just girls ? no. not just girls. @park songki

Pour une fois, ce n’est pas un problème de maths qui lui retournait le cerveau. Noy se trouvait en chemin pour aller au cinéma, ruminant dans sa tête une question cruciale qu’il n’arrivait pas à résoudre. Etait-ce un rendez-vous de type rencard ou un rendez-vous de type rendez-vous normal ? Etait-ce même possible que ce soit normal de se voir entre un professeur et un élève ? En soit, il était majeur et pleinement conscient de ce qu’il faisait. Mais il en restait un étudiant. Un jeune homme étranger qui allait retrouver son professeur d’anglais pour passer du temps ensemble devant un film, afin de rembourser une sortie scolaire gâchée par ce même élève. D’un autre côté, Noy était excité de pouvoir faire ça. Il appréciait beaucoup l’homme, même s’il se moquait ouvertement de lui, et qu’il l’avait un peu prit en grimpe à son premier jour à l’université. Rapidement, il était devenu le seul à qui Noy parlait normalement, sans avoir peur de se faire juger ou critiquer, terminant forcément par une exclusion du groupe. Vous voyez pourquoi il n’arrivait pas à répondre ? Tout était compliqué dans sa tête. Il voulait que ce soit un rencard et en même temps, il ne voulait pas que s’en soit un. Evidemment, il y avait une réponse plus rapide qui réglait tout : cela ne voulait rien dire et Songki venait uniquement pour lui faire plaisir. Un peu triste, mais tellement plus simple. Sauf qu’il n’était pas simplifié les choses, sauf pour ses réponses en maths. Déformation d’études.

Descendant du bus après la quinzaine de minutes dedans – eurk… des humains – Noy rejoignit tranquillement le cinéma. L’horloge de son téléphone annonçait qu’il n’était pas en retard. Pas en avance, mais pas en retard non plus. Et cette fois, il avait réellement pris le bus. Un sourire s’afficha sur son visage, qu’il supprima presque immédiatement. Il ne fallait pas qu’il repense à ça. Même si, c’était si adorable, la manière dont Monsieur Park lui avait fait un exercice de maths en anglais pour lui permettre de pratiquer. Il les avait faits, facilement et avec plaisir, prenant plus ça comme un jeu que comme un vrai travail. Cela l’avait rassuré. Lorsqu’il en avait parlé dans son groupe d’expatrié étudiants thaïlandais, les autres lui avaient dit qu’il était le petit chanceux du groupe, parce que cela ne se passait comme ça de leur côté. Certains n’arrivaient pas à s’intégrer et décider de raccourcir leur cursus. Noy, au contraire, même s’il n’avait pas d’amis, ne voulait pas rentrer. Principalement parce qu’ici, il avait plus de liberté et cette application qui lui permettait d’organiser sa vie, là où sa tête ne faisait pas son travail.

Il y avait du monde. Devant le cinéma, des petits groupes, couples ou familles, se disputaient les quelques mètres carrés de l’endroit. Noy cligna des yeux en relevant les yeux de son téléphone. Cela ne lui faisait pas particulièrement peur, il n’était pas agoraphobe, mais il était surpris. Surtout parce qu’il ne pensait pas qu’il y aurait autant de gens et donc autant d’yeux pour les voir. Finalement, ses yeux s’allumèrent. En fait, c’était plutôt positif. Car dans les foules, on ne remarque pas les individus. Alors, d’un pied content, il se dirigera vers l’entrée, se disant qu’il devait bien y avoir un banc pour qu’il puisse monter dessus et trouver son professeur dans la masse. Parce qu’il ne doutait pas qu’il était déjà là, et qu’il attendait Noy, en se disant que s’il arrivait en retard, il repartait. Une fois en hauteur, il fit un tour sur lui-même. Le soleil n’était pas très fort aujourd’hui. En plus de cela, le plus jeune avait opté pour des vêtements colorés, mais accordés, pour une fois. C’était presque comme s’il avait fait attention à sa tenue. Evidemment, Noy n’était pas débraillé. Mais pour l’occasion, il avait un peu plus attention à son apparence. Enfin, il remarqua la silhouette de l’homme qu’il cherchait. Aussitôt, il fit de grands signes dans sa direction.

« Monsieur Park ! Par ici ! Je suis là ! » cria-t-il presque.

Son sourire faisait remonter ses pommettes alors qu’il riait pour la légère gêne qu’il avait dû provoquer chez l’autre. En prenant son temps, il descendit de son perchoir, remettant ses vêtements en place – même s’ils n’avaient pas bougé – attendant de le voir arriver pour le saluer d’un nouveau sourire. C’était sans doute la première sortie qu’il faisait avec quelqu’un depuis son arrivée ici. Enfin… Qu’il faisait avec une personne qu’il appréciait. Autrement, il était facile de s’incruster. Mais seulement à deux, c’était la première fois. Alors, il était heureux. Et cela devait se voir un peu trop.

« Bonjour monsieur ! Vous allez bien ? »

C’était juste pour pouvoir montrer son évolution en coréen, ou quelque chose dans ce genre-là. Absolument pas pour prendre de ses nouvelles. Non. Pas du tout. (Comprenez que si, totalement, il voulait savoir, mais c’était un peu la honte de l’avouer quand même, surtout qu’ils n’étaient pas si proches que ça l’un de l’autre.) Et donc, Noy n’attendit pas plus longtemps avant de rentrer dans le cinéma. Sans même avoir jeter un coup d’œil aux affiches des films.

just girls ? no. not just girls. @Ouattaiyaphon Noy

Facétieux, étaient les caractères indomptables et espiègles des gamins qu'il surveillait dans ses classes. Il devait avouer qu'il en trouvait là stratégies remarquables, pour en obtenir ses attentions et le faire se souvenir des visages. Et même si Songki en appréciait le calme des salles de classe, aux ambiances plus animées, il ne pouvait pas nier, qu'il en supportait-il bien aisément les caractères enfantins du thaïlandais. Noy, élève coriace qui semblait ne vouloir que lui faire en voir de toutes les couleurs. Pourtant, aujourd'hui, ce n'était pas en tant que professeur qu'il se montrait à lui. Alors qu'était-il réellement en cet instant même ? Il ne savait pas réellement, lui. Un ami, peut-être, pas grand chose, sans doute plus. Car avant d'être professeur, il était lui-même, et peut-être que ce rendez-vous improvisé ne ferait que donner envie au plus jeune de faire quelques efforts supplémentaires dans son cours. Après tout, liberté offerte ici-même, pour le rejoindre au cinéma, et il ne savait pas réellement si le plus jeune allait réellement venir. Compromis passé, en guise de quelques mots, alors que lui-même se faisait un vrai plaisir à venir pour en contempler les écrans. Un peu de détente, avant de tenter d'en reprendre les contrôle, car il ne comptait pas s'avouer battu, lui, et encore moins face à celui qui le cherchait par tous les moyens. Ô il l'appréciait, le gamin, un peu trop sans doute de ses ses airs insolents, et pourtant il essayait de ne pas en dépasser les quelques limites qu'il s'était fixée ; sans grand effet.

