▬ LOVE ALARM : OFF

Des bouquins dans les mains, un café dans un creux encore disponible, il avançait dans les couloirs, comme chaque matin, essayant de rejoindre la salle des professeur. Ses cours ne commençaient pas avant une bonne heure, alors il avait de quoi faire devant lui. Professeur d'anglais. C'était ce qu'il avait décidé de faire après avoir eu son diplôme. Une occasion assez rare finalement. Une réinsertion complexe et délicate. Mais il avait voulu prendre le pari, et voilà où il en était arrivé. De longues et douloureuses années d'études, des regards en biais, des critiques désavantageuses, il avait eu le droit à la totale. Sans parler de ce manque de sommeil affligeant qui le touchait, il se considérait comme chanceux. Oui, chanceux. Il avait eu l'occasion d'avoir une nouvelle vie, un nouveau commencement. Personne n'est au courant. Et encore heureux. Il n'imaginait pas les réactions de tout ce beau monde s'il venait à s'apprendre que leur professeur d'anglais et de littérature anglaise était du nord, et non du sud. Une sorte de honte générale, ajoutée aux préjugés déplacés. Arpentant alors les couloirs, tranquillement, il saluait les quelques élèves matinaux qu'il croisait. Au contraire de bon nombre de professeurs, il essayait d'être proche de ses élèves, accessible et à leur écoute, toujours disponible pour eux. C'était sans doute son jeune âge qui lui permettait cela. Et pour autant, il parvenait à se faire respecter à sa manière, tout en restant complices avec eux. Il tentait de rendre ses cours interactifs et un minimum intéressants, histoire de ne pas perdre les gens qu'il avait en face de lui.

Ses pieds accélérèrent en voyant que ses quelques dossiers qu'il avait récupéré à l'accueil commençaient à glisser d'entre ses bras. Le noiraud se dépêcha alors d'arriver dans cette pièce secrète réservée aux professeurs avant de tout déposer sur l'un des bureaux et de saluer ses collègues. Il s'était fait quelques amis parmi eux, comme la professeure de littérature coréenne, Nayeon. Elle était assez sympathique, et ce, depuis sa venue. A l'époque, il avait encore du mal à maîtriser le dialecte du sud, et avait encore cet accent prononcé de son pays natal. Mais tout avait été balayé, et ses collègues, comme avec Nayeon avait tout simplement été bénéfique. S'installant alors, il commença alors à taper la discute avec cette jeune femme, qui lui donnait juste l'impression de le charmer à chaque fois qu'ils se croisaient. Puis, enfin libéré, il commença à analyser les copies d'élèves qu'il avait amener. Des rédactions sur l'Ecosse et son tourisme. Un peu ennuyeux, certes, mais on en apprenait beaucoup sur les différents lieux et paysages de ce pays. Commençant alors à annoter quelques une de ses copies, il avait décidé de noter le devoir de manière facultative. C'était en quelque sorte une méthode pour lui afin de savoir qui était vraiment intéressé par le sujet ou même son cours. Une sorte de suivi. Et puis, cela augmentait facilement les moyennes, c'était toujours un plus.

Bien ancré dans son boulot, il fit cependant interrompu par le proviseur, avec un élève inconnu au bataillon. Se redressant rapidement pour les saluer, il se courba un peu, observant les deux hommes en face de lui. Son regard se posa rapidement sur le plus jeune. Une tête assez mignonne, il lui semblait vraiment plus jeune que la plupart des étudiants qu'il croisait dans le bahut. "Il faudrait que vous le fassiez visiter l'établissement. Voici Ouattaiyaphon Noy, thaïlandais, qui fera à partir d'aujourd'hui parti de votre classe. J'espère que vous l'aiderez à bien s'intégrer parmi nous." furent les seuls mots que lui adressa le proviseur avant de le laisser en plan avec ce fameux Noy. Le regardant alors un peu désolé, il se frotta la nuque et rangea alors le bureau avant de s'occuper de lui. Un silence s'installa, avant que le plus vieux ne vienne enfin prendre la parole, dans son meilleur coréen possible. Il ne savait pas les circonstances, ni mêmes si cet étudiants étranger parlait coréen. On aurait pu un minimum lui donner des détails. L'invitant alors à le suivre avant un geste de la main gentil, il se mit doucement à marcher.


"Moi c'est Park Songki, professeur d'anglais et de littérature. Ça fait longtemps que tu es en Corée ?" lui demanda-t-il alors simplement.

Le visage étonné du plus jeune lui fit légèrement sourire. Et bien ce n'était pas gagné. En arrivant c matin, il n'avait en aucun cas prévu de se retrouver à faire du baby-sitting à l'un de ses nouveaux élèves. Pas qu'il n'aimait pas rester avec eux, mais on aurait juste dit qu'en ce moment même, il devait surveiller cet élève sans trop avoir eu de directive. Ah, si, lui faire visiter le bahut. C'est ce qu'il ferait, s'il savait un minimum par où commencer. Commençant alors doucement à lui montrer des endroits basiques, il se dirigea vers la zone des casiers, cet espace qu'il avait sans doute dû croiser dès la porte d'entrée. Incontournable. Il commencerait alors par le début, l'entrée. C'était plus facile pour s'y retrouver, en tout cas, c'était ce qu'il avait pensé en arrivant dans ce grand endroit. Lui aussi, avait eu du mal à se repérer et retrouver les salles. Un vrai calvaire. L'air un peu perdu de Noy le faisait légèrement sourire. Il avait l'air, malgré son air de bambin adorable, avoir un caractère assez sympathique, sans vraiment savoir pourquoi. Sans doute que le fait de se retrouver aux mains d'un type comme un professeur d'anglais inconnu n'était pas le meilleur accueil qu'on pouvait lui faire. Mais bon, il devrait faire avec.

"Alors, ici, c'est l'entrée. Tu auras un casier à ton nom, personnel, où tu pourras faire un peu ce que tu veux avec. On ne les contrôle pas, donc n'hésite pas à t'en servir, d'accord ?" lui-dit-il en arrivant sur les lieux.

Clignant des yeux pour voir si ce dernier l'écoutait, il pencha un peu la tête, sans vouloir s'attarder sur des lieux aussi nuls et inintéressant. Il aurait aimé savoir le domaine dans lequel étudiait son nouvel élève. Malgré ses airs de profs de littérature, Songki était également calé en science, et regroupait dans sa classe un peu de tout. Scientifiques ou littéraires, il était un professeur général pour toutes les sections ayant besoin de cours d'anglais dans leur programme. Et sur ces mots, il commença à avancer un peu plus dans le bâtiment, en espérant ne pas perdre mentalement le thaïlandais.

▬ love alarm : off

Le casque sur les oreilles, Noy pencha la tête en regardant le bâtiment en face de lui. Un sourire moqueur étira ses lèvres. Alors, ce serait là qu’il allait devoir déverrouiller la clé de son problème qui vaut des milliards ? Franchement, pour l’université de la ville la plus développé en technologie, il s’était attendu à un truc un peu plus grandiose. A la place, c’était juste blanc. Et symétrique. Noy aimait bien ça, la symétrie. C’était rassurant. Tout comme avoir une ligne bien faite sur une feuille blanche. Droite, rectiligne, sans bavure de crayon. La perfection en somme. Que seules les mathématiques pouvaient posséder. Le reste, ce n’était que fadaise. La physique : un essai pour expliquer le monde au plus idiot. Les sciences de la terre : seraient-ce seulement de véritable science ? Ou alors, il faudrait reformuler les mathématiques. Créer leur propre univers. Car, et c’est bien cela que les physiciens et autres chimistes n’ont pas compris, les maths sont les secrets de l’univers.

Gardant son air suffisant sur le visage, il s’engouffra dans les couloirs. On avait forcément dû annoncer sa venue. Il s’agissait sans doute de la première fois que cet établissement tout neuf et tout beau recevait un élève de sa trempe. D’ailleurs, à peine le pied posé sur le sol lisse du hall, un homme – qu’il déduit comme directeur – s’avança vers lui, s’inclinant poliment dans sa direction. Le premier reflexe de Noy fut de joindre les mains pour lui répondre. Et le léger sourire, légèrement agaçant, que lui renvoya l’individu lui indiqua très clairement qu’ils n’allaient pas s’entendre. S’il croyait le plus jeune assez idiot pour ne pas avoir compris son regard indiscret, il se fourrait le doigt dans l’œil jusqu’au coude. Mais le plus petit ne dit rien. Il en aurait été bien incapable de toute façon. Après tout, il était complètement ignorant de la langue du pays, n’ayant même pas pris la peine de l’apprendre durant ses deux petites années à l’université. Et personne n’avait songé un seul instant à le lui enseigner. Quelle bande de débiles.

Suivant l’homme dans les couloirs, il regarda tout autour de lui, observant chaque couloir avec circonscription. Ce n’était pas particulièrement déplaisant d’être ici. Si ce n’est que la présence à ses côtés l’ennuyait fortement. Sa musique résonnait encore dans son casque baissé sur son cou. Sa politesse, il pouvait se la mettre là où il pensait. Non mais ! Pourtant, il fut obligé de le ranger en rentrant dans une salle remplie de ce qui devait être des professeurs. Ah d’accord. Donc en fait, le vieux se débarrassait de lui pour le mettre dans les pattes d’un autre vieux. Okay, cool ! Franchement, un court instant, il se dit qu’il devrait peut-être retravailler sur ses propres manières de penser. A la limite, il pouvait jurer autant qu’il voulait dans sa tête. Mais s’il pensait trop fort, cela allait activer sa langue. Même s’il était quasiment sûr que personne ici ne comprendrait un traître de ce qu’il dirait. Tout comme lui ne comprenait strictement rien.

Ce qui le frappa en premier avec l’homme qui apparut devant lui fut sa taille. Noy fut obligé de lever la tête, la basculant quasiment en arrière, pour pouvoir apercevoir ses yeux. Ah bah d’accord. Génial. Déjà qu’en Thaïlande, il se sentait petit et pas particulièrement appréciable physiquement, ici, on pouvait dire qu’il était reléguer au « petit mignon ». Littéralement. Cet homme, qui qu’il fut, dégageait un aura transcendant qui en fit frissonner Noy. Mais il n’en montra rien, le regardant simplement comme il pouvait. Et puis là ! paf ! le directeur qui s’éclipse comme si c’était la chose la plus normale du monde. Mais lui, il n’avait absolument rien compris. Sauf peut-être qu’apparemment, il devait suivre le grand monsieur. Ses mains s’accrochèrent aux lanières de son sac en lui emboitant le pas. Se perdant dans la contemplation de son profil, il cligna des yeux de surprise en l’entendant parler. Hein ? Qu’est-ce qu’il venait de lui dire ?

