ootd > Les derniers clients viennent de partir, abandonnant un parfum alcoolisé dans leur sillage. La main sur le chiffon, Haryu termine de ranger les verres vidés, de nettoyer la table et de remonter les chaises. Ce soir, le bar-brasserie dans lequel il travaille lui a dit de rentrer un peu plus tôt chez lui car l'endroit reçoit de la famille venue de loin. Il sait qu'il sera payé, alors, dans le fond, avoir un peu plus de temps pour se détendre ne lui déplaie pas. Dans les vestiaires, il range sa tenue dans son sac pour la troquer contre ses affaires plus confortables. Le patron le remercie, lui dit au lendemain et Haryu se hâte de rejoindre le bus qui le conduira près de lui. De chez eux.

Entre ses mains, il a pu récupérer quelques pâtisseries invendues. Le chocolat lui monte au nez tandis qu'il fait de son mieux pour ne rien renverser. Il espère qu'Harin est là, qu'il est toujours debout, afin de partager un morceau. Ces derniers temps, avec leurs études et emplois respectifs, ils se croisent plus qu'ils ne se retrouvent. C'est ainsi. Haryu aime avoir son confort tout en le sachant respecté par son aîné. Mais, parfois, comme tout le monde, il a besoin de rencontrer l'autre, de passer du temps à ses côtés. Depuis qu'il a emménagé dans cet appartement, Haryu est envieux du modèle que lui propose Harin. Il se surprend parfois à songer qu'il aimerait réussir comme lui.

Son arrêt est annoncé. Haryu quitte le bus, marche une dizaine de minutes avant d'emprunter l'ascenseur qui l'emmène au bon étage. Fouillant dans son sac à la recherche des clefs, il manque de renverser la boîte quand il parvient à enfin ouvrir la porte. Soupir abandonné derrière lui, il se déchausse rapidement. "Harin, tu dors ?" Il n'entend pas beaucoup de bruits, mais il voit la lumière dans la chambre de son colocataire. Son sac glissé contre le canapé, il passe son visage dans l'entrebaillement de la porte, toquant trois fois, par convention. "J'ai débauché plus tôt ce soir, et j'ai ramené du gâteau au chocolat." Il lui sourit du bout des lèvres, rêvant déjà de croquer dans l'une des parts. Haryu n'est pas particulièrement gourmand, mais dès lors qu'il s'agit de nourriture sucrée, il n'est pas le dernier pour en désirer.

ootd > Professeur absent, Harin n’avait pas eu cours de toute l'après-midi, il avait donc décidé de passer cette dernière à streamer, les heures passaient très vite, peut-être un peu trop vite d’ailleurs mais il n’allait pas s’en plaindre. Il aimait cet univers, partager ses passions, parler avec des inconnus qui venaient des quatre coins du monde ou bien simplement uniquement de la Corée du Sud. Il ne lui était pas encore venu l’idée de parler uniquement anglais lors de ses streams, peut-être qu’il toucherait plusieurs personnes si cela était le cas ? Il notait cette idée dans un coin de sa tête, c’était quelque chose à tester, quelque chose à expérimenter, bien sûr il préviendrait sa communauté, disant que ce n’était qu’un essai, pour voir si cela était bien ou non, faisable ou non. Un dernier sourire, un bonne nuit souhaiter aux derniers viewers, et le voilà qui coupait son stream, le silence était là, tout retombait, sa bonne humeur, son énergie, il avait tout donné après tout durant ces dernières heures, parler, parler, c’était à peine s’il pouvait encore le faire. Harin resta là, devant son ordinateur, à fixer le vide, réfléchissant alors quoi faire après, aller dormir ? Il était encore trop tôt. Peut-être qu’il était temps de coudre un peu, histoire de s’occuper en attendant que son colocataire revienne. Harin n’aimait pas réellement dormir sans savoir qu’Haryu était bel et bien rentré, ça commençait à devenir une petite habitude, il fallait bien se l’avouer, il aimait Haryu, comme si ce dernier était son petit frère, il voulait juste veiller sur lui.

Crayon en main, il commençait par faire quelques croquis, bien trop concentré sur ces derniers, il n’avait même pas entendu que son colocataire était enfin rentré,  un léger sursaut du chinois lorsqu’il entendait sa porte s’entrouvrir, il n’était pas prêt et il avait eu légèrement peur. Il posait alors son crayon de bois et se retournait vers sa porte, ayant un léger sourire sur son visage. " C’est vrai que normalement tu quittes plus tard. Je pensais pas que t’allais rentrer aussi tôt aujourd’hui, sinon je t’aurai fait à manger, bon pas sûr que mes compétences en cuisine seront suffisantes.. Oh un gâteau au chocolat ! J’en avais réellement envie, t’as lu dans mes pensées c’est ça ? " Il se levait alors, il n’allait pas rester dans sa chambre lorsqu’il y avait un sublime gâteau non loin de son nez. Et ils n’allaient pas le manger dans sa chambre, le salon ou bien la cuisine semblait plus approprié, et la place, il y en aura beaucoup contrairement à dans la chambre d’Harin. " On va dans le salon ? Ah et ta journée, ça a été ? Pas trop compliqué le boulot ? Y’a pas eu trop de monde ? " Il savait ce que c’était de travailler le petit Harin, après tout il avait passé une belle année à faire des petits boulots par ci et par là pour essayer de se sortir la tête de l’eau, tête qui avait été noyée à cause d’une bêtise de sa mère bien sûr.

ootd > Passant le visage à travers la porte après avoir frappé quelques coups, Haryu jette un rapide coup d'oeil sur les affaires éparpillées sur le bureau de son colocataire. Il ne comprend pas toujours ses passions, mais il les respecte et cela ne l'empêche pas de parfois lui poser des questions. D'autant plus que le cadet apprécie les conseils de mode que peut parfois lui donner Harin. Il est relativement doué pour cela et ça permet à Haryu de ne pas sortir avec des couleurs ou des vêtements mal accordés. Même s'il n'en a pas une centaine, il prend soin de faire attention à son apparence avec l'argent qu'il arrive à mettre de côté une fois toutes les factures payées. Néanmoins, en cet instant, il y a cet excellent gâteau au chocolat qui les attend, déposé sur la table du salon. "Peut-être, qui sait ?" Il laisse de nouveau ses lèvres esquisser un sourire et se décale pour laisser sortir Harin de sa chambre, le suivre ensuite dans le salon. "Mon patron nous a fait fermer un peu plus tôt car des membres de sa famille venaient le visiter." L'endroit a été privatisé, en quelque sorte.

