Douceur in extrémiste de touchers sur ces fils blancs, soin pris avec délicatesse de repasser la choses après modifications faites, il y avait peu de gens qui pouvaient se permettre de passer directement dans leur petite boutique aux prix exorbitants, et en un sens, c'était sans doute ce qu'elle appréciait le moins, la noiraude. Alors  de temps en temps, elle se permettait d'offrir ses services quoi qu'un peu trop délicat. Car il n'y avait que cela pour elle qui comptait. Et les regards onyx,  sur les étales qu'elle se laissa sans se rendre compte arranger de manière bien plus gracieuse. Pourtant, elle savait qu'aujourd'hui allait sans doute dépareiller des autres, sous les lumières des opales de l'une de ses clientes. Car tout arrivait à point nommé, et qu'elle ne s'était pas amusée à servir autant quelqu'un dans les jours derniers. Mais pour elle, le monde était fade, les couleurs grisâtres, et rien ne pouvait l'en contredire. C'était comme ça, et c'était tout, comme le lui avait-on si bien appris, à celle qui détestait pourtant devoir converser avec les gens de quelconque manière pour leur expliquer la vie. Et elle était bien livide, la poupée imbrisable, celle dont le noir effrayait plus que tout, celle dont les yeux mentaient sous ces formes diverses et irréelles. Pour elle, la vie n'était qu'un cauchemar ambulant.

Pieds qui résonnèrent dans la boutique, sur le visage d'un homme qui la déconcerta. Non pas pour son physique, mais pour son manque de politesse qui la frappa d'un premier coup d'œil. Collègue qui lui, se permis de venir s'approcher pour le conseiller, alors qu'il se dirigea vers la poupée de porcelaine sans aucun préavis. "Je veux pas de son avis à lui, ça m'intéresse pas." Regard vers le jeune homme qui l'accompagnait dans son quotidien un peu perdue, elle se redressa alors pour saluer ce client qui semblait beaucoup trop audacieux, restant tout de même polie sans ne trop savoir que dire. "Toi là. Recommande-moi l'un de vos chiffons. T'as l'air bien plus mignonne que lui." qu'il articula alors qu'elle soupira. Professionnalisme avant tout, elle le savait, qu'en réalité, ce genre de client, elle ne devait que couler de source avec eux et ne pas les contredire car souvent étaient-ils ceux qui rapportaient le plus. "Bien. Suivez-moi alors. Vous désirez un costume ?" que la noiraude commença à prononcer en venant leur montrer les modèles disponibles et ceux qu'elle pensait pouvoir lui convenir au plus possible. Pourtant, elle pouvait lire sur le visage de son client qu'il en était complètement désintéressé. Peut-être qu'elle pourrait trouver quelque chose de mieux pour capter son attention. Bornée, celle qui détestait beaucoup trop se retrouver dans ce genre de situation sous les regards des autres vendeurs. Alors elle marchait entre les étagères, la plus petites, levant parfois les bras pour venir attraper les quelques chemises trop hautes qui s'assortiraient parfaitement au bleu des vestes qu'elle avait pu choisir.

Mais touchers disgracieux sur la belle qui ne partaient pas, alors qu'elle essayait de faire comme si de rien était, car personne ne bougerait et elle le savait. Regards impuissants, face à des clients qui devaient être considérés comme des rois et à qui l'ont devait tout céder. Pourtant il ne s'arrêtait pas, de sa main qui glissait vers le bas de sa jupe comme si de rien était, comme si elle ne le remarquerait pas. "Vous pourriez virer ça de là s'il vous plait ? Je doute que-" qu'elle prononça tout bas d'un regard glacial en soupirant avant de se faire couper. Car même au travail, elle n'était pas du genre à se laisser faire, mais hausser la voix ici, lui paraissait complètement impensable, alors que celui-ci ne l'écoutait absolument pas. "Non. Fais ton boulot sinon j'appelle votre patron." qu'il soupira à son oreille. Envie de lui casser le poignet dans sa tête pourtant déjà remplie d'êtres ineffaçable, dualité qu'elle ne devait que refréner, alors qu'un sourire jaune au visage apparu comme l'un de ces rares pour se contenir. Et sa peau si blanche était beaucoup trop délicate pour être malmenée ainsi par celui qui pensait pouvoir garder cette main placée si ridicule sèment sur ses arrières. Regard brûlant de vouloir le jeter dehors, tremblements incontrôlés de ne rien pouvoir faire et de tout simplement essayer d'attraper ces vêtements inutiles, alors que ces touchers la dégoûtaient plus qu'autre chose, alors qu'elle avait l'impression de sombrer de nouveau dans ces illusions d'optiques qui s'offraient beaucoup trop à elle. Ô qu'elle aurait aimé ne pas avoir à tomber sur ce genre de personne, alors que ses yeux suppliaient que l'on vienne le jeter dehors, sans effet. Inefficacité, d'un travail qui se devait rigoureux et qui primait sur la volonté humaine.  

 La porte coulissa, les talons claquèrent sur le sol lustré de ce monde à part, monde de richesse et de luxe, monde qui n’acceptait qu’une minorité de la population. Dire qu’ils étaient partis de rien, fierté que d’être devenue si puissants, les Jung ont su se hisser au sommet grâce au travail acharné d’un homme qui crut en ses rêves. Rin ne faisait que suivre les pas de son père, et ça lui réussissait mieux que quiconque. Les traces de fatigues étaient néanmoins visibles sur son minois, aller-retour de l’autre côté du globe, décalage horaire auquel elle n’avait pas eu le temps de s’habituer, la belle n’avait pas dormi depuis au moins quarante-huit heures, mais elle se tenait toujours la tête haute, ne se laissant pas plier sous la faiblesse d’un corps humain, car ce qui comptait pour elle, c’était le mental. Sa patience risquait néanmoins d’être fragile, mais elle se forcerait à garder une attitude correcte, avec Seon Jaehee, car il n’y avait qu’elle qui habitait ses pensées lorsqu’elle foulait le sol de ces lieux excentriques. 

Le visage se peignit pourtant de déception, lorsqu’une jeune femme se présenta à elle, visiblement mal à l’aise. Ce n’était pas, Seon Jaehee. Même si la fatigue altérait son jugement, elle savait reconnaître celles qui lui avaient tapé dans l’œil. « Madame Jung, madame Seon est occupée avec un client, je vais vous remettre votre vêtement moi-même, si vous voulez bien me suivre ? » Un regard blasé glissa sur elle sans la voir, elle se focalisa sur le fond de la boutique, ne croyait pas une seule seconde qu’une vendeuse telle que Jaehee manquerait ainsi à ses engagements. Elle lui avait prouvé le contraire la dernière fois, et Rin avait placé de grands espoirs en cette journée. Elle était venue seule, sans son assistante, sans son garde du corps, afin de pouvoir agir en toute liberté, sans avoir à se préoccuper du monde extérieur, et elle ne comptait pas se contenter d’un simple échange banal avec une vendeuse lambda. 

La silhouette se détacha alors du reste de la boutique, la lionne avait repéré, elle ne prêtait plus aucune attention à ce qui l’entourait. D’un pas décidé, elle s’élança vers celle qui lui avait promis d’être là, celle qui, de sa simple présence, annihilait celle des autres. La queue-de-cheval haute qui se balançait sur son crâne lui donnait des airs plus féroce, à la blonde qui perdait peu à peu son sourire alors qu’elle s’approchait de plus en plus de la scène qui se déroulait là, dissimulée par les rayons impeccables. Son long manteau s’arrêta de flotter lorsqu’elle mit fin à son avancée, se stoppant à quelques mètres de la demoiselle en détresse, pour pouvoir mieux analyser et comprendre ce qui se déroulait devant elle. Lorsqu’elle comprit, le sang ne fit qu’un tour, les yeux s’embrasèrent et le cœur s’emballa. Qu’il allait regretter d’être venu au monde celui qui, de sa main souillée, s’autorisait à toucher les courbes d’une autre. Malgré l’absence de réaction de celle qui se laissait faire, Rin savait décoder les situations pareilles en un rien de temps, ayant été elle-même victime de harcèlement dans son travail, elle ne laisserait pas la chose se faire si facilement. Il fut un temps oui, où elle n’osait pas contredire ou arrêter, un temps où les requins se nourrissaient d’elle avec appétit sans penser aux conséquences de leurs actes dégoûtants. Désormais, elle les écrasait tous sous ses semelles, les faisait fuir d’un seul regard bien placé. Le lionceau avait grandi et ne se laissait plus impressionner par la gente masculine et ses effets pervers. Elle avait appris à dénoncer, à parler haut et fort, car ces idiots n’étaient que des lâches, trop frustrés par leur condition d’homme seuls ou marié, qui ne savaient rien faire d’autre que de s’en prendre aux plus faibles, mais ce sont les mêmes qui fuient dès qu’un opposant de leur taille fait son entrée dans l’arène, et Aerin a apprit à se faire plus imposante qu’eux. 