« I don’t… speak korean. Just a little english. »

Ah, et en plus son accent ressortait comme pas possible. Il aurait bien aimé lui dire de répéter sa question, mais il n’en avait de un, aucune envie, et de deux, aucune capacité. C’était quoi déjà ? Un truc avec des verbes irréguliers non ? En tout cas, ils n’allaient pas allé loin. Ils ne passèrent pas différent couloir. Et même si Noy tentait de savoir où est-ce qu’ils se trouvaient, il avait dût mal à déchiffrer un alphabet qui n’était pas le sien. Mais pourquoi est-ce qu’il n’y a rien en thaïlandais ici ?! C’est dingue ! Seules les applications possédaient des paramètres de langues. Mais ces panneaux d’indications là ! En coréen ou en anglais ! De quoi le perdre pour toujours. Commençant sérieusement à en avoir sur le système, il fronça des sourcils en le regardant parler des casiers. D’ailleurs, il ne comprit que lorsqu’il vit la rangée de casier. Un court instant, il se demanda s’il s’agissait des mêmes que dans son ancienne école. Il avait le droit d’y mettre tout ce qu’il voulait, tant que cela respecter les règlements de l’école. Mais ils étaient vérifiés à chaque « pause ». Si tant est que cette semaine tous les trois mois de non-classe soit une « pause ».

Puis l’homme – dont il ignorait toujours le nom – repartie. Sauf que quelque chose attira soudainement l’attention de Noy. Il y avait son nom sur l’un des casiers. S’arrêtant alors devant, il se désintéressa totalement du professeur. Il s’agissait d’une calligraphie thaïlandaise. Ils ne l’avaient même pas traduit. Peut-être pour qu’il s’y retrouve un peu en arrivant ici. Sortant alors son téléphone de sa poche, il cliqua sur la petite icône qui indiquait le code de son casier et le passa sur la porte qui s’ouvrit dans un petit « clac ! » satisfaisant. Ecartant la porte, il observa le petit espace. Il pouffa légèrement en se disant qu’il pourrait rentrer dedans sans problème. Mais il se reprit rapidement et referma le battant. Avant de tourner la tête pour poser une question à l’homme. Qui avait disparut. Ah bah d’accord. Génial. Il était tombé sur le plus grand débile de cette école. Super. Bienvenu en Corée, Noy !

▬ LOVE ALARM : OFF

Le coréen avait décidé par la suite de finalement lui parler en anglais, suite à ces visages complètement effarés et sa remarque précédente. Et dire qu'il aurait été bien au chaud dans la salle des professeurs à corriger ses copies au lieu de se retrouver à faire guide touristique. Alors oui, il mit un terme au papotage sur les casiers pour continuer sa route vers le hall administratif, mais cette fois-ci, tout seul. Il n'avait pas fait attention à si le plus jeune avait décidé de le suivre ou non, pour lui, cela paraissait comme une évidence. Marchant alors pendant quelques minutes et parlant tout seul pour lui dire le nombre de papiers qu'il devrait remplir dans l'année, il se retourna face à ce silence sanglant, pour apercevoir, du vide.  Génial. Il était peut-être certes inintéressant, mais il estimait qu'un minimum de respect s'imposait envers un professeur. Mais non, au lieu de ça, son élève thaïlandais était soit un rebelle, soit un idiot qui ne l'avait pas suivi, soit complètement aveugle. Pas pour faute d'être grand en plus de cela. Catastrophe. Maintenant, il pouvait être n'importe où. Fronçant des sourcils et s'ébouriffant les cheveux, il rebroussa chemin, le cerveau en ébullition.  

Légèrement énervé, il espérait grandement que le gamin n'ait pas bougé de place. Il manquerait plus que le faire courir dans tous le bahut à sa recherche. Il ne comprenait pas pourquoi cela lui avait semblé complexe de juste écouter et de le suivre. C'est vrai quoi, on lui demandait pas non plus de rédiger des pavés sur la création de l'école non plus, juste, de le suivre. Quelle tâche complexe. D'un pas rapide et décidé, le professeur se retrouva de nouveau dans l'espace d'entrée, mais comme il se l'imaginait, personne. Son sang commençait à bouillir partiellement entre l'énervement et une point d'inquiétude. Il ne parlait pas coréen, alors s'il devait se balader tout seul dans le bâtiment, ce serait comme rechercher une aiguille dans une botte de foin. Mais heureusement, il venait d'éliminer le chemin menant au hall administratif en le faisant à l'envers. Pas de Noy. Plus qu'à choisir le chemin le plus attirant et qui pourrait plaire à un chieur thaïlandais. Ses yeux se déplaçant horizontalement pour observer calmement les alentours, il décida de prendre le premier chemin qu'il avait sous le nez, le pôle artistique. Ne savait-on jamais, peut-être était-il intéressé par les arts. Parcourant alors les couloirs vides mais animé par les sons et musiques des salles instrumentales, le plus vieux commençait à légèrement désespérer de retrouver son élève. Un labyrinthe cette école aussi. Il n'y avait pas photo, c'était le pire scénario qui aurait pu se produire. Et l'autre, au lieu de rester sagement sur place comme toute personne censée, il s'était cassé. Super. Comme si le coréen n'avait que cela à faire de lui courir après.

Tous ses sens aux aguets, il en était même venu à demander à certains passants s'ils n'avaient pas aperçu un petit jeune homme à la peau basanée dans le coin qui avait l'air complètement perdu. Oui, non mais au vu de la description, il n'allait pas le trouver de si tôt. Juste ses traits principaux, où il avait omis de dire à quel point ses joues rebondies étaient mignonnes. Le caractère n'y était pas, mais au moins, on pouvait dire qu'il ne passait pas inaperçu. C'était le cas de le dire. Continuant alors ses recherches en accélérant le rythme, ce fut ensuite le tour du hall linguistique, puis économique qui suivirent, pour ensuite tenter le seul pôle encore accessible sans vraiment se perdre, celui des sciences. Il n'avait même pas été mis au courant de sa venue, ni encore moins de son domaine de prédilection, mais à en croire son niveau d'anglais ou de coréen, cela ne devait en aucun cas être les langues. Enfin il espérait, parce que sinon il aurait du boulot à faire.  Pour lui, les sciences, ce n'était que des souvenirs lointains de son passé. Cette époque où il avait décidé d'apprendre un peu de tout et où il avait même réussi à se passionner pour la physique appliquée, mais aussi théorique. Il lui restait encore ses connaissances d'autrefois, mais également ses bouquins étalés sur le sol de son appartement et rangés sur ses étagères. Un souvenir douloureux mais si prenant.  

Ses doigts pianotant doucement sur son téléphone, il regarda un traducteur, dans le cas où il serait obligé de s'exprimer en thaïlandais pour lui faire comprendre que ce qu'il venait de faire n'était tout simplement pas normal. C'est qu'il s'était vraiment inquiété lui, en voyant que son élève ne l'avait pas suivi. Il était le genre de professeur à être attentif à tout, et aimant envers ces morveux, alors le fait que le plus jeune ne l'ait pas suivi lui était en quelque sorte resté dans la gorge. Quel idiot. Non mais vraiment. Il n'arriverait sans doute pas à rester calme face à cette tête insolente masquée par un visage d'ange. S'avançant encore un peu, la mâchoire se resserrant, il était là, dos à lui, regardant un quelconque panneau d'affichage sur des concours de sciences et de mathématiques, presque prêt à reprendre sa croisière dans le bâtiment. Soupirant un bon coup pour essayer de se calmer, il l'interpella enfin.

"Noy !" prononça-t-il de vive voix et d'un ton un peu sévère pour bien le faire rester.

Songki s'approcha alors de lui, saisissant son avant bras pour le retourner d'un air mécontent. Il l'avait retrouvé, c'était le principal, mais cela n'expliquait en rien son comportement tête en l'air. Ses yeux le dévisagèrent quelques secondes, parcourant son visage avant de se planter dans les siens. Il ne cherchait pas vraiment à comprendre, juste qu'il avait une envie soudaine de s'énerver sous ce regard impertinent. Mais non, il devait rester calme. Calme. Se mettant alors à calmer sa respiration, il relâcha sa prise sur son avant bras, fronçant un peu les sourcils. Il ne voulait pas apparaître comme un tyran dès le premier jour de sa venue. Ce n'était même pas son genre de toute manière. Son anxiété et inquiétude envolée, il secoua doucement la tête.

"What were you even doing  ? Why didn't you follow me back there ? You just had to stay on place and not move until I come back, was it too difficult for you ?" lui dit-il alors doucement en articulant, pour qu'il comprenne bien tous les mots.

Etre calme, et sympathique. Ne pas se laisser emporter par ses émotions et son caractère complexe à souhait. Mais Noy savait très bien ce qu'il avait fait, et l'excuse de "je ne comprends pas" ne fonctionnerait pas une deuxième fois avec lui. Il ne fallait pas être aveugle pour cela, et voir que s'il ne l'avait pas retrouvé il n'imaginait même pas le nombre d'heure qu'il aurait passé à arpenter les couloirs à la recherche d'un fantôme. Non, franchement, il espérait que ce gamin soit un peu plus alerté, et qu'il ne fasse pas l'innocent encore une fois. Il les connaissait ces jeunes. De véritables démons quand ils le voulaient.

▬ love alarm : off

Perdu pour perdu, seul contre tous, Noy décida très courageusement de s’aventurer dans le bâtiment. Nan parce qu’il l’avait attendu le prof là ! Pendant, au moins, trois bonnes minutes ! Oui, mais voilà, il était impatient. Et donc, quasiment immédiatement, il se mit à se faire son propre guide touristique. Observant les alentours, le petit brun commença donc sa visite. Tout d’abord, il traversa le hall pour aller rejoindre un bâtiment au hasard. Bon, première déception, il y avait de la musique. Donc, c’était ce qu’il semblait être les arts. Génial. Noy aimait la musique. Il avait toujours eu truc pour, parce qu’il y a des maths dedans. Les musiciens étaient toujours dans cet état d’esprit virevoltant, comme s’il pouvait se nourrir bêtement de partition. Ce qui était complètement débile. Parce que la musique ce n’était qu’un enchaînement de divisions paires. Au bout d’un moment, il fallait se rendre compte des choses. Une ronde, quatre temps, que l’on divise en deux, donne une blanche, que l’on divise en deux, donne une noir, que l’on divise en deux, donne une croche, que l’on divise en deux, donne une double croche. Et tout était ainsi ! Simple, efficace, les musiciens se prenaient pour des génies à écrire trois points noirs sur cinq lignes et à dire qu’il s’agit du hit de l’été. Mais, c’était loin d’être le cas.

Il traversa alors différents bâtiments, qu’il ne reconnut pas. Les panneaux étaient sympathiques, mais uniquement en coréen ou en anglais. Si on lui avait parlé en maths, il aurait compris. Il existe tout un alphabet, autre que grec, qui permettait aux mathématiciens – les plus avancés tout de même – de communiquer entre eux. Certains devaient se prostituer à la langue pour pouvoir exprimer leurs idées. Des idiots profonds qui n’avaient rien compris à leur propre sujet d’étude. Mais malheureusement, ils étaient nombreux. Et le nombre gagne sur l’individuel. Alors il était obligé de s’y plier aussi. Mais s’il pouvait faire son programme en langue mathématique, ça l’arrangerait beaucoup. Sauf que « pour pouvoir être ouvert au plus grand nombre, il faut le faire dans la langue internationale, blablabla ». Connerie plutôt oui. Il allait devoir tout traduire en anglais et coréen. De quoi lui foutre les nerfs en boule jusqu’à ce qu’il réalise son projet. Oui, parce qu’il partait du principe qu’il allait y arriver. Mais il n’y avait aucune raison qu’il ne réussisse pas. Tout simplement parce qu’il était le meilleur.