Haryu se dirige vers le tiroir où sont rangés les couverts pour attraper un couteau et une spatule, laissant le soin à son ami de leur attraper des assiettes. "Il y a eu un peu de monde, mais le service s'est vite terminé du coup. Il me paye quand même alors c'est une bonne chose." Il hausse les épaules avant d'ouvrir la boîte, découvrant qu'il a miraculeusement réussi à ne pas écraser le gâteau durant le trajet en bus, et commence à découper deux parts généreuses. C'est gratuit, alors inutile de se priver de bonnes choses. Haryu a souvent du mal à joindre les deux bouts, s'en sortant tout juste, alors ce soir il a envie de profiter de cette pâtisserie qui le fait saliver. "Et toi, qu'est-ce que tu as fait ? Tu étais en train de dessiner ?" Il reporte son attention sur lui tandis qu'il fait glisser chaque part dans une assiette. Il se hisse alors sur le plan de travail derrière lui pour enfourner une première bouchée qui ne manque pas de le faire soupirer d'aise. Il se laisse aller quelques secondes, profitant simplement de ce moment avec son colocataire car cela fait plusieurs jours qu'ils ne se sont pas réellement vus. Croisé, au détour du couloir, dans l'ascenseur, mais jamais bien longtemps.

"Hier j'ai... j'ai voulu arrêter une bagarre et je crois que j'y ai finalement pris part." Et sa lèvre gonflée ainsi que quelques autres hématomes qui ont commencé à sortir en sont les témoins. Il fixe Harin, ignorant ce que va bien pouvoir en penser le jeune homme. Haryu n'a pas vraiment eu l'occasion d'y repenser, focalisé sur le tir à l'arc et son emploi aujourd'hui, mais les faits sont là et maintenant qu'il est au calme, il se demande vraiment ce qui a bien pu lui passer par la tête. Il n'est clairement pas du genre à chercher les disputes. Il replonge sa cuillère dans son gâteau, pensif.

ootd > Harin n’avait jamais vécu seul en vingt-trois ans, il avait toujours vécu avec quelqu’un ou bien plusieurs personnes, que ce soit pendant quelques années avec sa mère adoptive ou bien à l’internat. Il ne savait probablement pas comment vivre seul, non pas qu’il ne savait pas se débrouiller tout seul, bien au contraire, mais tout simplement parce qu’il s’était habitué à avoir une présence avec lui, quelqu’un sur qui il pouvait compter. Il avait tout de même essayé de vivre seul lorsque son ancien colocataire était parti mais il n’avait pas réellement tenu trop longtemps, recherchant alors une autre personne le plus rapidement possible et il était tombé sur Haryu, coup de foudre amical directement, emménagement fait rapidement, c’était comme si le destin les avait réuni, pour Harin du moins. Entendre Haryu toquer à sa porte ne pouvait que le rendre heureux, même s’il ne s’attendait pas à le voir aussi tôt, il fallait se l’avouer. Il aurait aimé tout de même lui préparer quelque chose à manger, pour ne pas qu’Haryu n’ait rien dans le ventre mais ce dernier avait été bien plus préparé que le petit chinois. " Je le savais, t’es un mentaliste !  " Harin laissait alors sorti un léger rire de ses lippes avant de sortir enfin de sa chambre, il continuera de bosser plus tard, il avait juste envie de passer du temps avec son colocataire ce soir, profiter un peu qu’il soit là pour parler de tout et de rien, comme ils en avaient l’habitude. " Tant mieux écoute, tu peux te reposer grâce à ça, j’espère juste qu’il t'enlèvera pas de l’argent sur ta paye à cause de ça par contre.. " Il en avait fait des petits boulots le chinois, pour essayer de réparer la bêtise que sa mère avait fait avant de partir et de le laisser seul dans ce Monde qui lui était encore très inconnu, travaillant le plus possible pour avoir de l’argent de côté, pour pouvoir enfin aller à la faculté. Alors les fois où ses patrons ne l’avaient pas payé, il s’en rappelait amèrement.

Enfin arrivé dans le salon, Harin s’occupait de positionner deux assiettes sur la table, ils n’étaient que deux après tout à manger ce beau gâteau au chocolat qui avait fait le chemin jusqu’à la maison dans les bras d’Haryu sans que le brun ne soit au courant.  " Heureusement qu’il te paye, t’as travaillé tout de même. S’il t’aurait pas payé j’aurai été le voir, et ce ne serait pas bien passé. Hum, j’ai fini mon live y’a un quart d’heure déjà, donc j’étais en train de faire quelques croquis de vêtements ! " Un léger sourire sur le visage, le voilà qui prenait un bout de sa part de gâteau, il était bon, sucré certes, mais vraiment bon. Puis le mieux dans tout ça était qu’il était gratuit et lorsque quelque chose est gratuit, il est automatiquement bon, n’est-ce pas ? Il leva tout de même un de ses sourcils en entendant qu’Haryu s’était battu, où ? Pourquoi ? Avec qui ? Est-ce qu’il allait bien au moins ? Trop de questions passaient dans la petite tête du brun, il commençait à s’inquiéter tandis qu’il regardait Haryu sous toutes les coutures. " Et tu me le dis que maintenant ? T’aurais dû me le dire hier en rentrant ou ce matin. Tu t’es soigné au moins ? T’as mal où ? C’était qui ? Pourquoi surtout ? Et où ?  " Harin bombardait peut-être Haryu de questions, de beaucoup trop de questions, mais il était réellement inquiet, et si les personnes qui s’étaient battu avec Haryu lui en voulaient encore ? Et si.. Non pas qu’il voyait le mal partout mais plutôt qu’il avait peur de revoir Haryu dans un mauvais état le lendemain à cause de cette altercation qu’il a eu le jour d’avant.

ootd > Cette colocation a réellement été une surprise pour Haryu. Une délivrance, aussi. Un bon compromis entre le fait de ne pas vivre sur le campus de l’université (dans une chambre si petite qu’il aurait à peine pu y entrer) et celui de ne pas avoir à donner un loyer trop cher. Les charges sont divisées en deux. Petit plus, il a fait la rencontre d’Harin avec qui le courant est rapidement bien passé. Son aîné a vécu des événements qui le rendent fort aux prunelles de Haryu. Harin a lui aussi fait des petits boulots pour survivre dans cette jungle coréenne, tâchant toutefois de conserver ses rêves dans un coin de la tête. C’est ça qui est important. Continuer de rêver. Mais parfois, ce n’est pas toujours aussi aisé. Haryu a d’ailleurs l’impression, ces temps-ci, que ses rêves se sont envolés. En a-t-il jamais vraiment eu, dans le fond ? Alors, installé là à déguster ce gâteau que son patron lui a cédé en partant, ses pensées voguent et remuent. Font des remous.