Trajet qu'il connaissait par cœur, amour de la marche et de la lecture dans les trains, il ne mit pas longtemps à atteindre les enceintes si grandes de son visage masqué pour ne pas en attirer les regards. Monde déjà bien trop présent à son goût, alors qu'il aurait voulu pouvoir profiter des calmes et délicats instants en solitaire, ou du moins en duo. Car Songki avait l'habitude d'arriver en avance en général, même si étrangement, les transports avaient décidé de ne pas être de son côté. Rares fois où il en revenait à trottiner dans les rues pour ne pas en manquer les horaires. Et il fallait dire qu'il en cachait les passés de fourbe, lui qui en avait déjà été des plus insouciants face aux autres. Ô peut-être que cela restait particulièrement bien caché derrière ses allures si sérieuses, mais il ne fallait pas oublier, qu'il en restait des plus actifs sur tous les niveaux, le coréen : car il en avait gardé les caractères passés, qui avaient fait de lui ce qu'il était aujourd'hui. Enfance dans l'âme, alors qu'il voulait s'en montrer des plus droit au quotidien. Alors il ne pouvait qu'être un peu impatient, d'en retrouver celui qui il l'espérait, serait content d'en passer les journées avec lui.

Regard fouillant les foules pour en apercevoir le visage qu'il devait retrouver, figure aperçue : au delà de toutes celles présentes. Car il dépassait, banc sur lequel il s'était élevé pour s'agiter un peu plus, comme un enfant désirant se faire remarquer. Et ô peut-être que cela était un peu trop visible, mais il en rigolait légèrement, de le voir aussi enthousiaste. Finissant par s'approcher tout doucement, sourire aux lippes qui en étaient au bord des rires, il secoua la tête avant de le saluer à son tour. Car il trouvait ses attitudes plutôt mignonnes, celui qui avait pu le voir s'agiter pour un rien. "Et bien, je ne t'avais pas vu, à bouger comme ça.", qu'il rigola tout doucement avant de reprendre plus doucement. "Ca va et toi ?", douceur des instants, qui ne pouvait que le faire sourire toujours plus. "D'ailleurs hors des cours tu peux laisser tomber les formalités. On est plus à ça près ici, non ? Même si je te préviens, ça t'autorise pas à être impoli.", rectifier les choses, même s'il voulait pouvoir faire de cette journée simple amusement entre tous.

Humour abordé, pour en commencer les pèlerinages, cinéma rejoint, alors même que les programmes en restaient inconnus, il laissa tout doucement sa main se poser sur l'épaule du plus jeune pour le stopper dans sa route. "Tu veux regarder quoi ? Je te laisse choisir gamin, histoire de te garder intéressé tout du long.", car il n'était pas réellement sûr que s'il venait à en prendre un film historique, cela n'intéresse le plus jeune durant les longues heures qui allaient sûrement suivre. "T'es plus action ? Horreur ? Romance...peut-être ?", rire de nouveau offert, car il n'avait vraiment aucune idée des goûts que pouvait bien avoir le plus jeune. A croire que tout était si aléatoire, pour une première sortie qu'il ne savait pas réellement nommer. Rendez-vous ? Simple amusement ? Il ne savait pas, et peut-être que les mystères en étaient meilleurs ainsi. "Puis t'es plus pop-corn salé ou sucré ? Histoire que je sache si je dois partir maintenant ou non.", et le plus grand semblait pourtant des plus à l'aise, à en laisser jouir les blagues innocentes. Ô il n'était pas ainsi, lors de ses cours. Un peu plus fier sans doute, un peu plus grande gueule, mais il ne le cachait pas réellement dans ses amphithéâtres, soin apporté aux autres pour les voir se développer, et en ces instants mêmes, il en avait toutes ses attentions reportées sur le plus jeune qui en partagerait son temps.  

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Du bout des doigts, il tira sur la hanse de son sac, regardant son professeur avec attention. Il hésitait. S’était-il habillé pour l’occasion ou avait-il juste sorti l’une de ses énièmes tenues de cours qui l’accompagnaient tous les jours ? C’était compliqué pour Noy. Car l’homme était toujours vêtu avec glamour, un style moderne et chic, totalement à l’opposé du sien, princpalement composé de couleur et d’extravagence. Ils n’étaient pas du tout accordés. C’était peut-être pour le mieux ; ils avaient l’air moins suspects comme ça. Songki lui souriait avec calme, de la douceur dans les yeux, alors que le plus jeune avait fait l’idiot seulement quelques secondes plutôt. Il n’était pas différent des salles de classes. Seulement, ce n’était pas le côté calme et tendre de Monsieur Park que Noy appréciait le plus voir. Malheureusement, il était attiré par son inverse. Celui qu’il arrivait à faire apparaître le temps d’un éclair dans les yeux ou d’une voix s’envolant dans les tessitures. Ce n’était pourtant pas une priorité aujourd’hui. Il voulait juste passer du temps avec lui. Se rendre compte du mur qui les séparait. Et de l’impossibilité de le traverser.

« Je vais bien ! répondit-il. Je ne pense pas que je puisse faire ça. Je ne connais que des phrases polies. D’ailleurs, je suis poli ! »

Sur ses mots, il lui tira la langue, avant de rentrer dans le cinéma, ricanant dans son esprit d’enfant. Il ne fallait pas mentir, Noy lui avait manqué de respect à de nombreuses reprises. Rien qu’à leur première rencontre, il l’avait traité de « old dumbass » qui, étrangement, s’appliquait toujours dans sa tête lorsqu’il se faisait des monologues seuls. Il ne le voyait que par ce prisme déjà construit. Mais son idée de l’homme s’était, quant à elle, totalement effondrée au fur et à mesure du temps. Il l’avait pris pour un professeur strict et sans humour, perché sur ses grandes jambes, à discuter d’amour des virgules et des majuscules. Il s’était révélé beaucoup plus intriguant, beaucoup plus amusant et tempétueux, une part sombre brumeuse dans ses iris toujours calmes. C’était ça que Noy voulait découvrir. Que cachait-il ? Tout le monde avait ses secrets. Quels pouvaient être ceux de Monsieur Park ?

Le cinéma était exactement comme dans les souvenirs (peu nombreux) de Noy. Il se souvenait de la sortie, ou plutôt, de cette après-midi passée avec le même individu qui l’accompagnait aujourd’hui. Il n’avait pas voulu rester dans le groupe classe. Parce que regarder un film où ne comprendrait pas la moitié des dialogues ne l'intéressait pas, mais aussi parce qu’il n’était pas aimé - et il n’aimait pas - par les gens de sa classe. Enfin, c’est ce qu’il se disait. Parce qu’il n’arrivait pas à communiquer avec eux. Contrairement à Songki, qui observait les films à l’affiche actuellement. Cet homme était une fascination nouvelle pour Lamon. Même s’il était sûr qu’elle ne durera pas. Lorsqu’il aurait enfin compris que ses chances étaient de zéro, il abdiquera. Son entêtement ne le rendait pas idiot. Il ne connaissait pas les limites. Mais il les découvrira avant de les atteindre.

« Les dessins animés, dit-il avec le plus grand sérieux. C’est beaucoup plus intéressant que les autres.  Et il n’y en a qu’un seul. On va voir celui-là ? »

Il pointa du doigt le seul tableau montrant deux personnages en dessinés. Il ne savait même pas s’il s’agissait d’un vrai film d’animation ou alors s’il s’agissait d’un trompe l'œil, mais il voulait se montrer convainquant. Il n’avait pas menti, il aimait les dessins animés. Ce n’était pas pour paraître enfant - il a de très bon animes qui font pleurer ou qui sont même ultra-violent, sûrement pas réservés à un public non avertie ou sensible - Noy ne pouvait tout simplement pas mentir. En plus, il avait voulu lui laisser choisir, c’était à ses risques et périls. Ça, il le savait plus que quiconque, non ? C’était Noy qui payait, de surcroît. Alors autant qu’il se fasse plaisir ! Sans lui laisser le temps d’argumenter, ou même de se moquer, le plus jeune se dirigea vers le comptoir à billets, tapotant sur la machine pour commander ses places. Évidemment, il tricha, choisissant la langue avant de faire sa recherche. En lisant la description du film, il découvrit qu’il s’agissait bien d’un dessin animé. Quelques secondes plus tard, délester que quelques wons - il ne savait toujours pas compter ses trucs - il avait les billets sur son téléphone. Revenant vers Songki, il le tira par la manche pour l’emmener vers le coin confiserie.