Son regard s’arrêta alors sur un panneau qu’il comprit. Il y avait des chiffres et tout était rédigeait en solution mathématique sous les pictogrammes coréens. Un sourire s’étira sur ses lèvres alors qu’il levait son téléphone pour prendre en photo l’affiche. Sans doute venait-il d’arriver dans la partie qui allait devenir sa zone de prédilection. Quasiment aussitôt, il prit les renseignements, trouvant – pour la première fois depuis son arrivée ici – quelque chose de réellement intelligent et qui en valait la peine. Sa canine gauche se mit à mordiller sa lèvre inférieure alors qu’il s’abreuvait autant qu’il le pouvait de ses sigles qu’il connaissait si bien. Cela lui avait manqué, il ne fallait pas se le cacher. Cela allait faire au moins deux semaines qu’il n’avait pas été dans une salle de classe, à cause de toutes les paperasses administratives qu’il avait dû remplir pour son insertion. Noy eut soudain l’impression qu’il était un petit panda qu’on avait balancé dans la nature après deux ans de captivité dans un zoo précaire. Fronçant du nez à cette pensée, il insulta son professeur de thèse peu performant qui avait osé le critiquer par rapport à son comportement. Okay, il était arrivé trois fois en retard, parce qu’il avait un peu trop traîné dans le lit de mecs qu’il avait rencontré. Mais, ce n’était pas une raison ! Bref !

Tournant alors les pieds pour continuer sa quête biblique de l’université de Busan, Noy entendit son prénom résonnait dans tout le couloir. Son regard se porta alors sur le monsieur qui l’avait lâchement abandonné tout à l’heure. Ah nan mais attendez attendez attendez… Il était en train de lui remonter les bretelles ou c’était comment ? Son regard s’assombrit légèrement. Il n’était peut-être pas très bon en anglais, mais il savait quand on lui disait des choses désobligeantes. Tout d’abord, ce n’était pas de sa faute si il était partit sans lui sans s’en rendre compte. Ensuite, il fallait bien qu’il bouge, vu à quel point le plus vieux était lent. Et enfin, c’était quoi cette idée de beugler son prénom dans les couloirs ?! Et après, on disait que c’était lui, le gamin insolent et emmerdeur ! Il fallait remettre les choses à leur place un peu ! L’autorité, ça va deux secondes, mais si on ne sait pas s’en servir, on n’essaye pas de faire genre.

« You are the one who… (bug de matrice, réinitialisation) …left me ! And you don’t fast come back ! So I left too ! »

Bon, il avait du progrès à faire. Mais c’était peut-être compréhensible. Il l’espérait. Parce que s’énervait dans une autre langue, c’était tout à fait impossible. Surtout pour se faire prendre au sérieux. Mais le regard noir du plus petit ne laissait pas vraiment de place à la rigolade. Plissant légèrement des yeux, il porta la main à son bras, que le professeur avait touché en lui parlant. C’était quoi ça aussi ? Non mais sérieusement. Il avait peur de quoi ? Qu’il ne disparaisse de nouveau ? Oh, Noy en était bien capable. Il pouvait complètement le faire d’ailleurs. Bon, d’un côté, le vieux avait donc raison. Mais s’il fallait bien savoir une chose sur Noy Ouattaiyaphon, c’est qu’il n’avouerait jamais que quelqu’un à raison contre lui.

« Old dumbass. »

▬ LOVE ALARM : OFF

Ce gamin, en plus d'avoir un anglais maladroit, osait lui répondre avec ce petit ton agaçant qui avait su faire tiquer le plus vieux. Il n'avait rien contre les élèves avec du caractère, mais rejeter la faute sur lui ne revenait qu'à essayer de cacher sa propre faute au final. Ça n'allait pas se passer comme cela. Tapant un peu du pied sur le sol, il secoua un peu la tête à ses mots, soupirant légèrement. Bon, et bien il n'allait pas le rater durant l'année s'il commençait comme cela. Mais il ne s'était pas attendu à se faire traiter de vieil idiot par élève, comme ça, sans contexte précis. En plus de cela, il n'était pas si vieux que cela. Vingt-quatre ans n'était vraiment pas grand chose, juste un quart de siècle en soi. Il était pratiquement sûr que, malgré sa tête de bambin, il ne devait pas être si jeune que cela, le petit. Est-ce que lui, avait fait ne serait-ce qu'un commentaire sur son jeune âge ou sa petite taille ? Non, il s'était abstenu. En tant que prof', il se devait d'avoir un certains self-control assez important, même si l'envie de l'envoyer sèchement bouler lui restait en travers de la gorge. Le regardant alors en clignant des yeux, il rit ironiquement, penchant un peu la tête en affichant un sourire sarcastique.

"Don't mess with me kid. I might not please you, but you don't have the choice anyways. So you will have to support the face of an old man like during all the year, even if you are not happy with it." lui dit-il un peu plus rapidement sous l’énervement.

Se fichant pas mal de savoir s'il avait compris la moitié de ses mots, il le poussa gentiment pour lui indiquer par où ils allaient continuer leur visite, n'ayant plus vraiment envie de faire le professeur sympa pour le coup. Il aura tout vu. Non mais sérieusement. Il n'avait pas la science infuse, mais la moindre des choses était d'avoir un minimum de respect l'un envers l'autre. Il n'avait pas eu l'impression d'être malpoli avec lui, si ce n'est qu'il lui a agrippé le bras et juste interpellé inquiété. Mis-à-part cela, il n'avait pas fait grand chose finalement pour se retrouver avec un gamin de ce genre sur les bras. Il avait tout gagné aujourd'hui. Vraiment. Et pourtant, il profita ne pas renchérir, se contentant de faire son boulot. Continuant alors sa visite en essayant de rester calme, il lui présenta le bâtiment des sciences, ayant bien compris que cela avait l'air de l'intéresser. Différents travaux et exposés d'élèves étaient affichés aux murs, il y avait aussi les étagères vitrées, gardant en sécurité les différents titres et trophées remportés par l'école depuis sa création. C'était assez impressionnant en réalité, quand on regardait bien. Penchant alors un peu la tête en plissant les yeux, il lui montra les différentes salles du hall avant d'enfin lui poser la question sans doute importante de la journée.

"What did you come to study here  ? Sciences ?" lui demanda-t-il avant de redescendre quelques étages.

Le bâtiment était grand, mais il n'était peut-être pas nécessaire de lui montrer toutes les sections si seule celle des sciences et mathématiques l’intéressait. Continuant alors de marcher tranquillement dans les couloirs, il se dirigea vers le réfectoire. Le réfectoire ? C'était un lieu culte que le thaïlandais aurait sûrement la chance de pouvoir visiter aux heures des repas. La nourriture de la cantine était pas mal. Même plutôt excellente. C'était rare de voir des écoles proposer des plats potables. En plus d'avoir une diversité de repas, ils avaient aussi du goût, ce qui ne laissait pas de marbre le professeur. Il n'avait pas mangé autant depuis qu'il était arrivé ici. Il ne s'était jamais autant goinfré qu'en arrivant en Corée du sud.  Sans doute que le chieur n'avait rien à envier à la cuisine coréenne. Mais qui sait, cela le changerait sans doute un peu. Arrivant alors devant la grande salle, il le laissa entrer, lui présentant un peu le fonctionnement. Entre distributeurs automatiques, machines intelligentes, ou encore self, il y avait de tout. Du moins, de tout pour normalement apprécier un truc ici. Regardant alors le plus jeune, avec un certains recul, se fichant pas mal de savoir si finalement ses paroles l'intéressaient.

"And here is the cafeteria. I think you saw the most important part of the school. Do you want to see something else ?" qu'il lui demanda calmement.

Il ne savait pas trop ce qu'il pourrait lui montrer après tout. Il était même fort possible qu'il ne veuille que retourner devant les salles de maths. Compréhensible en soi. S'il avait été à sa place, il aurait préféré se concentrer sur ses matières qu'autre chose. Il pouvait concevoir. Mais il n'avait qu'à le lui dire, cet idiot, au lieu de vouloir faire son malin comme tout à l'heure. Il le lui ferait pas deux fois le coup de je m'enfuis pour en faire qu'à ma tête. Hors de question. Maintenant, il le gardait bien à l’œil, et ne comptait pas le perdre encore une fois. Sûrement pas. Le gamin ne lui filerait pas des mains comme ça. Attendant alors de savoir ce qu'il voulait faire, il alla se prendre une boisson au distributeur, puis une aussi pour le plus jeune. Un thé glacé, il devait apprécier non ? Qui n'aimait pas le thé ? La lui tendant alors gentiment. Il ne cherchait pas la guerre, du moins, pas pour le moment. Il aurait toute une année pour cela. Largement suffisant selon lui. Il était prêt à faire demi-tour s'il le fallait. Tout ça pour l'un de ses futurs élèves qu'il ne risquait pas d'oublier si vite.

▬ love alarm : off

Il n’avait absolument rien compris à ce qu’il venait de lui dire. Mais Noy était quasiment sûr que le vieux avait fait référence à l’année qui allait commencer pour eux. Comme quoi, il n’était pas si merdique que cela en anglais. Les mots se bousculaient dans sa tête, l’empêchant de formuler la moindre phrase correcte dans un dialecte qu’il ne maîtrisait pas. Il sait que certaine personne peuvent se bagarrer, voir même argumenter, dans un langage autre que celui maternel. Mais pour lui, cela relevait clairement du rêve et de la désillusion. Il était très bien avec ses propres écritures et dictées. Il n’avait pas besoin de rajouter un autre alphabet aux siens. Alors, il ne put répliquer, et encore moins lorsqu’il se fit gentiment pousser pour continuer la visite déjà catastrophique. Ah, parce qu’il voulait tout de même lui faire découvrir l’établissement ? Mais ils avaient visité le plus important non ? C’était bien ici les salles de mathématiques, n’est-ce pas ? Et bien, il n’avait pas besoin de beaucoup plus. Insupportable, oui, et alors ?

Gardant sa mine boudeuse, il suivit tout de même le professeur, qui se remit à lui parler. Il devait bien s’ennuyer dans sa vie pour vouloir toujours combler les vides, celui-là. Et Noy n’avait aucune envie de parler. Parce qu’il savait très bien que l’autre – qu’il avait deviné professeur d’anglais ou alors lui avait-on déjà dit ? en tout cas, il se retrouvait bien nul face à lui – devait rire de son accent à couper au couteau et de ses inversions dignes d’un petit dernier de la classe en langue. Il ne maîtrisait ni les temps, si le vocabulaire, ni la syntaxe. Encore moins les marques de politesse et la grammaire. De quoi faire arracher les cheveux à un type comme lui. Enfin… Le reste de mèches qui lui restait. La calvitie frappait les hommes de plus en plus tôt maintenant. Sans doute à cause des ondes. Mais Noy voudrait bien devenir entièrement chauve s’il pouvait garder son téléphone avec lui jusque dans sa tombe.