Il sourit doucement, Haryu, derrière cette cuillère chocolatée qu’il vient d’enfourner dans sa bouche. Harin l’amuse lorsqu’il déclare sans cesse être capable d’aller voir son employeur pour des réclamations. L’archer apprécie qu’il prenne soin de lui de cette manière. Sans forcément le lui avouer. « Tu n’auras pas besoin d’aller le voir, sauf si l’électricité se coupe un jour ou l’autre ! » Il rit un peu, hausse les épaules. Il écoute son ami lui parler de son live, de ses croquis de vêtements. Il se rend compte qu’il ne s’est jamais vraiment enquit de ce qui l’animait dans ces instants. Pourquoi fait-il cela ? Quelles sont ses réelles motivations ? A moins que ce ne soit qu’un passe-temps comme un autre ? « Je ne connais pas trop tout ton petit monde. Tu penses que je serais un bon élève si je voulais m’y intéresser un peu ? » Juste afin de comprendre, de savoir de quoi il s’agit quand les iris d’Harin s’éclairent en lui en parlant.

Et puis, avec une aisance singulière, les confidences se font. Autour de ce gâteau au chocolat gratuit, partagé avec amitié, Haryu se met à raconter ce qui s’est passé la veille. Cette dispute idiote dont il ignore le fondement. Assailli de questions de la part de son colocataire, son attention est vite redirigée vers lui. Néanmoins, il prend plusieurs secondes avant de lui répondre. Parce qu’il y a des réponses qu’il est lui-même incapable de lui apporter. « Tu n’as pas à t’inquiéter, je ne voulais pas te déranger. C’était une histoire idiote… » Il abandonne un soupir en reposant sa cuillère sur le rebord de son assiette qu’il a sur les genoux. Quelques hématomes sont cachés sous ses vêtements mais la vérité est qu’il s’en moque bien, de ces coups portés sur sa personne. C’est le fait qu’il y ait riposté avec autant d’intensité que son adversaire qui, manifestement, en avait bien besoin aussi. C’est troublant. « C’est un étudiant en ingénierie, on a visiblement des amis en commun qui ne s’entendent pas. Il se battait déjà quand je suis arrivé, j’ai juste voulu les arrêter, et puis… » Il se revoit se prendre un coup, sonné, avant de rétorquer.

Il secoue légèrement le visage, grimace à ces souvenirs peu agréables. « Il ne viendra pas nous ennuyer, Harin. » Il le sait, il en est certain. « Ça va, je n’ai rien. Quelques bleus, tout au plus. » A l’âme. Qu’importe. Il revient prendre un morceau de son gâteau, glissant ensuite du plan de travail pour se rendre sur le canapé, les jambes croisées sous lui. « Est-ce que tu t’es déjà demandé ce que quelqu’un pouvait vraiment penser ? Je veux dire dans un sens large, en règle générale. » Comme des doutes qui subsistent, des idées non dévoilées, à peine murmurées pourtant sur le bord des lèvres. Son regard est venu s'abandonner dans celui de son aîné.

ootd > Même si Harin ne le montrait pas, il était réellement soulagé d’être tombé sur une personne comme Haryu. Après tout, Harin faisait assez de bruit le soir, entre le fait qu’il streamait plutôt la nuit que la journée et qu’il avait la mauvaise habitude de coudre à n’importe quelle heure. Il faisait tout de même attention à respecter le sommeil de son colocataire, faisant de temps à autre des streams ASMR, au plus grand plaisir de ses fans. Il n’osait même pas imaginer ce qu’il se serait passé s’il serait tombé sur un autre colocataire, peut-être qu’il aurait fini par le mettre dehors. Il savait, peut-être, au final choisir ses colocataires l’orphelin. Qu’est-ce qu’il aimait avoir des discussions sur la vie de tous les jours, il pouvait alors en apprendre plus sur Haryu, assoiffé d’informations qu’il était, il fallait bien continuer à cultiver sa curiosité. Et il prenait soif d’Haryu, plus qu’il ne prendrait soin d’autres personnes et il l’assume, juste pas devant le concerné, il avait fini par l’adopter au fil du temps, il ferait tout pour le protéger alors si un jour il apprend que son patron avait oublié de le payer, il ira lui rendre une petite visite, les manches remontées. Non pas qu’il se sent invincible, mais plutôt qu’il avait ses propres méthodes pour amadouer les personnes les plus hautaines. « S’ils coupent l’électricité, je pourrai plus travailler, tu m’étonnes que j’irai lui en toucher deux mots. Mais sincèrement, s’il t’embête ou te traite mal, tu me le dis, j’arrive. » Parce qu’il savait que parfois c’était assez compliqué de se rebeller contre son patron, il était passé par là, lui qui avait dû arrêter ses études pendant une longue année complète afin d’avoir assez d’argent, bossant toute la sainte journée, streamant lorsqu’il le pouvait. Il avait même fini par ouvrir un onlyfan pour combler les fins de moi. Voir Haryu être curieux du monde que le petit Harin s’était fondé le rendait heureux, un large sourire apparaissait alors sur son visage, il serait heureux de le partager avec son colocataire. « ça dépend, tu veux t’intéresser à quoi ? Le stream ? La mode ? Ou les dinosaures ? Personnellement je conseille les dinosaures. » Gamin aussi fan des dinosaures que de la mode, il lui arrivait parfois de lancer un stream juste pour parler de science, voire même de dinosaures, passionné s’il n’aurait pas été autant amoureux de la mode il serait sûrement devenu pathéonlogiste.

Est-ce qu’il n’avait réellement à ne pas s'inquiéter ? Ceci n’était pas vraiment possible, il ne voulait pas savoir que Haryu était en danger,  il ne voulait pas que quelqu'un profite de lui et lui fasse du mal. Il comptait le protéger du mieux qu’il le pouvait, certes il ne comptait pas se battre avec ses poings mais plutôt avec ses mots. Il écoutait alors attentivement Haryu, ne le quittant pas du regard. « Attends, donc tu as aidé tes amis lors d’une baston ? Et tu t’es pris des coups aussi ? T’aurais pas pu leur gueuler dessus ? T’as mal où ? Faut que tu fasses attention, t’as besoin de ton corps, non ? T’es dans le sport, tu fais du tir à l’arc. La prochaine fois, tu te bats pas. » Peut-être qu’il prenait son rôle de grand frère trop à coeur mais il savait que Haryu faisait du tir à l’arc et donc que son corps était important pour ce domaine, il ne voulait aucunement le voir arrêter ce sport parce qu’il s’était battu et il s’était fait mal. Encore moins le voir à l’hôpital à cause de cela. Les sourcils qui se fronçaient alors, est-ce que Harin s’était déjà demandé ce que les autres pensaient ? Bien sûr, il se demandait très souvent ce que son fameux beau-père avait pu penser lorsqu’il était parti avec tout leur argent après la mort de sa mère adoptive, mais il savait pertinemment que les êtres humains étaient bien trop compliqués. « Je te donnerai de la pommade pour tes bleus avant que t’ailles dormir, d’accord ? Hum. ça m’arrive oui, pourquoi ? Tu te demandes ce que l’élève en ingénierie pense ? Ce qu’il pense de la baston ? Ou autre chose ? » Bien sûr qu’il voulait plus d’informations, car il voulait comprendre mais aussi aider Haryu à comprendre ce qu’il ne comprenait pas, il était là pour ça le petit Harin, lui prêter une épaule, lui donner des conseils lorsqu’il le pouvait.