« Tenez-moi ça. » Avait-elle ordonné à celle qui l’avait suivie et qui voyait, comme elle, ce qui se déroulait devant leurs yeux, mais ce genre de biche n’irait rien faire pour aider sa semblable, trop faible d’esprit pour oser s’interposer. Une des pires espèces elle aussi. Elle lui tendit son sac à main, retroussa ses manches et s’engagea dans l’allée de vêtements, le regard brûlant d’une lueur meurtrière. Arrivée à leur auteur, la blonde tendit son bras et tapota l’épaule de l’imposteur, un sourire d’apparence innocent se dessinant sur son visage lisse. On ne savait pas qui de Jaehee, ou de l’agresseur, allait passer un plus mauvais quart d’heure, mais Rin ne comptait pas se mesurer, au contraire. L’homme fit volte-face, lueur d’effroi qui dansa sur son visage le temps d’une demie-seconde. Une autre femme ? La menace ne lui semblait pas si effrayante. « Bah alors ma jolie, tu veux que je m’occupe de toi aussi ? » Paroles qui ne lui firent aucun effet, car elle était immunisée devant ce genre de discours. Elle lui sourit plus encore, et alors qu’il lâchait la vendeuse pour se concentrer sur la lionne, elle s’avança et lui attrapa l’entre-jambe avant de le serrer, si fort, qu’il en devint tout rouge. « Eh, sale folle ! Mais lâche-moi ! » Articula-t-il difficilement alors qu’elle serrait toujours plus fort. « Pardon ? J’ai très bien entendu, mais je vais faire comme si de rien était, parce que c’est excitant de toucher les autres, et que leur consentement compte moins que la satisfaction de mes désirs personnels. » Articula-t-elle haut et fort pour que tout le monde l’entende bien. « Je ne vois pas pourquoi je devrais me retenir, c’est bien ce que vous faite depuis tout à l’heure vous aussi, non ? » Son regard se posa alors sur la brune qu’elle attrapa de sa main libre pour la faire glisser derrière elle. « Écoute-moi bien sombre merde. Les porcs comme toi, méritent la prison. Je te conseille de déguerpir avant que j’appelle la police. Si je te revois mettre la main sur une des femmes de cette boutique, je te coupe la bite et je te la fais manger, là, devant tout le monde. Maintenant excuse-toi, et dégage. » 

Chose inqualifiable que le toucher non-désiré d'un étranger sur elle. Quelque chose qu'elle ne vivait que trop rarement alors qu'elle savait pourtant mordre quand elle le devait. Mais le lieu l'en empêchait, et s'en doute aurait elle dû le tirer dehors par la pointe de ses doigts sans le lui en laisser le choix. Pourtant rien n'avait été fait, de ses doigts si délicats qui se retenaient, bien que son regard d'habitude livide refusait ce geste indigne d'une personne comme elle. Et elle voulait se révolter, la marionnette que l'on contrôlait par menace, que l'on faisait frémir lorsque les lueurs s'éteignaient. Mais ô elle n'était pas aussi faible que ce qu'elle ne laissait paraître, celle qui jouait de son professionnalisme pour en éviter les dérives. Belle qui n'arrivait cependant pas à le faire se décrocher, car les myriades de météores se répercutant dans ses prunelles si désabusées, ne savaient tout simplement plus où se lancer tellement le dégoût la prenait aux trippes.
Alors elle supportait difficilement, du moins elle pensait que cela se serait passé ainsi. Beaucoup trop concentrée elle avait été, la demoiselle aux vêtements toujours tirés, toujours propres, car il y avait eu ces symphonies sur le carrelage du bâtiment. Talons beaucoup trop puissants pour qu'elle ne puisse pas les remarquer.

Présence qui fit s'illuminer silencieusement ses opales sombres, car elle la reconnaissait, celle aux cheveux blonds qui savait faire tout s'embraser sous son passage. Et sans doute ne s'était-elle pas attendue à une telle réaction de sa part, car même si ses yeux à elle lui criaient d'intervenir, la raison prenait toujours le dessus avec. Sauf en dehors de son boulot. Il fallait la voir pour y croire. Tellement différente, même si le cœur restait gelé. Car sans doute l'était-il réellement. Mains qui pourtant quitta les étagères sous les paroles de l'homme, comme déjà prête à intervenir cette fois-ci, elle observa cette fois-ci plus en profondeur les gestes audacieux de celle qui réussissait à capturer toute son attention sous un sourire des plus discrets. Fière, il fallait le dire, et au vu de la tête que tirait ce type, cela ne devait prouver qu'en réalité, il n'était qu'un moins que rien. Voix haute et persistante, paupières qui papillonnèrent vaguement sous le regard que lui attribua la jeune femme. Ephéméride d'une beauté qui elle, avait réussi à faire briller ces pupilles beaucoup trop inanimées. Et elle fut prise de cours, quand d'un geste elle se retrouva derrière elle, observant la scène d'un regard bien plus aiguisé.

Ô oui, elle était intrigante, celle qui en une fraction de secondes était remontée de quelques pas dans son estime. Et de ses mots crus, main qu'elle porta plus timidement sous son visage qui s'étira en un léger rire, elle finit par la poser doucement sur l'épaule de la jeune femme, comme pour simplement la faire redescendre un peu avant que l'homme ne se permette de prononcer d'autres mots bien incompréhensibles. "T-T'es complètement tarée ! Sales folles ! Ca m'étonne même pas venant de timbrées et de coincées comme vous y'a qu'à regarder sur vos têtes ! Allez vous faire voir !" qu'il balança comme si de rien était avant de se reculer un peu de celle qu'il observait comme un monstre. S'avançant alors à son tour, comme pour reprendre un peu la chose en mains, elle soupira vaguement. "Je ne pense pas avoir besoin de vous conduire à la sortie, à moins que vous ayez besoin que je n'appelle un agent de sécurité." Bien plus formelle, pour celle qui ne savait que s'y prendre ainsi, il ne mit pourtant pas longtemps à déguerpir d'ici. Sans doute n'était-il pas si sourd que cela enfin de compte, et elle, était ravie de voir que le petit jeu de la blonde était parvenu à le faire fuir si rapidement. "Et bien. J'aime beaucoup votre répartie Madame Jung." qu'elle murmura alors tout bas comme pour garder cela entre elles. Yeux qui se baissèrent doucement, alors qu'un soupir délicat sortit d'entre ses lèvres, elle rajusta un peu ses vêtements, accrochant ses doigts entre eux comme pour y camoufler ses tremblement d'énervement.