« Yes. (Il voulu mettre un point à la conversation, mais le terme de « sciences » lui déplaisait beaucoup trop.) Math. »

Au moins, comme ça, l’autre était fixé. Et puis d’abord, pourquoi il voulait tant savoir ? Avaient-ils la moindre chance de se retrouvé de nouveau en tête à tête après cette matinée ? Noy s’en savait rien, son emploi-du-temps n’étant pas encore arrivé jusqu’à lui. De toute façon, il commence dans deux jours, pour lui laisser le temps de bien s’habituer et de gérer quelles dernières paperasses avant son entrée à l’université officiellement. Ils étaient au milieu de l’année en quelque sorte. Ou il ne savait pas. C’était flou tout ça. Les vacances changent d’un pays à l’autre. Enfin, plutôt « pauses ». Alors, il était quelque peu perdu. Il verra bien. *emoji qui lève les mains* Tout se fera en temps et en heure comme on dit.

Comme un petit poussin, il suivait le professeur. C’était gentil, pour une fois, on faisait ce qu’on lui demandait. Mais il savait aussi qu’il ne pourrait pas s’enfuir une deuxième fois. Il sentait bien que s’il s’éloignait de plus de trois pas, il sera immédiatement ramener par la peau des fesses dans le droit chemin. Et puis, il avait assez exploré pour aujourd’hui. Mais il en voulait toujours au monsieur pour l’avoir abandonné comme ça dans un monde aussi hostile que l’université. Et il était culoté de ne pas complètement accepter l’entièreté de la faute sur lui. Non mais franchement ! Noy n’y était pour rien de base ! Il était adorable lui ! Oui, voilà ! Un vrai petit ange… Donc un rire s’échappa lorsqu’il entendit l’enseignant lui dire qu’il s’agissait de la cafétéria. Qu’il s’agisse du meilleur endroit et du plus important, il voulait bien le croire. Observant un peu l’endroit, il haussa les épaules, détaillant chaque petite zone. Il n’allait pas vraiment traîner dans les parages de toute façon. Souvent, il sautait le repas du midi, pour uniquement manger sur le pouce le soir. Une vieille habitude.

Relevant le regard vers le plus vieux, il l’observa aussi sans aucune arrière pensée. Un peu comme s’il attendait quelque chose, mais qu’il ne demandait rien. On lui avait souvent dit de ne pas regarder les gens comme ça. « Parce qu’on a l’impression que nous fait une demande silencieuse. » Mais il ne l’avait jamais vraiment ressentit comme cela. Même si, cela devait tout de même être de sa faute. Il était comme ça, et c’était tout. Pas de quoi se torturer l’esprit. Surtout qu’il ne demandait jamais vraiment comme quelque chose. Et s’il désirait un tout petit quelque chose, il le disait à voix haute. C’était peut-être aussi pour cela que ses relations sociales étaient une catastrophe à tous les niveaux. Mais Noy en était une aussi. Le chaos appelle le chaos après tout.

« Did you have a library here ? répondit-il en haussant les épaules. Like… you know… a space with… books. »

Sans doute là où il allait réellement séjourné. Surtout qu’apparemment, la bibliothèque de Busan regorgeait de travaux tout à fait intéressant sur sa matière. De quoi le satisfaire pleinement, lui avait souffert du manque de connaissance en Thaïlande. Il avait l’impression que n’avait jamais été prévu pour lui là-bas. Mais ici, il avait même un casier à son nom. Et un professeur qui le perdait. Mais ce n’était pas franchement le plus important. Quoi que… Il était fort intéressant cet homme. Grand – peut-être un peu trop, mais il aimait bien ça – avec un visage particulier et des yeux qui l’avaient fait frissonner au premier regard. On ne lui avait pas dit de bien se tenir en Corée. Juste de réussir. Et bizarrement, il se sentait comme si cette personne allait être son réel défi ici. Autre que son projet. Un sourire s’étira sur ses lèvres, alors qu’il continuait de le détailler, de la tête au pied et inversement. Et il avait du mouvement de tête à faire. Sans aucune discrétion évidemment. Pourquoi donc le serait-il ?

« Are all boys korean tall like you ? »

« Et aussi beau ? » Il se sentait petit. Mais cela devait venir des gènes. Seules quelques filles qu’il avait parfois croisées dans la rue faisaient à peu prêt sa taille. Mais s’il regardait les standards, les hommes étaient très grands ici. Et le géant devant lui devait faire partie de ceux qui rehaussaient les pronostiques, sans aucun doute. Il aurait aussi pu lui poser une autre question. Mais se sera plus tard… Parce qu’il savait tout de même faire tenir le suspens. Enfin, surtout pour lui-même. Et il se mit au défi de faire flancher ce visage un peu trop inexpressif. Par tous les moyens possibles. Enfantin oui. Lui qui, quelques minutes plutôt, espérait ne plus le revoir, allait sans doute être celui qui le ferait sortir de ses gonds. Et il n’attendait que cela : faire plier un homme de plus.

▬ LOVE ALARM : OFF

Il le trouvait bien calme en marchant dans les couloirs. Il avait bien fini par comprendre que tout ce qui l'intéressait était le hall des salles de mathématique. Il n'avait pas fallu longtemps pour en déduire cela. Après tout, il n'y avait qu'à regarder dans son regard un peu plus tôt pour voir que cela le passionnait. Mais bon, le réfectoire c'était aussi bien selon lui. Un estomac sur pattes oui, et alors ? Ils y retourneraient ensuite dans son endroit préféré s'il n'y avait que cela pour le tenir en place. Quoi que, sans trop savoir pourquoi, il  avait la vague impression qu'il allait le recroiser sans cesse avec son salle caractère. Sans pour autant que cela le dérange. Les cas comme le thaïlandais, il appréciait personnellement s'en occuper. C'était amusant. Le léger rire du plus jeune lui fit doucement sourire, comme une petite victoire personnelle. L'avoir fait rire.

Sentant alors le regard de Noy sur lui, il pencha un peu la tête, l'observant un peu intrigué. Pourquoi le regardait-il comme cela ? Avait-il quelque chose à lui dire ? Une demande ? Des tas de questions lui passèrent par la tête. Si cela se trouvait, il allait juste l'envoyer balader. Et puis pourquoi pas ? Ça anime au moins. C'était rare d'avoir des élèves avec un peu de caractère. Et cela l'intéressait encore plus si on pouvait dire cela comme ça. Il allait vite comprendre que Songki n'était pas un professeur d'anglais comme les autres. Il était particuliers, un peu trop proche de ses élèves. Hochant alors un sourcil à sa question, il sourit vaguement en rigolant un peu. Merci Noy de lui décrire ce qu'était une bibliothèque. Un endroit avec des livres, très intelligent. La bibliothèque était son endroit préféré. Son amour pour les livres était tout simplement incontrôlable. Rien qu'en voyant son appartement, on pouvait d'ores et déjà comprendre qu'il n'était pas qu'un simple lecteur. Entre les livres scientifiques, philosophiques, romans, il les dévorait sans pouvoir s'arrêter. Et puis, il ne pouvait pas dire que la bibliothèque de Busan était la moins intéressante du coin. Surtout celle de l'université. Elle était réputée pour ses nombreux ouvrages.

"Yes, we indeed have a library. I will show it to you. You like to read ?" demanda-t-il un peu curieux.

Ils allaient bien s'entendre si cela était le cas. Bon, malgré leur petit incident passager, il s'en était plutôt bien sorti pour une première visite des lieux. Se mettant alors en marche vers le lieu naturellement, il cligna un peu des yeux sous le regard de son élève. Il avait un truc qui clochait pour qu'il soit obligé de le détaillé tout entier ? Pas que cela le dérangeait particulièrement, juste que Noy n'était pas discret. Absolument pas. Un léger sourire au visage, sa question ne passa pas inaperçu à ses oreilles. Il était curieux, et Songki n'hésiterait pas à répondre à ses questions qui pouvaient se montrer plus ou moins intéressantes. C'est vrai que lui était plutôt grand. Quoi que, le jeune thaïlandais, lui, était vraiment petit. Très petit, ce qui avait pour don d'émoustiller un peu plus le grand dadais qu'il était. Mais d'un côté, comment résister ? C'était si mignon, même si la personne qui en avait l'étiquette ne l'était pas, elle, mignonne. S'avançant toujours un peu, il se passa une main dans les cheveux avant de lui répondre.

"Well, I guess ? I am just tall. That's all. Genetics you know." lui dit-il en rigolant un peu.

Mais passons. Il ne comprenait pas pourquoi il lui demandait ce genre de chose. Il était juste un cas particulier qui s'était avérer rencontrer un autre cas particulier. Juste une chance - plus ou moins - de pouvoir rencontrer une différence de taille aussi grande. Marchant toujours dans les couloirs, il regardait discrètement le jeune homme. Un matheux donc. C'était assez rare, et pourtant si fascinant. Il n'était pas si doué en maths que ça lui. Il ne l'avait jamais été d'ailleurs. C'était plus la physique son truc. Mais bon, ce n'était pas ce qui devait intéresser le jeune homme. D'ailleurs, son visage lui paraissait jeune. Il se demandait vraiment quel âge il avait. Après tout, s'il arrivait ici, il débuterait sans doute dans les premières classes. Il pouvait toujours se planter, ce qui était sans doute le cas. Après tout, cela devait être assez complexe d'intégrer un établissement en parlant à peine la langue et en étant si jeune. Arrivant alors près de la bibliothèque, il se retourna un peu vers le jeune homme.

"By the way... How old are you ? Hmm ? You seem young." prononça-t-il alors avant de lui ouvrir la porte de la bibliothèque.

C'était un grand espace rempli d'étagères, qui portaient toute une odeur de renfermée. Cette odeur si caractéristique des livres. A cette heure matinale, il n'y avait pratiquement personne, ce qui l'arrangeait plutôt. Les yeux un peu brillants en entrant à chaque fois dans cette grande salle, il observa un peu Noy se faire aux lieux, veillant à ce que tout se passe bien. On ne savait jamais, s'il avait encore l'une de ces questions si importantes. Il en avait bien le droit. Etant thaïlandais, il devait avoir pleins de questions de ce type. Classique, mais assez drôle à répondre. Le détaillant un peu des yeux dans son dos, il observa sa silhouette, avant de détourner un peu les yeux. Décidément, il était vraiment fin, et cette petite taille n'arrangeait pas les choses. Qu'est-ce qu'il lui avait pris d'accepter de faire cette visite guidée ? Il n'avait pas eu le choix, mais quand même. C'était toujours à lui qu'on filait ce genre de truc. Sans doute parce qu'il avait une tête sympathique. La preuve, il se faisait traiter d'idiot par un gamin qui n'était même pas encore officiellement arriver. L'année promettait. Il allait voir comment les choses évoluait, mais dans tous les cas, en plus des cours d'anglais, le thaïlandais aurait aussi besoin de cours de coréen. C'était bien beau de savoir parler un peu anglais, mais dans un pays où ce n'était pas la langue maternelle, il allait avoir du mal à en sortir quelque chose. Venant alors bifurquer entre les différentes sections et étagères, il s'arrêta devant un grand meuble rempli en entier de bouquins en tout genre. Mais il ne s'était pas arrêté ici par hasard.

"Here, you have all the mathematics book. I guess that this will interess you more than the others books. , lui dit-il en se retournant un peu vers lui, If you want to borrow a book, you just have to write your name on the book which is on the desk there. That's all." termina-t-il en souriant.