« Vous n’avez pas de pop-corn au fromage ici, remarqua-t-il en clignant des yeux, faisant une petite moue par la suite. Vous pouvez choisir du coup, ce n’est pas intéressant. »

Comme pour bouder, il croisa les bras, fusillant des yeux la pauvre pancarte des saveurs des pop-corns. Lorsqu’il allait au cinéma à Bangkok, il y avait toujours du pop-corn au fromage. C’était une tradition pour lui d’en prendre un avant d’aller s’installer (seul) dans une salle et de regarder le dernier Disney ou Dreamworks sorti. Et juste après, il rentrait, et rattrapait tout le temps perdu en devoir en grappillant des heures de sa nuit. Il avait découvert la joie des divertissements. Mais il n’avait pas perdu de vue ses objectifs. Continuant de bouder, il présenta son téléphone à la caisse pour payer. Avec un bruit de clochette, il remarqua que l’achat lui avait fait gagner des réductions sur sa prochaine séance. Bon… C’était déjà ça. Il ne démordait pas pourtant, ses lèvres toujours courbées en une moue d’enfant qui n’avait pas eu ce qu’il voulait. Malheur à Songki ! La Corée n’avait pas de pop-corn au fromage !  

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Le repérer de loin, s'amuser d'en voir les agitations du plus petit comme s'il aurait pu le rater. Loin de là, car sans doute était-il le seul à remarquer, là, semblant si déterminé à passer la journée avec lui. Était-ce réellement si plaisant d'en passer du temps avec lui ? Ô pourtant lui ne le pensait pas réellement, à être de tempérament bien plus calme, bien plus posé, à vouloir toujours faire plaisir aux autres de ses patiences. Mais peut-être que le jeune thaïlandais ne faisait qu'apprécier tenter de le faire sortir de ses habitudes ; à vouloir le voir en hausser les voix, faire un cirque devant lui comme pour en faire sauter les leurs dans les prunelles. Malheureux était-il de voir que cela ne fonctionnait que trop peu, avec le coréen : qui en gardait les contenances si facilement. A s'approcher de l'énergumène avec de légers sourires, plus amusé à le voir qu'autre chose ; même s'il n'en cachait pas les yeux. "Ah oui vraiment ? Hâte de voir cela, alors, que tu sois poli.", qu'il l'embêtait, un peu trop sans doute pour un professeur. Mais aujourd'hui, il voulait juste être Songki, amateur de film et simple sortie avec l'un de ses élèves. A croire que cela sonnait si irréel à ses oreilles : car jamais ne l'aurait-il fait auparavant.

Yeux roulant vaguement, sous ses airs enfantins, à finir par le suivre tout doucement sans même ne contester quoi que ce soit. Car il se demander, ce qu'il allait bien pouvoir lui inventer dans les heures à suivre, et il espérait qu'il n'en vienne pas à s'échapper de nouveau, comme pour en fuir les cinémas qui devaient lui être inconnus à force. Surprise à découvrir encore et encore, à imaginer toute sorte de scénario improbable, dont quelques courses poursuites qu'il préférait pourtant éviter. Il ne faisait pas beaucoup de sortie accompagnée, Songki, même jamais. A toujours parcourir les rues en solitaire, à arpenter les musées comme meilleurs refuges possibles. Alors il était heureux, en quelque sorte, d'en partager les instants, de venir simplement tenter de comprendre ce qui lui passait par la tête, à en inviter ceux qu'il ne devait pas.

Finissant par atteindre les lieux si peuplés, aux affiches si colorées et dévoilant de nombreux films en tout genre, Songki ne préférait pas choisir, après tout si ce n'était que lui, il se languirait de venir apprécier les beautés d'un documentaire cinématographique, ou alors film historique quelconque. Mais il ne fallait pas se tromper, il appréciait évidemment les subtilités des films aux apparences plus modernes, pouvant plaire à un bien plus grand nombre de personnes. Alors il le laissait choisir, lui demandait, avant même de ne l'interrompre dans sa lancée : car il fallait avant tout en faire les choix si décisifs. "Un...dessin animé ?", qu'il fut presque étonné, regardant alors les posters avec une bien trop grande attention. "Et bien pourquoi pas. Après tout je n'en regarde jamais, encore moins au cinéma.", innover, et étrangement il avait su que tout ne serait pas banal, dans les simples sorties : car Noy ne l'était pas lui-même, après tout. "Faisons ça." Il devait avouer qu'il n'avait pas l'occasion de se poser devant la télé, même chez lui, alors pouvoir en découvrir là les animations seulement connues de nom, pour en appréhender un peu plus le milieu de ces arts si complexes : il ne pouvait qu'apprécier un peu plus. Ne pas trop réfléchir, se laisser porter par les émotions, et finir par s'amuser simplement.

Regard capturé vers l'affiche du film qu'ils allaient pouvoir admirer, il ne remarqua même pas que le plus petit s'était faufilé pour en acheter les billets avant de ne finir par tourner la tête et de sourire tout doucement. C'est qu'il le trouvait mignon, à se faufiler partout, disparaître de devant son regard comme un petit animal si futé. Attendrissant en un sens, légèrement dangereux dans un autre, car cela signifiait qu'il pouvait passer à côté de lui sans même ne le remarquer. Double facette dont il s'habillait là, pour en tromper ceux qui n'y voyait qu'enfant perturbateur : car il savait que Noy était en réalité bien plus que cela. Manche tirée, pour en capturer les attentions, simple regard offert pour finir par le suivre vers les étalages si sucrés, il rigola un instant, en l'entendant, à le voir presque déçu de ce qu'il pouvait y avoir dans les rayons. "Du popcorn au fromage ? Vraiment ? Et c'est bon ça ?", qu'il rigola un instant, prenant en main un pot de popcorn au caramel comme pour tenter de lui faire perdre ses moues qui lui, le faisait tant sourire. "Tu vas voir, le popcorn sucré c'est tout aussi bon. Même si j'en ai jamais goûté au fromage. Je devrais essayer d'en faire.", qu'il se laissa lui-même persuader, à le laisser payer en se baladant tout près de lui.

Lui jetant quelques regards, tout en le menant finalement à la salle qui occuperait leurs heures, il s'amusa discrètement de ses yeux pétillants. "Et donc tu vas bouder longtemps comme ça ?" qu'il prononça tout doucement, en poussant la porte de son épaule pour le laisser passer. "Je vais finir par croire que t'es pas content d'être là, si tu fais la tête pour du popcorn au fromage", yeux finement plissés pour tenter d'en cerner légèrement les attentes du jeune homme. Et les idées défilant, il en venait même à se dire, que la prochaine fois, il lui en glisserait dans son sac, de ces préparations salées, comme pour innover à son tour. S'installant alors dans l'un des sièges, ni trop proche ni trop loin de l'écran, il déposa le pot entre eux, baillant un coup sans réellement s'en apercevoir tout en venant saisir un éclat de maïs pour le lui tendre comme habitude inattendue. "Tiens, goûte. Je suis sûr que c'est pas si terrible...", qu'il lui proposa, menton au creux de la paume alors qu'il ne le quittait plus des yeux. Car les visages en étaient si délicats, malgré tout, de ses longs cils, de ses courbes pulpeuses. Et il ne devrait pas, Songki, le regarder ainsi, mais le nier serait mentir ; et de ces proximités, en patientant de ses réponses, il ne pouvait qu'y poser sagement les regards sans bouger d'un doigt.

