You got to keep me focused, you want it, say so

Pour rien au monde, Noy accéléra le pas pour aller en cours. Et il n’allait surement pas courir. Marchant dans les couloirs de la fac, ses écouteurs dans les oreilles, il savait pertinemment où était sa salle. Il avait dormi un peu trop longtemps ce matin. Ou plutôt, il s’était couché tard et avait fainéanté. Pourtant, il avait toujours un teint de pêche et c’était terrible de se dire que ce petit bout d’homme aurait pu dormir encore vingt-quatre heures en tout simplicité. En même temps, ce matin, il avait anglais. Malgré toute l’affection qu’il portait à son professeur (réelle ou imaginaire, il ne le savait pas encore), il n’allait surement pas daigner faire autre chose que d’avancer à son rythme. Il était en retard de quelques minutes à peine. Pas de quoi paniquer non plus. Un peu plus ou un peu moins, quelle était la différence ? De toute façon, il n’avait pas prévu de bosser beaucoup. Sa nuit avait été courte et pourtant, il avait encore du boulot à faire. Arriver devant la porte, il toqua, pour l’ouvrir juste après, souriant innocemment à Monsieur Park qui présentait quelque chose au tableau. Ce n’était pas un auditorium comme en cours magistrale, il s’agissait là d’une plus petite classe, avec seulement quelques élèves, pour « progresser » et « s’entrainer ».

« Désolé du retard, dit Noy en gardant son petit air angélique. J’ai raté mon bus. »

Faux, totalement faux. Il n’avait même pas de bus à prendre pour venir à faculté. Seulement quelques mètres à pieds et il était arrivé. Mais bon, ça, Songki ne pouvait pas le savoir. Ou alors, il le savait, mais cela rendrait les choses plus sensibles. Parce qu’un professeur qui sait où habite ses élèves, c’était moyen quand même. Allant alors s’installer à une des seules tables libres (celles du fond, évidemment, vu que tout le monde s’accrochait à Monsieur Park, parce que, franchement, « il est canon comme prof ») Noy sortit ses affaires calmement, coinçant son téléphone derrière sa trousse, ses écouteurs rejoignant son sac. Il n’était pas assez irrespectueux pour écouter de la musique en classe. Par contre, regarder Songki en rêvant, il savait très bien le faire. Le menton coincé dans la paume de sa main, le coude sur la table, les yeux sur son professeur, il préférait regarder les mouvements que faisait sa chemise bien repassée plutôt que ce qu’il écrivait. Il parlait en anglais, principalement, avec un accent qui aurait pu faire succomber n’importe qui. Monsieur Park avait du succès, c’était certain. Noy n’était pas dupe. Mais le plus petit s’amusait bien à le faire tourner en bourrique. D’ailleurs, il n’avait pas oublié leur rendez-vous… Quand devraient-ils le programmer ? Un week-end, ce serait sympa. Ou alors après des cours. Mmmm… De toute façon, il avait tout le temps qu’il voulait pour y réfléchir. Une heure de cours ne passait pas en un éclair. Et surement pas l’heure d’anglais.

Au moins de dix minutes à fixer son professeur avec attention, Noy se pencha sur sa table, remarquant que tout le monde en faisait de même. Quoi ? Il avait donné des exercices ? Le plus jeune de la salle se saisit alors d’une de ses feuilles de cours, la posant devant lui. Mais rapidement, il abandonna, ne comprenant même pas l’énoncé. A la place, il se mit à faire des maths, sortant sa prof feuille d’exercice pour se mettre au boulot. Au moins, cela donnait l’impression qu’il était concentré sur quelque chose et qu’il n’était pas en train de ne rien faire. Juste, il ne faisait pas le cours. Traçant ses intégrales à la suite, se retenant d’utiliser sa règle pour dessiner les domaines et les fonctions, il se mordit la lèvre en sentant une présence passer à côté de lui. Heureusement, elle ne s’arrêta pas. Peut-être qu’il ne cherchait qu’à maintenir le silence pendant ce petit temps d’exercices. Oh, s’il pouvait faire ça toute l’heure, se serait merveilleux. De temps à autre, il relevait la tête, faisant semblant de réfléchir. Il savait très bien la réputation qu’il avait. Il se débrouillait, mais sans plus. Le coréen, bizarrement, rentré beaucoup mieux dans sa petite tête. Peut-être à force de n’avoir cours que dans cette langue. Enfin bon. A vrai dire, il n’avait pas besoin de trop réfléchir pour ses calculs, il en connaissait déjà le résultat rien qu’en les énonçant, mais c’était pour le bluff. Tapotant de son crayon sur sa feuille, il essayait de se retenir de rire en voyant tout le monde tentait de faire bonne impression en travaillant bien autour de lui. Dingue à quel point tout le monde voulait impressionner Songki. Professeur populaire et proche de ses élèves. Il avait trouvé la bonne technique pour faire sa loi. Sauf à un, bien sûr, irréductible, qui parlait un langage totalement différent du sien.

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Malette posée, sous les regards attentifs : car le plus vieux arrivait toujours en avance, même si par moment les estrades se faisaient déjà remplies, de ceux impatients et matinaux. Ô mais lui, rien ne le dérangeait, affaires installées sous les quelques sourires dissimulant une nuit chaotique, légères douleurs atténuées depuis les draps, la journée serait sans doute des plus longues avant de ne pouvoir en détendre les doux malaises. Peut-être aurait-il pu prendre sa journée, pour au final s'en reposer, mais Songki n'était pas comme cela, à toujours trop travailler : à avoir peur de faire le moindre faux pas. Petit groupe habituel auquel il s'amusait à enseigner ; trou dans les places disharmonieuses, ô il savait qui manquait, et lui ne comptait prendre de retard pour les indélicatesses d'un seul. Alors tableau allumé, sous les accents anglais remarquables, cours menés à ses débuts comme pour en enchanter les esprits : il essayait de les motiver, de rendre tout cela ludique ; jusqu'à ce que les interruptions ne lui parviennent pour en faire soupirer le plus grand. Attitude qui lui tapait sur les nerfs, aujourd'hui, et sans doute était-ce la fatigue, mais il n'était pas prêt à supporter le comportement du thaïlandais, alors que tout le monde avait eu l'air de cerner que ce n'était pas la journée pour le chercher lui. Regard aiguisé vers celui au sourire naïf, doigts se resserrant sur les vélédas comme pour éviter de lui balancer dessus, il préféra garder son regard sur la classe pour ne pas s'emporter. "Bien sûr. Dépêche toi. Et la prochaine fois évite de rater ton bus." qu'il articula, mensonge décodé car qui oserait dire la vérité sur ses retards après tout ? Il n'était pas idiot, loin de là. Lui aussi avait été élève, peut-être dans de différentes conditions, mais il en connaissait les astuces permanentes : qui à présent l'agaçaient encore plus.

Ignorant de celui qui se fichait bien de son cours, se permettant alors de continuer pour en bercer les plus doux, sans doute était-il beaucoup trop passionné par ses heures, essayant pourtant de ne pas se montrer sous son mauvais jour. Car Songki avait cette aptitude à en camoufler ce qu'il ressentait, masque abordé en permanence pour n'en dévoiler que trop peu ; jusqu'à ce qu'implose les astres dans les prunelles épuisées. Et peut-être un jour, arriverait-il a ne plus rien laisser passer, gentillesse envers ceux qui avaient encore du plaisir à l'écouter et prendre des notes. Car pour certains, matière inutile, et pourtant, elle servait bien plus que ce qu'il ne pouvait paraître. Beauté des langues qu'il voulait simplement partager de manière pédagogique, sans ennuyer, à sa façon, et en bonne humeur. Et cela semblait marcher, ses classes avaient un bon niveau en général, et s'intéressaient plus ou moins à ce qu'il leur enseignait. Regards passifs posés sur lui : il les avait bien remarqué. Que ce soit le thaïlandais, ou bien tous ceux qui en inspiraient ses paroles. Alors pour les faire travailler un peu, exercice demandé, concentration perdue alors qu'il réorganisa vaguement ses copies en attendant, il se mit alors à vagabonder entre les rayons, aide offerte à ceux qui en avaient besoin.

