Les larmes se perdent dans l’eau qui perlent sur son visage. Ses sanglots, qu’il tente d’étouffer, sont masqués par le bruit de l’eau qui s’abat à ses pieds. Heiran lave son corps frénétiquement, sa peau rougissant à ce traitement indélicat de ses mains, espérant peut-être effacer quelque chose qui n’existe déjà plus sur sa peau. Le jeune homme voudrait sûrement effacer le souvenir de son emprise sur sa peau, le souvenir d’un corps qui semble prendre du plaisir alors qu’il a détesté ce moment. Il aimerait oublier que ce n’est pas la première fois. Ni la dernière.

N’en parle à personne, lui avait-il répété. Tu le regretteras.

Le désespoir le submerge alors qu'il réfléchit aux options qui s'offrent à lui. Personne ne le croirait s'il décidait d'en parler. Dans tous les cas, c'était trop dur à admettre. Il avait essayé de résister, mais Heiran n’avait jamais pu rien faire contre les assauts répétés de cette main qui l’agrafait au lit en le maintenant par la nuque. Trop immature, il n'avait jamais osé aller à l'encontre de cet ordre insufflé. Le souvenir est à chaque fois trop vibrant dans sa mémoire pour qu'il ose faire quoi que ce soit. Le jeune garçon envisage de manière de plus en plus dangereuse l'idée de mourir. Ca serait peut-être plus simple pour lui.

Innocence (en)volée.

***

Le garçon a toujours eu des difficultés, pour beaucoup de choses, sans que ses parents ne se demandent pourquoi. Heiran est juste mauvais comparé à ses frères et soeurs, il n'accomplira certainement jamais rien dans sa vie. C'est ce que pensent ses parents. Ses résultats à l'école sont mauvais et il est encore moins capable de faire une phrase complète en chinois sans bafouiller quand sa mère lui parle. Voilà qu'on lui répète sans cesse qu'il n'est qu'un bon à rien stupide.
Une fois encore, quelle a été la disgrâce quand ils ont appris le classement de ce semestre. Vingt-troisième sur vingt-six. Le patriarche se lève, contrarié. Il aurait espéré entendre autre chose que ça ; des progrès, quelque chose. Mais non, l'adolescent en est un incapable, malgré les nombreuses heures de cours du soir payée, dans l'espoir que Kain progresse et rende enfin justice à cette famille.

— Tu ne sais rien, tu n'es qu'un bon à rien.

Heiran détourne le regard, fixant ses pieds. Son père lance le bulletin froissé au visage de son fils, qui tente de ne pas broncher. Rien ne va. Le monde semble s’acharner sur lui, et il se devait de faire comme si tout allait merveilleusement bien. Même aux yeux de la famille, il n’y a que les apparences qui comptent. Dans la famille Kan, les enfants sont tous destinés à de brillantes carrières ; chefs d'entreprises, médecins, procureurs... Il y avait assez de métiers socialement acceptables, mais aucun n'est accessible à son cinquième enfant.

— Je suis désolé, père. J’aurais voulu…
— HORS DE MA VUE.

Heiran ne tarde pas à disparaître du salon, sans un mot, malgré les protestations de la mère, les yeux remplis de larmes. La fierté des Kan lui interdisant cependant de les laisser couler sur son visage. Et c'est une toute autre histoire quand il se retrouve seul dans sa chambre.

Honte familiale.
Le jeune garçon n’avait pas su répondre aux exigences des Kan.

***

C'est arrivé encore de nombreuses fois.
Le jeune homme laisse l'agresseur marquer sa peau encore et encore. Des marques qui ne cessent de disparaître avec le temps. Il le laisse lui dire à quel point il est malhonnête par rapport à son corps. Les jours passent alors que l'orchidée se fane un peu plus à chaque fois qu'il se réveille, pleurant chaque jour d'être en vie dans les bras d'une ainée qui ne fait guère plus pour l'aider, mais à qui il refuse de parler.