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Cela allait finir de convaincre Songki que Noy était un enfant. Le plus jeune avait grandi dans une atmosphère d'adultes, bloquant tout amusement qui ne lui permettait pas de développer son intellect en même temps. Ainsi, jamais il n’avait eu accès aux dessins animés, aux bandes dessinées, aux livres autres que scientifiques, aux jeux dans les parcs et autres. C’était inconnu pour lui. Lorsqu’il regardait des enfants courir après, laissant leur énergie se déverser par le sport plus que par l’esprit, il en était presque jaloux. A Bangkok, il avait pris conscience de son enfance atomisée et avait complètement changé d’attitude, devenant intrépide, jusqu’à parfois se mettre en danger. Pourtant, aujourd’hui, il ne l’était pas. C’était même complètement l’inverse, marchant à côté de Monsieur Park, en se rechignant lorsqu’on lui dit qu’il n’y avait pas de pop-corn au fromage. L’homme devait être d’une patience immense, à accepter l’idée gamine de film qu’il avait fait et à le laisser grommeler tout seul en thaï sur la bêtise coréenne de laisser passer la merveilleuse création des pop-corns au fromage. Il fronça du nez en voyant le pot rempli de caramel. Même s’il avait la dent sucrée, ce n’était pas ce qu’il s’était imaginé manger et cela le dérangeait. Pourtant, il paya, bien à contre-coeur, pour se diriger vers la salle. Il s’était fait avoir sur les snacks ; il espérait que ce ne sera pas le cas sur le film.

Lorsque Songki parla en entrant dans la salle, Noy releva la tête vers lui, gardant une moue sur les lèvres. Oui, il n’était pas content de ne pas pouvoir retrouver un brin de nostalgie de chez lui, ici - mais en même temps, à quoi s'attendait-il ? il était en Corée, pas en Thaïlande -,  mais non, il ne voulait pas que le plus vieux pense qu’il n’était pas heureux d’être avec lui. C’était faux. Noy était extatique de ce rendez-vous, étant même arrivé à l’heure, pour une fois, bien habillé, ayant passé plus de temps à choisir sa tenue hier soir qu’à se faire à manger. Il ouvrit la bouche plusieurs fois, cherchant ses mots, et trébucha même dans le dos du plus vieux, alors qu’ils descendaient les escaliers. Il se rattrapa, fort heureusement, sans que le professeur ne le voit.

« Ce n’est pas de ma faute s’ils n’en n’ont pas d’abord… » continua-t-il de bouder.

Assis sur son siège, il retira son sac et sa veste, déposant le premier à ses pieds et la deuxième sur ses genoux. Son attention fut alors attiré par les doigts de Songki, lui tendant une lentille éclatée de pop-corn, légèrement teinté d’ambre caramel. Il cligna des yeux, fixant l’homme une microseconde, avant de s’avancer. Sans réfléchir, il ouvrit la bouche, se penchant en avant pour gober le maïs de sa main elle-même. Il se reposa contre le dossier de son siège, mâchonnant alors le petit morceau. Bof, il n’était pas convaincue. Même si la manière de manger avait été plus qu'intéressante, ce n’était pas un type de nourriture qu’il prendra de lui-même. Noy n’était pas si difficile avec la nourriture, s’adaptant autant qu’il le pouvait à ce qu’on lui donnait. Seulement, il avait des goûts, comme tout le monde, et même si Songki était celui qui lui vendait les popcorns caramel - et dieu sait que Noy en était à un stade où tout ce que disait le professeur était le graal, même s’il n’en avait pas encore conscience - il ne prendrait tout de même pas ce choix.

« Vous pouvez prendre tout le pot si vous voulez, dit-il simplement. Je n’aime pas. »

Et alors, il tourna le regard sur l’écran, se redressant sur son siège pour pouvoir le voir en entier. Il y avait quelques familles dans la salle, des enfants et des couples, voire des groupes d’enfants. Noy se dit qu’il avait bien choisi finalement. C’était exactement ce qu’il avait cherché. Le public ne venait que solidifier son choix. Alors que lui semblait étrangement bien rentré dans le moule des gens de la salle, Songki dénotait complètement. On aurait presque dit que le plus vieux était le père de Noy et qui l’emmenait voir un film. Cela fit rire le plus jeune qui lui jeta un coup d'œil. Il devait rester plusieurs minutes avant que la séance ne commence. Il se pencha de nouveau vers l’homme, souriant, le visage tourné vers lui. Beaucoup trouveraient son affection grandissante pour le plus vieux comme un problème. Oh, s’en était complètement un, il n’allait pas mentir. Au début, il avait voulu jouer avec lui, parce qu’il y voyait un challenge inatteignable et impossible. Seulement, il l’avait vu enseigner, lui tenir compagnie, faire attention à son intégration, même s’il n’était pas son professeur de référence. Il était plus proche de lui que de n’importe lequel de ses camarades et cela devrait l'alerter. Mais il s’en moquait. Songki était son Monsieur Park.

« On a l’impression que vous n’avez rien à faire dans cette salle, monsieur, s’amusa-t-il. Personne ne penserait que nous sommes en rendez-vous, héhé… »

Puis il se rassit bien correctement sur son siège, tout fier de son commentaire. Il ne piqua pas dans le pot, le laissant réellement à l’autre homme. Cela ne lui donnait aucune envie. Si ce n’avait pas été pour les goûts de Songki, cela en aurait presque été un tue-l’amour. Exagéré ? Oui. Mais comme tout le reste, il l’assumait. Ce n’était pas aujourd’hui qu’il allait se remettre en cause sur ses choix, et encore moins alors qu’il avait réussi à obtenir une sortie avec un individu tel que son professeur d’anglais. Cela n’arrivait pas tous les jours, il fallait donc le souligner pour qu’il n’y ai pas d’oubli dans la narration. Les pubs n’avaient pas démarré ; Noy s’ennuyait et pour faire passer le temps, il demanda à Songki s’il pouvait prendre des photos. Dans l’idée, c’était de : « garder un souvenir ! » mais aussi de tout simplement avoir autre chose que des images volées pendant les cours, surtout du dos du professeur, contre son consentement et juste pour Noy. Oui, il aimait bien sortir son téléphone et flasher Monsieur Park en pleine action, juste pour l’envoyer au groupe des élèves en échanges internationaux. Certain.e.s étaient jaloux, voulant très certainement échanger de place avec lui maintenant. Trop tard ! Il ne se permit pas d’en prendre plus que de raisons, les envoyant à l’autre pour qu’il puisse aussi en profiter. L’étudiant n’était pas un mauvais photographe. Au contraire, il s’en sortait plutôt bien. Puis les lumières s'éteignirent, indiquant le début prochain de la projection. Noy s’installa confortablement dans son siège, prêt à vivre un moment de l’enfance dont il avait été privé.

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Courages, pour en supporter les enfantins qui n'en faisaient qu'à leur tête, à les mener dans ces endroits dans des interdictions si étranges, à déjà se demander ce qu'il faisait là, alors que tout en semblait si fébrile. C'est qu'il avait peu d'occasion Songki de se rendre au cinéma, à en trouver là plaisir toujours bien trop grand, toujours bien trop agréable, comme rien ne pouvait au final en remplacer ces grands écrans. Presque comme un enfant, à chaque fois que les yeux se mettaient à scintiller de leurs éclats sous les films projeter, à en aimer les sensations, s'immerger dans de nouveaux mondes comme quand il en restait seul avec un livre. C'était sans doute pour cela, aussi, qu'une partie de lui en avait accepté de venir ici avec le plus jeune. A braver les interdits pour simplement en créer désarroi, de ces mirages insolents, aux éponymes sièges qui en couvraient leurs dos si délicats. Car il comptait bien lui en faire changer d'avis, que même si ses mauvaises humeurs se poursuivaient, il serait là pour en captiver les esprits de ces littératures divergentes.

