doux remords

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les mèches mouillées lui retombent sur le visage. l'eau qui y perle glisse doucement jusqu'à ses épaules dénudées. l'encre colorée pour seul vêtement. les doigts viennent repousser les cheveux imbibés vers l'arrière. il finit par les sécher avec sa serviette avant de sommairement les démêler avec un peigne. t-shirt noir ensuite enfilé, faisant rouler ses muscles sous sa peau. kyung tae est prêt pour se rendre au travail, ses pensées vagabondant librement. il y avait près de deux semaines qu'il faisait profil bas. peut-être dans la crainte injustifiée de voir débarquer les flics suite à ses méfaits. mais comment l'autre aurait-il pu l'identifier, alors que son visage était presque entièrement couvert? parfois, les craintes ne font pas de sens et quand bien même il pouvait se répéter avoir été assez prudent, il ne pouvait faire autrement. s'il le croise à nouveau, va-t-il le reconnaître? si c'est le cas, ce n'est qu'à ce moment que les ennuis commenceront pour kyung tae. enfant trop impulsif posant des gestes injustifiés. c'est sa haine qui le contrôle et non pas l'inverse. parfois, il regrette d'être ainsi, mais de cette façon, au moins, son coeur ne peut être blessé. si c'est seulement son corps, alors ça va, il peut le gérer. les douleurs du coeur, par contre...

la main se pose sur la poignée de la porte menant à l'intérieur du restaurant où il travaille. l'ambiance le happe comme une bouffée d'air frais lorsqu'il pose le pied dans le commerce. ses pas se dirigent sans plus attendre naturellement vers l'arrière du restaurant pour enfiler son tablier et se rendre dans les cuisines. la chaleur fait déjà couler quelques perles de sueur sur sa peau tantôt fraîche et propre. mais il ne perd pas de temps pour se mettre au travail, son corps bougeant de lui-même. après bien une heure à préparer les repas, on l'interpelle. interrogation visible sur son visage délicat, alors que ses prunelles se posent instinctivement sur l'heure. pile l'heure du dîner, là où l'affluence est presque à son comble. sourcils qui se froncent alors qu'il suit l'hôtesse jusque dans la salle à manger. où les cris lui parviennent dès qu'il franchit la porte. la pauvre dame, en le voyant, jette sa colère sur lui. lui qui parvient à peine à se contrôler dans ce genre de situations. l'envie de s'enflammer est lourde, mais il ne dit rien. se contente de la détailler de la tête au pied avec un certain dédain dans le regard. elle fait toute une scène pour un simple cheveux. kyung tae en avait oublié son filet et il se maudit de devoir subir les conséquences de cet oubli. lui dont les cheveux sont longs pour un homme. évidemment que ceux-ci allaient se retrouver dans les assiettes.

alors il se plie en deux pour s'excuser à la dame. "un repas gratuit en dédommagement vous conviendrait-il?" il n'était pas fait pour le service à la clientèle. sa place résidant en cuisines. il remerciait son tempérament de feu de ne pas avoir explosé face à cet excès inutile. une fois la dame apaisée, acceptant cette offre, tae peut enfin retourner là où est sa place: devant les fourneaux à transpirer abondamment. de nouveau le corps qui se penche vers l'avant, il fait ensuite demi-tour, son regard croisant par inadvertance celui d'un autre. un visage qu'il connaît bien pour le voir régulièrement sur les panneaux d'affichages de vice. le même que cette nuit-là où sa batte s'était abattue sans pitié sur son corps. les membres qui se crispent à sa vision avec l'espoir de ne pas être reconnu, mais à voir l'expression sur les traits du visage, c'est vain.

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Il avait essayé d'oublier, d'oublier la douleur à chaque moment, il avait même dû prendre une semaine de pause. Pourtant, rien n'y faire, il avait recommencé à s'amuser dans la rue, maquillage recouvrant les quelques plaies encore bleutées sur sa peau. Il fallait dire que pour son boulot à la parfumerie, cela était un passage obligatoire, et que pour n'inquiéter personne, il n'avait eu d'autre choix que de s'y plier. Et la peur au ventre, de sortir la nuit seul, et les jambes parfois encore tremblantes, à l'idée de retomber sur quelqu'un qui cette fois-ci ne le laisserait pas s'en aller si vite. Pourtant, il n'avait pas compris, pas compris pourquoi cet homme avait fini par appeler des secours. Corps en sueur, cheveux lui collant discrètement au front, sourire rayonnant au visage, il continuait de feinter le bonheur, de s'imaginer à quoi cela pouvait bien ressembler, dans son monde si factice. Faire semblant, acteur de cinéma permanent qui prenait place dans tous ses domaines. Il n'était pas vraiment lui, il ne l'avait jamais été.