Le laissant alors prendre son temps pour regarder un peu tout ce qu'il s'y trouvait, il s'appuya contre une table, et le regarda encore, comme captivé. Sans trop savoir, il avait engendré en lui un défi. Un tête à tête. Pour le moment, le jeune était calme et sage comme une image, ce qui dénotait avec son attitude précédente. Alors il s'attendait à tout, et à tout moment. Ce genre de personne était les plus imprévisibles. Restant alors sur ses gardes, il se mordilla un peu la lèvre, tout en se demandant ce qui l'attendait suite à la bibliothèque, ce lieux calme et pourtant très appréciable pour tout type d'activités, selon l'imagination des gens. Mais en tout cas il était sûr d'une chose. Qu'il allait souvent le croiser dans le coin.

▬ love alarm : off

A sa question – un peu idiote, il fallait se l’avouer – Noy répondit par un hochement de tête. Pourquoi aurait-il demandé s’il y avait une bibliothèque ici s’il n’aimait pas lire ? Quelle était donc la logique de cet homme ?  Progressant à côté de lui dans les couloirs, il décida finalement de détourner le regard après l’avoir outrageusement scanné. Ou maté. Quelque soit le terme, le thaïlandais l’avait fait sans aucune gène. En avait-il seulement ? Les mains sur les hanses de son sac, il listait mentalement tout ce qui faisait que le professeur à côté de lui était tout à fait acceptable. Et en même temps, il annotait toutes les petites failles qu’il avait pu voir. Déjà, parce qu’il avait réussi à le perdre. Ensuite parce qu’il lui montrait vraiment des endroits randoms. Et pour finir, ils avaient passé un temps considérable à la cafétéria. Lieu où Noy ne se rendra que très peu souvent. Déjà, s’il y était demain, ce sera une grande victoire. Il n’y avait pas vraiment de raison à ce qu’il s’alimente lorsqu’il n’avait pas faim. La plupart du temps, il mangeait lorsque son estomac criait famine. Et, étrangement, ce n’était jamais en même temps que les autres. Allez savoir pourquoi, mais même son organisme a dû mal à se sociabiliser.

Lorsque le professeur parla de génétique, Noy laissa un petit ricanement sortir. Un léger pouffement de rire. Oui, c’est sûr qu’ici, tout le monde atteignait rapidement le mètre quatre-vingt. Tandis que lui restait à son mètre soixante-dix. Comme la moyenne thaïlandaise. Enfin… La moyenne féminine thaïlandaise. L’étudiant avait déjà côtoyé des filles plus grandes que lui, qui ne prenaient même pas la peine de lui parler avant de directement le caractériser. Sa sexualité devait être écrite sur son front à ce niveau-là. Alors, sans doute que oui, les gênes devaient avoir quelque chose avoir la taille. Mais Noy aurait tout de même bien aimé avoir un peu plus de respect de la nature. Et genre, s’il pouvait récupérer quelques centimètres de l’autre grand machin, ce serait un peu plus équitable. Lui, on l’avalait dans la foule, alors que le professeur devait la traverser sans même se rendre compte qu’elle était là. De quoi foutre un peu la rage, non ? C’est sur cette pensée qu’ils arrivèrent à la bibliothèque. Lieu vénéré pour certain, haït pour d’autre. Mais qui pouvait réellement y échapper une fois arrivé dans les études supérieures ? Le côté gentleman à ouvrir la porte fit un petit effet dans le ventre du plus jeune, alors qu’il passa devant lui en répondant :

« I am eighteen years old… »

Oui, très jeune il l’est. Surprenant, non ? En même temps, ce visage poupon ne mentait pas. Et s’il lui disait en classe il était, peut-être que le monsieur anglais serait encore plus sur le cul. Troisième année de maths avancées, ce n’était pas rien, non plus. Enfin… Pour le commun des mortels. Alors qu’il rentrait dans la bibliothèque, ses yeux s’ouvrirent en grand. C’était immense. Vraiment. A Bangkok, la bibliothèque était divisée en section dans les différents bâtiments universitaires qui parcouraient la ville. Là, tout était rassemblé au même endroit. Noy n’avait pas l’habitude de voir autant de matière au même endroit. Il n’avait jamais mis les pieds entre des étagères d’économies – et ne le voulait certainement pas. Mais là, il était sûr qu’en cherchant un peu, il trouverait. S’il se souvenait bien des bâtiments qu’il avait déjà visité tout seul, il devait aussi y avoir de la musique. Et des lettres. Un peu de tout en quelque sorte. Un grand foutoir propre, bien lavé, et organisé. Se mordillant la lèvre, il suivit son guide. Il regarda tout autour de lui. Et d’ailleurs, il faillit le percuter. Mais ce qu’il lui dit soudainement réveilla le Noy légèrement ennuyé.

Son regard se tourna vers les étagères croulantes de livres aux reliures neuves. Dans un réflexe, il en prit un, écoutant à peine ce que lui racontait l’autre. Okay ! « emprunter » « livre » « bureau » il avait compris. Il allait s’en sortir. Ouvrant délicatement l’ouvrage, son cœur se gonfla de plaisir en voyant des formules qu’il connaissait. Une démonstration sur les calculs intégraux. Un pur bonheur pour lui qui n’avait pas pu faire la moindre recherche depuis son arrivée. C’est comme s’il reprenait son souffle après un long, très long, moment d’apnée. Même si les notes étaient en coréen et qu’il connaissait déjà ces calculs depuis sa première école spéciale, il les relut. Comme une vieille histoire qui vous a plu et que vous redécouvrait avec plaisir. Malgré le fait que vous la connaissait déjà par cœur et qu’elle ne vous apporte rien d’autre qu’un sentiment rassuré. Soupirant doucement de plaisir, sans même tenter de le cacher, il continua de parcourir les lignes. Avant de soudainement s’en désintéresser.

Quelque chose venait d’attirer son attention. En hauteur, à un niveau qu’il ne pourrait pas atteindre, il y avait un volume épais, aux inscriptions qui l’intriguèrent. Plissant des yeux, il tenta de lire ce qu’il y avait d’écris, avant de se rendre compte qu’il s’agissait peut-être du livre des problèmes à un million. Une inspiration prise, il sauta soudainement pour l’attraper. En soit, il aurait pu le faire. Sauf que ses doigts glissèrent sur la couverture trop propre – tout était donc lavé et désinfecté ici ou quoi ? – et que, bien sûr, comme si cela n’était pas sa journée, le manuel lui tomba sur la tête. Une exclamation lui échappa et aussitôt, il se roula en boule, les mains sur le crâne. Quel idiot ! Pourtant, alors qu’une légère douleur irradiait sur son cuire chevelu, il se saisit du livre pour tenter de lire le titre d’un peu plus prêt. Il allait l’emprunter. Il en avait le droit ? Qu’importe, il sera bientôt étudiant à part entière ici. Il aurait tout le temps de l’avoir. Sauf que, peut-être qu’il n’en avait pas, de temps. Il en avait oublié le professeur d’ailleurs. Se tournant alors vers lui, il lui montra la couverture en le lui tendant.

« Can I ? » demanda-t-il, avec une certaine candeur.

S’il sortait d’ici sans, il allait se mettre à pleurer. Déjà qu’il avait mal à la tête, qu’on l’avait abandonné – perdu, Noy, ce n’est pas la même chose – il n’allait pas non plus lui interdire d’emprunter un livre. Si ? Le garçon savait pleurer sur commande, tout comme il savait simuler. Toute sorte de chose. Même l’orgasme. Après tout, il en avait eu l’expérience. Mais là n’était pas le sujet. Il pouvait aussi faire semblant de tomber dans les pommes. Et s’il se faisait transporter par monsieur regard de braise, il en serait ravi. Mais tout de même ! Nous n’allions pas tomber dans cet extrême. Quoi que… Tout était possible avec lui, après tout. Mais à la place, il regarda le professeur avec des yeux de chiens battus. Si Noy savait aussi faire quelque chose, c’était d’avoir les faveurs de n’importe qui. Même en étant le petit garçon le plus insupportable du monde. Mais c’était peut-être aussi cela qui attirait les vieux ?

▬ LOVE ALARM : OFF

Dix huit ans. Il était jeune, comme il avait pensé, même plus. Combien de classe avait-il dû sauter pour arriver ici ? Il n'en savait trop rien. Pour en savoir plus sur lui, il n'aurait qu'à fouiller un peu dans son dossier. Oui, c'est ce qu'il ferait quand il serait seul un matin. Croisant un peu les doigts en l'observant, il était content de pouvoir le voir s'habituer un peu à son environnement. C'est vrai que venir dans un pays sans vraiment parler la langue pour y vivre n'était pas chose aisée. Et pourtant, c'était possible. Les yeux un peu brillants et intrigués, il le laissa farfouiller doucement dans les divers bouquins de maths, n'ayant rien à craindre de toute manière. Ses yeux le détaillèrent de haut en bas, sans s'en lasser. Intéressant, petit, au caractère exécrable. S'il avait pu, il se serait bien amusé à le troubler, ce gamin, mais bon. S'approchant un peu, il sursauta en entendant le bruit du livre claquer sur la tête du plus jeune. Son fin corps se mit en boule, comme pour essayer de supporter la légère douleur qu'il ressentait sur le crâne. Penchant un peu la tête, il sourit à sa question, hochant la tête. C'était mignon n'empêche, si on analysait la scène dans son entièreté et sa réaction. Bien sûr qu'il pouvait emprunter ce livre. Après tout il était dans son école maintenant, il n'avait aucun droit de le lui refuser. Mais là n'était pas la question.

"Are you okay ?" lui demanda-t-il en plissant les yeux.

Ses petits yeux de chiens non plus il n'en avait pas besoin. Tout simplement parce qu'il lui avait déjà autorisé avant même qu'il ne demande. Même si, il en tirait un certaine satisfaction à cette vision plutôt paradoxale du personnage. Qu'importe, s'approchant encore un peu pour caresser sa tête dans un geste amical, il se pencha doucement pour retenir le livre du bouquin, avant de se relever et de s'avancer un peu dans la pièce. Un livre de maths hein ? Ce n'était pas étonnant, il avait l'air d'être un vrai passionné. Lui ni comprenait rien à la logique mathématicienne. Il était plus dans l'expérimental, malgré ses allures de grand littéraire. C'est qu'il cachait bien son jeu le professeur d'anglais. Des regards en douce, il s'avança ensuite vers le bureau de la documentaliste, lui expliquant doucement la situation. La jeune femme était charmante, toujours à sourire, toujours à l'accueillir chaleureusement. Sans doute parce qu'il était l'un des rares professeurs à emprunter la moitié de ses livres ici. Mais passons. Sa main droite se saisit alors d'un stylet avant de venir prendre une des tablettes à disposition. De son autre main, il demanda au plus jeune d'approcher, le laissant baver sur son livre.

"Can tell me your full name please ? Or even spell it for me ?" lui demanda-t-il en souriant doucement.