"Si je m'étais attendue à ça...Je serais presque ravie de vous voir." qu'elle essaya alors de détendre l'atmosphère sous son humour défaillant, avant de se frotter plus doucement le visage en se dérobant tout doucement de l'allée pour tout simplement aller souffler un coup sans laisser paraître la moindre fracture. Car elle restait une créature bien étrange et si faible, qu'elle affichait sans réellement le vouloir sous ses paupières fermées qui se remettaient un peu de ses émotions avant de redevenir glace. Regard redevenu plus poli, plus sérieux, qu'elle adressa tout doucement à la jeune femme qui venait de l'aider à ce sortir de cette situation. Fin sourire, sans doute le premier qu'elle lui eu adressé depuis le début, elle lui fit signe de la suivre tout doucement comme pour s'éloigner un peu des regards perplexes de ses clients. "On peut dire que vous avez le don de débarquer au bon moment, vous. Et je dois vous en remercier...", car il fallait bien l'avouer qu'elle n'aurait jamais osé élevé la voix sur l'un de ses clients qu'importe la situation. "J'aurais été obligée de le supporter autrement même si ma patience à ses limites. Car vous imaginez bien qu'il reste client malgré tout... Mais passons. Si je peux faire quoi que ce soit pour vous remercier, autres que l'une de vos idées farfelues, n'hésitez pas." Jouer avec le feu, elle savait faire, sans doute mieux que ce qu'elle ne faisait pour vivre elle-même. Mais pour une fois, elle proposait même si elle savait pertinemment que cela ne mènerait à rien. "Mais j'imagine que si vous êtes ici ce n'est pas seulement pour jouer les héroïnes je me trompe ? Votre tenue est prête. Vous voulez la réessayer une dernière fois ?" Oui, le sens des affaires ne la quittait pratiquement jamais, car elle ne voulait pas déranger l'emploi du temps de la plus téméraire pour un simple contre temps. Même si cela l'avait en un sens touché, elle et sa froideur légendaire, elle devait admettre qu'elle restait une créature unique, cette cliente qui n'en avait fait qu'à sa tête, et qui avait posé ses prunelles sur elle. Etrange satisfaction, qui pourtant elle savait inutile, face aux illuminations astrales.

Ô comme le cœur était brûlant de haine, il se reflétait dans les prunelles sombres de la blonde aux paroles aiguisées comme des lames de couteau. Elle était prête à le manger, lui infliger la trouille de sa vie, animée d'une rage qu'elle estimait justifiée, mais elle fut ramenée à la raison par ce contact futile, celui d'une main sur son épaule, sa main. Et comme par magie, la colère s'estompa pour ne laisser de place qu'au mépris le plus profond, mépris pour ceux qui n'étaient pas capables de respecter les belles, ceux qui se croyaient tout permis, ceux qui se croyaient au-dessus de tout. Elle aurait voulu resserrer sa prise, mais guidée par un élan de pitié, elle finit par lâcher. C'était d'une bonne chose d'avoir confié son sac à main à l'autre vendeuse, car elle lui aurait probablement cassé les dents avec si elle l'avait eu à porté de main. Mais non, elle se devait de faire preuve de distinction, alors elle recula, aux côtés de celle qui prenait la parole, son regard noir ne quittant pas l'homme ne serait-ce une demie seconde. Un peu plus et elle se mettait à grogner, mais celle qui faisait toujours preuve d'un sang-froid remarquable parvenait étrangement à dompter la furie qui se tassait au fond de son âme. Deux opposés, le Yin et le Yang, un équilibre parfait. 

L'homme disparu peu après et Rin s'autorisa à se détendre, tournant son visage fermé vers la poupée qui venait de s'adresser à elle. Elle avait le cœur aux plaisanteries la belle, Rin ne prenait pas la chose si légèrement. Elle força un demi-sourire avant de répondre sèchement : « Il faut bien savoir se défendre dans un monde qui nous oublie. Comment survivre sinon ? » Peut-être y avait-il dans ces paroles une pointe de reproche concernant la manière dont l'autre s'était laissée faire. Et si Rin n'avait pas été là ? Alors quoi ? Il l'aurait forcée à rejoindre les cabines ? Le scénario coulait tout seul. Elle finit tout de même par retrouver une façade moins froide, essayant de se débarrasser des mauvaises ondes afin de se concentrer sur ce qui l'amenait réellement ici. Elle répondit à la vendeuse d'un rire pincé avant de la laisser s'éloigner, en profitant pour récupérer ses affaires. « Merci, je pense que je vais voir avec madame Seon pour la suite. » La jeune femme acquiesça d'un mouvement de tête précipité, ses yeux trahissant la nervosité qui secouait son âme. Rin avait très envie de lui lancer un « Bouh » pour la faire déguerpir, mais elle se retint, un sourire plus franc se dessinant sur son visage qu'elle tournait vers celle qui avait retrouvé son armure. Rin faillit pouffer devant le ridicule de cette façade, mais elle n'en fit rien, comprenait malgré tout. L'autre s'éclipsa, laissant alors les deux jeunes femmes ensemble. Elles s'éloignèrent un peu, et Rin suivit sans rechigner, même si elle ne comprenait pas vraiment pourquoi elles avaient besoin de se cacher. Digne et franchement antipathique, la lionne avait plutôt l'habitude de figurer au cœur des choses.

« Simple hasard ou coup du destin ? Qu'en pensez-vous Seon Jaehee ? » Qu'elle répondit, retrouvant ses airs de séductrice. Les mots suivant de la belle ravivèrent pourtant la flamme éteinte. Endurer ? Cette femme n'avait donc aucune dignité ? Ses mots la froissèrent, elle avait envie de lui frapper la tête pour la ramener à la raison. Professionnalisme certes, mais il ne fallait pas exagérer. Ce genre de comportement, client ou pas, ne devrait pas être toléré, et elle savait de quoi il en détournait, elle bossait pour une boîte de jeux vidéo quand même. « Vous vivez dans un monde bien étrange, si je puis me permettre. » Fut la seule remarque qu'elle se permit d'émettre. Après tout, si la jeune femme acceptait de se faire traiter ainsi, ce n'était pas son problème. « Soit, vous avez eu de la chance. » Et le sujet dévia. La proposition de la brune enflamma son esprit, elle vit là une occasion à ne pas manquer. « Un café avec moi ça vous irait ou l'idée pour paraît trop farfelue ? » Elle arqua un sourcil, lui envoyant un regard dénudé de sous-entendus, ce qui pouvait paraître rare pour la vendeuse, probablement. « Et, oui, je vais l'essayer à nouveau. »

Aerin prit la direction des cabines, laissant l'autre récupérer la tenue. Elle se glissa dans celle de la dernière fois et s'occupa d'arranger ses cheveux qui pendaient jusqu'à son dos. Elle se sentit alors partir, basculant sur le côté, mais elle se rattrapa de justesse à la paroi, se forçant à retrouver ses esprits. Il fallait qu'elle dorme, de toute évidence, qu'elle mange aussi, car elle avait également oublié de prendre son petit-déjeuner. Jaehee revint, Aerin se redressa instantanément retrouvant sa rigidité. La vendeuse déposa la tenue et, avant qu'elle ne puisse repartir, la blonde lui agrippa le bras. « Juste une question, qu'auriez-vous fait s'il vous avait demandé de venir seule avec lui ici ? » Son air était grave, sérieux, elle ne savait pas ce qui lui prenait, un excès de fatigue qui renforçait son impulsivité, sûrement.

Il fallait l'admettre : il était dur de se contenir comme elle l'avait fait, alors que tout ne faisait que paraître contre celui aux agressions multiples. Car elle savait se défendre, la belle qui pourtant restait polie dans cet établissement venimeux. Là pour le travail, pas parce qu'elle le voulait fortement. Non, ce n'était que le toucher des tissus qui la faisait rester, ou peut-être aussi la pression de papa et maman. Qu'importe. S'évader de cette tour de cristal pour faire ce qu'elle souhaitait, plan envisageable, alors que sa vie était dictée par malfaisance et pointes en acier. Sans doute que sa manière d'avoir gérer les choses pouvait en avoir déçu plus d'un, dont la blonde allait lui balancer à la figure comme des brisures de verre. Mais ô combien elle se fichait, de savoir ce que les autres pouvaient en penser, car elle venait d'éviter à la boutique de se faire renvoyer, sous un patron qui lui, n'acceptait aucune bavure de la part de ses employés. Sexiste, certes, mais ainsi, et le monde devait s'y attacher. Car elle n'avait que cela à faire, elle, que de désobéir en arrière plan sous un masque de glace.