Et pourtant, ce fut bien son ventre qui finit par avoir sa peau, lui qui n'avait rien mangé depuis le début de la journée. Appétit prenant le dessus sur sa pensée, il avait alors décidé de se rendre dans le restaurant le plus proche, le plus à sa portée. Rangement de sa place, remettant correctement ses habits et son visage délicat, main passant dans ses cheveux pastels pour les remettre en place, il se faufila entre les gens, les dispersant alors sur son passage. Cela faisait plus de deux semaines déjà depuis le dernier incident, qu'il n'avait en aucun cas signaler à qui que ce soit. Nuit qui le hantait avec la première. Il le détestait, ce ciel noir sans éclairage, il le détestait, celui dont le visage avait été masqué. Et pourtant, il avait pu la sentir, cette pitié grandissante de sa part, ce regard sur lui. Frisson vif que le parcourut, douleur post-traumatique au genoux qui le lança, il ne voulait plus y penser. Jusqu'à ce que quelqu'un ne le fasse apprécier les abîmes de la nuit, lui, voulait la détester. Alors il se mit à voler sur sa moto, encore et encore, essayant de se reprendre comme il l'avait toujours fait. Cacher ses craintes, ses réelles émotions, il était devenu un professionnel dans ce domaine.  Et rapidement, il se retrouva assis, tranquillement à une table, dégustant simplement ce qu'il avait commandé - dont les fameux tteokbokki de l'endroit - il se posa dans un coin, un peu à l'écart des gens. Solitude, mêlée à du repos qu'il n'arrivait pas à trouver, il se dépensait alors dans la journée.

Pourtant, calme dérangé par la colère d'une femme dans la salle. Sa tête se releva doucement, regard légèrement aiguisé sur celle qui faisait tout une scène, au point d'en déranger le cuisinier. Tête fixée sur la scène, baguettes en main qu'il tenait fermement, il finit par se paralyser sur place, yeux qui percutèrent les siens de pleins fouet. Éclair d'incompréhension, surprise s'éclatant au sol. Regard qui l'analysa, qui le reconnu par ces prunelles emplies de haine, et cette voix plus adoucie. Et lui, celui qu'il avait été cette nuit là n'avait pas réussi à le quitter des yeux. Alors dans un geste minutieux, il posa ses baguettes, retenant son visage sans le lâcher des yeux. C'était lui. Léger rire nerveux en le reconnaissant vaguement juste par ses prunelles, il se frotta le visage, comme pour essayer de savoir ce qu'il devait faire. Crier ? L'insulter ? Lui sauter au coup en faisant une scène ? Partir ? Il n'en avait aucune idée. Alors il se leva tout simplement, assiette à moitié finie, tandis que d'un soupir, il se mit en quête de payer. Fuir n'était pas son attention, mais dans tous les cas, il n'allait pas pouvoir passer sans rien lui dire. Trouver une excuse pour simplement l'aborder. Ses pieds s’avancèrent dans un courage sans fin, mâchoire tressautant doucement tandis qu'il s'approcha de lui. "J'imagine que je peux enfin voir ton visage. Tu dois me reconnaître non ?" qu'il lui lança discrètement, alors qu'il se dirigea en caisse. pour payer et repasser à côté de lui."Malheureusement pour toi, j'ai plutôt une bonne mémoire. A moins que tu m'es oublié si rapidement ?" murmura-t-il alors, pensant que ce n'était pas forcément le bon endroit pour parler. Voulait-il même lui parler, celui qui voulait juste comprendre, celui qui voulait juste poser des mots sur cette violence gratuite ? Glaçant, sec, il n'arrivait pas être celui qui souriait à tout le monde avec cet homme. Il voulait le brûler de son regard, juste pour comprendre. Toujours et encore. Comprendre. Gestes fous, détournement de regards, il resta alors planté là, comme en attente d'une réponse. Un peu trop d'espoirs sans doute pour celui qui n'arrivait même plus à penser correctement. Et si tournait de nouveau mal ? Il prenait le risque. En public. Juste pour affronter ses peurs, pour l'affronter lui.

