Combien de temps avait-il était coincé à l'idée même du passé ? Il ne saurait même plus le dire. Il avait pensé longtemps à comment il grandirait le jeune policier, mais jamais sa pensée ne pouvait dépasser quelques années. Encore une fois, même en ce jour, il ne pouvait visualiser que seulement quelques années plus tard, et même alors, tout était flou, brouillon et possiblement juste un espoir de ce que sa vie pourrait être. Avec un métier comme le sien, il n'avait pas le droit d'imaginer une vie longue et tranquille, mais ce n'était jamais ce qu'Aidan avait voulu. Il aimait que sa vie soit parfois imprévisible. Il aimait les coups d'adrénalines que lui mettait son métier, ces moments où il devait se lever en urgence pour aller sauver une personne, d'une autre ou d'elle-même. Et bien qu'il vivait pour ce rôle, ses relations hors de son métier étaient également bien importantes à ses yeux. Lui qui montrait toujours cet amour qu'il avait pour les siens, il n'avait aucun problème à faire cela aujourd'hui, il y a quelques années, il n'en aurait jamais été capable. « On est liés ? Avec un lien invisible ? Et tu le vois comment ce lien ? Quelle couleur, forme, relief il a ? » Une question qui appelait probablement à l'imagination, mais pour Aidan c'était également une des façons de voir ce qu'elle pensait de leur relation. De la force que leur lien avait et ainsi de suite. « Oui je pourrais aussi être ici mais je préfère me dire que j'ai mon âge et rien d'autre... Je ne suis pas pressé d'être plus vieux pour être bien honnête. » Il détestait l'idée de grandir, de vieillir, de prendre des rides et devenir incapable de faire quelque chose qu'il adorait faire un jour, de devoir faire attention à ce qu'il pourrait faire pour ne pas se blesser et ainsi de suite. Il voulait être toujours aussi jeune, en bonne santé et capable de faire tout ce qu'il pouvait envisager. Une chose qui pourtant s'améliorer avec l'âge chez lui, c'était bel et bien sa cuisine. Il n'était pas un cordon-bleu, le Gordon Ramsay de son temps, mais il se débrouillait avec ce qu'on lui donnait pour faire des plats bien souvent familiaux et remplissant bien le ventre avec des invités qu'il avait bien rarement, ou tout simplement durant plusieurs longs jours pour lui. « Ah bien sûr ! Mais espère pas grand-chose, j'ai appris par moi-même alors je dois pas faire les choses de la meilleure façon possible... Oh des bons points pour les enfants ! Pourquoi pas ma petite sœur pourrait adorer ça... Quoi que je me ferais taquiner si quelqu'un de ma famille voyait ça alors faudrait que je les cache après. » Il lâcha un léger rire franc, ne cachant pas que même s'il aimait sa famille plus que tout, il servait bien souvent de clowns de service ou tout simplement la personne qui faisait rire le monde plus simplement.