ootd > Oui, à l’évidence, si l’électricité vient à se couper, Harin ne pourra plus faire grand-chose afin de travailler. Haryu n’y avait pas songé de cette manière, esquissant un vague sourire amusé. Il ne s’agit pas d’une pression sur ses épaules, juste qu’il désire faire de son mieux pour que l’argent ne soit pas un problème avec son colocataire. En venant dans cet appartement, Haryu a assuré pouvoir payer les factures et il s’y tient depuis plus d’un an déjà. Il ne se voit pas quitter ce garçon qui, au fil du temps, est devenu son ami. Savoir simplement qu’Harin est là, dans la pièce d’à côté, contribue à cette routine tant aimée du plus jeune. « Merci Harin. » C’est sincère, mais peu importe quand il n’est pas aisé d’exprimer ses sentiments autrement. Partager ce gâteau au chocolat est déjà une belle preuve d’amitié, n’est-ce pas ? Haryu craint de ne pas avoir tous les codes.

Et puis il l’interroge. Il se questionne lui-même sur l’univers de son aîné. Ignore un peu tout ce qu’il fait derrière son ordinateur, quand il coud ses vêtements, avec cet air béat sur son visage. Cela n’a rien de négatif, bien au contraire. Souvent, le cadet a l’envie de lui ressembler. De croire un peu en toutes ces fables qu’il peut lui raconter – en silence ou à haute voix. « Les dinosaures, ça me paraît un bon sujet ! Je ne m’y connais pas plus qu’en streaming ou en mode. » Il rit à son tour. Il sait qu’il a fourni des efforts, Haryu, en ce qui concerne la mode. Cela dit, parfois, heureusement qu’Harin passe dans le coin avant qu’il ne quitte leur colocation. Même si aujourd’hui les regards ne se tournent pas si souvent vers des tenues mal assorties, Haryu est reconnaissant envers son ami de lui rappeler quelques bases élémentaires.

La conversation finit par dévier sur cette bagarre, sur ces coups que le plus jeune a pris et a donné. Les questions s’enchaînent sans que les réponses puissent réellement posséder des explications. Y en a-t-il vraiment ? Haryu abandonne ses iris dans un coin de la pièce, l’observant sans le voir vraiment. Il est dans ses songes et finit par hausser les épaules en reportant son attention sur son interlocuteur. « En fait, j’ai juste voulu les séparer mais ce garçon m’a mis un coup… et j’ai surenchéri. » Comme une pulsion. Quelque chose d’incontrôlable. « Si, j’aurais pu leur crier dessus, mais je ne l’ai pas fait. J’ai été aussi bête que lui. » Voulait-il connaître ses limites ? Se dire qu’il était capable de se battre lui aussi ? C’est la première fois qu’il cognait sur quelqu’un. « C’est juste que ç’a été plus fort que moi. Je ne sais pas comment l’expliquer. Comme si… j’en avais besoin, tu comprends ? » Il esquisse une légère moue, contrite. Que va en penser son ami ? Au moins, il est sincère avec lui, ne lui cache pas grand-chose dans cette histoire.

Bien sûr, Harin a raison de lui rappeler qu’il a besoin de son corps pour ses études. Il n’a pas tort en lui affirmant que ce n’est pas une bonne idée de se battre quand les doigts finiront par trembler sur la cible en face de lui. Le tir à l’arc demande une précision incroyable et avec ces douleurs étendues sur plusieurs parcelles de son corps, cela semble compromis pour plusieurs jours. Haryu soupire, repousse son assiette de gâteau. « J’aimerais juste savoir pourquoi il s’est battu. » Parce que cette lueur dans ses yeux hante le sportif depuis la veille. Les relations avec les autres ne sont pas toujours évidentes. Néanmoins, les mots restent bloqués dans la gorge d’Haryu qui passe une main dans ses cheveux, cherche une raison de ne plus parler de tout ça. « Tu étais en train de coudre quoi quand je suis arrivé ? » Et son propre regard lui demande de ne pas reprendre, de ne pas creuser plus loin pour l’instant. Haryu ne veut pas lui causer d’ennuis.

ootd > Il était vrai qu’Harin n’avait jamais réellement parlé de ses passions à son colocataire, il n’était qu’au courant de ses allergies, ce qui était drôle car ils étaient tous deux allergiques au pollen, comme si le karma avait décidé de les réunir dans leur léger malheur. Il voulait tout de même partager son amour pour la mode avec Haryu, rien que pour le rendre plus beau, non pas qu’il l’était déjà pas, Haryu était un très bel homme mais si Harin pouvait le faire briller un peu plus, il le fera avec plaisir et surtout sans rien attendre en retour. Un léger rire sortait alors de ses lippes, dire qu’il n’était pas heureux actuellement serait mentir, il n’avait pas réellement eu d’endroit qu’il pouvait appeler “maison” et plus les jours passaient, plus Harin se sentait réellement chez lui, parce qu’il y avait toujours quelqu’un pour l’attendre après le boulot, parce qu’il avait toujours quelqu’un qui allait rentrer à la maison d’une minute à l’autre. « Les dinosaures c’est la vie ! Sinon hum, un jour on pourrait faire un stream ensemble si tu veux ? Maintenant on peut même en faire dehors, j’ai jamais essayé par contre.. Je pense même pas avoir le matos pour.. Quant à la mode, je peux toujours te donner quelques astuces, hésites pas à me demander conseil avant un date. » L’orphelin lui faisait alors un léger clin d’oeil, bien sûr qu’il l’aiderait et qu’il lui donnerait de son temps, il n’avait pas envie de voir Haryu mal habillé puis il se ferait un malin plaisir d’essayer beaucoup de tenues sur lui mais aussi de lui coudre quelques vêtements.