Yeux tournant, sous les paroles boudeuses, à presque le faire sourire, celui qui n'en comprenait pas là les moindres dilemmes instaurés, il ne pourrait pourtant lui proposer que cela, que ça ne lui plaise ou non. "Parce que c'est ma faute peut-être ? Et bien, va donc râler auprès du directeur.", qu'il disait cela en rigolant, à sourire toujours plus de ces enfantillages pourtant admirables d'un côté. A le trouver bien à l'aise, avec lui, quand pourtant tout avait été si compliqué ces dernières semaines. Peut-être avait-il réussi à en créer là quelconque lien avec l'étudiant, jusqu'à réussir à en apprivoiser les légers caractères. C'est qu'il tentait, pourtant le professeur, d'en intriguer les papilles, à venir lui en servir les sucreries du bout des doigts pour pourtant en provoquer refus. Soupir prononcé, à faire les moues, quand de ses doigts il en garda alors les paquets seulement pour lui.  "Très bien Monsieur le rabat-joie. Mais viens pas tenter de me les piquer durant le film je te préviens. T'as fait ton choix.", à presque tenter de l'en narguer comme dernière technique, pour en cacher les quelques déceptions, quand lui en appréciait bien trop les maïs soufflé au caramel.

A en sentir les regards sur lui sans ne réellement comprendre, à en soulever les sourcils vers Noy pour en comprendre les fixations sur les portables puis sur lui. Ô Songki en venait à se dire que ces petits appareils en étaient devenus plus intéressants que la réalité, alors que lui ne parvenait même pas à en comprendre le fonctionnement. A croire qu'il était sans doute bien trop vieux jeu, ou tout simplement qu'il en préférait ce qu'il avait devant lui. Mais à en croire les remarques du plus jeune, finissant par lui aussi observer la salle de ses regards un peu perdus, il ne pu retenir là un de ses rires face aux visions concrètes : qu'il en dérogeait aux règles. "Parce qu'on est en rendez-vous ? Je croyais que j'accompagnais mon petit-frère voir un dessin animé...", à lui même jouer au jeu, s'amuser un peu de lui sans ne jamais trop en faire, juste rester sur ces défensives qu'il savait si bien garder. "T'as l'air d'avoir trouvé la bonne salle de cinéma qui te correspondait.", à juste le taquiner, sans pour autant y noter là aucune méchanceté. Juste à vouloir en provoquer les sourires, quand les siens étaient déjà tout tracés. Pourtant il le laissait faire, à prendre là photos sans même y donner réel intérêt. Après tout son image ne devait pas coûter si cher, non ? A ne rien avoir à y perdre, donner les droits de son visage même si les risques que tout ne fuite ne pouvaient simplement lui en paraître inconnus.


Animations à débuter, à en conserver les minutes en tête. A ne plus bouger, simplement regarder, alors que tout semblait si enfantin. Et sans doute n'avait-il pas prévu, Songki, d'en perdre les réflexions si facilement, à essayer de se demander ce qu'il y avait d'appréciable dans tout ce qui se dessinait devant eux. Pencher la tête, suivre les plans, plisser des yeux. Mais le corps se sentait lourd, à à peine toucher les friandises qu'il en avait sous le nez, à juste bailler un peu trop souvent, toujours en discrétion : pour que personne ne remarque rien. A laisser les têtes se pencher tout doucement vers les épaules de son voisin pour en reposer le visage. "Juste...un instant.", murmuré pour que ne personne n'entende, suffisamment pour en être soufflé aux oreilles du plus petit. Epuisé, sans doute. Et pourtant il aurait voulu pouvoir en suivre toutes les péripéties des héros, à se dire que ce n'était tout simplement pas son genre de films. Mais pour le plus jeune, il pouvait en faire un effort, en tentant d'en garder les yeux ouverts. Juste par respect. Juste par envie d'en découvrir un univers bien plus délicat que ce qu'il n'avait réellement l'habitude.

C'est qu'il s'était peut-être assoupi juste un peu, à pourtant se réveiller par moment pour tenter d'en comprendre le film. Car il n'aimait pas être totalement perdu non plus, de ses bras croisés, à en avoir oublié le popcorn à ses pieds pour simplement essayer d'en retenir les sommeils. Et ce n'était pas car le film l'ennuyait. Confort des sièges qui venait en ajouter une pierre à l'édifice, de celui trop concentré sur les travaux et la lecture pour réellement se reposer, ou juste par envie d'en profiter un peu de l'instant partagé. Car au final, avait-il sans doute le droit lui aussi de s'amuser des moments, face à celui qui en avait annoncé les couleurs de son caractère si imprévisible. A juste alors, reposer les yeux : dans ces salles noires et emplies de souvenirs d'enfance.

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Ses yeux s’allumèrent tel deux joyaux dans sous la lumière. Quelle bonne idée ! Parler au directeur, Noy n’y aurait jamais pensé. Il aurait préféré bouder pendant trois jours, à boycotter le cinéma pour au final y revenir quand même, parce que c’est sympa. Pourtant fan de confrontation en tout genre, il ne pouvait que se sentir attiré par l’idée d’aller voir un vieil homme directeur de sans doute plus d’une firme de cinéma et de lui taper une crise pour avoir des pop-corns à tous les goûts, comme les cinémas thaïlandais. Parce que vraiment, vous vous rendez compte un peu « même eux ont plus de choix que les vôtres… et on parle de la Thaïlande ! » Certes, son pays maternel était en expansion et fournissait énormément de ressources, basé sur un politique libéral dictatorial, avec une élite surclassée. Mais la Corée du Sud restait un pays développé, qui avait du pouvoir politique, et encore plus depuis sa fulgurante progression technologique dans cette même ville de Busan. Alors c’était quand même une honte qu’il n’est pas les pop-corns qu’il aime quand même !

« Vous venez de me donner une très bonne idée, monsieur ! applaudit-il discrètement. Je vais aller voir la direction de ce cinéma une fois dehors pour en discuter. Parce que vraiment, c’est inacceptable... »

Le professeur allait regretter de lui avoir soufflé cela. Parce qu’il en était totalement capable. Et c’est d’ailleurs ce qu’il allait faire une fois la séance terminée. Il n'était jamais trop tard pour piquer une crise. Avec une mine d’un dégoût un peu trop poussé (qui était beaucoup trop exagéré par rapport à la réalité), il fit mine de vomir lorsqu’il fit allusion de lui en voler. Comme s’il tenait si peu à ses convictions pour se laisser appeler par l’envie instinctive de la nourriture. Noy était plus fort que quelques grains de maïs explosés. Et puis son honneur en prendrait un coup s’il se laissait aller à manger quelque chose dont il n’était pas fan. Et dire qu’il avait payé pour ça. Bon après, ce n’était pas lui, mais son université. Rien qu’à cette idée, il se sentait presque fier de ne pas en manger. Une petite revanche à son niveau, qu’il envoyait avec plaisir à l’administration de la faculté de mathématiques de Bangkok. Il aimerait bien voir la tête de l’administratif qui verra les comptes pour trouver un pot de pop-corn au caramel dans le budget de la fac. Noy avait toujours eu un sens de l’humour particulier, que certains de ses professeurs trouvaient bien trop déplacés à leur goût. Il était sûr que Songki en rigolerait sous cape, lui.