Sourire vague aux lippes, comme pour en rassurer les plus jeunes, il l'avait remarqué : celui faussement studieux qu'il avait préféré ignorer toute l'heure. Pas discret venant alors le guider devant le plus petit, mains qu'il posa sur son bureau pour en montrer les exaspérations, il pencha la tête, avant de la secouer d'un coup. "Noy. Rappelle moi dans quel cours t'es ?" qu'il soupira sans élever la tête, sourcils se retenant de se froncer sous les agacements. Car il faisait de son mieux, lui : alors que le gamin ne faisait que le passer en ridicule.  "T'arrives en retard, c'est une chose. Même si je suis sûr que t'arriverais pas en retard à tes cours de maths. " , soupir éternel alors que les doigts se glissèrent vers lui pour lui en prendre sa feuille. "Mais tu suis pas mon cours. Alors à quoi ça sert de tout simplement venir si c'est pour te moquer de moi hmm ? Alors sois tu te mets à bosser, sois tu sors.", choix imposé, alors qu'il se permit du bout du doigt de lui montrer le bon exercice, pour se détourner de lui et se frotter un instant le visage. Patience, qu'il avait perdu à force d'être pris pour un idiot, mais Songki en restait pourtant calme, comme pour lui en garder une chance : tout en ayant pour autant pas oublier leurs compromis passés. "Et que je t'y reprenne plus, sinon je te fais manger ton papier.", menace plus joueuse qu'autre chose. Feuille alors posée délicatement sur son bureau en observant les quelques intégrales, sans doute en aurait-il rit, un autre jour, mais ce matin, lui ne voulait que pouvoir faire son cours tranquillement et sans encombre. Et peut-être qu'un jour essaierait-il de lui faire cours de maths en anglais, pour en capter les attentions. Un jour, mais pas aujourd'hui. Cours à continuer sous les réserves de ceux bien plus calmes.

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« On est… en cours d’anglais, répondit Noy, légèrement effronté. Pourquoi ? »

Evidemment qu’il savait pourquoi, il avait les mains dessus et la tête dedans. Les maths, toujours les maths et encore les maths. Il regarda Songki le gronder, essayant de garder le regard sur ses yeux plus que sur ses lèvres, se disant que c’était vraiment tordant de le voir dans cet état. Même si, aujourd’hui, il ne lui en avait pas fallu de beaucoup pour le faire réagir. C’était nouveau, intriguant Noy qui se demanda ce qui avait bien pu mettre son professeur autant à fleur de peau. Il l’avait déjà vu fâché, irrité, désabusé, mais rien de ce qu’il lui donnait comme impression aujourd’hui. Il se retint de lui demander s’il pouvait sortir, se disant que cela ferait un peu tâche dans la discussion. Il était effronté, à ce point-là, sans aucun doute, mais il avait comme l’impression que Songki le prendrait aux mots et le jetterait hors de son cours sans aucun autre discours. A vrai dire, maintenant qu’il était arrivé et installé, Noy n’avait plus vraiment envie de quitter la salle. Pouvoir observer son professeur avec autant de non-tact avait rendu sa journée un peu meilleure et surtout lui avait permis de supporter le fait qu’il démarrait avec anglais. Délibérément, Noy sourit à Songki alors qu’il le vit déposer ses feuilles sur son bureau, glissant les mains dans les poches de son sweat à capuche. Il fit la moue en se penchant sur l’exercice du cours, ignorant les regards réprobateur autour de lui. « Ohlala, il a attiré l’attention de Monsieur Park. Ouin ouin, j’aimerais faire pareil. » Et bien, ils et elles n’avaient qu’à le faire. Parce que même si les bons élèves se faisaient toujours remarquer, les mauvais restaient le plus temps dans les esprits.

A peine avait-il lu la première question que l’ennui l’envahie. Il grimaça, arrivant à peine à formuler une réponse correct dans son esprit. Comme dit précédemment, il avait progressé en coréen, étant entouré de cette langue depuis déjà plusieurs semaines. Mais l’anglais, sombre et tumultueuse, ne lui facilitait absolument pas la tâche. Inspirant alors, il se saisit de son téléphone, ouvrant son application de traduction pour s’aider à rédiger la moindre réponse. C’était de la triche, certes. Mais il était au fond de la classe, Songki avait ses feuilles de maths, et tout le monde n’en avait rien à faire de lui. Après tout, c’était aussi travailler d’une certaine manière. Bon, d’accord, c’était clairement la technique de la facilité, il n’était pas allé chercher très loin. Et puis, il se mit à écrire. L’alphabet latin lui était comme un dessin. Tout comme celui coréen d’ailleurs. On critiquait souvent les cursives thaïlandaises, mais lui y arrivait très bien. Ce n’était pas plus difficile que n’importe quelle autre écriture. Il fallait savoir relativiser un peu. Mais ce serait tout de même bien hypocrite de demander à tout le monde de relativiser là où lui-même avait dû mal à tenir sa langue critique. Nombreux étaient ses moments où il n’arrivait tout simplement pas à ne pas juger quelque chose qui se passait devant lui. Cette activité d’ailleurs lui avait permis de se trouver un sens de la répartie plutôt acéré. Dommage qu’il ne puisse pas l’utiliser aujourd’hui. Sinon, il n’aurait pas hésité. Seulement, il en avait déjà fait assez avec son retard et son effronterie.

L’ennui, néanmoins, revint rapidement. Au bout de… vingt secondes à peu près. Tout le monde travaillait encore, certains avait même fini, mais Noy n’en avait même pas terminé deux et cela le tuait un peu. Il était le plus jeune de cette salle, le plus doué en maths et le dernier à tapoter de son crayon sur sa feuille en regardant dans le vide. Il jeta un coup d’œil à Songki, soupirant bruyamment. Peut-être que cela allait attirer son attention. Et s’il faisait semblant de tomber de sa chaise ? Nan, on allait dire qu’il était bête à ne même pas savoir comment se tenir sur une chaise. Ou alors, il renversait sa trousse ? Casser son téléphone ? Il n’était pas maladroit à ce point-là non plus, ce serait suspect. Il fronça du nez, prenant de nouveau son téléphone pour regarder l’application de traduction. Une nouvelle idée lui apparut alors. C’était du travail techniquement ce qu’il allait faire. Levant la main, il interpella monsieur Park avec politesse.

« Monsieur, j’ai une question ! »

Son doigt appuya alors sur l’émoticône haut-parleur de l’application. Une voix féminine robotique s’alluma alors, plus forte que ce qu’il n’aurait voulu, mais bon, c’était trop tard pour faire marche-arrière maintenant.

« Sir, I don’t understand the grammar of this question. Can you explain it, please ? »

Son air innocent ne devait pas très bien cacher le malicieux être qui ricanait en lui. Ce n’était peut-être rien, mais le problème est que : si Songki acceptait qu’il lui pose des questions de cette manière là maintenant tout de suite, Noy n’allait pas se gêner pour le refaire à l’avenir. Evidemment, il doutait qu’il soit d’accord avec cette idée. Mais malheureusement, lorsque Satan ne peut pas vous joindre, il vous envoie un Noy à la place.

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Irritation perceptible aux yeux de tous, réponse qu'il ne préféra pas s'occuper comme pour en ignorer les quelconques insolences que le thaïlandais lui offrait en permanence. Mais ô si Noy n'avait pas compris que le moment n'était sans doute pas l'un des plus opportun pour en plaisanter avec lui : limites bien trop facilement atteintes alors qu'il essayait pourtant de s'en montrer des plus posé, face à ceux qui se tenaient dans ses cours. "Tu sais au moins ça, c'est déjà pas mal. Et ne me demande pas pourquoi. Si tu voulais faire des maths tu t'es trompé de lieux.", qu'il prononça alors que le corps s'en était dirigé sans réellement l'écouter vers les bureaux, soupirs aux lippes alors que les agitations en reprenaient, et que lui ne voulait que pouvoir finalement en faire cours comme habituellement. Sans doute que la patience en était souvent au point, pour en supporter les amusements des autres ; mais les douleurs en étaient omniprésentes : comme pour le hanter même dans les passions des cours. Alors il faisait des efforts, mais pas au point d'en supporter les enfantillages de celui qui n'en demandait que de l'attention.

Gamin qu'il surveillait du coin des yeux, préférant pourtant en reposer son aide sur ceux qui le lui demandait réellement, il ne savait pas de quelle manière il allait devoir le lui dire. Peut-être un jour que le plus jeune y verrait enfin les avantages de cette matière ; et au final, pourquoi s'en faisait-il autant ? Il n'était personne si ce n'était celui qui essayait d'en faire prendre goût les langues pour en habituer les oreilles : mais il n'était pas force face à ceux qui n'y mettaient tout simplement pas du leur. Alors quand d'entre toutes les vallées ; voix électronique s'élevant comme pour le décourager, il laissa son plus beau soupir s'évader, avant de se retourner doucement vers la fine figure. "Qu'est-ce que je vais faire de toi hein ?", et le regard en était désolé, car sans doute en avait-il seulement marre d'être pris en permanence pour un idiot. Pas se faisant alors réguliers, entre les allées : comme pour le chercher lui, il s'approcha alors près du jeune homme pour finalement en tendre la paume. "First you will have to give me your phone if you don't want me to kick you out of this classroom. Because that's where you are. In a classroom.", ton qui pourtant apaisé n'en donnait aucune chaleur, lui qui en avait sans doute pour la première fois perdu patience.