Il comptait lui remplir son bout de papier à sa place. Enfin, bout de papier qui était à remplir sur une tablette. Il se doutait que le thaïlandais ne savait pas écrire avec l'alphabet coréen, alors il lui filerait un coup de main pour aujourd'hui. Écoutant bien alors chacune des syllabes qu'il prononça, il retranscrit le tout, phonétiquement, essayant de s'en rapprocher le plus. Il en était assez fier. Puis, il rempli toutes la charte pour lui, ajouta une vague description de sa licence, et lui demanda d'inscrire son numéro de téléphone pour les rappels automatiques. C'était pratique la technologie.  Tout se faisait pas électronique, que ce soit les inscriptions, ou encore le tri et les dossiers. Bref, les professeurs avaient accès à tout cela, ce qui pouvait parfois poser quelques problèmes administratifs. Encore un petit détail qu'on évitait d'aborder. Revenant alors vers Noy, il lui expliqua doucement, et dans un anglais facile comme cela s'utilisait, et comment procéder à chaque emprunt. C'était assez intuitif, et il ne doutait pas une seconde que le plus jeune y arrive. Si lui même parvenait à se servir de cette technologie nouvelle, alors il n'y avait pas de quoi. Si lui pouvait le faire, il y parviendrait. Et doucement, il finit par se diriger avec le plus petit vers l'extérieur, regardant un peu autour de lui.

"I guess that I showed you everything...Have you any kind of questions ? Anything you did not understood ?" finit-il par doucement demander.

A vrai dire, il se doutait qu'il y avait pleins de choses qui étaient passées à la trappe. Il ne devait même sans doute ne pas comprendre la moitié de ses mots, même s'il essayait de faire simple. Ce n'était pas facile quand on y pensait, sérieusement. Il devait restreindre son vocabulaire au maximum pour rester compréhensible. Sans doute était-ce pour le mieux, mais bon, il aurait préféré passer une heure plus instructive. Quoi que, la présence de l'étudiant l'avait bien amusée en réalité. Distrait, voilà comment il avait été. Mais pas suffisamment sans doute pour lui en faire oublier les principaux détails de cette visite. Et tout doucement, ses pieds se remirent en marche, veillant à garder en vue le petit joueur. Il l'avait cerné maintenant. En un rien de temps, et il pouvait dire adieux à son visage de petit ange déguisé. Non mais franchement, il n'avait jamais vu quelqu'un de si rapide pour se faufiler. C'était sûrement à cause de son jeune âge.

Parcourant alors doucement les couloirs, il traînait un peu, pas très tenté de retourner dans la salle des professeurs. Les regards sur lui, il ne les aimait pas forcément. Discuter avec tous ces gens, devoir garder une conversation plus ou moins potable, ce n'était pas son truc. Surtout si c'était pour parler des morveux qu'il avait en cours. Il se contentait parfaitement de les garder pendant ses heures. Enfin, c'était vite dit. Après tout, il était le genre de professeur à ramener ses élèves chez lui, pas physiquement, mais mentalement. Il n'avait qu'eux, il vivait pour leur offrir des cours parfaits. C'était son unique but, celui qui forgeait ses journées, mis-à-part de vouloir lire tout ce qui était possible sur terre. Mais qui sait, un jour peut-être il y parviendrait. Son regard doux se perdit de nouveau sur Noy, lui souriant doucement. Des yeux brillants, un léger sourires sur ses lèvres, il passa tranquillement sa main dans ses cheveux, se penchant un peu vers lui, une nouvelle fois, en lui posant alors une nouvelle question pour confirmer et savoir si tout allait bien. Juste une dernière fois.

"And you want to see something else maybe in the school ?" demanda-t-il enfin, sans trop savoir ce qu'il pourrait lui répondre finalement.

▬ love alarm : off

Cette main dans ses cheveux le perturba plus qu’il ne le pensait. Voulant se soustraire à ce petit geste d’affection, Noy recula la tête, un peu surpris. Puis il l’observa prendre le livre qu’il désirait, avant de le suivre des yeux en le voyant s’éloigner. Aussitôt, le plus jeune se redressa, le suivant avec curiosité. Qu’allait-il faire avec son livre ? Il n’avait pas répondu à sa question d’ailleurs. Il lui avait juste demandé s’il allait bien. La douleur avait déjà disparu en réalité. Vous savez, c’est un peu comme lorsque l’on se coche, que l’on douille pendant un petit moment, avant de reprendre sa journée comme si rien ne s’était passé. Et bien, c’était exactement cela. Noy n’aura pas besoin d’aller à l’infirmerie pour ça. Pas comme dans les drama coréen qu’il avait eu le plaisir de regarder pour sa « culture générale ». Enfin, on l’avait plutôt obligé à le faire, pour lui montrer comment c’était en Corée. Bien sûr, il avait constaté, qu’effectivement, beaucoup de choses se passaient de cette façon. Genre, il y avait des couples partout. C’était aberrant ! Et puis, tout était fait pour eux. Mais l’application fard de la ville avait son petit côté romantique. Non, franchement, le romantisme était partout. De quoi donner envie de vomir au thaïlandais, pour qui l’amour n’était qu’une équation comme les autres. Mais passons.

Relevant les yeux vers lui, Noy comprit rapidement que le monsieur allait lui remplir ses papiers numériques d’emprunt à sa place. C’est qu’il était charmant finalement, à tout faire pour lui. Même s’il lui parlait comme à un enfant de maternel. Enfin, Noy ne pouvait pas forcément s’en rendre compte, vu que lui et la perception des choses faisaient un peu deux. Il ne comprenait pas vraiment lorsque l’on se foutait de lui ou quand on le complimentait réellement. Alors la plupart du temps, il gardait un visage neutre, les yeux toujours dans cette expression d’incompréhension teintée d’une légère curiosité. La plupart du temps, il s’en sortait sans aucun problème. Parce qu’on le considérait soit un peu loin, soit complètement hors-circuit. Ce qui, en un sens, était vrai. Il n’était pas toujours totalement connecté à ce qui l’entourait. Partant, sans prévenir, dans un monde qui était le sien et que personne ne pouvait comprendre. Parce que, après tout, personne ne peut être à sa place réellement. Vivre en tant que surdoué sans famille, sans passé, avec un prénom et des bouquins de maths, était plus dur qu’on ne pouvait le croire en le regardant. Après tout, il semblait bien, le petit Noy. Il en avait l’apparence.

Un petit rire lui échappa alors en entendant la question du professeur. D’une traite, il lui sortie alors son surnom, son prénom et son nom, comme si c’était la chose la plus simple du monde. En Corée, il l’avait appris après quelques recherches, les noms étaient composés d’une syllabe – bien loin des quatre d’Ouattaiyaphon et de ses treize lettres – ainsi qu’un seul prénom, court aussi. Pas de surnom. Or, le vrai prénom de Noy étant Lamon, il s’était dit que cela devait être dans son dossier. Seules quelques personnes pouvaient l’appeler ainsi. Mais la procédure voulait que ce soit son surnom qui prime sur le reste. En plus, ici, le nom devait être avant le prénom. Ce qui n’avait pas de sens, parce qu’il s’agit d’un prénom. Et comme son nom l’indique, justement, il doit être avant le nom. Tout comme le surnom qui est avant le prénom. Dans tous les cas, Noy s’amusait de l’air du professeur. Il ne mit alors à lui donné nom, sachant très bien que la fiche devait commencer par cela. Détachant chaque syllabe en essayant d’être le plus précis possible, cela prit un petit moment. Puis, il y eu le prénom. Choisissant son vrai prénom, Noy lui indiqua de nouveau les syllabes, bien distinctement. Il devait sans doute surprendre. On l’avait présenté sous l’identité de Noy, mais il se nommait lui-même Lamon. De quoi surprendre, dans ce pays où tout était à l’envers.

Avec attention, il écouta le professeur qui lui indiquait comment faire, plissant les yeux en assimilant les informations. Bon, cela ne semblait pas si difficile. Mais il devra tout de même apprendre à écrire son nom en alphabet coréen. Et puis en anglais aussi. Pour lui, l’alphabet latin n’était qu’une suite de dessins sans aucune logique entre eux. Alors, il avait rapidement arrêté. Puis, maintenant, il était bien obligé de s’y remettre. Au moins pour faire bonne figure. Son livre dans la main, le nez déjà plongé dans la première qu’il essayant de comprendre avec les équations qui s’enchaînaient sous ses yeux, il écouta à peine l’homme à côté de lui. Sans doute lui avait-il demandé quelque chose, mais Noy ne l’entendit pas. Il n’était tout simplement pas très intéressé. Ou tout simplement qu’il venait de comprendre quelque chose qui le mit quelques peu dans tous ses émois. Aussitôt, il tâtonna les poches de son pantalon, où un crayon à papiers traîner toujours. Il continuait de suivre le plus grand, alors qu’il annotait quelque chose sur le bouquin. Bien sûr, il allait l’effacer. Ou pas. Peu de gens avait l’air de l’avoir emprunté celui-là. Il était encore dur à ouvrir, comme s’il sortait de l’emballage. Pourquoi tout devait être aussi neuf ici ? Tout semblait parfait, brillant, propre, sans bavure.

Soudainement, la voix tout proche de lui du professeur le fit relever les yeux vers lui. Il était penché, pas vraiment loin de lui. S’il voulait voir autre chose c’est ça ? S’il lui répondait son cul, il n’était pas sûr qu’il allait bien le prendre, alors il se retint de lui faire l’affront, dès le premier jour, d’une réponse si suggestive. Même si elle semblait plutôt bien lui allait, à Noy. Parce que de ce qu’il avait pu apercevoir, ça devait valoir le détour. Bref ! Secouant alors la tête, il baissa doucement le livre, enfermant son crayon à l’intérieur, avant de le serrer contre son torse. Il savait qu’il n’avait pas cours aujourd’hui, qu’il pourrait tout simplement passé à l’intendance pour récupérer son emploi-du-temps. Et aussi demander un traducteur. Enfin, si Noy était intelligent – ce qu’il était, assurément – il allait traduire son propre emploi du temps pour pouvoir comprendre. La traduction internet n’était peut-être pas la meilleure du monde, mais elle avait eu moins la valeur d’être plus valable que son propre traducteur automatique.

« Can you… hum… tell me where is the… the… papers… giver ? essaya-t-il. The… office of papers ? The papers room ? »

Il était très clairement en difficulté à ce moment-là. Mais il n’allait pas abandonner après tout. Autant faire chier le professeur jusqu’au bout. Et puis, de toute façon, après, il le laissera tranquille. Ce n’est pas comme s’il risquait de le retrouver dans ses cours. Combien, en pourcentage, il y avait de probabilité pour qu’ils se retrouvent tous les deux coincés dans une classe ? Ou même, qu’ils se retrouvent une nouvelle fois ? Non, vraiment, le hasard aimait jouer, mais pas à ce point-là. Non ? Si ? Ce n’était pas le début d’un de ses dramas où ils allaient se retrouver comme par surprise le lendemain matin, n’est-ce pas ?

▬ LOVE ALARM : OFF

Le regardant se plonger d'ores et déjà dans son livre, il lâcha un léger sourire, le trouvant plutôt amusant. Il connaissait assez peu d'étudiants qui appréciaient réellement lire. Qui plus est dans la section science. Les livres de mathématiques semblaient complètement neufs, avec une petite odeur de renfermé. C'était assez agréable en réalité. Veillant alors à ce qu'il n'entre pas dans un mur comme un gamin idiot, il mit ses mains dans ses poches, regardant un peu autour de lui. Le plus jeune semblait complètement être perdu dans son livre, l’annotant doucement au crayon. Non vraiment il n'avait jamais vu ça. Arrivant alors dans un autre couloir, il écouta doucement la demande du plus jeune, trouvant cela assez mignon. Du vocabulaire qui lui manquait, il se reprenait quand même. Perspicace. Il avait encore beaucoup à apprendre, mais au moins il connaissait les bases d'anglais vaguement. Le regardant alors toujours aussi doucement, il hocha la tête, réfléchissant au chemin le plus rapide. Passer par les escaliers du premier étage était plus rapide, mais en descendant par ceux du second il pourrait traîner un peu plus et lui faire retenir sans doute les lieux un peu plus. Optant pour sa première pensée, il lui tapota un peu l'épaule pour l'avertir qu'ils allaient devoir descendre des escaliers.