Remarques faites qui ne lui plaisaient guères, yeux qui se plissèrent légèrement en essayant de comprendre, elle tenta premièrement de rester l'esprit clair avant de reprendre cette façade que sa cliente avait su faire renaitre. "Et bien je me serais adaptée. Les apparences sont souvent trompeuses, et ce n'est point parce que mots ne sortent de ma bouche que je ne réfléchis pas, avant d'agir. La survie demande un certains tact.", car elle en avait, alors qu'elle aurait géré la situation à la perfection une fois en tête à tête avec l'homme. Un doigt qu'elle aurait retourné, un bras brisé dans son dos. Qui sait. Alors regards vers la vendeuse qui s'éclipsa sous les paroles d'un ange au caractère beaucoup trop tempétueux, pour celle qui pourtant possédait ce calme sans faille. Alors tenue en main, qu'elle n'hésita pas à lui apporter pour la faire se changer dans ces cabines qui lui sortaient elles par les yeux."Sans doute. Mais c'est mon monde. Et sans doute que vous ne le connaissez pas assez bien pour juger Madame Jung. Si nous retournions à votre tenue ?"

Et sans doute que la noiraude avait eu le malheur de le lui proposer, qu'elle ne pouvait de toute manière plus refuser, elle hocha la tête en un vague sourire de capitulation. "Faisons cela alors. Un café. Mais ne revenez pas sur vos mots pour n'avoir choisi que cela~" qu'elle laissa suspendre dans l'air pour la laisser essayer sa tenu suprême. Regard plus affirmé, alors que, tenue en place elle revint devant la fine et pale figure de la blonde, l'analysant vaguement en plissant doucement les yeux. Fatigue apparente, alors qu'elle préféra se taire, sous des mots qui cette fois-ci la firent soupirer de lassitude. Air et expression dont elle n'aimait pas les sous-entendus, visage qui - d'un sourire faux - se transforma en une lividité des plus continue. "Alors remettons les choses au clair. Vous ne me connaissez pas et vos jugements m'importent peu. Vous voulez savoir ce que j'aurais fait une fois en tête à tête avec lui ?" qu'elle commença tout doucement avant de s'approcher de la fine figure. "Je me serais plus inquiétée pour lui que pour moi si nous en étions rendu à finir dans une cabine. Et que cela vous plaise ou non, tout le monde ne peut pas espérer pouvoir élever la voix dans un magasin." Mots secs et pourtant des plus sincères, elle n'était pas ce genre de personne à se laisser faire en arrière plan malgré les apparences. Oisillon emprisonné dans une cage que l'on avait délibérément gardée close des années, suffisamment pour la rendre insensible tout du long. Mais ô pouvait bien résonner les mélodies empoisonnées, elle savait qu'elle y résisterait, car c'était son travail, les apparences, car c'était elle.

Yeux qui fixèrent l'air grave de la jeune femme, elle finit par croiser les bras en souriant de nervosité. "Alors je vous prierais de bien vouloir arrêter de juger mes décisions ou alors mes choix pour vous concentrez sur votre essayage. J'aimerais ne plus avoir à me justifier pour votre petit plaisir." Elle s'était un peu énervée, il fallait dire qu'elle n'aimait pas les sous-entendus de celle qui pensait la connaître sans doute mieux que quiconque. Mais personne ne la connaissait vraiment, la noiraude. Façade permanente, sourires effacés pour ceux qui ne lui permettaient plus de dissimuler la vérité du faux. "Pour en revenir a un sujet plus joyeux et si vous avez fini, il faudra se dire un jour, pour le café." qu'elle commença alors avant de sortir de la cabine et de simplement rester devant en attendant qu'elle ne s'habille. "Vous préférez en week-end ou après le travail ? Les deux me conviennent. Et vous pourrez me poser toutes les questions que vous souhaiter durant cette journée là. Quand dites-vous ?" Proposition de nouveau faite, alors qu'elle attendait patiemment, elle se demandait bien dans quoi elle se lançait, pour pouvoir se permettre de prononcer tout cela avec une facilité déconcertante. L'envie de ne pas paraître faible sans doute. "La tenue vous va mieux ? Je peux entrer ?" Mission à faire, d'une douceur qui cette fois-ci avait repris le dessus par rapport à sa voix élevée, par rapport, à tout ce qu'elle avait pu lui montrer auparavant.

Et lorsque le rideau se leva, la poupée s'anima d'une lueur que la blonde n'avait pas suspecté. Elle avait touché une corde sensible, de toute évidence, l'autre acceptait enfin de laisser tomber le masque et Rin aurait presque pu en être bouleversée, mais la jeune femme ne se laissait pas impressionner pour si peu, bien qu'elle ait compris son erreur, elle ne montra aucune expression particulièrement lorsqu'elle lui reprocha son manque de tact. Elle la laissa finir, lâcha finalement son bras pour croiser les siens sur sa poitrine. Un nouveau sourire insolent anima le coin de ses lèvres tandis que ses prunelles dévoraient toujours autant la figure de la brune. « Je vois que je me suis trompée à votre sujet Madame Seon. Veuillez m'excuser. » Sincérité douteuse, Rin ne semblait pas si surprise que ça, elle reporta ses yeux fatigués sur le miroir de la cabine alors que Jaehee continuait sur le même ton. « Rien ne nous trompe autant que notre jugement, a dit Leonard de Vinci. » Elle rétablit le contact visuel avec la vendeuse et redressa le menton.

« Je ne peux qu'être admirative. Votre patience, votre contrôle. De toute évidence, je ne suis pas aussi subtile que vous. » Jung Aerin et l'art de manier les mots, il y avait quelque chose dans son regard ébène, quelque chose de féroce. Elle voulait découvrir chacune des couches que renfermait la silhouette délicate de celle qui était finalement bien plus qu'un pantin de bois. Elle la laissa s'éloigner, jusqu'à disparaître de la surface close. Aerin n'avait pas perdu son sourire, elle se changea rapidement afin de ne pas trop faire attendre celle dont les nerfs étaient à vif. « Je ne prends pratiquement pas de Week-end. Voyons-nous après le travail si ça vous convient. » Répondit-elle à sa question. « Peu importe le jour, je devrais réussir à me libérer. » Ses doigts s'articulaient autour des boutons brillants du tailleur qu'elle fermait avec soin, constatant que les retouches étaient impeccable. « Et je n'ai pas besoin de vous poser trente mille questions pour apprendre à vous connaître Seon Jaehee. » Ajouta-t-elle sans qu'elle ne comprenne vraiment le sens de sa propre phrase.

« Je suis ravie de votre travail. Vous ne me décevez jamais. Allez-y, c'est bon. » Elle profita de ce changement de sujet pour couvrir la vendeuse de louanges. Elle se tortillait dans tous les sens afin de d'admirer sous tous les angles, appréciant la qualité de la coupe et des retouches. Elle accueillit la brune, un sourire diplomate aux lèvres alors qu'elle s'écartait un peu pour laisser l'autre passer. Lorsque Jaehee entreprit ses vérifications, la blonde en profita pour poser ses yeux de biche sur celle qui lui faisait tant d'effet, mais qu'elle ne pouvait se permettre d'atteindre. Sa vue se brouilla alors de nouveau, elle tenta de se maintenir en place, mais les vertiges reprirent de plus belle et elle n'eut d'autre choix que de se laisser choir dans les bras de celle qui devait avoir été prise de court. Rin ne sentait plus ses muscles, la tête lui tournait affreusement, elle n'arrivait même plus à s'exprimer. Son corps avait atteint ses limites, la blonde ne l'avait pas vu venir, du moins pas si tôt. Même au bord de la perte de connaissance, elle parvenait à maudire la faiblesse de l'être humain et les barrières que ces corps trop fragiles représentaient. Elle avait envie de pester, de crier qu'on la laisse tranquille, que ce n'était rien et qu'elle se remettrait d'ici quelques minutes. Mais elle resta clouée au sol, dans l'incapacité de formuler ne serait-ce qu'un un mot, la tête chancelante et les bras ballants.

Paroles sèches et sans doute beaucoup trop froides, elle se l'était permis, celle qui en temps normal se refreinait pourtant de ne prononcer inepties et divagations. Mais elles en étaient là, à vouloir tout juger de leurs prunelles, alors qu'elle savait que ce n'était en rien de la méchanceté. Alors satisfaite d'avoir hausser doucement la voix pour rétablir des vérités auxquelles elle tenait, envie de ne pas la voir se méprendre sur ses actes et ses gestes; car les étoiles voulaient pouvoir briller dans le néant des prunelles inanimées. "Bien alors nous sommes d'accord sur ces points-ci. Affaire conclue. Puis de toute manière cela ne risque pas de se reproduire. N'ayez crainte." qu'elle répondit alors en de fines lèvres, tandis que la blonde se jouait de mots beaucoup trop habiles pour sortir de cette situation délicate. Non pas qu'elle ne voulait pas chercher à l'embêter un peu plus, mais elle se satisfaisait elle, de pouvoir lui démontrer qu'elle n'était pas simplement qu'une brebis esseulée et sans caractère. Loin de là. Pantin aux articulations rouillées, qui se désagrégeaient encore et encore, sous les illuminations d'un caractère beaucoup trop étrange. Beaucoup trop irrégulier.