Les jours suivent leur cours et Heiran par prendre une décision. Peu importe ce que ça allait lui coûter, il ne voulait plus que cet homme le touche, de n’importe quelle façon. Naïvement, il avait l’espoir que sa famille le soutiendrait.  Ses parents au moins. Et ses frères et soeurs aussi. Il espérait détruire toute cette douleur qui le laissait à l'agonie. Il voulait en finir une bonne fois pour toute. Rien ne s’était passé comme prévu.

— Heiran.
— Oui, père.

L’intéressé se raidit immédiatement, tournant la tête vers son père, alors qu’il pose ses couverts sur la table, de chaque côté de son assiette, montrant qu’il écoute attentivement l’homme. Tout son courage s'envole à ce moment-là.
Il est vite assommé par les paroles que son père a prononcé, les larmes dévalant déjà ses joues sans même qu’il ne s’en rende compte. Son esprit semble quitté son corps pendant un instant alors qu'il est vite ramené à la réalité par les paroles de son père, choquantes, profondément blessantes.

— Es-tu obligé de te comporter comme une putain ?
— Pardon ?

La voix du jeune homme tremble, trahissant indéniablement son malaise. Ses mains passent sous la table, tremblant à présent violemment sur ses genoux. Il dégluti difficilement. Il ne comprend pas. Il est incapable de laisser un son s’échapper d’entre ses lèvres. Le souffle lui manque si rapidement. Il n'y a plus de fierté qui tienne. La table est mortellement silencieuse, chacun de ses frères et soeurs regardant calmement leurs assiettes. Même sa soeur qui l'a pris dans ses bras reste immobile. La plus petite ne comprend pas. Elle n'a que onze ans, mais elle s'adapte peut-être plus facilement que lui à cette famille.

— Tu sais que c’est un pêché ? Ne t’ai-je donc pas assez gâté ? Je t’offre un toit, de quoi manger, de quoi t’habiller. Je te trouve une sublime fiancée et…
— Père, ce n’est pas…
— Ne m’interrompt pas !

Un verre vole dans sa direction avant de se briser sur le mur derrière lui. Son père n’avait jamais levé la main sur lui ainsi. Pas avec du verre. Heiran se recroqueville sur sa chaise. Il est terrifié. Alors que ses soeurs sursautent, crient face à la violence du patriarche. Femmes de la maison tente de s’opposer, vainement, puis qu'il balaie les remarques d'un simple haussement de la voix. Tout le monde sait que c'est lui qui décide ici.

— Comment as-tu pu ? Non seulement avec un homme, mais en plus à quelqu’un de notre entourage !

L’incrédulité le scie, l’empêchant de produire un seul son bien que ses lèvres tentent de bouger. C’est un cauchemar. Il va se réveiller s’il se pince. Heiran se pince le bras, plisse les yeux extrêmement fort en espérant se réveiller. Ca ne fonctionne pas. Il plante ses ongles dans sa chair, arrache la première couche, superficielle de sa peau en espérant que ça sera plus efficace. En vain. En silence, l'eau coule à nouveau de ses yeux alors qu’il cherche sa respiration pour trouver la force de former des mots cohérents.

— C’est lui…
— NE MENS PAS !

Le voilà qui hurlait, le patriarche, avant de lui ordonner de quitter la pièce. Il sursaute, Heiran. « Tu me révulses » avait-il conclu. Voilà le prix qu’il payait pour avoir cru qu’il avait la chance de gagner face à lui. Et personne à cette table ne lui avait tendu la main. Personne n’avait osé regarder son chagrin qui dévalait sur ses joues face à cette injustice. Heiran se sent trahi, sur tous les points. Il se sent seul, abandonné. A cet instant, il ne désire rien de plus que la mort, sans savoir à quelle point elle serait douloureuse.

— Mère, tente-t-il une dernière fois.