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pensées volages qui voulaient le rassurer. il ne pouvait vraiment le reconnaître, si? d'un autre côté, ses prunelles dégoulinaient de la haine qu'il réprimait constamment. il ne l'avait pas quitté du regard, cette nuit-là. kyung tae s'en est rendu compte, alors la possibilité d'être reconnu ne lui est plus si improbable. lui dont la voix résonne à la fois différemment et à la fois identique à ce moment. bien qu'adoucie, une promesse de violence s'y cachait toujours. cette façon, aussi, qu'il avait de prononcer certains mots qui le distinguait des autres. une différence subtile, mais bien présente. surtout lorsque l'attention y est portée. son corps ne lui répond plus et ses poings se serrent. au moins peut-il justifier la sueur par le travail, malgré celles plus froides devant cette crainte d'avoir été reconnu et d'être balancé. c'est probablement la première fois qu'une victime de ses coups réussit cet exploit. la crispation se fait plus présente alors que l'autre se lève pour passer courageusement près de lui. espoirs que ce ne soit qu'un passage à la caisse sans mots. en vain. les paroles le surprennent un peu, mais il y répond, sans baisser la voix, au contraire de son interlocuteur. "bien sûr que je vous reconnaît, vous faite la tête des panneaux de vice. comment pourrais-je ne pas le remarquer?"

un sourire en coin espiègle en une douce provocation. aussitôt les masques remis, rien ne pourrait plus le déstabiliser. de retour vers lui, de nouvelles paroles pareilles à des lames l'attaquent. s'il voulait le mettre dans une situation délicate devant les clients de son lieu de travail, kyung tae n'allait pas rester de marbre. lui aussi, pouvait tenir tête et sans trembler. "comment peut-on oublier quelqu'un avec des cheveux pareils?" se confronter allait dans les deux sens et il allait être servis. les regards se posaient sur eux, indiscrets. allait-il se défiler en fuyant en cuisines? non, les habitudes ne tendent pas de ce côté. un pas devant pour se rapprocher de la silhouette le surplombant et les prunelles plantées dans les siennes, tae baisse maintenant le ton de sorte que lui seul puisse l'entendre à présent. "que veux-tu?" iris scintillants de colère en une menace silencieuse. s'il voulait régler ses comptes avec lui, il devrait attendre à la fin de son quart de travail ou, au moins, jusqu'à sa pause. le jeune homme n'étant pas assez stupide pour arranger ça devant des témoins. "si tu veux t'exprimer, rejoins-moi devant la porte dans la ruelle dans une trentaine de minutes." regard éloquent avant de le contourner et retrouver sa place derrière. un soupir s'échappe d'entre ses lèvres avec l'idée en tête qu'il ne peut pas lui échapper. alors autant le faire dans les règles de l'art.

les doigts qui rassemblent sa chevelure foncée pour y emprisonner les mèches dans un élastique, puis le filet qui s'installe et il peut retourner travailler paisiblement. les minutes s'écoulent trop rapidement et, au final, il ne peut se défaire de son filet que cinquante minutes plus tard. sa voix s'élève pour informer de son répit et il rejoint la fameuse porte. une seconde d'hésitation, à peine, plus tard, il l'ouvre pour sortir. il espère ne pas le voir là, mais ses espoirs sont, comme toujours, bien vains. d'apparences décontracté, kyung tae coince un morceau de bois dans le bas de la porte afin de pouvoir l'emprunter de nouveau pour rentrer, puisque celle-ci était dépourvue de poignée extérieure. les mains qui vont se cacher dans les poches et le dos prenant appui contre le mur. muet comme une tombe, il se contente de le fixer, le visage imbibé de sa sueur. il sentait les perles rouler sur sa peau, mais n'y faisait pas attention. lui n'avait rien à dire, alors il patientait, immobile. il ne savait pas du tout comment les événements allaient se dérouler, mais c'est ce qui lui plaisait. l'inconnu.