"I will take you to the office. But look at where you are going. Stairs are dangerous. So be careful okay ? " articula-t-il avant de doucement descendre les marches en

Seul leurs bruits de pas étaient perceptibles, comme s'ils étaient seuls dans tout le bâtiment entier. C'était normal que cela soit calme, après tout ils étaient en pleine heure de cours. Regardant par moment par les fenêtres qui défilaient, il soupira un peu, arrivant assez rapidement en bas des escaliers. Il se demandait s'il allait récupérer ce thaïlandais là aussi. Après tout, c'était toujours à lui qu'on filait les étudiants étrangers. Sans doute parce qu'on ne le considérait pas vraiment comme un coréen du sud. Après tout, il venait bien du nord, même si la plupart du temps, cela ne se remarquait pas. Il n'en était pas si fier que ça. Si cela venait à se savoir, il finirait sans doute derrière le bâtiment à se faire taper dessus. C'était comme cela que l'on traitait les transfuges par ici. Ils n'étaient pas considérés comme faisant parti de ce pays. Un étranger, un moins que rien, un lâche, un traître. C'est tout ce que l'on voyait en lui, qu'importe comment il se conduisait. Alors oui, il pensait réellement qu'il allait le retrouver dans sa classe cette année, assez drôle en y pensant. Lui présentant alors un peu le bâtiment officiel, il s'arrêta devant une porte, sans autres commentaires, le regardant alors.

"It is here. Do you want me to come with you ? You might have difficulties to understand some official things." lui certifia-t-il alors avant de hausser les épaules.

A vrai dire, il ne lui disait as ça méchamment. C'était plutôt pour lui. Il savait que le secrétariat pouvait utiliser des mots complexes, même s'il savait parler anglais après tout dans ce genre d'établissement. Mais ils ne feraient peut-être pas autant d'effort que lui pour rester simple et compréhensible. Il les connaissait après tout. C'était la même chose à chaque fois. Restant un peu sur place, il resta immobile, l'observant de haut en bas. Hmm, il aurait pu dire qu'il l'intriguait un peu cet énergumène en réalité. Les amoureux des mathématiques, ça ne courait pas les rues après tout. S'il savait que lui avait fait des études de physique appliquée et théorique, il viendrait immédiatement le traiter de faux scientifique. C'était une sorte de guerre entre la physique et les mathématiques. Selon lui, c'était sans doute une guerre qui datait depuis un moment au final en y pensant. Entre les philosophes, les éthiques, les sciences du réel et du fondamental. Non vraiment, c'était beaucoup trop complexe en y réfléchissant. Alors il s'en amuserait, parce que c'était drôle de le taquiner ce jeune homme.

"So ? I should let you go by yourself. I will maybe have you in my classroom, so be prepared, because I won't let you rest anymore. You will have to work hard, okay ?" lui affirma-t-il.

Enfin, bien sûr s'il atterrissait avec lui dans le troupeau d'élèves qu'il aurait. C'était toujours assez sympathique de retrouver des têtes connues d'années en années. Même s'il savait d'avance que si le thaïlandais finissait à apparaître sur sa liste, il aurait du mal à le prononcer ou même l'écrire. Il allait juste retenir Noy. Parce que c'était simple, et court. Facile à prononcer aussi d'ailleurs. Ça jouait pas mal à l'apprentissage. Il était en plus plutôt sévère dans sa notation, même s'il notait aussi les efforts dans les copies. Le plus vieux était un professeur juste dans ses notations, et apprécié en général. Alors même si Noy n'était pas forcément le plus doué dans la matière, il progresserait assez vite s'il ne considérait pas sa matière comme inutile ou encore juste comme une heure à passer dans une grande pièce. Le coréen était quant à lui intransigeant envers ceux qui dérangeait son cours, et il espérait qu'il ne faisait pas parti de ces garnements qui perturbaient les autres élèves. Malgré ses airs tout gentil, il savait en réalité tenir tête aux autres, et s'affirmer, quoi que l'on pouvait penser de lui. D'une main, tout doucement, il lui ouvrit la porte, sans trop savoir quoi faire. Plus qu'à attendre de voir ce qu'il dirait à présent.

▬ love alarm : off

Hochant calmement la tête à ce qu’il lui dit, Noy ne dit tout de même pas attention à là où il marchait. A vrai dire, il avait dans le coin de l’œil la silhouette du professeur et il se fiait complètement à son troisième œil qui lui permettait de ne pas se casser royalement la gueule dans les escaliers. Et puis, même s’il tombait ce n’était pas si grave que ça. Il bossait là. Quoi que, il n’avait pas ses lunettes, alors il avait un peu de mal. Plissant les yeux par moment pour tenter de déchiffrer quelque chose, il devait ressembler à un vieux pépère qui tente de lire l’écriture un peu perturbé d’un de ses petits enfants. Alors, au bout d’un moment, il sortie ses lunettes. Voilà ! On aillait pas continuer à tergiverser plus longtemps ! Non mais ! Ses autres yeux devant les siens, il se remit à lire les équations alors que le professeur le guidait dans les couloirs. Bien sûr, du coup, il ne retint absolument pas le chemin. C’était un garçon après tout. Une chose à la fois. Déjà qu’il arrivait à marcher sans tomber en lisant des problèmes de maths, on allait pas en plus lui demander de faire un effort pour se souvenir de la couleur des murs de couloirs qui étaient toujours les même ! Non mais oh !

Arrivé devant le secrétariat, ils s’arrêtèrent. Noy allait bien évidemment rentrer avant que le professeur ne prenne la parole. D’abord surprit par ses mots, un léger sourire s’étira sur ses lèvres. Malgré ses airs de géant, il était vraiment gentil. Oui parce qu’il fallait savoir une chose avec Noy : tout ce qui est trop grands, forcément hors d’atteinte vous voyez, est le mal. Genre… Les étagères trop hautes dans les supermarchés, les bars, les grands chaises, les marches à grands espaces, les plongeoirs, les échelles. Bref ! Tout ça, pour Noy, ça relevait de la création faite pour emmerder les petits. Et donc, comme le monsieur était grand, il considérait qu’il rentrait dans cette catégorie. Mais sa gentillesse depuis le début – si on oublie le fait qu’il l’a laissé tout seul alors qu’il est censé être en charge de lui – était à noter. A retenir même. Mais rapidement, le thaïlandais déchanta en l’entendant continuer. Comment ça, encore dans sa classe ? Quoi, il allait le faire bosser ? Pardon ?! Avec une surprise non-dissimulé, Noy le fixa un court instant. Puis, secouant la tête avant de la relever avec un sourire en coin, il lui tapota le torse en passant devant lui pour rentrer dans l’office.

« Try it… dit-il sans le regarder. I like it when people don’t make me rest. »

Ses lunettes sur le bout du nez, il lui indiqua simplement de venir l’aider alors qu’il tentait de sortir des feuilles de son sac. Puis, avec un sourire, il les tendit à la dame de l’accueil. Après quelques négociations, avoir récupérer son emploi-du-temps, avoir récupérer la liste des objets dont il aurait besoin aussi, ainsi que de sa carte d’étudiant, dont le code sera inscrit dans son téléphone pour pouvoir avoir accès à tout l’établissement, Noy salua poliment, en coréen, avec son accent. Mais l’effort était présent. Et arrêtez de juger un peu ! Rohlalala ! Une fois ressortie de l’enfer, le plus petit et le plus jeune des deux hommes, se mit à ranger tout son petit bordel (parce que tout est petit avec lui, et quand je dis tout, c’est tout) avant de relever les yeux vers l’autre de nouveau. Et se rendant compte qu’il avait toujours ses lunettes, il les retira alors pour les ranger aussi. Il n’aimait pas beaucoup les porter lorsqu’il ne travaillait pas. On lui avait souvent dit que ça rajoutait juste à son côté intello, et il n’aimait pas du tout être traité ainsi. Il trouvait cela péjoratif. Fixant l’homme, il le put que se souvenir de la question s’était dit qu’il devait lui poser.

« Oh right ! What is your name again ? I forgot… »

On a déjà parlé politesse avec Noy ? Oui, lorsqu’il s’agit de gens qu’il vient de rencontrer. Et encore. Mais avec le professeur, il ne se sentait pas oppressé comme il pouvait le ressentir parfois. Alors, cela le détendait étrangement. Et lui faisait perdre les bonnes manières. Mais on pouvait aussi mettre ça sur le manque de vocabulaire. C’était d’ailleurs la meilleure chose à faire non ? Puis le nom du monsieur résonna à ses oreilles. Et aussitôt, il ouvrit son emploi du temps sur son téléphone, pour voir s’il l’avait bien en professeur. Effectivement, la scène de drama venait de se confirmer. Il avait bien comme professeur d’anglais un certain monsieur Park. Mais n’y avait-il pas pleins de Park en Corée ? Si cela se trouvait, ce n’était pas lui ! Oui, on tente de se consoler comme on peut, d’accord ? Dans tous les cas, les coïncidences se multipliaient. Et Noy soupira en faisant la grimace. Bordel, mais c’était quoi ce début pourrie là ? Déjà, il avait des problèmes administratifs de partout. Tellement qu’il ne pouvait pas faire de maths normalement. Mais là, en plus, il se retrouvait avec un prof qui allait lui mener la vie dure dans une langue qu’il maîtrisait à peine, à un niveau de classe où il n’était bon qu’en maths. Gé-nial.

« So… M. Park… How should I prepared myself to… survive at your class ? » demanda-t-il en lui faisant un petit sourire en coin.

Quoi ? Maintenant qu’il était dans cette situation, il avait bien le droit de s’amuser un peu. Et puis, ce n’était pas comme s’il n’avait pas remarqué qu’il l’intriguait aussi. C’est à double tranchant ce genre de chose. Et Noy était plus que ravi de l’avoir perturbé à ce point, ce monsieur Park. Parce qu’il sentait qu’ils allaient bien s’amuser ensemble… Peut-être pas dans le sens que l’on s’imagine, mais Noy pouvait déjà se figurer pas mal de chose. Glissant la langue sur ses lèvres, il observa l’homme, attendant une réaction. Et puis après ça, il rentrera chez lui. Parce que demain est une autre aventure. Et le petit thaïlandais a l’impression que celle qu’il va vivre ici, à Busan, va être longue et… éprouvante. Pourtant, il commence enfin à en être excité. Mieux vaut tard que jamais.