Celle-ci ne bronche pas cette fois. Elle qui l’avait défendu auparavant. Il sursaute à nouveau quand son géniteur lui hurle dessus à nouveau. Il ne peut pas rester ici. Il comprend que rien ni personne ne le protègera. Comment faire ? Le jeune homme fuit le dîner titubant, hoquetant de chagrin. Il ne trouve que le chemin de la salle de bain, ses pensées diffuses, alors qu'il vomit tout ce qu'il a dans l'estomac et même plus, jusqu'à que ça devienne douloureux. Et il est toujours seul, misérable, même quand il croise le regard de sa petite soeur de onze ans dans l'encadrement de la porte de la salle de bain. Il ne peut même pas lui sourire. Il n'a plus la force de faire semblant.

***

La sentence n’avait pas tardé à se faire appliquer. Il ne pensait pas que ça irait aussi loin. La réalité est pourtant là : il était banni, renié, non-existant. Des mains le plaquent sur le sol, le maintiennent le plus immobile possible. Terrifié, le jeune homme se débat violemment, s’agite. Les coups ne tardent pas à pleuvoir sur son corps.

— TU ES UNE HONTE, HEIRAN. TU ENTENDS ?

L’intéressé hurle à s’en déchirer les cordes vocales à chaque fois qu'il prend un coup. Ses ongles s’enfoncent dans la paume de sa main, mais à ce stade, ce n’est rien comparé à la douleur dans son dos, rien comparé à la douleur qu’il ressent dans son coeur. Il a l'impression que son âme se déchire alors qu'il essaye désespérément de s'expliquer, de dire qu'il n'a jamais voulu subir les choses qu'on lui a faite. Ca ne fait qu'attiser la haine de son paternel qui décide de se munir d'un couteau. Il éclate en sanglot quand il voit la lame argentée contre sa peau. Son corps se souviendra de chaque coups portés par l'homme. Il se souvient à quel point il l'a charcuté. C'est son dos qui s'en souvient le mieux, au niveau des omoplates. On dirait que le jeune homme a perdu des ailes qu'il n'a jamais eu, ou qu'il avait perdu depuis des années déjà.

Quand il en a fini avec lui, Heiran est anesthésié, mentalement. Il n'a plus rien à perdre. Si seulement les choses avaient pu être différentes... Si seulement. Si seulement. Qu’aurait-il souhaité faire différemment ? Heiran ne sait pas. Il aurait voulu une vie plus simple, au lieu de ça, il s’est retrouvé brisé par sa propre famille. Prier ne lui avait pas été utile. Ca aussi il avait essayé ; prier un dieu qui n'existait vraisemblablement pas. Personne ne l'avait aidé, pas même dieu. Une larme finit de rouler sur son visage avant de sécher immédiatement.

— Je ne veux plus te voir dans cette maison. Va-t-en et n’utilise plus le nom des Kan.

Le silence pend dans l'air pendant quelques secondes, avant que Kain n'arrive à murmurer :

— Achevez-moi.

Heiran reste immobile, face contre sol, contre ce sol marbré de sang. C’était le prix qu’il devait payer pour tous les affronts qu’il avait fait à cette famille. Et pourtant, ses yeux ne cessaient de hurler qu’il n’avait jamais mérité ça. Les mains qui maintiennent ses bras contre le sol finissent par le relâcher, et tous quittent la pièce. Les mains, c’était ses propres frères. Ils hurlent :

— Tuez-moi !

De quoi est-il capable à part pleurer ? Il supplie, supplie à qui veut bien l'entendre. Il décide que s'il survit, il ne pleurera plus jamais. Il ne rira plus jamais. Personne n'y aurait droit. Plus jamais il ne veut se sentir aussi misérable que les dernières années qu'il a vécu. Mais pour l'instant, il veut surtout être soulagé de tout ses fardeaux.

— Je veux mourir... Laissez-moi mourir...

***

Cela faisait longtemps depuis qu'il avait commencé à errer, il fait nuit depuis longtemps et il ignore exactement l'heure qu'il est. L'adolescent avait quitté la sublime résidence familiale. Il avait abandonné tous ses biens, enfin presque. Sa mère était allée le récupérer, le lever pour le guider titubant jusqu'à l'entrée de la maison. Elle ne l'avait pas amené dans sa chambre alors qu'il était à l'agonie. Elle avait jeté le sac contre son torse et il avait grimacé douloureusement en le rattrapant difficilement, mais il était déjà si misérable que cela ne pouvait définitivement pas être pire. Il n'a aucune idée de ce que le sac contient, même encore maintenant, mais il se rappelle de ce que sa mère lui a dit. Elle pleurait tellement.