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Regard qui se fit plus net, plus tranchant face à cette première réplique. Et sans baisser les yeux, léger sourire satisfait au visage alors qu'il essayait distinctement de rester discret, il croisa timidement les bras, distance enfin émise. Provocation de chacun, jeu dans lequel il sautait sans prendre garde, lui qui la tentation de la colère ne pouvait que venir effleurer la peau. Vice. C'était bien à cause de ça qu'on le reconnaissait, bien à cause de cela qu'il avait changé, qu'il avait sombré. Alors il le détaillait des yeux, ô visage sombre et pourtant qui semblait si délicat, et qui cachait pourtant tant de violence. Alors il restait discret, haussant un sourcil fasse à la remarque de ses cheveux, passant machinalement une main dedans et se retenant de ne dire quoi que ce soit. Mais lui faisant lâcher un discret sourire, le voyant s'approcher, il ne fléchit pas, léger tremblement venant picoter pourtant ses doigts. Peur, accrochée à lui comme la dernière de ses faiblesse, réflexes accentués par tout ce qu'il avait pu subir. Prunelles plongées dans les siennes, haine et feux ardents des enfers qui le foudroyaient. Trois mots, qui en un sens pouvait décimer tant de personnes. "Comprendre.", seul mot qu'il parvint à prononcer, seule chose qu'il aurait voulu entendre de sa part. Les excuses, il s'en fichait, il ne demandait rien.

Rendez-vous donné, heure retenue dans sa tête, il hocha simplement la tête, venant alors se faufiler doucement à l'extérieur sans se retourner. S'exprimer, il ne savait pas trop ce que cela signifiait. Qu'alliait-il vraiment lui dire au final ? Comprendre, c'était trop vague, trop complexe. Lui, toujours lui, il voulait le haïr, le détester, ne plus jamais le revoir. Alors pourquoi sentait-il qu'ils allaient encore se revoir ? Alors il attendrait. Il attendrait le temps qu'il faudrait, sous la lueur d'un lampadaire. Yeux qui fatiguaient, au cours de ces trente minutes, rallongées de vingt. Et, appuyé contre un mur de la fameuse ruelle, regard vissé sur son téléphone à guetter l'heure, il commença à penser que l'autre s'était défilé, qu'il avait sans doute fuit par l'avant. Énervement qui commençait à monter, pied qui tapait un peu sur le sol, il était resté là, à ne plus rien faire, essayant simplement de ne pas se perdre trop dans la noirceur de la nuit. Et pourtant, au bout d'un moment, la porte close finit par s'ouvrir, et, se soulevant un peu du mur, il se mit à le fixer, regard infernal qui ne s'éteignait pas. Visage humide, sans doute par la chaleur, car lui même se doutait que le stress ne devait pas toucher un individu comme lui. Et, bras de nouveau croisés, combat de regards complètement incendiaires, il se rapprocha légèrement.

Jambes qui de nouveau tremblaient par instinct, écran du téléphone allumé pour lui garder une source de lumière, il soupira. Ô douceur de la nuit rendue amère par les paroles qui allaient s'en doute se déferler. Yeux rivés sur lui, comme pour ne pas le laisser disparaître, il se lança enfin, coupant ce silence glacial sans pour autant s'énerver, restant juste fermer. Froid qui se faisait encore plus ressentir, franchise, direct. "Bon...Je vais pas attendre des heures... Pourquoi ? Explique toi au moins un minimum pour que je te déteste encore plus." qu'il lui lança alors. "Je veux pas d'excuses. Je t'ai pas balancé aux flics aussi. Si jamais ça t'intéressait." rectifia-t-il au passage, d'une voix sèche, tandis que ses mains se resserraient sur ses bras. "Je peux au moins avoir un nom sur ton visage horrible pour pouvoir essayer de te haïr et t'oublier ? Comme si j'avais pas assez à faire, fallait en plus qu'on se recroise." lança-t-il alors, plissant des yeux. "Toi tu connais sans doute mon prénom. Rien à faire au final. Je veux juste plus jamais te voir. Qu'importe tes raisons sans doute idiotes. Alors la prochaine fois que tu prends quelqu'un dans la rue, choisis bien." finit-il par s'exprimer, visage clos, iris enflammés toujours dans les siens. Sans doute que l'homme en face de lui s'en fichait. Sans doute le trouvait-il même ridicule. Mais lui, y voyait un besoin, une nécessité, et étrangement, il ne voudrait pas partir d'ici quant bien même si la conversation dégénérait. Belles paroles sur pourtant des significations assez lourdes, le plus grand n'avait pas l'intention de lever le ton, ni même de vouloir débuter quoi que ce soi. Il voulait juste pouvoir mettre un nom sur celui qu'il voulait oublier, le haïr le temps que les souvenirs étaient encore frais, et ne plus jamais voir son visage. Passer à autre chose.