« Quinze ans, oui, elle commence à avoir mal un peu partout la pauvre dame. » Parler ainsi d'une voiture, est-ce étrange pour lui ? Pas vraiment, son père parlait toujours de sa voiture comme sa petite chérie autre que sa femme, Aidan lui voyait juste une machine électrique et automatique. Il préférait vraiment la sienne, moins jeune mais plus maîtrisable, non-automatique. « Mais tu peux oui peut-être utiliser ses pièces pour autre chose ! La carrosserie n'est pas trop mauvaise, mais si tu as besoin d'aider à la pousser pour l'amener, je peux voir pour t'aider aussi. » Toujours proposer son aide, c'était l'essence même d'Aidan. Il s'étirait en même temps, comme s'il venait de soulever des poids mais il n'avait pas réellement mal nul part, alors la voir s'inquiétait pour lui et son dos ne le fit que sourire, le blond passa presque une main dans ses cheveux avant de s'arrêter en réalisant qu'il avait les mains bien sales. « Je vais bien ne t'inquiète pas ! Je suis habitué à me coucher sur des sols inconfortables ou encore mon skate en question. Un petit tatouage ça peut donner un charme ! C'est bien de savoir que tu n'es pas contre tout ça, ça aurait été compliqué vu tout ceux que j'ai sur moi. » Et il les aimait plus que tout ces beaux tatouages. Ils avaient des significations qu'il appréciait tant, qu'il voulait garder en lui comme sur lui, ils lui donnaient une certaine force d'être. Il s'arrêta pourtant de sourire en l'entendant prononcer quelques mots qui lui semblait important et en même temps interdit, avant d'essayer de la rassurer directement, de ne pas la faire tomber dans des souvenirs blessants. « J'ai pas mal de tatouages à signification que mon père regrette... Mais du temps qu'ils ne blessent pas en les regardant, qu'ils sont là pour ne pas oublier mais pas heurter, je pense qu'il est bon de les avoir sur nous... Mais tu peux toucher oui ! J'en ai d'autres mais ceux-là sont les plus visibles. » Un changement d'humeur assez rapide en pleine conversation, mais il ne voulait pas devoir partir avec une ambiance triste. La joie était tout ce qu'il voulait voir sur son visage. « Hmm ? Oui on peut rentrer. Ça te dérange si je me lave bien les mains ? Je veux pas salir quoi que ce soit chez toi avec mes mains huileuses et sales... »

Mira ne croyait pas réellement à tout ce qui était karma ou destin et pourtant, elle croyait à ce petit fil qui reliait certaines personnes, ce petit fil rouge qui allait d’un auriculaire à un autre, et c’est ce qu’elle voyait entre Aidan et elle. Peut-être que ce n’était que son ressenti, qu’elle seule qui voyait une réelle alchimie entre eux, peut-être qu’Aidan ne ressentait pas du tout la même chose. Elle ne le savait pas vraiment, elle avait déjà un peu de mal à savoir ce qu’elle ressent actuellement, alors savoir ce que les gens ressentent pour elle était proche de l’impossible. Mais comment pouvait-elle expliquer ce lien sans trop en dire ? Sans trop en faire ? Un léger sourire apparaissait alors sur son visage, ne pas trop en dire, n’est-ce pas ? « Bien sûr qu’on est liés, tu le vois peut-être pas mais moi je le vois. Je le vois fin, peut-être qu’il est encore fragile ? Mais il te relie à moi, la couleur.. il en a deux bizarrement, j’avais jamais vu ça.. C’est intéressant je trouve !  » C’est ce qu’elle voyait, de ses propres yeux, elle ne voulait en aucun cas forcer ce qu’elle voit sur le policier, jamais, elle voulait juste répondre à ses questions du mieux qu’elle le pouvait, tout en étant honnête, dans la limite du possible à l’instant T. Et si Aidan se trouvait déjà vieux alors qu’il n’avait qu’à peine un an de plus que Mira, est-ce que cela voulait dire qu’elle aussi, elle n’était plus toute jeune ? Certes elle ne faisait pas physiquement son âge mais tout de même.. « Faut jamais être pressé de grandir ou de vieillir, on a le temps pour tout ça, faut toujours faire un pas après l'autre, ne jamais courir. » Comme dirait un certain dicton, rien ne sert de courir, il suffit de partir à point. Mira n’aimait pas réellement penser au futur lointain, bien au contraire, elle avait arrêté cela, parce qu’elle savait que ce dernier était bien trop incertain pour pouvoir s’y fier ou même s’imaginer des choses précises. Parce que le futur était aussi fragile que le présent au final.