— Si tu restes ici c'est la fin. Va-t'en d'ici et ne revient pas. Pars, je t'en supplie.


Heiran est perdu, mais surtout anesthésié. Ses larmes ont séché depuis longtemps. Il ne reste plus que la colère. Personne n’a voulu écouter. Personne n’a voulu le comprendre. Et ils ont fait de lui quelqu’un d’indigne d'être un être humain même.

Il la supplie instantanément sa mère de le garder près d’elle, qu'il n'a rien fait de mal, que tout est faux. Il supplie à genoux, prenant ses mains dans les siennes. Elle n’est pas indifférente aux larmes de son fils, pourtant, elle ne peut rien faire. Son mari l’empêche de faire quoi que ce soit pour l’aider. C’est une décision qui ne lui appartient pas.

— Ne rend pas les choses plus difficiles. Prends ce sac et pars d’ici.

Elle défait les mains de son fils des siennes vivement avant de s'éloigner. Il sanglote à nouveau. Sa mère s'immobilise une seconde, avant de se précipiter dans la maison, sans se retourner. La porte est fermée à clé derrière elle, rendant impossible tout espoir de re-rentrer dans cette maison.

C’était déchirant, pourtant le souvenir de cette mère lui paraît si lointain alors qu'il divague dans Incheon. Il pleut terriblement, le bruit est vrombissant dans ses oreilles. Le froid mord sa peau mais il souffre déjà tant qu'il ne s'en rend pas compte. Le jeune homme finit par s'écrouler sur le trottoir frigorifié. Il appuie son épaule doucement contre le barrière de sécurité et il reste là, à l'agonie. Ses yeux ne s'entrouvrent qu'à nouveau quand quelqu'un frappe sa joue. La vision est floue, ses paupières lourdes. La personne lui crie dessus mais Heiran n'a pas la force de réagir. Il est déplacé contre sa volonté, sans qu'il ne puisse faire quoi que ce soit. Quelques secondes plus tard, il est de nouveau inconscient. Il entend dire qu'il perd trop de sang. Une partie de lui se dit tant mieux, si sa souffrance pouvait seulement s'arrêter...

***

Il passe de squat en squat, accepte d’utiliser son corps ou de l’argent contre une nuit au chaud. Il est toujours en train de traîner devant ce bar, à essayer de trouver un endroit où dormir, peu importe le prix qu'il aura à payer. Sa grande taille empêche les gens d'apercevoir son âge véritable.

La soirée se poursuit jusqu'au milieu de la nuit, plus elle avance et plus il se sent déprimé. C'est trop dur d'essayer de s'en sortir tout seul, sans personne. L'adolescent finit par s'asseoir par terre, se met à sangloter quand il se rend compte qu'il va dormir dehors une nouvelle fois, qu'il va avoir froid, mais surtout, qu'il est toujours terriblement seul. Recroquevillé sur lui-même, son visage entre ses bras, il ne se rend pas compte que quelqu'un s'approche de lui. Elle finit bien par lui demander ce qu'il fait là, tous les soirs. Il sursaute, essuie ses larmes avec précipitation, mais ne répond pas. La jeune femme demande s'il a besoin d'un endroit où dormir. Il acquiesce. Elle s'asseoit à côté de lui, sans le toucher cependant. Il la regarde du coin de l'oeil, méfiant.

— C'est quoi ton nom ?

Le garçon reste silencieux un moment, hésitant. Il sonde le regard de l'inconnue, qui semble attendre une réponse. Ses lèvres s'entrouvrent sans qu'un son n'en sorte, le souffle tremblant.

— Je n'en ai pas.