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des cris n'étaient pas à espérer alors que l'autre semblait d'un tempérament plus calme que le sien. il le rendait presque curieux, à agir en brute. réactions ne lui convenant pas du tout. pourtant, un mince sourire ose fleurir sur ses lippes alors que le regard posé sur lui semblait vouloir l'incendier. kyung tae, à l'allure décontracté, n'était point impressionné. la provocation, toujours la provocation. dans ses moindres subtilités. ah, alors il veut des explications. a-t-il des comptes à lui rendre? pas de mémoire, en tout cas. voulait-il... des excuses? pensées à peine effleurées avant de repartir très loin. le soulagement l'envahit, car il n'avait aucune intention de lui présenter des excuses. s'il avait bien quelques amères regrets de cette nuit-là, il n'en laissait rien paraître et demander pardon n'y changerait rien. un fin sourcil se hausse alors qu'il l'écoute débiter ses paroles. il ne pouvait, bien sûr, pas le dénoncer à la police puisqu'il ne connaissait pas son identité alors. les bras repliés contre son torse démontrait une attitude fermée et intéressante. lui qui restait tranquillement contre le mur à se faire invectiver. que d'arrogance que d'oser affirmer de tels propos. tae en était réellement amusé.

lorsque le flot de paroles se tarit, il se permit enfin de se redresser et se détacher du mur. il le surplombait de quelques centimètres, mais ça n'était pas assez pour l'arrêter. kyung tae qui s'arrête à une distance presque indécente avant de sourire franchement. "c'est amusant la confiance avec laquelle tu affirmes des choses sur moi. que tu me balances aux flics, j'en ai rien à foutre. et tu penses honnêtement que je te demanderais le pardon?" la tête qui se secoue avec le début d'un rire amer. "je méprise les gens comme toi qui aiment s'afficher devant une communauté factice. c'est une raison suffisante pour vouloir te détruire?" le regard de braises planté dans le sien et n'y dérogeant pas. il n'a pas peur de défier les gens, mais parfois, il le devrait. pour son propre bien. l'expression impénétrablement sauvage, sa voix s'élève de nouveau. "ton prénom ne m'est pas une information utile, alors je ne le connais pas. je n'ai pas besoin de ça pour te haïr, au contraire de toi. mais si ça peut te faire plaisir... ok. kyung. tae. souviens-t'en, parce que tu n'es pas en mesure de pouvoir me menacer."

faits énoncés le font finalement reculer d'un pas, puis de deux. son expression toujours fermée et froide, tae le défie toujours du regard. les bras se ramènent finalement pour se croiser contre son torse. une légère brise bienvenue chatouille sa peau encore trempée de sueur. l'air extérieur était loin d'être aussi froid que son regard. "est-ce que tu es content? tu vas pouvoir m'oublier, maintenant, quelle chance. heureusement que je fais pas la une de toutes les affiches, ça te rendrait la tâche plus difficile." sous-entendu déguisé pour lui faire comprendre que lui ne pouvait l'oublier à cause d'apparitions fréquentes là où les regards ne pouvaient le rater. "j'ai pas que ça à faire, t'as d'autres choses à dire? t'aimerais que je développe plus les raisons de ma violence gratuite? ou bien, t'es satisfait?" un haussement de sourcil en une expression provocatrice. au fond, peut-être veut-il le voir libérer cette colère qu'il voit au fond de ses yeux. quelque chose qui promettait d'être intéressant.