Non pas qu’il endosse le rôle d’un grand frère, il voulait juste être là pour Haryu, le rassurer, le protéger, faire ce qu’on n’avait pas réellement fait pour lui. Lui donner son épaule, lui donner ses poings, lui donner tout ce dont il avait besoin pour avancer ou bien pour se protéger. Parce qu’Harin avait fondu pour ce petit homme, parce qu’Harin avait fini par l’apprécier plus qu’il ne le voudrait. Il fait alors un léger mouvement de la tête, il n’était pas déçu, il était juste persuadé que son colocataire aurait pu gérer la chose autrement, outre que d’user de la violence. « Ils ont été plus bêtes que toi sur le coup, quelle idée de se battre. T’as voulu te protéger, non ? Mais promets moi d’éviter de te battre la prochaine fois, d’accord ? Tes mains sont précieuses, plus que tu ne le penses. » Tout simplement parce qu’il était un archer et le peu qu’Harin savait de cette discipline, il savait que les mains étaient une partie très importante. Il ne voulait que voir Haryu briller avec un arc dans les mains. « C’était une pulsion ? J’ai déjà connu ça et aussi vu des personnes en avoir, faut juste apprendre à se contrôler sinon hum.. ça peut aller loin.. La prochaine fois, cède pas, si tu ressens ce besoin, va prendre ton arc et décocher quelques flèches dans les cibles. » Après tout il avait vécu la plus grande partie de son enfance entouré de garçons, des bastons il en avait déjà vu, il s’était déjà même retrouvé dedans sans réellement le vouloir. Il savait comment ce genre de choses pouvait finir et il ne souhaitait pas que ce soit le cas pour son petit Haryu.

Harin comprenait pourquoi Haryu se demandait ce que l’homme avait bien pu penser avant de se mêler dans la baston mais est-ce que cela valait vraiment le coup de réfléchir à tout cela alors que ce serait bien plus rapide de lui demander la raison ? C’est ce qu’Harin ferait en tout cas, lui qui est le plus souvent dans la confrontation plutôt que dans le fait de tout garder pour soi et de ruminer. « Je pense sincèrement que tu devrais lui parler, au moins pour poser tout ça, vous vous êtes quand même échangé une droite. » C’était qu’un conseil parmi tant d’autres, Haryu était libre de le prendre comme il l’était de le jeter directement dans la corbeille des mauvaises idées. Harin n’allait jamais le disputer ou lui en vouloir de ne pas l’avoir écouté. « J’essayais de me faire une salopette short, je sais pas si tu vois ? Après je faisais que quelques sketchs, j’ose pas encore coudre, je crois que j’ai même pas assez de tissus pour actuellement.. » L’argent commençait à manquer un petit peu, il avait juste hâte que son salaire vienne enfin rendre visite à son compte en banque.

ootd > Aux paroles d’Harin, le jeune homme se contente d’acquiescer. Oui, pourquoi pas ? Il ne connait clairement pas le monde de son colocataire malgré cette année passée à partager de nombreuses choses ensemble. Haryu a parfois l’impression d’être tout le temps occupé, qu’il ne vient que pour s’allonger dans sa chambre et repartir quelques heures plus tard. Les cours, les entraînements, les devoirs, les services à faire au restaurant ; les journées s’enchaînent et la seule chose que réussit à faire Haryu pour se faire plaisir est de courir à l’aube. Quand le soleil pointe à peine le bout de son nez et qu’il n’y a que peu de monde dans les rues de la ville. C’est bien plus agréable. Cela dit, pour les conseils de mode, il sourit, lève les yeux au ciel lorsqu’il parle de rendez-vous. Qu’importe la raison, n’est-ce pas ?

Immanquablement, la conversation s’étend un peu plus sur ce que l’archer a pu faire la veille. A l’évidence, s’il en parle à Harin, c’est parce qu’il y a quelque chose qui le gêne ; le dérange. Haryu n’a pourtant pas tellement l’habitude de dévoiler ses pensées et ses sentiments… mais auprès de son aîné et avec cette part de gâteau au chocolat, les propos semblent un peu plus légers à communiquer. « Tu sais, ce ne sont pas mes mains qui sont les plus amochées… Mais je sais que tu as raison. C’est la première fois que je me bats et je… je pense qu’il y a d’autres manières pour se protéger. » Cependant des flashs de mauvais souvenirs s’étirent sous ses prunelles, le rapporte à des années auparavant où son innocence a flambé en même temps que tout le reste. Haryu déglutit, reporte son attention sur son ami. L’écoute avec attention mettre un mot sur ce qu’il a ressenti la veille : une pulsion. Oui, c’est exactement ça. Une pulsion qui l’a transcendé de part en part. Et il s’est jeté dans la bagarre sans chercher à faire quoi que ce soit de plus raisonnable. « Ça ne m’était jamais arrivé... Je ne pense pas qu’il y aura de prochaine fois. » Il hausse un peu les épaules, Haryu. Se sent presque nerveux de dire tout ça. De se remémorer les coups subis, les coups donnés. Ils ne sont que des hommes idiots. Des adolescents.

Le plus jeune croise ses jambes en tailleur sur le canapé, installe un coussin entre elles. Il esquisse une grimace, songeur. « Je ne sais pas trop si c’est une bonne idée. Je n’ai pas envie de le revoir. Le proviseur nous a convoqué et on a dû faire quelques travaux pour qu’il passe l’éponge et ne note rien sur nos dossiers. » Haryu s’arrête là, ne dit pas tout. Parce que, clairement, cet après-midi a été une véritable catastrophe. Il soupire, choisit de faire une diversion pour changer de sujet. Parler de tout ça le rend un peu morose malgré la présence agréable de Harin, de la chaleur doucereuse qui règne dans leur petit appartement. « Une salopette-short ? C’est pour faire un costume de quelqu’un en particulier ? Si tu n’as pas ce qu’il faut, je veux bien t’accompagner un de ces quatre pour acheter du tissu. » Comme ça, Haryu pourra aussi peut-être en profiter pour renouveler une pièce ou deux de sa garde-robe. Finalement, il se relève et retourne vers la cuisine pour préparer un peu de thé. Il en propose à son colocataire avant de revenir s’installer, réprimant un bâillement, les mains entourant sa tasse bien chaude. « Tu es sorti un peu ces derniers jours ? » Ce n’est pas méchant, bien au contraire. Si son aîné veut prendre soin de lui, le cadet n’est cependant pas en reste – même s’il a plus de mal à le démontrer. Parce que ces jours-ci, Haryu retrouve toujours Harin quand il rentre chez eux.