Regard aux autres élèves, comme pour veiller à ce qu'ils ne fassent réellement que travailler malgré les oreilles curieuses, il croisa finalement les bras avant d'en reprendre un léger sourire. "So. If you really want to try to be a serious student. Tell me, what is it that you don't understand ? If it is interesting I might help you." qu'il laissa alors s'échapper, comme presque certains qu'il n'avait en réalité envie de simplement l'embêter un peu plus. Car c'était devenu naturel chez le plus jeune, de trouver les moindres prétextes pour simplement lui taper sur les nerfs. Songki n'était pourtant pas des plus dociles, alors qu'il essayait chaque jour de n'en faire apparaître que les plus élégantes des faces. Deux côtés qui s'en rejoignaient pour au final en donner ce qu'il était, mais il n'était pourtant pas des plus complexes à comprendre, alors qu'entre les classes il ne faisait qu'essayer d'en aider ceux qu'ils le souhaitaient. "And of course ask me in english. You're good at using your phone, but try speaking by yourself hmm ?", et peut être était-ce trop demandé, au final de ne vouloir que faire en sorte de le faire réussir dans cette matière qui n'était selon lui pas les pires qu'ils pouvaient enseigner ici. Ô mais les langue en demandaient pratiques, et lui ne faisait que refuser les quelques efforts qu'il lui demandait.

Alors il en observait les feuilles, comme vierges de tout travail, désespéré de n'y voir là que les refus certains de vouloir se plier aux ordres concrets d'un professeur. Un peu trop jeune parfois pour en gagner le respect de ses élèves, mais il n'en restait pourtant pas moins celui qu'il devait écouter : et qui leur enseignait les douces paroles comme pour en créer passions infinies. Mouvements qu'il ne faisait plus comme pour en attendre à ce que les réactions se fassent, il en était pourtant là à observer calmement les feuilles avant d'en taper des doigts dessus pour en capter les attentions. "And why haven't you wrote something on it yet ? Are you that bored to think that you can skip my exercices ?", question banale comme s'il s'attendait à ce que se déverse les quelques excuses possibles. Mais en réalité il s'en moquait bien : lui ne voulait plus que le voir travailler un peu plus , comme réussite qu'il pourrait s'attribuer, s'il parvenait à le faire. Puis qui ne voulait pas voir ses élèves fleurir un peu plus, même s'il n'en s'agissait que d'idiots qui n'en faisaient qu'à leur tête malgré tout ? Là était sans doute la beauté de la chose, quand cela ne faisait que l'agacer un peu plus avec lui seulement.

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C’était si amusant. Il voyait qu’il arrivait à l’irriter plus que d’ordinaire, percevant dans sa voix qu’il jouait très clairement avec le feu. Mais il ne pouvait pas s’en empêcher. C’était comme lui interdire de goûter à un plat délicieux alors qu’on lui mettait sous le nez. Il résistera quelques secondes, mais la tentation sera trop forte et irrévocablement, il voudra goûter. Park Songki était un plat que Noy se ferait un plaisir de déguster. De ses yeux taquins, il le regarda repartir à son bureau après lui avoir pris ses feuilles de maths. Cela aurait dû être une tragédie pour le thaïlandais. Mais bizarrement, il ne trouvait que cela plus intriguant encore, le poussant à toujours faire une autre bêtise. Il s’ennuyait, il était tôt dans la matinée, et en plus, ce n’était même pas un cours qu’il appréciait particulièrement. Il les voyait, les élèves qui essayaient toujours de faire les beaux pour bien se faire voir par le prof et autre. Lui, il n’essayait même pas. Parce qu’il avait réussi à plus attirer son attention en faisant l’idiot, en faisant la tête de classe. Un surdoué qui se fait passé pour ce qu’il n’est pas, cela devait être frustrant. Car, à vrai dire, si Noy se penchait réellement sur l’anglais, sans doute n’en ferait-il qu’une bouché. Mais voilà, les langues ne l’intéressaient pas. On ne forçait à apprendre une langue, alors qu’il était sûr que plus de la moitié des personnes qui la parlaient ne connaissait même pas les rudiments de la sienne. Inégal, donc.

Poussé par l’envie de le voir s’énerver contre lui, sans doute, Noy alla encore plus loin. Son téléphone était un atout qu’il gérait peut-être un peu trop bien. Alors, il se devait d’en profiter. Le regardant alors se rapprocher de lui de nouveau, c’était presque une victoire d’avoir autant de son attention sur sa personne. Il l’énervait, car dans sa voix grésillait une lassitude que Noy voulait faire exploser. Il s’était peut-être mis au défi d’avoir Songki pour lui-même, il devait être en train de faire un bon nombre de fautes dans ce processus, mais au moins, il avait le droit à ce regard, poser sur son visage, et cela lui suffisait. Même s’il n’arrivait qu’à comprendre un mot sur deux de tout ce qu’il lui disait, il obtempéra sans rien dire, déposant son téléphone dans la main de l’homme, sans se plaindre, le regardant dans les yeux en continuant de sourire. « Petit effronté. » Ce genre de mots, il l’avait entendu toute sa vie. De tout le monde. Il était toujours plus facile de se baser sur ce que l’autre projeter que de se pencher sur la réalité. Les mains croisées sous son menton, il fit un regard de biche à son professeur. Vraiment, son visage était similaire à ces dessins de divinité que Noy avait été forcé d’étudier. Même si on lui avait inculqué nombre de principe bouddhiste – dont il n’en avait retenu que la moitié – il avait vu ces représentations d’un autre temps. Et Songki aurait pu s’inscrire dedans, sans aucun problème. Là où Noy n’aurait été que l’un des millièmes visiteurs qui serait passé sous l’œuvre.

« In enflish, approuva Noy, sans le quitter des yeux. I don’t understand the question. The words… is not in good order. »

Sans mentir, il avait fait beaucoup d’effort pour cette phrase. Elle n’était pas parfaite, mais il avait tenté, au moins. Alors, les pupilles toujours sur Songki, il se mordit la lèvre inférieure en attendant sa réponse, appréhendant presque ce qu’il allait lui dire. Bien sûr, il s’attendait à être corriger voir même que le professeur passe à autre chose, car, des élèves comme lui, il devait en exister des centaines, dont la prononciation n’était pas parfaite, mais qui tentaient tout de même. Noy était banal aux yeux de Songki, peut-être un peu plus turbulent que la masse, mais pas de quoi en faire une histoire. D’ici quelques années, ils se seront sans doute oubliés. Car la vie de Noy n’a toujours été faite que de passages. Il ne s’est jamais attaché à qui que se soit, il n’a jamais réussi. Et lorsque l’espoir de quelque chose naissait, cela devenait malsain. Alors, même s’il n’avait pas abandonné, il savait qu’à la fin de l’histoire, il finira par repartir de là où il venait, abandonnant le professeur dans son pays, pour retourner dans le sien. Baissant enfin les yeux sur sa copie, il tenta de la cacher, secouant la tête, avant de le regarder de nouveau.

« I write… thing. It is not… visible… for you. (Une étincelle s’alluma alors dans ses iris.) I am… never… bored with you. Teacher. »

Il leva une main, pour effleure l’un des boutons de la chemise de l’homme, avant de la retirer aussi rapidement, pour qu’il ne l’attrape pas. Il se souvenait très bien de celle mouillée, par ses propres soins, qui avait retracé les formes du ventre de son professeur. Cela avait été un spectacle dès plus plaisants. Personne dans cette classe à part lui, n’avait pu avoir la chance de le voir ainsi. Sauf, peut-être, le principal concerné. Rêvant alors de ce souvenir, ses yeux glissèrent un peu plus bas, s’arrêtant quelques secondes de trop sur une zone camouflée, avant de se revenir sur sa feuille. Il la leva alors, montrant qu’il avait écrit le début du premier mot d’une phrase à son professeur. Les autres devaient bien en rire, et du coin de l’œil, Noy voyait qu’il y en avait qui voulait poser une réelle question. Seulement, Noy avait le petit privilège d’avoir la capacité d’embêter Songki plus que d’ordinaire. C’était étrangement satisfaisant de voir un homme aussi calme et composé que lui, perdre contenance pour un petit instant. Il ne devait manquer que les cornes et la queue fourchue pour que Noy ne ressemble à un diablotin. Délicatement, il redressa ses lunettes, fixant l’homme avec un mélange de sensations qu’un étudiant naïf n’aurait jamais. Ce n’était que le matin, et déjà, Noy voulait voir Songki arriver à sa limite.