Et elle la laissa se changer correctement, celle qu'elle aurait voulu combler de ces tissus blancs qu'elle avait modeler de ses doigts. Mine qu'elle avait trouvé pourtant grisâtre, sous ces cabines beaucoup trop étroites. "Hmm...Je vois alors. En semaine cela me convient parfaitement alors. Je finis assez tard en général. 18h. Pour un café cela fait un peu tard vous ne trouvez pas ?" Invitation presque déguisée à dîner, alors qu'elle trouvait cela ainsi plus logique que de s'inventer des prétextes déjà bien ridicule. Elle n'y voyait rien d'autre qu'une nouvelle rencontre, et ce n'était pas cela qui la retiendrait pourtant de vivre un peu. "Je vous laisserais choisir le jour, mais du coup cela se fera en soirée, selon vos disponibilités. Si cela bien sûr vous conviens." Car elle était sûre que la jeune femme ne pouvait dans tous les cas pas refuser de remplacer un café par un dîner. "Et vous me paraissez bien sûre de vous sur ce que vous affirmez." Confiance qu'elle ne possédait pas, et que personne ne pouvait observer sur les traits de poupée qu'elle possédait. Et sous le son de sa voix, elle ne pouvait être que fière de pouvoir observer son œuvre enfin délivrée, se retournant alors pour venir y poser ses pupilles dilatées. Poses que prenait la jeune femme, alors qu'elle se permit de vérifier ses coutures de son coutures, ou encore d'observer que les retouches qu'elle avait pu apporter lui convenaient à ravir. "Tout est parfaitement en place, et cela vous va beaucoup mieux qu'avant je dois dire. Et je suis donc ravie que cela vous plaise." Sincère, et elle l'osait le lui dire, tandis qu'elle se releva tout doucement pour venir saisir doucement l'un de ses calpins et y annoter quelques notes. Fierté qu'elle ne pouvait que ressentir sous les sourires de celle qui semblait convaincue de ce qu'elle semblait essayer.

Mais tout vacilla, tout trembla sous ses doigts alors que son visage se reposa sur la fine silhouette vacillante, bras qui l'encercla dans une incompréhension totale de la situation. "M-Madame ?!" Ô qu'elle essaya de ne pas flancher sur le sol sous le poids de la jeune femme et sous sa faiblesse complète. Dos qui flancha légèrement alors qu'elle tentait de la soutenir, elle tenta de la faire s'asseoir sur le banc de la cabine pour ne pas succomber, sortant simplement de la cabine pour récupérer sa bouteille d'eau et venir s'accroupir sous le visage livide de la blonde. Légère panique, qu'elle essayait de camoufler sous son calme et ses airs sévères. "Madame Jeong ! Comment vous sentez-vous ? Tenez buvez juste un peu d'eau." qu'elle vient alors l'aider à boire s'il le fallait, venant poser sa main sur son front. Réaction de survie, alors qu'elle n'était pas aveugle face à ses airs beaucoup trop épuisés. Car elle en avait déjà connu ce genre de sensations, elle savait ce que cela pouvait mal se dérouler si personne ne s'en occupait. "Vous vous rendez compte que vous êtes épuisée ? Et vous pensiez aller loin comme cela ? Ne bougez plus. Et restez ainsi. De toute manière je ne vous laisse pas repartir dans cet état.", qu'elle prononça avant même d'aller chercher une serviette humide, et discrètement revenir dans la cabine pour éviter les cohues de personnes, et simplement venir doucement rafraîchir son visage. Car elle ne bougerait pas, du moins jusqu'à ce qu'elle puisse se redresser, jusqu'à ce que ses opales ne reviennent se figer dans les siens.

Lorsque la volonté ne suffit plus il faut savoir s'avouer vaincu, mais Rin dans son entêtement habituel ne parvenait pas à lâcher prise, jamais, et elle se battait contre ses faiblesses, ne voulant pas se laisser briser par ce genre de futilités. C'était peut-être là sa seule preuve de bêtise, elle qui d'habitude se vantait d'être si intelligente, voilà qu'elle se retrouvait dans un état pitoyable et face à celle qu'elle aurait voulu l'impressionner qui plus était. Quelle situation embarrassante, elle n'avait pas d'autre choix que de s'en remettre aux soins de la vendeuse désormais, même si l'idée ne lui plaisait pas du tout, car elle avait horreur qu'on s'occupe d'elle la blonde, paradoxalement. 


Elle reprit légèrement conscience, tenta de se redresser, mais fut bien vite arrêtée par Jaehee qui se mit à lui ordonner de rester ainsi. Tel un enfant qu'on réprimande, Rin geignit, mais ne répondit rien, car elle savait pertinemment qu'elle allait trop loin. Tête de mule, elle avait horreur de s'avouer vaincu, mais que pouvait-elle faire ainsi disposée ? Un malaise, ce n'était pas si grave au final, juste un inconvénient. Elle obéit tout de même à celle qui disparut derrière le rideau, se redressant quelque peu avant de se relâcher, par manque de force. Aerin n'avait jamais été aussi épuisée, elle ne comptait vraiment pas réitérer l'expérience et ferait ainsi plus attention la prochaine fois, maintenant qu'elle connaissait les limites de son corps. Il lui avait fallu un aller-retour pour New York et une demie journée pour en arriver là, un bien faible bilan. Elle blâma Yeseul pour l'avoir forcée à le suivre dans ses épopées nocturnes de l'autre côté du globe. 

Lorsque Jaehee réapparue, Aerin redressa son regard cerné vers elle. Elle avait la sensation qu'un tambour résonnait dans sa tête alors qu'elle tentait en vain de retrouver le contrôle de son corps. Elle n'avait pas envie de se retrouver à l'hôpital, pas aujourd'hui, elle avait d'autres chats à fouetter. Mais enfin, que comptait-elle faire dans cet état-là la blonde ? De toute évidence, il fallait qu'elle se repose. Elle n'eut même pas la force de sursauter lorsque la brune posa la serviette fraîche sur son front. Elle se laissa faire docilement, baissant le regard alors qu'elle paraissait soudainement si vulnérable aux yeux de la vendeuse. 

Elles durent attendre un moment avant que Rin retrouve partiellement ses fonctions cérébrales. Elle se redressa en s'appuyant sur son bras alors qu'elle venait retirer le linge mouillé de son front. « C'est embarrassant. » Parvint-elle à murmurer, un faible sourire se dessinant sur son visage trop pâle. « Je-je pense que je vais appeler mon assistante. Vous pourriez me passer mon sac s'il vous plaît ? » Elle tendit son bras lourd qui retomba mollement à ses côtés. Une grimace tordit son visage marqué par la fatigue, elle soupira et ferma les yeux. « Ou peut-être pourriez vous le faire pour moi ? » Incapable de se débrouiller seule, une image bien pathétique qu'elle n'assumerait probablement jamais. Elle était tout de même reconnaissante envers Jaehee qui s'était retenue d'alerter toute la boutique.

Panique dissimulée sous son calme apparent, pour celle qui ne connaissait cela que trop bien, les crises et malaises sous les pressions soudaines. Car elle n'en avait fait que beaucoup trop, car elle se souvenait encore de ces moments où elle suffoquait, de ces passages à blancs sous les yeux de démons affamés. Alors elle patienterait le temps qu'il faut, la demoiselle aux airs frigides, car elle savait que le repos était plus que nécessaire, et que la jeune femme ne devait tout simplement plus bouger. Et au vu de son tempérament de feu, il serait sans doute compliqué de la faire rester en place, même au vu de son état. Du moins elle adorerait ne pas avoir à hausser plus la voix qu'elle ne l'avait fait. Ce n'était pas son genre, et elle n'allait pas non plus la laisser seule dans cette pauvre cabine où l'air manquait.