ootd > L’orphelin avait connu les bagarres, non pas qu’il y avait participé, bien au contraire, il était plutôt du côté pacifiste, préférant insulter la personne plutôt que de lui mettre un coup de poing dans la tronche pour marquer son point. C’était juste qu’il avait longuement vécu dans un endroit rempli de testostérone, les bagarres c’était réellement son quotidien, il y en avait chaque jour, sans repos. Alors il avait appris comment gérer tout ça, il savait pertinemment qu’il devait arrêter les bagarres le plus vite possible mais il ne trouvait pas ça réellement amusant de tout arrêter s’il y avait une réelle raison, gamin qui aimait beaucoup trop jouer avec le feu parfois même si ça ne se voyait pas forcément lorsqu’on voyait son visage d’ange. Il espérait juste que Haryu n’était pas comme lui, et de ce qu’il avait vu actuellement, il semblait tout de même regretter ce qu’il avait fait et cela rassurait le petit orphelin. « Même, je m’en fiche des autres, je me préoccupe que de toi Haryu. Et j’espère bien que ce sera la dernière fois que tu te bats. Comme tu dis, y’a d’autres moyens pour se protéger, les mots c’est très utile et fuir aussi si besoin. » Il n’y avait aucune honte de fuir une bataille après tout, pleins de personnes faisaient cela, c’était largement mieux que de venir à l’hôpital ou bien au poste de police, surtout si la bagarre n’avait pas lieu d’être. Et Harin savait que ce genre de chose avait tendance à suivre la personne partout, laissant alors une marque à vie que ce soit sur son résumé ou sur son corps. Il ne donnait pas de leçon à Haryu, bien au contraire, il essayait juste de lui dire de faire attention, que ce soit pour son corps ou bien pour son futur, il savait pertinemment que l’archer n’avait pas besoin de tout ça dans sa vie. « J’espère, je te fais confiance sur ça, si quelqu’un t’embête, j’arrive, je sais pas comment, en courant peut-être mais j’arrive. Attend j’ai assez de souffle pour courir ? » Un léger rire sortait alors des lèvres, Harin ne courrait pas très souvent, gamin qui faisait de l’asthme, légèrement mais c’était tout de même le cas. Tout ça pour dire qu’il viendrait même s’il était en plein cours, qu’il viendrait même s’il est en plein boulot car Haryu comptait énormément pour Harin, réellement, c’était devenu comme un vrai petit frère pour le jeune orphelin, lui qui n’avait plus de famille à part des cousins.

Et un léger soupir de soulagement venait de se faire entendre, rassuré, voilà ce qu'était le brun, rassuré qu’il n’y aura rien sur le dossier de son colocataire. Cela ne portera pas préjudice à son avenir et tant mieux, rien de pire que de se battre pour fermer certaines portes. « Heureusement ? Imagine si ça aurait été marqué sur ton dossier, ça aurait fait tâche, t’as beau être l’élève le plus bosseur, celui qui a que des bonnes notes, si c’est marqué que tu as fait acte de violence une fois, tu peux être refusé partout. Mais ça me rassure, réellement. » La discussion changeait alors sur le vêtement qu’Harin préparait, il ne comptait pas réellement utiliser la salopette short pour un costume, il se trouvait juste beau lorsqu’il était en short alors pourquoi pas essayer une salopette short ? Et est-ce qu’il avait assez de tissu ? Probablement non, l’argent avait du mal à venir en ce moment, beaucoup de mal il ne fallait pas se mentir et c’était hors de question pour Harin de faire du travail bâclé, il lui fallait des tissus parfaits pour faire exactement ce qu’il a en tête. « C’est pour la vie de tous les jours, après si je peux l’utiliser pour un cosplay, pourquoi pas ! Il me manque des tissus, je comptais aller dans une friperie, tu voudrais venir du coup ? J’ai le temps d’y aller, j’ai même pas fini le patron. » Il le finira très probablement dans la nuit ou bien dans la matinée, du temps, il en avait étant donné que c’était un projet bien personnel. Il attendait calmement le thé que Haryu ramenait avant de reprendre la parole, est-ce qu’il était sorti de la maison ? Bien sûr, plusieurs fois cette semaine d’ailleurs. « Bien sûr, j’ai été à la fac mais aussi à l’entreprise pour faire mon rôle d’ambassadeur ! C’est juste que je suis toujours rentré avant toi. » Il essayait toujours de prendre l’air, rien que pour s’aérer mais aussi pour penser à autre chose, pour libérer son esprit.

ootd > Haryu esquisse un léger sourire, l’expression un peu triste inscrite sur son visage. Harin a raison sur plusieurs points, Haryu est d’accord avec lui, mais fuir ne sert à rien. Instinctivement, il glisse un doigt sur son appareil auditif, ses prunelles se perdant dans le vague. L’oubli. Les douleurs qui réapparaissent toujours quand on s’y attend le moins. Le bruit, les cris. Ils ont tenté de s’échapper, tous les clients, tous les employés. Rien n’y a fait. Elle les a sauvés quand d’autres n’ont pas eu la chance de n’avoir qu’une oreille endommagée. L’archer se mord la lèvre, la gorge serrée. Il se tire avec force de cet état léthargique, relève les yeux pour croiser ceux de son ami ; y puiser un peu plus de chaleur. Il acquiesce aux nouvelles paroles de son aîné, l’imagine quelques secondes courir à sa rencontre et cela lui permet de diriger ses pensées ailleurs. « J’espère que cela n’arrivera pas, sinon les pompiers devront nous emmener tous les deux à l’hôpital. » Il lui sourit. C’est plus doux, plus agréable.

« Oui, je le sais. C’est pour ça que j’ai tenté de me rattraper et de faire de mon mieux pour les tâches qu’on a dû faire après… Je n’ai pas besoin de gâcher mes opportunités à cause d’un idiot. » Imperceptiblement, ses phalanges se resserrent sur le coussin qu’il est venu déposer contre lui. Il se revoit en train de le frapper, en train de lui envoyer de l’eau ; c’était puéril et aussi idiot que ce garçon. Alors pourquoi cela lui a-t-il fait du bien ? Haryu soupire, finit par se redresser pour préparer du thé. Même après quelques heures, il n’a fait que penser à toute cette histoire. Il a hâte d’être demain matin afin de partir courir près de la plage en espérant que tout cela ne le poursuive pas jusque-là. « J’aimerais bien t’accompagner. Il y a un jour dans la semaine où j’ai du temps libre car je n’ai pas d’entraînement. Ça pourrait être l’occasion de me trouver une ou deux nouvelles tenues. » La bouilloire se manifeste au même instant. Haryu saisit deux tasses et les remplit d’eau chaude. Il fait l’aller-retour pour rapporter ensuite la boîte où sont stockées différentes sortes de thés.

