formes possibles, mais rencontrer par hasard, une rencontre pure, c'était bien plus agréable au final. « Dans ce cas, n'hésite pas à m'envoyer un message quand tu as du mal à dormir, je te répondrai si je suis libre. » Ce qu'il était très souvent en pleine nuit. Busan avait beau être une ville pleine de surprise, elle était d'un calme fatiguant en pleine nuit, comme si les délinquants avaient décidé de faire leurs conneries en journée seulement, et les familles dormaient la nuit. Et l'addiction forte, sujet à nouveau sur le tapis, le fit rire à nouveau, mais bien plus pour autre chose que le sujet en lui-même. La réaction de la jeune femme, presque enfantine, était le déclencheur de sa réaction. « Ca dépend, si tu aimes la simplicité : vanille, sinon il y a le caramel, on ne peut jamais rater quelque chose au caramel. » Et voilà le gourmand Aidan qui parlait à nouveau. Il aimait les sucreries qu'est-ce qu'il pouvait faire de plus ? Puis qui ça dérangeait ? Pas lui en tout cas. Ca ne semblait pas déranger la jeune interne non plus.

L'arme. Est-ce qu'il le dirait à haute voix que même s'il ne la portait pas, ou plus un jour, il l'aurait toujours sur lui ? Non. Ce n'était pas une chose qu'il montrerait facilement, encore moins à quelqu'un qu'il ne connaissait encore que très peu. Déjà que son père, et ses frères et sœurs n'en avaient aucune idée, il n'allait pas commencer les annonces par une nouvelle connaissance. Qu'elle soit là, ou pas, il protégera son prochain. C'était dans son sang, dans ses veines, dans son destin. « Plus que quelque chose que j'utilise, elle sert plus de symbole. Une façon de faire peur aussi parfois, si on ne peut pas maîtriser la personne. Et oui les entraînements aux corps-à-corps sont un minimum obligatoire donc j'en fais toujours ! Tu as fait des sports de combat aussi ? Ce n'est pas que je n'aime pas trop aller dans les bars… C'est juste que d'y aller seul c'est pas forcément mon trip. » De conversation en conversation, ce n'était que des anecdotes, de petites choses l'un sur l'autre, mais c'était suffisant pour apprendre à se connaître à leur façon, avec des choses bien moins classiques que des personnes lambdas. Mais ça ne le dérangeait pas non plus. Même si c'était parler de son boulot, de certains cas dont il avait le droit de mentionner quelque chose parce que c'était officiellement publié par les médias, cela permettait d'apprendre à la connaître un peu plus, d'apprendre quel genre de personne elle était au fond, derrière ce doux visage. Il se centra bien plus sur elle quand il vit le liquide chaud sur sa cuisse, peut-être n'aurait-il pas dû, mais il ne pouvait l'empêcher, cette peur que quelque chose n'allait pas, alors qu'il était là, l'aurait hanté. En la voyant se relever, faire comme si de rien était, il ne pouvait la forcer à rester et mettre de la glace sur sa cuisse n'est-ce pas ? Il n'allait encore moins lui demander de lui laisser voir la possible blessure, vu la localisation. Alors il préféra l'écouter, se relever en soupirant légèrement. « D'accord, on va finir ça dehors, avance, je vais régler tout ça et prendre la commande avant d'y aller. » Pourquoi insister si elle ne le souhaitait pas, dans la situation actuelle, il pouvait très bien comprendre qu'elle voulait s'éloigner de l'endroit, après tout, il y avait pas mal d'œil sur eux. Aidan était habitué, mais probablement pas elle. Il attendit donc à nouveau une petite commande, à importer cette fois-ci avec les excuses du staff, pour payer malgré tout avec le sourire. Ils finiront leur discussion lors d'une balade, avec leurs cafés entiers cette fois-ci.