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Paroles qui se tarirent enfin sous une effusion de reproches déguisés. Provocation ultime qui se finit en regard intense, comme pour le chercher un peu plus, celui au caractère qui pouvait lui en brûler les ailes. Alors il le regarda s'approcher beaucoup trop près à son goût, sans pour autant bouger de là où il était, ne faisant que soutenir ses yeux un peu plus. Irrité, c'était ce qu'il était. Frémissement incertains sous la chaleur qui se dégageait de leur échange, tandis que lui ne pouvait qu'essayer de garder un peu la tête haute. Juger lui et sa manière de vivre, c'était sans doute tout ce qui avait décidé cet homme à passer à l'acte. Mais il n'avait rien demandé lui, il ne faisait que plonger un peu plus dans cette solitude crée de toute pièce. Sourire nerveux au visage, lèvres tressautant en entendant ses sous-entendus alors qu'il reculait enfin de quelques pas, le laissant reprendre une respiration adéquate. Poing se resserrant sur ses manches, celui qui pouvait partir en étincelle rapidement malgré ses airs calmes.

Alors il se reprit rapidement, téléphone qui s'éteignit enfin, le plongeant dans un noir intense qu'il ne remarqua plus. Flammes incandescentes, tout autour d'eux, cheveux virevoltant discrètement selon la brise. Et d'une voix encore plus tranchante, légèrement plus énervée, il n'arriva pas à se retenir. "Donc tu penses que ton jugement est ultime ? Tu ne me connais pas." affirma-t-il alors en se rapprochant un peu. "Parce que mon visage est placardé partout tu penses que tu me connais ? Que tu sais quel genre de personne je suis ? Tu serais pas un peu trop ridicule en généralisant ? C'est qu'une putain d'excuse." continua-t-il avec une voix un peu tremblante. Il en avait horreur de ces personnes qui s'arrêtaient sur le visage des autres, en pensant tout comprendre, en pensant que tout ce qu'ils voyaient ne pouvait être que la réalité. Ces sourires qui semblaient le faire apparaître si heureux, ces gens auxquels il était obligé de toujours répondre agréablement. Il l'avait sans doute choisi, mais il ne se rendait simplement pas compte à quel point ça lui bouffait la vie. "Alors si j'étais toi j'arrêterais de faire comme si tout était aussi simple, Ok Kyung Tae. T'es qu'un connard. C'est tout ce que je vois. Tu cherches pas à comprendre. Tu frappes." prononça-t-il en un léger regard de déception amer. Il ne s'était attendu à rien, mais sans doute que finalement cela lui était égal. Il comprenait enfin. Idiotie à son plus grand degrés, connerie des plus grands qui atterrissait encore sur lui. "La prochaine fois que tu voudras jouer les grands méchants, prend au moins le plaisir de pas appeler les secours." lança-t-il, lui qui avait pu apercevoir une once de faiblesse imaginaire sans doute. Pensées oniriques qui avaient pris place dans cette ruelle glacée.

Pieds qui le firent doucement tourner sur lui même, le retenant encore de lever ne serait-ce encore plus la voix. "Et finalement tant mieux. Tu vas devoir supporter ma sale tête jusqu'à ce que tu passes à quelqu'un d'autre. Tant mieux si ma tête va te hanter." sourit-il narquoisement, passant finalement sa main dans ses cheveux. Corps enfin immobile alors qu'il essayait de calmer ses jambes de tressauter, tête se secouant comme s'il ne voulait plus rien à voir avec lui. Regard vissé sur le sol, sac remis sur son épaule alors qu'il ornait autrefois le sol dans une attente infernale, il ne put que lui lancer quelque chose d'autre, juste pour ne pas se faire oublier de si tôt. "Tu dois être heureux de pouvoir dormir la nuit.", alors que lui repassait ces scènes en boucle. Cauchemars et douleurs qui ne l'abandonneraient jamais. Il ne rêvait pas, il tentait de survivre dans ces derniers. "J'ai rien à ajouter. De toute manière je pars du principe qu'on se reverra plus jamais. Et j'espère que ça sera le cas." ajouta-t-il plus poliment, sans doute un peu trop. Lui qui n'arrivait tout simplement plus à s’énerver contre les gens comme lui, alors que les petits détails le faisaient parfois lâcher complètement ses nerfs pour un rien. Comportement incompréhensible même pour lui même alors qu'il détestait tous ceux comme cet individu. Pourtant, il resta immobile, comme attendant les derniers mots de ce type. Attente ultime de pouvoir passer à autre chose. De pouvoir faire comme si cela ne le faisait pas souffrir. Le provoquer, c'était tout ce dont il était apparemment capable. Cela ne rimait à rien. Leur rencontre ne signifiait rien.