La laissant se redresser, veillant à ce qu'elle reste bien calée contre le mur, elle continua pourtant de venir sagement rafraîchir son visage, comme pour le réveiller un peu, comme pour la faire se sentir simplement mieux. Rien de bien compliqué, mais important selon elle. Car tout pouvait dépendre du confort ressenti sur le moment. Paroles prononcées, geste qui lui fit arrêter ses manœuvres, elle l'observa alors patiemment d'un vague air inquiet. "Ne vous en faites pas. Il y a bien plus important que votre embarras immédiat. Votre santé." qu'elle prononça sérieusement tandis qu'elle se redressa en hochant la tête. Quitte à être utile, autant abréger les souffrances de la blonde en mettant fin à cette visite si délicate. "Je vais l'appeler. Eviter de bouger hmm ? Reposez-vous juste un peu." qu'elle lui recommanda alors avant de s'emparer de son téléphone, sous ses gestes si faibles. Elle voulait la préserver, et ne surtout pas la faire se déranger pour un appel. Alors sans tarder elle s'empara de son téléphone, essayant de trouver le numéro de cette fameuse assistante. Et elle n'eut qu'à doucement élever la voix, en se présentant calmement à celle qui promit d'arriver dans les plus brefs délais. Remettant en ordre les affaires de sa clientes, la noiraude revint alors à ses côtés en un faible sourire.

"Elle arrivera bientôt. Vous voulez que je vous aide à vous changer ? Ou alors vous pouvez rester ainsi, ce sera sans doute plus aisé." Affirmation qu'elle ne lui laissa pas le temps de réfléchir tandis qu'elle soupira un grand coup. Car elle ne comptait pas la laisser bouger d'un doigts, celle aux prunelles qui s'étaient activées à faire en sorte que tout soit plus facile pour la jeune femme. "Cela fait combien de temps que vous ne vous êtes pas reposée complétement ? Ce n'est pas sérieux...vraiment...Vous devriez faire plus attention à vous." Conseil qu'elle lui donnait, car elle n'aimait pas voir ses clients dans de telles positions, ou peut-être était-ce seulement car il s'agissait de celle qui avait réussie à la faire se dégager de son masque de verre. Alors il n'y avait plus qu'à attendre avec elle, et s'assurer que tout aille bien durant ces quelques minutes. Aussi simple que cela, et elle, ses yeux ne dériveraient pas de cette pale figure si fragile en cet instant.

Ô que les phalanges se crispèrent sous l'amas de frustration qui torturait ses entrailles lorsqu'elle écoutait l'autre parler. Elle n'aimait pas ça du tout, la blonde, lorsqu'on prenait des airs supérieurs pour lui reprocher ses choix de vie. Elle avait du culot de penser ça, alors qu'elle-même agissait de la sorte avec le reste du monde, mais elle n'était pas le reste du monde, Jung Aerin, non, elle se plaçait au-dessus, l'égocentrique. Elle était tout de même soulagée d'apprendre que son assistante ne tarderait pas, car la situation, malgré les paroles de la brune pour tenter de dissiper le malaise, n'avait pas fini de l'embrasser. Quiconque la connaissait assez rirait d'elle sur le moment, car elle ne supportait pas d'être plus basse qu'une autre, l'entrepreneuse, et sa compétitivité généralement inappropriée n'avait pas fini de titiller ses pensées. Grognement d'indignation, elle se laissa finalement aller, détendant ses muscles pour récupérer plus vite. « Non, je ne veux pas abîmer la tenue, passez-moi la barre de céréale dans mon sac, ça devrait me remettre sur pied. »

Une fois le bâtonnet croustillant dans ses doigts, elle se força à manger, même si l'envie désagréable de vomir la prenait à chaque bouchée. Elle écoutait les paroles de la vendeuse tout en mâchant sa nourriture, son regard planté dans les prunelles de celle qui la réprimandait, à la manière d'un gosse qu'on a démasqué. « Mh, j'dirais deux jours et une nuit... Mais c'est normal dans notre société non ? » Non, rien n'était normal là-dedans, et elle le savait, mais lorsqu'il s'agissait de défendre ses intérêts, tout devienait étonnement acceptable, une bien pauvre engagée la demoiselle. « Ne vous en faites pas pour moi, j'ai survécu à pire. » Elle tenta de détendre l'atmosphère, de rassurer la brune, sans chercher à lui coudre la bouche, pour une fois, mais Rin, toujours shootée par le manque de sommeil, révélait un côté plus doux d'elle. « Je ne serais pas où je suis en ce moment si je m'étais laissée vaincre par la fatigue.» Les pensées vagabondèrent, retraçant le parcours qu'elle avait dû surmonter pour se hisser au sommet, et il lui restait pourtant tant de paliers à atteindre, avant de pouvoir finalement se poser. Elle fonctionnait comme une machine la blonde, exécutant les tâches jusqu'au court-circuit.

Le biscuit terminé, Rin tendit sa main vers la vendeuse pour qu'elle la saisisse. « Aidez-moi à me redresser, je pense que je vais pouvoir me changer. » Une fois assise, il lui fallut un moment pour que le sol s'arrête de tourner. « En fait, je pense que je vais avoir besoin d'un coup de main. » Et l'idée d'être déshabillée par la sublime créature ne lui déplaisait pas, à celle qui n'oubliait jamais de profiter des moindres situations. Peut-être était-elle pire que celui qu'elle avait corrigé plus tôt, mais elle au moins, savait rester subtile et discrète. Elle commença par défaire les boutons de son blazer, puis elle le retira avec l'aide de Jaehee, le courant d'air frais caressant sa peau laiteuse la faisant frissonner. Elle laissa alors l'autre s'occuper de la rhabiller correctement, devenant poupée pour celle qui aimait jouer avec les tissus. Son regard s'était attendri, elle avait les sourcils froncés et les lèvres pincées par la concentration, ne ressemblait soudainement plus à la Lionne féroce de d'habitude, mais plutôt au chaton tout mignon qu'on venait de nourrir au biberon.

Et  elle se mêlait sans doute de ce qui ne la regardait pas, celle qui de ses longues mèches noires essayait de bien faire. Mais elle n'était pas douée, elle n'était pas des plus délicates, tandis qu'elle ne put que venir lui donner cette fameuse barre qu'elle avait tenté de trouver dans son sac. Ô elle ne ferait pas de commentaire, celle qui trouvait cela déplorable de finir dans cet état pour un travail. Peut-être ne devait-elle pas essayer de s'inquiéter pour rien, mais elle était ainsi, celle qui d'une douceur bien étrange finissait par redescendre tout doucement de ces idées néfastes pour s'occuper de la blonde. "Ne vous forcez pas, je vous aiderais dans ce cas." Pourtant sa voix ne s'était arrêtée qu'à de simples réprimandes, car sans doute fallait-il lui rappeler à quel point la santé passait en premier. La jeune femme n'avait sans doute plus besoin de se donner corps et âme jusqu'à l'épuisement selon elle : car la reconnue était déjà là, et que les efforts avaient payés en réalité. "Je ne vois pas en quoi cela est normal....de ne pas faire attention à sa santé..." qu'elle prononça alors d'un voix bien plus douce sans lui reprocher quoi que ce soit. Car au final, elle ne pouvait pas juger, celle qui faisait par moment la même.

Regard qui se planta doucement sur le visage de sa cliente, elle se mit légèrement à sourire, haussant les épaules alors qu'elle ne savait pas réellement pourquoi elle s'inquiétait pour si peu sans doute. "Sans doute...Ce n'est pourtant pas une raison hmm ? Et je pense que justement, puisque vous en êtes arrivée là, vous méritez de vous reposer un peu plus. Je ne vous dis pas d'arrêter de travailler...De juste prendre une légère pause." qu'elle tenta de la convaincre, car selon elle ce n'était qu'ainsi qu'elle pourrait parvenir à ses objectifs. "Je pense que vous avez encore beaucoup à accomplir, et si vous voulez y parvenir...Il faudrait...tenter de vous ménager, sur certaines choses...Enfin de toute manière je ne suis personne pour vous dire comment vous devriez agir." Et elle voulait le lui rappeler, car sans doute ne voulait-elle pas subir ses foudres ou l'énerver. Mais c'était un instinct, quelque chose qui ne pouvait parler que quand elle se sentait sans doute un peu paniquée. Alors prenant délicatement sa main de la sienne pour l'aider à se relever, elle tenta d'y aller doucement pour la stabiliser, sans pour autant la brusquer trop dans ses mouvements. Faire attention à tout, et encore aux légers gestes plus que maladroits.