Si ses yeux ne pleurent pas, sa voix oui. Voilà ce que l'enfant a dit à la femme en face de lui. Il veut prendre un nouveau départ. Une nouvelle vie. Et la femme face à lui se dit qu’elle pourrait peut-être retrouver en partie ce qu’elle a perdu. Il se dit peut-être qu’il pourrait être libre, qu'il pourrait se sentir moins seul. Il l’espérait au plus profond de lui, même s'il savait que c'était une erreur et que cela allait à l'encontre de tout ce qu'il s'était promis. Il a terriblement besoin de quelqu'un, n'importe qui ; quelqu'un qui l'accepte comme il est, qui veut bien l'écouter, le consoler. La femme pose la main sur la sienne, il ne tarde pourtant pas à retirer la sienne, par réflexe, par peur. Elle semble réfléchir un instant, avant de dire :

— Tu as besoin de changer de nom ?

Il acquiesce lentement, hésitant.

— Comment veux-tu t’appeler alors ?

Il reste silencieux, murmure un "je ne sais pas" du bout des lèvres, persuadé qu'elle ne le prend pas au sérieux et qu'elle va l'envoyer bouler. Elle reste silencieuse un moment.

— Kain. Elle finit par dire. C'est bien non ?

Et c’était bien la première fois qu’un voeu lui était accordé. Il le répète plusieurs fois ; il glisse sur sa langue si simplement. Alors il décide d’acquiescer, la gorge serrée. Il déglutit difficilement pour se libérer un peu puis il souffle :

— Et en échange ?

Il ne s'attendait pas à ce que cela soit gratuit, ou n'offrir aucun service face à un peu de gentillesse. La jeune femme réfléchit de nouveau puis décide :

— Tu feras le ménage chez moi. J'ai pas le temps de le faire.

Elle bondit presque sur ses pieds. Le jeune homme est surpris, autant par le mouvement brusque que par l'échange. Jamais personne ne lui avait proposé un tel marché. Faire le ménage... Ca devrait être facile.
La jeune femme lui tend alors la main pour qu'il se relève. L'adolescent la regarde et saisit cette main, incertain à l'idée de lui faire confiance ou non. Il ne peut s'empêcher de saisir cette main, même s'il a la peur qui lui tord le ventre ; parce que quelqu'un semble lui donner l'opportunité de repartir de zéro.

***

Ils viennent de quitter l'hôpital. Le jeune est dans un état second, le regard dans le vide pendant presque tout le trajet. L'aînée reste silencieuse, même si elle lance quelques regards inquiets de temps à autre à celui qu'elle considère aujourd'hui comme quelqu'un de sa famille.

— Je suis désolé...

C'est soudain et elle ne s'y attend pas. Le jeune homme joue avec ses doigts pour essayer de masquer sa peine. Ses yeux sont cachés par ses cheveux. Il n'aurait jamais d'enfants. Il n'a jamais voulu en avoir et il est de toute façon peut-être trop jeune pour l'envisager, mais ça reste un choc. Deuxième choc, et pas des moindres : il n'est techniquement pas un garçon. Et ça, socialement, ce n'était pas acceptable.

— Je ne suis pas normal.

Les larmes roulent sur ses joues à nouveau, effrayé à l'idée que le passé se répète sous ses yeux. Il a peur d'être abandonné de nouveau, et par dessus tout, d'être méprisé. Pour autant, Kain n'est plus un enfant ; il pourrait se défendre par lui-même. Ca ne veut pas dire que la déception ne sera pas à proportion égale. Elle arrête le véhicule brusquement sur le bas-côté, silencieuse. L'adolescent lève la tête, surpris. Il n'a pas le temps d'être surpris une première fois que celle-ci s'accentue quand la jeune femme le prend dans ses bras. Elle caresse ses cheveux doucement.

— Ce n'est pas de ta faute, ne t'excuse pas. Tu es très bien comme tu es.

Il la prend dans ses bras à son tour, pleurant à chaudes larmes, s'accrochant à elle comme si sa vie en dépendait. Heureusement qu'elle était là.