▬ LOVE ALARM : OFF

L'entendre le fit légèrement rire, comme s'il se devait de relever le défi qu'il venait de lui proposer. Alors il ne fit que le suivre, souriant à ses collègues en laissant le plus jeune se débrouiller un peu. Il ne pourrait pas tout faire pour lui, même s'il veillait toujours un peu sur lui du coin de l’œil, s'assurant que tout se passe parfaitement bien. Un peu de coréen, et cela le fit sourire. Il avait ce petit accent appréciable et plutôt mignon des premières heures, marquant tout de même la nécessité de lui en apprendre plus. Heureusement qu'il devait sans doute en avoir, des cours. Leurs professeurs étaient plutôt compétent dans le domaine. Et puis il était sûr qu'il se débrouillerait bien, ce gamin. Une fois fait, ils sortirent rapidement de la pièce, tandis que son regard se reposa une nouvelle fois sur Noy avec ses lunettes. C'est que ça lui allait plutôt bien. Il n'avait pas vraiment remarqué quand il les avait sorties. Un petit détail de rien du tout mais qu'il aimait bien remarquer tout de même. Mais alors qu'il les rangea, il déposa son regard légèrement sur son emploi du temps, se demandant si ses doutes étaient vérifiés ou non. Au lieu de ça, il récupéra une question que le plus jeune n'avait pas du tout retenu. Cela voulait-il dire que depuis le début, il n'avait même pas retenu son nom ? Haussant alors un sourcil, il croisa doucement les bras.

"Teacher Park Songki. Try to remember it, kiddo." répondit-il en rigolant un peu tout de même.

C'était assez amusant en y pensant, cette familiarité qu'il prenait avec lui. A vrai dire, cela ne le dérangeait même pas. Il était peut-être un professeur, mais il n'aimait tous ces trucs de respect et de contrôle sur ses élèves. Du moment qu'il se faisait un minimum poli, ça lui allait en réalité. Passant sa main dans ses cheveux noirs, il le détailla un peu des yeux, comme pour essayer de le comprendre. Mais la curiosité repris rapidement le dessus, encore plus lorsque le jeune commença à regarder son emploi du temps, téléphone à la main. Cette modernité, ça l'étonnerait toujours autant, lui qui préférait rester en mode papier et coupage d'arbres. Oui bon, pas très écologique, mais il était beaucoup moins perdu ainsi. Sa tête se pencha légèrement, le regardant alors intrigué, voulant savoir à présent. En voyant sa tête complètement dépitée, il se mit à rigoler d'un coup, s'amusant de le voir aussi déçu, sûrement de l'avoir. Restant alors bien en face de lui, il sourit légèrement en coin à sa question, ne savant pas trop quoi penser de l'avoir pour l'année dans son cas.

"Hmmm....You should...Participate during the lesson, try to revise a bit before coming, being concentrate. And it will do it for sure." hocha-t-il doucement la tête, comme pour s'en convaincre, "Ah ! And try to work a bit, you know ? Don't put my class on the side. Understood ? It is not because you love maths, that you don't have to learn English." continua-t-il alors en se rapprochant de lui.

Il était sérieux. Il ne voulait pas que l'on ne délaisse son cours pour d'autres inclinations. Il veillerait à cela dans tous les cas, et lui taperait sur les doigts si cela arrivait. Non mais, il manquerait plus que cela. Il n'était pas un tyran, mais cela dépendait des moments. En général, on l'appréciait. En général. M'enfin bon, il verrait bien ce qu'il se passerait avec le plus jeune, même s'il avait l'impression qu'il allait vite devoir le recadrer. Évitant de trop le fixer, il garda son petit sourire amusé, avant de venir doucement regarder l'heure. Bon, il imaginait que maintenant Noy allait s'enfuir d'ici. Le plus vieux ne comptait rien laisser paraître, surtout pas face à l'un de ses élèves à présent. Venant alors doucement se mettre en route, il s'étira un peu, réfléchissant légèrement. Ce gamin, il avait l'impression que ce ne serait pas la dernière fois qu'il le croisait. Il avait cette étrange envie de l'embêter tout le long de l'année, au moins pour se venger de l'avoir accuser de vouloir le perdre dans les couloirs. Mais qui sait, personne ne saurait vraiment la vérité. Enfin, sauf lui. Il recommencerait peut-être aussi si jamais il se montrait trop pénible. Plus sérieusement, le noiraud le trouvait plutôt amusant, le thaïlandais.

"So. You're going home from now on ? You should be careful on your way and not read your book on the road. Otherwise you won't be able to access my class. How sad." rigola-t-il un peu avant de reprendre, "And try to not lost you hmm ? You seem good for this." termina-t-il en souriant.

L'accompagnant alors jusqu'à l'entrée, il croisa un peu les bras, le dévisageant par moment. Amusant, vraiment. Pourtant sa tête n'avait rien d'amusante. Il était plutôt mignon, si en on oubliait qu'il était jeune. Et puis, le coréen avait la drôle d'impression qu'il le cherchait, comme pour connaître ses limites. Il fallait en faire beaucoup plus malheureusement pour lui. Songki ne s'énervait que quand il le fallait, et était plutôt calme en plus de cela. Alors si le thaïlandais comptais vraiment essayer de le troubler par des techniques peu recommandées, cela n'allait sans doute pas fonctionner. La grande porte devant eux, il le relâcha dans la nature, comme un petit animal sauvage.

"Don't be late to my class okay ? Or I will punish you." rigola-t-il avant de le laisser vaquer à ses occupations.

C'est qu'il devait en avoir, en arrivant ici, des choses plus importantes à faire. Et même s'il rigolait en le menaçant gentiment, il savait que cela pouvait être compliqué de s'intégrer dans un nouveau pays. Si jamais il avait besoin d'aide, même sans le reconnaître, et bien il serait là pour l'aider un peu, comme aujourd'hui au final. Même si bon, il avait bien failli le perdre par la faute du plus jeune. Et ça, il ne le reconnaîtrait pas. Une fois hors de sa vue, il put enfin retourner à son rôle de professeur, préparer le cours qui allait suivre. La prochaine fois, il accueillera un nouvel élève, qui il espérait, se montrerait plus concentré que pour leur première rencontre. Enfin ça, il pouvait toujours le rêver sans doute.

▬ love alarm : off

Comment dire que, Noy n’avait absolument rien n’écouter à ce que Monsieur Park venait de lui dire ? Toute la liste des choses qu’il devait faire, le thaïlandais n’en avait absolument rien à faire. Son cerveau avait donc totalement passé cette partie là de la conversation. Déjà, parce que le professeur n’avait pas réagi à son côté provoquant, et ça, Noy l’avait noté, ce mettant lui-même au défi de le déranger autant que possible durant toute la période où il sera là. Puis, il n’avait eu aucune envie de l’écouter parler pour ne rien dire. Parce que tout ce qu’il lui avait conseillé, c’était exactement la même chose que les autres. Lui qui pensait qu’il avait au moins affaire à une personne un tout petit peu plus original que les autres. Il s’était trompé et déjà, il était déçu de lui. Faisant une légère moue, il se laissa tout de même guidé. Il ne l’écoutait même plus, trop occupé à regarder son téléphone et son emploi du temps plus précisément. S’il avait bien compté, il avait trente-deux heures de maths par semaine. Pour lui, ce n’était vraiment rien. Même, il aurait aimé plus. Mais apparemment, il y avait des limites d’heures de cours ici. Dramatique. Puis, il avait trois heures d’anglais et de coréen. Ce qui lui faisait un total de trente-huit de cours. Cela ne le changeait pas beaucoup de ses années d’école spéciale.

Bon, il fallait aussi dire qu’il n’avait pas compris ce qu’il lui avait dit. Peut-être que s’il avait fait un effort, il s’en serait sorti, mais comme il n’en avait aucune envie, Monsieur Park parlait complètement dans le vide. En même temps, il était en train de lui faire un monologue à la monsieur-qui-faisait-des-pièces-de-théâtre-en-anglais-dont-Lamon-a-oublié-le-nom et ce n’était absolument pas possible pour lui. D’ailleurs, il devait aussi se renseigner sur les sorties culturelles. Nan parce que s’il le jouait fine, il pouvait très bien s’enfuir en plein milieu pour aller les attendre dans le café en face en faisant des choses intéressantes. Comme des maths par exemples. Sa vie tournait autour de ça depuis toujours. Et cela n’allait pas changé du jour au lendemain, juste pour les beaux yeux d’un professeur qui lui parlait dans une langue inconnue. Monsieur Park avait bien du courage de lui faire confiance sur son attention en cours et autres. Il devait sans doute le prendre pour un élève scolaire. C’était souvent le cas, surtout avec ses capacités mathématiques. Mais en réalité, il ne l’était pas vraiment. Oui, il pouvait se mettre à pleurer lorsqu’il perdait ses affaires. Oui, il pouvait s’énerver lorsque ses cours étaient déplacés. Oui, il pouvait avoir peur et réviser comme un malade pour les examens. Mais non, il n’aime pas les cours. Il n’aime que les maths. Et, vous me direz, c’est déjà bien.

Se mettant à imiter avec une grimace les remarques du professeur sur le fait qu’il devait faire attention et ne pas se perdre, Noy se rendit compte qu’il le raccompagnait à la porte. Cela lui fit étrange. D’autres l’auraient sans doute abandonné à la sortie du secrétariat pour directement aller en classe. Mais lui, il prenait le temps de l’emmener jusqu’à la sortie. Même si cela ne l’empêcha pas de se moquer de son sourire. Parce que oui, il souriait en lui disant ça. Une bien jolie technique de critique camouflée. Sans même prendre la peine de lui répondre, Noy ne fit qu’hausser les épaules lorsqu’il le regarda. Avant de se concentrer de nouveau sur son appareil portable qui l’amadouait un peu plus que Monsieur Park à ce moment là. Il fallait dire, l’un avait sa vie regroupait en son sein, tandis que l’autre lui faisait des remarques sur comment étudier et sur le fait de ne pas arrivé en retard. On pouvait rapidement savoir lequel des deux avaient le plus rapidement gagné le cœur du plus jeune. Arrivé à l’entrée, Noy rebrancha ses écouteurs à son téléphone, écoutant d’une oreille distraite ce qu’il se passait. S’il avait quelque chose à lui dire, il était tout ouï. Et sa dernière phrase le fit relever la tête. Enfin de compte, il n’était peut-être pas aussi lambda qu’il le pensait. Ou alors, il se faisait des films. Oui sans doute. Mais à dix-huit ans, on n’est pas sérieux.

« Oh really ? sourit-il en le regardant dans les yeux. I’ll be late then. »

Et sur ses mots, il le quitta, glissant sans même se retourner son casque sur ses oreilles. Il enclencha une musique qu’il aimait beaucoup, revenant sur ses pas. La journée venait de démarrer pour certains, et il pouvait voir nombre de personnes rentraient dans l’établissement pour aller en cours. Lui, il le partait justement. Il avait tout plein de choses à faire. Comme aller s’acheter des cahiers et des carnets de notes. Beaucoup trop de crayons à papiers de tout type. Il adorait ça, les crayons à papier. Jusqu’à ce qu’il ait passé des examens avec. Sans aucune gêne, et oui. Puis, il devait aussi se commencer à fourrager dans le livre qu’il avait emprunté à la bibliothèque. Et faire toutes les photocopies des polycopiés de cours qu’on lui avait très gentiment envoyé. C’est sûr, il allait rentabiliser la photocopieuse du dortoir au possible. Et puis, il n’allait surement pas dormir de la nuit. Mais c’était un mal pour un bien. De toute façon, l’anglais ne l’intéressait pas réellement. Il n’y avait que le prof.