Mira vivait seule depuis quelques années déjà, elle avait voulu prendre son indépendance le plus tôt possible, non pas qu’elle n’aimait pas vivre avec son père mais plutôt qu’elle avait toujours voulu vivre seule, comme une grande, ce qu’elle était devenue au fil du temps. Certes ce n’était pas facile au début et parfois, c’était compliqué même actuellement, mais elle faisait de son mieux. Apprenant le plus qu’elle pouvait, évitant alors de demander de l’aide que ce soit à ses voisins ou bien ses amis sauf qu’il y avait bien sûr des domaines où elle n’était pas réellement bonne, un des exemples qu’elle pourrait donner serait tout simplement la cuisine, elle savait faire ce qui était basique, le reste soit elle l’achetait en magasin soit elle le commandait dans un restaurant, cela était plus rapide que de cuisiner. « Je trouve ça quand même compliqué un peu d’apprendre la cuisine.. Hey, ils sont mignons mes bons points, y’a des petits chats dessus.. Promis, personne  te taquinera sur ça. Oh ta soeur ? Hum, tu veux que je t’en donne pour elle ? Je dois bien écouler mes stocks, je crois que j’en ai trop acheté la dernière fois que c’était en promotion. » Mira n’était qu’une enfant dans un corps d’adulte parfois, elle collectionnait plein de petits trucs comme cela, des pansements pour enfants, des petits bons points, des pins toujours au cas où d’après elle, ça pouvait s’avérer utile, n’est-ce pas ? Pour en revenir aux choses que Mira ne savait pas faire, elle dirait sûrement la mécanique. Elle savait gérer sa petite Tuture, elle savait comment la réparer, un petit peu en tout cas, mais c’était tout. Elle en prit soin de sa voiture, du mieux qu’elle le pouvait et la voiture lui avait toujours rendu bien, du moins jusqu’à aujourd’hui. Cette dernière devait revivre, autrement que sous la forme d’une voiture, en emportant son âme autre part, quoi ? Mira ne le savait pas mais elle voulait tout de même lui donner une nouvelle vie au moins pour la remercier pour toutes ces années de bons et loyaux services.  « Je vais y réfléchir cette nuit, si j’ai besoin de ton aide, je t'appellerai, d’accord ? Mais je pense que je peux la pousser toute seule. J’ai un peu de force tu sais ? Je l’avais poussé jusqu’au garage en bas de la rue la dernière fois ! » Et une Mira qui n’était pas inquiète pour les autres n’était pas réellement Mira. Bien sûr qu’elle allait s'inquiéter pour le pauvre dos d’Aidan qui s’était retrouvé sur son skateboard, tout ça pour sa petite voiture.. Quant aux tatouages, Mira n’était pas contre, bien au contraire, elle trouvait cela beau, tant que ces derniers n’étaient pas sur le visage. Alors savoir qu’Aidan en avait de cacher la fit tout simplement sourire, elle ne comprenait pas tout de même la dernière phrase du policier, en quoi cela aurait été compliqué entre eux si elle était contre cela ? Elle ne voyait pas où il voulait en venir, c’était son corps après tout, pas celui de Mira.  « Mais c’est pas bon de se coucher n’importe où Aidan.. Bon je devrais rien dire, je m’endors aussi par terre au boulot.. Mais quand même ! C’est vrai que mon petit tatouage a son petit charme, bon je le cache souvent.. Et bien sûr que j’ai rien contre, je trouve ça beau.. Pour les tatouages à signification, je trouve que ça rend le tatouage encore plus unique ? Je sais que le mien me fait un peu mal parfois quand je le vois.. » Un léger rire sortait de ses lèvres, elle n’allait pas en dire plus, ce n’était pas comme si elle avait tout le temps mal quand elle le voyait, juste en été, parce qu’elle pensait à son âme soeur, la personne qu’elle avait perdu, et c’était probablement le moment de l’année où elle était le plus bas. Elle se rapprochait encore un peu plus d’Aidan afin de toucher doucement le bras de ce dernier, un peu timidement derrière, c’était bien la première fois qu’elle se trouvait aussi proche de lui après tout.  « T’en as de cacher aussi ? Je voudrais les voir un jour ! Je te laisserai voir le mien en échange si tu veux. Mais ils sont réellement beaux ceux qui sont visibles. ça te va bien ! » Et l’humeur commençait légèrement à changer, non pas qu’elle s’ennuyait, mais plutôt que son esprit commençait à divaguer, en pensant à des choses auxquelles elle ne devrait pas. Elle proposait alors de rentrer afin de manger un peu mais surtout d’avoir sa dose de caféine de la journée.  « Tu peux faire comme chez toi, tu sais, bien sûr que ça me dérange pas c’est normal, tu vas pas rester avec tes mains sales, c’est pas agréable.. Je vais aller faire du café, tu veux une tasse ? Ou tu préfères boire autre chose ? » Peut-être qu’elle avait aussi quelque chose à se mettre sous la dent, elle se rappelait avoir acheté une brioche dans la matinée, mais où ? Elle ne savait pas où elle l’avait posée. Peut-être dans les placards, la voilà qui va encore monter sur une chaise en espérant qu’elle tombe pas cette fois-ci, pas devant Aidan, ce serait gênant.