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Et les yeux ne le quittaient plus, et la patience en était à sa limite , à celui qui tentait d'en faire quelque chose de celui qui ne faisait que le défier toujours plus. Il le savait, pourtant, tous les cours se passaient ainsi, toutes leurs sorties se retrouvaient à faire du babysitting, et cela ne faisait que le fatiguer un peu plus de devoir sans arrêt surveiller ceux qui étaient pourtant censé faire leur travail. Car si Noy en était arrivé dans sa classe, c'est qu'il se devait un minimum fournir un effort : pour faire semblant de suivre sans se faire prendre. Au moins pour ne pas en déranger le déroulement de son cours. Pourtant il en était là à tenter de le pousser au bout de ses retranchements, sans avoir à passer de nouveau derrière lui. Même s'il savait pertinemment que tout ne se passerait pas comme il le voudrait. Journée qui avait mal débuté et qui semblait continuer comme elle avait commencé alors qu'il aurait aimé pouvoir s'abstenir d'en hausser les voix pour une première fois sous les regards de tout le monde.

Regard qui le laissa de marbre, alors qu'il en rigolerait presque de ces insolences provoquée sous ses yeux, le plus jeune était certes mignon : mais bien trop insupportable pour qu'il ne puisse en passer outre. "Not in the good order ? What are you even trying to say ? Maybe you don't understand because you did not listen when I was expalining ?" qu'il prononça alors avant de soupirer et de hausser un sourcil.  "Isn't it ?", seule vérité qu'il entrapercevait ici, car sans avoir écouté, peut-être n'aurait-il pas deviné comment s'occuper de ce simple exercice qui à son goût en était plus simple que les maths. Mais sans doute ne le voyait-il pas ainsi, et qu'au final, tout ne faisait que lui taper un peu plus sur les nerfs. Classe dans laquelle il se trouvait et dans laquelle il devait écouter ce qu'il lui disait, le coréen pouvait en avoir des airs de bien trop gentil, mais il savait également retenir les quelques colères qui pouvaient le traverser quand il le souhaitait. Car malgré les apparences, le plus grand n'en restait pas moins un professeur qui savait donner autorité quand cela s'imposait : et surtout avec lui qui considérait son cours comme bien trop inutile.

Soupir permanent en se disant qu'il aurait très bien pu le laisser faire le gamin dans son coin ; Songki n'était pourtant pas ainsi, à abandonner dès que quelques difficultés se montraient à lui, et ce n'était sûrement pas un enfant qui allait le ralentir dans ses missions. Alors il tenterait tant bien que mal de le remettre dans le droit chemin, comme un défi à réaliser alors qu'il ne pourrait pas compter sur l'aide du principal intéressé. Sourcil se haussant alors avant qu'il n'en lâche un léger rire, il avait l'impression d'assister à de vieilles tirades romantiques qui ne pouvaient que faire rire les assemblées. Jeu dans lequel il le prendrait à revers un jour, il en appuya l'une de ses mains sur sa table en fronçant du nez.  "Not visible for me and your classmate I bet. So try to make it visible from now on if you don't want me to ignore for the rest of the year.", comme pour le motiver un instant à en rédiger enfin quelque chose, alors qu'il ne faisait que penser que le plus jeune était en manque d'attention permanente. "And show me then that you're not bored, if you tell me so. Because for now I do not see it at all. So make some efforts, okay ?", sinon le reste de l'heure allait sans doute devenir un enfer autant pour lui que pour Noy, et il préférait en éviter d'arriver là.

Regard qu'il lui lança alors qu'il finit par en tapoter tout doucement sa feuille, il éleva tout doucement la voix avant de sourire plus fièrement. "Cette feuille sera à me rendre à la fin du cours, alors appliquez-vous même si ça peut vous paraître simple.", ce qui était réellement le cas, mais il n'irait pas noter leurs exercices, loins de là, sans doute n'était-ce là qu'une technique de plus pour les obliger à travailler et à ne pas juste écouter les quelques scènes de théâtre qui pouvait en amuser plus d'un. Amusement qui lui viendrait sûrement bien plus tard, car pour le moment, il n'était plus d'humeur à jouer. S'approchant de nouveau du plus jeune pour en régler les choses plus aisément, il reprit un visage plus neutre, pour essayer de rester calme. "So. I will have to talk to you after the class. Hope you won't run away. That is important. And please for the next few minutes : be concentrate. Even though you do not like my lessons. Perhaps I could take you seriously and not see just a kid in front of me.", mots qui voulaient en dire bien plus, car il l'appréciait, lui, mais s'il ne faisait que jouer en permanence pour en ruiner les efforts qu'il fournissait, il ne pourrait tout simplement plus rien y faire.

Validation attendue presque impatiemment, pour finalement tenter de retourner à sa place et souffler un coup, il n'avait sans doute plus qu'envie d'en finir avec ce cours. Jamais n'avait-il eu d'élève aussi audacieux, prêt à lui en faire voir de toutes les couleurs. Et peut-être aurait-il préféré que cela continue ainsi. Car Songki appréciait les gens, découvrir ceux qui l'entouraient sans en brimer leurs personnalités et caractères. Cours qui se faisaient libres pour tous sans restriction et élèves avec lesquels il adorait pouvoir rire et parler du quotidien avec eux, comme naturel, pour en illuminer un peu plus les journées de cours. Car tout cela pouvait s'en retrouver assez lourd et complexe, alors s'il pouvait ne serait-ce qu'avec ses cours en détendre un peu ceux qui ne faisaient qu'étudier, il n'hésiterait pas une seconde. Même s'il s'agissait de gamins insolents qui n'en faisaient qu'à leur tête, et qui étaient pourtant des plus sympathiques quand ils le désiraient réellement.

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You got to keep me focused, you want it, say so

« It is not that I does not listen, teacher, répondit Noy. It is that I is not here when you explain it. »

Il pensait s’en être plutôt bien sortie. Petit bémol de l’auteur : il ne sait pas encore accorder. Peut-être que s’il avait réellement suivi les cours, cela serait une facilité dont il n’aurait pas besoin de se préoccuper. Or, ce n’était pas le cas. Visiblement. Alors il sourit à Songki, lui dévoilant toutes ses dents, presque dans l’intention de faire passer la pilule de son exubérance. Parce que c’est ce qu’il était. Un vrai petit chieur. Il le voyait dans les yeux de l’homme, qui était à deux doigts de le mettre dehors. Il ne fallait pas beaucoup aujourd’hui pour le faire craquer. Peut-être que Noy devrait pousser le bouchon encore un peu plus loin. Ou pas. Voulait-il lui qu’il le mette dehors ou voulait-il pouvoir l’observer un peu plus ? Les deux propositions étaient tentantes dans la mesure où, une fois dehors, il pourra partir et vaquer à ses occupations. Même s’il restait, il pouvait avoir la vue du si joli visage de son professeur et ça, ce n’était pas comparable. Noy n’avait jamais pris les relations au sérieux. Et ce petit crush n’était pas différent des autres. Il restera le temps qu’il pouvait avoir Monsieur Park sous les yeux. Dès qu’on l’obligera à quitter le pays pour retourner dans son université, il passera à autre chose. Sans attaches, sans famille, sans amour, sans amis. Ce n’était pas une vie qu’il valait la peine d’être vécu. D’où son attachement si profond pour les maths. Et pour cette équation qui lui vaudrait peut-être une place de choix dans le monde des mathématiques.

En entendant qu’il faudra rendre le papier à la fin du cours, les autres élèvent se mirent à grogner, se plaignant que ce n’était pas juste et autre. Noy récupéra deux ou trois regards noirs, comme s’ils pensaient réellement que c’était sa faute. Après tout, il n’était pas dans la tête du professeur. Tout ce que disait Songki était de son plein grès et de sa propre volonté. Ainsi, il ne répondait de rien ! Pourtant, ce ne devait pas être l’avis de tout le monde. Ne bougeant toujours pas, n’ayant pas encore touché à sa feuille, il attendit que Songki ne se repenche sur lui. Se réprimant de se mordre la lèvre en détaillant les traits de son visage, il comprit seulement qu’il devait le voir à la fin du cours. Cela lui fit remonter quelques souvenirs. Il visage penché sur le sien, une main qui se glissait sous son short d’uniforme bleu. Pourtant, il n’avait jamais eu peur dans ce genre de moment. L’image du passé se superposa sur celle du présent, renvoyant Noy dans sa petite classe avec des tables en bois. Il avait chaud et la sueur lui collait au front. Dehors, les feuilles frissonnaient sous le vent léger de la mer. Il entendait ses camarades griffonnaient sur leur feuille. Il avait envie de sortir et de piquer une tête dans le lac à côté de l’école. Ses exercices étaient tous déjà finis. Il regardait par la fenêtre sans vitrage. Des doigts se faufilèrent sur son épaule, le caressant comme s’il était un trésor. « Tu as déjà fini ? » demanda le professeur. « Oui. » « Bien… C’est très bien, Noy. » Des phalanges abimés lui touchèrent la nuque, avant de glisser sur son bras. Ce n’était pas comme que l’on touchait un élève. Face à Songki, Noy hocha la tête.