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les discussions n'était pas le point fort de kyung tae. les paroles lancées à tout va lui semblaient futiles. les affirmations soulignées alors que l'un ne connaissait pas l'autre. il en grinçait des dents, irrité. meilleurs avec ses poings, il restait toutefois bien immobile avec les bras croisés à prétendre que cela ne lui faisait rien. car il y avait bien quelques amères remords en son intérieur. preuve évidente avec l'appel des secours cette nuit fatidique. encore aujourd'hui, il ne comprend pas son geste. ne le comprendra-t-il probablement jamais. lumière qui s'éteint, laissant l'obscurité les envelopper doucement. c'est le moment de la journée qu'il préfère. là où il n'a plus à faire semblant. se plier à quelque chose que l'on déteste est un fardeau immense. la lueur perçut dans les yeux d'en face le fait frémir doucement. non pas d'une quelconque peur, mais d'une certaine excitation. il n'allait pas le dire, mais il aimait qu'on lui tienne tête ainsi. c'est à son tour de se rapprocher, mais tae ne flanche pas. un sourire vient même se loger sur ses lèvres en une ultime provocation. son amusement grandit au fil de ses paroles. jusqu'à ce qu'il soulève l'appel lancé au secours. c'est son corps qui réagit le premier en se crispant imperceptiblement, puis son sourire qui se craquelle légèrement. heureusement, la pénombre cache-t-elle ce genre de détails.

amusement mue en irritation. les bras qui se défont de leur attache et poings qui se serrent. le feu ardent de la colère brûle en lui et il voudrait ne pas répondre directement à sa provocation. quelque chose d'impossible avec son tempérament impulsif et violent. tous deux avaient beau dire n'importe quoi, ils osaient affirmer des choses sur l'autre avec tant d'assurance que ça en était risible. puis les mots trouvent finalement leur chemin dans cette carapace de calme fissurée. un corps qui ne lui obéit plus. agression physique, une fois de plus. toutefois, ce ne sont pas les coups qui s'abattent, mais les mains qui empoignent le col pour le pousser contre le mur derrière avec force et violence. une lueur de menace dans le regard incandescent. "tu te fous de ma gueule? tu me reproches d'affirmer des choses sur toi alors que je ne te connais pas, mais tu fais exactement pareil. en y pensant, c'est tellement risible." il a un petit rire amer qui sonne faux aux oreilles. tae aurait voulu ne pas céder à son caractère imprévisible. car il avait conscience de donner raison à l'autre dont il ignorait toujours le nom en réagissant ainsi à ses paroles. à croire qu'il s'en fiche. "tu vis bien avec ta popularité qui ne signifie rien? l'argent pleut? alors que tu fais ce que tu aimes devant les caméras?" alors que lui ne faisait même pas ce qu'il aimait pour gagner difficilement sa vie. ça le répugnait que des gens comme lui vivent si confortablement pour si peu. peut-être, en fait, aimerait-il pouvoir être comme lui? faire ce qu'il aime et vivre confortablement. en plongeant son regard dans le sien, il balaie ces idées d'un geste de la main invisible.

aaah, jalousie poignante enserrant les tripes. "pourquoi les choses ne peuvent-elles pas êtres aussi simples? POURQUOI?" un coup violent pour le repousser contre le mur, alors que tae serre les dents avec force. il les sent monter, alors il libère sa victime d'une nuit. un second cri retentit dans la ruelle, mais cette fois, le poing s’abat contre la surface dure alors que le plus petit se retourne. jointures éclatées, mais douleur bienvenues. les larmes salées qui voulaient poindre sont plus faciles à réprimer. "assure-toi en dégageant de ne plus jamais revenir par ici ou je te défonce ta p'tite gueule d'ange. et t'aura pas autant de chances que cette nuit-là." le bras qui vient finalement pendre le long de son corps, le sang goûtant au sol. regard assassin lancé vers le plus grand avant de glisser ses doigts dans la fente de la porte créée par un morceau de bois. kyung tae aux espoirs de ne plus jamais le croiser. car après tout, leur rencontre n'avait aucune signification.