Un lien reliant deux personnes, ce n'était pas choses inconnues en Corée du Sud, Aidan connaissait bien les croyances de son pays, les bases de certains mots, leurs origines et cette histoire de lien pouvait bien dire bien plus que ce qu'il en laissait dire par de simples questions comme celles-ci. Le monde entier un drôle d'endroit, des personnes pouvaient se croiser qu'à un moment tardif de leur vie et pourtant, ils étaient faits pour être ensemble, comme si le destin les avait réunis contre toute autre possibilité. Est-ce qu'Aidan voyait sa rencontre avec Mira de la sorte ? Pas encore non, il la voyait comme une obligation de boulot, étant tous deux reliés sur ce point également. Un jour où un autre, ils étaient faits pour se rencontrer. Quel genre de relation auront-ils, se seraient à eux et eux seulement d'en décider. Si ce lien devait garder deux couleurs, où se réunir pour en former une, le futur en a la réponse. Mais le blond ne voulait pas forcer le futur, les choses devaient se passer à leur rythme, en leur temps, tout comme le fait de vieillir. « Chaque chose en son temps, vivre au jour le jour, il y a tellement d'expression pour dire la même chose, mais c'est vrai, je vais essayer de pas y penser trop fort, ni de forcer le destin d'une quelconque façon. De toute façon, avec le métier qu'on a, on sait très bien qu'on ne peut vivre qu'un jour après l'autre... » Lui en particulier, se mettant en avant-première des défenses de la ville et du pays, risquant de se prendre une balle un jour, si ça n'était pas déjà arrivé. Il en était conscient, bien plus que la jeune femme devait s'imaginer. Mais il n'en avait pas peur, il n'avait pas peur de mourir pour son pays, de mourir pour ses proches, ou tout simplement de se blesser pour protéger son prochain, Aidan n'avait pas peur.

Vivre seul par contre, bien que le blond appréciait sa solitude par moment, le fait qu'il pouvait se lever habiller de seulement un sous-vêtement sans traumatiser quelqu'un, c'était un réel plaisir pour lui. Il aimait vraiment ses journées passées sur le canapé, en pyjama, à regarder la télé, la procrastination ultime. Cuisiner, pour certains c'était un calvaire, mais pour lui c'était une façon de se mettre au défi de faire toujours mieux que le précédent. Parfois c'était un succès, d'autres fois... Pas du tout. Mais il ne regrettait pas ses essais parfois assez curieux. « C'est pas si compliqué que ça ! Enfin, sauf la pâtisserie, ça c'est compliqué. Mais la cuisine, si tu as des bons ingrédients ça sera toujours bon ! Oh, non non ma sœur est trop grande pour les bons points maintenant... Elle accepte à peine mes cadeaux d'anniversaire. » Et elle lui manquait sa petite princesse. Il adorait la couvrir de cadeaux à une époque, son petit diamant à protéger, mais elle avait grandi, c'était une femme maintenant, et rien que l'avouer était compliqué pour le policier, encore plus pour le dernier de la famille, lui c'était encore un bébé pour lui. Mais rien que l'idée que la jeune femme donne des bons points à tout le monde autour d'elle, il trouvait ça adorable, tout comme il l'a trouvé adorable en général. Des petites attentions aussi simples, beaucoup de personnes ne pourraient pas y penser, mais elle en débordait, c'était la preuve qu'elle débordait d'amour à donner, qu'elle était une bonne personne, et c'était une chose qu'Aidan appréciait encore plus. La bonté naturelle était un don à ses yeux. Quant à sa voiture, il ne se doutait pas qu'elle arrivait à la pousser seule, sachant qu'il savait que son métier demandait plus de force que le public pouvait s'imaginer, mais il ne voulait pas qu'elle se blesse un jour en la poussant une fois de trop. Mais il ne pouvait que lui dire que sa voiture était en fin de vie, qu'il fallait accepter son départ, comme il avait fait plus tôt. Le reste était à elle de décider.