"De toute manière...Je ne comptais pas vous laisser vous débrouiller seule alors que vous tenez à peine debout...Alors je m'en occupe hmm ?" Venant ainsi l'aider à ôter les quelques tissus blancs qui ornaient la peau de la jeune femme, gardant la tête froide et les yeux polis. Car elle n'était pas ce genre de personne qui se laissait aller aux suggestions d'un esprits beaucoup trop pur. L'habillant alors de ces anciens vêtements, d'une douceur et politesse qui la qualifiait dans tous les temps, elle fit attention à ne pas effleurer sa peau, tout en ajustant correctement sa tenue pour lui donner fière allure. "Et voilà. Je vais vous emballer la tenue d'accord ? Vous voulez me suivre ? Je pourrais vous installer dans la salle de repos. Nous avons un canapé si vous voulez attendre là-bas... Cela vous éviterait de devoir rester debout." qu'elle lui proposa tendrement, alors qu'elle pliait délicatement les tissus qui appartenaient à partir de maintenant à celle qui se tenait en face d'elle et qu'elle tenait à l'œil pour ne pas qu'elle ne se force, en attendant celle qui la raccompagnerait. "Je pourrais aussi vous offrir un thé en attendant pour que vous teniez le coup." qu'elle lui proposa, en venant la guider doucement vers l'extérieur de la cabine, car ne savait-on jamais : tout pouvait arriver si la patience n'était pas de mise.

Et la vendeuse lui rappela l'essentiel une nouvelle fois, commentaires qu'elle ne souleva pas vraiment, car ce discours, on le lui avait tenu trop de fois sans que cela ne change quoi que ce soit au rythme de son travail. Délicate attention de la part de la brune, elle nota la chose dans un coin de sa tête, mais la fatigue l'empêchait de réfléchir à une autre phrase d'accroche, alors elle se laissa déshabiller habilement par celle qui savait ce qu'elle faisait, celle qui ne bronchait toujours pas malgré les tentatives vaines de la blonde pour tenter de l'attirer dans les mailles de son filet. « You are something else, Seon Jaehee... » Murmura-t-elle dans sa langue natale avant de lui adresser un sourire à travers le miroir. Une fois de nouveau couverte, elle tourna son minois vers la jeune femme tandis qu'elle reprenait la parole pour lui suggérer une banquette et une tasse de thé. Aerin fit mine de considérer la chose, perdant son regard dans le vide avant de hocher mollement la tête. « Faisons ça oui. » Et elle la suivit dehors, prenant appui sur son épaule délicate alors que la salle semblait affreusement tourner.

« Je devais passer à l'agence après avoir récupéré la tenue, je pense que c'est raté. » Commentaire inutile visant à détendre l'atmosphère, elle ignora les regards curieux de ceux qui les voyaient sortir ainsi, réprimant le sourire qui menaçait de s'étirer sur ses lèvres rosées. Elles atteignirent alors le canapé dont Jaehee avait parlé, et Rin se laissa tomber. Elle se réceptionna correctement sur l'assise moins moelleuse qu'elle l'avait imaginé, grimaçant à l'impact inattendu de son fessier sur le coussin dur. « Je vous remercie, tout va bien, pas de soucis. »  Et lorsque l'autre s'éloigna pour aller chercher du thé, Rin attrapa son sac pour en sortir son chéquier. Elle tira également un joli stylo sa poche de manteau avant de se mettre à remplir le coupon. « Bien, dites moi combien je vous dois. » Demanda-t-elle à celle qui revenait, la remerciant une deuxième fois pour la tasse gentiment préparée. « Je suis navrée d'avoir été liée à tous ces rebondissements de situation aujourd'hui, et j'espère que vous ne resterez pas affectée par mes humeurs, ou celle des autres clients. Je vous ais vue à l'œuvre plusieurs fois, je sais que vous êtes quelqu'un d'extrêmement appliqué, c'est rare de nos jours, et très agréable.» Car elle ne perdait pas l'objectif de vue la féline, mais elle se sentait également, étrangement coupable pour ce qui s'était passé aujourd'hui, et la belle ne se sentait que rarement coupable. Une fois la somme indiquée, elle se leva dans le but de lui tendre le coupon, mais elle dût rapidement retrouver le sofa, un mal de tête aiguë la prenant subitement. « Pfiou, je crois que je suis plus affectée que ce que je pensais. »

Regard qui s'était attendri sous la pale figure de la jeune femme, paroles prononcées comme si elle ne comprendrait sûrement pas, elle ne put que dessiner un fin sourire sur ses lippes pour finalement secouer la tête. Habits correctement remis, sur ce corps fin qui présentait sous ses yeux, elle laissa ses prunelles se poser sur ce sourire qu'elle pu apercevoir, la faisant doucement se détendre au fur et à mesure. Car combien de fois avait elle cessé d'exprimer cette froideur envers ceux qui l'entouraient ? Aucune idée, pour celle qui ne savait plus quoi faire de cette muraille fissurée. Alors proposition faite, sous les jougs d'une impuissance complète, elle ne put que la guider vers un lieu bien plus calme : là où elle n'aurait plus à supporter les regards de clients ou de vendeurs. Léger regard vers elle, la noiraude hocha la tête en souriant vaguement. "C'est préférable effectivement de ne pas trop vous fatiguer en rentrant.", qu'elle murmura doucement avant de simplement l'observer sur ce canapé sans vie à l'assise bien trop désagréable. Mais c'était mieux que rien, et il fallait dire que ce n'était qu'un passage rapide dans cette salle. S'assurant que la jeune femme était bien installée, thé en préparation de ses douces mains, elle emballa doucement les vêtements blancs dans une tulle blanche avant de les faire glisser dans un sac aux traits bien épurés de la marque. Travail fait, pour vaquer aux risques des myocardes.

"Hmm ?", qu'elle se retourna avant de la voir tenir entre ses mains un stylos et un chèque, alors qu'elle posa tout doucement la tasse fumante aux devants de la blonde, elle lui glissa juste à côté le bon de commande pour la tenue. Car énoncer le prix en serait parfois presque indécent selon elle. Et les opales se relevèrent pour caresser son visage, elle secoua tout doucement la tête. "Ne vous en faites pas...C'était juste plus animé que certains jours je vais dire. Et...Je vous remercie...Même si c'est ainsi que nous sommes censé être...", qu'elle commença tout doucement avant de se frotter un peu le visage. "Puis je dois dire que c'est mon rôle de vendeuse d'être aimable." Triste réalité, alors qu'en vrai elle était beaucoup trop impassible pour ceux qui l'entouraient. Tellement qu'ils devaient sans doute la trouver ennuyeuse : ce qu'elle était, forgée par une famille qui n'y voyait qu'un trésor de guerre.

Se penchant pour récupérer l'argent sans même y jeter un regard, confiance ultime, elle préféra doucement surveiller ses faits et gestes pour s'assurer que tout allait parfaitement bien. "Ne faites pas de mouvements brusques hmm ? Je ne sais pas combien de temps vous aurez à attendre mais je pense que ça ne saurait tarder..." qu'elle essaya de faire passer le temps, alors qu'elle était sans doute beaucoup trop nulle pour ça, celle aux conversations inutiles. "Autrement...Je suis sûre que vous serez ravissante dans votre tenue. Puis...On se revoit bientôt pour convenir d'une soirée n'est-ce pas ?", qu'elle prononça doucement comme pour essayer de détendre un peu l'atmosphère, celle qui n'était absolument pas douée pour cela. Car elle savait faire bien des choses, mais la conversation n'était pas son fort. Même si elle espérait que la jeune femme se repose : rétablissement demandé comme pour s'assurer que cela ne se reproduirait pas, que tout irait bien mieux lors de leur prochaine rencontre. Pour les étoiles qui orneraient leurs prunelles, sous les jougs des illuminations.