« Okay. » fut tout ce qui sortit de sa bouche.

Ses oreilles bourdonnaient. Ses pupilles retombèrent sur sa feuille vierge d’une quelconque écriture. Ce n’était pas le moment de repenser à cette période. Il ne devait pas regarder derrière lui. Cela ne le mènera jamais à rien. Se saisissant de son crayon, il supprima ses pensées, se focalisant uniquement sur la feuille. Une aptitude qu’il avait développée à force d’entraînement. Faire abstraction de son environnement. Des heures entières, au son d’un métronome régulier, le corps penché sur une copie de maths impossibles pour des gens de son jeune âge, beaucoup plus longue que la normale. On voulait l’endurcir, le prévenir de tout le reste. S’il pouvait le faire, alors le monde lui était ouvert. S’il ne le pouvait pas, il ne pourra pas marcher sans boiter pendant plusieurs jours. Les mollets scarifiés de coups de règle. Peu importe ce qu’on leur demandait. Ils devaient tous passé par là au moins une fois par semaine. Evidemment, il ne fallait pas d’erreur. Sinon, la session recommençait. Secouant la tête, Noy ferma alors les yeux, collant ses paumes sur ses paupières. « Reprends-toi. » Un souffle. Et il était de retour. Aussitôt, il se mit à écrire sur le bout de papier remplissant les zones blanches à une vitesse incroyable. Il n’avait peut-être pas bon partout. Mais il eut terminé juste avant la fin du cours. Là où d’autres avaient réellement passé toute l’heure dessus, lui n’avait eu que moins de trente minutes. Un surdoué en étude avait des capacités impensables. Un surdoué que l’on avait poussé au-delà de ses limites était une machine. Alors que les étudiantes et étudiants s’alignaient devant le bureau du professeur pour déposer leurs feuilles, Noy se mit en dernière position. Il ne voulait pas avoir la sensation gênante de regard sur lui alors qu’ils quittaient la pièce. Arrivé devant le bureau du professeur, il lui remit la feuille noircis de son écriture minuscule.

« Not just a kid, répéta-t-il en souriant. Vous vouliez me parler de quelque chose ? Je suis à vous, Monsieur. »

Cette fois, il ne se retint pas de se mordre la lèvre en le regardant. Oh que cet homme était à croquer. Noy jeta un coup d’œil à son téléphone et à ses feuilles de cours sur son bureau. Il voulait les récupérer. Alors il devra montrer patte blanche. Heureusement, il n’avait qu’étude après. Pas de quoi se presser en somme. Il avait tout son temps. Noy posa une main sur le bureau de Songki, se maintenant en attendant qu’il lui dise quelque chose. Il sentait que la conversion allait être tendue. Et il mourait d’envie de lui tenir tête encore quelques minutes. Car il avait bien l’impression que personne dans cet établissement ne savait comment faire front à ses professeurs. Noy avait trop d’expérience dans la soumission à l’école pour vouloir la revivre de nouveau. On avait fait de lui une machine. Mais il avait rapidement dépassé tous les niveaux. On l’avait gardé pendant un moment, voulant voir jusqu’où il pourrait aller. Et puis, tout était devenu trop petit pour lui. Les cours de maths universitaire ne l’amusaient même pas, ne lui donnant aucun challenge. Il s’ennuyait. Alors, il n’avait pour seule distraction de s’attirer les foudres de ses enseignants. Et sa cible actuelle se trouvait devant lui, resplendissant dans ce que Noy appréciait le plus : la frustration.

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Mots enchaînés pour en faire sourire finement le coréen, sous les maladresses du plus jeune. Il se demandait réellement où avait-il pu passer durant tous ces cours où il s'était appliqué à le corriger ou encore expliquer les règles d'accord et les temps. Peut-être que les places de derrière étaient condamnées à subtiliser tous les souvenirs des cours que possédait l'étudiant assis dessus. "You were not here, that's true. And that's your fault." qu'il murmura légèrement avant de sourire plus doucement, et de calmement lui en expliquer les consignes. Car il n'était pas non plus le type de personne à laisser tomber pour si peu, préférant en rattraper le temps et en aider ceux qui n'écoutaient rien à son cours. Mécontentement général qui le fit sourire, il tenta d'en calmer les foules, car après tout, qui avait dit qu'il noterait quoi que ce soit ? Juste pour en suivre un peu leur progression et voir sur quoi il devait le plus appuyer à part les temps apparemment. Regard se hochant alors tandis qu'il en observait vaguement la figure du plus jeune, il lui offrit un léger sourire, différent de ce qu'il avait pu lui montrer juste avant, pour finalement s'installer à son bureau et guetter les alentours. Peut-être y était-il allé un peu trop fermement en y pensant, mais il n'aimait pas qu'on le prenne pour un idiot sur son propre terrain, et à ce petit jeu, Noy n'y gagnerait jamais.

Pourtant, discrètement, il en avait remarqué mimiques du corps bien trop prenantes du plus jeune, comme si quelque chose s'en était passé sans qu'il ne le sache réellement. Et au final, que savait-il réellement de ceux qui lui faisait face ? Secrets et non-dits qu'il ne viendrait pas chercher au détriment de s'intéresser à ce qu'il ne regardait pas : car il n'en oubliait pas sa place, celle de professeur. Minutes passant comme si tout n'était que bien trop rapide de son point de vue, il en restait pourtant des plus attentifs aux moindres questions et regards, de ceux qui concentrés en arrivèrent bientôt à la fin. Sourires offerts aux visages défilant pour quitter les lieux, récupérant copies qu'il observait tout doucement avant d'en relever les yeux vers celui qui semblait ne pas avoir fini de l'embêter encore. Visage se penchant alors délicatement pour en admirer les traits du plus basané, il  soupira un instant avant d'en saisir le téléphone du jeune homme et de le lui montrer. "Premièrement, le téléphone, pas dans mon cours. Je sais qu'il t'ennuie, mais essaie de faire comme si tu t'y intéressais un minimum." qu'il commença alors, sans pour autant le lâcher des yeux, presque amusé de devoir le lui répéter ainsi. Car il avait l'impression de ne faire que se répéter, face à lui, comme pour en encrer un peu plus les logiques qui ne prenaient simplement pas.

"Alors dit moi. Pourquoi mon cours t'ennuie autant hmm ?", téléphone glissé vers lui comme pour le lui rendre avant qu'il n'en prenne les feuilles posées juste sous ses doigts. "Les maths, c'est bien, mais est-ce que si je te faisais un cours de maths en anglais tu comprendrais quelque chose ?", matière universelle, dont les langages étaient uniques, sans avoir besoin d'autre langue comme l'anglais. Mais il se devrait de communiquer, s'il voulait percer, et certes, les lignes de calculs s'accumulaient, mais à quoi bon y mettre son savoir dans seulement une chose avec autant de potentiel ? "Tu sais... T'as les capacités, pourtant, et dans la vie tu feras pas toujours ce qui te plait, mais c'est comme ça. Alors mets y un peu du tiens.", comme pour tenter de lui en donner objectifs et moyens, face à celui qui ne voyait là que nécroses d'une matière inutile. Car il y tenait, lui, de réussir à lui en faire apprécier les langages autres que scientifiques.

Venant alors s'armer d'un stylo pour y écrire calculs plus complexes encore qu'il avait pu retenir de ses études et consignes en anglais pour lui en faire comprendre l'importance, il plia tout doucement la feuille avant de la lui rendre tout doucement, sourire qui se posait sur son simple visage alors qu'il savait pertinemment que la résolution du problème rédigé en était facile : du moment qu'on en comprenait les mots. "Tiens, si tu t'ennuies. Et sans ton traducteur s'il te plait.", lier l'agréable au détestable. Et peut-être le cherchait-il un peu au final, car tout le monde parlait, car les professeurs discutaient beaucoup, un peu trop : oreilles attentives qui savaient parfaitement que le jeune thaïlandais en était des plus doués dans ces matières là. Alors il tentait de l'intriguer un minimum, dans les salles vides et inertes ; seuls eux, face à face, comme pour en briser les glaces. "Peut-être que c'est ma tête qui te reviens pas au final, si t'arrives pas à supporter mes heures de cours...", le taquiner simplement, alors que le corps se cala un peu plus au fond de son siège. Possibilité qu'il n'écartait pas, car certains élèves ne cherchaient pas à savoir : si le professeur les agaçait, l'envie disparaissait.