Dormir partout n'était pas bon pour lui ? Le policier lâcha un petit rire, cela l'avait sauvé pendant son service militaire, le fait qu'il ne soit pas compliqué à "assommer" comme disaient certains de ses anciens collègues. Certes, pour son dos, ce n'était pas la joie, mais c'était agréable pour le reste, il dormait assez à cette époque. « Ah tu vois ! Tu n'as rien à me dire si tu es aussi coupable de dormir là où il faut pas ! » Dit-il en riant bien fort, sous pudeur ou timidité. « Ne t'inquiète pas sinon, je dors dans mon lit chez moi, mon dos ira bien. Je ne peux pas dire que les miens sont petits, les tatouages je veux dire... Mais ça me rassure que tu ne sois pas contre, c'est toujours quelque chose que certaines personnes n'aiment pas aujourd'hui, alors que je trouve que c'est un art qui peut exprimer tellement de choses... » Lui-même qui pensait à tout tatouage qu'il avait sur lui représentant des passions ou traces de sa mère. Il avait beau ne l'avoir connu que très peu de temps, elle était la déesse de sa vie, la femme qu'il avait le plus aimé au monde, même à cette date. Jamais il ne les effacera ou remplacera, ils étaient tout aussi précieux que sa moindre mémoire d'elle. Et alors que l'interne exprimait une certaine douleur en pensant à la signification de son tatouage, Aidan ne pouvait que comprendre à sa façon ce qu'elle voulait dire. Certains tatouages exprimaient une beauté éteinte, mais une beauté tout de même, et leur pensée bien que précieuse heurtait, c'était une rose à épine, mais une rose malgré tout. Montrer tous ces tatouages par contre, peut-être pas en ce jour, sachant que certains tombaient à une place assez basse qu'elle ne voudrait probablement pas voir, il n'allait pas lui imposer ça. « Un jour pourquoi pas, si tu vois à la salle de sport avec moi t'en verras d'autres ! » Notamment parce qu'il allait bien souvent à la salle les bras libres et un t-shirt léger, montrant légèrement ceux derrière son coup. Mais plutôt parler repos que boulot, elle lui offrit gentiment un peu de repos autour d'un café, auquel il ne dirait jamais non. « Je veux bien un café, avec plaisir. Je vais essayer de nettoyer mes mains sans salir ton lavabo pendant ce temps. » Moindre des politesses, mais ce noir pouvait tâcher, il préférait que cela tâche sa personne que les meubles de la jeune interne.

Ne pas forcer le destin, Mira le pensait aussi, elle le savait que trop bien. A force de trop se projeter dans l’avenir, on perdait la valeur du présent. Alors vivre au jour le jour c’était une très belle citation qui résonnait très souvent dans sa tête. Elle était tout de même curieuse de voir comment le lien qu’ils ont évoluera, de quelle couleur il sera. Et elle sait que cela prendra du temps, et elle préférerait que ce soit le cas car si tout allait trop vite, elle risquerait de prendre ses jambes à son cou. Elle était tout de même soulagée de savoir qu’Aidan pensait pareil, qu’ils étaient pour l’instant sur la même longueur d’onde. « Faut pas trop y penser, oui. Forcer le destin c’est une très mauvaise idée, il ne faut jamais forcer quelque chose ni quelqu’un, sinon il n’y aura que des représailles. Mais oui, notre métier ne nous aide pas, même si je pense que je suis légèrement plus en sécurité que toi sur ce coup-là.. Je suis rarement en dehors de l’hôpital. » Mira, elle, restait la plupart du temps au chaud à l’hôpital à courir par ci et par là, que ce soit dans les escaliers ou bien dans les allées, le nombre de fois où elle avait réussi à se ramasser par terre ne tenait malheureusement pas sur ses doigts.