Cette fois-ci assis par terre près de la table basse, l’étudiant en sport écoute Harin lui expliquer ses différentes sorties. « C’est une bonne chose alors, n’est-ce pas ? » Il est vrai qu’Haryu rentre souvent tard après son travail – et se lève assez tôt afin d’aller courir. Tout semble parfaitement chronométré et cela permet au plus jeune de se sentir apaisé. Depuis ces dernières années, avoir une vie bien rangée, en ordre, est un symptôme qu’il a développé. « Au fait, l’entraîneur nous a annoncé qu’il y aurait bientôt une compétition. Au plus tard, d’ici le début du printemps. Est-ce que tu voudras venir me voir ? Je peux inviter deux ou trois personnes pour l’occasion. » Il a d’abord pensé à ses parents, bien sûr, mais faire toute cette route alors qu’ils vieillissent n’est pas forcément une bonne idée. Alors proposer à ses amis serait ensuite une bonne opportunité pour boire un verre ensemble par la suite. Portant le thé à ses lèvres, il souffle dessus avant d’en boire une gorgée.

ootd > Et si les personnes préféraient aller à l’hôpital dès qu’ils avaient mal, ce n’était pas le cas pour l’orphelin, lui qui n’avait pas d’assurance maladie et encore moins d’argent pour se faire soigner, gamin qui préférait attendre le dernier moment avant d’y aller. Alors s’imaginer courir au secours d’Haryu ne pouvait que le faire d’un côté mais lui faire froid dans le dos, l’argent, il n’en avait pas du tout, les dettes étaient de plus en plus grosses, les banques commençaient à demander de plus en plus d’intérêt car Harin ne remboursait pas assez, parce que Harin ne pouvait pas rembourser assez chaque mois, c’était à se demander comment est-ce qu’il pouvait survivre à l’instant T. Léger sourire sur son visage tandis qu’il se contentait de fixer son colocataire qui était devenu bien plus que cela au fil du temps.  « Faut éviter, je sais pas si t’as de l’argent pour l’hôpital car pas moi tu vois, c’est pour ça que j’ai même pas de médicament pour mon allergie aux chats.. » Parce qu’il savait que cela existait mais il savait aussi que ce n’était pas donné alors il préférait craindre pour sa vie plutôt que de payer une certaine somme juste pour cela. Puis entre nous, imaginer comme épitaphe quelque chose du style “cats have taken my soul” le faisait réellement rire tout simplement parce que c’était une fin débile.

Soupir sortant de ses lèvres, Harin était tout de même rassuré de savoir qu’Haryu avait compris la leçon, si on pouvait appeler cela une leçon d’ailleurs et qu’il ne recommencera plus. Cela montrait qu’il était mature et qu’il se souciait réellement de son futur, pas comme un certain orphelin. Parce que mine de rien, cela coûtait cher alors il préférait éviter les chats pour l’instant, cela était gratuit au moins, mais jusqu’à quand est-ce qu’il pourrait éviter ces derniers ? Et le voilà qui proposait à Haryu de l’accompagner faire les magasins, certes c’était plus une chasse aux trésors, une épreuve de patience mais si cela l’intéressait, Harin le prendrait sous son aile pour lui faire connaître ce genre d’endroit, son environnement à vrai dire. Lui qui n’avait jamais eu assez d’argent pour acheter des vêtements neufs, lui qui passait le plus clair de son temps dans les friperies. « Il nous faudrait toute une journée je pense pour qu’on puisse bien tout explorer, et si t’as plus de vêtements, t’as qu’à me le dire, je peux te coudre quelque chose rapidement ou même te refaire ta garde-robe, je le ferai avec plaisir ! » Il aimait bien habiller ses amis, que ce soit avec les vêtements qu’il avait déniché dans les friperies ou bien des vêtements de sa propre marque qui commençait doucement à prendre forme, et tout cela pour la modique somme de zéro won.

Il croisait alors les jambes se mettant à l’aise pour boire un peu de son thé, il écoutait tendrement Haryu jusqu'à ce que ses joues rougissent. Est-ce qu’il avait réellement proposé à Harin de venir l’encourager lors de sa prochaine compétition ? Harin et personne d’autre ? Comment ne pas être plus heureux que ce qu’il était en ce moment même ? Grand sourire sur son visage, il ne pouvait qu’accepter bien sûr. Il sera là pour Haryu, il sera toujours là pour lui après tout. « Bien sûr, c’est pas quelque chose que je peux refuser. Je viendrai t’encourager.. IL ME FAUT UNE TENUE. Je dois te faire honneur et donc être magnifique.. Faudrait que j’aille me racheter des tenues alors. Mais je viendrai avec plaisir Haryu ! Merci de me le proposer ! » Et il se voyait déjà planifier tout ça, rendre jaloux les autres compétiteurs, ne pas trop faire d’ombres à Haryu mais en faire assez dans les gradins

ootd > Non, Haryu n’a pas forcément plus d’argent que son colocataire. A vrai dire, il fait attention à ce qu’il achète, bien obligé de rester près de son argent afin de ne pas le gaspiller alors qu’il y a des factures à payer, des courses à faire et le montant de ses études à payer. Certes, Haryu a une bourse par rapport à ses capacités au tir-à-l’arc mais elle n’est pas suffisante pour vivre. C’est pour cela qu’il a pris un travail en tant que serveur, après les cours. Il aurait pu tomber plus mal, le jeune homme n’a pas vraiment à se plaindre. Hormis le train de vie qui lui est imposé (et qu’il s’impose aussi d’une certaine manière), Haryu n’a pas de désagrément autre. Sauf cette histoire. Mais qu’importe, en effet, il ne pourrait pas se payer des soins à l’hôpital. C’est pour cela qu’il a découvert une clinique à bas prix.

Concernant ses vêtements, les mains entourées sur sa tasse de thé, il acquiesce aux paroles d’Harin. « Non, merci, je pense que ça va aller. Il faut seulement que j’aille faire tourner une machine. J’en profiterais pour laver aussi mes tenues de tir à côté. Je devrais avoir un peu de temps en fin de mois pour qu’on puisse faire du shopping ensemble. » Il lui sourit du bout des lèvres, boit de sa boisson. Même s’il vient de décliner la proposition de son aîné, Haryu se doute bien qu’Harin lui aura façonné un haut ou une veste d’ici les prochains jours. Et quelque part, cela fait chaud au cœur de savoir que son ami ne se sent pas obligé de le faire. Haryu n’a pas l’habitude de dépendre de qui que ce soit. Enfant unique pourtant, ses parents lui ont vite montré la valeur des choses et des personnes. Ils ne peuvent eux-mêmes pas se permettre trop d’écarts. Il n’en est pas malheureux pour autant. Penser à eux le fait aussi réfléchir sur le fait que cela fait un moment qu’il n’est pas allé leur rendre visite.