Pourtant il se souvenait des quelques promesses passées, risibles sans doute face à cette relation étrange qu'il ne devait pas outrepasser. Mais il était rancunier, secrètement, Songki, et n'oubliait jamais les paroles de quelqu'un, quitte à le hanter de ses manières bien trop polies. Noy n'en aurait donc jamais fini avec lui. Entre les cours, et sa surveillance, lui n'allait qu'être un peu plus présent pour ne pas le voir décrocher des cours importants pour lui et son avenirs. Chose qui lui tenait à cœur, à lui, de le voir briller de lui-même par son intelligence et ses passions, et non pas tout laisser tomber pour une seule matière. "Je vais pas te faire la morale, même si tu le mériterais sans doute un peu jeune homme. Mais la prochaine fois que tu viens en retard à mon cours, je te laisse debout près du tableau, les bras en l'air, compris ?" Et il rigolait, en réalité, car il n'était pas ainsi le coréen. Mais qui sait, peut-être que cela le motiverait un minimum à ne pas en rater les fameux véhicules. Car il l'appréciait, derrière ses barrières et comportements de professeur. Gamin qui en était plus mature qu'il ne voulait le montrer : mais lui, s'en rendait bien compte ; car là en était son rôle, et ses instincts.

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Il avait raison : c’était totalement de la faute de Noy. Il était arrivé en retard, plus par flemmardise que pour une réelle raison. Même si le droit à la paresse excitait dans le monde, cela ne s’accordait pas réellement ici. Ni même dans son pays d’origine d’ailleurs. Mais le plus jeune avait voulu rester un peu plus longtemps sous sa couette, à profiter de la chaleur de son oreiller, au lieu de se retrouver coincé trop tôt dans une classe de gens qu’il n’aimait pas pour une matière qu’il n’aimait pas. Seulement, le joli minois de son professeur avait fini par l’obliger à le sortir de là, lui forçant la main pour qu’il puisse le voir au moins une fois aujourd’hui. Les yeux de Noy se firent joyeux, alors qu’il se souvenait de l’excuse bateau qu’il lui avait donnée pour justifier son retard. Et même si cela sembla embêter le professeur, Monsieur Park se pencha tout de même pour lui réexpliquer, prenant son temps pour que le mathématicien comprenne. L’avoir rien que pour lui, alors qu’il sentait les envies brûlantes de pouvoir faire la même chose autour de lui, il ignora avec dédain les regards sur sa personne. La compétition était rude en mathématique. Beaucoup de gens avaient déjà abandonné en cours de route. Noy avait assisté à des crises à l’université, totalement inconnu dans son école de prodige. Là-bas, on les avait formatés pour que les études soient la priorité. Alors, jamais Noy n’avait pleuré pour une note. Car elles étaient toujours parfaites là où il les voulait parfaites. Un lien qu’il n’avait pas avec le commun des étudiants.

Le reste de l’heure passa en un éclair. Surtout lorsque le thaïlandais se pencha réellement sur l’exercice, voulant à tout pris faire en sorte que le vieille homme voit qu’il n’était pas juste un beau parleur, mais aussi un bon travailleur. Les quelques pages ne l’effrayèrent guère, il les remplit même plutôt rapidement. Même s’il n’était pas sûr d’avoir tout compris, même s’il oubliait certains mots et que quelques formulations lui échappaient de l’esprit, il arriva à terminer dans les temps le nombre de questions imposées. S’alignant dernier dans la file d’élèves studieux qui rendaient leurs réponses, grognant et priant pour que cela ne soit pas noté, il en profita pour vérifier qu’il n’eut rien laissé derrière lui, s’accroupissant pour regarder sous son bureau avant de se relevant en constatant que tout allait bien. Une fois devant le bureau de son professeur, il sourit, jouant son rôle de petit effronté en rendant son travail, pas peu fier de sa performance. Une sensation monta alors en lui alors qu’il se rendait compte de la discussion interminable qui allait se passer. Il le voyait dans la manière dont agissait Songki. Il allait lui faire tout un discours sur la bienséance et le travail ou quelque chose comme cela et Noy n’était pas prêt à recevoir cela ce matin. Observant alors le plus grand prendre son téléphone, l’élève se mordilla la lèvre en fixant alternativement l’objet et les traits de celui qui le tenait.

« Ce n’est pas que je m’ennuie, répondit Noy en remontant la bretelle de son sac. C’est juste que… Ce n’est pas mon truc. »

C’était la vérité. Il n’y arrivait pas parce qu’il n’aimait pas la matière en elle-même. Les langues n’avaient été son point fort. Alors évidemment, on ne lui avait jamais appris à comprendre et participer dans ses matières, préférant se concentrer sur tout le reste. Tout ce qui pouvait « le rendre utile » aux yeux de la société et de l’image de marque de la Thaïlande. C’était presque si on avait voulu le montrer. Un enfant de pauvres, éduqué et surdoué, envoyé dans un pays étranger pour réussir ses rêves. On ne lui avait jamais demandé plus que de faire des mathématiques. Il devait se forcer pour apprendre autre chose. Le coréen était une souffrance pour lui. Alors l’anglais… Et puis, Songki lui parlait ainsi, mais Noy était sûr que le coréen avait ses propres faiblesses dans d’autres matières. Il n’enseignait pas quelque chose d’universel, seulement une langue, d’une culture qui les méprisait en plus. Délicatement, Noy récupéra son téléphone, écoutant ce que le professeur avait à lui dire.

« Peut-être que oui, approuva Noy en haussant les épaules. Je pourrais apprendre quelque chose d’utile pour moi. (Il pencha la tête sur le côté en l’entendant.) Ce n’est pas en étudiant des situations du quotidien que j’apprendrais. Mes capacités, je les mets là je sais que je peux réussir. Le reste, je m’en fiche. »

Etait-ce trop dur de le formuler ainsi ? Noy n’en savait rien. Il ne voulait pas avoir l’air d’être brutal, mais c’est la vérité. On lui avait enseigné et répété qu’il ne fallait perdre de l’énergie intellectuelle dans des futilités qui ne lui rapporteront rien. Même s’il aurait adoré pouvoir dire à Songki qu’il allait réellement se mettre à travailler pour sa matière, il en était tout bonnement incapable. Alors mentir, ce n’était pas la meilleure solution. A la place, il sourit avec un air compatissant. Malgré toute la bonne volonté de l’homme, ses efforts ne seront sans doute jamais concluants. Pas avec lui en tout cas. Et pas par cette méthode d’enseignement en classe. Tournant son cellulaire entre ses doigts, il se redressa pourtant avec surprise en le voyant écrire sur une feuille. Ses paupières clignèrent plusieurs fois, tentant d’analyser ce qu’il se passait. Faisait-il réellement cela ? Ecrivait-il bien un problème de maths en anglais pour l’obliger à travailler ? Noy fixa la feuille un instant, hésitant à la prendre alors qu’il la lui donnait avec le reste de ses affaires. Il regarda l’équation, inspirant doucement avant de relever les yeux vers lui. Personne n’avait été aussi pédagogique avec lui de toute sa vie. Personne n’avait essayé de se mettre un instant à sa place et de lui offrir une possibilité d’apprendre en se mettant à son niveau. Son cœur tambourina soudainement. Il réprima cela, cachant ses doigts tremblants en rangeant rapidement les papiers dans son sac. Puis un rire lui échappa alors qu’il regardait de nouveau son professeur.

« Je pense que c’est le contraire, moqua-t-il alors. J’aime beaucoup votre tête, monsieur. »

Une tension qu’il n’avait pas remarquée s’envola de ses épaules avec cette petite blague. Gardant son sourire, il se rapprocha un peu plus du bureau, posant les deux paumes de ses mains contre ce dernier en regardant le plus vieil dans les yeux. C’était hypnotisant. Et dire qu’il avait la chance de pouvoir poser son regard sur lui autant qu’il le voulait. De toute manière, il ne s’était jamais retenu de le faire avant. Alors cela n’allait pas changer aujourd’hui. Jetant un coup d’œil sur le bureau, il se rendit compte que ce dernier n’était pas rempli d’affaire, même plutôt bien rangé. Il songea à son mouvement avant de le faire. Glissant son sac au bout de son bras, il le récupéra avec la main avant de se retourner pour s’asseoir sur la surface lisse. Puis il balança ses jambes en l’air, se tournant dans le même mouvement, pour se retrouver de nouveau face à Songki, mais cette fois, assis sur son bureau. Il était plus grand que lui avec ce mouvement. Un nouveau rire lui échappa. Il déposa ses affaires aux pieds de l’adulte, avant de le regarder de nouveau, les mains de par et d’autre de lui-même. Ses yeux brillaient de malice. Il n’avait rien renversé, rien fait tomber. Pour sa petite taille, il était agile. Assez pour faire cette petite acrobatie. Un truc de famille peut-être. Enfin, ce n’est pas comme s’il la connaissait, sa famille.