Et la cuisine n’était pas un domaine où Mira brillait, bien au contraire, c’était à peine si elle savait faire les plats les plus basiques au Monde. Elle avait beau essayer de s’améliorer mais rien n’y fait, ses mains n’étaient au final pas faites pour la cuisine mais uniquement pour soigner les enfants et elle n’allait bien sûr pas s’en plaindre, il y avait beaucoup de restaurants familiaux ouverts et cela lui suffisait amplement. « Les pâtisseries j’ai abandonné facilement, je sais déjà faire des pancakes, ça me suffit ! Tu penses que les bons ingrédients sont suffisants pour faire des bons plats ? Je pense pas moi.. Aw, c’est triste ça, elle a quel âge ? » Non pas qu’elle était curieuse et qu’elle voulait tout savoir, mais plutôt qu’elle se demandait quel âge elle pouvait bien avoir pour refuser les cadeaux de son frère. Pas que Mira acceptait ceux de ses frères, bien au contraire, elle refusait les cadeaux de tout le monde, mais elle se disait que peut-être cela pouvait un peu plus les rapprocher, après tout ils risquent de travailler ensemble dans le futur, autant bien s’entendre, non ?

Dormir n’importe où était devenu une mauvaise habitude pour Mira mais elle ne voulait pas apprendre que d’autres l’avaient aussi, ce n’était pas du tout bon pour que ce soit le dos ou bien le corps en général. Elle avait tendance à un peu disputer ses amis alors qu’elle était clairement dans une mauvaise posture à chaque fois, gamine qui prioritise beaucoup trop les autres plutôt qu’elle-même, un jour elle apprendra que son bien-être et sa personne sont tout aussi important que les autres. « MAIS TE MOQUES PAS DE MOI. J’ai pas le temps de rentrer chez moi entre mes permanences.. Et j’espère que ton dos ira bien, sinon je vais devoir te faire des massages. C’est vrai que plusieurs personnes n’aiment pas les tatouages, mon père en premier, je pense que s’il apprend que j’en ai un, il risque de me défoncer. M’enfin, il risquera de jamais le voir, il est tellement bien caché. Mais oui, c’est un art qui reste à vie sur ta peau. » Parce que même si certains étaient totalement contre ou trouvaient même cela impur, Mira, elle trouvait que ça avait une âme, une histoire à raconter, ce n’était en aucun cas négatif, du moins tant que tu ne te tatoues pas quelque chose qui n’avait pas lieu d’être tatoué. Elle était tout de même curieuse de voir les autres tatouages qu’Aidan pouvait bien cacher mais cela sera pour une prochaine fois, peut-être qu’elle trouvera un temps pour le rejoindre à la salle. « Peut-être qu’on va à la même salle ? Je dois avouer que j’ai pas eu le temps d’y aller ces derniers temps. Mais je viendrai avec toi avec plaisir ! Je dois reprendre mes abdos moi.. » Ca ne se voyait pas réellement mais Mira adorait beaucoup faire du sport, surtout de la boxe et courir un peu. Elle n’avait juste plus beaucoup le temps ces derniers temps, à son plus grand malheur. Et il était enfin temps de prendre une pause bien méritée, ils étaient alors retournés dans le modeste appartement de l’interne.  « je te fais ça alors. Ah et fais comme chez toi, c’est pas grave si tu salies, ça se nettoie rapidement. »