Finalement, la conversation dévie car le sportif se rappelle sa compétition d’ici quelques mois. C’est un événement sportif somme toute basique bien qu’il y ait un concours avec remise de prix pour les vainqueurs. Comme ils sont proches, Haryu propose tout de suite à Harin s’il aimerait venir le voir. Son enthousiasme fait plaisir à voir et l’archer ne peut qu’en rire légèrement. « Non, non, tu n’es pas obligé de porter une tenue spécifique ! Ce n’est pas quelque chose de vraiment officiel. » Il ne sait pas trop le dire, Haryu, mais cela lui donne du baume au cœur de savoir que son ami sera présent. A qui d’autre peut-il proposer de venir ? Il verra bien, après tout, il a encore du temps avant la date annoncée. « Et toi, est-ce que tu as des choses de prévu ? » Il termine sa tasse en réprimant un bâillement qui, pourtant, lui rappelle qu’il serait bien qu’il aille se doucher, puis se coucher. Avec lenteur, il se permet de retirer son appareil auditif pour l’enfouir dans sa poche. Il abandonne un léger soupir, s’accommodant durant quelques brèves secondes à ces sons qu’il n’entend pas ; ou plus.

ootd > L’orphelin aimait bien trop concevoir des tenues, encore plus pour ses amis. Cela l'occupant, cela l’aidant à s’entraîner, à améliorer ses méthodes. Même si Haryu refusait la proposition d’Harin, il lui fera tout de même un petit quelque chose pour compléter sa garde robe, laisser sa petite trace dans la vie d’Haryu, lui qui aimait bien penser que chaque personne qu’il rencontrait finissait par avoir un bout de lui avec eux, que ce soit en bien ou en mal. D’ailleurs il imaginait déjà une nouvelle tenue pour son colocataire, uniquement dans sa tête, n’ayant pas de quoi dessiner à l’instant T. « Mélange pas trop les couleurs, t’as pas envie d’avoir tes tenues déteintes. Okay, donc je laisserai une journée en fin de mois spécialement pour toi ! » Non pas qu’Harin était quelqu’un de très occupé, bien au contraire, il avait toujours quelques jours de libre mais il préférait se préparer en avance, savoir quel jour il aura besoin d’argent. Gamin qui économisait autant qu’il le pouvait, gamin qui remboursait ses dettes avec plus de la moitié qu’il touchait, harin voulait en finir avec tout ça, repartir sur une bonne base, oublier qu’il a déjà eu des dettes dans sa vie, même si ces dernières n’étaient en aucun cas les siennes car jamais, jamais il avait vu la couleur de l’argent emprunté.

Harin n’était pas quelqu’un de très sportif, léger asthme qui avait tendance à venir dans son chemin puis il n’a jamais aimé le sport Harin, préférant se mettre dans un coin à l’ombre et dessiner, le gamin était plus créatif qu’autre chose. Alors lorsque Haryu lui propose de venir le voir à sa compétition, il ne pouvait pas refuser, il passera juste quelques temps à se renseigner sur la discipline, pour savoir lorsque Haryu faisait une bonne chose ou non, s’y intéresser le plus qu’il pouvait. Et même si ce n’était pas quelque chose d’officiel, Harin était Harin, il devait toujours bien s’habiller sinon ce n’était pas lui tout simplement. Il voulait être au moins beau pour ne pas faire honte à Haryu. « Mais si tu gagnes et qu’il faut qu’on fasse une photo ensemble, j’ai pas envie de ressembler à un sac à patate tu vois ! Moi ? Hum, je n’ai rien de prévu, je me laisse porter par le vent, je sais pas si c’est une bonne chose.. » Harin faisait alors une légère pause, réfléchissant réellement à ce qu’il avait de prévu cette semaine et même ce week-end et rapidement, il trouva la réponse. Il avait tout simplement prévu, encore, de passer 24h en live. « Ah si, j’ai un live 24h ce week-end, pour récolter des fonds pour les orphelins. J’avais totalement oublié.. Quelle nouille je peux faire parfois. » Parce que même si Haryu ne s’y connaissait pas réellement dans le streaming, Harin le prévenait toujours lorsqu’il ne fallait pas venir le voir dans sa chambre. Et lorsque la nuit tombait, il faisait le moins de bruit possible, parce qu’il ne voulait pas déranger son colocataire et encore moins les voisins.

ootd > Pour Haryu, la mode est un peu un concept abstrait. Bien sûr, il apprécie avoir de beaux vêtements, des habits qui lui vont et qui sont agréables à porter, toutefois, il est aussi évident que le jeune homme a un assemblage parfois limité des couleurs. Heureusement qu’Harin est là pour le guider à travers des tenues pour qu’il ne sorte pas habillé n’importe comment. Haryu l’en remercie car, à vrai dire, à chaque fois, pour lui, ça ne lui parait pas si étrange d’associer tel ou tel colori. Cela dit, il fait confiance au sens de la mode de son colocataire plutôt qu’en le sien. Aussi acquiesce-t-il sur son conseil sur la machine à laver. Il serait bien embêtant de se trouver avec une tenue de tir à l’arc rose s’il ajoute un pull rouge au lavage !

Un sourire esquissé, c’est sur la prochaine compétition d’Haryu que la conversation se déporte. Cela paraît encore loin, mais le jeune homme sait que les mois vont vite se rapprocher et qu’il doit être prêt pour le moment. Montrer le meilleur de ses capacités, encore plus si son ami vient le voir. Cela le fait légèrement rire de l’entendre prendre autant en considération ce qu’il va porter. “Tu es toujours élégant, je ne m’en fais pas vraiment sur la tenue que tu choisiras de mettre.” Retirant son appareil auditif par la suite, l’archer frotte doucement son oreille tout en se concentrant un petit plus sur les propos de son interlocuteur. La journée a été longue et cet instant de calme avec Harin est très agréable. “J’espère que tu obtiendras de l’argent pour cette cause.” Une noble cause étant donné les problèmes financiers qu’il peut lui-même avoir. “Je ne te dérangerais pas. De toute façon, je vais travailler tout le weekend.”

Haryu finit par étirer ses bras au-dessus de sa tête. Il se redresse, range les tasses et les assiettes au fur et à mesure. Il met le reste du gâteau qu’il a rapporté du restaurant dans le réfrigérateur. “Harin, je pense que je vais aller me doucher et me coucher ensuite. J’irais courir demain matin.” Comme tous les jours, la petite routine est bien installée depuis ces dernières années. Haryu frotte sa nuque, saisit son appareil entre ses doigts et se dirige vers la salle de bain. “Merci pour… tes conseils. Bonne nuit.” Il lui adresse un bref signe de la main avant de s’engouffrer dans la pièce. Sa douche est rapide et, quelques minutes plus tard, il peut enfin s’étendre dans son lit. Apaisé pourtant par la discussion avec son ami, Haryu ne peut s’empêcher de ressasser encore cette bagarre à laquelle il a sciemment participé.