« Vous êtes dans l’humiliation ? Je ne pensais pas ça de vous. (Il balança doucement ses jambes dans le vide, se rendant compte qu’il ne touchait pas le sol de sa place.) Ce n’est pas si terrible comme punition en plus… »

Aussitôt, il leva les bras en l’air, comme pour montrer que ce n’était pas la pire des choses au monde. Il avait reçu pire, alors devoir tenir ainsi ne lui faisait pas grand-chose. Un robot, une machine. Et jeune homme qui apprenait doucement à comment il fallait faire pour vivre en société. Un élève qui tombait doucement pour son professeur alors même que tout n’était qu’un jeu qu’il avait lui-même lancé. Bref, une catastrophe. Personne ne pouvait réellement savoir ce qu’il se passait dans la tête de quelqu’un comme lui. Etait-il sérieux ou s’amusait-il simplement ? Y avait-il un juste milieu ou alors c’était soit l’un soit l’autre ? Depuis longtemps, l’esprit des surdoués est redécouvert, exploité ou acclamé, émerveillé ou incitant les jalousies. Chacun en avait un différent. Et celui de Noy était un mystère que lui-même ne comprenait pas. Il navigua un instant ses bras en l’air, faisait jouer ses poignets dans le vide avant de faire une petite moue.

« On va quand au cinéma monsieur ? » demanda-t-il alors.

Noy devait offrir un cinéma à Songki. Pour cette sortie scolaire ratée. Rien que tous les deux. Comme si les barrières hiérarchiques n’existaient plus. Et d’ailleurs, elles étaient tombées depuis un moment. Après tout, un élève était assis sur le bureau de son professeur d’anglais, les bras en l’air et le visage illuminé par la malice. Avec une expression qui prévoyait une histoire pour le moins intéressante.

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Peut-être avait-il parlé trop vite, peut-être allait-il réussir à obtenir du jeune homme un peu de concentration de sa part : par chantage ou enjeux, qu'importe, du moment que cela le faisait travailler la figure finalement plantée devant son visage. Qui sait, un jour parviendrait-il à en trouver une utilité, à l'apprentissage d'une langue autre que celle scientifique. Petit jeu mené comme pour en tenter le diable face à celui qui ne faisait que le chercher un peu plus, toujours plus. Et il en rigolerait presque, de l'entendre lui dire que l'anglais n'était pas son truc, et il ne lui en tenait pas rigueur, loin de là. Chacun avait ses préférences, ses talents, ses envies : mais cela n'empêchait pas de suivre un minimum. "Ca se comprend, et ce n'est pas ça que je te reproche." qu'il lui affirma sans hésiter, car il comprenait bien plus que ne pouvait le paraître. Car avant d'être professeur, il avait été élève, étudiant, sans doute rapidement mais il était passé par là avant toute chose. Connaissances maîtrisées selon les utilités, même s'il ne ressemblait en rien à un scientifique.

Et pourtant, Songki avait sans doute étudié beaucoup trop les sciences : physique qui en était ses favoris autrefois, passant par les mathématiques et les chiffres complexes. Tout le monde ne le voyait que comme littéraire, ce qu'il était : en omettant pourtant les quelques détails du passé qu'il conservait pour lui-même. Pourtant il ne cachait pas son parcours, presque une fierté d'en garder en culture les sciences comme appui arrière. Manière de penser qui l'attristait un peu : car si tout cela n'était que pour réussir, alors jamais n'apprendrait-il quelque chose pour le plaisir personnel. "C'est idiot de penser ainsi tu sais ? Apprendre des situations du quotidien dans une langue est nécessaire pour pouvoir par la suite progresser...Puis...Si tu fais tout pour la réussite, tu n'y gagneras aucun plaisir, tu sais ?" qu'il tenta de lui faire comprendre, penchant tout doucement la tête, plissant les yeux sans pour autant le lâcher du regard. "Puis...J'espère que pour les maths tu fais ça par plaisir, et pas par simple envie de réussite." , car la réussite était un objectif, qui venait avec le plaisir d'apprendre. Du moins c'était ainsi qu'il pensait, lui, douceur des connaissances qui ne faisait que résonner dans sa tête, car il ne pouvait qu'imaginer un instant ce qu'il se passait dans sa tête : sans réellement pouvoir le savoir.

Essayer de le comprendre, de faire en sorte de lier l'agréable à la corvée. Et peut-être était-ce là une technique qui pourrait fonctionner, de mélanger maths et anglais pour le faire travailler un peu plus. Feuille tendue sous ses regards perturbés, il se permit de rire tout doucement pour finir par s'expliquer. "Si ce genre de problème te convient, je serais d'accord pour te filer quelques devoirs en plus en anglais, si tu rédiges aussi en anglais.", car les maths était une chose, et l'anglais en était une autre, mais si lui faire travailler les deux en même temps lui convenait alors il n'hésiterait pas à lui donner quelques devoirs supplémentaires de cette allure. Sourcil se haussant alors qu'il s'amusait de son audace, il le regarda un instant sans en perdre son sérieux malgré les quelques sourires apparaissant sur ses lippes. "Et bien. Je suis censé t'en remercier. Mais reste concentré veux-tu ?" Le regardant pourtant faire son petit cinéma devant lui, se calant dans son siège en croisant les bras, il le dévisagea un instant, analysant les actions du jeune homme avant d'en rire. Et étrangement, il devait dire que le courage qu'il avait pour se montrer aussi effronté face à un professeur.

Mais que devait-il faire ? Il ne pouvait pas nier qu'il en aimait les challenges, et sans doute en était-ce presque déplacé d'en jouer ainsi alors qu'il en était encore à son bureau. "Tss. Et bien si y'a que ça qui fonctionne avec toi, on peut toujours tenter, si ça te fait venir à l'heure." qu'il haussa les épaules, ne cherchant pas à en compliquer la punition mais à en rendre ses cours des plus désagréables quand on n'y mettait pas du sien. "Mais je serais toi, je n'essaierai pas trop de jouer avec moi. Et mes nerfs.", car on ne savait jamais, sur le moment tout allait bien, mais qu'en serait-il des jours suivants. Alors il préférait le mettre en garde, quitte à en paraître trop rigide. Après tout, c'était sans doute là son rôle de remettre les choses dans l'ordre et de ne pas abuser en ces lieux : car ils en auraient sans doute le temps bien plus tard, lui qui ne précipitait jamais rien, laissant alors le temps faire ce qui se devait pour en rattraper les journées. Alors il le gardait à l'œil, comme pour ne pas le laisser prendre contrôle des lieux.

Yeux qui ne dérivaient plus sur les jambes se balançant, et ces bras qui ne semblaient pas vouloir se baisser. "Baisse moi tes bras on va croire que je te torture.", qu'il en leva la main pour venir en baisser un à un ses bras. "Un week-end ? Ou une soirée ? Tu préfères quoi ?" qu'il lui demanda honnêtement, posant finalement sa tête au creux de sa paume en s'avançant au dessus de son bureau. "Tu veux choisir la séance ? Quitte à aller au cinéma autant que le film te plaise. Surtout si tu dois rester assis sur une chaise pendant des heures. A moins que tu comptes te faufiler comme la dernière fois ?", amusé était-il de se souvenir des séances gâchées au profit de celui qui ne faisait que penser au jeu. Redressant alors un instant son dos avant de claquer des mains, il plissa un instant des yeux pour finalement en prononcer quelques mots. "Mais si tu n'arrives pas à choisir, disons ce week-end. Et si t'es en retard y'aura pas de rattrapage possible. Pas comme aujourd'hui.", qu'il finit alors par se lever pour le surplomber légèrement et le regarder dans les yeux. S'il le cherchait ? Juste un peu sans doute, histoire d'en rendre le tout bien plus amusant.

Dossiers qu'il commença alors tout doucement à ranger malgré la propreté du lieu, il guetta un instant le plus jeune avant de rire tout doucement. "D'ailleurs tu n'es pas censé avoir cours ? Au lieu de traîner sur mon bureau.", affaires finalement regroupées pour en suivre les prochains cours et la journée bien complète, il se baissa pour ramasser le sac du plus petit, sourire ne quittant plus ses lèvres. "A moins que tu n'aies décidé de sécher. Ce qui serait une très mauvaise idée d'ailleurs.", surtout en prévenant l'un de ses professeurs qui en avait les regards bien curieux sur les agissements de ses élèves. Alors il ne faisait que veiller tout doucement à celui qui pourtant l'amusait étrangement, de ses faits et gestes. "Dépêche toi. Sinon je risque de repenser à ma décision sur notre petite sortie.", qu'il en haussa les épaules, alors que tout était déjà préparé dans sa tête : jusqu'à la moindre minute pour ne pas en rater les ouvrages. Alors il espérait, que le plus jeune en reste coopératif, durant les heures de cours qu'il lui restait en sa présence.