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Mené par la colère, mots qui le firent s'en doute dérailler une nouvelle fois sur le jeu du plus patient, il se sentit de nouveau agrippé, se faisant aplatir contre le mur de derrière lui un un geste précis. Rapidement, réflexes qui n'avaient pas disparus, sa main s'enroula autour de son poignet pour essayer de le faire se décrocher, le tenant finalement fermement. Yeux qui s'étaient fermés sous la peur de s'en prendre une, souffle coupé, il se permis de revenir le fixer, regard plus sombre encore qu'avant. Et de lumières infaillibles, il ne bougea pas, garda son corps contre le seul support qu'il connaissait. Frisson qui le parcourut sous sa voix énervée et imprévisible, il dériva un peu les yeux sous ses mots si justes. Tous les deux avaient assumer des choses, c'était bien vrai, pourtant, lui était resté calme et aurait préféré éviter toute collision. La colère annihilant tout raisonnement concret. Il ne pouvait qu'être d'accord, au final, même si l'admettre lui faisait mal. Mots sonnant alors à ses oreilles, alors que son regard commença légèrement à s'humidifier. Sans doute n'était-ce que de la jalousie, rien de plus. Mais cela faisait étrangement mal. Plus que pour son simple ego, blessure profonde qui ne faisait que se creuser un peu plus. "On se connait pas et pourtant tu continues sur ta lancée. Tu te sens pas un peu idiot là ? Alors c'est bien beau tes belles paroles, mais c'est toi qui a commencé. Si ça te dérange t'as qu'à faire comme si on existait pas, au lieux de venir emmerder les autres." dit-il doucement, voix légèrement tremblante, se retenant pourtant de craquer devant ce type.

Des sacrifices, il en avait fait des tas, pour se retrouver certes à faire quelque chose qu'il appréciait, mais seul. Rien n'était gratifiant, il n'y avait que son visage. Etre considéré comme juste une image au lieu d'une personne c'est ce qu'il était. Voix brisée, acharnement sur lui alors qu'il se fit de nouveau repoussé contre le mur encore plus violemment, lâchant un gémissement plaintif en le sentant s'écarter. Sursaut, à ce cris, coup violent qui atterrit dans le mur venant rendre vermillon cette main, il l'observa, la gorge coupée et les yeux peinés. Il aurait voulu que tout se passe différemment, qu'aucun sang ne soit versé. La violence, toujours la violence pour celui dont même la colère n'arrivait plus à s'exprimer. Ses poings ne parlaient jamais, sa voix oui. Alors il le regarda, s'acharnant à se souvenir de sa silhouette, retenant les quelques larmes qui avaient pu essayer de se faufiler sur ses joues. Poitrine serrée, pieds déjà tournés pour s'échapper d'ici, il attendit tout de même un peu, juste un peu. "Rien n'a été simple, si c'est ce que tu peux croire. Rien. Et ce n'est pas en défonçant des têtes que ça te fera te sentir mieux. J'ai pas demandé à croiser ta route." prononça-t-il en un murmure, ne voulant pourtant pas l'énerver plus. Et pourtant il avait eu besoin de l'ajouter. Silence qu'ils brisaient tous les deux par leurs voix. "Et tu risques pas de me revoir, et moi non plus d'ailleurs. Je vois pas pourquoi je reviendrais foutre les pieds ici. Je suis pas encore inconscient." articula-t-il froidement en rebroussant chemin, jambes qui se faisaient pour une fois rapides alors qu'il regagnait la lumière.

Souffle rapide, revers de la main qui vint essuyer doucement les quelques humidités sur son visage, il traîna des pieds sur la route. Calme qu'il avait gardé tout du long, nerfs qui avaient failli lâché alors qu'il n'avait pas succombé le premier, il avait préféré ne pas réagir. Il n'avait pas pensé le revoir, il avait voulu le détester. Chose faite, alors que son corps - bien que plus grand - en tremblait encore. Il était faible. La peur accrochée au ventre comme pour le lui rappeler en permanence. Et pourtant il lui avait tenu tête à celui qu'il ne voulait jamais revoir. Alors il s'éloignait, il s'éloignait jusqu'à disparaître dans la lueur d'un lampadaire, sans jamais se retourner. Sans jamais faire demi-tour. Visage qui allait rester gravé dans sa tête pendant un certains moment.