Il restait encore un peu de temps avant le début de la projection. Alors Noy en profita pour se moquer de son professeur, une activité qu’il pratiquait au quotidien et qui lui réussissait plutôt bien. Seulement, aujourd’hui, pouvait-il simplement vraiment le considérer comme tel ? Même si Songki avait mis ses propres limites et lui avait bien fait comprendre qu’il ne fallait pas les dépasser, Noy avait la mauvaise habitude d’oublier ces dernières et de toujours aller trop loin. Comme lorsqu’il l’avait emmené à la plage et qu’il s’était déshabillé devant lui. Et alors qu’il pensait qu’il allait le rembarrer, il joua en retour, surprenant quelque peu Noy qui ne put perdre son sourire. C’était aussi pour ça qu’il le trouvait différent : il n’avait pas peur de lui répondre en sortant des sentiers battus pas tous ses prédécesseurs. Après tout, les professeurs, surtout universitaires, devaient lutter perpétuellement pour ne pas perdre l’attention de jeunes adultes. Et Noy, en plus de tout, était trop jeune pour être dans sa classe. Pourtant, Songki faisait tellement d'efforts pour l’inclure, que cela en était touchant.

« Petit frère ? Regardez les choses en face, je suis trop mignon pour être votre petit frère… »

Et puis l’idée lui paraissait bizarre. Encore pire que le côté père-fils. Noy en frissonna, n’aimant pas du tout cette comparaison. En plus, ils ne se ressemblaient pas du tout. Pour appuyer son propos, le plus jeune ferma les yeux et secoua les épaules, un grand sourire aux lèvres, pour montrer à quel point il était adorable. En soit, physiquement, on ne pouvait pas trop dire le contraire, il rentrait bien dans le côté petite chose mignonne. Mais son caractère laissait clairement à désirer, et il le savait très bien. Pourtant, cela ne l’empêchait pas de ne pas le changer. Après tout, maintenant, il était libre de s’exprimer autant qu’il le voulait, de vivre la vie qu’il avait toujours voulu mener, en faisant quelque chose qu’il aimait. Plus rien ne le retenait, si ce n’est la bienséance (et encore). Même le faux-respect, celui que l’on doit à une personne plus âgée par exemple, il n’en avait rien à faire. Alors quand Songki fit sa petite remarque, il ne fit que rouler des yeux, s’enfonçant dans son fauteuil en l’imitant faussement, jusqu’à même la manière dont il se tenait, avant de rire. Il ne pouvait cacher son sourire, se sentant en confiance et dans une ambiance qui lui allait bien. Là, il n’avait pas envie de s’enfuir.

Lorsque le film commença, il en oublia tout et ne tourna son attention que vers l’écran. Déjà l’histoire était introduite et Noy la regardait avec les mêmes expressions que les enfants autour d’eux. Ils voulaient tous savoir ce qui allait arriver, pourquoi les héros étaient ainsi, ce que le méchant allait faire. Ils étaient en pleine quête lorsque le plus jeune sentit quelque chose arriver doucement sur son épaule. En tournant la tête, il constata qu’il s’agissait de Songki qui se reposait sur lui. Ce qu’il lui dit le ravisa de prononcer la moindre boutade. Oh… Noy perdit le fil de l’histoire, sentant son cœur tambouriner étrangement en lui. Les yeux bloqués sur le visage de son professeur, sa bouche s’assécha complètement alors qu’il tentait de se détendre pour ne rien laisser passer. Finalement, il arriva à se concentrer sur les images, mais son esprit se trouvait ailleurs, focalisé sur l’homme qui s’assoupissait par moment sur son épaule. D’un côté, cela voulait dire que le film l’ennuyait… Ou alors était-il tout simplement fatigué ? Mais alors, cela voulait dire qu’il était venu avec Noy, alors qu’il n’était pas en forme ? Juste pour lui ? Pour un étudiant qu’il ne connaissait que depuis quelques mois et qui lui menait la vie dure ? Noy inspira doucement. Il ne savait pas s’il devait le toucher aussi, montrer une marque d’affection comme celle qu’il recevait actuellement. Ils en étaient au trois quart du film (moment de révélation intense d’une des protagonistes, qui rêvent de devenir une étoile filante) lorsque Noy tendit doucement la main pour effleurer celle du plus âgé. Il hésita encore un instant, avant de toucher délicatement son poignet. Mais de quoi avait-il peur ? Il lui avait fait bien pire ! Mais l’intimité du moment le rendait nerveux.

Un grand bruit le surprit et il sursauta, provoquant deux évènements. Tout d’abord, sa main s’écarta brutalement de l’autre, se réfugiant contre lui. En même temps, la tête de Songki tapa contre sa mâchoire, ce qui le fit légèrement grimacer de douleur. Ce n’était pas permanent, et sans doute qu’il n’y aurait aucune trace, mais sur le coup, cela fit plutôt mal. Ses yeux se tournèrent vers l’autre, alors qu’il se frottait la zone endommagée. Une nouvelle explosion à l’écran le fit tressauter et il tourna son attention vers la scène pour découvrir avec stupéfaction qu’il s’agissait du combat final. Il avait tellement été perdu dans ses pensées, qu’il ne s’était même pas rendu compte de la progression de l’histoire. Son sang battait un peu trop fort contre ses tempes, mêlé de surprise et de nervosité. La honte, aussi, s’empara de lui. S’il comprenait bien ce qu’il se passait en lui, il devait partir le plus rapidement possible. Songki avait eu raison d’émettre des réserves ; ce n’était pas une bonne idée. A deux doigts de prendre son sac pour partir, il attendit tout de même que le générique de fin démarre pour aussitôt sortir de la rangée, s’enfuyant aussi rapidement que possible. Une fois hors de la salle, il alla s’enfermer dans un des cabinets de toilette. Une fois à l’intérieur des quatre murets, il soupira. Et c’est presque avec ironie qu’il se rendit compte qu’il s’agissait du même cabinet que la dernière fois.

just girls ? no. not just girls. @Ouattaiyaphon Noy

Il ne savait pas réellement, Songki, ce qu'il avait lancé : en ne faisant qu'en parler de nourriture. Lui qui n'en cherchait aucun conflit, à ne vouloir qu'essayer d'en découvrir parfums d'horizons différents, quand tout en revenait à monter là des plans bien étranges. Et Noy, qu'allait-il encore inventer là, devant ces écrans aux visions si bellâtres, quand tout en semblait bien moins important que ces histoires de pop-corn ? à croire que cela viendrait presque le hanter, Noy,  que les parfums n'en soient pas à ses goûts. étrange impact, qu'en étaient les gourmandises : alors qu'il n'avait voulu qu'en réjouir les appétits sans en faire là histoire du siècle face aux bêtises dictées. Car il savait, que tout n'en était qu'amusement chez le plus petit, à en faire des tonnes : pour au final en garder les idées dans un coin de sa tête. "Pff, ça sera sans moi. Je veux pas être lié à tes critiques gastronomiques., qu'il souriait, à ne faire que le suivre dans ces amusements si enfantins. Car peut-être en avait-il retrouvé légèrement ces âmes d'enfant qui le composaient, Songki, à rester en sa compagnie.

gamin écourté ;
à en comprendre les paroles.


