La peur lui arrachait le ventre. Ses entrailles se tordaient à chaque sauts du véhicules sur les routes défoncées. Ses yeux étaient clos, tandis que ses doigts se resserraient sur son haut, comme en état de suffoquer au moindre instant. Il avait été obligé de se retrouver ici pour fuir. Un long voyage l'attendait. Il était encore jeune, sans doute l'un des plus jeune à vouloir s'enfuir d'ici. Un passeur. Ayant piqué une somme d'argent assez importante à ses parents, il avait fini par se retrouver en voyage vers la Chine, pour quitter ce pays clos. Tout pouvait rater. Tout pouvait s'effondrer au moindre problème ou arrêt. Si on le choppait , lui ou le conducteur, ils étaient foutus. Mort. Ou plutôt portés disparus. Ça passait mieux pour la population. Caché sous les sièges du véhicules, le conducteur leurs avaient assuré que tout se passerait bien, qu'il connaissait les points de contrôles sur le bout des doigts. Et en effet. Il n'eut pas besoin de s’inquiéter tant que ça, lorsqu'il reconnu le premier panneau chinois sur l'une des routes. Un trajet long et périlleux. Et pourtant. Ils faisaient partis des rares habitants de Corée du nord à s'être enfuis de cet enfer. Il n'aurait plus qu'à passer par l'un des pays frontalier avec la Corée du Sud. Sa destination finale. Complexe, et dangereux. Mais il n'avait plus rien à perdre. Plus rien. Alors autant jouer le tout pour le tout.

Rêves enfouis au plus profond de lui, enfin ouverts au monde extérieur. De la musique dans les rues parsemées d'écrans de publicité. Des gens souriant, ne semblant pas faire attention à sa mince carrure. Il passait inaperçu. Comme l'un des habitants de cette ville où il avait élu domicile après de longs mois de réhabilitation. Le ministère l'avait pris en charger. Il lui avait offert une nouvelle vie, énoncé l'histoire du pays, après de longues heures d’interrogatoire. Non, il n'était pas un espion envoyé par le pays voisin. Il voulait juste survivre. Avoir une nouvelle vie. Et cela commença par trouver un emploi. Le seul domaine verdict où il excellait, l'anglais. Ce fut dur, de se trouver un emploi. Les regards apeurés des gens en apprenant qu'il n'était qu'un transfuge. Des yeux dégoûtés. Des commentaires, des paroles ignobles. Une vague de déchaînement. Mais il trouva. A l'université de Busan. Le seul endroit qui était passé outre son statut de transfuge et qui avait accepter de le prendre pour ses réelles compétences en la matière. Un professeur de langue, de littérature, Songki était aussi calé sur les sciences. C'était sans doute cela qui avait fait pencher la balance. Il ne le criait pas sur tous les toits. Il imaginait à peine comment réagirait ses étudiants s'ils venaient à apprendre que leur professeur était coréen du nord à la nationalité du sud désormais. Tout le monde fuirait. Même ce gamin au regard de braise qui ne faisait que le chercher tous les jours.

Sa peau tirait encore de cette cicatrice dans son dos. Parfois, cette douleur le réveillait même en pleine nuit à cause des décharges qui parcourait son dos. Une blessure qui allait le hanter, et qui n'avait jamais totalement réussi à cicatriser après toutes ces années. Un passé maudit qui ne comptait pas le laisser tranquille. Ses doigts s’agrippèrent aux draps, tandis que, les larmes aux yeux, il reprenait vaguement son souffle. Crise de panique. C'était comme cela que l'on pouvait appeler ces phases de quelques minutes. Ses muscles se contractait, augmentant la tension au creux de son dos pâle. Ses jambes se recroquevillèrent, et tout recommença. Son pouls se calma. Ses yeux se fermèrent de fatigue. Puis, encore une fois, son esprit se vida plus ou moins pour lui permettre de s'endormir, en espérant que cette fichue douleur ne soit passagère. Autant éviter de devoir se la payer en allant au boulot le lendemain. La tête claire, c'était tout ce qu'il souhaitait.

Une tête familière. Une frimousse qui le faisait sortir de ses gonds de professeur. Un de ces élèves qui n'en faisait qu'à sa tête. Un étudiant thaïlandais. Un gamin, qui, malgré ses airs, n'était pas doux comme on pouvait le croire. Il le cherchait, et lui répondait. Ils se cherchaient, et, comme un jeu, ils continuaient. Personne ne s'était rendu compte de rien. Ni même lui. Ni même ce jeune homme. Bien plus qu'un simple élève. Un intérêt étrange pour lui. Une attirance inavouée sans doute. Un interdit social. Inatteignable. Il ne s'était pas imaginé plus que cette relation de jeu et d'affection déguisée en mépris. S'il avait su tout cela, il se serait arrêté bien avant. Bien avant de le chercher de lui même des yeux dans la classe. Bien avant de lui faire ces petits sourires sarcastiques. Mais il ne fallait pas croire que tout était perdu. Enfouis en lui comme la plus belle perle d'un coquillage, ils ne comptaient pas les laisser sortir, ces sentiments. La cristallisation inachevée.

I just need to live like this, I just need to breathe. I just need to be alive, why can’t I? I said it’s okay (let me free). This is better for me (let me breathe).