Montant réglé à l'aveuglette, elle ne se préoccupait même plus du nombre de zéros, réalité signifiante de sa vie bien menée. Et pourtant ça n'était pas toujours le cas, non, il fut un temps où les Jung devaient se contenter du minimum. Peut-être que la vie était mon compliquée lorsqu'on y repensait. La famille serait probablement restée plus soudée sans l'ombre d'un héritage planant au-dessus d'eux. Mais Rin n'y pensait que rarement, car elle estimait avoir gagné sa place dans l'entreprise, tout comme son père avait du la bâtir. La céder à son frère serait contraire à leurs valeurs. Non, Aerin ne regardait plus les zéros lorsqu'elle achetait quelque chose, et c'était là le résultat d'années de travail acharné. On aurait pu mettre ça sur le dos de sa précocité, mais la blonde se fermait a toute forme de débat concernant l'essence de son intelligence.

La tenue récupérée, Rin remercia la jeune femme pour ça et pour le thé. « C'est, en effet, comme ça que vous devriez tous être, mais ça ne fait pas de cette vérité une réalité. » Et elle recommençait, dans son jugement inconscient, opinion qu'elle partageait toujours sans penser au poids de ses mots. Pourtant, la blonde ne voulait pas paraître méprisante, elle était simplement d'accord avec la vendeuse en face d'elle. Elle lui adressa d'ailleurs un regard approbateur avant de saisir la panse de la tasse qu'elle amena à ses lèvres, prenant garde de ne pas se brûler tandis que de sa main libre, elle glissait le chèque sur la surface lisse du meuble. Elle s'amusa de cet échange trop cordial après les mésaventures qu'elles avaient pu connaître derrière les rideaux. C'était comme si rien ne s'était passé, comme si Rin ne venait pas de s'effondrer dans la cabine. Enfin jusqu'à ce que Jaehee lui rappelle de faire attention. « Ça va aller ne vous en faite pas. Je ne voudrais pas vous retenir, vous avez sûrement mieux à faire que de rester à mes côtés. Je pense pouvoir m'occuper de moi-même à présent, merci pour tout. » Et c'était presque ironique de l'entendre dire ça, car si elle s'était écoutée il y a longtemps qu'elle serait retournée travailler. « Je suis certaine que votre travail et la qualité de votre enseigne sera reconnu auprès de mes paires. » Et elle pouvait rêver, l'entrepreneuse, car ceux qui lui servaient de collègues n'étaient que des abrutis incapables de voir par-dessus les vêtements. Mais tant qu'elle faisait bonne impression, alors c'était suffisant.

« Je me souviens vous avoir donné ma carte, mais je n'ai jamais eu l'occasion de vous demander votre numéro, si je ne m'abuse. Ça sera plus simple, je pense pour convenir d'une date. » Voilà qu'elle revenait à la charge la blonde, n'oubliant pas l'important. C'est avec un sourire taquin qu'elle tendit son portable à la jeune femme pour qu'elle y inscrive ses coordonnées. Jaehee lui avait laissé une bonne impression, même si les choses ne menaient nul part elle souhaitait pouvoir au moins nouer une relation amicale et la garder dans ses contacts. Elles n'eurent pas le temps d'échanger plus longtemps, l'assistante d'Aerin passa les portes du magasin avec précipitation, le visage visiblement angoissé par l'idée de retrouver sa patronne inconsciente. « Minji right here ! »L'appela-t-elle avant de finir sa tasse et de récupérer ses affaires. Elle se tourna une dernière fois vers la brune et lui adressa un clin d'œil avant de reporter son attention sur la plus jeune qui s'occupait déjà de la débarrasser de son sac. « Aish, c'est bon, je peux porter ça au moins ! » Chuchota-t-elle alors qu'elles se disputaient le sac de la tenue. Il y avait des moments où Aerin redevenait la jeune femme qu'elle était supposée être, celle qui voulait absolument garder le sac de fringue qu'elle venait d'acheter pour aucune raison, juste parce qu'elle était contente de remplir son dressing.

Rapidité déconcertante à laquelle elles avaient réglé le prix de la chose : comme pour ne pas s'attarder aux chiffres écrits, la noiraude restait tout simplement discrète, dans ces paroles qui pourraient être aperçues comme malpolies. Ô mais on le lui avait fait apprendre de nombreuses manière de gérer ses clients, mais l'amitié ne devait pas se rajouter au lot. Perdu, pour celle qui tentait toujours de rester impassible, quoi qu'il arrive. Ironie sans doute pour se venger d'elle-même qui avait toujours réussi dans tout ce qu'elle entreprenait. Pourtant elle souriait vaguement, sous les remarques douteuses de la blonde. Il est vrai qu'elle n'était pas des plus sociables, elle, mais elle essayait de ne pas trop paraître indifférente aux autres : alors qu'elle en était incapable. Inexpressivité qui lui collait à la peau, qui le détruisait un peu plus. "Il est vrai qu'il est parfois compliqué de garder la tête haute quand on tombe sur des clients qui se veulent bien secs. Mais il n'en reste pas moins que vous avez raison.", car elle ne pouvait tout simplement pas nier le fait que les vendeurs se devaient être cordiaux. Venant discrètement ranger le chèque, ne s'y attardant pas, elle s'inquiétait tout de même : il ne fallait pas en douter, car malgré ses airs froids et distants, la jeune femme savait faire la part des choses. Elle essayait simplement de faire bonne figure.

Tête se secouant tout doucement, regard qui se plissa légèrement, elle se permit d'esquisser un fin sourire alors qu'elle ne comptait pas sortir d'ici : en aucun cas. "Et bien vous m'en voyez désolée mais je me dois de rester ici jusqu'à ce que l'on vous raccompagne. Ca serait complètement insensé. Surtout que qui sait ce qu'il vous passe par la tête hmm ?" qu'elle commença tout doucement avant de l'observer distraitement. "Si vous vouliez vous débarrassez de moi c'est raté. Mais je vous remercie pour vos compliments." Elle ne savait pas quoi en penser, car de toute manière elle ne cherchait plus à faire de bénéfices. Tout était bien trop suffisant pour elle, qui n'appréciait pas du tout ce genre de boulot. Vendeuse ? Elle aurait préféré éviter, car elle ne savait déjà pas s'occuper d'elle-même, ce n'était pas pour en plus devoir s'occuper de personnes qui ne la comprendraient sans doute pas. Alors elle faisait semblant; illusions amères qui ne faisaient que s'imprégner dans ses pensées. Demande qui la surpris au plus au point, de ce courage qu'avait la blonde de lui demander ce genre de choses. "Vous ne perdez pas le nord dites moi." Appareil en main, elle ne put que venir y rentrer ces quelques chiffres pour garder contact. Car qui sait, peut-être que cela serait bien plus agréable qu'elle ne pourrait le penser.

Attention portée sur la fine figure paniquée qui entra dans la boutique, la noiraude s'écarta tout doucement en observant la scène, yeux se baissant d'amusement sous le clin d'œil que put lui offrir sa cliente. Ô mais tout cela l'amusait étrangement, même si au final la situation ne s'y prêtait sans doute pas. Alors se penchant tout doucement pour les saluer, elle ne put que prononcer quelques derniers mots, pour ces heures si longues. "Veillez à bien rentrer et à la faire se reposer." Demande cordiale et polie, alors que sans doute pensait-elle réellement à ces mots si confus dans sa tête. Alors elle la laisserait s'en aller sous ces quelques phrases. Responsabilités, ou tout simplement inquiétude : il y avait sans doute un peu des deux, un peu de tout, mais qu'importe, au final, car cela ne devait pas perturber son travail. Alors elle essaierait de garder la tête froide jusqu'à leur prochaine rencontre, jusqu'à cette date inconnue qui ferait sans doute des étincelles. Car elle n'aurait pas à se retenir, ce jour là, elle pourra jouer, de ces mots si fades dont elle avait l'habitude : qu'on lui attribuait. Etoiles sans vie, sous les prunelles livides et incolores.