De ces enfantillages, aux esprits plus grands, à se demander au final ce qu'il faisait réellement là, Songki. Car depuis tout petit, il s'était toujours questionné : sur ce qu'il pouvait y avoir derrière les murs interdits d'accès. Quand tout en semblait si dur, de l'autre côté, alors qu'il en avait été rebelle des écoles, à suivre ce que les instincts lui disaient. A pourtant n'être qu'à présent que bien trop calme sans doute. Et personne ne viendrait se doute : qu'il en avait été gamin aux allures révoltées, quand à ses côtés, il se laissait convaincre par les enfants d'en observer animations si étranges. A pourtant ne pas lui déplaire quand il en lisait les sourires sur les visages. Attente si latente, à croiser les jambes dans ces sièges confortables. Subir photos en tout genre, apothéose qui en agitait là les énergies alors qu'il en restait si immobile, lui ; quand tout semblait tourner. Cible facile, à ne pourtant pas l'empêcher de jouer de ses appareils, car il n'avait rien à cacher le professeur, si ce n'était les rapprochements flous de ces attitudes si légères.

Alors il en ignorait presque celui qui en semblait si diverti par les moindres attractions qui pouvaient l’entourer. Quand de ses agitations, il s’en retrouvait à rire de quelques mots, aux alentours des humours. De ces yeux roulant comme pour en esquisser tout doucement les sourires si joyaux à ses yeux. "Mignon ? De ton point de vue alors ...Parce que perso...t’as l’air d’un petit monstre.” Mimiques adorables réalisées comme pour lui en faire comprendre là qu’il en était des plus mignons, et il ne pouvait pas mentir - quoi que bien trop - en le voyant ainsi, à ne pourtant faire que jouer : pour ne jamais réellement le lui dire. Imité là d'une façon bien moins gracieuse, à ne venir lui attribuer aucun regard pour se concentrer amplement sur ce qu'il était venu lui montrer. Car s'il devait se faire perturber par la moindre de ses bêtises, il n'en finirait sans doute jamais les soirées, Songki. Qu'importe ô combien pouvaient s'en montrer les plus doux des visages, il n'y avait qu'entêtement dans celui qui essayait de faire toujours le plus malin. A ses risques et périls : car il en restait pourtant là maturité absolue, Songki.

Et sans doute n'avait-il fait que trop forcer, le plus grand au final, à finir par rapidement s'assoupir sur les épaules du plus jeune, de son dos si lourd sans ne même réellement s'en rendre compte : qu'il s'était réellement endormi. Pas que le film en était réellement ennuyeux, pour celui aimant les intrigues plus complexes, mais peut-être n'était-ce là qu'un des seuls rares instants où le corps s'en sentait affaibli. Entre le travail et les livres, à ne jamais réellement se reposer, c'est qu'il était assez étrange, Songki en y pensant ; à pourtant être venu là sans ne même renégocier la chose. Promesse tenue sous les quelques conditions, à en être là sur les épaules, à ne plus réellement remarquer les alentours si ce n'était les quelques bruits ambiants. Et peut-être ces touchers, sur ses poignets. A ne rien dire sous les incertitudes, à ne pas réellement comprendre.

mais secousse inopinée :
à le percuter.

Violence d'un coup ! Tète devenue douloureuse sans ne réellement comprendre alors qu'il se redressa d'un coup, prunelles légèrement papillonnantes à venir fixer le plus petit en tentant s'y comprendre quoi que ce soit. Car il en semblait si perturbé, Noy, alors que lui s'en frottait la tête, à ne rien comprendre au film quand tout semblait passer si vite. Tellement : que le thaïlandais en avait fini par disparaître comme un simple tour de magie de ses côtés. Fuite prise ! A l'observer de nouveau perdu, à finir par tenter de le suivre pour le voir s'enfermer dans les lieux les plus délicats du monde. A croire que Songki devait avoir une tendance à en effrayer les créatures pour que celles-ci ne s'enfuient si facilement dans des petits coins où personne ne pourraient les retrouver. "Je sais où tu te caches. Décidemment tu vas me faire le coup à chaque fois ?”, qu'il en boudait presque, lui aussi, à simplement toquer à la porte avant de soupirer de fatigue. "Je t'attends dehors. Et t'enfuis pas par la bouche d'aération parce que j'irais pas te récupérer.”  Humour plus ou moins léger, alors qu'il ne savait plus quoi faire, de cet enfant impétueux aux réactions si étranges. Car en permanence, tout semblait si facilement déraper.

Alors pieds finissant par faire demi-tour pour s'appuyer contre les murs en attendant que le plus jeune ne veule bien revenir. Gamin épuisant, à le fatiguer, quand les bras croisés, il en attendait que les passants ne défilent. Odeurs de caramel, à venir teinter les espaces, et c'est presque qu'il en trouverait le temps long, lui, à venir en fermer les yeux. Attendre, que le plus jeune ne décide d'en cesser ses caprices. Car il avait beau être patient, Songki, peut-être qu'il ne voulait pas non plus commencer à se dire qu'il ne faisait que le fuir de plus en plus, alors que les approches s'en voulaient ludiques, pour celui aux allures si perdues dans ces pays qui n'en étaient pas à ses goûts. A guetter au loin les corps : par impatience d'en savoir qu'elle excuse il viendrait lui sortir.

just girls ? no. not just girls. @park songki

« Parce que monstre et mignon ne peuvent pas aller ensemble ? » demanda-t-il avec un sourire en coin.

Par malheur, c’était pourtant ce qu’il était. Alors si cela n’était pas possible pour le professeur, Noy n’existait tout simplement plus dans son univers. Ce qui serait fort regrettable du point de vue du petit démon. Qui irait ennuyé Songki après ses cours en s’essayant sur son bureau, un petit air chafouin sur le visage ? Qui viendrait le voir pour demander une sortie au cinéma alors qu’il était celui qui l’avait empêché d’y aller la dernière fois ? Si on y réfléchissait bien, il n’y avait que Noy qui gagnait dans cette histoire. Car déjà, il avait échappé à une insupportable séance de film en anglais, et maintenant, il se trouvait devant son genre préféré de cinématographie avec l’homme qui lui faisait de l'œil tout en pouvant le taquiner autant qu’il le voulait. Vraiment, il n'était pas le perdant, mais bien le vainqueur. Il espérait en tout cas que Songi l’ai compris. Sinon, ce serait décevant de se rendre compte que Monsieur Park n’avait pas autant de jugeote qu’il le pensait à l'origine.

Avance dans le temps, on en arrive à ce fameux moment. Celui où les doigts de Noy se rétracte du poignet de Songki, alors que le son explose dans le cinéma, et qu’une douleur amère se disperse dans son menton. C’était, à bien y regarder, une scène d’humour à part entière. Ou romantique, en fonction de la musique que vous mettez en arrière-plan. Le plus jeune sentit tout son corps brûler de honte de ce petit geste, de cette lueur euphorique, lancé vers son professeur. Bien sûr, l’autre homme ne devait pas s’en être rendu compte. Comment aurait-il pu ? Noy était tellement secret dans son discours toujours plus excentrique. C’était presque jusqu’à se mentir à lui-même pour ne pas laisser ses pensées les plus inavouables enfouies au fond de lui. Ainsi, même s’il savait qu’il n’avait aucune raison de paniquer parce que ce n’était rien, le côté conscient qui prenait le pas sur l’inconscient, le poussa à se lever et à fuir sa place de cinéma, alors même que le générique démarrait sur l’écran. Il quitta la salle en cours, rejoignant les toilettes, là où il pouvait se recroqueviller en boule pour se calmer sans passer pour un dingue. Les pieds remontés avec lui sur le rebord de la cuvette, il plissa des yeux vers ses mains, insultant mentalement l’attraction et l’idée minable de pensée que si ses doigts avaient eu l’audace de rentrer en contact avec la peau du professeur, il y aurait eu une étincelle quelconque. Elle aurait pu… Imaginons… Prouver qu’il pouvait y avoir des petites chances que ce flirt idiot qu’il était le seul à voir puisse donner quelque chose. Dans le pire des cas, il aurait juste eu l’air débile. Alors pourquoi autant paniquer ?