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Est-ce qu’il venait de lui dire qu’il était « idiot » ? Noy fronça les sourcils, retenant un ricanement narquois. Aucun professeur n’avait osé le traiter ainsi. Il était brillant, réellement brillant, sur tout, lorsqu’il s’y mettait. Et on l’avait toujours laissé faire, parce qu’il s’en sortait sans aucun problème, malgré la jalousie qui perçait toujours autour de lui. L’orgueil, Noy en avait, comme tout le monde. Mais si Songki pensait le provoquer ainsi, il se trompait. Des piques et des insultes, ce n’était pas ce qui l’échauffait le plus. Il n’était pas un idiot, il le savait, il n’avait pas besoin d’être approuvé par un quelconque professeur. Même Songki. Malgré le fait qu’il voulait l’impressionner – ou lui casser les pieds – cela ne rentrait pas dans la ligne de ses charmes. Parce qu’il l’était naturellement, n’avait jamais cherché à le cacher et cela faisait tout simplement partie de lui. Il ne se vantait pas de son intelligence. Il avait toujours mieux à proposer. Alors, il ne fit que sourire, haussant les épaules, en se mordillant la lèvre. Ses talons commencèrent un mouvement de balancier, comme si ses jambes en avaient déjà marre qu’il reste debout aussi longtemps. Il avait toujours agis ainsi, on lui avait appris à économiser les détails et à se focaliser sur l’important. Son seul but dans sa vie, depuis qu’il était petit et que ses souvenirs étaient nets, était de réussir. Il avait comme quelque chose à prouver. A lui, au monde, à sa famille qui l’avait vendu, à ses professeurs.

« Si je réussis, je serais heureux, répondit-il simplement. Mon plaisir, je le trouve dans la réussite. Et autre chose aussi… (Un petit sourire anima son visage, plein de sous-entendus.) Les mathématiques sont ma passion. Et une passion, ça donne du plaisir. »

Il était logique, concis, recherché, organisé. Pour lui, la littérature, c’était tout l’inverse. Désordonné, abstrait, poétique, effilé, sujet à plusieurs interprétations. Alors peut-être que cela venait de son incapacité complète a éveillé la moindre fibre artistique ou analyse d’œuvre en lui (il ne percevait aucune nuance, dans n’importe quel travail d’art), dans tous les cas, cela le dérangeait. Il n’appréciait pas passer du temps dans les musées, il n’aimait pas devoir comprendre un film trop compliqué, plein de suggestion qui n’était pas expliqué sur l’écran. Il préférait que tout soit expliqué. C’était plus simple, plus agréable pour sa propre compréhension. Les mathématiques, et les sciences en règlent général, ne pouvaient pas être démenti, sauf si une théorie la contredisait pour la remplacer ou la compléter. Les maths, en plus, sont connues pour être irrévocables. Il s’agissait des règles qui régissaient l’univers. Là où s’arrête la littérature et toute forme de langues. Leur champ était réduit. Celui de Noy était infini.

Evidemment, Noy allait lui répondre en anglais. Si c’était des maths pour faire des maths, cela n’en était pas réellement intéressant. Surtout qu’il avait déjà compris le problème et savait comment y répondre rien qu’avec la petite équation qu’il lui avait donné. Seulement, il n’allait pas faire ce petit coup à Songki. Parce que, cette envie de le mettre en colère, il n’allait pas l’avoir en lui rendant un devoir sur lequel il ne s’était pas concentré plus que cela. Alors il travaillerait dessus. Même s’il n’allait pas y passer des heures non plus, il ne fallait pas exagérer. La feuille était dans son sac, elle allait finir par revenir sur ce bureau et Songki allait de nouveau l’avoir en mains, pour la corriger, lorsqu’elle sera remplie. Noy ricana à sa remarque, ne pouvant pas s’empêcher de rire, en l’entendant. Comme s’il n’était pas assez concentrer dans sa vie. De sa voix de velours, il s’amusa à le titiller un peu plus.

« C’est impossible de rester concentré avec vous, monsieur. Vous êtres trop intéressant ! »

Bien plus que sa matière, mais voulait-il réellement l’ajouter ? Peut-être que oui, un peu. Sauf que ce serait se répéter. Songki savait déjà d’à quel point Noy n’aimait pas l’anglais et n’y trouvait que peu d’intérêt, d’où son dégoût partiel. Seulement s’il pouvait continuer d’avoir ce professeur, peut-être continuera-t-il à suivre les cours avec un peu plus d’assiduité ? Même s’il n’allait pas du tout commencer à courir pour arriver à l’heure. Mais il commencera sans doute à partir un peu plus tôt. A peine avait-il pensé à cela que Songki en parlait, ce qui le fit réellement sourire, alors qu’il retenait un nouveau rire. Ce professeur était réellement amusant, même s’il ne s’en rendait pas forcément compte. Du point de vu de Noy, c’était nouveau d’avoir un homme qui essayait d’être proche de ses élèves d’une manière saine. S’il n’avait pas eu ce crush dans les premiers jours de leur rencontre, peut-être qu’il l’aurait eu maintenant.

« Désolé, mais lorsque vous me dites ça, j’ai juste envie de tout faire pour vous voir en colère… Encore une fois… »

Délicatement, il baissa son bras, alors que Songki lui abaissait l’autre. Etrangement, à l’annonce de la possibilité qu’on les voie, Noy ne s’en trouva pas particulièrement affecté. C’est presque comme s’il le voulait un peu, dans le fond. Il ne connaissait pas les rumeurs qui couraient dans les couloirs, n’ayant pas l’oreille assez entraîné pour pouvoir savoir de quoi il s’agissait à chaque fois. D’un côté, il espérait qu’on se doute de quelque chose. Enfin, de son côté. Qu’on le traite comme un enfant qui tombe sous les charmes de son professeur le plus jeune. Cela ne le dérangeait pas. Il ne se faisait pourtant pas d’illusion. Si un jour quelque chose arrivait, ils pourront avoir de sérieux problèmes. Mais tant qu’il s’agissait d’une simple blague, cela n’avait pas vraiment d’importance. Un bruit de couloir ne vaut pas grand-chose, même si, dans cette société hyper-technologique, rien ne pouvait rester caché très longtemps.

« Ce week-end ça me va… On pourrait aller voir un film d’action ? Ou un dessin animé, j’aime bien aussi. Et je ne partirais pas, évidemment, qu’il ajouta en roulant des yeux. Ni même de retard. De toute façon, c’est moi qui paye. »

Une légère moue s’afficha sur son visage alors qu’il se rendait compte que leur échange allait bientôt toucher à sa fin. Il ne voulait pas partir et rejoindre une classe avec des élèves qu’il n’aimait pas et qui ne l’aimaient pas en retour. Songki était son seul réel repère à l’université. Et même dans toute cette ville. Voir pays. Leur lien n’était pas assez important pour qu’il puisse se reposer sur lui à n’importe quel moment. Mais il lui offrait assez de confort pour qu’il se repose un peu avant de repartir dans l’inconnu. A son âge, vivre seul dans un pays sans en parler la langue, dans une année université supérieur au niveau des gens de son âge, ce n’était pas facile. Mais il apprenait. Son envie de repartir diminuait un peu plus chaque jour. De toute façon, personne ne l’attendait nulle part. Il n’avait personne à retrouver à son retour. Et c’était sans doute pour le mieux ainsi. Pas d’attache et pas de sentiments. Une fois son sac dans sa main, il soupira, se laissant tomber sur bureau pour atterrir de ses deux pieds sur le sol. Vraiment ? Il était obligé de partir ? Il fit une petite mine à Songki, presque dans l’esprit qu’il cède. Mais il savait aussi que cela n’allait pas marcher alors il ne fit que soupirer.

« Très bien ! Si vous ne voulez pas de moi, je m’en vais ! (Il se dirigea vers la porte, avant de se retourner pour envoyer un bisou volant au professeur.) Bonne journée monsieur ! »

Lorsqu’il quitta la pièce, il ne referma pas la porte, se baladant alors dans le couloir pour rejoindre sa prochaine classe. Allait-il sécher ? Ou pas ? il n’avait pas envie de rester assis sur une chaise pendant plusieurs heures. Mais il ne pouvait pas non plus se permettre de perdre sa bourse. Alors, comme un peu jeune étudiant discipliné, il rejoignit sa prochaine classe. Et, même de sa petite taille, il ignora les soupires te chuchotement, rejoignant sa place, le sourire rêveur, en se disant que lui, au moins, il avait un date avec leur professeur d’anglais.  

♡ busan vibe ♡