Le réveil sonne. C’est souvent comme ça que commence une journée n’est-ce pas ? Jusque là rien d’anormal. En réalité, il n’y a jamais rien d’anormal qui ne se passe jamais lorsque vous habitez Seo-gu. Munseo le sait, c’est certainement pour ça qu’il reste dans son lit, les yeux entrouverts, observant les quelques minutes de calme qu’il lui reste avant que sa grand-mère ne lève sans ménagement la lourde grille du magasin de légume. Cela fait plusieurs années que le jeune homme lui propose d’installer un store électrique, ce à quoi elle lui rétorque toujours que c’est grâce à cette grille que ses bras restent forts et qu’elle est capable de lui taper si fort dessus encore aujourd’hui malgré son grand âge. Ajumma ne le tape jamais fort, à peine pose-t-elle sa claquette un peu violemment sur le front de son petit fils lorsqu’il revient un peu trop ivre de ses sorties au centre-ville ; mais toujours elle lui prépare une bonne soupe d’algue pour le lendemain matin afin que la gueule de bois passe en douceur.

Le soleil est un ennemi du quotidien et pourtant il est toujours là pour rappeler la difficile réalité, bien que le sommeil manque à l'appel. Mais pour dormir il faudrait en avoir le temps, et la nuit de Munseo est rempli de toute l'énergie qu'il ne possède pas dans la journée. Sillonnant Seo-gu, portant en été son short aux couleurs délavées et ses tongs et l'hiver son énorme doudoune rouge, il est chargé de prendre main dans le sac tous les contrevenants au bien-être de la petite communauté qui se protège comme elle peut à la fois de la technologie mais, aussi des incidents. Depuis plusieurs semaines, un individu s'amuse à disposer des sacs poubelles et des appareils ménagés anciens et usagers à des endroits qui contreviennent aux règles de bien séance. Il est temps que cela cesse. Alors, toutes les nuits depuis quelques semaines, Munseo nettoie les rues et cherche le ou la coupable de ce chaos. Car oui bien que la situation dans le quartier ait beaucoup changé depuis l'arrivée du premier bus automatique ou bien les premiers passages piétons "augmenté", la vie ici n'a pas beaucoup changé. Les gens ont vieillit, le temps semble passer un peu différemment, moins de gens viennent se balader dans ce vieux quartier encore un peu typique et surtout la plupart des commerces ont fermé.

"Munseh! Tu as reçu du courrier."

Un bâillement plus tard, le jeune homme se retrouve dans la cuisine à se servir un petit déjeunez bien mérité. Une enveloppe est posée sur la petite table. Le courrier se fait rare, tout passe par les mails aujourd'hui, mais de temps en temps Munseo reçoit ce genre de petites mots. Il sait exactement d'où cela vient : Incheon.


Un sourire ponctua cette lettre. Cela faisait quelques temps qu'il n'avait pas reçu de nouvelles de cette petite peste hyper active qu'était sa petite sœur. Elle avait suivi ses parents pour vivre à Incheon lorsqu'elle avait eu 8 ans et avait relativement mal vécu se déménagement. Les quelques années qui séparaient les deux jeunes gens avaient fait que Munseo avait eu le droit lui de rester vivre à Seo-gu avec sa grand-mère et il n'avait depuis quitter le petite quartier que pour ses trois années universitaire dans le centre ville de Busan. Il était revenu après avoir perdu son emploi en raison d'une erreur de gestion de l'informatique, Ajumma l'avait reçu à bras ouvert, comme toujours. C'était pour le mieux. 

La lettre était accompagnée de l'un des magnifiques dessins de Munbyul. Enfin magnifique ... difficile d'imaginer plus réaliste surtout. Il s'agissait de sa tête dans la cuvette des toilettes entourée de diverses dejections. Elle était douée, dommage que les parents n'acceptent pas qu'elle se lance dans le manhwa ...
Il accrochera ce témoin de sa relation étrangement fusionnel avec sa petite soeur quelque part dans la boutique à côté de tous les autres dessins. Le papier était devenu un materiel rare qu'il ne fallait pas se priver d'exposer après-tout. Cela étonnait bien souvent les quelques consommateurs extérieurs au quartier de voir une succession de dessins sans queue ni tête affiché dans un magasin de fruits et légumes; en revanche c'était une témathique de discussion apprécié par les habitants du quartier.

"Il faut s'occuper de la livraison de kiwi... et après monsieur Ok voudrait que tu l'accompagnes pour demander à madame Hwang de ne pas laisser son chien se soulager sur le tapis de la résidence."

Après avoir acquiescer, le jeune homme s'assit avec sa tasse de thé sous le porche, une jambe pendant sur la rue, posant son regard sur l'horizon qui s'étendait devant lui. Une propriétaire de chien à réprimander, c'était toujours mieux que d'avoir du tuer une poule et la couper en deux parts égales comme la semaine dernière, Monsieur Kang et Monsieur Go jurant tout deux que c'était la leur. Pauvre poule qui n'avait aucune connaissance du concepte de propriété privé et qui en avait fait les frais.

Seo-gu était un quartier dans les hauteurs de Busan, de chez lui, il pouvait voir les grandes tours aux publicités lumineuses, et aux alarmes qui sonnent et résonnent jusque dans les hauteurs de la ville. Symbole d'amour et de désespoir d'une société qui ne prenait certainement pas le temps de boire un thé vert dans le calme d'une matinée tout à fait banale.