En entendant la voix de Monsieur Park de l’autre côté de la porte de la cabine, il détendit ses jambes, reposant les pieds sur le sol. Il regarda la surface claire, pouvant presque deviner la silhouette de l’homme qui lui parlait. Les petits “toc-toc” à la porte ne le font pas bouger, même pas sourciller. Oui, il lui avait déjà fait le coup, et il ne s’en sentait pas particulièrement fier. C’était peut-être le bon moment pour lui faire croire qu’il avait juste eu une envie pressante et qu’il n’avait pas pu lui dire car la langue était tellement compliquée pour lui. Pourtant, de nouveau, il garda le silence en l’écoutant repartir. Aussitôt, il sortit son téléphone et scrolla dans ses conversations pour ouvrir celle avec deux de ses camarades partis à l’étranger. L’un en France, l’autre en Inde, il était presque sûr de les voir encore réveillés, car, comme lui, le sommeil pour eux n’existait pas et n’était fait que pour ralentir leur recherches personnelles. Il tapota une question, qui reçut deux réponses et un gif de la série Friends. Après quelques secondes à regarder des bulles bougées en boucle, il reçut un petit pavé. Aussitôt il y répondit.

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Je me suis enfermé dans les toilettes pour fuir mon date, il attend dehors, je fais quoi ?

Tu sors ??
-_-

Attend... Dans les toilettes ? T’as fait pire ptdr Je me souviens de la fois tu t’étais caché sous la table pour fuir ton crush, à la fête du Pim. T’étais sortie par la fenêtre et atterrit dans la piscine… Le fou rire xD Tu fuis toujours quand t’as des sentiments, alors tu sais ce que ça veut dire, pas vrai ?

C’est un linchage public ou bien ?
Je fais quoi quand même ?

Tu lis quand j’écris ou pas ?
Tu sors…

Ouais, sors des toilettes et fait genre t’as eu une grosse envie ou un truc du genre

Mais c’est dégueu >.<

T’as une meilleure idée ?

Tu passes par les conduits d’aération… Il t'entendra et ira te sauver

Si je fais ça, il viendra pas me chercher…
Il me l’a dit.

Putain, il est fort…

Mais sors, et c’est tout. Assume un peu, MERDE

Noy éteignit l’écran de son téléphone et poussa la porte pour sortir. Okay. Assumer. Faire le grand, l’adulte, Noy qui est pourtant si immature. Il allait faire ça oui. Totalement. Tout à fait. Sauf que… Sauf qu'en sortant des toilettes, il vit Songki. Et l’idée de sortir par la fenêtre le saisit de nouveau. Trop tard cependant, il n’avait que ses jambes pour courir. Ce qu’il fit, évidemment. Venait-il d’empirer son cas en partant en courant pour sortir du cinéma, passant en flèche devant le géant pour fuir ? Oui. Adieu ce moment de courage qui lui avait duré quelques secondes et bonjour la course poursuite. Que Songki ne le suive pas l’arrange, il voulait pouvoir négocier avec son cœur tranquillement, et lui faire comprendre deux ou trois petites choses. Ses baskets sur le bitume, il resserra les lanières de son sac pour ne pas se faire déranger par ce dernier dans sa course. Ayant grandi dans un internat pour garçons, le sport n’était pas un problème pour lui. Il maîtrisait plutôt bien et était très fort en sprint. Seulement, c’était une petite souris face à un géant. Songki allait le rattraper. Et quelle excuse pouvait-il donner ? Un sourire et le fait qu’il voulait tout simplement le faire courir. Parce qu’il se faisait vieux et que rester autant de temps assis n’allait faire qu’empirer son arthrose. Pire excuse du monde, mais au bout d’un moment, il fallait bien s’en sortir, même avec des mensonges plus gros que soi.

just girls ? no. not just girls. @Ouattaiyaphon Noy

Incompréhension, dans les regards. car de paroles enfantins, il en avait perdu celui qui avait fuit comme enfant si intimidé. et avait-il même fait quelque chose en réalité ? à se perdre lui contre les sièges, toujours lui courir après alors qu'il en venait à fatiguer, songki. idiot ! de ne pas vouloir en dire plus sur les secrets, et sans doute n'allait-il pas attendre des heures, lui. courir après les gens : ce n'était pas son truc, en réalité. à juste faire preuve de diplomatie, à se montrer poli, quand tout l'irritait. et s'il avait dû venir le chercher dans ces pièces qu'il semblait si bien connaître, le professeur aurait sans doute finit par s'en aller. et pourtant ! gamin insupportable, à juste en retenir les agacements. car il en avait vu beaucoup sans doute, ceux aux impétences lui faisant face, ou encore à des enfants voulant se montrer plus malin. mais jamais ne l'avait-on encore fuit. caractères amochés : quand il ne fallait pas le chercher.

à venir en déclencher
cataclysme sur les visages.
à laisser sortir les vocales,
sans hésiter.

alors à aller le chercher, dans ses cachettes, à venir toquer pour repartir. il avait presque l'impression de déranger, au final. attendre : c'est ce qu'il lui avait promis. et pourtant, il ne resterait pas aussi longtemps que prévu. car agacé, il en avait marre, d'être pris pour un idiot. à ne pas vouloir en voir les figures devant lui en revenir comme une fleur, quand lui s'en retrouvait de nouveau à devoir dépendre des autres. chose qu'il détestait. et de ses yeux ,étonné ! quand les minutes en avaient défilé, il l'avait vu sortir en courant. encore. à soupirer de dépit, mais cette fois : trop tard. car Songki ne lui courrait pas après. il le laisserait s'empêtrer dans ses jeux ridicules, quand lui n'en était sans doute que trop mature. venir acheter une boisson, pour en désaltérer les corps, se contenter de ressortir de là sans même penser une seule seconde à le rattraper. car il ne voulait pas le laisser gagner à ce petit jeu. une fois, deux fois : et que se passerait-il, ensuite ? à devoir remettre des limites, s'il ne faisait qu'être insolence parmi tout.

alors peut-être qu'aujourd'hui n'était qu'une autre déception comme les autres, à juste rebrousser chemin, rentrer chez lui, sans ne même se poser de questions. car si Noy avait réellement voulu rester avec lui : sans doute n'aurait-il pas pris ses jambes à son cou sans un mot. qu'importe, le mal était fait. et heureusement sans doute que le plus grand en était objectif, dans son travail, pour ne pas en laisser le personnel interférer dans le travail. imbécile encore, à avoir cru pouvoir faire quelque chose de cet énergumène qui ne faisait que se jouer de lui. à alors se complaindre de ces solitudes. car n'était-on jamais mieux servi que par soi-même, disait-on. et il ne mettrait plus d'espoir : dans des peines perdues, songki. à avoir trop donné, toujours trop.

à toujours trop espérer.

rentrer chez lui ! pour en retrouver les copies. s'étendre sur les lits, pour en oublier les chaos d'une journée. et même si son téléphone se mettait à sonner, il ne répondrait pas. énervement opalpable, pour lequel il n'en cacherait plus les visages. gentillesse et patience mise à l'épreuve une fois de trop, et Noy en goûterait aux saveurs amères, de celui qui ne voulait plus jouer à tout cela. et peut-être heureusement, au final, que le garçon avait fui : car il n'aurait fait que l'agripper pour lui en donner leçons. jusqu'à ce que les lendemains n'arrivent, que les cours ne reviennent : pour venir l'ignorer, sans ne plus lui adresser un regard. froideur à essayer, Noy, quand sans doute n'en comprendrait-il qu'à peine les barrières relevées ,, tout redeviendrait bien plus compliqué.

comme eux.